Les mots se faisaient de plus en plus rares tant cette pression augmentait au fur et à mesure des caresses prodiguées. Je pouvais voir à sa mâchoire contractée que mes gestes n'étaient pas si inexpérimentés que mon jeune âge pouvait laisser à penser. Cette fièvre présente au fond de ses yeux, cette respiration saccadée ne trompaient pas. Il était aussi bien mis à rude épreuve que moi. Nos corps incandescents ne cessaient de se presser l'un contre l'autre malgré cette chaleur quasi insoutenable. Mais je ne perdais pas espoir ! J'avais bien entendu cette microseconde de faiblesse dans ses derniers mots et je comptais bien la réitérer encore et encore.

- « Tu as... l'air de souffrir le martyr... Ce n'est pas bon ? », soufflais-je à son oreille.

J'accompagnais cette ultime bravade d'un petit mordillement de son lobe d'oreille. Dans ce genre de « lutte » acharnée, les deux concurrents étaient sur le même pied d'égalité. Chacun connaissait les zones sensibles de l'autre et Élias était très sensible à ce niveau là. Pouvait-on considérer cela comme un coup en traître ? Tous les coups étaient permis non ? Je n'eus pas le temps de culpabiliser qu'il me rendait déjà la monnaie de ma pièce. Je commençais à perdre pied... Si je ne faisais pas quelque chose maintenant, j'allais perdre... Et alors ? Où en était le mal ? Surtout que nous n'avions prévu aucun gage à la clé. Bref... Me concentrer sur quelque chose pour ne pas succomber. Idée !

Tout d'abord, préchauffer le four à thermostat 7 (210°C). Peler, évider et découper les pommes en cubes grossiers, les répartir dans un plat allant au four, verser dessus le jus du citron, la cannelle et le sucre vanillé.Dans un saladier, mélanger la farine et la cassonade. Puis ajouter le beurre en petits cubes et mélanger à la main de façon à former une pâte grumeleuse. Émietter cette pâte au dessus des pommes de façon à les recouvrir. Mettre au four une bonne 1/2 heure. Servir tiède avec de la crème fouettée ou de la glace à la vanille...

Mais bien vite, ce petit exercice fut terminé et mes pensées restaient tournées sur mes sensations. Tant pis, il fallait que ça s'arrête sinon j'allais devenir folle. Élias semblait avoir eu la même idée puisque nos deux corps s'unirent au même moment, sans qu'aucun signe ou parole ne soit prononcé. Il n'y avait plus de match, plus de rivalité entre nous. Je me laissais emporter et submerger par cette vague de plaisir qu’Élias me procurait. Tout était si parfait qu'il me fallu plusieurs minutes pour redescendre sur Terre. Nos jambes entrelacées, nos souffles encore irréguliers, j'appréciais le cocon protecteur et aimant que ses bras m'offraient. De temps à autre, je déposais un baiser sur sa peau en gage de mon amour. Je l'aimais certes, mais j'aimais aussi le taquiner.

- « Ah au fait... J'ai gagné ! », fis-je avec un sourire étincelant.

Je n'en étais pas certaine, je n'avais même aucune preuve, mais je voulais voir sa réaction. Ce petit air outré et boudeur que j'aimais tant. Même si notre relation tendait vers la stabilité, j'espérai ne pas perdre ce jeu qu'il y avait entre nous. Je souhaitais qu’Élias soit en même temps un homme, un ami, un partenaire et un compagnon et que la réciproque soit vraie également. Je pouvais me montrer à l'écoute, le réconforter, l'encourager, mais aussi l'allumer.

- « Puisque tu es entré en moi avant la fin du jeu, tu es disqualifié. Ce qui fait de moi la grande gagnante et pour cela, je mérite une récompense... J'ai trouvé ! Tu devras me faire un autre massage comme celui d'hier. »

Comment profiter de son mec... Allait-il tomber dans le piège comme un gentleman ou montrer à nouveau son esprit de compétiteur ? J'avais hâte de connaître la réponse!