Sujet: La quête de Mme Tortue [Terminé] Mer 29 Fév - 18:00
Esteban se trouvait sur une plage qui lui paraissait familière. Il pouvait sentir l’iode, le vent qui lui fouettait le visage, l’eau humide qui courait sur ses pieds puis s’en allait, capricieuse. L’océan. Il se sentait libre, heureux. Tout les soucis qui l’avait accablé pendant des mois semblaient avoir disparu. Envolé le poids sur ses épaules qui le faisait se rapetisser chaque jour. Esteban était grand, fort. Il pouvait voler. Et surtout. Un rire fusa sur sa droite et il se retourna. Anya courait vers lui. Elle portait une robe d’été légère, tenait ses chaussures dans sa main et semblait elle aussi libérer de ses soucis. Plus de Genetic, plus de Kate. Plus rien. Il n’y avait plus qu’eux deux. C’était simple, c’était beau. Il la réceptionna dans ses bras et la fit tournoyer dans ses bras. Comme dans les films. Elle était tellement légère. Puis, d’un geste qui lui semblait simple et naturel, instinctif, il l’embrassa. La douceur des lèvres d’Anya, son visage éclatant de joie. Tout était tellement parfait. Il n’avait pas à se poser de question, à se torturer les méninges ni à se brimer.
La seconde d’après, il se retrouvait au milieu d’un désert africain. Le soleil était haut dans le ciel et de la sueur perlait à son front. Esteban était seul. Il ne fronça pas même les sourcils comme si ce soudain changement de décors n’avait rien d’étrange ou de perturbant. Il se mit à marcher. Combien de temps ? Des heures, des jours. Le soleil montait et descendait. Il continuait d’avancer sans savoir vers quoi. La destination n’avait aucune importance et cette longue marche n’avait rien d’angoissant. Il savait sans que personne ne le lui ai dit qu’elle était salvatrice. Au bout d’un moment, une grosse tortue se plaça à côté de lui. Ils marchèrent ensemble. Esteban la regardait de temps à autre et souriait. Il l’avait baptisé Mme Tortue et ne savait pas ce qu’elle foutait là. Tant pis, elle lui était familière, il l’avait déjà vue. Il ne se souvenait plus où, voilà tout.
- Tu sais où on va toi ?
L’animal tendit son cou vers lui et il lui sembla déceler une vive intelligence au fond de ses yeux perçant.
- Marche.
Elle parlait sans avoir besoin d’ouvrir la bouche. Sa voix était grave et chaude, comme celle d’une grand mère. Sa grand-mère ? L’image de celle-ci lui apparut dans le lointain, floue et chancelante. Sa silhouette ne dispensait même pas d’ombre sur le sol brûlant.
- Tu n’es pas grand mère alors, admit-il en adoptant une expression déçue. Tu dois donc être mon totem ! - Marche, répliqua la créature.
Esteban haussa les épaules et obéit. Au bout d’un moment qui lui parut infiniment long, l’image se mit à grésiller. Il s’arrêta, fronça les sourcils, attendant que le phénomène se reproduise. Rien ne se produisit. Lorsqu’il voulut se remettre en route, il constata que Mme tortue avait disparut ce qui le mettait bien en peine. Comment saurait-il vers où se diriger sans l’animal ? Tant pis, il marcherait et verrait bien où son chemin le mènerait.
L’image grésilla une nouvelle fois et la silhouette d’Aaron apparut. Il lui sembla même entendre sa voix mais ne parvint pas à saisir le sens des mots qu’il prononçait. Une voix féminine lui répondit. Il connaissait cette voix, ses intonations fatiguées. La peine qui transparaissait, il était le seul à pouvoir la déceler.
- Anya ! hurla-t-il, sentant soudainement son cœur s’emballer et cogner furieusement dans sa poitrine.
Bip bip bip. Le bruit sournois qu’il n’avait pas remarqué jusque là s’accéléra. Elle criait son prénom n’est ce pas ? C’était ça ? Elle l’appelait et il ne pouvait pas répondre ! Le soleil disparu en un flash laissant place à la lune et à la nuit éternelle. Et cette étendue de sable fin sans fin qui n’avait plus rien ni de simple, ni de rassurant. Quel chemin prendre ?
- Anya… chuchota-t-il, inutilement.
Sonny Malone
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Sujet: Re: La quête de Mme Tortue [Terminé] Jeu 1 Mar - 12:23
Après son étrange rencontre avec Ingrid, Sonny n’avait pas réussi à se réveiller. Elle avait dormi toute la matinée et avait passé le reste de la journée à moitié endormie. Et elle se connaissait suffisamment pour savoir qu’elle ne dormirait pas bien. Elle ne rêverait peut-être pas de l’incendie, mais elle aurait un sommeil agité, aucun doute là-dessus. Quand elle se coucha, elle le sentit. Ça n’allait pas être une bonne nuit et elle n’avait pas trente-six solutions, il faudrait qu’elle aille dans le rêve d’un autre, histoire qu’elle épuise totalement son énergie et qu’elle puisse dormir pendant des heures sans courir le moindre risque.
Il ne restait plus qu’à trouver LE rêve qui allait la distraire et la faire se vider peu à peu de sa force. Rien de violent, rien de trash ou de gore, elle voulait un rêve marrant, fou, déglingué ou juste normal. Elle ne sut pas combien de temps après qu’elle se fut couchée son esprit partit loin du monde réel. Elle connaissait bien cette sensation, elle n’en avait plus peur, alors elle se laissa emporter et elle vogua de rêve en rêve, en effleura certains, en délaissa d’autres. Puis il y en eut enfin un qui attira son attention. Cela lui manquait presque, de passer d’un rêve à l’autre, de choisir. Depuis quelques temps, les cauchemars des autres s’imposaient à elle, comme si elle n’était suffisamment accablée par ses propres souvenirs. Et ça n’avait rien d’agréable.
Là, elle se retrouva sur une plage de sable fin, avec une mer d’un bleu irréel. Une parfaite image d’Epinal. Elle pouvait presque entendre le clapotis des vagues venant mourir sur le rivage, percevoir l’odeur de l’eau salée. Alors elle inspira. Ce n’était qu’un rêve, ce n’était pas réel, mais ses souvenirs comblaient les vides. Et cela faisait un bien fou. Puis elle entendit des voix. Le rêveur, un jeune homme brun, à peine plus vieux qu’elle, le regard triste. Elle devait masquer sa présence. Encore un effort de plus pour s’épuiser… Elle regarda alors la scène, intriguée et amusée. Une scène de film romantique bien mielleux : une jeune fille, très belle au demeurant, courant et lui sautant dans les bras. Le baiser du générique de fin.
