J’ouvris péniblement les yeux et eux comme une impression de déjà vu. Désagréable d’ailleurs, cette impression. J’étais relié à des tubes, j’avais mal partout, j’étais épuisé… Et je me doutais du comment j’avais atterri là… La mission avait mal tourné, j’avais été blessé, je n’avais d’ailleurs pas été le seul, j’avais perdu du sang et… et… Dean aussi. Je tournai la tête et vis que j’étais dans une chambre seul. Dean mais aussi Capucine… Où était Capucine ? Je… Nous l’avions ramenée, enfin, c’était ce dont je me souvenais… Et si je m’étais fabriqué des souvenirs ? Non, j’avais perdu du sang mais j’avais été conscient jusqu’à l’arrivée de Calloway, enfin… Oui, Esteban et Adam.
J’essayai de me lever mais mes membres n’étaient pas d’accord avec ça. Je tournai lentement la tête vers mon avant-bras gauche et vis un énorme bandage. Oui, le cannibale m’avait mordu à cet endroit. Je regardai mon autre bras et y vis un tuyau rempli de sang… Une transfusion sûrement. Mon épaule gauche aussi était bandée… Ah oui, la balle qui m’avait effleuré… Des tas de blessures pour une mission ratée. Nous nous étions mis en danger pour rien. Mais que c’était-il passé exactement ? Pourquoi est-ce que nous avions été aussi nombreux sur place ? Capucine était à Genetic. Maxime évoluait en solo. Des civils avaient été sur place et… Mes idées s’embrouillaient.
J’avais besoin de parler à quelqu’un, n’importe qui capable de m’expliquer ce que j’avais raté, de me donner les éléments manquants pour assembler les pièces du puzzle. Après quelques essais ratés, je réussis enfin à bouger pour me redresser sur mon lit. Ma tête se mit à tourner et je dus la poser doucement sur l’oreiller pour reprendre pied. Je n’avais jamais perdu autant de sang avant et je n’aimais pas les sensations que cela créait. Je dus prendre mon mal en patience et attendre…
Je dus me rendormir parce que j’ouvris les yeux lorsque j’entendis la porte s’ouvrir. Je vis alors entrer une petite rouquine : Maggie. Mon visage reprit quelques couleurs, j’étais soulagé de voir un visage familier, enfin. Je tentais une nouvelle fois de me redresser et avec succès. Je peux m’asseoir sans me sentir mal, c’était déjà un bon début. « Salut Mag. Alors, c’est toi qui t’occupes de moi finalement ? » Je remarquai que la petite infirmière de Genome était pâle, peut-être même plus pâle que moi. Mes sourcils se froncèrent. « Maggie, qu’est-ce qu’il se passe ?Qu’est-ce qui ne va pas ? Dean va bien ? Capucine aussi ? » Je ne pensais qu’à cette mission ratée sans même me rappeler que Maggie avait fait partie des gens partis en randonnée…
Dernière édition par Aaron O'Hara le Mer 28 Nov - 12:39, édité 1 fois
Assise sur un des bancs qui bordaient le parking de l’hôpital où elle avait accompagné Sonny, Maggie regardait fixement son téléphone portable. C’était un petit bijou de technologie, elle ne regrettait pas de l’avoir acheté, un an plus tôt. Il était tactile, blanc et orné d’une pomme croquée et argentée. Elle avait installé un peu tout et n’importe quoi dans ce Smartphone, des applications qu’elle n’avait même pas pris la peine d’essayer. Il donnait la météo du jour (et même sur une dizaine de jours, magnifique, non ?) et elle pouvait consulter ses mails en temps réel. Elle soupira. Elle avait beau faire tourner son téléphone entre ses doigts, l’examiner sous toutes les coutures, elle ne pourrait reporter plus longtemps l’appel qu’elle devait passer. Un appel important. Elle devait prévenir Aaron. Il était de son devoir de le tenir informé. Pas parce qu’elle se prenait pour la chef du groupe, non. Parce qu’elle était la seule en état de le faire. Ce soir, quatre membres de Genome étaient partis en randonnée, des idées de chamallows grillés fourmillant en eux. Cette nuit, la rousse était la seule à être rentrée indemne. Elle essuya la larme qui roulait déjà sur une de ses joues et inspira profondément. L’heure était arrivée. Elle devait appeler. Tant pis si elle le réveillait.
Quelqu’un décrocha au bout de quelques sonneries. Elle fronça les sourcils, ce n’était pas Aaron. C’était Calloway. Il lui ordonnait de rentre sur le champ, il y avait eu du grabuge et il y avait des blessés. Ne manquait plus que ça, l’hécatombe continuait. Elle opina du chef, bien qu’Esteban ne pouvait pas la voir et marmonna un « J’arrive » timide. Qu’est-ce qu’il s’était passé encore ? Une mission kamikaze à la Aaron ? Comme le Blue Lake. La rousse pénétra dans le hall de l’hôpital et se mit en quête de Sonny. Elle s’excusa de s’éclipser aussi rapidement mais ne pipa mot sur ce qu’il se tramait à Genome. Remington devait rester sa priorité. Même si elle avait peu de doutes que cela change. Ensuite, elle se rua dehors, sans se préoccuper de son short plein de boue, ni de la chemise d’homme piquée dans les vestiaires et trop grande pour elle. Elle sauta dans le premier taxi qui passait et se dirigea vers les locaux.
Il y régnait une agitation qui n’était pas sans rappeler celle qui avait suivi l’échange. Mal à l’aise et inquiète, Maggie poussa la porte de l’infirmerie. Aaron était allongé sur un lit et un rapide examen des blessures lui montra qu’il avait du perdre beaucoup de sang. Elle ferma la porte derrière elle et s’occupa de son bras. Il manquait un bout de chair comme ci il avait été mordu. Non… C’était plutôt comme ci quelqu’un avait croqué dedans. Plus déstabilisant. C’était la première fois qu’elle voyait un truc pareil. Elle nettoya et sutura la plaie comme elle put, une réelle hospitalisation aurait été nécessaire. Aaron garderait à jamais une balafre affreuse. Ensuite, elle s’occupa de son épaule. Là, la blessure était plus familière. Une balle. Fastoche ! Ensuite, elle brancha une perfusion de sang et laissa Aaron se reposer. Ensuite, elle descendit dans la salle principale pour chercher un café. Sa chemise, enfin celle qu’elle avait empruntée, était rouge de sang. Elle ne sait pas exactement combien de temps elle resta assise devant la tasse fumante qui finit par devenir froide. Il faudrait bien qu’elle affronte la discussion un moment ou à un autre. Alors, elle jeta son café dans l’évier et remonta au chevet d’Aaron.
