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 Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle

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Snow P. Boomer

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MessageSujet: Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle   Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle Icon_minitimeJeu 7 Nov - 20:20


Un homme à la mer !

Le 18 Mars 2011

Les jours où on lui accordait du repos étaient les plus redoutables, l'amitié n'ayant aucune place dans son rapport avec les autres, elle ne pouvait ni partager un brin de causette ni échanger quoi que ce soit avec quelqu'un, cela dans son esprit était inenvisageable. Comme chaque fois, elle se mettait à faire les cents pas en se questionnant sur les choses de la vie. Était-il possible de tuer trois personnes avec une unique balle ? Allait-elle devoir brûler la maison familiale et le voisinage tout entier si ses parents venaient à mourir ? La chasse à courre avait-elle lieu sur le sol Américain ? Si l'on remplaçait le cerf par un homme, cela serait-il plus excitant ? Des questions de l'ordre du banal qui arrivaient par flots lorsqu'elle tentait de tromper l'ennui, sans oublier de scruter son téléphone toutes les deux minutes en ayant l'espoir qu'on demande ses services pour de nouvelles têtes à chasser. La solitude ne la dérangeait pas mais aller et venir comme un lion en cage entre les murs de la maison qu'elle louait la rendait presque folle. Ce n'est pas tant le manque de meubles ou la décoration inexistante qui la perturbaient mais plutôt cette sensation de ne pas être chez elle et ça où qu'elle aille. Elle avait beau se convaincre qu'elle était dans la ville des anges pour quelques années, sa place n'était pas ici, pas dans sa ville natale, ni dans un aucun autre endroit ; ce monde n'était pas prêt pour elle, il ne le serait jamais d'ailleurs, elle le savait pertinemment. Il manquait quelque chose entre ces murs qu'elle avait repeint couleur anthracite, ce n'est pas faute d'avoir aménagé une pièce spéciale, une salle réservée aux invités de marque qu'elle pourrait inviter ou traîner de force mais voilà ce qu'il lui manquait, le convive pour l'inaugurer et les autres pour le remplacer. Snow avait jeté un coup d’œil à travers sa fenêtre pour tenter de trouver du regard son bout de graisse de voisin, rien, ce n'était donc pas lui qu'elle allait martyriser, dommage. Elle était restée debout, immobile pendant ce qui avait semblé être une éternité, à réfléchir au moyen de sauver le reste de sa journée et quand était passée une heure sans n'avoir rien trouvé, généralement, elle optait pour une balade qui devenait puits d'inspiration et ressource inépuisable d'êtres à faire agoniser. Comme chaque fois, elle avait enfourné dans son sac des vêtements de rechange masculins, il n'était pas rare qu'elle décide de changer d'apparence en court de route si elle jugeait cela avantageux ou plus intéressant. C'est ainsi qu'elle partit en voiture à la conquête de la pointe d'extravagance qui la ferait renaître.

Elle avait roulé un long moment, scrutant à présent au travers de ses vitres teintées les promeneurs et travailleurs esclaves des heures de pointe, elle se dit que ce devrait être drôlement exaltant de renverser deux ou trois d'entre eux sur le passage piéton derrière lequel elle était arrêtée, elle n'avait qu'à appuyer sur l'accélérateur et puis, les plaques seraient vite changées, le sang sur le pare brise aussi vite nettoyé s'il n'éclatait pas sous le poids des corps. Elle était prise d'un tel ennui que l'envie passa bien trop vite entraînant la déception de ses propres réflexions éphémères. Son visage tourna vers la gauche pour observer le couple qui se disputait dans la voiture à ses côtés et la seule chose qui lui vint à l'esprit était la scie à métaux qu'elle avait acheté dans un magasin brico/déco et qui pour l'instant ne lui servait à rien si ce n'est prendre la poussière dans la salle aux milles instruments.

Quand elle réorienta sa mine lassée vers la route, prête à ré-arpenter ces allées mornes et vides de sens, elle eut comme un électrochoc, l'adrénaline que lui provoqua la vision qu'elle venait d'avoir lui donna tout le regain que les heures perdues lui avaient volé. L'être qui venait d'apparaître devant son capot était celui qu'elle avait observé de loin pendant des jours entiers avant de l'aborder, Monsieur Sacha Kwon lui-même, paré de cette expression bienheureuse qu'elle lui enviait tant. Snow l'avait scruté pendant longtemps et en était arrivée à croire qu'elle le connaissait sans lui avoir jamais parlé, elle aurait très bien pu faire comme chaque fois, lui tendre des pièges, le provoquer du haut de son arrogance ou faire en sorte qu'il la haïsse pour mieux le faucher, elle n'en fit rien. Ce qui la poussa à l'accoster autrement étaient les grandes différences qui les opposaient, ce qu'il était lui échappait et les renseignements lui manquaient mais il n'y avait qu'à le voir évoluer dans son monde pour comprendre qu'elle et lui n'avaient que peu de choses en commun. Donc, comme tout bon prédateur qui se respecte, elle s'adapta à celui qu'elle ne parvenait pas à comprendre pour mieux se l'accaparer et dans sa tête, tout était clair, précis, il allait un jour ou l'autre devenir sa possession. Le bruit d'un coup de klaxon la rappela à la réalité alors qu'elle regardait la silhouette longiligne du jeune homme se fondre dans la foule, elle n'hésita pas un instant de plus pour faire rugir le moteur afin de continuer la filature qu'elle avait entamé plusieurs mois auparavant. Où allait-il comme ça ? Avait-il un rendez-vous ? Si oui, galant, amical, familial ? Le vice de la curiosité lui martela le crâne de la même façon qu'il la soulagea de sa morosité, la simple vue de ce jeune bout en train lui apporta une seconde vigueur, une renaissance de l'esprit. La voiture finit sa course sur le parking d'un endroit où elle n'avait jamais mis les pieds, ce qui, avouons le, ne lui plaisait pas plus que cela ; elle détestait être dépourvue face à des détails qu'elle ne maîtrisait pas car il était possible qu'ils donnent naissance à des situations qui échapperaient à son contrôle et pour une maniaque comme elle, c'était assez difficile à encaisser. Toutefois, elle ne se démonta pas pour si peu et c'est sac sur l'épaule qu'elle sortit du véhicule afin de ne pas perdre la trace de Monsieur Kwon. Elle faillit blêmir en réalisant dans quel lieu il pénétrait, la piscine ; pas qu'elle soit répugnée à l'idée de prendre un bouillon avec des personnes à l'hygiène plus que douteuse mais le manque de propreté même surmontée de plusieurs litres de chlore était une chose avec laquelle il ne fallait pas plaisanter. Tout de même, elle était prête à bien des sacrifices pour l'un de ses jouets favoris, ça à le mérite d'être souligné.

Snow secoua la tête plusieurs fois afin de se décider à entrer et une fois à l'intérieur du bâtiment elle hésita quelques secondes quant au vestiaire qu'elle devait choisir, masculin ou féminin ? Ce choix se présentait toujours à elle et taquinait le trouble que causait sa double identité. Lâchant un long soupir elle poussa la porte du vestiaire des femmes et s'enferma dans l'une des cabines pour troquer ses habits féminins contre le caleçon noir qu'elle avait pris avec elle plus tôt. Face au mur, mains posées à plat contre celui-ci elle entama une longue série d'inspirations et d'expirations afin d'accélérer son rythme cardiaque. Déclencher sa transformation sans stimulant n'était pas aussi facile que ce que l'on pourrait penser, cela demandait une intense concentration mêlée à un relâchement de l'esprit qu'elle n'était capable d'effectuer que dans ces moments uniques. Un craquement d'os résonna entre les parois en PVC annonçant le compte à rebours menant à sa métamorphose complète et c'est lorsqu'elle retint son souffle pour la minute à suivre que les modifications purent sérieusement malmener son corps. Snow n'était plus et Peyton prit le relais.

