Le secret de la vie est le lien entre les personnes et les événements [Terminé]
Sonny Malone
La Fille de vos Rêves… ou de vos Cauchemars
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Sujet: Le secret de la vie est le lien entre les personnes et les événements [Terminé] Mer 4 Juil - 9:33
Le 29 novembre, matin
On avait beau lui avoir dit que tout allait apparemment bien, Sonny n’en menait pas large et l’angoisse l’étreignait. Passer la nuit à l’hôpital, ce n’est jamais rien, ça dit bien ce que cela veut dire, qu’il y a un risque quelconque. Si tout allait vraiment bien, pourquoi était-elle encore à l’hôpital, pour un rendez-vous avec le gynéco ?
Revenons en arrière. Après toutes les péripéties du mois de novembre, après toutes les blessures et les coups durs, après les excès et la dépression, elle avait enfin retrouvé un certain équilibre dans sa vie. Elle avait arrêté les alcools forts, elle s’était réalimentée progressivement, elle avait un but dans la vie – aider Genome à faire tomber Genetic et se venger des incendiaires du Domaine – et surtout, elle avait retrouvé Remington avec qui elle allait s’installer. Dire qu’ils avaient décidé de vivre ensemble, qu’ils avaient trouvé une maison qui serait la leur. Et qu’elle pourrait poursuivre ses études. Que du bonheur en somme. Et pourtant, peu de temps après ses retrouvailles avec Rem, trois jours, exactement, elle avait appris une nouvelle à laquelle elle ne s’attendait pas le moins du monde. Une nouvelle qui allait tout changer. Et elle ne s’était pas sentie prête jusqu’alors à la partager ou à l’assumer pleinement.
Sonny avait donc repris sa vie en main. Mais c’était sans compter sur son corps qui l’avait lâchée une fois de plus, la veille, la faisant chuter dans les escaliers. Une méchante chute, due à une énième baisse de tension. Résultat ? Un passage à l’hôpital et une visite de contrôle. Parce que si Sonny avait pu avoir des doutes, elle n’en avait plus maintenant. Il fallait que tout aille bien. Elle avait eu des doutes sur le fait de garder cet enfant ou non, mais là, elle avait un besoin viscéral de savoir qu’il allait bien. Ça n’était pas négociable.
Bref, le matin, des infirmières étaient venues la préparer et l’avaient emmenée dans un cabinet rempli d’appareils sophistiqués auxquels Sonny ne connaissait strictement rien. Elles lui avaient dit de s’installer sur le fauteuil, que le docteur n’allait pas tarder. Puis elles l’avaient laissée là, toute seule. Et Sonny se retrouva à fixer le plafond en faisant rebondir ses doigts sur son ventre plat… Elle avait de jolis bleus dus à sa chute, mais elle était si inquiète qu’elle n’avait plus mal étonnamment… Bon, il arrivait ce médecin ?
Eh bien oui, il arriva. Cet homme était grand, venant clairement d’amérique latine. Brun, le regard marron pouvant à n’en pas douter virer au noir sous l’effet de la colère, comme ceux de Sonny. Pourtant, il avait l’air gentil. Il était prévenant et c’était ce dont elle avait besoin en ce moment. Elle avait plus que jamais besoin de la présence de quelqu’un qui lui tiendrait la main, qui la guiderait sans la juger, qui lui dirait que tout irait bien pour la suite.
Il n’avait émis aucun jugement, aucun commentaire sur son état malgré sa jeunesse, rien qu’un ton encourageant et un visage amical. Et puis, c’était bête, mais ce nom, archi répandu au demeurant, lui rappelait sa mère qu’elle n’avait pas vue depuis le mois de juin. A qui elle n’avait pas parlé depuis tout ce temps. Alors qu’elle lui manquait tellement. Sanchez. Un petit coin de passé et de maison natale dans cet hôpital froid et sans âme. Et cela suffisait à lui faire un peu de bien. Donc il lui avait serré la main, parlé un petit peu, récapitulant brièvement la situation.
« Je ne sais pas depuis combien de temps je suis... enfin, vous savez, quoi… je suis tombée hier, j’espère qu’il va bien… »
Elle ne savait pas comment ça allait se passer. Allait-il directement lui faire passer une échographie ? Allait-il lui montrer ce qui poussait dans son ventre ? Allait-il lui poser des questions avant ? Aucune femme n’aime aller chez un gynécologue alors pour savoir si son enfant était encore là, c’était pire ! Tout ce qu’elle espérait, c’était que tout aille bien pour cet enfant en devenir… et que le médecin n’aille pas faire une inspection trop approfondie. C’était humiliant, cette position allongée, jambes écartées. Là au moins, elle était encore habillée et allongée normalement. Alors, docteur, et maintenant ? Du gel sur le ventre, comme dans les films, c’est ça ?
« Je vais le voir ? »
Dernière édition par Sonny Malone le Mer 25 Juil - 11:48, édité 1 fois
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Sujet: Re: Le secret de la vie est le lien entre les personnes et les événements [Terminé] Lun 9 Juil - 23:58
Il s'agissait d'une matinée comme une autre aux yeux de ce bon docteur Sanchez. Il était allé travailler l'esprit tranquille, s'apprêtait à passer une journée somme toute banale. Mais après les banalités habituelles, il tomba sur la fiche des admissions de la veille. Un nom retint aussitôt son attention. Sonny Malone. La première pensée qui lui vint à l'esprit fut d'apprécier la chance qui lui souriait. Il se rendit sur le moment à l'accueil où il demanda plus de renseignements au sujet de l'admission de la jeune femme en question. La fiche complète lui fut bientôt remise. Au bout de la trentaine de secondes qu'il prit pour compulser le dossier dans ses grandes lignes, une moue se dessina sur son visage. Une méchante chute, pas de quoi l'avoir gardée. Des centaines d'entorses et de bras cassés passaient chaque jour par ces locaux sans jamais y rester. Aucune raison qu'elle y soit restée, où même qu'elle y revienne. La dernière page attira tout de même son attention. La patiente aurait demandé des examens obstétriques supplémentaires ? Ses yeux parcoururent d'autant plus vite le reste de la page. Elle a été gardée la nuit entière en observation, et avait rendez-vous dans une demi-heure avec le Dr Sorbier. Un sourire satisfait éclaira son visage. Le tout était dans la poche, il n'avait qu'à demander à son collègue de pouvoir s'occuper de cette patiente. Sur ce il arriva dans la salle de garde où il lança un décontracté "Tout va bien ?" au docteur en question. Celui-ci grommela un vague assentiment démontrant de sa méchante humeur. Le sourire de Cristobal ne s'en élargit que davantage. On aurait dit que la partie était déjà jouée. Cinq minutes d'une attendrissante sympathie plus tard, le Dr Sanchez ressortit de la salle de garde s'occuper de diverses choses avant l'heure de son rendez-vous avec mademoiselle Malone.