Elle avait à peine posé un pied dans la chambre qu’il l’assaillit de questions. Maggie se figea et son visage blême n’échappa pas à Aaron. Elle ne savait pas pour Dean, ce n’était pas elle qui s’en était occupé. Et Capucine ? C’est qui, Capucine ?
« Je crois que Dean va bien, je n’en sais rien en fait. Et je ne connais pas de Capucine. Une nouvelle recrue ? Et toi, comment te sens tu ? »
Elle s’avança pour finalement s’assoir sur le bord du lit d’Aaron. Elle jouait avec ses cheveux, les lèvres pincées. Un silence pensant s’installa. L’heure de la discussion, c’était maintenant.
« La randonnée ne s’est pas exactement passée comme prévu. Il n’y a pas eu de feu de camp, ni de tentes plantées. A vrai dire, on n’a pas eu le temps de s’enfoncer dans la forêt. »
Les images de cette excursion dans les bois se gravèrent dans son esprit et sa voix s’étrangla. Elle frissonna. Comment lui annoncer qu’elle était la seule à en être revenue ?
« Je vais bien, regarde-moi : un vrai champion de la survie. » Et soudain, je me sentais mal, j’avais cette horrible sensation qui m’avait assailli à chaque fois que Genome et ses membres avaient du traverser une épreuve des plus terribles. Maggie semblait encore plus bouleversée que ce que j’avais cru et moi, j’étais là, à attendre qu’elle déballe tout. Sauf que je n’étais plus sûr de vouloir savoir tout de suite ce qu’il s’était passé… Si, il le fallait puisque la randonnée avait eu pour but de détendre quelques membres de Genome. J’avais même prévu d’y assister mais au final, j’avais du me résoudre à laisser tomber pour aller m’occuper d’un mutant cannibale… Je m’étais vainement cru capable de raisonner un type qui se nourrissait de chair humaine en seulement quelques minutes : la bonne blague. J’étais pathétique dans mon envie de croire à tout prix que le meilleur des autres pouvait ressortir et, comme à chaque fois, mon envie avait fait des victimes.
J’espérais qu’elle n’allait pas pleurer, je pouvais presque sentir la tension de son corps alors qu’elle était assise près de moi. Cette petite rousse au caractère bien trempé ne m’avait pas habitué à cette image d’elle et son désarroi me troublait. J’avais peur de ce qu’elle avait à me dire… Les choses avaient mal tourné pour eux mais je ne savais même pas ce que ça voulait dire. Pour Dean et moi, ça avait signifié des morts, des blessés et un énorme échec. Mais nous avions eu une mission à accomplir. Pour eux, qu’est-ce que ça voulait bien pouvoir dire ? Ils n’avaient eu pour seule mission qu’à se détendre et profiter de ce petit moment de répit. S’ils n’étaient pas allés au bout de leur entreprise, c’était bien parce qu’ils avaient été interrompus, non ? Et si la flamboyante Maggie était dans un état pareil, c’était bien parce que quelque chose de grave c’était produit, non ? Et si…
J’avais un horrible mal de crâne, un horrible mal tout court et je mettais au point bien trop d’hypothèse. Le plus simple était d’arrêter de la regarder comme ça et de l’écouter. Mais avait-elle seulement envie de parler ? Je ne me sentais pas bien non plus, elle avait fait semblant de gober mon mensonge et c’était bien comme ça. J’avais mal, je me sentais mal et j’aurais tout donné pour remonter – encore une fois – le temps afin de laisser d’autres mutants se charger de se monstre mais ça ne fonctionnait pas comme ça.
Et c’est là que je vis la couleur écarlate de sa chemise, chose qui était sous mes yeux depuis le début. « Maggie, que s’est-il passé ? Et pourquoi est-ce que tu as autant de sang sur tes vêtements ? Ce n’est pas le mien, j’ai du tout perdre là-bas, non ? » J’avais bien compris que j’avais perdu la moitié au moins de mon liquide vital mais pourquoi aurais-je tout perdu sur la chemise de Maggie ? Ah oui, peut-être parce que le sang ne s’arrêtait de couler que lorsque la fuite était réparée… « Raconte-moi cette randonnée, et pourquoi n’êtes-vous pas allés en forêt ? » Des loups, je voulais qu’ils aient eu peur des loups…
Maggie triturait les bords de sa chemise. Enfin, la chemise chipée dans le vestiaire de l’hôpital et qui finirait à la poubelle une fois cette journée d’enfer terminée. Elle n’aurait jamais du accepter cette foutue randonnée. Elle ne remettrait plus jamais ne serait ce qu’un orteil dans ce bois maudit. Toutes les escapades initiées par Genome terminaient en bain de sang. Invariablement. Elle baissait les yeux vers ses vêtements ensanglantés, elle repensa au tee shirt abandonné dans un coin caché des vestiaires de l’hôpital. Elle repensa aux coups de feu et elle ne put s’empêcher de tressaillir. Le fantôme du Blue Lake ne serait plus le seul à la hanter désormais. Cette randonnée avait pourri le peu de stabilité mentale qu’elle avait réussi à retrouver. L’organisation la forçait à faire des choses que jamais, ô grand jamais, elle n’aurait songé faire un jour. Pourtant, appartenir à Genome se révélait être une de ses plus grandes fiertés. La seule, en fait. Elle s’était engagée à aider. Alors, elle aiderait. Quoi qu’il lui en coûte.