Une dizaine de minutes plus tard, après avoir reprit une respiration un tant soit peut régulière, il sortit de sa cachette sous les regards outrés des femmes en train de se changer, il passait pour un voyeur mais en avait-il vraiment quelque chose à faire ? La réponse est non. Naturellement il s'approcha de l'un des casiers pour y enfermer son sac à main et ses effets personnels, puis, adressant un sourire charmeur aux demoiselles qui le fixaient, il pointa le bout de son nez aux abords des bassins animés par les nombreux nageurs. Où était donc cette tête brune aux cheveux en bataille ? Un instant, il crut qu'il s'était trop précipité et que Sacha finalement n'était entré ici que pour une brève durée, il préféra se débarrasser de ce doute en commençant ses recherches parmi les visages à découvert. Tel un félin, il avança, pas après pas tout en passant au crible les alentours jusqu'à ce que ses yeux inquisiteurs retrouvent l'être qui occupait présentement ses pensées vicieuses et son imagination put enfin prendre le relais afin de trouver le meilleur angle d'attaque pour l'alpaguer. C'est au moment où une jeune demoiselle vint à ses côtés en se raclant la gorge dans le but d'attirer son attention qu'il se remit en route tout en l'ignorant pour atteindre les quelques plongeoirs alignés au bout de la piscine. La technique d'approche qui s'était déroulée dans sa tête était on ne peut plus simple, plonger, le rejoindre, lui sourire et entamer la discussion de façon naturelle avec une pointe d'humour.

Les deux pieds sur le plongeoir, il prit quelques secondes pour évaluer la distance à parcourir sous l'eau pour gagner son emplacement et c'est les bras tendus, la tête baissée qu'il se lança dans l'eau claire. Quand il ressortit pour reprendre son souffle non loin de lui, quelques mots vulgaires lui échappèrent sans qu'il ne s'en rende véritablement compte. " Oh bordel de merde ! " Voilà pourquoi il n'appréciait pas les lieux qui lui étaient inconnus et ces petits détails stupides qui engendraient des situations cocasses, dans son plongeon le caleçon qui n'était pas fait pour remplacer le maillot qui lui manquait avait glissé de ses hanches et s'était échappé vers d'autres baigneurs. Comme quoi, même avec les plans les plus clairs du monde, l'imprévu pouvait briser n'importe quel manipulateur, aussi doué soit-il. Et comme bien sûr il avait plongé du côté le plus profond du bassin, il n'avait plus pied et afin de cacher ses parties intimes il se vit obligé de ne plus se servir de ses bras pour garder la tête hors de l'eau. Ce qui donna un résultat assez spectaculaire puisqu'il se mit à rire de lui même tout en coulant. Il n'avait que peu connu les joies de la baignade alors évidemment son ricanement spontané lui fit découvrir l'art de boire la tasse et son instinct de survie lui interdisant la noyade le poussa à arrêter la dissimulation de son bas ventre pour s'accrocher à la première chose venue afin de remonter à la surface : Monsieur Kwon. Le mauvais nageur put enfin retrouver l'air libre qui lui manquait et se séparer de sa bouée de secours pour ne pas l'entraîner dans son naufrage et rejoindre difficilement le bord pour se débarrasser de cette sensation d'étouffement en toussant l'eau qui s'était immiscée dans sa gorge. Pour une entrée comique et naturelle, pour le coup, c'était assez réussi, s'il avait voulu mimer une telle situation il ne serait pas arrivé à un si bon résultat.
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Sacha M. Kwon

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MessageSujet: Re: Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle   Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle Icon_minitimeLun 11 Nov - 22:23

Journée libre. Aujourd’hui, je n’eus besoin de me rendre au travail, c’était jour de congé. C’est un avantage à ne pas être le héros d’une série. Bien qu’étant régulier et que mon nom apparaisse dans les premiers du générique, je ne subissais pas la pression d’être le représentant numéro un.

Elle commençait à prendre forme. Une belle forme. Les premiers épisodes étaient montés et nous avions eu la chance d’être témoins du résultat. Je n’attendais pas quelque chose de parfait mais j’aimerais sincèrement pouvoir soutenir cette série avec fierté. Mes débuts au cinéma... Ça devait être symbolique... Comme le sexe. Tout se rapporte toujours au sexe. Ma première série ne me donnera jamais l’orgasme de ma première fois mais elle avait assez d’importance à mes yeux pour l’assimiler à cette espèce de sacrement. J’attendais les critiques les plus justes et les plus saugrenues mais peu importe car, au final, aussi modeste soit la série j’en assumerais ma présence et avec le sourire.

Je profitais de mes quelques heures de répit pour aller à la piscine. J’avais laissé mon téléphone à la maison. C’était une journée où je ne m’occuperai que de moi. Aujourd’hui, je rangerai de côté la mutation, les problèmes, les amis et les problèmes des amis. Aujourd’hui, je ne me laisserai pas emmerder par les secrets et les révélations. Et vu comment mon maillot de bain me moule le cul, l’après-midi promet d’être réjouissante. Le matin je n’avais d’accompli que mon ménage. Petite tenue, me dandinant sur une musique entraînante, c’était ma philosophie de petite femme d’intérieur. Je ne concevais pas une tâche ménagère sans un minimum d’ambiance.

Plus tard, dans l’après-midi, au bord du plongeoir, je me jetai sans peur dans le fond de la piscine. Touchant le sol de mes doigts, je remontai ensuite reprendre ma respiration. J’ai commencé à nager à quatre ans, ma mère suppliant l’entraîneur pour me donner des cours malgré mon trop jeune âge. Je n’ai jamais craint l’eau. Au contraire, j’ai même toujours adoré cet élément. Même en ne sachant pas nager, je m’élançais dans des bassins trop profonds pour moi. Ma mère me racontait que des cinq, j’étais le seul à ne pas pleurer lorsqu’elle me faisait prendre un bain. La natation, aussi bien que le volley d’ailleurs, m’avait permis de me dépenser pour me détendre. J’ai également développé d’excellentes capacités d’apnée. Il m’était possible de rester plusieurs minutes sous l’eau. Deux, même peut-être trois sans exercice.

Je ne fis qu’une longueur avant d’être harponné par quelqu’un en difficulté. « Hey ! » Je l’aidai à maintenir sa tête hors de l’eau malgré moi. Il n’était vraiment pas courant de voir un homme se noyer. Fallait être con pour venir dans le grand bassin sans savoir nager. Il m’attrapa pour refaire surface au risque de me couler à mon tour mais bien vite il se désengagea et rejoignit le bord. Je le suivis. « Vous allez bien ? » Comme j’ai toujours vu les gens le préconiser, je tapotai fermement entre ses omoplates laissant ma paume posée sur son dos. « Peyton ! » M’exclamai-je subitement. Je le détaillais et... Oh. Un Peyton tout nu. Un large sourire étira mon visage. Il avait fallu qu’il replace ses cheveux en arrière pour que je puisse l’identifier. Quelles fesses ! « Reste-là, je vais te le chercher. » Il avait forcément un maillot de bain. Il ne serait pas venu à la piscine à poil quand même ? C’était pas mon anniversaire aujourd’hui.

Je disparus alors effectuant quelques battements de pieds me permettant vite de récupérer ce tissu trop ample et élastique pour être propice à un plongeon. Je maintins ma respiration jusqu’à revenir près du beau brun. « Je l’ai ! » Dis-je d’un ton presque muet. Il s’agissait de ne pas se faire repérer par la foule et en même temps, le savoir complètement nu, là, parmi les quelques personnes présentes... Ca me donnait des idées peu saines... En fait, je me rapprochai de son oreille pour lui murmurer avec malice : « Mais je n’ai pas très envie de te le rendre. » A peine l’avais-je prévenu que je me propulsai par mes pieds grâce au rebord. Plus loin, à quelques mètres de lui – je devais toujours lui laisser l’espoir de croire qu’il saurait m’attraper – un sourire coquin se peaufina sur ma joue relevant l'un de mes sourcils. « Viens le chercher. » Et automatiquement, je replongeai dans l’eau. Il aurait été trop simple de redonner son caleçon. Je ne suis ni soumis, ni gentil et puis être chieur ça ne se contrôle pas, c’est inné.