Le temps ayant passé, Cristobal se retrouva à pousser la porte du cabinet de consultation. Sonny Malone était déjà à l'intérieure, assise par les bons soins des infirmiers sur la chaise spéciale, à moitié allongée. Quels imbéciles, ils savent pourtant qu'on n'ausculte jamais un patient directement... Mais cette brève pensée sortit vite de son esprit à mesure qu'il se rendait compte qu'il avait une parente de son sang, de sa famille dans la pièce. Certes, par rapport aux habitudes de la famille ses joues étaient rebondies et ses lèvres plus larges. Cependant, il reconnaissait ce regard noir. Il n'avait aucun doute à avoir, il voyait le même chaque matin dans son miroir. Le regard de l'homme s'adoucit pour la première fois depuis longtemps quand il se rendit compte qu'il s'agissait d'un membre de sa famille dont il n'aurait peut-être aucune honte à avoir. Après tout, Pia transportait dans ses gène un gène mutant bien qu'il ne s'était pas exprimé chez elle... Elle était la descendance de la famille Sanchez bon sang ! Sonny, (qui n'avait pas choisi son nom) méritait de connaître sa famille et de la rejoindre, elle était encore jeune... Qu'elle soit sûrement enceinte était une bonne nouvelle de plus. Cristobal garda les yeux mi-clos un instant, le temps de s'apercevoir qu'il était resté muet depuis son entrée dans la pièce. Pour ne pas avoir à expliquer ce silence il continua sur sa lancée et alla lui tendre la main sans mot dire. Ce fut ensuite qu'il s'introduit :
" - Bonjour, je suis le Dr Sanchez, les aide soignants ont dû vous avertir. "
Il n'eut pas beaucoup de temps pour ajouter une phrase qu'elle dit à son tour : Je ne sais pas depuis combien de temps je suis... enfin, vous savez, quoi… je suis tombée hier, j’espère qu’il va bien… Je vais le voir ?
Ce à quoi il répondit par un bienveillant sourire. Il l'arrêta d'une main avant de reprendre :
- Avant de commencez, prenez plutôt place sur ce fauteuil, je vous ausculterais plus tard. Je préfère parler de face à mes patients quand je les rencontre. Et quand à le voir, on verra si c'est nécessaire à la fin de la consultation si vous le voulez bien...
Il lui tendit la main pour l'aider à se relever, compte tenu de la faiblesse physique de la jeune femme. Il s'assura qu'elle était bien installée avant de reprendre :
- Je vais commencer par vous poser quelques questions, puis vous me poserez toutes celles que vous voudrez. Vous me direz tout ce que vous pensez que je dois savoir, avant que je procède à un examen, puis je ne vous en conseillerais que mieux. Alors, tout d'abord, depuis combien de temps êtes-vous aménorrhée... vos règles sont-elles interrompues ? Ensuite comment et depuis combien de temps avez-vous appris, ou pris conscience du fait ?
Sonny Malone
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Sujet: Re: Le secret de la vie est le lien entre les personnes et les événements [Terminé] Mer 11 Juil - 9:53
La main tendue – littéralement – par le docteur Sanchez lui fit un peu de bien. Parce que contrairement aux autres médecins, il n’arborait pas un visage hypocrite ou totalement indifférent. Il semblait… bienveillant. C’était difficile à expliquer et c’était certainement une illusion, mais elle avait l’impression que pour une fois quelqu’un ici s’intéressait vraiment à elle. C’était comme si son sourire était sincère, comme si son regard s’était adouci pour elle. Voilà, elle avait passé une nuit à l’hôpital et elle débloquait complètement ! Pourquoi pensait-elle cela ? Elle n’était qu’une patiente de plus parmi des centaines d’autres pour ce médecin. Alors on se calme et on reste concentrée.
Mais cela n’allait pas être évident, car déjà le Dr Sanchez la fit se lever. Mais pourquoi les infirmières l’avaient-elles installée de la sorte alors ? Superbe, elle se sentait ridicule à présent. Sans demander son reste, elle se redressa et se leva. Néanmoins, elle était un peu étonnée, et déçue aussi. Elle était tombée, on lui avait pris d’office un rendez-vous chez ce médecin, ce n’était qu’en même pas pour rien. Il n’allait pas vérifier que son fœtus était encore accroché ? Cela l’angoissait. Ce n’était pas en parlant qu’ils allaient savoir si son bébé avait survécu à sa chute dans les escaliers… Et c’était franchement tout ce qu’elle voulait. Elle avait cru qu’elle pourrait voir à quoi ça ressemblait, un fœtus, savoir depuis quand elle le portait, même si elle s’en doutait.
Elle apprécia en revanche cette nouvelle main tendue par le médecin, pour l’aider. Ce n’était pas grand-chose, mais cela lui suffisait. Elle se sentait un peu comme… en sécurité. Ce Sanchez faisait décidément un bien étrange docteur. D’habitude, surtout à l’hôpital, les médecins traitent les patients comme du bétail qu’ils reçoivent à la chaîne. Lui, en revanche, prit le temps d’aider Sonny et de vérifier qu’elle allait bien en prenant place dans le fauteuil. Elle avait un peu mal. Il fallait avouer qu’elle avait fait une belle dégringolade et d’après le peu qu’elle avait pu voir, de sacrés hématomes parcouraient son corps.
Le médecin commença à parler, lui expliquant ce qui allait se passer. Sa voix était calme, posée, guère agressive. Les questions qu’il lui posa en revanche, si elles étaient pertinentes et légitimes, mirent Sonny mal à l’aise. Parce qu’elle n’en savait tout bonnement rien. Normalement, une fille sait quand elle a ses règles ou quand elle ne les a pas. C’est même un motif d’inquiétude quand on est sexuellement active. Mais là, force était d’admettre que Sonny n’en savait rien. Elle avait déjà eu cette période féminine depuis qu’elle était avec Remington, mais… une seule fois en fait. Si elle était enceinte, c’est qu’ils ne s’étaient pas protégés… Et… la seule fois que cela était arrivée… non, la première fois que c’était arrivé, cela remontait à la mi-octobre, lors de leur sortie à la fête foraine. Et elle n’avait pas pensé que cela puisse arriver. On lui avait dit pourtant qu’il suffisait d’une fois, mais non… elle n’avait pas pensé le moins du monde qu’elle pourrait tomber enceinte et elle n’avait pas songé à se rendre dans une pharmacie prendre la pilule du lendemain. Et pourquoi elle ne prenait pas la pilule tout court d’ailleurs ? De toute façon, il était trop tard. Quant à savoir depuis quand elle était au courant… si sa grossesse datait bien du 17 octobre, elle avait mis presque un mois pour s’en rendre compte. Elle allait passer pour une idiote mais comment dire à un parfait inconnu qu’elle avait eu un choc tellement violent qu’elle n’avait pas remarqué son absence de règles ? Comment lui expliquer qu’elle n’avait pas fait attention à son corps parce qu’elle avait découvert que l’homme qu’elle aimait – et accessoirement le père de son futur enfant – était un tueur à gage et qu’il avait une collection de foies dans sa maison. Il y avait de quoi être perturbée au point de ne pas se rendre compte que son cycle semblait s’être arrêté, non ?
« Je… je ne sais pas depuis combien de temps je n’ai pas mes règles. J’ai eu des problèmes de santé et personnels au début du mois et je n’ai pas vraiment fait attention. Plus d’un mois, peut-être même deux. J’en sais rien. Je ne me suis rendue compte de rien. Je ne l’ai appris que le 17 de ce mois-ci. Je crois que ça faisait un mois que j’étais enceinte, mais je n’en suis pas sûre… »
Bon sang, elle avait l’impression d’être une ado qui ignorait tout de la vie et qui tombait enceinte dès son premier rapport. La honte.
« Je veux le garder. Je suis inquiète parce que… j’ai fait plusieurs chutes depuis que je suis enceinte. Je ne le savais pas, j’ai pas voulu le mettre en danger. Et j’ai perdu beaucoup de poids, je ne mangeais presque plus. Ce n’était pas le premier malaise que je faisais… »
Tout à coup tout lui semblait logique. Son évanouissement chez Wyatt au début du mois, ses nausées qu’elle avait mises sur le compte du dégoût que lui avait suscité la découverte de la pièce secrète de Remington. Tout cela étaient des manifestations de sa grossesse. Et elle n'avait rien vu.
« Qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour qu’il aille bien ? Enfin, vous croyez qu’il est toujours là ? »
Elle avait vraiment peur de l’avoir perdu, et cette attente devenait insoutenable. Le docteur Sanchez avait beau être sympathique et charmant, il ne lui apportait, hélas, aucune réponse à ses questions. Sanchez… bon sang, si sa mère savait que sa fille était, à 20 ans, enceinte… qu’elle avait fui le pays et sa famille pour se retrouver dans cet état… Et Sonny avait peur. Que se passerait-il si Rem n’en voulait pas ? Que se passerait-il si ce bébé avait une capacité ? Elle avait besoin d’une famille, maintenant plus que jamais. Ce médecin allait-il lui dire qu’elle n’était plus enceinte ou qu’elle allait avoir cette famille qu’elle espérait tant ?
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Sujet: Re: Le secret de la vie est le lien entre les personnes et les événements [Terminé] Jeu 12 Juil - 16:03
Au fur et à mesure que la jeune femme s'expliquait, Cristobal griffonnait quelques notes sur son calepin. 6ème semaine de grossesse. Problèmes de santé, perte de poids, sous-nutrition. Chutes fréquentes. Il se cachait presque pour écrire, il ne voulait pas la mettre encore plus mal à l'aise qu'elle ne semblait déjà être. Cristobal ponctuait régulièrement les phrases de Sonny par un hochement de tête encourageant. Elle finit sur une note d'inquiétude, elle semblait déjà attachée à son enfant. Il lui adressa le sourire le plus chaleureux dont il était capable, et la rassura :
- Ne vous en faites pas. Si vous n'avez pas eu de douleurs au niveau du ventre ni de saignements après vos chutes, à priori il n'y a pas d'inquiétude à avoir. Il marqua une petite pause avant de reprendre d'un ton plus délicat : Je dois également vous demander si vous avez déjà été enceinte. Vous me direz ensuite les médicaments que vous avez pris entre début octobre et maintenant, si vous avez des traitements en cours.
Alors qu'il expliquait, Cristobal se souvint que lors de la première consultation, le médecin doit poser des questions au sujet des antécédents médicaux. Mais c'était risqué, sa mère ne lui avait probablement rien raconté sur sa famille. Et s'il lui posait la question, elle allait chercher à avoir des renseignements du côté de la branche maternelle. La question à se poser était à présent s'il avait plutôt intérêt ou pas à ce qu'elle en sache plus sur ses origines. Dans l'urgence du moment, Cristobal fini par se dire qu'il valait mieux ne pas l'aiguillonner. Quand il en saurait plus sur elle il pourrait se permettre de la mettre sur le bon chemin. Le moment n'était pas encore venu. Pardon, j'ai entendu quelqu'un parler de faute professionnelle dans l'assemblée ? Excusez-le, mais cela fait longtemps que les exigences médicales et légales passent après ce que lui veut faire.
Quoi qu'il en soit, il était temps de passer à la suite des réjouissances, l'examen clinique. Cristobal contourna son bureau pour l'aider à s'asseoir sur la chaise d'examen. Sans une parole il releva délicatement sa manche et passa un brassard autour du bras. Il la fit respirer longuement, releva sa tension artérielle sur son calepin. Ça avait été compliqué de trouver un endroit qui n'était pas recouvert de griffures ou d'hématomes, et il s'assurait de temps à autre qu'elle ne souffrait pas trop. Ayant passé la nuit à l'hôpital, elle était déjà vêtue de la robe, et il prit ensuite directement son pouls à l'aide d'un stéthoscope. L'examen clinique se termina par un tour sur la balance. Cristobal attrapa le bras de Sonny et la guida jusqu'au pèse-personne. Même compte tenu de sa taille, elle ne pesait pas bien lourd la jeunette. Elle retourna à nouveau sur la chaise. Tout en gardant son petit sourire aux lèvres, il essaya de se faire pardonner :
- Je m'excuse des déplacements, mais c'est presque fini maintenant. A présent, même s'il est possible que ce soit trop tôt de quelques jours, nous pouvons faire un échographie maintenant. Nous pourrons avoir un état de santé plus exacte mais nous ne pourrons pas forcément dater correctement la grossesse. Si ça ne vous pose pas de problème, nous pouvons vous en faire une dès maintenant. Pour un éventuel remboursement, cela dépendra de votre mutuelle. Qu'en dites-vous ?
Sonny Malone
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Sujet: Re: Le secret de la vie est le lien entre les personnes et les événements [Terminé] Ven 13 Juil - 15:28
Avouer et reconnaître devant un parfait inconnu à quel point elle n’était pas douée était une épreuve pour Sonny. D’habitude, elle plaisantait volontiers de ses erreurs et de ses maladresses, mais là, les choses étaient sérieuses. Par bonheur, elle semblait être tombée sur un médecin hors du commun. Il paraissait prévenant, il ne grommelait pas alors qu’elle avouait ses erreurs, au contraire. C’était étrange, difficile à expliquer. Mais il y avait comme une sorte de douceur et de sympathie qui se dégageaient de cet homme. Une présence presque… paternelle. Il cherchait visiblement à la rassurer, il n’émettait aucune critique, aucun jugement, il se contentait de la guider et de tout faire pour prendre soin d’elle. Et c’était plutôt agréable. Sonny n’avait plus de famille à qui parler de son état, personne pour s’occuper d’elle. En fuyant la France, elle s’était faite passée pour morte. Elle avait juste envoyé une lettre à ses parents pour leur dire qu’elle était en vie, mais elle ne leur révéla jamais où elle était. Par mesure de précaution. Pour eux comme pour elle. Quant à parler de sa grossesse à Anne, ce n’était pas si évident que cela. Elle n’était déjà pas au courant qu’elle s’était remise avec Remington… et il y avait peu de chance qu’elle apprécie cela, surtout qu’elle savait pour sa tentative du premier novembre. Bref, elle n’avait plus de modèles, plus de guides, plus de personnes fortes et présentes pour l’épauler. Seulement ce médecin, latino comme elle, avec les mêmes yeux fonçaient et un sourire bienveillant.
Il prenait mille précautions pour lui parler, comme s’il connaissait ses craintes et les anticipait. Non, elle n’avait eu ni saignements ni douleurs après ses chutes. Ouf. Du moins, avant celle de la veille, il n’y avait donc pas eu trop de dégâts.
« Non, c’est la première fois. J’étais sous pilule avant, mais en m’installant ici, j’étais seule, je ne l’ai pas reprise. J’ai rencontré quelqu’un et… on se protégeait, on a juste… oublié… une fois. Enfin bref, non, je n’ai pas été enceinte avant et je ne suis aucun traitement. J’ai juste pris quelques cachets contre les nausées, je ne savais pas d’où elles venaient. »
Pourtant, ce n’était pas comme si elle n’avait jamais discuté de cela avec sa mère. Au contraire. Celle-ci avait toujours rêvé d’avoir une grande famille, avec plein d’enfants. Mais cela n’avait jamais pu se concrétiser. Ils avaient eu Sonny et puis plus rien. Enfin si. Sa mère lui avait dit, plus tard, quand elle fut en âge de comprendre, qu’elle avait été enceinte alors que Sonny avait quatre ans. Elle avait porté son enfant pendant 5 mois avant de le perdre comme ça, soudainement. Après cela, elle avait eu du mal à s’en remettre, mais ils s’étaient résolus à tenter les fécondations in vitro. Sans succès. Sa mère lui avait parlé de tout cela, parce que ce genre de problème pouvait être héréditaire. Voilà aussi pourquoi elle était inquiète.