Elle se fendit d’un sourire désabusé quand Aaron affirma qu’il allait bien. Mouais, bof. Il allait aussi bien qu’elle. Sauf que lui, ses blessures finiraient par guérir. Même si son bras resterait balafré à tout jamais. Il avait perdu un énorme bout de chaire et Maggie avait eu du mal à suturer les nombreux côtés de cette plaie peu commune. C’était comme ci… Comme quoi ? Comme ci… Quelqu’un (ou quelque chose, plus rien ne l’étonnait) avait croqué dedans. Elle eut une grimace. Mis à part un animal affamé, qui pourrait mordre dans un bras ? Personne. Du moins, elle espérait. Elle l’espérait vraiment. Puis, il posa la question qu’elle redoutait, l’amorçant par une remarque sur l’état de ses habits. Elle se redressa, comme piquée par une aiguille invisible. Elle se tourna un peu pour le regarder. Elle ne voulait pas, ne pouvait pas, dire ce qu’elle avait à lui annoncer sans le regarder.
« Ce sang est uniquement le tien. Le tee shirt que jamais pour la randonnée est passé à la poubelle parce qu’il était dans le même état que cette chemise. Elle n’a pas à moi d’ailleurs, je l’ai piquée dans les vestiaires de l’hôpital, je ne pouvais décemment pas me trimballer… »
Elle s’interrompit. Sa vaine tentative pour repousser le moment où elle devrait répondre ne bernait personne. Même pas elle-même. Alors, après avoir tenté de jouer les femmes fortes, elle s’effondra. Les larmes se mirent à couler, silencieuses, inondant son visage. Ses mains tremblaient alors qu’elle se tordait les doigts au point de s’en faire mal les articulations. Elle prit une longue inspiration, essayant de se calmer. Elle dut attendre quelques secondes, peut être même des minutes, avant de pouvoir reprendre la parole.
« On était à peine arrivés dans les bois qu’un homme, il disait s’appeler Carl, nous a rejoint. Il n’arrêtait pas de dire qu’un fou le poursuivait depuis plusieurs jours, pour une sombre histoire de troubles du voisinage, que ce fou était armé et lui tirait dessus. Il n’avait pas tord… On a évité des balles de justesse. Malgré nous, on a été pris dans leurs embrouilles. »
Elle en était arrivée au point le plus dur à raconter. Qu’ils s’étaient trompés sur la personne. Que le fou n’était pas celui qu’ils prétendaient. Puis la fusillade, Kensie qui met le feu à la forêt, Sonny blessée. Probablement Ross. Les hélicoptères, les secours, les civiles. Qu’elle était la seule à être revenue.
« Carl n’était pas celui qu’il prétendait. Le vrai fou, c’était lui. Et le tireur était un homme engagé pour l’exécuter. Quand on a vu que les choses tournaient mal, Ross et moi avons décidés de ne pas nous séparer. Et qu’au cas où une séparation serait nécessaire, de former deux groupes. Moi avec Sonny, lui avec Kensie. »
Elle ne pouvait pas en raconter plus, c’était bien au dessus de ses forces. Les larmes reprirent de plus belles, associées cette fois à des hoquets nerveux. Elle avait perdu des amis, elle les avait oubliés la bas. C’était trop tôt, pour lui demander de revivre cet affreux 10 décembre.
« Je suis la seule à être rentrée… Sonny est à l’hôpital, j’ai perdu Ross et Kensie. Je ne sais pas où ils sont. Je ne sais même pas s’ils… Je suis désolée, Aaron. Si tu savais comme je suis désolée. »
Le complexe du survivant. Maggie était en plein dedans. C’était de sa faute. Elle n’aurait pas du les laisser courir après ce taré, elle n’aurait pas du donner son briquet à Kensie. Si elle avait su… Avec des si, on mettrait Paris en bouteille. Pas vrai ?
Je frémis... Alors nous n'avions pas été les seuls à nous retrouver dans une situation impossible ? Eux aussi avaient eu droit à leur lot d'horreurs ? Je sentais mon rythme cardiaque s'emballer, mon souffle dérailler. Les trucs auxquels j'étais relié s'agitaient. Je tentai de respirer calmement pour éviter de faire un malaise ou une connerie du genre : après tout, entre les sang perdu les analgésiques et tout le reste, on ne savait jamais.
« Ça va aller. Ça va aller. » dis-je sans trop y croire. J'avais sa main dans la mienne. Je ne savais même pas comment, quand. J'avais peut-être raté deux ou trois secondes de cette scène. J'essayais de récapituler les informations que Maggie venait de me donner. La randonnée, un type demandant de l'aide, un tueur à ses trousses, le type étant en réalité un fou furieux, l'incendie, les blessés... « Comment va Sonny ? Et toi, comment vas-tu ? » Je sentais les soubresauts de son corps induits par ses sanglots. J'avais de la peine pour elle et j'en oubliais tout ce qu'il s'était passé pour nous la veille. Et pourtant, la douleur se réveillant dans mon bras essayait de tout faire pour que je n'oublie rien. Que tout reste bien ancré dans ma mémoire : mon échec, les coups, les morts...
Et je continuais d'analyser les informations... « Maggie...Qu'est-ce que tu veux dire par... par... Perdus ? » J'avais peur que perdus ne veuille dire rien d'autre que morts... Je ne le supporterais pas. Je ne pouvais pas perdre Ross, il était le pilier majeur de Genome, celui grâce à qui nous avions osé nous battre avec Abigaël. Il nous avait tant donné ! Sans lui, plus rien ne tournerait rond. Peut-être n'aurais-je même plus envie de me battre... Et Kensie ? J'étais bien plus attaché à elle que ce que j'aurais pu croire. Cette petite blonde qui me tapait sur les nerfs faisaient partie intégrante de Genome à mes yeux mais aussi de ma vie puisqu'elle était mon amie. Notre amitié était certes atypique mais réelle.
Je resserrai mon emprise sur sa main et la forçai à me regarder dans les yeux. « Ce n'est pas ta faute Maggie. Est-ce que tu m'entends ? Tu ne pouvais pas savoir. Tu as fait ce qu'il fallait pour Sonny. Si son état était si grave, il valait mieux l'hôpital plutôt que Genome. Est-ce que... Est-ce que les secours savent qu'il y a une histoire de mutants là-dessous ? » Si c'était le cas, Maggie allait devoir être forte et m'aider à nettoyer leur passage. Je n'étais pas encore en état, j'allais devoir patienter avant de pouvoir bouger mais bon. Et comment faire pour Ross et Kensie ? Comment ? « Raconte-moi la séparation. Prends ton temps. » Je voyais à quel point c'était dur pour elle. La voir comme ça me brisait le coeur. Depuis le Blue Lake, nous avions appris peu à peu à nous connaître et je savais que cette fille avait un coeur en or... Et qu'elle culpabilisait réellement. Si je n'avais pas été dans ce putain de lit, je l'aurais prise dans mes bras pour la consoler...