Je l’observai de loin, prêt à m’éloigner au fur et à mesure qu’il s’avancerait maintenant ainsi toujours la même distance entre nous. J’étais plus à l’aise en apnée, loin du brouhaha d’en haut. Pour une meilleure nage et aussi par esprit de perversité, je cachai le sous-vêtement de Peyton dans mon maillot de bain. Je n’allais pas sortir de là et s’il jouait le jeu il finirait par me coincer car sortir de l’eau serait évidemment de la triche.

La relation entre Peyton est moi ne connaissait pas de définition. Elle est complexe. Je l’appréciais mais il n’était pas un ami. Il m’intriguait, et oh bon sang à plusieurs fois je me suis vu arracher ses fringues pour nous lancer dans une partie de baise effrénée. Mais jamais je n’ai concrétisé ce fantasme. Cette frustration le différenciait des quelques centaines d’hommes avec lesquels j’avais pu m’amuser. Alors pourquoi lui ? Il me semble que j’avais atteint un stade où je ne concevais plus le sexe comme un passe-temps. Et j’ai aussi fait le tour de L.A. Hier, je me lassais des hommes. Aujourd’hui, je me lasse du sexe. J’étais peut-être malade et j’espérais que cette mutation soit aussi éphémère qu’un rhume. Par conséquent, j’avais cette envie de jouer avec Peyton, d’évaluer jusqu’à quel niveau j’étais capable de retenir mes pulsions. Ma seconde excuse s’affiliait un peu plus à ma sagesse. Il ne fallait jamais, jamais, associer sexe et sentiments. Et si un rire peut paraître anodin je savais, par expérience, qu’il cachait tout un tas de niaiseries. Ce qui était frustrant dans cette histoire était de ne pas lire ses pensées, ses motivations et ses ambitions. Je ne me suis jamais soucié de ça, j’ai toujours été égoïste et égocentrique, à tel point que la seule chose qui m’ait toujours intéressé ne se trouvait pas dans la tête – encore moins dans le cœur – mais dans le boxer. Néanmoins, je n’étais qu’un homme et le sexe dans son état le plus bestial demeurait l’une de mes aspirations. J’étais alors sûr de le pratiquer sous cette forme... En ce qui concerne Peyton, il s’agissait simplement de tester un nouveau jeu dans lequel j’accordais autant d’importance à mon partenaire qu’à moi. Il était temps de grandir un peu.
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Snow P. Boomer

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MessageSujet: Re: Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle   Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle Icon_minitimeJeu 21 Nov - 16:12

Comment ne pas apprécier ce coup du sort ? Tantôt la journée semblait être irrécupérable au vu du temps gaspillé puis l’instant d’après tout avait semblé prendre un sens, un peu comme un épais brouillard broyé par des rayons lumineux et bienfaiteurs. La contrainte de l’ennui qui avait fait naître son agacement s’était évanouie à la vue d’une seule personne et le contentement avait dissipé ses pulsions morbides en un battement de cils. Pour sûr, elles ne tarderaient pas à rejaillir mais avant que cela ne se produise, il comptait bien profiter de ce moment de paix propre aux gens sains. Quelle piètre entrée en matière, ça avait été tout bonnement catastrophique et ridicule, lui qui habituellement brillait par son adresse venait de couler à pic en ne trouvant rien de mieux à faire que d’utiliser Sacha en guise de bouée de sauvetage. Il n’en avait cependant éprouvé aucune honte, il n’en eut pas le temps, sa préoccupation principale avait été de rejoindre le bord solide auquel il s’était accroché pour dégager sa gorge de toute l’eau qu’il avait malencontreusement avalé. Monsieur Kwon n’avait pas semblé l’avoir reconnu, cela aurait pu être une bonne chose s’il avait pu s’éclipser au lieu de maintenir une main contre ses lèvres pour tousser bruyamment mais son sauveteur était déjà à ses côtés en lui tapotant le haut du dos. Peyton fut bien plus calme lorsqu’il l’entendit prononcer son prénom, inutile de le cacher, il est un horrible plongeur et son était relevait plus du chat auquel on aurait tenté de donner le bain qu’une sirène ondulant sous l’écume. Lâchant un soupir soulagé, bras sur le rebord de pierre lisse, il porta une main contre son front qu’il remonta vers l’arrière de son crâne afin de dégager son visage de ses cheveux imbibés. Lorsqu’il posa à nouveau son regard sur Sacha il le surprit dans son observation notant également ce merveilleux sourire qui fendait son visage. Peut-être qu’en fin de compte sa maladresse du jour n’avait pas tout gâché. « Sacha ! Quelle surprise ! » Allons bon, il ne savait pas plonger comme un nageur de compétition mais le mensonge était un art dans lequel il excellait. « Plus de peur que de mal, du ridicule aussi, encore que, j’aurais pu améliorer la performance en me prenant un plat. » Communiquer sous les traits de Peyton est une chose fascinante, un rôle que beaucoup pourrait convoiter, il lui permettait une toute autre approche du langage, de la gestuelle et des mots, c’était dur, demandait beaucoup de concentration mais étrangement face à Sacha, cela semblait presque naturel. Il en oublia pratiquement qu’il était nu comme un vers et sans avoir le temps d’esquisser le moindre geste pour repérer le maillot en fuite, Monsieur Kwon partit le récupérer pour lui. Sa bonté le perdrait un jour et il espérait que ce soit pour le rejoindre dans ses dérives perverses.

Lorsqu’il revint à ses côtés il lui offrit un sourire heureux, non pas parce qu’il était soulagé de retrouver son bas de fortune mais plutôt parce que son compagnon de valeur n’en avait pas profité pour s’enfuir, il aurait peut-être dû. Alors qu’il allait le remercier, le murmure parvenant à son oreille accentua son sourire d’une bien curieuse façon. Sacha avait-il envie de jouer ? Il n’allait pas s’en plaindre, chasser la proie mutine était une activité électrisante surtout quand celle-ci aiguisait intentionnellement ses instincts de rapace. La provocation ne fait pas de mal, tout dépend de la personne que l’on souhaite taquiner mais dans cette situation précise cela pourrait s’avérer dangereux et déraper aussi vite que l’on claque des doigts. A présent tourné dos au bord coudes appuyés vers l’arrière, Peyton lança un regard plein de malice au petit voleur satisfait de sa prise, il était charmant à le défier avec ce sourire enjôleur. Amusé, il pencha lentement le visage sur le côté semblant partager le même enthousiasme que lui. « Hm, voyez vous ça… Bien, je n’ai rien contre. Si tu veux jouer alors jouons. » Inutile de proférer de fausses menaces du type « tu va voir si je t’attrape » ou « tu vas me le payer » ça n’angoisse plus personne, au contraire, ça ne sert qu’à se décrédibiliser. Il valait mieux qu’il se rendre compte par lui-même ce qu’il en coûte de faire sortir la bête de son trou.

