Ce que j'appréciais beaucoup à Los Angeles, c'était sûrement ces 20 degrés quasi constant tout au long de l'année. Il faisait plutôt bon ce jour là et le soleil perdurait depuis ce matin, à grands éclats dans un ciel balayé de toute trace de nuages. Le vent était cependant frais, ce qui ne m'empêchait pas de me dépêtre de ma veste pour finalement, la tenir sous le bras. L'hiver et les tempêtes de neige de New York me manquaient. J'avais presque envie de m'enfermer dans une chambre froide pour y ressentir à nouveau cette sensation désagréable de frissons, de doigts gelés, de nez qui coule … c'est étrange comme les choses les plus déplaisantes, peuvent parfois nous manquer.
Je réajustais mon écharpe autour de mon cou, puis vaquais dans les grandes avenues bondées de touristes à la recherche de mon Starbucks préféré. Le voilà enfin ! Je pris un muffin, de quoi combler ma faim et un café. Je sortis le sourire aux lèvres, mangeant goulûment ce goûter me léchant convulsivement les babines. Après quelques minutes de marche, je m'arrêtais devant un kiosque qui vendait des journaux. Je pris le LA Times et jetais un coup d'oeil à la rubrique politique. Ca faisait un bon bout de temps que je n'avais plus entendu parler de Tussle et je me demandais bien ce que disaient les journaux par rapport à l'incident de Central Park. Mais rien de bien intéressant. Je pliais le journal sous le bras, puis pris la direction du centre ville.
Je reçu un texto d'Aaron. Le jeune homme me donnait rendez vous à la terrasse d'un café pour prendre le temps de discuter. Ça tombais bien, j'avais justement l'intention de lui parler de deux ou trois trucs. Ça faisait bien deux semaines que je ne l'avais pas vu et j'étais plutôt de bonne humeur aujourd'hui. Même si j'avais besoin d'explications concernant les derniers événements, je n'allais pas m'emporter contre lui, je le jure.
Après avoir monté des escaliers relativement raides pour rejoindre une grande place, je portais mes mains au ventre. Les coups de la mutante à la force sur-humaine me lancinaient encore. J'avais l'impression d'avoir fait une série interminable d'abdominaux et que des crampes incessantes venaient me le rappeler depuis deux semaines. J'avais séjourné au moins sept jours à Genome dans les quartiers de l'infirmerie sous les bons soins de Meira. Mais est-ce que je méritais vraiment autant de patience ? Peut-être pas …
Cette soirée à Central Park était encore floue dans ma tête. Je me rappelais à peine des visages que j'avais croisés là-bas. Crow, Sonny, Remington … qui d'autre encore ? Je me rappelais même pas avoir vu Aaron. Et pourtant, c'est bien lui qui nous avait demandé d'aller stopper ce mec odieux, dont j'avais totalement zappé le nom. Je pris un peu plus d'assurance, essayant d'oublier ce mal qui siégeait au fond de mes côtes. Après une dizaine de minutes, je repérais le café d'Aaron. Enfin ...
Un endroit plutôt sympa, typiquement américain avec une façade du genre coquette. La vitrine exposait un arrangement féminin de tasses de café et de thé, ainsi que quelques gâteaux colorés et boites à biscuits sophistiquées. Des affiches de concerts de Jazz étaient placardées contre la bée vitrée, ainsi que les horaires d'une exposition d'art Japonais, d'un dénommé Rikizo. Des tables rondes tenaient lieu de terrasse devant l'entrée du café et quelques personnes étaient installées dans de confortables fauteuils couleur pourpre. Des yeux, j'essayais de deviner la silhouette d'Aaron. Une jeune femme blonde se tenait là, les jambes croisées, en compagnie d'un homme plus âgé. Elle rigolait à cœur ouvert, me laissant vaguement penser à Holly. Elle me manquait cette bougresse avec ses taquineries et ses délicieux moelleux au chocolat. Je secouais énergiquement la tête et enfin, je le remarquais. Il était assis à la table la plus isolée, à deux pas de l'entrée du café, les yeux plongés dans un bouquin, les doigts légèrement rentrés dans les manches de sa veste.
Lorsqu'il leva le regard dans ma direction, je lui fis un grand signe de main, accompagné d'un sourire chaleureux. Sans perdre une seconde, je me dirigeais vers sa place et m'installais dans l'un des fauteuils qui entourait la table ronde. A peine installé, une serveuse vint passer commande. Je pris un deuxième café, noir, sans sucre.
« Alors Aaron, ça va ? J'ai pas eu de nouvelles depuis l'incident de Central Park, ça fait bien deux semaines. » dis-je avec une once de reproche, tout en installant ma veste sur le dos du fauteuil.
La serveuse revint rapidement, déposant les deux boissons sous notre nez. Je la gratifiais d'un sourire, puis bus une gorgée chaud avant de reprendre.
« J'ai pris le journal ce matin et toujours rien sur l'incident de Central Park. Comment ça se fait ? Il y a eu pourtant un véritable carnage là-bas, non ? »
Je ne me rappelais plus de grand chose, mais peut-être Aaron pouvait-il m'éclairer sur les incidents. J'y allais peut-être trop directement, mais à quoi bon faire de grandes parades. J'aimais aller directement au fait, entamer une conversation, plutôt que demander des formalités débiles et inintéressantes.
