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Sujet: Rien ne va plus ou tout va de travers [Terminé] Ven 2 Aoû - 21:26
15 février 2011 - Fin d'après-midi
Rien ne va plus ! Depuis quelques jours, la fille Holster ne sait plus trop où elle en est. Ce n’est pas dans ses habitudes de se poser mille et une questions. Elle est plutôt de genre à se foutre de tout ou à chercher une solution quand un problème se pose; c’est ce qu’elle croit en tout cas. La dispute avec Shante, son logeur, l’a chamboulée plus qu’elle ne le souhaite. Elle est toujours hébergée chez lui mais le fait qu’il l’ait fichue à la porte sévèrement lui est resté en travers de la gorge. Elle ne veut pas revivre ce rejet. Elle sait qu’avec son petit caractère de cochon capricieux, ça risque de se reproduire. Mine de rien, elle l’aime bien ce mec, elle n’a pas envie de se fâcher avec lui ; auprès de qui se fournirait-elle après ? D’accord, il y a David, mais bon, ce n’est pas pareil. Aussi, songe-t-elle sérieusement à partir ! Mais elle ne sait pas trop où aller sans risquer de se mettre en danger. Il lui faut trouver un endroit sûr où elle pourrait vivre sans inquiétude. Depuis la soirée d’Halloween, sa vie n’est pas de tout repos. A chaque fois qu’elle sort, elle doit faire attention où elle met les pieds. L’adolescente n’est pas d’une nature angoissée ; à part la mort, elle n’a pas peur de rien ou si peu. Cependant, à force de se retrouver dans des situations difficiles, elle commence à se poser des questions existentielles.
Avec sa capture, la naissance prématurée de ses jumeaux avait fait des dégâts. Sacha est mort et Shalin est toujours à la maternité. L’adolescente est mère d’un petit garçon qu’elle n’a pas revu depuis son accouchement. Elle n’a pas spécialement envie de retourner à l’hôpital pour le voir d’autant plus qu’elle est convaincue que quelqu’un attend qu’elle se pointe pour la capturer de nouveau. Heureusement que Mary Jane n’a pas la fibre maternelle sinon elle deviendrait folle. Elle pense quand même que ce n’est pas bien de ne pas s’occuper de son gamin. Ce petit être n’a rien demandé, son père biologique étant mort, il n’a plus que sa mère pour s’occuper de lui. Sauf que la jeune fille n’est pas assez mature pour endosser ce rôle ; elle est jeune et veut profiter de la vie. Après tout, Shalin ne manque de rien, il est entre de bonnes mains à l’hôpital, n’est-ce pas ? Quant au père Holster, elle ne peut pas compter sur lui. Il est toujours aux abonnés absents ; certes, il a recontacté sa fille à son retour à Los Angeles mais bon, il n’est pas possible de retourner vivre dans l’appartement familial ; c’est trop risqué. Etre passée dans les mains de l’Agence et qui plus est dans celles de ce taré de Remington qui n’a pas hésité à lui tirer dessus, lui fait prendre conscience que rien ne sera plus comme avant. Adieu l’insouciance !
Pour résumé : sa capture, son accouchement prématuré, la mort de son ami Morgan père biologique des jumeaux, la mort d’un de ses bébés, le père Holster absent ; c’est beaucoup pour une jeune personne, la dispute avec Shante est la goute d’eau qui fait déborder le vase et Mary Jane ne peut plus faire front. Quand elle y pense, elle a une fâcheuse tendance à boire plus que de raison. Oh bien sûr, elle n’est pas alcoolique mais si elle continue ainsi, elle en prend le chemin. Ce serait dommage quand même, une aussi charmante jeune fille ! En attendant, aujourd’hui est un jour sans. Mary Jane ne sait pas comment faire pour sortir du tunnel. Des images négatives passent et repassent en boucle dans sa tête. Si elle ne sort pas de l’appartement de Shante, elle va péter un câble.
Elle sort et reste plantée sur le trottoir jusqu’à ce qu’une voiture se mette en double file. La conductrice imprudente laisse les clés sur le contact. Ni une, ni deux, Mary Jane se précipite et monte à la place du conducteur. Elle démarre en trombe et prend la direction de la côté. L’air marin ne peut être que bénéfique. Arrivée en bordure de mer, elle gare la voiture volée sur laquelle elle laisse les clés. Il serait étonnant que cette voiture reste très longtemps sans chauffeur, ainsi l’adolescente ne sera pas inquiétée. Elle rentre dans une petite boutique où elle achète une bouteille de bière qu’elle sirote en déambulant le long de la plage. Elle jette le cadavre dans une poubelle et continue de marcher jusqu’au restaurant « Le Poséidon » qui fait office de brasserie dans la journée.
Elle s’installe sur la terrasse, face à la mer, et commande quatre cocktails, indiquant à la serveuse que des amis arrivent. Ses vêtements choisis avec soin et sa façon d’être, élégante et assurée, laissent penser qu’elle est majeure. Au pire, elle refile un billet pour éviter qu’on ne lui demande sa carte d’identité. De toutes les façons, ce n’est pas la première fois qu’elle vient ici. Evidemment, elle n’attend personne et se siffle trois cocktails. Piou, il commence à faire chaud ! Devant le dernier verre, Mary Jane commande une nouvelle tournée à la serveuse qui ne semble pas presser de revenir. Par grave, le dernier verre n’est pas encore vide et un jeune homme, assis à une table voisine, occupe son attention. La phase d’observation terminée, la jeune fille se tourne un peu sur le côté, croise les jambes avec grâce et regarde le jeune homme en souriant légèrement.
- Pourriez-vous m’offrir une cigarette ? J’ai oublié les miennes chez moi. Demande-t-elle le plus poliment du monde.
MJ n’a rien oublié du tout, elle avait pour principe de ne jamais acheter de paquets. Elle préfère taxer les autres d’autant plus que ce n’est pas une grande fumeuse. Le jeune homme ne répond pas, pire il l’ignore. Rien de tel pour que son côté capricieux remonte à la surface.
- T’es sourd ou quoi ? Ca s’lave les oreilles tu sais ! La serveuse située non loin intervient en demandant à la jeune fille de laisser le client tranquille. Dans le cas contraire, elle sera contrainte de demander à Mary Jane de partir. Bizarrement, l’adolescente obtempère. Elle siffle son quatrième verre et demande à la serveuse d’en ramener un autre. Estimant qu’elle a déjà trop bu, cette dernière refuse. Mary Jane se met à pleurer comme une gamine.
- Personne m’aime…. J’suis seule au monde… J’sais plus quoi faire…. Dit-elle entre deux sanglots. Le jeune homme la regarde sans rien dire tandis que la serveuse propose à Mary Jane de rentrer chez elle. - J’ai pas d’chez mouaaaaaaa….
Calista Freeman
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Sujet: Re: Rien ne va plus ou tout va de travers [Terminé] Dim 11 Aoû - 8:57
Tout le monde se réjouit d'avoir un jour de congé. Pas de bureau, pas de transports en commun, pas d'obligation de se lever ni de réveil qui sonne. On peut profiter de sa journée, se détendre, faire ce qui nous plaît. Oui, qui ne serait pas ravi à l'idée de se voir offrir une journée de libre ? En fait, il existe bien quelques exceptions et Calista Freeman est du nombre. Le journal lui a offert une journée pour finir son emménagement, sans doute aussi parce qu'elle n'a pas compté ses heures supplémentaires depuis son arrivée. Elle devrait en être contente, ce n'est pas le cas.
Ses yeux s'ouvrent à 7h32 précise, pas besoin de réveil quand on a pris l'habitude depuis des semaines voir des mois de toujours être sortie du sommeil à cette heure là. Elle se redresse dans son lit, la tête encore brumeuse. Sa première pensée est pour Emy, comme chaque matin. Puis elle s'extirpe des draps afin de se rendre dans la salle de bain. Elle passe son peignoir en satin une fois s'être lavée les mains. Ouvre les rideaux et gagne la cuisine pour se faire chauffer un café. Deux toasts grillés qu'elle coupe en triangle, sa fille adorait jouer avec en prenant son petit déjeuner. Et comme chaque matin, cette pensée lui serre le cœur. La jeune femme mange sans entrain, parce qu'il faut bien se nourrir. Son regard se pose sur la pendule et elle soupire, fait la vaisselle. Elle enchaîne sur un brin de ménage qui ne l'occupe que vingt minutes de plus. Nouveau tour à la salle de bain, quand elle ouvre l'armoire pour prendre un tube de dentifrice neuf, elle tombe sur la petite brosse à dents rose en forme de fleur. Emy est partout, sa mère ne peut se résoudre à se séparer de toutes ces petites choses d'elle un peu comme si elle vivait avec son fantôme.