« Je ne sais pas si c’est important que vous le sachiez mais… Mes parents ont eu des difficultés à avoir des enfants. Ma mère m’a parlé d’une « incompatibilité », quelque chose avec la glaire cervicale trop acide. Elle n’a jamais pu avoir d’autres enfants. C’est aussi pour ça que j’ai peur… Si je le perds, je ne sais pas si je pourrai avoir d'autres enfants. »
Si elle perdait cet enfant, pourrait-elle seulement en avoir un autre un jour futur ? Avait-elle le même problème que sa mère ? Elle ne s’était jamais posé sérieusement la question avant aujourd’hui, parce que cela lui paraissait terriblement lointain et irréel. Mais là, maintenant, ces questions étaient tout ce qu’il y avait de pertinentes. Sans se défaire de son visage bienveillant et chaleureux, le docteur Sanchez lui expliqua qu’il était temps qu’il l’examine physiquement. Joie des tests médicaux. Alors elle entreprit de se lever en faisant une grimace de douleur. Ses muscles étaient encore endoloris et le seul fait de se lever lui coûta. Par chance, le gynécologue vint à son secours et la soutint pour la mener à la chaise d’examen, lui soutirant un « merci » sincère. Concentré, le médecin prit sa tension. Elle ne devait pas être excellente puisqu’elle avait perdu connaissance la veille. Il était doux et s’enquerrait toujours de son état. On aurait dit son père, version latino-américain. Ou sa mère version masculine. Et dans la tête de Sonny s’opéra une curieuse confusion. Ce n’était plus une relation classique entre un médecin et sa patiente. Elle avait l’impression d’un allié, d’un soutien, de quelqu’un qui prenait vraiment soin d’elle et qui s’inquiétait véritablement. Et elle, elle se sentait en sécurité. Elle avait l’impression qu’elle pouvait avoir peur, qu’il ne la laisserait pas. A tous les coups, c’était juste une projection de son esprit. Elle se sentait tellement comme une petite fille, elle avait tellement besoin de retrouver ces êtres qui vous soutiennent en dépit de tout et qui sont votre famille…
Vérification de la tension, de la respiration, des battements du cœur et vint l’épreuve redoutée de toutes les femmes : celle de la balance. Sauf qu’elle, elle n’avait pas peur de voir un chiffre trop élevé, mais au contraire beaucoup trop bas. Toujours aidée du docteur Sanchez, elle grimpa sur le pèse-personne. Ah oui, quand même, elle avait bien perdu bien qu’elle eût recommencé à s’alimenter correctement depuis une quinzaine de jours. Il allait falloir qu’elle se remplume… et de toute façon, bientôt elle mangerait pour deux. Puis ce fut de nouveau un passage sur le fauteuil d’examen.
« Ce n’est pas grave, je ferai ce qu’il faut maintenant », répondit-elle aux excuses formulées par le gynécologue.
Et pourquoi il s’excusait ? Il s’occupait parfaitement d’elle jusqu’à présent. A tous les coups, ça ne se passerait pas aussi bien que cela avec les prochaines personnes qui seraient mises au courant de sa grossesse. A commencer par Remington. Parce qu’il allait bien falloir lui dire. Une échographie ? Alors ça y était ? Bon, apparemment, il se pouvait qu’il n’y ait pas grand chose à voir parce qu’elle en était au début de sa grossesse. Quant à la date précise de la conception… il n’y avait pas trente-six possibilités à moins qu’un préservatif ait craqué. Ce qui pouvait arriver après tout. Il suffisait qu’il lui dise 5, 6 ou 7 semaines et nul doute que ce serait le coup de la maison hantée, ou quand ils étaient rentrés le même soir. Mais il ne fallait pas tirer de plan sur la comète, il fallait juste attendre. Plein de questions se bousculaient dans sa tête : que verrait-elle ? Avait-il déjà un cœur ? Est-ce que son corps était prêt à accueillir un bébé ? Comment allait-elle payer cette écho ? Oui, elle voulait cette échographie, pour être sûre qu’il était toujours en elle, mais elle n’avait aucune assurance. En revanche, sous son matelas, elle planquait ses économies et ses salaires pour payer son loyer. Voilà comment elle allait payer cet examen médical. Elle trouverait une solution pour sa chambre.
« Je veux la faire. Je paierai, je trouverai l’argent, j’ai des économies. Dites… je suis désolée de vous demander ça mais… Vous avez l’âge d’être mon père, sans vouloir vous vexer. Vous… vous croyez que je fais une erreur en gardant ce bébé ? Vous avez peut-être des enfants, vous penseriez quoi si votre fille de vingt ans vous annonçait ça ? »
Sa mère l’engueulerait, ça, c’était une certitude. Elle lui dirait qu’elle était folle, au courant des moyens de contraception, qu’elle ne connaissait pas suffisamment le père de cet enfant, qu’elle allait mettre en péril ses études… Mais elle l’aurait aidée, elle aurait été là, elle l’aurait encore aimée. Son père aussi, à n’en pas douter. Elle aurait aimé parler de tout ça avec un membre de sa famille, avec une figure parentale et malheureusement pour lui, ce médecin était la seule personne qui s’en rapprochait.
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Sujet: Re: Le secret de la vie est le lien entre les personnes et les événements [Terminé] Mer 18 Juil - 22:09
« Je ne sais pas si c’est important que vous le sachiez mais… Mes parents ont eu des difficultés à avoir des enfants. Ma mère m’a parlé d’une « incompatibilité », quelque chose avec la glaire cervicale trop acide. Elle n’a jamais pu avoir d’autres enfants. C’est aussi pour ça que j’ai peur… Si je le perds, je ne sais pas si je pourrai avoir d'autres enfants. »
Le sang du pauvre docteur se glaça dans ses veines à ces mots. Quelques années auparavant, savoir que Pia était peu ou pas fertile aurait été pour lui une occasion de sortir le champagne. Une fois reniée par l'intégralité de sa famille, si celle-ci avait su qu'elle ne pouvait pas avoir d'enfants, tout le monde l'aurait oubliée dans l'instant. Une erreur, une humaine qui de toute façon après avoir vécu sa vie se serait éteinte d'elle-même sans laisser de trace. Pourtant elle était tombée enceinte, avait eu une petite fille. Aujourd'hui qu'il avait sa nièce sous ses yeux et qu'il avait gagné en maturité, Cristobal se rendit compte de la probabilité que Sonny soit une mutante. Et que son enfant en soit un également. Il fallait que cet enfant reste en vie, au moins jusqu'au quatrième mois de la grossesse. Ce sera à ce moment-là que Cristobal pourra reconnaître ou non sa sœur en tant que membre actif et utile à la famille. A force de côtoyer des femmes tout ce qui a de plus banal enfantant des petits mutants, il avait appris que tout était possible. Le gène pouvait s'exprimer même s'il n'avait pas été actif les générations précédentes. Bon, au moins il n'avait pas eu à l'interroger sur ses antécédents familiaux pour qu'elle en parle, c'était une bonne chose. Il prit un instant pour réfléchir avant de répondre :
- Eh bien, même si cela ne devrait pas poser de problème à présent que vous êtes déjà enceinte, il est toujours possible de faire un prélèvement pour pouvoir savoir si vous avez hérité du problème de votre mère. Si ce sujet vous préoccupe particulièrement à propos de futures grossesses...