Sujet: Re: Mise à jour [Terminé] Mer 13 Mar - 15:04
Devoir prendre le bus et le métro pour me déplacer. Merveilleux. Il n'y avait rien de pire que de devoir se mêler à la foule de la ville quand on n'avait qu'une seule envie, se retrouver seul. Je ne supportais plus de voir ce monde grouiller autour de moi, inconscient de tout ce qu'il avait pu se passer au cours de ces derniers mois. Je ne supportais plus de savoir tout ce que les autres ignoraient. Je ne supportais plus tout ça. Et il n'y avait rien que je puisse faire pour changer mon état d'esprit. Je ne pouvais fuir Genome qui ne désemplissait pas, je ne pouvais fuir mes obligations à la fac, je ne pouvais même plus me réfugier chez moi, je n'en avait tout simplement pas le temps. Je ne pouvais que subir, la fermer, serrer les dents et continuer à avancer. Sans savoir où j'allais réellement.
Je relisais la même phrase depuis dix bonnes minutes. Mon bouquin avait vraiment l'air de me passionner. La lecture, un concept qui me paraissait aujourd'hui étranger alors que j'avais toujours aimé lire quelques bons polars de temps en temps. Je ne comptais plus les romans commencés et jamais terminés, s'empilant sur ma table de chevet, recouverts de poussière. Je me fis une raison et me contentai de simplement fixer ma page sans même essayer de déchiffrer les mots qui y étaient imprimés. A quoi bon ? Puisque mon attention se résumait au néant ?
Dean arriva et la serveuse nous amena bien vite nos cafés. Pourquoi lui avoir demandé de me rejoindre ? Pourquoi chercher une nouvelle fois à plonger la tête dans ce travail clandestin qui me bouffait la vie bien plus que je ne voulais me l'avouer ? Parce que faire autre chose, m'occuper de ma vie ne m'aurait rien apporté de plus. Faire du sport ? Ah la bonne blague, alors que j'avais encore besoin d'une béquille pour marcher à cause de ce crevard de Travis. Sortir et voir du monde ? Oui, bien sûr, et expliquer gentiment aux inconnus que j'avais eu une balle dans la jambe d'où ma béquille et que j'étais un mutant sûrement responsable de dizaines de morts. Me plonger corps et âme dans mon boulot à la fac ? Tout à fait, et encaisser le fait de croiser encore plus souvent des personnes que je n'avais pas envie de voir pour des raisons diverses et variées, comme une guerre des mutants, tout ça... J'avais l'impression d'être coincé et de n'avoir aucune solution pour m'en sortir. Je n'avais pas la clé et personne ne l'avait pour moi. Autant se laisser porter par le courant et continuer à essayer de me battre pour cette cause qui me semblait chaque jour un peu plus erronée. Aby me manquait encore plus qu'avant, elle aurait su quoi faire, elle aurait trouvé les mots. Je ne pouvais pas compter sur Shannon pour ça, je n'avais pas envie de lui faire subir plus encore que ce qu'elle n'avait déjà à porter sur ses frêles épaules.
J'étais donc avec Dean. Qui entrait directement dans le vif du sujet. Et dire que j'avais cru pouvoir profiter de quelques minutes de conversation futile, juste pour faire semblant, juste pour croire que nous étions juste deux potes se retrouvant pour parler du temps, du sport, des voitures, histoire de jouer le cliché à fond. Mais non, il avait fait son entrée en matière sans me laisser le temps de prendre mes marques. « On va dire que ça va mieux. Mais ma jambe a décidé de faire sa rebelle et de guérir disons... Lentement. Pour bien m'emmerder je suppose. » Et pour me rappeler que j'avais grillé une bonne partie de mon énergie en utilisant mon pouvoir ce soir-là. Elle me le faisait bien payer la garce. « Genetic a dû bien étouffer l'affaire. Le maire de la ville a le bras long, on le sait tous. Et puis ça ferait tâche des dizaines de morts dans son bilan de mandat, tu ne crois pas ? Si Tussle avait pu agir avant la catastrophe, ça aurait été un poil plus sympathique. » dis-je avec amertume. Je repensais à ce soir-là, au fait que nous étions intervenus en urgence pour aider les gens, au fait que toute la communauté mutante avait semble être au courant. Mais tout le monde avait apparemment jugé bon d'agir au dernier moment. Si seulement nous avions pu savoir plus tôt. Mais avec des "si"...