Une fois douchée et habillée, elle fait son lit et aère la chambre. Cali regarde la ville qui s'anime déjà. A choisir elle préférerait se mêler à cette masse pour aller travailler elle aussi. Elle se retrouve au lieu de cela avec une journée à ressasser ses souvenirs et sans savoir comment remplir ce vide en elle. Après avoir tourné et retourné dans ce logement trop grand et si froid, elle se décide à sortir pour trouver le seul refuge où elle peut se sentir chez elle. Les murmures des lecteurs, l'odeur des bouquins, les étagères pleines d'ouvrages encore inconnus ou de vieux compagnons de voyages qui font un peu partie d'elle maintenant. Oui, une bibliothèque c'est un peu comme un port où seraient amarré toutes sortes de navires extraordinaires sur lesquels on peut embarquer pour des pays exotiques. Certains vous font même naviguer vers le passé ou le futur, d'autres plongent droit vers un univers magique. Vous ne savez pas encore dans quoi vous allez mettre les pieds quand les voiles se lèveront. Seul le nom du bateau vous offre l'invitation au voyage. Et là les minutes puis les heures s'envolent enfin. Le temps n'a plus d'importance, la jeune femme s'arrête devant des rangées de livres. Elle s'absorbe dans les premiers chapitres d'un roman. La faim finit par se rappeler à elle et lorsqu'elle lève le nez, elle réalise qu'il est déjà plus de treize heures. Elle emmène son nouveau compagnon et prend sur une des étagères un autre ouvrage au nom mystérieux. Devant la borne, elle sort son sésame, le passeport vers mille voyages : la carte de bibliothèque où est apposée sa photo.
L'assistante s'offre un repas rapide dans un petit snack tout proche. Elle déjeune toujours sans entrain, son regard allant des livres précieusement posés sur la table aux passants stressés qui se bousculent. Elle traîne un peu jusqu'à ce que le gérant lui fasse les gros yeux. La vérité c'est qu'elle n'a aucune envie de rentrer dans son appartement. Là-bas elle pourrait bien sûr s'adonner à ses lectures sauf qu'elle n'a pas le désir de s'enfermer dans ce cadre trop gris. Il lui vient finalement l'idée d'aller profiter de la plage. Un taxi l'emporte vers sa destination de sable fin, de palmiers, du doux bruissement des vagues. Calista s'installe à l'ombre et profite un peu de la vue. Alors revient le fantôme au sourire mutin et les châteaux construits à deux avec patience que la marée finissait toujours par détruire en provoquant la colère ou le chagrin de sa petite princesse. Son cœur se serre encore. La main fine de la jeune femme passe dans sa chevelure puis sur ses yeux, chassant les larmes qui menacent de revenir. Elle en a si souvent versé qu'il est surprenant qu'il lui en reste encore. Elle espère simplement que sa fille est en paix et heureuse là où elle est, au paradis des enfants partis trop vite. C'est encore dans le roman que celle qui fut mère se réfugie.
Les pages tournent inlassablement. D'autres heures s'envolent avec elles. Le soleil tape fort et la lectrice finit par avoir soif. Réajustant ses lunettes de soleil sur son nez, elle décide de s'offrir un verre en terrasse. La serveuse prend sa commande, un thé glacé avant de retourner à une demoiselle qui semble quelque peu désemparée et agitée. Sans le vouloir, l'assistante entend ses propos de là où elle se trouve. Son âme généreuse se prend de compassion pour cette pauvre demoiselle. La personne qui travaille ici a l'air bien ennuyée, elle semble à deux doigts de la chasser. Il est si facile de balayer ceux qui souffrent pour éviter d'avoir à les regarder. Le monde devient malheureusement si égoïste. Ramassant ses bouquins, Cali soupire et se lève. Elle se dirige vers la toute jeune femme.
«Je m'excuse de vous déranger, mais vous avez l'air bien perdue. Vous permettez que je m'assois à votre table ?
Son regard se pose sur le visage inondé de larmes. L'assistante a un sourire triste et tend sa main pour essuyer l'eau salée qui roule sur les joues rougies. Son geste est doux et lent, elle s'arrêtera si jamais son interlocutrice la repousse.
-Je m'appelle Calista et vous ?
Une odeur d'alcool émane de l'inconnue. La jeune femme est aussitôt mal à l'aise. Elle n'aime pas les gens qui boivent, ayant grandi parmi les cadavres de bouteilles et les colères d'un père sans arrêt imbibé de whisky.
- Vous voulez me parler de ce qui vous rend si chagrine ?
Après avoir prononcé ces mots, elle fouille dans son sac à main pour y chercher un paquet de mouchoirs en papier. Elle l'ouvre et le tend à la demoiselle en lui souriant gentiment.
Mary Jane Holster
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Sujet: Re: Rien ne va plus ou tout va de travers [Terminé] Mer 14 Aoû - 19:32
La serveuse s’éclipse à l’arrivée d’une jeune femme qui s’adresse à moi. Mary Jane lève le nez vers elle d’un air étonné et quelque peu renfrogné. Elle est surprise de voir que quelqu’un s’intéresse à elle et devine son état d’esprit. En même temps, au regard de ses dires et de ses pleurnicheries, ce n’est pas difficile. Mais bon, habituellement, tout le monde s’en fout ! Elle reste sur mes gardes car elle sait qu’il faut se méfier des gens qui se montrent gentils. Le monde ne tourne plus rond, les hommes sont égoïstes et seul l’argent les intéresse. Depuis que mère Térésa et l’abbé Pierre sont morts, plus personne n’est enclin à aider son prochain. La fille Holster n’aime pas qu’on se mêle de ses affaires et encore moins qu’on lise en elle comme dans un livre ouvert. Habituellement, elle joue très bien la comédie et elle aime ça ; mais aujourd’hui, elle en a ras le bol ; Elle a du mal cacher ses émotions et elle s’en fout ! Si la jeune femme à du temps à perdre, après tout, pourquoi pas ? Dans un lieu public, elle ne risque rien.
- Si vous voulez ! Répond-elle en haussant les épaules.
Mary Jane sursaute légèrement quand la jeune femme tend la main pour essuyer son visage inondé de larmes. Elle lui lance un regard désapprobateur. Elle déteste qu’un ou une étrangère la touche sans la prévenir. Si elle était au mieux de sa forme, elle lui aurait retiré la main de façon brutale en criant, elle lui aurait peut-être même donné une gifle ou un coup de poing. Le geste affectueux de la jeune femme l’ayant surpris, elle ne se dérobe pas. Elle le trouve agréable, rassurant même. Elle farfouille dans son sac pour trouver un mouchoir en papier. *Et merde, j’en n’ai pas*
- Moi c’est MJ. Dit-elle en reniflant.
Les présentations faites, la jeune femme demande si elle veut parler de ce qui la chagrine. Euh… Comment dire qu’elle n’a pas l’habitude de parler de sa vie privée n’importe qui ? Même aux peu d’amis qu’elle a, elle ne parle pas beaucoup de ce qu’elle ressent. L’adolescente pose un regard interrogatif sur la jeune femme. N’a-t-elle rien d’autre à faire que de s’intéresser à son cas désespéré ? Peut-être fait-elle partie des personnes qui aiment voir les autres tristes pour ne pas avoir à penser à leur propre désarroi ? Elle est psy ou quoi ? Elle scrute son interlocutrice comme si elle voulait deviner ses desseins. Elle la trouve belle. Ce n’est pas une beauté « photoshopée » qu’on voit dans les magazines de mode, mais elle a ce qu’on appelle communément du chien. La chipie aimerait lui ressembler et dégager le petit truc qui fait d’elle une femme. De plus, elle l’a vouvoyée ce qui veut dire qu’elle ne la prend pas pour une gamine, et elle a l’esprit pratique.
Mary Jane saisi le mouchoir qu’elle lui tend, tout en continuant de la fixer ; elle y fourre son nez et souffle bruyamment pour en sortir les effets indésirables provoqués par ses pleurs. Elle ne dit rien, même pas merci. Après tout, elle ne lui a rien demandé ! Elle se lève, se cogne au coin de la table et se retient pour ne pas chavirer ; retrouvant l’équilibre, elle jette l’objet souillé dans la poubelle située non loin de la terrasse. Elle regarde l’océan quelques secondes et respire un grand coup ; après avoir essuyé son visage d’un revers de bras, elle revient s’asseoir à la table d’un pas peu assuré, face à Calista.
- Vous voulez boire quelque chose ?