Après l’avoir vu disparaître dans l’eau claire il prit tout de même son temps pour réfléchir à certaines choses, sa nudité par exemple et le fait que certaines âmes sensibles pouvaient les entourer ; ce serait tout de même fâcheux de se faire coffrer pour attentat à la pudeur. Dans le pire des cas ça ne ferait qu’allonger une longue liste de délits en espérant qu’aucun enfant ne traîne dans les environs, la plainte se corserait bien vite. Et puis au diable l’évaluation du pour et du contre, à son tour il s’immergea totalement pour partir à sa poursuite. Lui qui auparavant avait préféré la noyade afin de cacher ses attributs semblait à présent tout à fait à son aise dans sa tenue d’Adam, sans doute grâce à la surprise dissipée ou à son adaptation dans ce lieu méconnu ; et puis, il n’avait pas à rougir de sa virilité. Il entama donc cette course bon enfant en réalisant rapidement que Sacha ne comptait pas lui rendre la tâche plus facile, une chose qu’il admira et qui l’excita plus que de raison. Bien sûr il fut obligé de reprendre de l’air au moins une fois s’il ne voulait pas demeurer définitivement au fond du bassin à la mosaïque bleutée pour de bon mais quand il replongea ce fut avec une détermination sans faille et l’envie de s’amuser avec son partenaire d’une façon bien moins innocente. Tiens donc, n’était-ce pas une scène pouvant rappeler l’une de ses réflexions matinales à propos de la chasse à courre ? Sacha est le cerf, Peyton le chien de chasse qui lui court après jusqu’à ce que l’épuisement de celui-ci le tétanise dans un coin prêt à se laisser mourir entre les crocs avides de sang. Cette comparaison farfelue fit monter en lui une nouvelle vague fougueuse qui allait vite faire tourner le temps à l’orage, chasser le naturel et il revient au galop, les dictons sont parfois troublants de vérité. Il ne fallait pas compter sur ce petit amusement pour calmer son appétit de carnassier, au contraire, le fait de ne pas parvenir à l’atteindre le faisait revenir à l’état sauvage avec une faim qui lui tordit les entrailles. Oh oui, Sacha aurait bien de quoi s’inquiéter s’il pouvait percevoir ne serait-ce qu’une once de ce qu’il éprouvait sur l’instant, il venait de forcer les portes, les barrages de son esprit impitoyable et passionné en lui permettant de faire sortir le loup de sa cage.

A force de brasses en apnées, de tours et de détours il parvint à le bloquer dans l’un des angles du bassin et cette fois il fut hors de question qu’il se dérobe. C’est pourquoi il libéra de l’air pour choir vers le fond puis en s’aidant de celui-ci, il se donna l’impulsion nécessaire pour filer droit sur lui, il l’attrapa d’abord par les épaules et le ceintura pour le faire remonter à l’air libre afin de le bloquer contre l’une des parois en reprenant de l‘air par saccade. Sacha était fait comme un rat et il n’allait pas lui laisser le temps nécessaire pour se soustraire à sa prise. L’une de ses mains vint emprisonner son poignet qu’il appuya sur le bord alors qu’il apposait son torse contre le sien pour définitivement l’immobiliser. « Et maintenant dis moi… Qu’est-ce que je devrais faire de toi ? » Son souffle était devenu plus fort, sa voix plus grave et l’expression de son visage plus aguichante que jamais, surtout avec le léger sourire en coin qui commençait à naître sur ses lèvres. « Prendre ce qui m’est dû ou te punir ? » Ancrant son regard dans le sien, sa main libre se posa distraitement sur son épaule glissant le long de son buste en une lenteur provocante. Était-ce réel ou la continuité du jeu ? Il serait ardu pour Sacha de trouver la réponse à cette question, Peyton par contre n’avait pas besoin de se la poser. Il venait de lâcher le lion dans l’arène et les tumultes qui bousculaient son cœur lui donnèrent la vague impression d’être un naufragé pouvant sentir le vent qui se déchaîne avant une féroce tempête. C’était comme s’il pouvait entendre battre le sang dans ses veines, il n’y avait qu’une seule réponse à cela : l’excitation. Quand ses doigts arrivèrent contre sa hanche, il s’approcha pour murmurer près de son oreille comme il avait pu le faire. « Je te conseille de faire le bon choix. » Mais il n’y avait pas de bon choix, l’un comme l’autre allait mener Sacha vers sa perception du jeu ; débauchée et pernicieuse. Il suffisait d’une étincelle, d’un rien, d’un geste pour allumer le feu dévastateur qui était resté bien trop longtemps en sommeil dans les dédales de son être corrompu. Et cette fois, Sacha n’y échapperait pas.
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Sacha M. Kwon

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MessageSujet: Re: Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle   Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle Icon_minitimeDim 1 Déc - 16:00

Peyton ridicule ? Sincèrement ? Impossible. Peyton sait rester classe en toute circonstance. C’est quelqu’un de charismatique. Il est comme... Comme... Hum... Un dieu grec. Voilà ! Il est comme Apollon, si beau... Ou je peux aussi être aveugle, trop superficiel pour affronter la réalité. En résumé, quand bien même il aurait été ridicule, je le trouvais beaucoup trop mignon pour me moquer de lui. Non que l’envie ne fût pas là mais j’eus peur de le vexer. Ce n’est pas parce qu’il est grand et qu’il paraît fort qu’il ne peut pas être sensible.

Contrairement à moi, l’eau n’était vraisemblablement pas son meilleur allié et le bon Saint-Bernard que j’étais lui prêta main forte malgré moi. Puis, remarquant que son package n’était pas rangé dans les normes, je décidai, dans ma grande générosité, de plonger dans les deux mètres trente de profondeur afin de récupérer le tissu absent. Le récupérer ne signifie pas lui remettre, et je réduisis uniquement la distance nous séparant pour le prévenir de mon nouveau jeu. Un jeu, c’était exactement ce dont il était question et Peyton se révéla bon camarade. Mon sourire s’agrandit un peu plus en l’entendant dire qu’il serait de la partie. Je n’attendis pas une seconde de plus pour me cacher dans l’eau et filer.

Quelques mètres plus loin, il n’avait toujours pas bougé. Soit j’allais très vite, genre comme avec des palmes, soit il était très lent. Peu importe, dans les deux cas, j’avais pris une avance considérable me permettant de choisir mes futures directions en fonction de ses mouvements et de lui échapper ainsi avec plus d’aisance. Je profitais qu’il reprenne sa respiration pour lui passer dessous et refaire surface derrière lui. Mais ce petit jeu ne dura qu’un court temps avant qu’il ne parvienne à me choper dans un coin – et je précise qu’il réussit uniquement car je l’avais laissé gagner. Il se saisit de mon poignet pour bloquer mes pattes me permettant d’avancer. Seules mes jambes firent de timides battements pour maintenir ma tête hors de l’eau. Il était compliqué de décrire exactement ce que je ressentis au moment même où je me savais capturer. Il y avait quelque chose de paradoxale. A la fois une angoisse  qui étouffa ma respiration et bloquait l’activité de chacun de mes organes mais aussi l’excitation d’être pris au piège par une force si charmante. Son torse caressa le mien, faisant accroître expressément mon désir. Avec une sensualité sans égale, Peyton me laissa libre de choisir entre ses deux projets. Mais je n’étais pas vraiment concentré. J’étais trop excité et notamment par ses lèvres qui m’aguichaient. J’avais du mal à me tenir droit, essayant furtivement de me dépêtrer de son emprise. Non, je n’aimais pas rester en place et me débattais comme un asticot coincé dans le bec d’un oiseau. Voyant que cela n’arrangeait pas ma situation, je rétorquai : « Tu me punis déjà en me demandant de choisir. »

Alors, que faire ? Rester passif et esclave de son étreinte ? Ou bien lui montrer que j’avais plus de ressources. « Je pense que tu devrais reprendre ce qui te revient de droit. » L’inciter à glisser sa main dans le seul vêtement m’habillant relevait plus d’une récompense que d’un supplice. Cependant, je n’étais pas prêt à m’arrêter là. « Mais le vol est un délit, et tout délit doit être puni. » Je n’ai assisté à aucun cours de droit mais il me semble que c’est ainsi que la justice fonctionne.

Je ne savais pas lequel choisir. Je ne pouvais pas choisir. Je ne le voulais pas. Alors plutôt que répondre l’un ou l’autre, plutôt que de répondre les deux, je choisis la rébellion. « Il faut être idiot pour porter un caleçon dans une piscine. » Le provoquai-je avec satisfaction. Si le vol ne lui paraît pas assez légitime peut-être que l’outrage à agent sera un motif suffisant pour me corriger. S’il avait hésité c’est qu’il n’était pas sûr que je mérite mon sort. Un talent de manipulation ? Pas vraiment, car je n’étais pas assez bon marionnettiste pour anticiper les agissements de mon partenaire. Cependant, j’avais toujours envie de jouer, et plutôt que d’être entièrement attaché à ses envies, je pris son corps en étreinte par mes jambes, le faisant ainsi supporter mon poids pendant que je me reposais.