Pas le temps de s’émouvoir toutefois, le décor changea, sauf le sable. Sonny en avait l’habitude, alors elle ne s’en formalisa pas, et puis, elle avait vu la fin du film non ? Rien à l’horizon, à part des étendues de sable et le ciel bleu. Un soleil violent. Le désert ? Pourquoi pas, mais le coup de la tortue parlante, ça, elle ne l’avait pas vu venir. Car oui, le rêveur se tapait la causette avec une tortue. Sonny était bien tombée, ce type était cinglé et elle allait bien rire. Et effectivement, il tint toutes ses promesses : discussion avec la tortue, défilement aléatoire du jour et de la nuit, quelques vagues apparitions de visages qu’elle ne connaissait pas : celui d’un homme ayant quoi, le même âge que le rêveur, brun lui aussi, et celui d’une vielle femme. Puis la tortue disparut du paysage, après avoir servi de mentor ou de guide au rêveur. Sonny avait vraiment l’impression de se trouver dans une pièce à la Beckett. Un truc de fou comme Estragon et Vladimir.
Mais Sonny n’arrivait pas à rire de cela. Il semblait perdu et il n’avait qu’un nom à la bouche : Anya, qu’il appelait avec désespoir. Anya… Probablement la femme de la scène précédente. Il y avait beaucoup d’amour dans la façon dont il prononçait ce nom. Tellement de douleur aussi… Devait-elle faire quelque chose ? Lui parler ? Lui ramener cette Anya ? Elle ne pouvait pas aller le voir, comme ça, surgissant de nulle part. Quoique niveau rêve bizarre, il se posait là.
Mais elle eut une idée plus amusante. Elle se contrôla et fit réapparaître la tortue-guide spirituel de tout à l’heure, et elle parla à travers elle.
« Qu’est-ce que tu fiches ici, bon sang ? A parler à une tortue en plein milieu du désert ? Tu as fumé ou quoi ? Va rejoindre cette fille. Réveille-toi et va rejoindre Anya. Ou parle-moi d’elle, je pourrais peut-être t’aider à la retrouver.»
C’était bizarre, de parler à travers une tortue. Mais bon, ce jeune homme semblait avoir confiance en cette image, alors pourquoi l’en priver? S’il acceptait de suivre les conseils de cet animal, soit. Sonny ajouterait ce rêve au palmarès des plus absurdes.
Et puis comme elle était décidée à le sortir de sa torpeur, elle décida de faire bouger l’animal et de le faire éternuer bruyamment, comme dans L’Histoire sans fin. Il n’allait tout de même pas lui gâcher impunément la fin du magnifique film à l’eau de rose qu’il lui avait joué avec cette Anya et lui jouer une tragédie grecque ? Hors de question !
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Sujet: Re: La quête de Mme Tortue [Terminé] Jeu 1 Mar - 21:29
- Tiens t’es revenue toi, et tu sais dire autre chose que « marche » « marche » « marche », fit-il en accentuant la gravité de sa voix pour singer celle de l’animal probablement centenaire.
Esteban pencha sa tête sur le côté pour observer la créature, semblant réfléchir. Se réveiller ? Parce qu’il dormait ? Il embrassa le paysage désertique du regard et n’entrevit que l’immensité de sable. Il n’y avait même pas un cactus pour décorer un peu le coin. Il s’immobilisa quelques secondes dans sa contemplation. Il ne réfléchissait pas vraiment. Les yeux dans le vague, il était perdu et sans savoir vraiment d’où lui provenait cette idée, il murmura : - Mais Mme Tortue, j’peux pas me réveiller. C’est ici que je vis.
Cette certitude l’étreignait de toutes ses forces. Il ne savait pas d’où il tenait l’information et n’aurait su démontrer la logique de son raisonnement. Et pour cause : il n’y en avait aucun. Il le savait, un point c’est tout. Il le savait même si une partie de son esprit, celle qui rêvait, restait convaincue du contraire. Esteban passa sa main dans ses cheveux, pensif et confus. Cela n’avait pas l’air d’avoir le moindre sens à première vue et il se voyait mal comment expliquer à son totem toutes ces histoires. Ce n’était pas spécialement effrayant non plus. Il ne se sentait pas mal, ici. Il était d’ailleurs délesté de pas mal de ses emmerdes quotidiennes. Il se baladait dans des paysages magnifiques et avait entrepris une quête spirituelle. Plutôt positif comme bilan. Il n’y avait qu’une seule chose qui le chagrinait.
- J’ai perdu Anya. Il baissa ses grands yeux bleus vers l’animal, adoptant la posture d’un enfant. Un vrai gosse. J’sais pas où elle est. Elle était là, il y a pas deux minutes, t’aurais dû venir sur la plage, comme ça tu l’aurais vu ! Elle était vraiment belle en plus, précisa-t-il, un sourire niais étirant discrètement ses lèvres. Allez viens, on marche, j’vais te raconter.
Joignant le geste à la parole, Esteban entreprit de recommencer à mettre un pied devant l’autre, peu soucieux de l’inanité de son action. Le paysage n’évoluait jamais, seul le ciel changeait parfois. En plus, il n’était jamais fatigué. Ses pieds ne lui faisaient pas mal, ses muscles ne s’endolorissaient pas. Pourtant, marcher lui semblait être la seule chose à faire. Il avait l’impression que c’était important. Continuer la route, poursuivre son chemin. - J’suis amoureux d’elle, annonça-t-il avec beaucoup de simplicité, cela même alors qu’il lui avait fallut une quantité abominable d’alcool pour admettre ce fait à son meilleur ami. Il s’en souvenait. Il avait bu ce soir là, beaucoup. C’était après la mort d’Aby.
Le paysage changea brusquement. Il se trouvait à présent dans un bar irlandais, près d’une fenêtre. La tortue y reposait sur le rebord. En face d’eux se trouvait Esteban, une bouteille de scotch, et Aaron. Celui-ci venait de manquer de s’étouffer avec une cacahuète.