La proposition est faite sur un ton monocorde. C’est une façon comme une autre de la remercier de l’intérêt qu’elle lui porte. Elle en a encore plus besoin que d’habitude mais elle ne le dira pas ouvertement. Elle est paumée, Elle ne sait plus quoi faire ni où aller. Elle aimerait demander de l’aide à ceux qu’elle apprécie mais elle ne veut pas les emmerder. De toutes les façons, même si elle le voulait, elle ne le pourrait pas ; elle ne sait pas où ils sont et ils ne lui donnent pas de nouvelles. Ok, Mary Jane n’en donne pas non plus, mais bon, elle est de plus en plus convaincue qu’elle n’existe pour personne. Triste constat qui lui fait verser encore des larmes sans possibilité de les retenir. Elle ne veut pas pleurer, elle est moche quand elle chiale. Elle ne veut pas inspirer la pitié et détourne le visage pour regarder l’enseigne du restaurant : « Le Poséidon ». Elle n’aime pas cet endroit, il lui rappelle un trop mauvais souvenir, un rejet, énorme rejet. Elle déteste se sentir lâchée, abandonnée. Elle se demande ce qu’elle fout là et ça l’énerve.
Elle aimerait qu’on s’intéresse à sa petite personne, qu’on l’accepte telle qu’elle est sans qu’elle ait besoin de faire du cinéma. Mais si elle ne fait rien, tout le monde la traite comme une enfant. Elle n’est plus une gamine, elle a sûrement vécu plus de choses que certains adultes ! Qui est-elle en réalité ? Elle sait au fond d’elle qu’elle n’est pas celle qu’elle parait être, mais elle ne veut pas qu’on la devine. Elle se protège pour ne pas souffrir. Raté, elle souffre quand même. Est-ce normal ? Elle n’en sait fichtre rien, elle s’interroge.
- Vous croyez qu’on peut vivre sans crainte en étant soi-même ? En disant toujours la vérité ?
Elle aime bien mentir, elle trouve ça amusant ; jouer un personnage est jubilatoire, surtout quand p, atteint son objectif. Elle embête aussi les autres pour voir jusqu’où ils sont capables de tenir sans craquer. Elle les teste en fait. C’est sa façon de jauger l’affection qu’ils lui portent, si affection il y a. Sinon c’est une manière de se venger de ce qu’elle n’obtient pas.
Dernière édition par Mary Jane Holster le Dim 25 Aoû - 21:32, édité 1 fois
Calista Freeman
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Sujet: Re: Rien ne va plus ou tout va de travers [Terminé] Mer 21 Aoû - 13:41
Tandis qu'elle lui sourit d'un air rassurant, Cali se demande quel âge peut bien avoir cette demoiselle. Dix huit ans ou à peine. Qu'est-ce qui peut bien la rendre aussi malheureuse ? Une peine de cœur ? C'est souvent la cause qui fait verser le plus de larmes, l'amour. Pourtant cette toute jeune femme a l'air de porter sur ses épaules le poids du monde. Le mal a peut-être des racines plus profondes. D’expérience, l'assistante sait qu'il est parfois plus aisé de se confier à un parfait inconnu qu'à un proche. On craint moins d'être jugée ou de décevoir, il est aussi plus facile de montrer sa détresse alors qu'on croit bon de ne pas inquiéter ceux qu'on aime en ne dévoilant pas à quel point on souffre. Calista est très secrète, elle peut difficilement blâmer quiconque sur ce sujet. Elle voudrait aider MJ, la consoler au moins. L'écoute peut apaiser un peu la plupart des chagrins. Il lui semble donc normal de lui tendre la main.
- Enchantée de faire ta connaissance MJ, même si les circonstances n'ont pas l'air très joyeuses pour toi. J'ai déjà commandé je te remercie. Et toi tu veux quelque chose ? Pourquoi pas une glace ou un gâteau au chocolat ? Je n'ai pas goûté et quand ma f... Enfin je voulais dire qu'un peu de gourmandise ça remonte souvent le moral. On pourrait se prendre un goûter toutes les deux qu'en dis-tu ? Elle lui sourit de son air doux et paisible. Le pire à faire serait de la brusquer, elle a déjà l'air si fragile cette jeune personne. L'assistante préfère la laisser venir à elle, elle est patiente de toute façon. Autour des deux clientes l'endroit a repris sa petite vie. Les gens se désintéressent de celle qui pleurait juste avant. Calista est loin de s'en plaindre, elle n'aime pas beaucoup être au centre de l'attention même de façon détournée. Enfin la demoiselle lui offre une petite piste, à peine un début de réponse. Sa question est en fait aussi délicate que mystérieuse. Elle s'accorde donc un temps de réflexion avant d'y répondre.
- Je pense que c'est la plus belle des choses oui, pouvoir être soi-même avec ceux qui nous sont proches, être aimée et acceptée ainsi. Je crois aussi que ce n'est pas toujours facile, on a peur de décevoir, de ne pas être aimée alors on cache un peu qui on est, on ne montre qu'un morceau de soi. Puis parfois quelqu'un arrive et il semble nous comprendre, il semble surtout pouvoir lire en nous et aimer ce qu'il voit.
Son regard sombre se pose dans celui de l'inconnue. Son visage exprime une bienveillance indéniable, même un côté maternel dont elle a du mal à se détacher. Elle reste silencieuse un moment puis se risque à une question.
- Qu'est-ce qui te fait croire que les autres ne pourraient pas t'aimer telle que tu es, sans que tu n'aies à user de mensonges pour vivre sereine ? Le mensonge se retourne souvent contre nous et parfois c'est plutôt nous qui aimons nous y réfugier. Il est plus rassurant que la vérité, plus confortable. Il est aussi terriblement traître.
La serveuse revient avec le verre de l'assistante. Elle sourit de nouveau à MJ.
- Alors tu aimerais commander quelque chose à boire ou à grignoter ?
Mary Jane Holster
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Sujet: Re: Rien ne va plus ou tout va de travers [Terminé] Dim 25 Aoû - 21:37
Mary Jane n’est pas particulièrement enchantée de rencontrer Calista. Une personne ou une autre, quelle importance ? Ceci dit, elle n’est pas mécontente que quelqu’un s’intéresse à elle. Elle en a bien besoin actuellement ! Reste à savoir s’il n’y a pas anguille sous roche. Pour une fois que ce n’est pas un mec qui se penche sur elle, sur ses attributs ou pour son statut et son fric. Ca fait plaisir d’être regardée autrement que comme un morceau de viande ou une grille gagnante du loto. Cependant, elle se méfie souvent des étrangers qui débarquent sans crier gare, surtout depuis qu’elle a été enlevée par des membres de l’Agence. Reste à espérer que cette femme n’est pas folle et qu’elle ne lui réserve pas des projets tordus. Pour l’instant, elle ne craint rien ; elles se trouvent dans un lieu public et ne s’échangent que des banalités.
Bien sûr qu’elle veut commander quelque chose, un autre cocktail ? Ah bah non, la jeune femme propose une sorte de goûter. Petite déception pour l’adolescente qui pense que Calista a remarqué son état d’ébriété. Elle aurait préféré qu’elle ne se doute de rien. En même temps, il faudrait être aveugle pour ne pas constater que la chipie a du mal tenir correctement sur ses jambes. Heureusement, la jeune femme ne joue pas les redresseurs de torts ; elle n’aborde pas ce sujet et a la finesse de proposer une collation pouvant minimiser les effets de l’alcool. Sans le savoir, à moins qu’elle ne soit psy ou un truc dans le genre, elle évite un caprice et une contestation de la jeune fille qui trouve quand même étonnant qu’une femme comme Calista goûte. Elle a quel âge ? 28 ou 30 ans. A cet âge, on ne goûte plus normalement, si ? MJ scrute une nouvelle fois la jeune femme en l’écoutant attentivement.
Quand sa f… Quoi ? Sa femme, sa famille, sa fille ? Etrange qu’elle ne termine pas son mot ni sa phrase. Que cache-t-elle ? Un coup dur qu’elle ne veut pas évoquer ? Ce ne serait pas surprenant sinon elle en parlerait sans retenue. Mais bon, l’adolescente est trop centrée sur elle-même et ses malheurs pour la questionner, comme elle le fait habituellement allègrement. Peut-être plus tard, si son interlocutrice ne se sauve pas entre temps. Pour le goûter, Mary Jane ne répond pas dans l’immédiat. Elle espère l’amadouer un peu pour obtenir un autre cocktail ; sachant que la serveuse refusera de lui resservir de l’alcool, pour passer outre, il faudrait que Calista commande comme si c’était pour elle.