J’avais envie de l’embrasser farouchement. Ses lèvres m’appelaient. Et je fus surpris de constater avec quel sadisme je parvins à ne pas céder. Plus les secondes s’écoulaient et plus j’étais sur le point de craquer. Mais la seule chose qui me déplairait dans ce jeu serait que je sois le premier à l’embrasser.
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Snow P. Boomer

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MessageSujet: Re: Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle   Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle Icon_minitimeDim 15 Déc - 21:37

Menacer pour arriver à ses fins plus facilement ? Fait. Briser des doigts sur un coup de tête ? Fait. Prostituer de pauvres jeunes femmes qui ne méritaient pas leur sort ? Fait. Droguer les autres pour le simple plaisir de combler des besoins sadiques ? Doublement fait. Faire trempette dans une piscine comme le commun des mortels ? ...Compliqué. Évinçons les discours pré-mâchés tels que : il faut prendre la vie du bon côté, c'est en forgeant que l'on devient forgeron, ne mord pas la main de celui qui te nourrit ou fait le bonheur autour de toi et dieu te le rendra ; il était absurde de croire que la générosité et l'altruisme hypocrite pouvaient vaincre l'infamie qui régnait sur cette Terre. De son côté, il avait choisi les armes avec lesquelles il se battrait pour le reste de sa vie merdique, la félonie, le mensonge, la violence et toutes les autres défaillances qui pouvaient rendre un Homme inhumain. A ce jour il pensait que c'était un choix excellent mais pour ne pas avoir à faire à une justice aveugle face à son art tous les quatre matins, il avait dû s'imposer des limites qui le rendaient d'autant plus nocif. Comique n'est ce pas ?

Quel rapport avec la traque de Sacha jusqu'à la piscine ? C'était pourtant clair, à ses yeux il représentait la spontanéité, le cœur et la vie, tout ce qu'il haïssait en somme. Néanmoins, il l'appréciait, ce qui revenait à dire qu'il  voulait l'obtenir et le cadenasser dans un coin quitte à briser sa vie entière en le dénaturant. Il ne l'avait pas aidé à éloigner ce besoin en l'invitant au jeu, il avait raffermi l'envie de mettre ses plans futurs à exécution sans lui laisser la moindre chance de se sortir de ses griffes. Ce n'était pas de la cruauté, c'était de la passion excessive, les relents d'une vie de débauche et de malversations. Sacha l'enivrait autant qu'il le poussait dans ses retranchements car il lui donnait l'envie de succomber à ses bas instincts et ce désir n'était qu'à deux doigts de briser les limites de sa raison défectueuse.

Il se plaisait à croire qu'il était parvenu à mettre fin à sa fuite grâce à ses efforts de piètre nageur, bien évidemment que non mais chacun pouvait penser ce qu'il souhaitait lorsqu'il s'agissait de fierté mal placée, il ne se voilait pas la face il faisait juste semblant. Leur situation était risquée, pour lui comme pour Sacha, tout pouvait déraper en une fraction de seconde que ce soit du bon ou du mauvais côté de la corde, car la guerre qui se déroulait dans son cœur torturé - en admettant que celui-ci existe – n'épargnerait rien ni personne. Il n'était pas question de bien ou de mal mais de plaisir et de douleur, il ne s'en rendait peut-être pas encore compte mais les enjeux de cette course poursuite étaient bien plus sérieux pour Peyton, il l'y avait poussé et il risquait de récolter bien plus que ce qu'il devait avoir prévu en le provocant. Sacha n'était pas une vulgaire proie ou un jouet dont on pouvait se lasser, il était bien plus à ses yeux. Aucun mot ne pouvait le définir, cela en viendrait à le réduire à l'ordinaire et il était certain qu'il ne faisait pas partie de cette catégorie. Pourtant, il était un être de chair et d'os, comme tout autre, il était piégé, presque à sa merci et les réactions savoureuses qu'il lui offrait augmentèrent son appétit pour le genre humain.

Peyton lui avait demandé de choisir, ainsi, il lui avait donné un léger avant-goût des pensées obscures qui ne demandaient qu'à être libérées. Et lui demander d'opter pour la restitution de son bien ou la punition était déjà un châtiment ? Choix de réponse intéressant, honnête en n'en pas douter mais il eut pour conséquence d'aggraver la fièvre animale prête à prendre le contrôle sur les restrictions qu'il s'était imposé. Se rendait-il compte de l'effet qu'il lui faisait en cet instant ? Il ne valait mieux pas qu'il le sache mais le regard qu'il lui lança en disait long, tout comme sa mâchoire qui s'était serrée à cause de ce qu'il lui dit par la suite. Peyton avait envie de lâcher un profond soupir pour se libérer de toute la tension qui était sur le point de le faire imploser. Était-il innocent ? Non. Provocant ? Diablement. Il choisissait de ne pas faire de choix ce qui, de ce fait, incita le chien à mordre et l'amena à retomber dans ses pulsions obscènes. « Je ne suis ni un justicier ni un enfant de chœur...mais je vais m'efforcer de faire preuve d'impartialité. » Mais avec le ton qu'il venait d'employer cela voulait surtout dire qu'il avait tout intérêt à être prêt pour la punition qu'il lui réservait. Il ne l'avait pas encore trouvé, il n'en avait qu'une ébauche mais tout dépendrait de ce Sacha ferait ou dirait, d'un souffle ou d'un silence, rien ne serait épargné. « Je préfère être un idiot sans caleçon plutôt qu'un petit barboteur en maillot quand je vois où ça nous a mené. » Bien joué. Sacha venait de déclencher le compte à rebours, il n'était plus qu'une question de minutes voire de secondes avant qu'il ne passe véritablement à l'offensive et l'explosion gronda quand il enroula ses jambes autour de son corps afin qu'il le soutienne. Ce qu'il fit naturellement, libérant même son poignet pour s'accrocher au rebord pour ne pas faiblir, mais il se resserra immédiatement contre Sacha pour définitivement le bloquer entre lui et le mur en mosaïques. Peyton n'en avait peut-être pas l'air mais intérieurement c'est une véritable guerre nucléaire qui venait de s'enclencher et qui déverrouillait un à un les cadenas qui préservaient son sens du contrôle.

Les doigts restés contre sa hanche ripèrent en le griffant et glissèrent jusque sur son postérieur. Il n'avait ni gêne, ni angoisse quant à la réaction qu'il pouvait bien avoir, il pouvait punir, il avait le droit de faire ce que bon lui semblait de Sacha ainsi que de son corps. Le sourire revint, affirmé, lui donnant cet étrange air machiavélique et malicieux propre aux visages cachant des arrières pensées. Il l’avança davantage vers le sien tout en passant sa barbe de trois jour contre sa joue afin de lui murmurer ceci. « Je me fiche du caleçon, là, c'est toi qui m'intéresse. » Et quand quelqu'un l'intéressait, ça se terminait toujours mal. Il écarta alors sa tête à claque au sourire triomphant en penchant celle-ci sur le côté. « Je te laisse quelques minutes pour prier avant de passer aux choses sérieuses ? » Il en devenait arrogant et il adorait agir comme un petit con sûr de lui. Voilà ce qu'il appréciait, repousser le moment de vérité jusqu'à son paroxysme et tout libérer en un bloc tout en donnant une prolongation d'espérance. Ce n'était pas des paroles en l'air parce qu'il se voyait très bien le traîner hors de l'eau tel un homme de cro-magnon en tenue d'Adam et le ramener dans la grotte pour mettre ses menaces à exécution. Parce qu'il le méritait clairement et parce qu'il le voulait autant que lui. Mais Peyton allait-il y parvenir et se canaliser suffisamment pour pouvoir s'arrêter ? Pas si sûr...
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Sacha M. Kwon

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MessageSujet: Re: Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle   Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle Icon_minitimeSam 4 Jan - 1:53

J’étais comme un gosse. Un gosse qui pataugeait dans un bassin d’adulte. Et c’était un niveau dans lequel je m’extasiais parce que mes plus belles expériences c’était aujourd’hui que je les faisais. Et ma philosophie était de faire un maximum d’expériences pour ne rien regretter. J’ai fait beaucoup de choses malgré mes vingt ans et ce qui était amusant c’était qu’agir pour la bonne cause était aussi chouette qu’agir avec de mauvaises intentions. Et ça Peyton semblait le maîtriser. Il y avait dans son intonation quelque chose de sauvage et d’attirant. Bien qu’il ne l’assura pas explicitement, il m’avait condamné me faisant croire qu’il me jugerait avec objectivité. Il gardait secret la peine me disant ensuite qu’il préférait être dans sa situation plutôt que dans la mienne. Je me soumettais à son regard et ses conclusions de toute façon prisonnier entre son torse et le coin de la piscine, j’étais esclave de son bon vouloir et tout à fait sincèrement, ça me séduisait.