Les tests médicaux vinrent par la suite comme le voulait l'usage. Quand ils en virent le bout, Cristobal énonça une rapide analyse de résultats qu'il avait obtenu :
- Prendre un peu de poids ne vous ferez guère de mal au contraire. Vous êtes sensée prendre un kilo par mois, mais n'ayez pas peur d'en prendre un peu plus. Votre respiration ainsi que votre rythme cardiaque sont parfaits mais votre tension est plus basse que la moyenne, vous devrez surtout veiller à ne pas faire trop d'effort.
Cristobal avait presque l'impression qu'elle était gênée qu'il lui fasse ces remarques. Elle devait avoir conscience d'avoir suivi un mauvais rythme de vie ces dernières semaines. Elle n'était qu'inquiète après tout. Il lui proposa l'échographie malgré le coût qu'elle représentait. Malgré ses airs un peu perdu, Sonny eut l'air de reprendre un peu ses esprits ainsi que du poil de la bête. Cristobal distingua nettement ses sourcils s'abaisser d'un quart de millimètre, ses lèvres se pincer légèrement, son regard prendre une lueur encore plus noire que d'habitude.
« Je veux la faire. Je paierai, je trouverai l’argent, j’ai des économies. Dites… je suis désolée de vous demander ça mais… Vous avez l’âge d’être mon père, sans vouloir vous vexer. Vous… vous croyez que je fais une erreur en gardant ce bébé ? Vous avez peut-être des enfants, vous penseriez quoi si votre fille de vingt ans vous annonçait ça ? »
Drôlement décidée. Jusqu'à ce qu'elle prononce la troisième phrase du moins. Tout de suite, de se poser dans la position du plus jeune, l'assurance en prend un coup. Cristobal se devait de répondre avec délicatesse. Dans les règles de l'art. Des années passées à annoncer de mauvaises nouvelles à la chaîne aux familles éplorées l'avaient parfaitement formé à cela. Tout en restant réaliste à ses yeux, il devait la convaincre d'avoir cet enfant et peut-être même d'autre dans le futur. Il est bon que la famille continue de s'agrandir. Il prit son temps pour s'assoir dans son fauteuil et la regarder dans les yeux avant de bien choisir ses mots :
- Vous savez, mademoiselle Malone, j'ai vu de bien plus jeune fille que vous avoir un bébé, mais je ne dis pas forcément qu'il s'agit d'une bonne chose. Malgré tout , c'est un processus naturel et votre corps vous signale seulement qu'il est prêt à accepter une nouvelle vie en son sein. Pour le reste, le mental doit jouer, comme tout le monde vous le dira, il faut s'y sentir prête. Mais même si vous étiez ma fille, je vous encouragerais à le garder, car la famille est là pour s'encourager et se soutenir les uns les autres. Tournez-vous vers vos parents ou n'importe quelle autre partie de votre famille, ils seront là pour vous.
Maintenant venez avec moi, on va s'occuper de l'échographie.
Tout en la soutenant par le coude, il l'accompagna jusqu'à un lit au dossier légèrement relevé, prévu pour les échographies. A côté de nombreux instruments dont plusieurs écrans, pour l'instant en veille. Cristobal s'occupa de les remettre en marche après avoir allongé Sonny à sa place attitrée. Cristobal s'était occupé durant le temps avant la consultation de s'accorder un petit temps privilégié avec sa nièce. Il s'était dit qu'une jeune femme enceinte, sûrement pour la première fois, éloignée de tout contact familial, ses parents étant en France, donc une jeune femme probablement désorienté aurait sûrement plus tendance à se confier à son médecin si l'environnement y était favorable. Durant les dix prochaines minutes encore, les infirmières et les médecins se tiendraient relativement à l'écart de cette pièce. Le Dr Sanchez dû donc s'occuper lui-même de tout le déroulement du processus. Il appliqua le gel sur son ventre avant de commencer à passer la sonde à la surface du ventre encore plat et mince. Sachant d'expérience ce que la première échographie peut représenter pour certaines femmes, il choisit d'accompagner l'ensemble de l'examen de sa parole apaisante, expliquant et détaillant chaque phase :
- Je signale au passage que les échographies ne présentent absolument aucun danger pour les fœtus. La sonde que je vais appliquer à la surface de votre ventre va émettre des ultrasons dont une partie est réfléchie par l'embryon puis recaptée par la sonde. Celle-ci va transformer en signaux numériques ces informations. Une fois traités par l'échographe, ces signaux apparaissent à l'écran sous forme d'images en noir et blanc, donnant la silhouette de l'embryon. Voilà, les images se précisent déjà regardez. On peut à peine distinguer l'embryon, il est là ici... Il mesure environ 20 millimètres, tout à fait normal... L'activité cardiaque elle aussi est tout ce qu'il y a de plus ordinaire... A priori, il n'y a l'air d'y avoir qu'un seul embryon, pas de jumeaux à l'horizon ni de malformation précoce... Eh bien mademoiselle Malone, j'ai l'honneur de vous informer que votre grossesse ne présente aucun problème !
Cristobal s'amusa à remarquer la détente de l'atmosphère quand il finit son diagnostic. Il avait encore un certain nombre de recommandations à faire, mais il préférait lui laisser un peu de temps pour apprécier la nouvelle dans un premier lieu.
Sonny Malone
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Sujet: Re: Le secret de la vie est le lien entre les personnes et les événements [Terminé] Jeu 19 Juil - 13:05
Il y a des jours où l’on se sent perdu, où l’on aimerait bien qu’on nous donne une boussole pour s’orienter dans la vie. Faire les bons choix. Sonny, elle apprenait toujours en commettant des erreurs et elle n’avait plus sa boussole parentale pour lui venir en aide. Désormais, elle devait prendre ses décisions seule. Et cela lui fichait une trouille d’enfer. Et cette menace qui planait. Sa mère avait eu des difficultés à concevoir et alors que Sonny n’avait que quatre ans, elle avait perdu un autre bébé, une petite fille également, après six mois de grossesse. Sonny se souvenait vaguement de cette période. Elle se souvenait surtout de la tristesse et du désarroi qu’elle avait pu lire dans le regard de son père et de sa mère. Et si c’était son tour ? Si elle aussi avait par la suite des problèmes de stérilité ? Si elle perdait cet enfant dont elle n’avait pas pris soin jusqu’à présent ? Futures grossesses ? En fait, elle ne savait même plus quoi penser. Des enfants, elle n’en voudrait qu’avec Remington. Et elle n’était déjà pas sûre qu’il accepte cette grossesse, alors d’autres. Peut-être pas maintenant, peut-être plus tard, ou jamais. Il n’était pas du genre à avoir des enfants. Déjà laisser entrer Sonny dans sa vie avait relevé de l’exploit, alors un enfant… Pourtant, elle s’entendit dire :
« Oui, oui, je veux bien. Non que je veuille d’autres enfants parce que je ne sais déjà pas comment je vais m’occuper de celui-là, surtout maintenant, mais qui sait… »
Et pour que Sonny accepte sans broncher de subir des actes médicaux et autres réjouissances, elle que redoutait les piqûres comme la peste, c’est que vraiment, elle prenait cela au sérieux et qu’elle tenait à rectifier le tir pour faire les choses bien. Et elle se plia de bonne grâce et sans se plaindre malgré ses douleurs aux examens qu’opérait le Dr Sanchez sur elle. Et ce médecin était d’une délicatesse à toute épreuve. Cela changeait. Il prenait son temps, ne la brusquait jamais. Rem serait devenu fou. Trop longs comme examens. Mais elle en avait besoin, pour être rassurée. Les résultats ne la surprirent guère. Ses chutes de tension étaient familières. La faute à sa capacité qui l’exténuait quand elle s’en servait. Cela ajouté à ses problèmes au début du mois et à sa toute nouvelle grossesse, il ne pouvait pas y avoir de miracle.