Après un temps de réflexion qui permet à MJ de siroter son quatrième cocktail, Calista tente de répondre à ses interrogations. L’adolescente l’écoute attentivement mais n’adhère pas vraiment.
- Ca m’éééétonnerait… Quand j’dis la vérité, personne n’apprécie ou alors on m'croit pas. C’est pas en restant soi-même qu’on ne craint rien. Au contraire ! Faut faire du cinéma… sinon ça marche pas. A part, peut-être, avec Max ?
Maxime, sa sœur de cœur, et encore, la chipie n’en est pas certaine. Les deux jeunes filles s’apprécient, disent ce qu’elles pensent, mais sans mentir elles ne disent pas tout non plus. Il y a des sujets qu’elles n’abordent pas car, avec leur caractère respectif, ça partirait en vrille. Elles ne sont pas toujours d’accord mais bon, ça ne serait pas marrant sinon. Et avec son paternel, le fait d’être elle-même ne lui apporte pas ce dont elle a besoin. Il ne pense qu’à lui, c’est un égocentrique, un égoïste ; il est incapable de voir les signaux que lui envoie sa fille et incapable de lui donner un peu d’affection, d’amour. Son chat lui en donne dix fois plus, c’est pour dire !
- Y’a qu’avec Mistigri en fait…
Tiens en pensant à lui, elle fait une triste mine. Elle se rend compte qu’elle ne la pas revu depuis son enlèvement. Aux dernières nouvelles, il était chez Maggie mais il parait que Maggie a quitté Los Angelès. L’a-t-elle emmené avec elle, ramené à l’appartement des Holster ou confié à quelqu’un ? Impossible de le savoir. Ne voulant pas être kidnappée une seconde fois, MJ évite d’être en contact avec elle. Il faudrait qu’elle se penche sur la question, mais pas maintenant. Il y a plus urgent : elle-même.
Le regard bienveillant de Calista a tendance à mettre Mary Jane en confiance. Son regard lui donne un air presque maternel dont la chipie ne se souvient pas consciemment mais qui lui fait chaud au cœur. La jeune femme est une inconnue mais elle dégage pourtant quelque chose de rassurant. MJ aimerait bien se confier à Calista car quelque chose lui dit qu’elle n’a rien à craindre d’elle. Mais sait-on jamais ? Il faut qu’elle en sache plus, qu’elle aussi se dévoile un peu. Alors, au lieu de répondre, elle lui retourne la question.
- Et toi ? Qu’est-ce qui te fait croire qu’ils pourraient m’aimer telle que je suis ? Demande-t-elle avec une pointe de défi dans la voix. - J’suis insupportable… parait-il… Avoue-t-elle peu convaincue.
Ok, elle est capricieuse, curieuse, casse-pieds à ses heures, elle fait des conneries, elle joue la comédie; mais c’est pour attirer l’attention sur elle sinon personne ne s’occupe de sa petite personne. Elle sait aussi s’amuser, elle aime rire, elle peut être une bonne amie, mais il est vrai que ses choix sont très sélectifs et il faut une bonne dose de patience pour qu’on l’accepte telle qu’elle est, avec ses qualités et ses défauts. En fait, elle est persuadée que quoi qu’elle fasse, ça ne convient jamais.
- Toute façon, personne m’aime. Alors j’vois pas pourquoi j’ferai des efforts.
A chaque fois qu’elle s’est montrée sincère, elle s’est faite avoir comme une bleue. Alors, même si le mensonge se retournait contre elle, ça changerait quoi ? Calista a sans doute un peu raison quand même, le mensonge est souvent plus confortable que la vérité. Il permet de se voiler la face et de ne pas avoir à affronter la réalité souvent trop difficile à vivre.
- Oui, j’veux bien un cocktail et une glace… Et toi ? T’as des parents, des amis ? On t’aime ? Demande-t-elle de but en blanc. Il y a des chances pour que Calista soit aimée. Elle semble s’intéresser aux autres, elle a l’air gentil et sympa. En plus, elle est belle !
Calista Freeman
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Sujet: Re: Rien ne va plus ou tout va de travers [Terminé] Sam 31 Aoû - 14:19
L'assistante ne fait pas de remarque sur le cocktail qui se vide relativement vite ni sur l'état d'ébriété de l'inconnue. Elle n'est pas sa mère après tout. Il est certain que la voir ainsi la met par contre mal à l'aise. Cela remue des souvenirs vraiment déplaisants. Même si Calista sait que tout le monde n'a pas l'alcool mauvais, elle a horreur de voir les autres s’enivrer et redoute toujours leurs réactions. Elle s'étonne en tous cas du point de vue d'une si jeune personne et s'interroge tant sur son entourage que sur les blessures du passé qui lui ont forgé une vision si sombre de l'existence et de ses congénères. Il est aussi envisageable que son jugement soit altéré par les boissons précédentes. La jeune femme fait preuve d'écoute quoi qu'il en soit, en tâchant de lire entre les lignes sans pour autant se permettre de porter un jugement trop hâtif. Elle penche légèrement la tête lorsque la demoiselle lui demande son avis.
- Parce qu'on a tous besoin d'être aimés et que tu n'as pas l'air d'être une mauvaise personne. Et t'es-tu demandée si le problème ne venait pas de ta façon de dire la vérité plus que la vérité elle-même ? Si tu annonces à un de tes proches quelque chose de déplaisant il faut en général savoir tourner la chose pour ne pas risquer de le blesser. Après on dit que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, je pense quand même que dans la grande majorité des cas elles sont préférables aux mensonges. J'ai peur en tous cas que pour t'aider ou te donner mon opinion à ce sujet tu doives me fournir un exemple plus concret. De ce que tu viens d'évoquer il semble que tu as tout de même des gens à qui tu tiens et qui tiennent sans doute à toi en retour non ?
Le regard noisette se pose sur MJ, l'observant non sans une certaine perplexité. Ses traits respirent toujours la douceur. Elle fait partie de ce genre de personnes qui ne voient jamais le mal même quand il est juste devant leur nez. De toute façon cette jeune personne a plutôt l'air perdue et seule que néfaste. Calista lui adresse un nouveau sourire, lui tendant la carte des glaces rapportée par la serveuse. Elle choisit ensuite pour elle-même un chocolat liégeois. L'assistante se prend toujours une collation dans la matinée et une autre dans l'après-midi, surtout quand elle travaille ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Et puis un peu de gourmandise de temps à autre ne fait pas grand mal. Elle commande aussi un cocktail de fruits mais sans alcool pour son invitée. Une fois qu'elles sont de nouveau seules, elle rebondit sur le dernier sujet abordé.
- Tu pourrais faire ces efforts pour toi pour commencer, du moins à condition de le vouloir évidemment. Tu as l'air mal dans ta vie en ce moment, alors peut-être que tu devrais te demander pourquoi et comment changer ce qui ne va pas. Je suis certaine qu'il existe des gens qui tiennent à toi. Tu as probablement une famille, des amis non ?
L'interrogation de la demoiselle éveille ses propres réflexions. Au final il y a de fortes chances pour que l'assistante soit beaucoup plus seule que celle qui a l'air si chagrine ici. Une lueur de tristesse passe dans ses yeux bruns, elle évite de le montrer en continuant à être avenante pour chasser la mélancolie de la jeune personne qui lui fait face.
- Je n'ai qu'une tante qui vit à Chicago. J'ai très peu de nouvelles du reste de ma famille. Je suis à L.A. Depuis peu et je n'ai pas beaucoup de connaissances ici à part celles que je côtoie de par mon travail. Et toi tu es originaire de la cité des anges ?
Une façon habile de détourner la conversation pour parler à nouveau de MJ au lieu d'elle-même.
Mary Jane Holster
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Sujet: Re: Rien ne va plus ou tout va de travers [Terminé] Dim 8 Sep - 13:42
Ah bah c’est pas trop tôt ! Voici enfin quelqu’un qui me comprend. J’esquisse un faible sourire. Oui, j’ai besoin d’être aimée ! Oui, je suis une bonne personne ! Qui peut dire le contraire ? Ok j’ai un caractère de cochon, je suis capricieuse, chiante, mais je n’ai jamais fait de mal à une mouche, enfin je crois. J’écoute avec attention le raisonnement de Calista sur la vérité. Elle n’est pas tout à fait sur la même longueur d’ondes que moi, mais ce n’est pas grave. Ce qu’elle dit n’est pas faux mais ce n’est pas facile de le mettre en pratique. Je dois être trop jeune pour être diplomate. Par contre je suis très douée pour faire du cinéma. J’aime jouer des rôles pour obtenir ce que je veux. Avec la jeune femme, je ne joue pas. Je n’ai pas la motivation pour ça. Je suis juste moi-même. Aussi, quand elle me demande un exemple, je n’hésite pas une seconde.