-T'as failli me tuer avec tes conneries. Attends que j'aie fini de manger la prochaine fois que tu t'amuseras à m'annoncer une nouvelle comme ça... Et puis comment ça amoureux ? Si ça se trouve, tu te trompes : t'as pas l'habitude de converser aussi longtemps avec une jeune femme. En général, tu aimes quand ça va vite, tu viens de me le dire. Mais comme là t'as appris à la connaître, tu confonds peut-être attachement et amour... Roh putain Esteban...
Pause. Arrêt sur image.
- Ca, Mme Tortue, c’est la réaction de mon meilleur pote quand je lui ai annoncé la nouvelle. C’est pas cool hein ? Enfin, il m’avait déjà engueulé avant. Et copieusement, en plus, cet enfoiré.
Il perdait de vue l’important dans tout ça. Il ne savait plus encore une fois. Ne sachant plus très bien où était censé le mener tous ces souvenirs, il demanda : - Tu vas rester avec moi la tortue ?
Sonny Malone
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Sujet: Re: La quête de Mme Tortue [Terminé] Sam 3 Mar - 10:50
Absurde ou pas, le stratagème de Sonny fonctionna. Le jeune homme se fiait totalement à l’image de la tortue. Et elle-même s’était faite à l’idée de parler à travers le museau de cet animal, au fait d’entendre sa voix sortir de sous cette carapace. Avec des yeux d’enfants, le rêveur regarda l’animal et reprit sa discussion avec elle. Oui, après tout, tout le monde discutait tous les jours avec des tortues…
Mais ce qu’il lui dit l’empêcha une nouvelle fois de rire. Bon sang, enfin un rêve absurde, qui avait tout pour être drôle et pas moyen d’exploser de rire. C’était injuste. Enfin injuste… pas autant que sa situation à lui. Comment ça, il ne pouvait pas se réveiller ? Comment ça, c’était ici qu’il vivait ? Mais de quoi parlait-il ? La plupart des rêveurs, même s’ils subliment ou enlaidissent l’endroit où ils vivaient, projetant dessus leurs désirs, leurs peurs ou leurs états d’âme, gardaient bien enfouie en eux le souvenir de leur maison… mais pas lui apparemment. Et ça, c’était le signe indubitable qu’il y avait un problème. Rester à savoir lequel.
Derrière la tortue et le jeune homme, Sonny les suivit et observa le décor qui ne changeait pas, alors qu’ils étaient en mouvement. Signe d’un enfermement. Cela arrivait parfois dans les cauchemars, mais cela n’était pas si fréquent. Il avoua soudain qu’il avait perdu cette Anya, comme un petit garçon avouerait qu’il a égaré un jouet. Mais un jouet auquel il tenait, parce qu’il reconnut le plus naturellement du monde qu’il l’aimait. Pas de mensonge, pas de faux-semblants, pas de phrases alambiquées pour tourner autour du pot, pour dire sans dire. Certains trouveraient cela naïf, voire ridicule, d’avouer ainsi ses sentiments. Mais pas Sonny. C’était peut-être son côté fleur-bleue qui parlait, mais elle reconnaissait volontiers qu’il fallait beaucoup de courage pour dire ces mots et exhiber aux yeux du monde sa plus grande faiblesse : la personne que l’on aime.
Suite à cette déclaration, le désert s’effaça pour laisser place à un bar. Un bar de type irlandais apparemment. La tortue se trouvait sur le rebord d’une fenêtre. Sonny n’y était pour rien, le rêveur s’était totalement approprié les actants de son fantasme. Elle, elle se contentait de le suivre, de partir dans les mêmes délires que lui. Elle avait un esprit aussi déluré que le sien alors ce n’était pas bien compliqué. Alors elle observa la scène, comme à travers un écran de télévision. Le rêveur buvait un verre avec un autre homme, celui qu’elle avait entr’aperçu un peu plus tôt, au début du rêve. C’était son meilleur ami… vraiment ? il avait une bien étrange réaction pour un ami. Il ne semblait pas du tout heureux que son pote ait rencontré une fille qui lui plaisait et pour qui il avait des sentiments profonds. C’était bien un mec…
Pourquoi les gens ne pouvait-il pas se réjouir du bonheur de leurs amis ? Etait-ce trop demander ? Possible. Les gens sont foncièrement égoïstes, cela fait partie de la nature humaine, tout au plus on pouvait essayer de le cacher, mais cela ressurgissait toujours à un moment ou à un autre.
« Pas cool non. C'est vraiment ton ami ? », répondit Sonny, sa voix trouvant un écho dans celle de la tortue.
Un bon coup de pieds aux fesses, voilà ce que méritait ce soit disant meilleur ami. Ni une ni deux, Sonny le fit disparaître. Il n'était pas utile, au contraire, il éprouvait le pauvre rêveur. Celui-ci était perdu et même cet « ami » ne l’aidait pas à se constituer des points de repères fiables auxquels se raccrocher, à tel point que le jeune homme lui demanda si elle comptait rester avec lui. Alors elle fit mourir l'image du bar et les ramena sur la plage, là où tout était calme et où aucun souvenir désagréable ne viendrait parasiter leur discussion.
« Oui. Oui je vais rester avec toi. Tu pourras me parler d’Anya autant que tu le voudras. Dis-moi d’abord ton nom. Dis-moi ce qui te fait croire que tu habites ici. Ce n’est pas ton monde, tu dois le sentir au fond de toi. Tu ne te souviens pas qu’il existe un autre monde où le paysage change quand tu avances, où tes pieds deviennent douloureux à force d’avoir trop marché ? Cet autre monde existe et je suis à peu près sûre qu’Anya est là-bas. Ici elle n’est qu’un fantôme. Et ce n’est pas un fantôme dont tu es amoureux. C’est d’elle que tu es amoureux. De son rire, de ses qualités et de ses caresses. Ce n’est pas ici que tu trouveras ce que tu cherches. Souviens-toi de ton monde. Qui es-tu et que s’est-il passé ? »
Et voilà, Sonny n’aspirait qu’à s’épuiser et à rire un bon coup et elle était repartie dans une espèce de quête de sérénité pour un autre, en bon samaritain des rêves. Mais il l’avait touchée et intriguée. Et une Sonny touchée et intriguée, cela donnait une Sonny collante et curieuse… Elle voulait percer le mystère maintenant. Comme avec Remington, comme avec Ingrid. Elle ne voulait pas s'impliquer émotionnellement autant qu'elle l'avait fait avec eux deux, et c'était en partie pour ça qu'elle se cachait derrière l'image de la tortue. Elle ne voulait pas souffrir si elle n'arrivait pas à l'aider, elle voulait pouvoir reprendre sa vie sans mauvaise conscience si elle ne parvenait pas à l'extraire de ce rêve. Elle ne voulait pas que quelqu'un d'autre connaisse son secret. Mais elle ne voulait pas le laisser seul. Elle ne pouvait pas le laisser seul, parce qu'elle était certainement la seule personne à pouvoir tenter quelque chose pour lui, la seule du monde réel avec qui il pouvait encore avoir un lien. Allez savoir pourquoi, Sonny était peut-être narcissique mais elle sentait que si elle le lâchait et le laissait tomber, il resterait dans ce monde sans commencement ni fin...