« Vous voulez dire que je vais prendre dix kilos voire plus ? Mais… même si je fais du footing ? Enfin, non, vous avez dit pas d’effort… Mais pas d’effort pendant combien de temps ? »
Voilà, réaction de fille idiote numéro 1. Elle allait avoir un bébé et manger pour deux. C’était forcé qu’elle prenne du poids. Rien que le poids du bébé. Et vu les kilos qu’elle avait perdus à cause de sa déprime, cela ne lui ferait pas de mal comme le disait le médecin. Mais chercher à prendre du poids n’était pas chose naturelle chez les filles. Quoique, si Sonny avait une excuse toute trouvée pour manger de la glace à la fraise en toute impunité. Et même si elle adorait ne rien faire, rester sans courir, sans danser, sans sauter dans tous les sens, ce n’était pas trop son truc.
Et elle ne put s’empêcher de lui demander quelque chose d’insensé et de relativement déplacé. Se mettre à la place de son père. C’était idiot, et parfaitement puéril. Mais elle n’avait pu parler de cela avec personne de sa famille, personne de plus adulte qu’elle, qui pourrait lui faire part de son expérience. Elle aurait pu en parler à Anne, mais elle n’avait pas réussi. Ça ne sortait pas. Alors qu’avec le Dr. Sanchez, ça passait tout seul. Peut-être parce que c’était un professionnel qui ne la jugeait pas. Peut-être parce qu’il lui rappelait vaguement sa mère bien qu’elle soit incapable d’expliquer pourquoi. Mais ses yeux et son sourire lui semblaient presque familiers, rassurants. Peut-être aussi avait-elle besoin d’une bénédiction. Stupide, mais la question sortit toute seule.
Un processus naturel ? Oui, certes, mais son corps était rudement pressé de signaler qu’il était prêt. Il aurait pu attendre un peu. Et surtout, pourquoi la première fois qu’ils aient oublié de se protéger ? Des couples essayaient pendant des années d’avoir un enfant et Rem et elle allaient avoir un enfant après si peu de temps. Parce que cela faisait quoi ? Quelque chose comme à peine onze semaines qu’ils se connaissaient ? Alors d’accord, Sonny n’avait pas quinze ans mais soyons réaliste, elle n’avait pas de travail qui lui permette de donner une vie décente à ce bébé, à moins d’abandonner ses études et de bosser à plein temps, en s’installant dans un boui-boui. Et le père, que ferait-il ? Que dirait-il ? Elle l’aimait, il l’aimait, mais cet enfant… Et il venait de dire que le mental devait jouer ? ça partait mal… Quant à la famille… ça partait encore plus mal. Quelle famille ? Celle qui était restée en France et avec qui elle n’avait plus le moindre contact ? Sa tutrice Anne ? La seule famille qu’elle avait, c’était Rem ou sa famille de cœur, Ingrid, Wyatt, Jayden. Mais Jayden la tuerait si elle savait, Ingrid avait 15 ans. Wyatt ? Bon sang, elle entendait d’ici les vannes qu’il allait lui sortir. Par contre, que cet homme l’encourage à le garder, cela la rassura. Pourquoi ? Il n’était qu’un inconnu, un étranger qui ne la suivrait que jusqu’au terme de sa grossesse. Il ne jouerait aucun autre rôle dans la vie de Sonny et de son bébé, il n’était qu’un médecin et les médecins encouragent rarement l’avortement. Alors pourquoi cela lui fit du bien ? Aucune idée.
« Le mental ? Je sens déjà que tous ceux à qui je vais annoncer la nouvelle vont me dire d’avorter. Alors ça ne va pas être facile tous les jours… Et je n’ai plus vraiment de famille. Je suis toute seule ici. Enfin, il y a quelques personnes et le père. Mais honnêtement, je doute fort qu’ils sautent de joie. »
Mais cela, c’était le passé. L’avenir, c’était maintenant. Elle allait enfin voir l’enfant qui allait grandir en elle. Aidée et soutenue par le Docteur, elle prit place sur le fauteuil prévu et regarda, un peu désemparée, tous les appareils que Sanchez semblait connaître par cœur. Tout était en train de s’allumer, les choses allaient devenir sérieuses. Tout ça pour voir… un fœtus ? Parce qu’elle n’allait pas voir un bébé, pas déjà. Trop tôt. Mais plus le temps de penser. Déjà, elle frissonna. Le médecin venait d’étaler du gel froid sur son ventre. Les yeux de Sonny se braquèrent sur l’espèce de sonde qui parcourait le bas de son ventre, avant de se reporter sur les écrans. Lequel d’ailleurs, ah, celui-là. Le médecin lui montrait ce qu’elle était censée voir. Mais sur le coup, elle ne vit rien. Cela faisait-elle d’elle une mauvaise mère ? De ne pas réussir à voir son enfant ? Et c’était bizarre cette histoire d’ultrasons… Des sons pouvaient se transformer en image ? Dingue.
« Pas de jumeaux ! Merci seigneur », souffla-t-elle en calant sa tête sur le dossier. Déjà gérer un enfant lui semblait une montagne alors deux ! « Attendez, vous êtes en train de me dire qu’il a déjà un cœur ? »
Question stupide hein, mais il ne fallait pas oublier que c’était la première grossesse de Sonny et imaginer qu’un petit être de 20 millimètres puisse déjà avoir un cœur qui batte, c’était irréel. Et pourtant, il y avait cette petite lumière clignotante sur l’écran. Son cœur ? Son enfant avait déjà un cœur qui battait. Il était déjà vivant. Et là elle se prit une belle claque. Il y avait bien une petite vie dans son ventre. Remington et elle avaient conçu la vie. Lui qui était si sûr de n’avoir rien à offrir au monde, si sûr de ne rien savoir faire d’autre que son métier de tueur, il était à l’origine d’une vie. D’un cœur qui battait. Et là, sa décision était prise. Demain. Dès demain elle irait le voir pour lui dire cette vérité, pour lui demander de faire partie de la vie de cet être qui était le sien, dont il était le créateur, le père. Eux deux, ils avaient créé une vie. Et cela n’était pas rien.
Pas de malformation, pas de danger, un bébé là, malgré tout ce qu’il avait enduré. Un bébé qui semblait diablement attaché à la vie compte-tenu de tout ce que sa mère lui avait imposé. Un sourire naquit sur le visage de Sonny. Son corps se détendit. Tout allait bien. Enfin pour aujourd’hui, parce demain… Sans qu’elle le commande, sa main se posa sur celle du médecin. Son regard noisette brillait de gratitude. C’était comme s’il l’avait sauvée, elle et son bébé. Réaction excessive, peut-être, mais c’était ce qu’elle ressentait.