- Quand j’dis à mon paternel de ne pas s’occuper de moi, c’est là qu’il fait attention à moi.
L’inverse est valable mais je ne le dis pas. Je me vois mal demander à mon père de s’occuper de moi. J’ai ma fierté ! Et même si je lui demandais, sa réponse ou ses actes tomberaient à côté de la plaque. Sa façon d’être est loin d’être paternelle ; il n’est pas démonstratif à tel point que je pense qu’il ne m’aime pas. J’le déteste ! Il me montre tellement peu d’intérêt et d’affection que lorsqu’il joue les commandants ou les inquisiteurs, même si ça me fait chier, quelque part ça me plait. Evidemment, je ne cite pas cet exemple, Calista n’a pas besoin de connaître les rapports conflictuels que j’entretiens avec mon père. Et puis ça ne servirait à rien, elle ne peut rien faire pour arranger cette relation. Dunney est un cas désespéré, il n’aurait jamais dû avoir d’enfant. Je crois qu’il est incapable d’aimer en fait ! Et moi, je me demande si j’en suis capable. J’hésite à répondre. Bien sûr que si j’en suis capable, mon cœur n’est pas de pierre sinon je ne chialerais pas autant sur mon triste sort.
- Bah oui, y’a des personnes à qui je tiens, mais y’en a pas des masse non plus. Quand je dis ou quand je montre à quelqu’un que je l’aime bien, il disparait ou il me fait souffrir… Loin de moi la pensée que j’y suis pour quelque chose ! Ce n’est pas de ma faute si on ne me comprend pas, si on ne me donne pas ce dont j’ai besoin. C’est de leur faute, pas de la mienne ! - Y’a que mon chat et ma sœur sur qui je peux compter… Je crois…
Aujourd’hui je ne suis plus sûre de rien. Je sais simplement que je suis en mauvaise posture et que je ne sais pas comment me redresser. Je ne sais même pas où je suis née, San Francisco, Los Angeles, ailleurs ? C’est bien le moindre de mes soucis. Je fixe Calista dans les yeux. Son regard est bienveillant, comme celui d’une mère pour son enfant. Regard dont je n’ai aucun souvenir, j’étais trop jeune quand ma mère m’a refilée à mon père. J’ai l’impression que la jeune femme est légèrement troublée, je ne m’y arrête pas immédiatement car elle reste calme et continue sur le même ton. Elle me parle d’une tante et de collègues, pas d’amour. Ah tiens ! Serait-ce le truc qui manque à sa vie ? Y’a des chances pour changer si vite de sujet ! Alors là, si elle croit qu’elle va s’en tirer comme ça, elle se trompe. Elle ne sait pas qu’elle est face à une fille qui est une pro pour détourner une conversation et répondre à des questions par des questions.
- Et toi, tu viens d’où ? C’est quoi ton boulot ? Y’a longtemps que tu vis à L.A. ?
En présence d’inconnus, j’essaie de me comporter comme une adulte surtout avec la gente masculine, mais là je suis naturelle. Je suis curieuse. Je sais que ça ne plait pas toujours, mais c’est bien Calista qui vient de me dire que c’était mieux de ne pas faire de cinéma, n’est-ce pas ? Et puis, inconsciemment, le fait de m’intéresser à Calista évite que je pense à moi. Ce n’est pas plus mal.
- Si j’ai bien compris, t’as plus de parents non plus ?... Demandais-je comme si je n’en avais plus non plus. Après tout, ce n’est pas totalement faux ; entre une mère portée disparue depuis mes six ans et un père mégalomane qui se prend pour un compte en banque, c’était tout comme ! - T’as quel âge au fait ? T’as bien un p’tit ami quand même ? Pour une fille comme Calista qui respire la douceur et la bonté, il ne peut en être autrement pour moi. Je la regardais fixement, toute ouie.
Calista Freeman
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Sujet: Re: Rien ne va plus ou tout va de travers [Terminé] Ven 13 Sep - 17:45
On dit souvent que le métier de parent est le plus difficile qui soit. Et si vous trouverez tout un tas de livres en tous genres pour faire de vous un bon père ou une bonne mère, aucun d'entre eux ne contient de vérité absolue. Du moins c'est ce que pense Calista et pourtant celle qui ne jure que par la littérature en a potassé un grand nombre quand elle attendait son petit trésor. On n'apprend pas dans les pages d'un de ces guides à reconnaître les pleurs de son enfant. On a beau vous expliquer le pourquoi de la crise d'adolescence, ces paquets de lignes ne vous dévoileront jamais les secrets de votre chère progéniture. Alors comment faire ? La jeune femme est convaincue qu'un peu d'écoute et beaucoup d'amour suffisent. La plupart de ces mômes à la dérive ne font que rechercher les repères qui leur manquent chez eux ou l'affection que tout le monde prétend naturelle alors qu'elle leur fait cruellement défaut. Si elle-même parvient à si bien le comprendre, c'est simplement qu'elle a connu ce vide, cette douleur depuis la mort de sa mère. Elle s'est élevée toute seule finalement, a appris à se débrouiller et le peu que son père lui a appris a causé plus de cicatrices, de douleurs que de fondations solides sur lesquelles se reposer. Il faudrait être aveugle et sourde pour ne pas se rendre compte que MJ souffre d'un mal similaire. Calista serait bien incapable de dire que son père l'aime.
- Et tu préfères quand il te fiche la paix ou bien quand vous passez du temps ensemble ? Une façon anodine d'en savoir un peu plus sur la nature de leur relation avant de se permettre un conseil. Les gens sont toujours doués pour vous dire quoi faire de votre vie et ils savent surtout parler sans connaître. Elle évite de faire la même erreur. Elle écoute la demoiselle lui parler des gens à qui elle s'attache et qui l'abandonnent ou bien la blessent.
- Je ne crois pas que ce soit lié, même si tu en as l'impression. C'est simplement que les êtres qu'on aime le plus sont aussi ceux qui peuvent nous faire le plus de mal, d'un point de vue douleur morale. Si quelqu'un que tu n'apprécies pas déménage ou te fait une réflexion désagréable cela te sera plus indifférent que lorsque cela vient d'un ami. Est-ce que pour autant il faut cesser de s'attacher aux autres ? Je ne le crois pas. Albert Camus, un grand écrivain français, a écrit un jour : « Il y a seulement de la malchance à ne pas être aimé, il y a du malheur à ne point aimer. » Je suis assez d'accord avec lui, c'est triste de se fermer aux autres, de ne plus donner sa confiance par peur du mal qu'on pourrait nous faire. Il ne faut pas non plus croire aux paroles du premier venu ou lui faire une confiance aveugle. Mais la vie est faite de belles rencontres, de moments partagés, de rires et de joies. Les peines existent pour mieux nous les faire apprécier. Du moins ce n'est que mon humble avis.
L'assistante sourit à son interlocutrice avec toujours cet air bienveillant. La remarque sur le chat l'amuse un peu, elle a du mal à voir comment on peut compter sur un animal. Ce n'est pas lui qui vous tendra un pot de glace au chocolat en pleine déprime ou vous dira que votre ex est un abruti fini qui ne vous méritait pas... Visiblement c'est à présent son tour de satisfaire la curiosité de la demoiselle. Il est logique qu'elle lui rende un peu la pareille.
- Je suis originaire de la banlieue de Chicago. Je suis arrivée ici il y a un peu plus d'un mois maintenant et je travaille pour le L.A. Times au service des archives.
Elle évite volontairement de donner trop de détails qui paraîtront sans doute barbants pour sa voisine de table. A cet âge là on se passionne plus facilement pour les people que pour la presse écrite. Calista secoue gentiment la tête lorsqu'elle l'interroge sur sa famille.
- Ma mère est morte quand j'étais encore une enfant. Mon père est toujours en vie seulement nous sommes... fâchés. Je ne l'ai pas revu depuis des années. J'ai trois frères dont je ne suis pas particulièrement proche. En vérité ma tante est celle que je considère le plus comme ma famille. Et toi, à part ton père et ta sœur tu as des liens familiaux ? La jolie brune prend une gorgée de thé glacé, parler donne soif ! Elle manque avaler de travers lorsque la curieuse l'interroge sur sa vie sentimentale. Les joues de l'assistante rosissent légèrement et elle regarde ailleurs un instant avant de revenir à celle qui lui parle.
- J'ai 31ans et non je n'ai personne dans ma vie. Je sors d'une histoire assez difficile.