Instinctivement, Maggie planqua ses mains sur ses oreilles lorsqu’Aaron scanda que cela allait aller. Non, c’était faux et elle ne voulait pas l’entendre. Plus rien n’irait. En plus d’avoir la mort de Miss Météo sur la conscience, elle aurait désormais la disparition de Kensie et de Ross. Les larmes roulaient sur ses joues, nombreuses. Elle pleurait tellement qu’elle avait l’impression qu’elle ne pourrait jamais s’arrêter. Les sanglots qui la secouaient lui faisaient mal à la poitrine, elle se sentait étouffer. Et lui qui n’arrêtait pas de lui demander comment elle allait. Cela se voyait non ? Elle était au bord de la rupture nerveuse. Les morts, le sang et les cris. Elle ne supportait plus. Elle n’était plus assez forte. Elle n’était plus la Maggie d’avant. Comme elle aimerait la retrouver… Avant, elle était forte et savait trouver les mots. Elle ne pleurait jamais. Elle secoua vivement la tête et s’efforça de fixer un point invisible sur le mur. Aaron attendait des réponses et elle se devait de les lui fournir. Elle inspira un bon coup, pour faire cesser ce stupide hoquet.
« Sonny va bien, elle devrait sortir de l’hôpital dans peu de temps. Elle s’est pris une balle dans la cuisse. Moi, je me sens… Aaron, je suis la seule à être rentrée. Comment crois tu que je me sente ? »
Mal. Affreusement mal. La rousse avait échoué. Comme toujours. Entre la blessure de Sonny et la peur de Kensie, elle aurait du essayer d’aider Ross. Cela était de son ressort. En tant que membre plus ancienne et plus aguerrie. Elle avait survécu au Blue Lake, rien que pour cette raison. Elle avait combattu une demi-douzaine d’agents de chez Genetic ce soir là. Elle avait abandonné sa casquette d’infirmière et trouver le courage et le sang froid nécessaires pour liquider la mutante à la tornade. Mais ce soir… C’était différent. La peine de Sonny avait tout changé. Elle ne regrettait pas le fait d’avoir aidé Rem, même si cela avait été au détriment de la cohésion du groupe. Il lui demanda alors le sens de ses paroles. Elle soupira, essuyant une larme qui dégoulinait le long de son menton.
« Perdus dans le sens premier du terme. Je les ai paumés. Je ne sais pas ce qu’il leur est arrivé. Ils peuvent très bien être sains et saufs ou bien blessés ou pire encore… Mais je l’ignore. On a été séparés. »
Maggie s’en voulait de ne pas pouvoir le rassurer mieux que cela. Cependant, elle ne savait pas du tout où se trouvaient Ross et Kensie à cet instant même. Elle priait pour que la porte de cette chambre s’ouvre à la volée et qu’ils débarquent. Elle aurait même voulu qu’ils la haïssent, qu’ils lui en mettent plein les oreilles. C’était mérité. On n’abandonne pas ses amis sur le champ de bataille. C’est indigne et terriblement lâche. Et par là, elle était même sure de décevoir Aaron. S’il l’avait envoyée à cette randonnée, c’est qu’il devait avoir une bonne raison. Lui aussi était son ami, depuis peu mais son ami quand même. Les doigts d’Aaron se resserrèrent autour des siens et elle tourna la tête vers lui. Il la fixait comme s’il essayait de lire en elle. C’était terriblement perturbant. Si bien qu’elle finit par baisser les yeux. Lâche.
« Non, les secours ne savent rien. Sonny et moi avons menti. On a raconté la même chose. Seulement, nous avons juste gagné du temps. Il y avait des civiles la bas. Mutants eux aussi, enfin pour au moins deux d’entre eux. Une rouquine capable de faire de la lumière avec ses yeux, un type qui peut faire pousser les plantes. Le troisième avait un nom étrange… Il sonnait comme Eduardo ou encore Waldo. Enfin bref, eux, nous ne savons pas ce qu’ils peuvent raconter mais leur version des faits sera certainement différente de la nôtre. »
Elle ne se rappelait plus exactement du prénom du troisième civile, elle savait juste qu’il était important qu’Aaron soit au courant du fait qu’ils n’étaient pas seuls la bas. Il voulait apprendre les raisons de la division du groupe, la partie la plus compliquée à raconter.
« Carl a pris Kensie en otage. Il a menacé de la tuer. Alors le type qui lui courrait après c’est interposé et il y a eu des coups de feu. Une balle a touché Sonny, l’autre est allée se loger tout droit dans le ventre de celui qui poursuivait Carl. Je suis restée avec eux pour essayer d’endiguer les hémorragies tandis que Ross et Kensie se sont lancés à la suite de Carl. Voilà comment nous nous sommes séparés. » Maggie marqua une pause durant laquelle elle fixait ses doigts entremêlés à ceux d’Aaron sans vraiment les voir. Elle devait continuer sur sa lancée, elle devait lui raconter la suite. « Kensie avait peur alors je lui ai donné mon briquet, pour qu’elle puisse se défendre et la rassurer. J’ignorais qu’elle ne maitrisait pas son pouvoir. Elle a mis le feu à la forêt. Un des civiles a appelé les secours, les hélicos sont arrivés peu de temps après. Je suis montée dans l’un avec Sonny. Fin de l’histoire. »
Doucement, elle reprit possession de sa main et la cala entre ses cuisses. Elle se sentait terriblement fautive et elle se détestait. Elle n’avait pas agi comme elle aurait du le faire, comme son statut et son expérience le lui imposaient.