Je rajoutai du sucre dans mon café avant de bien homogénéiser le tout, regardant ma tasse plutôt que Dean. Qu'allait-il aborder ensuite ? C'était moi qui avais voulu le voir, pourquoi est-ce que je ne cherchais pas à aller droit au but ? Peut-être ne savais-je même pas ce que je voulais lui demander après tout. « Je ne t'ai pas vu à Genome depuis un bout de temps, et pourtant, j'y vis depuis fin décembre. » Un sourire forcé s'esquissa sur mes lèvres. « Du nouveau de ton côté ? »
Dernière édition par Aaron O'Hara le Jeu 14 Mar - 12:19, édité 1 fois
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Sujet: Re: Mise à jour [Terminé] Jeu 14 Mar - 11:08
Tussel, ce nom m'exaspérait. Je haussais un sourcil, trempais mes lèvres dans mon café, puis jetais un coup d'oeil à la jambe d'Aaron. Meira m'avait raconté qu'il avait reçu une balle, j'imaginais que ça devait être encore douloureux. Mais je n'y portais pas plus d'attention. Plus j'y pensais, plus je me disais que j'avais loupé un tas de choses. Qu'étaient devenus les gugus qui avaient souhaité dévoiler au monde l'existence des mutants ? Et qu'étaient devenues toutes les personnes présentes dans Central Park ? Est-ce que Genome avait réussi à remettre de l'ordre dans toute cette pagaille ? J'en doutais fort, vu la tête que tirait Aaron.
Il avait raison, comme d'habitude Tussle avait étouffé l'affaire. Je portais mon regard vers le lointain, me demandant si ce combat avec réellement un sens. Cet homme avait la richesse et bien entendu tous les pouvoirs. Il nous manipulait comme des marionnettes et personne ne s'en rendait compte. Ça m'énervait. Et Aaron qui avait cette lueur d'espoir naïve qui brillait encore dans ses yeux, j'en étais presque triste pour lui. Que pouvait bien faire Genome contre Genetic ? Rien. Absolument rien. Je n'avançais plus dans mes recherches. Le laboratoire possédait un matériel trop précaire et à peine utilisable. Et l'équipe de chercheurs se résumait à moi et Anne … Anne qui ne voulait même pas mettre un seul pied au labo. J'en avais ma claque de bosser sans avoir la moindre motivation. Combien de fois avais-je hésité à partir ?
Et puis toutes ces interventions qui ont tournées à la catastrophe. J'y ai bien failli laisser ma peau face à Jefferson. Et à Central Park, j'avais perdu connaissance … indigne de ma personne. Je serrais la mâchoire. Aaron me demandait si j'avais des nouvelles à lui apporter. Que voulait-il savoir ? L'état de mes recherches ? Mon avancement dans ma liste de mutants à trouver ? Ou encore si j'avais réussi à me dégoter une nouvelle maison, une vie … oui, j'étais moins à Genome. Du moins, j'y avais passé une semaine entière dans les draps de l'infirmerie et je ne souhaitais plus y remettre les pieds avant une bonne semaine encore. Mettre le monde des mutants de côté, me consacrer à une vie normale. Enfin, normale était un bien grand mot.
« J'ai passé ma première semaine de Janvier à l'infirmerie et dès que j'ai pu en sortir, je suis retourné chez moi. J'ai besoin d'espace Aaron. Je ne pense pas retourner à Genome avant un bon moment. Mes recherches me pèsent et puis vu les derniers incidents, je préfère retourner à la tranquilité, me mettre à fond dans mon boulot, retaper ma nouvelle maison … bref, avoir une vie normale. »
C'était étrange, car au fond, cette vie n'était pas faite pour moi. J'aimais trop bouger, partir enquêter, vivre des sensations fortes et aider. Depuis que j'avais découvert mon pouvoir, je m'étais confronté à un nouveau monde. Un monde où le mot solidarité était plus fort que tout. Je le prônais comme le maître mot de ma vie. Mais voilà, il m'avait épuisé. J'avais mes soucis, des problèmes qui s'accumulaient et j'en avais ma claque d'aider sans rien recevoir en retour. Car malgré le bon tempérament d'Aaron, je ne supportais plus ses coups foireux. Il faut bien l'avouer, chaque mission tournait à la catastrophe, car monsieur ne voulait pas user des armes ou se préparait toujours trop tard. Mais bon, la jeunesse fait parfois défaut. Je ne voulais pas le blâmer, après tout, il est l'un de mes rares amis.
« Je sais que ça parait insensé, surtout venant de moi … mais je pense qu'il serait mieux qu'on arrête tout ça maintenant. Tussel est trop fort. Il a trop d'importance et trop d’influence. Tu le vois bien. Il s'est passé quelque chose de grave à Central Park, un lieu publique, et il n'y a strictement rien dans la presse ! Genetic ne va pas arrêter ses recherches, il ne va rien se passer … Car il faut l'avouer, ils ont les moyens, l'argent, le pouvoir et nous … rien. Je suis peut-être défaitiste, mais regarde qui nous sommes ? Certainement pas des personnes entraînées, qualifiées pour renverser un groupe comme Genetic. »
Oui, mon discours n'était pas très optimiste, mais j'étais las de devoir me battre sans jamais gagner aucune bataille.
Aaron O'Hara
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Sujet: Re: Mise à jour [Terminé] Jeu 14 Mar - 12:41
De l'espace... Si seulement je pouvais moi aussi en avoir un peu. Je rêvais de pouvoir me tirer pour me retrouver seul avec moi-même. Je n'avais qu'une envie, c'était de tout plaquer mais pour aller où ? Pourquoi pas du côté d'Angeles Forest ? Un peu de bois, d'eau fraîche, quelques poissons dans la rivière, de quoi vivre une véritable vie d'ermite. Je devenais un véritable asocial, je n'étais plus capable de vivre correctement avec les autres. Et pourquoi ? Parce que j'étais dans l'incapacité de vivre avec moi-même. Enfin celui que j'étais aujourd'hui. Avec tout ce que j'avais sur la conscience. Avec tous mes échecs et toutes mes déceptions. Je ne supportais plus rien de tout ça mais je n'avais aucun moyen de me défaire de ce que j'étais.