Aura-t-elle le tact de ne pas s'attarder sur ce sujet douloureux ou bien va-t-elle pousser l'intérêt un peu plus loin avec d'autres questions ? La suite le dira rapidement.
Mary Jane Holster
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Sujet: Re: Rien ne va plus ou tout va de travers [Terminé] Lun 16 Sep - 20:00
Est-ce que je préfère que mon père me fiche la paix ou qu’il passe du temps avec moi ? Bonne question ! Je fronce les sourcils. J’aimerais qu’il passe du temps avec moi mais il en est incapable. Il ne fait que me donner du fric pour se dispenser de son rôle qu’il ne peut pas tenir. Quand il s’occupe de mes affaires c’est pour tout faire foirer ou pour m’obliger à faire ce que je ne veux pas. Par exemple, à chaque fois que je rencontre un garçon et qu’il l’apprend, bizarrement le type disparaît de la circulation ; ou encore, comme il sait que je sèche les cours, il embauche des précepteurs pour me faire la leçon. Bon ok, ça fait plusieurs mois que je ne l’ai plus sur le dos, ce n’est pas un mal mais quelque chose manque dans ma petite vie. La dernière fois que je l’ai vu, il est resté égal à lui-même ; il a fait genre qu’il s’intéressait à moi mais il ne m’a fait que des reproches. J’aurais préféré ne jamais le revoir.
- Non mais tu sais ce qu’il m’a dit la dernière fois qu’on s’est vu ? Qu’il savait que j’avais besoin de lui, mais ça ne l’a pas empêché d’être absent. Quand je lui ai demandé pourquoi il était parti si longtemps, il n’a pas répondu… Il m’a dit, comme d’hab, que ça ne me regardait pas. Bref ! Quand je pense qu’il n’a même pas tiqué en voyant que je n’étais plus enceinte… Il m’a juste dit qu’il espérait que je n’allais pas allaiter. J’vois pas l’rapport mais bon… Aaaah par contre, pour me demander qui était le père et qui était la personne qui m’hébergeait, ça il a su ! Quand je lui ai répondu que le père était un avocat de 37 ans, au lieu de demander à le rencontrer, il veut le traîner devant les tribunaux. Avec tout ça, il pense qu’il n’y a qu’en lui que je peux avoir confiance ! Non mais t’y crois ça ? J’halluciiiiiine
Je secoue la tête d’un air désabusé et excédé en même temps. C’est du grand n’importe quoi. Le paternel disparaît sans laisser d’adresse, il tombe comme un cheveu sur la soupe et il veut que je lui raconte ma vie et que je lui fasse confiance. Il n’est même pas foutu de me donner le nom de ma génitrice. Sans doute ne veut-il pas en parler, mais il ne me fera jamais croire qu’il ignore qui elle est, je ne suis pas née de la cuisse de Jupiter quand même !
J’écoute avec une attention certaine le petit discours de Calista sur les relations humaines. Je la regarde sans dissimuler mon intérêt. C’est qu’elle n’a pas tort la belle ! Elle n’a pas raison non plus. Si tout était comme elle l’expose, on saurait à quoi s’en tenir. Seulement, avec les êtres humains, on ne sait jamais à quoi s’attendre. Vous avez confiance en une personne, vous êtes sûr de ne pas vous tromper, et elle vous plante un couteau dans le dos sans prévenir. Vous vous méfiez d’une personne et il s’avère que vous avez tort ; mais c’est trop tard, elle a passé son chemin quand vous l’apprenez. Quoi qu’il en soit, on souffre plus qu’on est heureux. Alors, on se construit une bulle pour se protéger. La mienne est faite de mensonges, de caprices, de jeux d’acteur, de bêtises ; j’essaie d’éliminer ce qui m’ennuie et je veux faire ce que je veux quand je veux ! J’espère ainsi de ne prendre que le bon et oublier le mauvais. Je sais que c’est de la poudre aux yeux mais au moins j’en profite, enfin j’essaie car c’est loin d’être évident.
Je n’interromps pas Calista, j’ai le sentiment qu’elle n’a pas tort, mais c’est trop difficile pour moi d’accepter de souffrir pour mieux apprécier le bonheur. Je hausse les épaules sans grande conviction et lui adresse un petit sourire coincé avant de la questionner. Je ne manque rien de ses réponses et j’attends gentiment qu’elle termine ses phrases pour prendre la parole.
- Ca doit être trop cool de bosser dans un journal ! Tu vas te faire des potes vite fait là-bas. Dis-je en sirotant mon cocktail. *Même sans alcool, c’est bon ce truc !* Pensais-je en ouvrant de grands yeux quand Calista évoqua sa famille. - Ah bah tu vois ! Toi aussi tu t’entends pas avec ton paternel. Lui non plus t’aime pas, hein ?
Je suis étonnée d’apprendre qu’une femme aussi charmante et chaleureuse entretienne de mauvaises relations avec son père et ses frères. Quelque part ça me rassure, ça signifie que je ne suis pas aussi mauvaise que certaines personnes le disent.
- J’aurais aaaadoré avoir des frères moi aussi. Et non, j’ai personne… Ni frère, ni sœur, ni oncle ou tante connu, même ma mère j’la connais pas… J’ai pas de copain non plus… Comme toi en fait ! Je vois désormais Calista sous un autre angle. Elle a quinze ans de plus que moi et elle en est au même point. Elle semble paumée. Seule son apparence sereine la différencie de mon attitude d’adolescente. - Mais tu fais comment pour être si calme et garder le sourire ? T’as un pouvoir ou quoi ?
Calista Freeman
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Sujet: Re: Rien ne va plus ou tout va de travers [Terminé] Dim 22 Sep - 8:38
Malgré la surprise due à l'annonce faite, Cali s'abstient de faire une remarque déplacée ou de montrer son étonnement dû au fait que la si jeune personne face à elle soit tombée enceinte. Cela éveille bien entendu sa curiosité. Elle se demande ce qu'il est advenu de l'enfant et même juste si la grossesse a été menée à son terme. Ce doit être une épreuve traumatisante surtout lorsqu'un est seule à l'affronter. Elle tique forcément à l'évocation d'un avocat, ce serait une sacrée coïncidence que ce soit celui auquel elle pense. Non, voyons il doit exister un grand nombre d'hommes dans ces âges exerçant cette profession à L.A. Que répondre à tout ceci ?... Elle n'aimerait pas se montrer intrusive ou peu concernée par ce que lui raconte la demoiselle.
- Je suppose que tu avais grand besoin de lui à ce moment précis oui. Et comment te sens-tu à présent face à cette histoire ? Comment as-tu gérer cette épreuve finalement ?
L'assistante n'ose pas lui poser des questions trop directes pour ne pas que sa curiosité semble déplacée ou malsaine. Elle est une inconnue après tout dans la vie de MJ. Pourtant de nombreuses interrogations lui brûlent les lèvres. Il est étonnant de constater à quel point tout ce qui a trait à la maternité la touche plus que n'importe quoi d'autre. Elle essaie parallèlement de trouver comment apaiser son interlocutrice. Il est toujours délicat de formuler des conseils lorsque l'on est totalement étrangère à une situation même si on possède alors l'impartialité pour le faire. On manque cruellement d'éléments parfois pour saisir l'entièreté du tableau.
- Tu as l'air de garder en toi de nombreuses souffrances. Je crois que cela pourrait te faire du bien de les exorciser. Mettre des mots sur des maux nous aide à avancer et à les panser plus aisément. Je crois qu'un des grands problèmes de l'humanité est l'absence de dialogue. On se mure en soi-même avec nos blessures, nos peurs les plus profondes et nos incompréhensions. Alors que s'ouvrir, parler à l'autre à cœur ouvert de la souffrance qu'il nous cause parfois lui permettrait sans doute de la comprendre, d'y remédier voir même de nous apporter des réponses. Car ce que chacun fait, nous l'interprétons en fonction de nous en ignorant bien souvent dans quel état d'esprit l'autre l'a accompli. Ce que je veux dire c'est que tu pourrais essayer d'avoir une conversation franche avec ton père, de lui faire part de ce qui te touche, de ses absences. Je ne parle pas évidemment de l'attaquer, de lui asséner toute une série de reproches. Plutôt de t'exprimer calmement en lui faisant comprendre que tu as besoin de lui et que c'est difficile parfois de tout porter seule. Et si jamais tu crois que cela ne t'aidera pas ou qu'il ne sera pas réceptif, alors ouvre-t-en à une autre personne, une personne de confiance, qui sache t'écouter et qui essaie de te comprendre sans te juger.