« Tu as le droit de me dire que mon comportement te déçois et que je n’ai pas fais ce que tu attendais de moi. Parce que c’est la vérité, n’est-ce pas ? »
Je ne savais pas quoi lui dire... C'était entièrement de ma faute aussi. J'avais prévu cette randonnée pour resserrer les liens entre les membres de Genome, nous permettre de faire une pause et d'oublier un peu pourquoi nous nous connaissions et agissions tous ensemble. J'avais cru que ce serait une banale randonnée en forêt pour réapprendre à se connaître en dehors de toute cette merde et comme à chaque fois, ça avait foiré. N'apprendrais-je donc jamais de mes erreurs ? A chaque fois que j'essayais d'agir au mieux, les choses partaient de travers et s'effondraient tout autour de nous avec des dommages collatéraux si nombreux... Pourquoi fallait-il que je m'acharne ? Maggie n'y était pour rien, elle avait agi comme il le fallait, j'en étais certain. Je la connaissais, elle n'aurait jamais abandonné le groupe si ça n'avait pas été pour une bonne raison. Jamais.
« Rien de tout ça n'est de ta faute Maggie ! » Mon ton n'avait pas été aussi doux que ce que j'avais prévu. « Tu as aidé un homme à terre ! Tu es restée avec Sonny qui était blessée : tu as fait ce qu'il fallait. Est-ce que tu crois que ça aurait été une bonne chose de la laisser seule, à se vider de son sang ? Non. Sans toi, elle ne serait peut-être même plus là, tu t'en rends compte quand même ? » Maggie était une bonne personne. Elle avait fait ce qui lui avait semblait juste, j'en étais persuadé. « Regarde-moi Maggie. Regarde-moi. » Je ne pouvais me pencher vers elle pour prendre son visage dans mes mains alors j'avais haussé le ton. Ce n'était peut-être pas la solution mais elle semblait avoir besoin d'un bon électrochoc, de comprendre qu'elle avait fait ce qu'il fallait. « C'est moi et moi seul qui vous ai envoyé là-bas. Si quelqu'un est à blâmer, c'est moi. Tu m'entends ? Je t'interdis de te sentir coupable, pas après avoir sauvé la vie de Sonny et de cet homme. »
Maintenant, il fallait retrouver Ross et Kensie. Il fallait aussi demander à Anna de trouver des informations sur les potentiels témoignages des civils. Il fallait s'assurer que la police ne savait rien, effacer les traces, demander à nos indics s'ils avaient entendu des choses à ce sujet... La mort de Shane Jones me revint en pleine figure : avant, c'était lui qui se chargeait de nous couvrir au sein de la police de L.A. mais aujourd'hui, il n'était plus là. A cause du Blue Lake. Bon sang ce que les choses tournaient en boucle dans mon crâne. Un vertige me prit. La tension était trop forte, mon rythme cardiaque s'était emballé et ma corps me rappelait que je venais juste de frôler la mort et qu'il fallait que je sois raisonnable. « On va les retrouver Maggie. Je te le promets. » dis-je en baissant le ton de ma voix. Il le fallait. Ils étaient forcément quelque part. Est-ce qu'elle avait seulement vérifié ? Est-ce qu'elle avait fait le tour de Genome ? Oui, sûrement. « Est-ce que tu as cherché à en savoir plus auprès de l'hôpital ? Ils ont peut-être été amenés là-bas par les secours eux aussi, tu sais ? Et puis il y a des tas d'hôpitaux. Le feu... Le service des grands brûlés est mieux chez toi ou ailleurs ? »
Un frisson d'horreur me parcourut à cette évocation... J'imaginais déjà Ross et Kensie défigurés... Puis je me souvins d'un truc. « Non, Kensie ne peut pas être brûlée grâce à son pouvoir. On peut appeler tous les hôpitaux. On peut demander à Anna de vérifier leurs bases de données... On peut... Ne t'en fais pas Maggie, on va les trouver. » Il le fallait. La perte de Ross et de Kensie achèverait Genome sinon...
Tout était de sa faute, entièrement tout. Aaron n’avait pas l’air de se rendre compte des mauvaises décisions qu’elle avait prises tout au long de cette soirée horrible. Tout d’abord, elle aurait du s’opposer à la proposition de Ross, jamais elle n’aurait du cautionner une possible séparation. Ensuite, elle aurait du forcer Sonny à rentrer dans cette foutue grotte. Il aurait mieux valu qu’elle se méfie du message reçu par la brune plutôt que de Carl, les conséquences auraient probablement été moins désastreuses. Maggie poussa un profond soupir pour essayer de calmer sa crise de larme. C’était nerveux mais cela lui faisait honte. Jamais Aaron ne l’avait vue dans un tel état, elle s’évertuait toujours à paraitre forte et imperméable aux sentiments extérieurs. Désormais, elle n’était qu’une éponge. Une éponge qui absorbait, absorbait et absorbait encore pour tout rejeter ensuite.
Le regarder, non. Il continuait à lui faire confiance alors qu’elle avait perdu deux de ses coéquipiers. Alors qu’elle était la seule à être rentrée. La rousse était certaine de ne pas mériter autant d’égards. Il haussa la voix et elle consentit enfin à tourner la tête vers lui. Son visage était flou, au travers ses yeux encore baignés de larmes. Il n’avait pas tord, Remington serait peut être mort si elle n’était pas intervenue. Une vie sauvée pour une vie prise ? Si seulement cela fonctionnait de cette manière. Si seulement cela effaçait la culpabilité acquise au Blue Lake. Si seulement tout ceci ne pouvait être qu’un affreux cauchemar. Elle se réveillerait bien au chaud, dans son lit, et une nouvelle journée commencerait. Mais non. Son dos meurtri de tant de nuits passées sur son canapé le lui rappelait sans cesse.
« Tu ne pouvais pas savoir qu’on serait pris dans une chasse à l’homme. Qu’on aurait à surveiller des civils en prime de devoir veiller les uns sur les autres. Mais Aaron… C’est moi l’infirmière, c’est moi qui soigne et qui cajole d’habitude. C’est mon rôle. Et j’ai échoué. Lamentablement. »
Elle eut un maigre sourire quand il lui promit que Ross et Kensie seraient bientôt de retour. Elle savait qu’il ne fallait pas promettre des choses en l’air mais cela lui mettait de baume au cœur. C’est certainement pour cette raison que les membres de Genome le suivaient comme un leader. Il était leur chef. Maggie hocha la tête de gauche à droite lorsqu’il lui demanda si elle avait pensé à les chercher dans les hôpitaux. Non, même pas. Cela ne lui avait même pas effleuré l’esprit. La grosse nouille qu’elle était n’y avait pas pensé une seule micro seconde, trop occupée à essayer de changer les idées à Sonny.