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Sujet: Re: La quête de Mme Tortue [Terminé] Lun 12 Mar - 11:00
Est-c e qu’Aaron était vraiment son ami ? Esteban et un doute l’espace d’un instant. Il avait l’impression que tout cela n’avait pas réellement d’importance et le lien qui l’unissait au jeune lui semblait flou et lointain. Il dut plisser les yeux et se concentrer pour faire appel à sa mémoire. Aaron. Oui. Le type qui l’avait entraîné chez Genome. Lui revinrent en mémoire une cuite mémorable. La torture ne pouvait pas le savoir mais après, ils s’étaient battu, tous les deux contres des gros bras. Bien évidemment, ils s’étaient aussi copieusement fait casser la gueule, rien d’étonnant vu leur taux d’alcoolémie ce soir là. C’était stupide, mais ça fait partie d’un de ses meilleurs souvenirs. Aaron, le visage en sang, tenant à peine debout. Aaron supportant le deuil de sa jumelle en serrant les dents. Aaron lui faisant des cachotterie. Ca c’était moins marrant. Mais l’amitié ne serait pas amitié si elle s’évaporait au premier coup dur.
- On dirait pas comme ça, je te l’accorde, mais c’est un type bien. Il a juste tendance à penser qu’il faut qu’il porte… Comment on dit déjà ? Ah ouai… Le poids du monde sur ses épaules. Il est trop exigent envers lui-même, ça lui fait faire des conneries.
Mme tortue n’en avait surement rien à fiche mais après tout, à qui appartenait ce rêve ? à elle ou à lui ? Oui, à lui. Donc il pouvait faire et raconter ce qu’il voulait ! CQFD. My dream, my rules. Ou pas étant donné qu’ils venaient de regagner la plage sans qu’il n’y ait même pensé. Etrange, vraiment très étrange. Mme Tortue accepta de reste avec lui et Esteban en conçu un immense soulagement. C’était ridicule bien sûr, mais c’était ainsi. Il se rendait compte que la solitude n’était finalement plus si marrante que cela maintenant qu’il avait quelqu’un avec qui discuter. Une tortue têtue capable d’éternuer, quand même ! Pas n’importe qui ! D’ailleurs sa compagne de rêverie commença à lui poser tout un tas de questions et à soulever tout un tas de point sensible. Esteban plissa les yeux, se gratta l’arrière du crane, passa ses doigts sur son menton et haussa finalement les épaules.
- Tu me poses beaucoup trop de questions ! T’es ma conscience c’est ça ? J’savais que les consciences étaient des emmerdeuses, fit-il avec un sourire moqueur. Non vraiment, tu veux vraiment qu’on parle de ça ? Tu veux pas plutôt qu’on aille piquer une tête dans l’océan ? Ce serait plus cool non ? D’ailleurs t’es une tortue de mer ou une tortue de terre ?
Amoureux d’un fantôme. L’idée elle-même était d’une étrangeté absolue. Esteban essaya du mieux qu’il pouvait de se rappeler pourquoi il était là, comment il savait qu’il vivait ici, pourquoi il était seul avec sa conscience. Mais rien. Son cerveau semblait lui bloquer totalement les informations. Il n’avait pas envie d’y réfléchir. Ca l’agaçait de devoir réfléchir. Qu’elle le laisse tranquille avec ses bêtises ! Comme il était bien décidé à changer de sujet, il ricana :
- Et puis t’façon, ici t’es chez moi Morla ! Ca veut dire que je peux faire ce que je veux. Il se concentra pour faire apparaître des flammes peintes sur les deux flancs de l’animal. Et bah voilà, t’as plus la classe comme ça ! Une vraie rockeuse! Dis- moi… Tu es ma conscience à moi ou tu vas poser des questions à pleins d’autres…
D’autres quoi ? Il ne trouvait pas le mot pour définir son état. Dans ce pays de brume, le chuchotement de la mer fut bientôt assourdi par un bip aigu et régulier.
Sonny Malone
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Sujet: Re: La quête de Mme Tortue [Terminé] Lun 12 Mar - 15:06
Une emmerdeuse ? ? Voilà qu’elle se faisait traiter d’emmerdeuse maintenant ! Un comble quoi. Bien sûr, Sonny savait qu’elle pouvait vite taper sur les nerfs déjà, surtout quand elle se mettait à parler encore et encore, mais elle était comme tout le monde, elle n’appréciait pas du tout qu’on le lui fasse remarquer. Et lui donc ! A passer d’un rêve à l’autre, en lui parlant de ce dénommé Aaron dont franchement elle se moquait pas mal. Tout ce que voulait Sonny, c’était la fin de l’histoire… et comprendre aussi pourquoi il agissait de la sorte. Bon d’accord, ça n’était pas dit méchamment, le sourire sur son visage le laissait comprendre, mais voilà, Sonny était un fichu caractère et il finirait tôt ou tard par s’en rendre compte.