« Merci. Merci pour tout. Vous croyez que je peux avoir un tirage ? Je crois que ça m’aidera, pour… le père. Et dites…Est-ce que c’est vous qui allez me suivre ? Pendant ma grossesse ? J’aimerais bien que ce soit vous, si c’est possible. »
Enfin, elle ne savait pas comment cela fonctionnait au sein de l’hôpital. Peut-être qu’o lui donnerait des rendez-vous avec le gynécologue de service. Ou pas. Ou peut-être qu’il avait un cabinet hors de l’hôpital. Mais il faudrait de l’argent. Et là, elle allait déjà sacrifier ses économies du mois… Tant pis, elle trouverait. C’était lui qu’elle voulait pour s’occuper de sa grossesse. Peut-être même pour l’accouchement. Il était obstétricien aussi ? Bonne question.
« Je n’ai pas vraiment de famille, comme je vous l’ai dit, et je bosse pour vivre, en plus des études et des examens qui vont arriver. Il y a des choses que je dois faire, prendre certaines vitamines ou je ne sais pas, pour pouvoir tenir le rythme avec cette grossesse ? Au moins, s’il est bien là depuis le temps que je crois, il devrait naitre vers juillet, non ? Je pourrai valider mon année et profiter un peu de lui… ou d’elle. D’ailleurs, quand est-ce que je saurai ? »
Sonny recommençait à parler, c’était bon signe. Par contre, le pauvre médecin risquait d’attraper un mal de crâne carabiné à ce rythme, alors elle lui fit un petit sourire désolé et se rendit compte qu’elle tenait toujours sa main, qu’elle retira prestement. Voilà, Sonny Malone, future mère, encore des réactions de gamine…
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Sujet: Re: Le secret de la vie est le lien entre les personnes et les événements [Terminé] Lun 23 Juil - 22:43
Sonny arracha une moue au médecin quand elle annonça qu'elle n'avait pas de famille sur place, si ce n'est le père de l'enfant... Cela lui tordit le cœur. Dans sa tête un petit bonhomme avec un bonnet à pompon rouge surmonté d'un drapeau s'agitait dans tous les sens en criant des "Ohé" acharnés. Il s'empressa de le chasser de son esprit, ce n'était décidément pas le moment. Il fallait... il fallait qu'il trouve un moyen qu'elle se mette à chercher sa famille. Comment ne pouvait-elle même pas penser une seule seconde à ses grands-parents ? Bon, du côté de son père, ils ont pu mourir, ou à l'autre bout du monde comme en France, mais du côté de sa mère, celle-ci savait parfaitement être partie de Colombie en laissant derrière elle... Euh... Tout compte fait... Ils ont dû être déclarés morts par Pia. Avec un peu de recul, c'est vrai que cela paraissait logique, dire qu'elle n'avait pas de famille pour ne pas qu'elle puisse faire un rapprochement familial qu'elle ne désire pas. Le soucis à présent était également en partie qu'elle ne le croit pas au moment où il lui annoncera être son oncle. N'étant pas préparée à ça, qui sait comment elle pourrait réagir. Foutage de gueule, rire, moquerie, inquiétudes sur la santé mentale... Tout est possible ! Oui, d'accord, elle lui a quand même demandé de se mettre à la place son père... Non ça voulait rien dire ! Heu... Ou alors si. Merci de vous préoccuper de ma santé mentale personnelle, je vous rassure à ce propos. Comment ça vous ne l'êtes pas pour autant ? C'est vous ou moi le médecin ici ?
Revenons à nos moutons. Quel intérêt ce bon docteur Sanchez avait-il donc à révéler son identité à sa charmante nièce ? Et quel intérêt avait-il à ce qu'elle reste dans l'ignorance ? Si elle était au courant dès maintenant, sa réaction, même si pas si facile que ça à prévoir, serait facilement manipulable. En fait, tant qu'il restait seul avec elle, elle lui bêlait dans les bras, comme un mignon petit agneau (c'est bon à la broche d'ailleurs, ces petites choses-là). Par contre, son cercle proche restait un mystère total à ses yeux. Eux auraient des leviers sur lesquels appuyer dont lui ne disposerait pas. Il fallait qu'il la connaisse mieux, qu'il sache si elle était mutante, elle ainsi que toute personne susceptible d'enrayer son ralliement à la cause. Il devait en savoir encore plus, beaucoup plus avant de pouvoir prendre la moindre initiative. Pour le moment, il se contenterait d'être son médecin, le chaleureux docteur Sanchez. Mais il est vrai que savoir si elle possédait le gène mutant commençait à monter à la tête de Cristobal. C'est vrai que lui dire qu'il est son oncle lui permettrait de savoir plus rapidement si elle avait une capacité. En effet, s'il lui disait ce que lui est capable de faire, elle serait mise en confiance et lui révèlera à son tour sa capacité. Le problème était si elle n'en avait pas... Alors là elle le prendrait pour un fou. Et risquait par là même de lui causer quelques ennuis, et risque même la porte pour son travail, lui assurant une perte significative d'entrée d'informations et donc perte de prestige auprès de Genetic. Bon, il est vrai qu'il pourrait toujours mettre ça sur le compte d'hallucinations légères liées à la fatigue de la grossesse mais il perdrait définitivement sa confiance. Si elle n'était pas spéciale, était-ce si grave que cela ? Elle aurait toujours du monde autour d'elle pour la soutenir quoi qu'elle en dise, Cristobal en était sûr. C'était le genre de personne vive, à s'entourer naturellement d'un cercle proche d'amis sur lesquels compter. D'autant plus que Cristobal voulait être à son côté quand le quatrième mois de la grossesse arriverait. Alors son don pourra peut-être se manifester... En tout cas il l'espérait.
La chose à faire était donc de rester dans la peau de ce bon docteur Sanchez pour l'instant. Et celui-ci décida qu'il était temps de faire un petit récapitulatif :
- La première chose à faire est de faire attention. Évitez les chocs et les longs déplacements, ainsi que toute activité déconseillée aux femmes enceintes naturellement. Même si votre grossesse est encore très récente, avec les mésaventures du début, il faut être prudente ! Vous pouvez faire du sport, mais préférez les sports d'intérieur, et surtout n'y allez pas à fond. En ce qui concerne l'alimentation, elle doit être variée, des fruits et légumes, surtout pas d'alcool. Il faut aussi avoir un grand apport en calcium et en fer, donc des laitages et de la viande rouge.
Il faut l'avouer, Cristobal fut surpris quand, quelques paroles plus tard, Sonny posa étrangement sa main sur la sienne. Était-ce lui qui la mettait à l'aise par sa simple présence ou bien sentait-elle au fond leur lien ? Son regard s'était posé sur lui, brillant. Après une réflexion éclair, il prit le parti le plus neutre qui soit, c'est à dire l'immobilité. Leur relation n'était encore que purement professionnelle. Il usa des inflexions de voix les plus souples et caressants qu'il connaissait pour lui répondre :
- L'échographie, vous pourrez allez la chercher à l'accueil dans une dizaine de minutes, ils auront fini de l'imprimer. Et pour que je suive votre grossesse, cela ne dépend que de vous.
Le Dr Sanchez se pencha sur son bureau et d'un main attrapa une carte de visite lui appartenant sur son bureau.
- Je possède un cabinet pas très loin. Étant propriétaire et patron, j'adapte mes prix en fonction du salaire de mes clients.