Rien ne s'était jamais passé comme je l'avais prévu, pourquoi est-ce que je n'étais pas capable d'apprendre cette leçon ? Je fonçais toujours tête baissée, mon plan en tête et boum ! Catastrophe, tout dérapait, rien n'allait. A force, j'aurais dû être capable de prévoir tout ça mais non, j'étais un minable optimiste, je croyais toujours pouvoir faire quelque chose. Et les derniers mots de Dean ne firent que confirmer mes illusions dérisoires. Il était capable, lui, de voir que rien ne fonctionnait, que rien ne se passait aussi bien que ce que nous voulions. Que tout n'était que leurre, désespoir, et échec. Seulement, il se trompait tout de même sur quelque chose. Il ne comprenait pas ce point essentiel que je me forçais à garder en mémoire chaque jour, pour ne pas me laisser totalement abattre et baisser les bras. Parce qu'il fallait bien que je garde un petit moteur pour trouver la force de continuer, non ?
« Tu crois que je ne me dis pas ça chaque jour ? Tu crois qu'à mon réveil, j'oublie que ma soeur est morte pour ce combat ? Non, je garde tout en tête, chaque détail, chaque image, chaque morceau de remord. » dis-je en le fixant avec plus de conviction que je ne l'aurais voulu. « Nous sommes incapables de rivaliser avec eux et je le sais. Depuis le début. Seulement, ne rien faire serait pire. Accepter tout le mal qu'ils ont fait serait pire. Abandonner ce pour quoi Aby est morte serait pire. David contre Goliath, oui, c'est un peu ce qu'il se passe. Mais est-ce que tu serais capable de tout plaquer ? Parce que moi non. Même si on ne peut pas faire grand chose, on peut toujours se battre et grignoter un peu de terrain à chaque fois. Nous avons aidé des gens à s'en sortir. Nous avons permis à des personnes en danger de fuir, de changer d'identité, de retrouver une vie normale. Et rien que pour ça, je suis prêt à continuer même si nos actions sont comme un grain de sable dans le désert. C'est toujours mieux que de rester passif et d'attendre qu'ils détruisent d'autres vies. Des gens meurent, j'en suis conscient, mais d'autres réussissent à s'en sortir et à retrouver un semblant de vie. C'est pour ça qu'on a bâti Genome avec Aby, pour faire ce qui était dans nos cordes pour que d'autres ne vivent pas ce qu'on a vécu. » Si seulement je pouvais croire en mon discours, si seulement il pouvait avoir plus d'impact sur mon esprit, les choses seraient légèrement plus simples.
Je n'avais pas le droit d'abandonner, pas après tout ce qu'il s'était passé. Nous trouverions bien un moyen de nous relever, comme à chaque fois. Si je devais me torturer pour permettre à des gens de sortir la tête de l'eau, et bien soit.
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Sujet: Re: Mise à jour [Terminé] Ven 15 Mar - 10:15
Je ne voulais pas paraître défaitiste aux yeux de mon cher camarade, mais son discours était dérisoire. Il n'englobait pas les membres de Genome, juste lui et sa défunte de sœur. Je me fichais de ses idéaux, car au final je n'y avais jamais totalement adhéré. Mais alors, qu'est-ce que je fichais à Genome, me direz-vous ? Bonne question … je cherchais simplement une place, un endroit où trouver des gens de mon espèce. Car bien que l'on ressemble à tout être normal, nous sommes loin d'être des gens normaux. Nous possédons une capacité hors du commun, quelque chose dans notre ADN nous permettant de nous élever plus loin, plus haut que la norme. Et il n'y avait qu'à Genome que je pouvais retrouver mes semblables, me sentir chez moi.
J'avais prit le rôle du chercheur à cœur, au départ. Mais plus mes investigations se voyaient freinées par le peu de motivation de la part de chacun et le manque cruel de matériels, plus je me sentais las. Je voulais aller plus loin dans mes découvertes, comprendre d'où venait cette mutation, comment se déclenchait-t-elle, pourquoi telle ou telle personne possèdait un tel don ? J'avais tant de questions et si peu de réponses, que j'en perdais presque tous mes cheveux.
Aaron ne se battait pas pour l'honneur des mutants, ni même pour essayer de sauver des vies. Il se battait pour une cause personnelle. Celle de sa sœur, qui m'était totalement inconnue. Certes, il était beau de voir un homme animé par la vengeance, mais était-ce vraiment nécessaire ? Est-ce que toutes ces tentatives étaient vraiment nécessaires ? Et à quoi aboutissaient-t-elles ? Plus j'y pensais, moins j'y croyais. Je voulais baisser les bras, tout plaquer et dire au revoir à cette vie pleine de turbulences. Ça ne menait à rien et Aaron le voyait bien. Cependant, il gardait espoir, du sommet de sa jeunesse vaillante. En quelque sorte, j'étais fier de lui, mais en même temps, il me faisait pitié. C'est sûrement pour ça que je restais à Genome, pour le surveiller, éviter qu'il fasse une connerie monstrueuse.