Gestes nerveux et tentatives bien maladroites pour changer de sujet. Décidément, ce rêveur allait lui donner du fil à retordre. Pourquoi ne pouvait simplement il pas lui parler comme si c’était la chose la plus normale du monde ? Etait-ce trop demander ? Et puis quel intérêt de savoir si elle était une tortue de terre ou une tortue de mer, sérieusement… Qu’en savait-elle ? C’était son rêve après tout, pas le sien. Puis il rit. Décidément, Remington la traitait de cinglée au moins cent fois par jour mais qu’aurait-il pensé de… de… bon sang, elle ne savait même pas comment il s’appelait celui-là ! Eh bien tant pis pour lui. Il n’avait pas voulu lui dire son nom, elle le surnommerait donc Machin. Au moins, avec ça, on était sûr de ne pas se tromper.
Quand il reprit la parole ce fut pour lui faire clairement comprendre qu’il ne répondrait pas à ses questions, qu’après tout il était ici chez lui, qu’elle ne pouvait rien faire. Il se permit même de peindre des flammes sur la carapace de la tortue. Non mais vraiment : Pour qui se prenait-il ? On voyait bien qu’il ne savait pas du tout à qui il avait affaire. Puis il lui demanda si elle était sa conscience à lui tout seul ou non, s’il y avait comme lui d’autres… D’autres quoi ? D’autres quoi ? Bon sang, une des réponses aux multiples questions que Sonny se posait se trouvait peut-être dans ce mot qui refusait de sortir de sa bouche.
Sonny s’énerva un peu. Emmerdeuse, Morla, aucun respect pour sa projection mentale, et maintenant ce refus ou cette incapacité de lui révéler une clé du mystère, c’en était trop. Oui, elle l’avait dit, elle avait un bien mauvais caractère et n’aimait pas du tout qu’on lui tienne tête ou qu’on lui refuse ce qu’elle voulait. Alors elle fit grossir la tortue qui se dressa sur ses pattes arrières et se retrouva affublée d’un bandeau bleu et d’une épée.
« Je suis ni une tortue de terre ni une tortue de mer, crétin. Je suis Leonardo, des tortues ninjas, ça se voit non ! »
Puis elle fit disparaître l’illusion au moment ou un bip bip strident et perçant commença à retentir. Elle laissa même tomber son « masque d’invisibilité ». De toute façon, vu le nombre de personnes déjà au courant de ce qu'elle était capable de faire… et vu qu’il était apparemment dingue… cela n’avait pas grande importance. Elle redevint donc réelle et alla se poster face à lui, qu’il se rende compte que Mme Tortue avait un visage et qu’elle n’aimait pas du tout qu’on ne réponde pas à ses questions.
« Premièrement, Machin, quand quelqu’un – et que ce quelqu’un soit une tortue ne change rien à l’affaire – te demande ton nom, la moindre des politesses est d’y répondre. Deuxièmement, ici, tu ne contrôles rien du tout. C’est pas chez toi, ok. Au mieux, c’est chez moi, et je ne crois pas t’avoir invité. »
Un bien vilain mensonge… enfin, un demi-mensonge pour être exacte. C’était bien le rêve de ce jeune homme, elle ne l’avait pas créé, elle l’avait juste modifié. Nuance. Par contre, là où elle ne lui mentait pas, c’était en lui disant qu’ici ce n’était pas chez lui, mais que c’était son domaine. Elle pouvait presque tout faire dans un rêve, elle était presque omnipotente. Et pour lui prouver elle lui lança :
« C’est moi qui pose les règles et si tu n’es pas content, mes amies se feront un plaisir de te virer… »
Et elle fit apparaître une armée de tortues, à l’image de la précédente. Des rangées entières recouvraient la plage désormais. Et surtout, elles s’approchaient lentement mais résolument du rêveur.
« Bon, tu veux bien répondre à mes questions maintenant, s’il te plaît. Je veux bien continuer de t’appeler Machin mais on va vite se lasser. Si tu veux que je sois ta conscience, je serai ta conscience… »
Et Sonny se transforma en Jiminy cricket pour le lui prouver, avant de reprendre sa forme humaine. Elle était un peu énervée, mais finalement cela l’amusait beaucoup. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas fait des trucs dingues et absurdes comme cela dans un rêve… et ça lui avait manqué. Alors elle sourit au jeune homme pour lui faire comprendre qu’elle ne lui cherchait pas de noises.
« Par contre, pitié, dis moi d’où vient ce bruit là… C’est infernal. »
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Sujet: Re: La quête de Mme Tortue [Terminé] Jeu 22 Mar - 21:43
Plus la tortue grossissait, plus les yeux d’Esteban S’arrondissaient. Sa lèvre inférieur en tomba, lui donnant l’air d’un ahuri devant la télévision. En même temps, qui n’aurait pas fait cette tête là en voyant une mignonne pette tortue casse-pied se transformer sous ses yeux en gigantesque tortue ninja ? D’accord, on était dans un rêve, mais là, ça dépassait son entendement. Il ne se serait jamais soupçonné avoir de tels capacité d’imagination. Tout y était ! Les muscles saillants, le bandana, le Katana. Il se serait cru transporté dans les dessins animés de son enfance, à la différence près que sa tortue à lui était seule. Et que c’était censé être une fille. Oui, il l’avait baptisée Mme Tortue, pas Mr Tortue. - Trop cool ! On s’fait une pizza ? En plus sérieusement, Leonardo est tellement plus cool que cet imbécile de Donatello !
Mais… Les tortues ninjas n’existent pas dans la vraie vie. Ni même dans les rêves apparemment. L’excitation toute enfantine qu’Esteban avait ressentie se mua en franche incompréhension quand Leonardo devint une jolie brunette. Une brunette canon. Une brunette qu’il était persuadée de ne jamais avoir vue sinon il ne l’aurait pas oubliée de si tôt. Il pensait pourtant qu’il était impossible de rêver de quelqu’un que l’on ne connaissait pas. Décidément, la situation devenait de plus en plus étrange. Et il n’avait pas envie d’y réfléchir. Lui, il aurait préféré profiter de l’instant présent sans se prendre la tête, sans se torturer les méninges, sans rien. Sa conscience totem en avait décidé autrement puisqu’elle se mit à copieusement l’engueuler, se transformant un moment en criquet comme dans Pinocchio. Une chose était sûre, sa conscience avait de bonnes références culturelles. Les mêmes que lui. Un point positif qui était fortement contrebalancée par l’armée de tortue qu’elle avait crée. Il y en avait partout, où qu’il tourna les yeux. À droite : des tortues ! À gauche : encore des tortues ! Dans la mer : des tortues qui avançaient vers lui !