Cristobal avait eu un petit rire discret en constatant que sa nièce avait un peu reprit du poil de la bête. Il était réjoui. Son débit de discussion s'était brusquement accrut, et un flot de parole comme contenu s'était évadé de la bouche de la jeune femme. Elle devait être d'une nature bavarde. Seule l'inquiétude l'avait tenue aussi silencieuse selon lui. L'inquiétude de la paternité.... Et dire que lui-même ne pouvait même pas, à 41 ans sonnés, s'enorgueillir de la paternité. Mais rien n'était jamais perdu. Peu à peu malgré tout, Cristobal avait réussi à connaître un peu mieux ce membre de sa famille, à l'amener à se dévoiler. C'était une jeune femme normale, bavarde mais timide et surtout un peu déboussolée ces derniers temps.
- Pour les vitamines, ce n'est pas vraiment nécessaire, à part peut-être les vitamines B9 et D. A présent, pour un prélèvement de la glaire cervicale, il faudra vous adresser à l'accueil, je ne prend pas en charge ce type d'examen dans mon cabinet. Et rappelez-moi absolument pour que l'on fixe le prochain rendez-vous qui sera celui du quatrième mois !
Spoiler:
Désolé pour les petits problèmes de narrations et de allers et retours dans le temps, mais je ne savais plus comment m'organiser et je refusais de te faire attendre trop longtemps. J'espère que ça t'ira quand même
Sonny Malone
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Sujet: Re: Le secret de la vie est le lien entre les personnes et les événements [Terminé] Mer 25 Juil - 11:48
Avait-il lu dans son esprit ? Etait-il un télépathe sadique ou quelque chose du genre ? Non, parce qu’il y avait des trucs douteux tout de même. Comment expliquer qu’au moment même où elle pensait pouvoir, en toute légitimité, se gaver de sucreries et autres douceurs pour reprendre du poids, le docteur Sanchez lui gâcha son plaisir. Tirer sa flemme en faisant un peu de sport mais pas trop, aucun soucis. Prendre des laitages, pas de problème. Manger de la viande rouge, mouais, bon, à la rigueur. Mais manger des fruits et légumes ! Pourquoi pas des courgettes, des épinards et des oranges tant qu’on y était. Beurk. Elle voulait bien faire des efforts mais essayer de lui arracher ses hamburgers au bacon ou ses repas mexicains pour lui faire avaler des trucs verts, fallait être fou !
Bon, pour l’heure, se concentrer sue les tests. La torture à base de légumes et de fruits viendrait bien assez tôt. Quoique… elle adorait les fruits rouges et les fraises. Pouvoir en manger à sa guise, ça, c’était plutôt sympa. Stop, on arrête de se disperser. Pourtant, il y avait un trop-plein d’émotion, de peur, d’envies diverses et variées. Aussi contre toute logique et toute bienséance, elle posa sa main sur celle du médecin. Il la rassurait, il lui ressemblait en certains points et semblait la comprendre. Ça aurait dû être Rem ou sa mère ou son père, quelqu’un de sa famille, mais pour le moment, il n’y avait que lui. Le seul à savoir la vérité.
Sa main ne resta pas longtemps sur la sienne. Lorsqu’elle vit qu’il ne réagissait pas, elle se sentit ridicule. C’était son médecin bon sang. Une patiente ne prend pas la main de son gynécologue, ça n’est pas dans l’ordre des choses. Il devait se dire qu’elle était folle. Elle devait l’être de toute façon. Alors qu’elle sortait un peu trop de son rôle de patiente, le Docteur Sanchez resta pour sa part extrêmement professionnel en lui expliquant la suite. Déjà, elle pourrait récupérer son échographie, un bon point. Ensuite, il ne semblait pas contre l’idée de la suivre dans sa grossesse. Il lui tendit même sa carte, en lui confiant pouvoir adapter ses prix. Cet homme était juste son héros ! L’ange gardien de sa grossesse ! Les cabinets privés coûtaient déjà une fortune en France, alors ici, ça devait être monstrueux.
« Merci. Merci infiniment. »
Que répondre d’autre ? Ses yeux faisaient des va-et-vient entre le médecin et sa carte de visite. Cristobal Sanchez. Un tel nom la ramenait encore un peu plus chez elle, vers sa mère aux racines latines, vers la Colombie qu’elle n’avait jamais visitée, justement parce que sa mère y gardait de mauvais souvenirs. La fuite devait être un truc de famille, une tare héréditaire. Elle aussi avait quitté la France pour échapper à des souvenirs désagréables. Bref, elle n’avait peut-être pas de famille à offrir à l’enfant qu’elle portait mais au moins, elle pouvait lui garantir qu’un bon médecin s’occuperait bien de lui. Tout son argent passerait là-dedans s’il le fallait. Oui, s’il le fallait, elle irait même demander à Anne si son offre de la loger dans son ancien appartement tenait toujours. Désormais, il y avait un petit être prioritaire sur tout le reste. Elle allait faire tout ce qu’il fallait pour lui et ce Cristobal l’aiderait. Apparemment, ce médecin avait du cran car il fut capable d’encaisser sans broncher son flot de paroles de Sonny. Peu étaient capables de cet exploit et pourtant, il ne parut pas perturber le moins du monde. Sonny crut même le voir sourire.
Elle nota tout dans sa mémoire. Vitamines B9 et D. Dans quels aliments ça se trouvait cela ? Elle devrait faire des recherches pour savoir ça. Ou aller en acheter en pharmacie. Elle verrait. Un rendez-vous à prendre pour un prélèvement. Brrrrr, piqûre. Horreur. Mais soit. Elle le ferait. Ses parents seraient fiers. Non de la savoir enceinte à son âge, mais de la voir supporter des examens médicaux. Dire qu’une fois, quand elle avait 5 ou 6 ans, ils avaient dû s’y mettre à deux pour la tenir alors qu’un médecin voulait lui faire un vaccin. Et là, c’était elle qui réclamait. Maso. Elle était maso.
Une fois debout, elle serra la main de Cristobal et le regarda droit dans les yeux, pour lui témoigner sa reconnaissance.
« Merci pour tout. Je vous rappellerai sans faute. Vers février alors. Cette fois je devrais le voir, presque formé, je veux dire ? Et je saurais si c'est une mini Sonny ou un mini Rem... Encore merci, et bonne journée, M. Sanchez. »
Elle mit ensuite fin à cette poignée de main qui s’attarda, serrant fermement sa carte de visite dans l’autre. Puis elle quitta le cabinet. Elle passa dans « sa » chambre, récupérer ses affaires avant d’aller à l’accueil. Là, l’infirmière lui tendit une enveloppe. L’échographie était dedans. Demain. Demain, elle irait le dire à Remington. Pas aujourd’hui, il fallait déjà qu’elle s’en remette, mais demain elle lui apporterait la preuve qu’il était capable de donner la vie et pas seulement la mort. Elle prit également, en rechignant tout de même quelque peu, un rendez-vous pour vérifier qu’elle n’avait pas le même problème que sa mère. Puis vint le moment du drame. La facture. Là, c’était certain : elle ne pourrait pas payer son loyer ce mois-ci.
En sortant de l’hôpital, elle se sentit plus seule que jamais. Elle regarda l’échographie. Comment allait-il réagir ? Comment élèverait-elle ce bébé ? Ce bébé qu’elle aimait déjà. Parce que c’était le sien et celui de Rem. Parce qu’il lui avait dit qu’il l’aimait juste après qu’ils l’aient conçu. Puis elle jeta un coup d’œil au bâtiment médical. Cristobal Sanchez. Au moins, elle pouvait avoir confiance en lui.
FIN
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Le secret de la vie est le lien entre les personnes et les événements [Terminé]