Peyton était un homme sadique. Je venais de le comprendre. Il trainait le suspens. Plus que des mots, il se plaça dans une meilleure position non sans égratigner ma hanche en passant. Etait-ce un soupir de douleur ou bien un gémissement de plaisir que j’exprimai ? Je vérouillai succinctement mes yeux me mordant aussi la lèvre inférieur. Si je considérais ce mal comme les préliminaires, j’avais hâte de découvrir la suite. Ce n’était pas un rapport sadique ni malsain, je préférais décrire ça comme... De la passion. Ou de la rage peut-être ? Dans tous les cas, je ne pouvais lutter contre ce que je ressentais et même s’il était prêt à me griffer et à abîmer mon corps parfait, je sentais qu’au fond, il assurait ma protection. Je ne ressentais pas cela comme une envie de me faire du mal mais plutôt comme un besoin incurable de combler une attente. Laquelle ? Elle m’échappait, à quoi bon je pouvais lui être utile ? Je n’en avais toujours pas la moindre idée. Qu’il me porte de l’attention, qu’il soit intéressé par moi, j’en étais honoré, flatté et presque intimidé. Je l’ai déjà dit mais Peyton est un homme d’un tel charisme qu’il devait plaire à beaucoup d’hommes – gay forcément – et de femmes. Alors que ce soit moi qui sois avec lui, dans la piscine, dans une position suggestive, – dois-je rappeler où sont mes jambes ? – beaucoup en rêveraient. C’était ma place et s’il fallait que je me batte pour la garder, attendez-vous à ce que je montre les dents.

Cependant, j’ignorais pourquoi il me portait cet intérêt. Et, précisément, dans quel but ? Est-ce que c’est mon corps qui l’intéresse ? Mon histoire ? Mes relations ? Que pouvais-je donc lui apporter ? Et pour une fois, je ne voulais pas répondre à ces questions. C’était une énigme que je me réservais bien de vouloir résoudre. On peut dire que c’est lâche mais j’avais besoin de garder cette part de mystère car pour l’instant c’est ce sur quoi notre relation se construisait. C’est le jeu du chat et de la souris. Evidemment la souris, c’est moi. Peyton me demanda alors de faire une prière avant de passer au second acte. « Ô Dieu, toi que je chéris depuis ma plus tendre enfance, pardonne mes péchés et sauve-moi de cet être infâme. » Foutaise ! Jouer les bons paroissiens, voici un rôle qu’il m’était impossible d’interpréter. « Je ne crois pas qu’il m’ait entendu. Lui et moi avons rompu il y a bien des années de cela. » Lui confiai-je. Je devais être le dernier américain sur Terre à haïr la religion. Pas que je me sente obligé de m’en défendre mais j’ai perdu la conviction de croire en un être suprême et en une justice lorsqu’à quatorze ans j’ai appris le décès de ma mère. La croyance de l’enfer, du paradis, de la religion... Je laissais ça à d’autres esprits plus formatés que le mien. J’ai la chance d’avoir grandi dans une famille qui m’a laissé faire mes propres choix et construire mes opinions en fonction de mon expérience, du partage et de mon caractère. « Je suis seul Peyton. Personne ne viendra me secourir. » J’avais beau avoir plus de 500 amis sur Facebook, personne n’en a rien à foutre de ma tronche.

Là, j’avais peut-être fait une connerie. Lui dire qu’il avait l’occasion de concrétiser des pulsions sans un retour de bâton n’était certainement pas la meilleure façon d’assurer ma survie. Je le faisais pour lui, pour casser toutes les barrières qui brideraient son génie et son imagination. J’étais pour l’épanouissement de la créativité. En somme, je l’encourageais à me griffer. Alors, le plus tordu des deux c’est lequel pour vous ? Celui qui prend plaisir à faire souffrir ou celui qui prend plaisir à souffrir ? Précision d’une importance capitale : j’aime la souffrance tant qu’elle est assimilée au sexe. C’est différent de ceux qui se complaisent dans les drames et le chagrin mais ça ce n’est pas mon truc. Quand un fait ou une personne me contrarie, je tape dedans, je l’explose, je l’élimine – malgré moi et c’est arrivé qu’une fois – et ensuite je reprends le cours de ma vie. Et c’était parfait car après la théorie, on me donnait l’occasion de passer à la pratique.

« Messieurs, je vais vous demander de quitter les lieux. » D’où il sort lui ? Peyton s’est fait repérer. Nous ne pouvions patauger indéfiniment sans se faire embêter. « Et pourquoi monsieur le maître-nageur sauveteur ? » Non que ça changerait quelque chose, ni même que ça m’intéressait mais j’avais envie de faire mon petit con. La présence de Peyton y faisant pour beaucoup, je l’admets. « Je ne peux autoriser un tel comportement dans un lieu public. » Je lui donnai un sourire en guise de réponse, me demandant s’il s’agissait d’une raison suffisante ou bien s’il déconnait. « Un tel comportement ? » Je tournai légèrement ma tête afin d’observer les autres gens et me laissant aller à ma réflexion, j’ajoutai : « Vous voulez dire un couple d’hommes qui se pelote ? » Est-ce qu’il serait intervenu si c’était un homme et une femme qui flirtaient ? « Ce n’est pas la question. Je fais mon job, c’est tout. » Non ce n’est pas tout. Et ces trois derniers mots me firent perdre mon sourire enjôleur. Mes sourcils se froncèrent m’apportant une expression plus sévère. « Ah oui, celui qui consiste à s’assurer que personne ne se noie et à intervenir si c’est le cas. » Et me voilà sarcastique. J’étais mécontent qu’il s’adresse à nous de cette façon et encore plus pour la raison qu’il invoquait. Quant à lui, il s’abaissa pour se rapprocher de nous et tout en gardant un ton très clair et posé, il dit : « Arrête de discuter avec moi tarlouze. Sors maintenant ou je m’occupe de votre cas. » Je resserrai plus fortement mes jambes autour de la taille de Peyton, l’étouffant presque. C’était le sacrifice pour m’éviter de frapper l’autre type et de lui casser les dents sur les carreaux en lui fracassant la tête contre le carrelage. Si Peyton était aussi explosif que moi, je fis bien de le retenir. Est-ce que la force de mes jambes suffirait ? Pas sûr. Alors je fis quelque chose de très stupide. « Enfoiré d’homophobe. » Commentai-je. Et bien que j’aurais pu m’arrêter là, j’élançai mon corps vers l’avant tout en rentrant mon ventre et attrapai le visage de Peyton pour l’embrasser. Je lui tins fermement la tête enroulant mes bras autour de sa nuque. C’était juste pour enrager le maître-nageur.
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Snow P. Boomer

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MessageSujet: Re: Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle   Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle Icon_minitimeMer 19 Fév - 16:29