« Les grands brûlés sont transférés dans un autre hôpital quand ils atterrissent dans celui où je bosse. Nous ne sommes pas réellement équipés pour ce genre de blessures, surtout si les brulures sont trop conséquentes. Je suis restée aux urgences avec Sonny, je les aurai vus s’ils y avaient été conduits. N'est-ce pas ? »
Maggie avait surtout besoin qu’Aaron la rassure. Elle avait aussi besoin de dormir mais elle était persuadée que Morphée l’oublierait ce soir encore. Le marchand de sable l’oublierait aussi certainement qu’ils avaient laissé leurs sacs derrière eux dans la forêt. Elle s’en était aperçue en papotant avec Sonny.
« De toute façon, faut que je retourne la bas. Faut effacer les traces de notre passage avant que les flics entament une enquête officielle. On a oublié nos sacs à dos au fond de la grotte et l’écolo de service y a planqué un flingue. On est mal s’ils tombent la dessus. »
Première mission, probablement la plus importante, trouver quelqu’un qui accepterait de l’accompagner et de se rendre complice de dissimulation et destruction de preuves. Accessoirement de faux témoignage et entrave à une enquête judiciaire en cours. Bref… Fallait être kamikaze pour l’aider dans cette entreprise périlleuse. Maggie n’était plus à ça prêt. Et puis, c’était à elle de le faire. C’était de sa faute.
Aaron O'Hara
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Sujet: Re: Dis-moi Maggie, dis-moi tout. [Terminé] Mar 23 Oct - 14:01
Je ne supportais pas de la voir se fustiger ainsi. Pourquoi prendre toute la faute sur elle ? Tout le monde faisait des erreurs, moi le premier. Surtout moi d'ailleurs... Elle devait comprendre qu'elle avait fait tout son possible, qu'elle avait agi au mieux et qu'elle ne pouvait rien se reprocher si ce n'était de ne pas avoir pensé un peu plus à elle plutôt qu'aux autres. Oui nous ferions tous les hôpitaux, en commençant par celui qui était le mieux équipé pour le service aux grands brûlés. Hors de question de rester dans l'ignorance ainsi, hors de question de laisser la jolie rousse se torturer de la sorte pendant des heures. « Tu n'as pas à te sentir responsable d'avoir agi au mieux. On ne peut pas tout contrôler, je suis bien placé pour le savoir. » dis-je en jetant un coup d'oeil à mon corps meurtri.
Elle voulait y retourner, elle ne pouvait pas y aller seule, c'était tout bonnement hors de question. « Maggie, tu ne peux pas y aller seule. C'est sûrement encore dangereux, il y a sûrement encore des pompiers sur place, des enquêteurs. » Je m'efforçais de ne pas imaginer la scène, je cherchais à ne pas penser aux possibles corps calcinés de Kensie et Ross gisant quelque part au milieu des cendres de cette forêt. En une nuit, tout avait une nouvelle fois basculé pour nous. A croire que lutter pour la liberté n'était pas une chose qui plaisait à la Grande Faucheuse qui semblait prendre son pied à trainer partout où nous étions. « Je viens avec toi. » dis-je en me relevant un peu trop vite.
Ma tête se remit à tourner, mon bras me faisait à nouveau mal et une nausée des plus déplaisantes s'empara de moi. Coup de chaud, coup de froid... Je dus me résoudre à vite me rallonger dans mon lit de malade. J'étais faible, trop faible. A un tel point que j'en étais en colère contre moi-même. A vouloir jouer au bon samaritain avec ce putain de cannibale, je ne m'étais pointé qu'avec une arme à fléchettes merdique et les dégâts... Ne plus y penser pour tenter d'avancer. Si je trouvais les méthodes de Dean bien trop radicale et en total désaccord avec les idées de Genome, je devais avouer que son plan aurait été plus efficace que le mien la veille. « Laisse-moi le temps de récupérer un peu, bourre-moi de morphine et on y va. » Même mes mots avaient du mal à sortir de ma gorge... J'étais épuisé, je devais me reposer et ça allait à l'encontre de tout ce que je voulais pour l'instant.
« En attendant, on va téléphoner aux hôpitaux pour prendre des nouvelles. S'ils ont dans leur service Ross et Ken, on le saura. On ira les chercher et après on s'occupera des preuves... Juste... » Je ne pus finir ma phrase, la douleur venait une nouvelle fois de m'assaillir. Bordel de cannibale ! J'aurais du le buter dès le départ. J'aurais pu me lancer immédiatement à la rechercher de nos amis au moins !
Spoiler:
Désolée, c'est pas terrible mais ça faisait trop longtemps que t'attendais...
Aaron lui demandait de ne pas s’en vouloir. C’était impossible pour elle. Il était de son devoir de protéger les deux plus jeunes. Comme un chef de meute. Elle était envoyée la bas, comme Kensie, Sonny et Ross, pour solidariser les liens entre les membres de Genome. Maggie était la seule à être rentrée, par conséquent, elle avait lamentablement échoué.
« Sans parler de contrôle, Aaron. Je n’aurais du accepter le fait de se séparer. On aurait du rester tous ensemble. On fait partie de la même organisation, nous aurions du rester groupés. »
Elle s’en voulait terriblement pour ça. Et maintenant, elle voulait réparer les dégâts. D’abord, il lui fallait récupérer les affaires et ensuite partir à la recherche de Kensie et de Ross. En espérant que rien de trop grave ne leur soit arrivé. Maggie tergiversait. Son cerveau tournait à plein régime, elle pensait si vite qu’elle s’en faisait mal au crâne. Ca tourbillonnait à une vitesse excessive, elle échafaudait un plan pour aller récupérer les affaires dans la forêt. Déjà, il lui faudrait aller à l’hôpital, piquer des gants et des sur chaussures. Pour être bien certaine de ne pas laisser de traces, ni d’empreintes. L’endroit doit être infesté de gars de la police, de scientifiques et de pompiers. Aaron a raison, elle ne peut pas y aller seule. Ce serait un suicide pur et simple. Ou bien une opération commando pour se faire envoyer en prison. Ou bien les deux. Il voulait venir avec elle. Non, mauvaise idée.