« Je comprends … mais dans ton discours, j'ai l'impression que c'est une cause purement personnelle que tu avances. Tu veux en faire baver à Genetic pour ce qu'ils ont fait à ta sœur. Je comprends … mais alors, pourquoi embarquer des gens innocents dans des situations périlleuses ? La plupart des membres de Genome sont jeunes, faibles, démunies, n'ont aucune expérimentation, ne savent pas se battre et ne contrôlent pas leurs pouvoirs. Tu as envoyé des gens sur le terrain qui n'avaient rien à y faire … Si tu veux battre Genetic, il faudrait les entraîner. Je ne suis pas en train de dire qu'on doit construire une armée, mais il faudrait songer à se défendre correctement. Car franchement, regarde un peu, seuls Kensie, Anne et moi utilisons une arme … Toi même n'ose pas blesser quelqu'un avec une arme à feu. »
Un silence s'installa. Je savais bien ce que pensais Aaron. J'étais peut-être un peu trop direct, trop franc, mais je préférais être honnête avec lui, plutôt que le réconforter dans ses décisions, parfois trop immatures à mon goût. Avant qu'il ne puisse prononcer le moindre mot, je repris la parole.
« Je suis d'accord que nos actions ne sont pas veines, mais il faudrait songer à frapper fort. Genetic n'est pas une organisation toute puissante. Il y a sûrement une faille. Il suffit de la trouver pour prendre l'avantage. Je pense qu'il faudrait penser à s’entraîner durement, comprendre la capacité de chacun, apprendre à l'utiliser et pousser ses limites. Nous avons un don, mais nous ne l'exploitons pas assez ! Je ne sais pas ce que tu en penses, mais à chaque fois qu'on a dût se confronter aux membres de Genetic, ils étaient bien plus expérimenté que nous … Il serait peut-être temps qu'on accélère les choses. »
Quelque chose en moi se manifestait. L'envie de réveiller Aaron ou bien de descendre Genetic une fois pour toute ? Vivre une vie paisible, sans craindre que des gens meurent autour de moi ? Je ne sais pas … Mais une chose était sûre, je n'avais plus l'intention de rester passif, les bras croiser et essayer de négocier avec de stupides armes à fléchettes. Il fallait simplement rayer Genetic pour être tranquille. Enfin, c'est ce que j'espérais.
HJ: dsl pour les fautes, je vérifierai plus tard !
Aaron O'Hara
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Sujet: Re: Mise à jour [Terminé] Sam 23 Mar - 0:21
Une cause personnelle ? bien sûr que c'en était une. J'étais impliqué corps et âme dans ce combat, j'avais vécu le pire. J'avais dû découvrir ma mutation avec violence, à la mort de mes parents. J'avais appris à connaître mon pouvoir à force de torture au sein de Genetic. J'avais connu l'horreur et le désespoir. Et avec Aby nous avions décidé de tout faire pour que d'autres ne vivent pas ça. Alors oui, c'était une cause personnelle. Mais ça n'incluait pas uniquement ma soeur, comment Dean ne pouvait-il pas le savoir ? Sa mort n'était qu'une raison de plus de continuer le combat mais surtout, de ne pas me laisser envahir par l'envie de tout arrêter. Comment mettre un point final à tout ça alors que j'avais vu Aby se battre pour cette cause ? Je ne pouvais pas me retirer après sa mort, ça ne serait que trahison.
« Tu te trompes Dean. Mon but premier est de contrer Genetic dans la mesure de nos moyens. Leur en faire baver au passage n'est qu'un bonus. Je n'ai pas pour optique de les anéantir parce que je suis lucide : nous n'en sommes pas capable. Mais nous pouvons agir à notre échelle et c'est ça ma lutte personnelle : sauver autant de personnes que possibles. Et je dis bien sauver. Les affrontements ne sont pas le moyen le plus efficace pour sauver des vies. Les prendre de front serait une erreur monumentale. que crois-tu qu'on pourrait faire face à eux ? Nous avons déjà vu ce que ça pouvait donner quand on croisait leur route sans le vouloir. » Evidemment, si nous avions eu le pouvoir de nous attaquer à Genetic et de tout détruire sur notre passage, je savais que je ne m'en serais pas privé. Seulement, nous n'étions qu'une toute petite fourmis là où Genetic faisait office de reine indétrônable.
« Le but de Genome n'est pas de créer une armée et ça ne le sera jamais. Nous sommes là pour aider, pas pour tuer. Lorsque cela arrive, c'est uniquement parce que la chose est inévitable. » Qu'il recommence avec ses histoires d'armes m'agaçait. Nous étions des mutants, nous n'avions pas besoin d'armement pour nous défendre. Nous n'avions pas besoin de nous abaisser à choisir cette voie pour faire au mieux. Alors oui, nous apprenions des méthodes de combat à ceux qui le désiraient, à ceux qui voulaient se battre à nos côtés, mais apprendre à tuer et uniquement tuer était tout sauf fidèle aux idées de Genome.