Plus qu'un détour du côté de la piscine, il s'était plongé à cœur perdu dans l'incertitude. On a beau avoir la tête froide et un tempérament d'acier, on n'en reste pas moins un être fait de chair et de besoins. Sacha était devenu un de ces besoins, un individu auquel il avait associé une valeur bien plus grande que l'amour ou l'attrait. Il s'agissait là de passion, cette chaleur comprimée dans la poitrine qui consumait toute raison afin de s'alimenter. Peyton était incapable de ressentir les émotions propres à l'homme mais ce poison délectable qui le bouffait de l'intérieur lui conférait une impression de toute puissance dont il ne voulait pas se séparer. La promesse d'un sentiment de vie intarissable capable d'inonder son esprit pour éparpiller d'un revers de main ses pensées morbides. Sacha était l'une des personnes avec laquelle il se montrait réceptif, lui seul savait pourquoi et il ne comptait pas en délivrer la moindre parcelle car cette source de plaisir pouvait aisément devenir l'une de ses plus grandes faiblesses. Sacha serait-il capable d'appuyer sur la détente le jour où il s'apercevrait de la réelle nature de ce qu'il était ? Rien de que l'imaginer le menaçant lui proférait une bouffée de bien être. Eh oui, Peyton était un individu uniquement attiré par le mauvais côté des choses, selon lui il n'y avait qu'avec le revers de la médaille que l'on pouvait être comblé, ces seuls sentiments universels et redondants ; cette certitude inaltérable. Certes, c'était inévitable, il finirait pas blesser Sacha, profondément s'il se montrait fin et patient, même si cela pouvait être ignoble pour certains, il ne s'en cachait pas ; il n'attendait que ça. C'était sa preuve d' « amour », sa nature profonde. S'il avait été une bête, elle aurait été assoiffée de sang, démente et ivre de cris d'horreur, admirative du dernier souffle de vie arraché à tort. Les âmes innocentes lui conféraient une jouissance sans nom et si l'on devait comparer son appétence pour  la criminalité, nous pourrions l'évaluer au rang d'une petite mort,  un orgasme sanguinolent qui pourrait combler son manque d'émotions.

Il voulait se l'accaparer, il était à lui et à personne d'autre, son objet, sa chose, sur lequel il aurait tous les droits. Peyton est porteur de la maladie du tyran, tout ce qu'il convoite doit lui appartenir, il suffit qu'il pose ses yeux sur l'objet de désir afin que ses émotions despotiques ne tambourinent à la porte de sa conscience. Et les voilà, l'un contre l'autre, à jouer à un jeu sans règles qui allait certainement mal finir pour l'un deux. Mais qui ? Ils n'allaient pas tarder à le savoir. Bon garçon, il parvient à le faire rire quand il commence à prier, encore plus quand il lui explique que sa communication avec l'au de là a été rompue des années auparavant. Il imaginait la petite scène de rupture - Allô Dieu ? Je te quitte.-. Le thème de la religion ne pouvait pas être pris autrement qu'avec amusement de son côté, il ne comprenait pas un traître mot des prières et de toutes ces fausses idées insinuant que le monde était régi par une entité toute puissante. Foutaises. «  Que vous ayez rompu n'est pas pour me déplaire, ça m'évitera d'avoir à rivaliser avec Jésus et toutes ses groupies. » Il ne relève pas pour l'être infâme car il a totalement raison, mais ça il ne l'apprendrait qu'en temps voulu, une fois qu'ils seront devenu assez proches pour qu'il découvre toutes les horreurs dont il peut être capable. Et à cet instant précis, quand il tombera de haut sans avoir la possibilité de se relever, qu'il sera piégé dans ses filets, il est sûr que personne ne viendra l'aider, ni ses amis, ni sa famille, personne. Parce que quiconque se mettra en travers de sa route devra payer le prix de sa menace. Sacha, Sacha, Sacha, quand se rendra-t-il compte de la superbe supercherie ? Une question qui soulevait un amas de sensations alléchantes. De quoi éveiller un peu plus le monstre qu'il tentait de canaliser dans leur promiscuité de sans gênes. « Tu sais ce qui me ferait plaisir ? Que tu ne te débattes pas trop quand je te clouerai au mur de ma chambre comme un trophée. » Ah oui, il y  avait de quoi faire peur, si seulement on le prenait au sérieux, ce qui ne devrait pas être le cas au vu de son sourire mutin et de ses yeux pétillants de malice. Qui voudrait prendre ce genre de chose au pied de la lettre dans cette situation si ce n'est un être atteint de paranoïa dévastatrice ? Personne et c'est bien pour ça qu'il prend un malin plaisir à le dire. «  Et je peux t'assurer que... » Ah ben non, il ne pourra pas se faire passer pour plus coureur de jupons qu'il ne l'est parce qu'un sombre con semble vouloir se mêler à leur partie.

Qu'est ce qu'il était en train de déblatérer le fouteur de trouble ? Il a du mal à saisir le véritable sens de son initiative, ce que Sacha souleva agréablement avec ce petit soupçon de provocation qui sembla lui plaire même si son corps trahissait un début de colère réprimé en resserrant l'étreinte de ses jambes contre son corps nu. Se trahissait-il lui même ou tentait-il de distraire Peyton ? Peu importe, l'agacement grandissant n'allait pas pouvoir être calmé par une simple pression car s'il y avait bien une chose qui pouvait le caractériser était son aptitude à ne pas s'éloigner d'un objectif, comme arracher les prémolaires de ce morveux mal dégrossi à coups de tenaille. Mais il écoute, sagement, trop même, laissant ses iris osciller entre sa proie et ce résidu de connerie, parce qu'il ne compte pas intervenir dans ce qui venait d'être débuté. Pourtant, suite aux dernières paroles du maître nageur, pas sûr qu'il parvienne à retenir sa soudaine envie de décapitation. Cependant une toute autre chose bien plus attractive dévia sa montée d'adrénaline, ce geste surprenant au contact doux et grisant qui fit raidir son corps contre celui de Sacha. Un baiser qui raviva toutes les visions de chairs sanglantes et d'os brisés pour lui offrir ce mélange électrisant qui terminait de libérer l'homme aux multiples pulsions ravageuses. En même temps comment aurait-il pu se douter qu'un tel acte pouvait soulever le dépôt crasseux qui engluait son âme perfide ? Il répondit à son baiser avec ce brin de violence propre à la bestialité, Peyton n'est pas un homme, c'est un cauchemar pour qui s'en approche de trop près et par cette réponse du corps il en dévoile une fine partie à Sacha en le malmenant de ses lèvres. Il s'est jeté dans la gueule du loup, celui-ci même qui si léchait les babines quelques minutes auparavant et qui, à présent, se délecte plus que de raison de ce qui lui est offert.