- Ok, alors euh… J’aime bien les tortues, beaucoup, mais là, en fait, vous êtes beaucoup, beaucoup trop nombreuses et ce serait cool que tu renvoies tes copines dans les égouts, ou où tu veux, parce que sinon, j’vais virer claustro’.
Il s’était exprimé d’un ton angoissé. La multitude d’animal l’oppressait véritablement et il sentait son rêve lui échapper, virer au cauchemar. Ce n’était pas bon, pas bon du tout. Le bip bip sonore se mit à accélérée comme le cœur de quelqu’un sous l’effet de la panique. C’était d’ailleurs le cas. Quelle angoisse. Le paysage prenait des allures d’illustration de la fameuse morale : rien ne sert de courir, il faut partir à point. Esteban inspira profondément pour se calmer et reprit le contrôle de sa petite personne. Il dévisagea la jeune femme de haut en bas, appréciant ses jolies courbes et l’éclat de son regard. Elle avait l’air d’avoir un sacré caractère ! - Bon alors déjà, miss, t’étais franchement plus canon en tortue ! fit-il d’un ton amusé, cherchant à mettre un peu de légèreté dans cette conversation devenu trop étouffante. Bon résumons la situation, commençons par le commencement. Pourquoi l’avait-elle engueulé déjà ? Je m’appelle Esteban et toi ? D’ailleurs d’où est-ce que tu sors ? Pas de mon imagination sinon tu aurais été blonde, sans vouloir t’offenser, t’es canon, évidemment, mais je préfère les blondes. Et si c’est chez moi, je te l’ai dit, c’est ici que je vis ! Il roula les yeux vers le ciel. J’saurais pas t’expliquer pourquoi, j’sais pas. J’sais pas comment je le sais, mais je le sais. J’suis coincé ici, et c’est pas si mal que ça non ? Et le bruit…
Le bruit… Bip… Bip… Bip… Aussi régulier que les battements d’un cœur. - Oh merde…
Et la lumière fut. Des images se projetèrent dans son crâne. Des bribes chaotiques qui le heurtaient avec violence. Pourtant, c’est avec une certain calme qu’il énonça cette vérité en la regardant dans les yeux, ses airs de petit garçon pris en faut reprenant le dessus sur sa nature taquine :
- J’crois que j’suis dans le coma.
Silence de mort.
Sonny Malone
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Sujet: Re: La quête de Mme Tortue [Terminé] Ven 30 Mar - 18:51
Visiblement, les petites métamorphoses de Sonny avaient eu l’effet escompté et le rêveur ouvrit des yeux d’enfant émerveillé. Il était dingue, un doux-dingue, et sa remarque sur Donatello provoqua le rire de Sonny. Et il l’amusait tellement qu’elle accéda à sa requête sans broncher et débarrassa la plage de toutes les tortues qu’elle avait créées.
Ils étaient désormais seuls tous les deux, et il n’aurait pas le choix : il devrait répondre à ses questions… qu’il le veuille ou non. D’ailleurs, il sembla se calmer, reprendre ses esprits, si l’on pouvait dire ça comme ça. Il devait se demander ce qu’elle fichait là, dans son rêve. Une parfaite inconnue qui se permet d’envahir son univers et de le contrôler de A à Z. Quand Sonny vit l’éclair qui passa dans son regard, elle comprit qu’il allait lui sortir une idiotie… Elle ne tarda pas. Sonny comprit la plaisanterie et ne s’en offusqua pas, au contraire, elle avait été très fière de sa petite projection. Et enfin, les réponses à ses questions arrivèrent. Machin avait donc un nom. Il s’appelait Esteban. Il aimait les blondes… et il pensait être dans le coma…
Dans le coma ? Sonny ne l’avait pas vu venir celle-là… Jamais elle ne s’était retrouvée dans les rêves d’un comateux. Jamais. D’ailleurs, elle n’arrivait pas à entrer dans les rêves de personnes sont l’emprise de médicaments, inexplicable, c’était comme ça et elle n’avait jamais cherché à connaître le pourquoi du comment… Pourtant, Esteban devait être soigné, non ? Alors par quel miracle se trouvait-elle là ? Etait-ce son pouvoir qui évoluait ou juste l’état de ce jeune homme qui se modifiait et se rapprochait du sommeil ? Pas de réponse… Mais là, tout de suite, il fallait surtout briser ce silence de mort qui s’était installé.
“ Tu préfères les blondes, hein… Comme ça c’est mieux ? ”
Ses cheveux noirs s’éclaircir jusqu’à devenir aussi jaunes que le soleil… elle maintint cette image pendant une minute puis récupéra ses cheveux de latino, ses longs cheveux sombres qu’elle tenait de sa mère.
“ Désolée, je suis plutôt attachée à ma couleur. Je m’appelle Sonny. Et comme je te l’ai dit, les rêves, c’est mon domaine. Je ne sais pas comment ça se fait, ni même si ça s’explique, mais je peux le faire. Là mon corps est au fond de mon lit… je suis endormie… et quand je le veux, je peux venir dans ce monde là. Et si tu ne me crois pas c’est que tu es dingue, parce qu’il y a cinq minutes, tu te tapais la causette avec une tortue sans te poser de question. Alors à toi de choisir la version que tu préfères : une fille qui marche dans les rêves ou que tu perdes complètement la boule. ”
La suite de la conversation allait être plus pénible, alors Sonny changea une nouvelle fois le décor. Elle créa comme un petit resto, avec une alcôve où se trouvaient deux canapés face à face, encadrant une table. Elle fit un signe à Esteban pour qu’il la suive et elle s’installa dans l’un des fauteuils, avant de faire apparaître une pizza sur la table et d’en prendre une part dans laquelle elle mordit à pleine dent.