« Ce sont des soldats. Des soldats formés dans le but de détruire. Est-ce que c'est la solution que tu vois pour Genome ? Est-ce que tu crois sincèrement que nous devrions former les gens à la mort ? Personnellement, je ne le crois pas. Et j'espère que nous n'aurons jamais à en venir là. » A quoi bon se battre contre un ennemi si c'était pour finir par lui ressembler ? Si c'était pour, comme lui, bafouer des êtres humains ?
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Sujet: Re: Mise à jour [Terminé] Lun 1 Avr - 9:06
A quoi bon lui faire entendre raison ? Pour sauver les mutants, il fallait d’abord se débarrasser de l’ennemi numéro 1, c’est-à-dire Genetic. Comment pouvait-il croire qu’il arriverait à sauver qui que ce soit, s’il ne rasait pas Genetic de la carte une bonne fois pour toute ? Ok. D’accord. Aaron avait sauvé des gens, tout bonnement avec sa petite grâce et son petit cœur de brebis galeuse. Mais qu’est-ce qu’il me chantait là ? Genome pas assez fort ? C’était quoi comme discours ? Non, je ne pouvais pas le laisser dire ça. On était assez nombreux, il suffisait de s’entrainer. De pousser nos limites, voir que quoi on est capable. Ce n’est pas parce qu’eux, ont une avance technologique sur nous, qu’ils sont plus forts. Ça n’a rien à voir. La volonté fait souvent la force. Il suffisait de donner un peu de courage et renverser la balance. Si Aaron voulait vraiment vivre en paix, alors il fallait irradier Genetic de Los Angeles. Quitte à blesser des gens.
Malgré ses efforts, malgré tout ce qu’il pouvait dire, Aaron ne sauvait personne. Car même s’il avait l’illusion de sortir quelques mutants de la galère, Genetic allait encore une fois leur mettre le grappin dessus. Leur proposer un remède miracle par exemple ? Genetic est une grosse compagnie qui manipule les gens… Nous ne sommes que de vulgaires marionnettes avec qui ils s’amusent. Ils se gaussent bien de notre brin de liberté. Et si Genome ne frappe pas fort, alors qu’elle est cette perte de temps ?
« Alors Genome c’est foutu. »
Je voyais peut-être les choses dans le genre trop dramatique, mais pour moi il n’y avait qu’une solution. Former les membres de Genome au combat. S’ils étaient vraiment avec nous, alors ils seraient partants à prendre le risque. Lever haut et fort les armes pour renverser Genetic. On n’a pas besoin d’être très nombreux. Juste un coup d’état. Se transformer en terroristes, pour leur montrer qu’on ne se laisse pas faire. Nos actes sont trop faibles … ils n’ont quasiment aucun impacts face à cette société pharmaceutique corrompue jusqu’à la moelle de l’os.
« Je ne te parle pas de créer une véritable armée. Mais juste de pénétrer au sein même de Genetic et tout faire péter ! Leurs labos, leurs recherches, bref faire un gros coup. On n’a pas besoin d’être 150, mais juste un petit groupe de volontaires. Etre organisé. Regarde un exemple. L’autre jour dans le journal j’ai lu qu’un groupe de jeunes à volé tous les passagers d’un wagon du métro. Ils étaient seulement six. Six contre 30 ou 50 personnes ! Pas un a levé le petit doigt pour mettre à terre les six voleurs. Tu sais pourquoi ? Parce que les six jeunes étaient organisés et les 50 passagers pris par surprise. Et bien c’est à notre tour d’être les six jeunes et de prendre Genetic par surprise. On peut les rayer de la carte Aaron ! »
J’en étais persuadé. Mais je voyais l’air d’Aaron, qui s’assombrissait au fur et à mesure que je parlais. Il ne voulait clairement pas faire de Genome un centre terroriste et ça je pouvais le comprendre. Mais il s’agissait là de remettre un équilibre dans la vie des mutants. Car personne, hormis Genome, était capable d’arrêter les actes inhumains de Genetic.
« On peut le faire … »
Aaron O'Hara
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Sujet: Re: Mise à jour [Terminé] Mer 17 Avr - 11:26
Alors que je croyais avoir eu droit au pire discours de l'histoire de Genome, Dean enchaina sur des idées plus grotesques encore. Comment est-ce que ces conneries avaient pu s'infiltrer dans son esprit ? Est-ce que tout cela était soudain ou est-ce que je n'avais juste jamais vu à quel point Dean avait un problème ? Le pire dans tout ça venait sûrement de son air sérieux, de ses affirmations qu'il croyait fondées. Comment est-ce qu'un type pouvait passer de mutant aidant Genome à taré prêt à tout pour écraser la seule structure inébranlable ? il était fou. Je ne voyais que cette explication. J'étais pleinement conscient de mes réticences vis à vis de l'usage de la violence mais là, Dean atteignait tout de même un degré assez spectaculaire dans le domaine de la connerie.