Maggie le regarda tenter de se mettre debout et d’échouer, retombant lamentablement sur le matelas. D’ailleurs, elle se demandait bien ce qui l’avait mis dans un tel état. Des blessures, elle en avait vues des centaines et des centaines. Mais jamais de la trempe de celle qu’il avait au bras. Elle pinça les lèvres quand il lui demanda de le bourrer de morphine. Non, ce n’était absolument pas une bonne idée. Cela l’assomerait plus qu’autre chose et il lui serait impossible de mettre un pied devant l’autre. Le plus sage était encore d’attendre quelques jours, le temps que son corps se remette des meurtrissures.
« On va attendre quelques jours, d’accord ? Le temps que tu puisses de nouveau tenir debout. »
Il ne termina pas sa phrase. La douleur, couplée à la perte de sang, mettait tous ses membres à rude épreuve. La rousse décida qu’il était grand temps qu’elle le laisse se reposer. Il fallait vraiment qu’il ait du temps pour se remettre des blessures et surtout de ce qu’elle venait de lui apprendre. Mais d’abord, il y avait un dernier point qu’elle souhaitait éclaircir.
« Dis moi Aaron, qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? Enfin, à toi et à Dean. La blessure sur ton bras… C’est comme ci un animal t’avais arraché un bout de chair. J’ai réussi à suturer tant bien que mal mais, tu garderas toujours une cicatrice affreuse. J’ai essayé de faire au mieux mais la blessure était vraiment trop importante. »
Dans un sens, Maggie n’avait pas franchement envie de savoir. Ou alors qu’il lui dise que cela soit un chien ou même un raton laveur. Mais elle était infirmière et les traces de dents retrouvées sur le bras d'Aaron étaient tout sauf animales. Un frisson la parcourut depuis sa nuque jusque dans le bas de ses reins. Ce monde était vraiment effrayant quand elle y pensait.
Aaron O'Hara
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Sujet: Re: Dis-moi Maggie, dis-moi tout. [Terminé] Dim 18 Nov - 13:34
Ce qu'il m'était arrivé... Une grosse connerie, voilà ! Comme d'habitude, comme à chaque fois que nous intervenions avec Genome sur un cas délicat. C'était à peine si je réussissais à me souvenir de notre dernière mission qui ne s'était pas soldée par un échec... Non, je ne m'en souvenais pas du tout en réalité. La tableau était triste, vraiment, des zones d'ombre uniquement, que peu de lumière. A quoi servait tout ça au final si nous devions encore et toujours perdre les nôtres dans une bataille que nous ne pourrions jamais gagner ?
Bien sûr, je n'allais pas dire tout ça à Maggie, elle ne méritait pas une telle chose, je n'avais pas le droit de me défouler sur elle, de faire sortir tout ce qui restait au fond de ma gorge depuis bien trop longtemps. Il fallait juste que je trouve les bons mots pour qu'elle sache ce qu'il s'était passé la veille sans s'inquiéter de trop. Enfin, même ça c'était impossible : je n'avais pas les moyens de donner à Maggie une explication sans aborder les cadavres, le sang, l'horreur. Etait-elle en était d'entendre tout ça ? Non. Mais elle voulait savoir et je n'avais pas le droit de lui mentir.
« Je serai vite sur pied, ne t'en fais pas. Je m'en remets toujours. » Ô douce blague que je lançais là. Physiquement, mon corps faisait le boulot. Psychologiquement, la rémission ressemblait plus à K.O. sans nom, à quelque chose de tellement moche à regarder qu'il valait mieux faire comme je le faisais depuis des mois : fermer les yeux et faire comme si tout allait bien. C'était instable comme méthode, j'en étais conscient, mais ça me permettait au moins de pouvoir gérer les choses en apparence. J'avais peur de me laisser aller et de réellement péter un plomb pour enfin terminer ma course infernale dans un asile. Non, j'irais mieux et vite pour recommencer. Encore. « Hier c'était... » J'hésitais. C'était horrible, sans nom, insupportable. Que pouvais-je lui dire ? « Une intervention difficile. qui a mal tourner. » Oui, voilà, y aller doucement. Le crescendo était la meilleure chose à faire pour ne pas choquer trop vite.
J'entendais encore les cris, je pouvais sentir l'odeur du sang- le mien et celui des autres, je sentais encore les dents de ce monstre pénétrer ma chair férocement. Oui, un monstre, c'était ce qui pouvait définir le mieux l'individu face auquel nous nous étions retrouvés. si j'avais pu comprendre dès le départ que ce type était irrécupérable, peut-être n'y aurait-il pas eu autant de mort. Mais avec des "si", on referait le monde, non ? « Je n'ai pas pu venir en randonnée à cause d'un dossier sur lequel on bosse depuis des semaines. Un mutant tueur en série qui a besoin de se nourrir de chair humaine pour multiplier sa force. » Je venais quelque peu d'oublier mon ascension progressive dans les détails finalement. « On n'était pas les seuls sur le coup hier soir. Trop de monde, trop de civils. On n'a pas pu raisonner le type et ça s'est... mal fini. » Je levai doucement mon bras pour illustrer un des multiples résultats du fiasco.
« Je pense qu'on peut dire qu'on a eu droit à une année suffisamment catastrophique. Je pense qu'on ne pourra pas vivre pire. » Quel optimisme... Si seulement tout pouvait être aussi simple !
Maggie fixait le bras défiguré d’Aaron. Elle se demandait ce qui avait bien pu lui arriver et surtout quel animal avait pu le blesser à ce point. Il garderait à jamais une affreuse cicatrice. La chose avait littéralement arraché un bout de chair et elle avait du faire de son mieux pour réussir à le soigner sans le faire transporter aux urgences. Ici, ils avaient parfois tendance à oublier qu’elle était infirmière et pas médecin. Qu’il y avait certaines opérations face auxquelles elle se trouvait totalement démunie. Comme celle qu’elle avait du pratiquer sur Aaron. Elle l’avait rafistolé comme elle avait pu. Oui, cela s’apparentait plus à du rafistolage qu’autre chose.
Il soutenait qu’il serait vite sur pieds. Oui… Et non. La douleur serait lancinante et persistante. Maggie ne voyait que le repos pur et simple. Son corps allait devoir se reconstruire. Cela serait terriblement fatiguant. Un vague sourire puis un hochement de tête. Ce n’était pas à elle qu’il devait raconter de telles salades. On n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace.