“ Tu m’as bien proposé une pizza, non ? Bon écoute. C’est bizarre que je puisse être dans ta tête si tu es dans le coma. Je crois que ça veut dire que tu es en train de plus ou moins en sortir. Ça expliquerait qu’on entende ce bruit. J’aimerais t’aider, sincèrement. Mais je ne suis pas sûre de savoir comment. Je n’ai pas le pouvoir de contrôler le sommeil… seulement les rêves. Tout ce que je sais, c’est que parfois un cauchemar bien violent choque tellement qu’on se réveille… mais je ne suis pas sûre que ce soit bon pour toi… Je veux dire, non pas que tu sois incapable d’encaisser, hein… mais si tu es dans le coma, ça veut dire que tu as déjà subi quelque chose de vachement violent. Ce ne serait pas cool de ma part d’en remettre une couche. Ça t’emmerde si je te demande ce qui s’est passé, pour que tu te retrouves dans cet état ? enfin, si tu t’en souviens… ”
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Sujet: Re: La quête de Mme Tortue [Terminé] Mar 1 Mai - 18:59
- T’es plus mignonne en brune, déclara-t-il avec sincérité.
Quel drôle de fille ! Franchement déroutante et amusante. On ne devait pas s’ennuyer avec elle. Il était bien content qu’elle soit venue squatter son rêve. Quoi que… Ce n’était pas vraiment un rêve et ils venaient de mettre le doigt sur quelque chose qui n’allait pas. Il était dans le coma. Bordel ! C’était vraiment craignos comme nouvelle. À côté de ça, marcher tranquillement dans le sable sans but lui semblait tout à coup très sympathique.
Il hocha la tête lentement lorsqu’elle lui dit être maîtresse des rêves. Il la croyait évidemment. Il pouvait même mettre un mot dessus : la mutation génétique. Il s’en abstint néanmoins, désirant se laisser plus de temps pour définir quelle était la probabilité que Sonny fasse partie de Genetic. On était dans un rêve oui, mais dans un foutu rêve réaliste où elle dominait tout. D’ailleurs, il pouvait sentir l’odeur de la pizza lui chatouiller les narines, son ventre gargouiller de faim. Est-ce que maintenant qu’il avait conscience que tout ça n’était qu’un rêve il pourrait tout de même manger en ressentant les goûts et l’impression de satiété ? - J’m’en rappelle, mais j’veux pas en parler. Evoquer Genome, Genetic, cette guerre pourrie, la gamine au milieu du champs de bataille, Aaron, Emy… Non, c’était au dessus de ses forces. Il se reprit et se força à sourire. Le prends pas mal hein. Mais c’est une histoire de fou, beaucoup plus dingue qui de pouvoir traîner dans les rêves des gens. On va juste dire que je me suis retrouver au mauvais endroit, au mauvais moment, et que j’ai pris un coup sur la caboche.
En parlant, il se toucha là où la crosse de l’arme d’Aleksandra Romanov l’avait touché. Le déclenchement de tout, sans doute. Il rafla une large part de pizza et la porta à sa bouche. La chaleur était bien là, le goût aussi. Son cerveau recréait toutes les sensations auxquelles il était habitué. C’était fou, complètement fou.
- Mais j’peux te raconter d’autre truc sur moi si tu veux. Je suis à L.A depuis bientôt six ans ! J’ai obtenu mon diplôme d’ethnologie en séchant un cours sur trois, et l’heure actuelle, je devrais être en stage en Afrique ! Au lieu de ça, j’suis ici. Mais c’est pas si mal que ça. J’me demande juste comment vont les autres tu vois ? Bref, et toi Sonny, ça fait longtemps que tu t’incrustes dans les rêves des autres ?
Tout en mâchonnant son morceau de pizza, Esteban tentait de remettre son cerveau à l’endroit. La tâche n’était pas aisée considérant qu’il n’avait jamais été très droit mais il avait bon espoir de parvenir à trouver une solution. Aaron devait s’en vouloir à mort. Emy, aussi. Et Anya, bon sang ! Dans quel état était-elle ? Est-ce que quelqu’un lui avait dit ? Qui allait prendre soin d’elle maintenant ? Le regard soudain lointain, il reprit :
- Et si tu me faisais vivre un vrai cauchemar maintenant, est-ce que ça me réveillerait ? Parce que je sais que ce n’est qu’un rêve maintenant… Ouai, non, t’as raison, c’est pas une bonne idée, et si mon cœur lâchait sans que je me réveille. Ca craindrait un peu… Est-ce que tu pourrais faire quelque chose pour moi ?
Non, il ne passait pas du tout du coq à l’âne. Non il n’était pas bavard. Non, il n’utilisait pas du tout son regard de chien battu pour faire fondre le petit cœur de la jolie brunette. Mais un peu quand même…
- Anya… Est-ce que tu pourrais lui dire que… Que j’vais bien ? Que j’vais m’en sortir ?
Sonny Malone
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Sujet: Re: La quête de Mme Tortue [Terminé] Mar 1 Mai - 21:40
Sonny l’avait deviné. Elle aurait dû parier. Il ne voulait pas en parler. De ce qui lui était arrivé, pour qu’il se retrouve dans cette situation. Cela titillait la curiosité de Sonny, mais elle comprenait. Il y a des choses qu’on doit absolument garder pour soit. Des expériences sur lesquelles on ne peut mettre des mots, parce qu’ils ne seraient jamais forts pour dire ce qu’on a vécu. Parce que ce serait faire offense à ce qui s’est passé. Sonny connaissait cette impression. Et elle respecterait le choix d’Esteban. Bon, cela ne l’aidait pas beaucoup, parce qu’elle ne savait pas du coup jusqu’où elle pourrait aller dans le cauchemar pour le réveiller.
Par contre, et à la différence de bien d’autres, il n’hésita pas à lui raconter sa vie. Tout en mâchouillant sa part de pizza, il lui expliqua qu’il avait suivi des cours (enfin suivi, c’était un bien grand mot apparemment) d’ethnologie, qu’il vivait à LA depuis six ans. Qu’il aurait dû être en Afrique.
« L’Afrique ? Pour une tribu particulière ? Je ne connais pas l’Afrique. Je suis un melting-pot à moi toute seule mais je n’ai pas beaucoup bougé dans ma vie. Je suis française. J’ai débarquée à LA il y un mois, pour étudier la littérature française. Ouais, c'est pas logique, je sais, mais il le fallait. Et je hante les rêves des gens depuis un peu plus de quatre ans. Mais pourquoi je te dis tout ça, moi ? On s’en fout en fait. Et d’abord, je ne me serais pas incrustée si tu n’avais pas fait un rêve bizarre où tu parles à une tortue. »
Mais déjà il était reparti dans sa tirade. Elle l’adorait ! Elle avait enfin trouvé quelqu’un d’aussi bavard qu’elle ! Si si, c’était possible ! Aussi incroyable que cela puisse paraître. Et surtout d’aussi désordonné dans sa tête. Comme celles de Sonny, les pensées d’Esteban avançaient selon leur propre volonté. Pas de cadre préconçu. Pas de froide logique. Elles gambadaient. Libres. Puisque son corps ne l’était pas. Au moins son esprit était libre. Et Sonny ne comptait pas le frustrer. Par contre, elle n’aimait pas du tout ce qu’il lui demandait. C’était la demande d’un type qui allait mourir. Et ça c’était glauque.