J'essayais de respirer calmement, de relativiser la chose, de trouver une explication logique à la soudaine envie de terrorisme de Dean. Mais je ne trouvais rien. Je n'arrivais pas à lui trouver d'excuse, à trouver un semblant de cohérence dans ses propos. « J'essaie de me dire que tu n'es pas sérieux mais je vois bien que tu crois en ce que tu dis. Franchement Dean, tu te rends compte que tu prends l'exemple le plus inapproprié pour me convaincre ? Tu crois vraiment que me dire "tiens on pourrait faire comme ces voleurs sans scrupules et frapper dans le tas en se foutant des conséquences" va m'aider à considérer tes propos comme sensés ? » Je n'élevais même pas la voix, j'étais tout simplement consterné face à tout ça. Si nous avions réellement des gens comme lui au sein de Genome, effectivement, nous étions foutus. Il allait falloir trouver un moyen de rappeler à tout le monde que non, nous n'étions pas des connards de terroristes prêts à tout pour faire bobo aux vilains de Genetic.
« Allons-y, faisons exploser Genetic. Tuons tout le monde sur place. Ôtons des vies sans en avoir le droit. Massacrons des gens que nous ne connaissons pas. Après tout, avec un peu de chance, dans le lot, il y aura une poignée de personnes le méritant vraiment, histoire d'apaiser notre conscience. » Et là, je me souvins de mes petites vacances à Genetic. Des autres personnes retenues prisonnières, des employés qui ne faisaient que leur boulot puisque de toute façon, un salaire permet de vivre, de nourrir sa famille. Je me souvenais aussi des employés qui n'étaient peut-être pas là de leur plein grès. Et aussi du côté couverture : Genetic était caché par Genentech. Combien de personnes travaillaient dans les locaux officiels de la boite sans savoir ce qu'il se passait sous leurs pieds ? « Je ne sais même pas quoi te dire après ça. Je ne veux même pas savoir comment tu en es arrivé à tirer ce genre de conclusion parce que ça n'est pas justifiable à mes yeux. Jamais je ne permettrai que Genome serve à ce genre de conneries. Jamais nous ne tirerons au hasard sans nous soucier des dommages collatéraux. » Déjà que lorsque nous nous en soucions nous n'arrivions pas à éviter la mort d'innocents...
« Tu devrais demander à Luna comment s'est passée son infiltration. Il lui a fallu des mois pour s'immiscer au sein de Genetic et tout s'est effondré en quelques secondes. Va la voir et dis-lui que tu veux tout faire péter d'un coup parce que ça te semble facile. » J'étais encore sous le choc mais en même temps, je préférais savoir qui se cachait réellement derrière Dean Swofford. Je préférais savoir qui évoluait au sein de Genome pour éviter d'autres problèmes. Et Dean était exactement comme les gens que nous combattions : prêts à tout pour régler ce qui posait problème, quelles qu'en soient les conséquences.
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Sujet: Re: Mise à jour [Terminé] Ven 19 Avr - 14:10
Ça m’énervait. Nos discours étaient loin de s’allier ensemble. En fait, pire que ça, ils s’entrechoquaient. Je ne parlais pas d’agir en plein jour et de tuer un tas de personnes, mais simplement détruire leurs labos. Je me fichais bien de me retrouver en prison jusqu’à la fin de mes jours, de toute manière je n’avais plus rien à perdre. Ma vie n’était plus qu’un tas de déchets qui s’amoncelaient de jour en jour. Je n’arrivais plus à fermer l’œil de la nuit à cause de mes cauchemars, je n’arrivais plus à déceler le vrai du faux, le bien du mal. Genome n’était plus qu’un noyau pourri qui m’empêchait d’avancer. Je ne comprenais pas ce que je foutais encore avec eux. Qu’est-ce qui pouvait bien m’accrocher à tout ça ? Rien. Absolument rien. Tout ce temps perdu dans ce laboratoire minable. Ces gens qui se voulaient être sauvés, mais qui étaient loin de savoir dans quel merdier ils mettaient les pieds. J’étais désolé pour Aaron, mais la manière douce pour moi ne suffisait plus. Ce n’est pas ainsi qu’on fait avancer les choses, ou bien trop lentement. Que dira-t-il le jour où la population mutante sera dévoilée au grand jour ? Comment agira-t-il face aux gens effrayés par cette nouvelle population. Ces gens qu’ils ont côtoyés tous les jours et qui s’avèrent différents. Ces gens qui peuvent lire nos pensées, passer les murs, geler des corps, se dédoubler. Ces gens bizarres et dangereux.
Comment croit-il que les humains « normaux » risquent d’agir ? Par de simples mots, de simples insultes ? Non. Ils vont être violents, car toute découverte étrange entraine la peur et la peur entraine la destruction. Comme les européens qui ont débarqué en Afrique ou en Amérique. Les Européens … ces blancs qui se croient supérieurs à tout. Et j’en suis un. Un putain de blanc … Qu’est-ce que je ne donnerai pour crever là, devant ses yeux. On est tous pareil bordel ! Sauf que nous, on a de graves soucis existentiels. Il ne veut pas qu’on apprenne à se battre ? Hé bien tant pis pour lui. Qu’il aille se faire voir ! J’en ai ma claque de toutes ces conneries, c’est décidé.