Calista pose sur la demoiselle un regard doux et bienveillant. Elle espère lui apporter au moins un petit quelque chose, l'aider à sa manière même si elle ne la connaît que depuis quelques minutes. Elle profite que MJ reprenne la parole pour goûter à sa glace que la serveuse a apporté. La chantilly n'est pas mauvaise du tout. Oui la jeune femme est gourmande. Elle ne relève pas pour son travail et ses relations avec ses collègues. Se faire des amis n'a jamais été une chose facile pour elle. Le sujet tourne ensuite sur son propre père. Sans le vouloir, l'assistante laisse échapper un long soupir avant de délaisser sa glace et de répondre.
- Je n'en sais rien à vrai dire, je n'ai pas l'impression qu'il me porte une grande affection. Je suppose qu'il souffre beaucoup. J'ai cru comprendre qu'il n'avait pas eu une enfance ni une vie facile. Au final je lui pardonne. Ma tante dit souvent que je ne sais pas voir le mauvais dans ceux qui m'entourent. Je m'acharne à trouver ce qu'ils ont de bon au contraire...
Et ne parlons pas de toute la souffrance que cela a généré durant sa jeunesse à elle. Elle en portera sans doute à vie les cicatrices de cette relation ratée avec son père. Cela a d'ailleurs été souvent abordé durant ses séances chez la psy.
- Je n'étais pas vraiment proche des miens à vrai dire.
Elle choisit cette fois de ne pas trop détailler. La famille ce n'est pas un sujet facile vu le contexte qui l'entoure. Elle a un peu découvert ce que c'était en fondant la sienne, avec tout l'amour qu'a éveillé en elle l'arrivée d'Emy. Bien sûr avec le recul, elle a compris que son couple n'avait rien d'idéal ou même d'harmonieux. Enfin tout ceci est derrière elle à présent. La nouvelle question de MJ la surprend. Calista penche légèrement la tête, la regardant droit dans les yeux.
- On n'a qu'une vie, je peux la passer à me lamenter sur ce qui me manque, ce qui me blesse, ce que j'ai perdu... Ou bien je peux sourire aux autres, lever la tête et regarder ce qui m'est une chance. Je suis en bonne santé, j'ai un travail que j'aime, un nouveau départ et je compte bien en profiter. Puis je crois que je peux encore faire de belles rencontres avoir d'agréables surprises. Ce moment en est une non ?
Mary Jane Holster
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Sujet: Re: Rien ne va plus ou tout va de travers [Terminé] Ven 27 Sep - 22:37
Je ne discute jamais avec mon père, alors avoir une conversation franche avec lui, c’est juste pas possible.
- Jamais d’la vie. Il comprend rien. De toute façon, j’ai pas besoin de lui. J’le déteste !
Oui, je le déteste ! Non, je n’ai pas eu besoin de mon paternel pour accoucher. C’est avant qu’il aurait du être présent ; s’il avait été là je n’aurais pas été enlevée par des tarés, Nemo ne m’aurait pas tirée dessus et je n’aurais pas accouché prématurément. Quoique s’il avait été présent, j’aurais pris un malin plaisir à me défouler sur lui plutôt que sur Ryan ou la sage-femme ; comme ça, j’aurais peut-être moins ressenti les douleurs de l’enfantement. Encore aurait-il fallu que Dunney ne tombe pas dans les pommes. En pensant à la naissance des jumeaux, je me dis que je ne m’étais pas trop mal débrouillée. Cependant, je m’étais promis de ne plus jamais tomber enceinte, jamais ; ça fait trop mal d’accoucher. Quand je pense qu’il y a des femmes qui disent que c’est le plus beau jour de leur vie ! Elles sont maso ou quoi ? C’est pire qu’un cauchemar ! Prématurés, les jumeaux avaient été placés en couveuse et moi je m’étais tirée de l’hôpital pour que les kidnappeurs ne me retrouvent pas. J’avais élu domicile chez Shante, mon fournisseur d’herbe occasionnel.
Comment je me sens face à cette histoire maintenant ? Alors là, j’en sais rien du tout ! Je voulais être enceinte, pas devenir mère. Un des jumeaux est décédé un peu plus tard, le même jour que son géniteur ; ça me fait mal quand j’y pense, mais je ne sais pas si c’est pour l’enfant ou pour son père que j’ai le plus de peine. Si ça se trouve c’est simplement parce que j’ai une peur bleue de la mort et que je me sens trop mal quand j’y suis confrontée. A cette pensée je frissonne et je fais la grimace. Je ne gère rien du tout, je suis comme un animal dont l’instinct de survie prend le dessus sur la raison.
- J’sais pas...
Je suis profondément sincère pour une fois. Je hausse les épaules en interrogeant mon interlocutrice du regard. Elle a l’air de s’y connaître en matière de relations humaines. Elle peut sans doute m’éclairer sur certaines choses. J’aimerais comprendre pourquoi rien ne va comme je veux. Je ne demande pas grand-chose pourtant, simplement d’être aimer. J’aimerais savoir pourquoi je dois jouer la comédie pour obtenir ce dont j’ai envie. Bon ok, j’aime bien me faire passer pour plus vieille que je ne le suis, mais des fois c’est fatiguant. Pourquoi ne m’accepte-t-on pas comme je suis avec mes qualités et mes défauts ?
J’ouvre de grands yeux étonnés quand Calista m’explique la relation qu’elle a avec son père. Encore une fois, je me dis qu’elle est comme moi ! Ca m’étonne et ça me rassure. Si je deviens comme elle à son âge, tout n’est pas perdu. Mais comment fait-elle pour garder son calme en parlant de son père ? En plus, elle lui trouve des excuses et lui pardonne.
- Bah pas moi ! Même pas en rêve j’lui pardonne.
Oui, je suis rancunière. Je n’ai pas à pardonner à des personnes qui ne m’aiment pas. C’est vrai qu’on a qu’une vie. Je veux en profiter à fond aussi ! Cependant, je ne sais pas comment faire pour éviter les tuiles qui me tombent sur la tête. J’écoute attentivement mon interlocutrice qui me déballe ce qui va bien dans sa vie. Et moi, qu’est-ce qui va bien dans la mienne ? Je cherche mais je ne trouve rien. Je baisse le regard, presque honteuse.
- J’en sais rien. C’que je sais, c’est quand on fait confiance, on se fait toujours avoir.
Les gens ne sont pas altruistes. Ils ne s’embêtent pas avec des problèmes qui ne sont pas les leurs ; alors pourquoi s’embêteraient-ils avec les mien ? Et puis, je n’aime pas raconter ma vie à n’importe qui. Comme dit Calista, ça ne sert à rien de s’apitoyer sur son sort. C’est ce que je fais normalement car je ne suis pas du genre à me plaindre. Mais depuis quelques temps le sort s’acharne contre moi et j’ai du mal à réagir de façon positive. Je ne sais pas si la rencontre avec Calista est une bonne chose, en tout cas elle n’est pas mauvaise. Mais bon, elle va sans doute faire comme tout le monde ; une fois qu’elle aura passé un peu de temps avec moi, elle disparaîtra. J’ai quand même envie de me confier à cette gentille jeune femme. Je relève la tête vers elle.
- J’t’ai dit que j’ai eu des jumeaux ? Deux garçons, Shalin et Sacha. Ils sont nés trop tôt, ils sont toujours à l’hôpital. Enfin, non, y’en a plus qu’un… Une boule d’angoisse se coince dans ma gorge en évoquant la mort de Sacha. Je ne veux plus y penser. Je me concentre sur ma glace que je maltraite nerveusement avec la cuillère ; dans quelques minutes, ce sera de la crème liquide. Je dois penser à autre chose, parler d’autre chose. J’avale ma salive avec difficulté et je reprends la parole.
- Faut que j’me trouve un appart rapidement. Le mec qui m’héberge ne veut plus de moi. Enfin si, il a dit que je pouvais rester, mais je crois qu’il voudrait que je fiche le camp en vrai. J’sais pas où aller, j’sais pas quoi faire…
Je demande de l’aide sans en avoir l’air. Je ne peux pas retourner dans l’appartement de mon paternel, les kidnappeurs pourraient me retrouver. Il y a les hôtels, mais je n’ai pas confiance dans leur personnel. Si Calista pouvait m’héberger, ça pourrait être pas mal comme solution, non ?