Il n'a pas fermé les yeux, se contentant d'écraser ce corps masculin qui s'était collé au sien contre la paroi de la piscine tandis que l'esprit étriqué de l'importun fulmine de rage en assistant à la scène. Il aurait pu s'en foutre, après tout, de ce grossier personnage qui les avait épié et qui grogne à présent dans sa barbe, oui, il aurait pu l'oublier sous l'assaut de Sacha mais il ne pouvait décemment pas ignorer la main qui s'était dangereusement approchée de la crinière brune de son camarade de jeu. Que comptait-il faire au juste ? L'attraper par la tignasse et l'extirper de l'eau comme une brute forcenée ? Hors de question. Voilà pourquoi il rompt l'embrassade pour intercepter ce geste agressif en lui saisissant le poignet tout en lui faisant subir une torsion douloureuse. Tout cela ajouté à leur poids commun qui sembla arracher un gémissement plaintif au sauveteur homophobe, il l'avait bien cherché. Ce n'est plus un petit sourire espiègle qui trône sur son visage, c'est un regard haineux surplombé de sourcils froncés, une expression à faire froid dans le dos, accentuée, comme s'il avait à faire à la personne qu'il détestait le plus en ce monde. Et la voix qui s'échappe de ses lippes est à l'image du faciès qu'il leur offre, dure et cassante. « T'occuper de notre cas ? J'aimerais bien voir comment tu y parviendras avec le bras brisé à trois endroits différents et la mâchoire disloquée. Ça t'évitera au moins de vomir tes absurdités. Qu'en penses-tu Sacha ? » Il dévia alors son regard vers lui tout en tordant un peu plus le poignet prisonnier, la mine fatiguée par l'effort et la transformation qui influait sur son état psychologique. Un Peyton en forme est dangereux, un Peyton fatigué est monstrueux, voilà ce qu'il se passe quand on effleure ses limites. «  A moins que je ne le noies pour libérer ce monde d'une raclure dans son genre ? » Les mots autoritaires alliés à une petite douleur pouvaient parfois se montrer très persuasifs même s'il ne se rendait pas compte du caractère effrayant de ses paroles. C'est contre toutes attentes qu'il lâcha l'intrus en frôlant des siennes les lèvres de Sacha. « Partons d'ici, l'accueil laisse à désirer. » Parce qu'en plus d'atteinte à la pudeur il ne souhaitait pas se retrouver avec une plainte pour agression sur le dos et qu'il ne savait pas combien de temps encore sa transformation pourrait supporter ses déboires de prédateur. C'est un risque qu'il ne pouvait pas se permettre, pas face à Sacha.

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MessageSujet: Re: Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle   Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle Icon_minitimeMar 25 Fév - 0:16

Que Peyton fasse figure de rencontre hasardeuse aujourd'hui fut une joie. Ma seule ambition en me levant ce matin était d'accomplir deux kilomètres de nage libre. Pratiquant la natation depuis gamin, il n'y avait absolument rien d'excitant à cela. Nager me procurait seulement du plaisir parce que le contact avec l'eau possédait la faculté de faire s'évaporer toutes mes pensées. Je naviguais alors avec endurance à une allure soutenue en oubliant tout. Absolument tout. Plus rien ne comptait. Plus personne n'existait, je devenais un poisson parmi les autres.

Dans cet océan lilliputien, Peyton m'avait recueilli. Il m'avait extirpé malgré lui du courant d'eau que j'avais formé par mes battements de pieds. Il avait été adroitement maladroit pour un pêcheur. Qu'il ne s'en réjouisse pas, j'admettais être un poisson facile à piéger. La moindre couleur m'émerveillait, le moindre mouvement m'intriguait. Le danger attisait ma curiosité et même si j'avais conscience que mordre dans l'appât signerait ma fin, mes nageoires n'en faisaient qu'à leur tête et je m'approchais fatalement de l'hameçon. C'était une pulsion machinale chez moi, une nature contre laquelle toute tentative de lutte finirait par avorter.

Sa présence me réjouit. Comme un gamin le jour de Pâques. Peyton m'amusait, il me faisait rire et m’enchantait. Son charme ne connaissait pas de limite. Son charisme le faisait devenir dauphin, ou bien requin, quand je n'étais qu'un poisson d'eau douce. Sa compagnie provoquait spontanément un jeu entre nous entre désir charnel et plaisir innocent. Ce qu'il s'était passé ensuite n'avait donc rien de surprenant pour nous et nous demeurions toujours intéressés par le jeu, quel qu'il soit.

Une fois qu'il fit de moi son prisonnier, nous nous engageâmes dans une conversation divertissante. J'étais soumis à son autorité, esclave de son jugement et de sa volonté. Et j'y prenais plaisir. Il épanouissait mon besoin d'être dominé, de le satisfaire sous ses ordres. Il n'y avait aucun mal de fait, aucune blessure. Peyton assouvissait simplement mes fantasmes. Tordu, peut-être bien, mais qui ne l'est pas ? « Un trophée se gagne et se mérite. » Le défiai-je. Pas une seule seconde je n'ai craint ses mots. J'étais flatté, heureux de ma condition, fier de représenter une victoire pour lui. Mais une victoire facile n'a rien d'excitante. Le trophée n'a de valeur que s'il est convoité par des concurrents ou bien si le chemin pour le brandir est parsemé d'obstacles.

Nous aurions pu en savoir plus mais il fallut qu'un malotru nous gêne dans notre complicité. Qu'est-ce que Peyton était sur le point de m'assurer ? Je devais m'en souvenir, je devais savoir. Cette énigme fit grimper mon adoration pour lui et je n'oublierai pas de le harceler à ce propos. Pour l'heure, je m'amusais d'une autre façon. Avec sarcasme et insolence. Finalement cette activité piscine fut plus revigorante encore. Beaucoup de connards dans le genre ont croisé ma route. Je savais que les mots ne l'atteindraient pas. C'était juste pour le fun de négocier et d'être énervant. Il n'y avait que deux issues. La première, la plus sage, éviter le conflit et s'en aller. La seconde, la plus moi, provoquer la colère de mon emmerdeur.

Ce fut donc après une réflexion profonde de maturité que j'étourdis Peyton d'un fulgurant baiser. Ce contact avait déclenché une fureur chez Peyton. Il n'avait comme pas apprécié que je détache mon corps de la paroi et il me contreplaqua contre le muret une nouvelle fois. D'entrée, il reprit le jeu en mains et me prouva qui était le maître de cette partie. Le baiser que je lui avais donné n'était qu'une futilité à côté du sien. Il avait la puissance, l'ardeur, la hargne... Ce n'était pas mignon, c'était... Barbare. Il n'y avait aucune humanité dans cet échange, pur produit de la rage de Peyton. Mes lèvres se frottèrent âprement contre mon dentier. Je subissais alors un pénible pincement qui s'interrompit trop vite pour que j'en ressente le plaisir...

Avec sa main, Peyton menotta le poignet de l'autre raclure. Son mouvement avait été d'une vitesse et d'une précision affolante. Est-ce qu'il avait anticipé son geste ? Il me fascinait et cette tension criminelle qu'il provoquait avec son simple regard fit naître des sentiments très ambigus. En un seul mouvement, Peyton contrôlait le corps du maître nageur. Comme s'il était son pantin. Et s'il le voulait, il pourrait lui faire bénéficier de mois de rééducation en exerçant une seule pression. L'homme hurla son mal, alertant les clients. « Sacha pense qu'il est tout émoustillé de voir Peyton dans cet état... » Répondis-je fasciné par la haine froide de Peyton. « ... Même si Peyton lui fait un peu peur... » Précisai-je dans un murmure au souffle chaud. Le nier serait dangereux. J'étais surtout heureux et reconnaissant de ne pas être à la place de ce pauvre garçon. J'avais envie d'apporter plus de chaleur à Peyton qui demeura imperturbable, aussi statique qu'un iceberg. Je l'embrassai alors sur le col de sa mâchoire à quelques centimètres au-dessous de son oreille. Mes lèvres s'appliquèrent sur sa peau dissimulée par sa barbe mais c'est davantage son os contracté que je glorifiais. S'en était presque de la jalousie. J'espérais le contraindre à ce qu'il reporte son attention sur moi.

Peyton m'ordonna de partir avec lui. C'était effectivement ce qu'il y avait de plus prudent à faire. Je laissais ma main s'engager sur son torse, débutant sa course par son cou, s'infiltrant entre ses pectoraux et sombrant sur son ventre. Ma destination ne donnait aucune chance à l'insinuation puisque je continuai ma décadence toujours plus près de son entrejambe. Mais lorsque je l'eus presque effleurée, ma main se retourna et desserra mon maillot de bain pour sortir son short que je pendillai entre nos visages. Une énième fois, je souris comme un enfant, fier et se croyant malin. En à peine cinq secondes, je me hâtai ensuite vers les vestiaires une fois que Peyton m'offrit ma liberté. « Hop hop hop, attention !!! » Criai-je pour avertir les passants. J'aurais pu me blesser, le carrelage au sol s’obstinait à être glissant et pour contrer toute chute, je m'appliquais à trotter sur la pointe des pieds, le torse gonflé, le visage crispé néanmoins amusé.
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