« Bien … tu ne crois pas qu’agir ainsi est une bonne cause, c’est toi que ça regarde. Mais alors ne compte plus sur moi pour t’aider, ni même remettre les pieds à Genome. Mes recherches, je les garde pour moi. Trouve-toi un autre généticien compétant, et appelle-moi quand tu trouveras quelqu’un aussi intéressé que moi par la génétique et les problèmes mutants. Je serais curieux de rencontrer un généticien mutant. »
Je ne prends pas la peine de finir ma boisson. Je me lève, récupère ma veste que j’enfile sous le bras et regarde Aaron d’un œil sombre et pesant.
« Je ne veux pas remettre en cause notre amitié, mais pour moi, Genome c’est fini. Si tu veux me retrouver un jour, il te suffira de contacter les labos de recherches de Los Angeles. Je compte me remettre à bosser dans de véritables conditions et arrêter de jouer les journalistes fauchés pour bosser dans une organisation qui va droit vers une perte certaine. Il n'existe pas de noble cause, tu te leurres Aaron. »
J’y allais peut-être un peu fort, mais il n’était plus question de les aider. Tant pis. Ils allaient perdre un chercheur et un homme de terrain. Qu’ils se débrouillent seuls. S’ils n’arrivent pas à se défendre, qu’ils ne viennent pas pleurer. Mon regard se pose sur le visage dur d’Aaron, il ne semble pas broncher pour autant.
Aaron O'Hara
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Sujet: Re: Mise à jour [Terminé] Mer 15 Mai - 9:01
Ooooh ! Mais comment n'avais-je jamais ne serait-ce qu'aperçu le melon qui servait de tête à Dean ? J'oscillais entre la stupéfaction et l'envie d'éclater de rire. Je ne savais pas comment j'avais réussi à retenir tout cela en moi mais je me contentai de terminer mon café en le fixant. Tandis qu'il se levait, cherchant sûrement à faire une sortie digne de la plus grande des drama queens. J'étais mauvais, je le savais, mais comment ne pas l'être ? Dean m'avait montré qui il était, tout ce que je détestais en somme. Je ne pouvais pas juste sourire et courber l'échine. Il était hors de question que je le laisse fabuler sur une possible intervention ou que je lui donne raison.
Et puis, lui ? Un grand généticien ? Un mec qui n'avait que pour but de pondre des articles vulgarisant des connaissances pour les rendre quasiment abordables par tous ? Il ne connaissait pas Anne ou quoi ? N'avait-il donc jamais compris qu'il était loin d'être l'élément essentiel de Genome en matière de recherches ? Encore plus quand nos recherches étaient limitées à la mise à jour des mutants ? Pauvre Dean, est-ce qu'il croyait sincèrement à son conte ? Parce que si cela était le cas, je n'aurais même pas le coeur de le remettre à sa place. La question que je me posais était de savoir s'il réussirait à passer la porte du café : est-ce que son égo n'était pas trop sur-dimensionné ? J'en doutais. Je me rendais compte que je ne le connaissais pas, pas du tout. Il avait toujours été un pote plus ou moins scientifique avec qui j'avais discuté science. Qui avait commencé à poser problèmes en se prenant pour un guerrier de la cause mutante en débarquant sur le terrain armé comme un terroriste. Mais merde, est-ce que ce type avait été sérieux du début à la fin ? Il était malade en fait, grandement malade. Et Genome n'avait pas besoin de gens comme lui, ça non. Pas besoin de tarés prêt à foirer une mission dans le seul but de pouvoir donner quelques coups, pour le plaisir. Qu'il parte, ce serait un moyen de ne pas intoxiqué les autres par ses idées foireuses.
« Ne t'en fais pas Dean. Anne et moi savons très bien nous débrouiller seuls. On a l'habitude et on garde la tête froide. Et Luna aussi sait nous aider. » Je ravalai les remarques qui me brûlaient les lèvres concernant son travail. Qu'il aille se faire voir ailleurs. Qu'il fasse rire d'autres scientifiques en se prenant pour le centre du monde. Genome était un lieu où les personnes humbles se retrouvaient. Lui n'y avait clairement plus sa place. A supposer qu'il l'avait eu un jour. Mais dans un élan de générosité, ou quelque chose du genre, j'ajoutai une petite conclusion. « Et si tu te rends compte que tes compères les "grands" scientifiques de ce monde ne réussissent pas à s'intéresser à la mutation et que tu finis par te faire chier comme un rat mort en t'attirant les foudres de tous ceux qui cherchent à cacher la mutation, dis-toi qu'on n'est pas rancunier à Genome. On aide même ceux qui pensent ne pas en avoir besoin. » Comme ceux qui ne le méritait pas. Mais là aussi, faire taire mes pulsions était mieux.
En six ans, j'en avais vu circuler des gens légèrement atteints. Mais là, je commençais à me demander s'ils n'étaient pas plus nombreux. Après tout, je n'avais pas capter immédiatement les idées hallucinantes de Dean, ses intentions. Et si Genome était peuplée de gens comme lui ? Non. Il n'y aurait pas eu assez de place pour deux égos de cette taille voyons.