Calista Freeman
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Sujet: Re: Rien ne va plus ou tout va de travers [Terminé] Jeu 3 Oct - 12:34
MJ est encore jeune. L'assistante elle a traversé de nombreuses épreuves et travaillé sur elle-même pour avoir le recul nécessaire sur son existence. La psychothérapie l'a aidé également. Elle fait de son mieux malgré tout pour orienter cette jeune personne. Ce n'est pas évident quand on ne sait rien d'elle ou de son histoire. Elle n'a que quelques bribes de sa vie, certainement pas une vue d'ensemble et elle n'aime pas se poser en moralisatrice. Calista déguste quelques cuillères de glace, songeant à son propre passé à ce qu'elle vient d'apprendre sur la demoiselle qui lui fait face. Elle cherche ce qu'elle pourrait faire ou dire pour l'apaiser. Ce n'est pas une tâche facile, parvenir à toucher le cœur de l'autre sans le froisser, sans raviver des blessures encore trop récentes quand on est juste une inconnue à ses yeux. En plus cette jeune femme a du mal à faire confiance. La nouvelle qu'elle lui lâche fait l'effet d'une autre bombe. Elle laisse échapper sa cuillère entre ses doigts fins, l'objet vient faire tinter la coupelle en verre.
- Je... je suis très triste de l'apprendre. Je sais ce que cela fait de perdre un enfant. Ma petite Emily est... Visiblement la boule d'angoisse est communicative. Cette fois c'est le cœur de l'assistante qu'elle vient étreindre. Elle me manque chaque jour. Comment se porte... l'autre petit ?
Elle ose à peine formuler la question et pourtant elle désire réellement entendre la réponse. Il semble que la mort de sa précieuse enfant loin d'avoir fait taire son instinct maternel n'a fait que l'exacerber. Elle devine cependant que ce sujet est aussi délicat que douloureux. Ce qu'ajoute MJ lui fait comprendre un peu mieux sa détresse.
- Eh bien je suppose que cela dépend de ce que tu voudrais faire. J'ai peur que tu prennes mal ma demande mais... Est-ce que tu envisages de t'occuper de ton fils ou bien tu préfères le confier à une famille ? Dans un cas comme dans l'autre il doit exister un organisme pour t'aider. On trouve des foyers par exemple où les jeunes mères sans ressources apprennent à s'occuper de leurs enfants, on les aide à trouver des solutions et à préparer leur avenir. C'est pareil pour les jeunes gens livrés à eux même.
Elle rive ses prunelles dans celles de sa voisine de table, souriant toujours avec bienveillance en espérant que ses propos ne soient pas mal interprétés.
- Je me doute que sur le papier ce genre de solutions ne semble pas idéal. Au moins tu ne dépendrais pas du bon vouloir d'une seule et même personne. Tu pourrais souffler et te préparer une vie meilleure, plus indépendante et libre. Qu'est-ce que tu souhaites toi ? Travailler et être autonome, poursuivre des études ? Vivre avec ton enfant ou bien sans ? Ce n'est pas toujours facile de demander de l'aide. Pour autant tu n'es pas la seule à connaître ce genre de situations et il existe des organismes qui peuvent t'aider ou même des associations. Repoussant un peu sa coupe de glace et son verre, Cali fouille dans son sac pour y attraper un de ses carnets. Elle en arrache une page et se saisit d'un stylo. Elle écrit ses coordonnées sur le papier : adresse et numéro de mobile. Elle tend ensuite la feuille pliée à la demoiselle.
- Tiens, si jamais tu as besoin de me joindre, que tu es dans les ennuis et ne sais pas où dormir tu pourras me contacter ici. Je sais qu'on ne se connaît pas vraiment mais j'aimerais pouvoir t'aider.
Mary Jane Holster
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Sujet: Re: Rien ne va plus ou tout va de travers [Terminé] Ven 11 Oct - 18:45
J’écarquille les yeux en comprenant que Calista a aussi perdu un bébé. Ca me fout les boules encore plus. Moi qui suis habituellement curieuse, je n’ai pas du tout envie de poser des questions sur ce sujet. Je dois avoir l’air effrayé par cette annonce. Je détourne la tête pour éviter le regard de mon interlocutrice. Je ne veux et ne peux même pas imaginer ce qu’elle ressent ; elle a l’air tellement maternel par rapport à moi, son calvaire doit être cent fois plus terrible que le mien. La vie est injuste ! Cela ne l’empêche pas de continuer ses questions sur les jumeaux, enfin plus précisément sur le bébé encore en vie. J’ai pas envie de lui répondre, je ne sais pas quoi dire, je hausse les épaules car je n’en sais rien.
Depuis mon accouchement et ma fuite de l’hôpital, je n’ai pas revu Shalin. Je passe un coup de fil de temps en temps quand j’y pense mais les infirmières me reprochent de ne pas venir voir mon enfant depuis qu’il est né, alors je préfère éviter et je m’attèle surtout à ne pas y penser. J’ai un peu honte mais je sais qu’il est entre de bonnes mains ; le gamin est certainement mieux à l’hôpital qu’avec moi. De toutes les façons, il n’est pas encore prêt à sortir et je ne suis pas pressée de le récupérer. D’ailleurs, si je dois aller le chercher, comment vais-je faire pour m’assurer que je ne risque rien ? Il faudrait que j’envoie quelqu’un en éclaireur. Je ne veux pas retomber dans les mains de l’Agence, jamais !
J’écoute avec attention les paroles de Calista. Encore une fois, je me demande comment elle fait pour rester zen. L’âge et l’expérience sans doute ? Elle ne ressort que le côté positif et propose des solutions auxquelles je n’ai jamais pensé. Elle a même un sourire aux lèvres en parlant de tout ça ! C’est incroyable. Je la fixe de nouveau en me demandant si elle est réelle. Elle doit être une maman formidable. Quelques instants auparavant je l’enviais pour son assurance et sa beauté, maintenant je l’envie pour son côté maternel que je n’aurais certainement jamais. Moi, je veux profiter de la vie, m’amuser, ne pas avoir de responsabilité, faire ce que je veux quand je veux. Je me surprends à penser que j’aimerais aussi avoir une mère comme Calista. Après, je me dis que si j’avais une mère sur le dos, en plus de mon paternel, ça ferait beaucoup non ? Bref ! Là n’est pas le problème. Je laisse parler la jeune femme et tente de retenir tout ce qu’elle m’explique. Evidemment, mon cerveau fait le tri et met de côté ce qui me dérange.
- J’ai de l’argent, j’veux pas travailler. Et pour le lycée, laisse tomber, les profs sont trop chiants. J’apprends rien au lycée, j’en apprends plus sur la vie avec mes potes. D’toute façon, mon avenir est tout tracé, j’vais récupérer le fric et l’entreprise de Dunney.
Je ne parle pas de Shalin. Je n’ai pas envie. Je ne sais pas ce que je vais faire de lui. Je ne veux pas l’abandonner comme l’a fait ma mère avec moi, il n’a pas demandé à naître le pauvre ! En même temps, je ne me vois pas m’occuper de lui ; changer les couches-culottes, donner à manger, nettoyer le vomis, faire attention à lui pour qu’il ne se mette pas en danger, vivre à son rythme, etc… Par contre, je me vois très bien lui raconter des histoires et lui apprendre à parler. C’est marrant d’entendre les gamins gazouiller, mal prononcer certains mots ou faire des phrases mal construites. Bon, il y a toujours la solution d’embaucher une nurse, mais avec mon paternel, c’est pas gagné ; il va vouloir mettre son grain de sel et il ne sera jamais d’accord avec moi. Tout ceci sans parler du fait que je n’ai pas d’appartement où me poser tranquillement.
La tranquillité n’est pas faite pour moi. J’aime que ça bouge, que ça rigole, que ça aille à cent à l’heure. Je ne veux pas avoir de regrets. Je crois que j’ai peur de rater ma vie et avant que la mort ne vienne me cueillir, je veux en profiter. Je laisse ma glace, devenue crème, de côté. Je n’en ai plus envie. Je saisis le papier que Calista me tend alors qu’elle me propose de m’aider.
- Ok, on verra…
D’un côté j’aimerai lui faire confiance mais de l’autre j’ai peur d’essuyer une déception. Je ne veux pas m’engager et je ne souhaite pas être un boulet pour elle. En attendant, je pense que c’est toujours bien d’avoir une bouée de secours au cas où. J’espère qu’elle ne se dégonflera pas d’ici là !
- Merci ! Dis-je sincèrement d’une voix timide.
Calista ne le sait pas mais je viens de prononcer un mot que je dis rarement sauf si c’est dans mon intérêt. C'est une façon d'exprimer mon respect. Je range le papier dans mon sac, je me lève et je laisse la jeune femme seule. Je ne vais pas rentrer tout de suite, je vais me balader le long de plage et profiter de l’air salin. Ca me laissera le temps de réfléchir.
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