« Tu t’en remets toujours, je sais. Mais là, tu as perdu beaucoup de sang. La blessure est loin d’être anodine. Prends le temps de te remettre complètement. Si tu sors, ce sera aller à l’encontre de l’avis médical. »
Et l’avis médical, à Genome, c’était elle. Elle était en charge de l’infirmerie. Elle avait une petite plaque à son nom sur son bureau. Elle était l’infirmière de l’organisation, celle qui soigne les plaies et les bleus. Elle ne pourrait certes pas forcer Aaron à rester allongé ici mais elle essaierait au moins de le dissuader à sortir prématurément. S’il le fallait, elle irait récupérer les affaires seule. Assise sur le bord du lit, elle écoutait Aaron raconter son récit. Enfin, les bribes de son récit. Le pourquoi du comment. La raison pour laquelle il n’était pas présent à la randonnée. Elle sentait bien qu’il essayait de la ménager, de ne pas lui en dire trop, trop vite. Maggie s’en agaça, elle n’était pas faite en sucre. Elle pouvait parfaitement encaisser. Quoi que… Un mutant cannibale, ça foutait vraiment les jetons.
« Ce n'est pas ta faute. Tu n'es pas responsable des civils. Tu ne pouvais pas savoir qu'il y aurait autant de monde. Mais… Pourquoi tu n’as pas mis tout le monde sur ce coup, si l'affaire était délicate ? Tu aurais eu besoin de nous tous. Plutôt que de nous envoyer dans une pseudo randonnée dans le but de nous souder. » Puis, elle se rendit compte qu’elle venait d’y aller un peu fort et qu’Aaron n’avait certainement pas besoin de ça en ce moment. « Excuses moi. Mais je ne comprends pas pourquoi tu n’en as pas parlé à tout le monde. Cette expédition, on aurait pu la mener tous ensemble. On aurait pu t’aider, t’épauler. Comme au Blue Lake. On est une équipe, Aaron. Tu ne dois pas tout encaisser tout seul. »
Le Blue Lake. Un fiasco retentissant. Et ils formaient une belle bande d’éclopés plutôt. Dont deux membres manquaient encore à l’appel. Elle se releva, soupira lorsqu’Aaron annonça que la fin de l’année ne pouvait pas être pire. Elle aurait aimé être aussi optimiste que lui.
« Au risque de te foutre le moral dans les chaussettes, je m’attends toujours au pire. J’espère que je me trompe et qu’on pourra fêter les fêtes de fin d’année comme il se doit mais j’ai appris à tendre le dos depuis que je côtoie des mutants… Je crois que je vais y aller. Tu dois te reposer si tu veux être sur pieds rapidement. »
Aaron O'Hara
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Sujet: Re: Dis-moi Maggie, dis-moi tout. [Terminé] Mer 28 Nov - 10:31
Pourquoi je n'avais pas annulé la randonnée ? Pourquoi ?! Mais parce que j'avais bêtement cru que l'opération n'allait pas comporter de gros risques, j'avais naïvement pensé qu'avec Dean, nous aurions été capables de nous en sortir à deux pour maîtriser un seul mutant. Foutaises, évidemment. « C'était une opération délicate mais ça n'aurait pas du se passer comme ça. Et que ce serait-il passé à ton avis si nous avions entrainé avec nous des membres qui ne sont pas aptes à des interventions sur le terrain ? Encore des traumatismes, des blessés, des morts ? Non. » Je n'avais pas élevé la voix, je n'en avais ni l'envie ni la force. Cela ne m'avait pourtant pas empêché de répondre un peu trop sèchement à Maggie. Alors qu'elle avait tout de même vécu une soirée terrifiante. Alors qu'elle n'avait cherché qu'à me rassurer, à me dire que tout le monde était prêt à se battre... Mais je n'était plus prêt à ce qu'ils se battent pour Genome, à ce qu'ils meurent pour Genome.
« Bien sûr que c'est de ma faute, au moins en partie, parce que je n'ai pas su évaluer correctement tous les risques, parce que je n'ai pas pris en compte les facteurs variables. Je devrais pourtant savoir, à la longue, que rien ne se passe jamais comme je le prédis. » En dehors du fait que je m'attendais désormais toujours à ce qu'un nouveau drame vienne succéder au dernier, règle qui semblait s'appliquer à chaque fois. Et Maggie était du même avis. Je ne savais pas comment elle allait ces derniers jours. Je ne savais pas de quoi était fait sa vie. Si, je le savais. Je savais ce que Luna m'avait avoué quand je l'avais enfin retrouvée. Je savais qu'elles avaient ensemble vécu une soirée cauchemardesque, une soirée que ma meilleure amie avait à peine osé me raconter, une soirée dont elle se sentait responsable. Un mystère que Maggie cultivait précautionneusement puisqu'elle ne m'en avait pas parlé, alors que ça concernait ce connard d'Harwell, et donc Genetic. Mais était-ce le moment de lui demander ce qu'elle avait à me dire sur le sujet ? Ou valait-il mieux attendre le jour où j'allais l'accompagner dans les bois ? Mais il fallait que ce soit au plus tôt, pour que personne ne trouve l'arme. J'avais perdu du sang mais c'était tout, non ?
Remettre cette discussion à plus, encore, toujours. Fuir la réalité, fuir les responsabilités, se planquer derrière un mur de mensonges pour se préserver. On faisait tous ça. On était les premiers à se dire que nous étions une famille, que nous pouvions tout nous dire mais c'était faux, nous en étions en fait incapable. Et c'était d'un triste sans nom. Pourquoi en étions-nous arrivés là ? Je n'en savais rien. « Mon copain infirmier me soufflera à l'oreille que ça ira mieux demain, je le sais, il viendra me voir. Demain, on ira dans les bois. Dans deux jours au plus tard, ils trouveront vite l'arme une fois qu'ils auraient vérifié la zone de l'incendie. Et il faudra qu'on discute Maggie. J'ai des choses à te dire. » Surtout des choses à lui demander. Des explications, des détails, savoir comment elle traversait ce que Luna avait décrit comme une horreur.
« Merci. » soufflai-je simplement à l'adresse de celle qui avait rafistolé mon bras. Qui le rafistolait trop souvent d'ailleurs.