« On va te réveiller. J’veux pas avoir à dire ça à quelqu’un que je ne connais pas. Je suis désolée, mais Anya, elle mérite que tu te battes pour elle. T’imagines un peu ? Comment elle va le prendre, si c’est une inconnue qui vient lui dire « Hey ! ton mec qui est dans le coma me fait te dire qu’il t’aime » ? »
En disant cela, elle s’était relevée et faisait maintenant les cent pas. Elle voulait l’aider, vraiment, mais ce qu’il lui demandait… non. Non. Elle ne pouvait pas s’y résoudre. Et elle avait bien une idée. Ce serait dur. Ce serait cruel. Sadique aussi. Mais peut-être que ça pourrait marcher.
« Est-ce qu’il y aura quelqu’un à tes côtés, quand tu te réveilleras ? Parce que moi je me souviendrai. Je pourrai essayer de venir à l’hôpital au plus vite si ça marche. Pour que tu ne sois pas tout seul. »
Elle lui attrapa la main et l’obligea à se tenir debout. Il n’allait pas aimer. Mais il fallait le faire sortir de cette prison chimérique. Un bon cauchemar bien méchant. C’était la seule solution. Il était en phase de réveil, sinon, on n’entendrait pas les bip bip. Mais il fallait que le désir de se réveiller vienne de lui. Et s’il aimait vraiment cette fille…
« Je te demande pardon. »
Et le pardon n’était pas gagné. Elle fit apparaître la silhouette d’Anya, telle qu’elle l’avait vue quelques minutes auparavant. Elle tenta de la « remodeler » le plus fidèlement possible mais elle devait avoir loupé bien des détails que seuls un amoureux transi remarquerait. Mais l’enveloppe allait le leurrer. Elle le savait. Puis elle fit exploser les vitres du café dans lequel ils se trouvaient, sous la pression d’une vague gigantesque. L’eau pénétrait par toutes les ouvertures et emportait tout sur son passage. Y compris la projection d’Anya qui se mit à hurler, emportée par les vagues. Ce fut cet instant que Sonny choisit pour redevenir invisible. Elle allait mettre Anya en danger de mort, elle irait juqu’à la tuer devant les yeux d’Esteban pour provoquer un réveil en sursaut. Un choc assez puissant. Une montée d’adrénaline telle qu’il rouvrirait enfin les yeux… du moins, elle l’espérait.
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Sujet: Re: La quête de Mme Tortue [Terminé] Dim 6 Mai - 15:26
Mais non c’est pas ça, songea-t-il. Il ne baissait pas les bras. Enfin, il ne croyait pas baisser les bras ! Esteban voulait juste rassurer Anya le temps de trouver un moyen de sortir de sa prison onirique. S’assurer qu’elle allait bien, qu’elle ne s’inquiète pas. Il était un peu sonné par la réponse de Sonny. Ou alors c’était son cerveau qui recommençait à le lâcher, il ne savait pas trop. Il parvint tout juste à bredouiller quelques mots…
- J’suis pas son mec…
Rien à voir avec l’idée de base, évidemment. Tout ce qu’il avait à répondre c’était ça ? Alors qu’il y avait plus important ? Comme lui dire que non, il ne baissait pas les bras ?! Parfois, Esteban était complètement à côté de la plaque, il en avait conscience. Seulement, tenter de riposter quoi que ce soit fasse à une latino au sang chaud lui semblait un combat perdu d’avance. Elle maîtrisait parfaitement tout son cerveau, elle, ce qui, clairement, n’était pas tout à fait son cas, à lui. Elle lui demandait déjà s’il y avait quelqu’un qui serait là à l’hôpital. Il eut à peine le temps de hausser les épaules qu’elle s’excusait. Comment pouvait-il savoir si quelqu’un était près de lui alors qu’il dormait. Il lui semblait bien avoir entendu des voix familières mais comment distinguer ce qui venait du rêve de ce qui découlait de la réalité ? Il ne pouvait pas. Totalement paumé, Esteban jeta un regard plein d’incompréhension à Sonny.
- Hein, mais de quoi…
est-ce que tu parles ?. Il craignait d’entrevoir la répondre. Il déglutit péniblement. Anya apparut dans son champ de vision. Elle était si semblable à celle qu’il connaissait. Sans en avoir conscience, il ajouta les détails qui manquaient. L’éclat de ses yeux, l’allure de son sourire, la bague en plastique qu’il lui avait offert. Et puis soudainement le fracas de vitres brisés et la violence des vagues qui s’engouffrent avec une seule volonté : la destruction. Anya hurla et Esteban sentit son cœur s’emballer. Non, pas ça, pas maintenant ! Terrifié, il chercha Sonny des yeux mais son regard ne rencontra qu’un espace vide. La latino l’avait laissé tomber. Partie, envolée, celle qui aurait pu mettre un terme à ce cauchemar.
Anya hurla son prénom et une partie de lui oublia que tout ceci n’était qu’une mise en scène. Sa peur de la perdre le rendait déraisonné. Et si Sonny avait été cherché Anya pour l’insérer dans leur rêve ? Et si c’était vraiment son Anya qui venait de valdinguer contre un mur ? Cette infime possibilité représentait un risque qu’il ne pouvait pas prendre. Il se mit à nager. Furieusement. Ses muscles lui faisaient étrangement mal, comme s’il ne s’en était pas servi depuis des mois, des années. Mais, Esteban continuait. Il avait beau batailler contre les vagues, celles-ci entraînaient sa protégée toujours plus loin. Il eut l’impression de boire la tasse en tentant d’hurler. Son cœur s’emballait, le bip bip des machines retentissait frénétiquement. Bientôt, le décor disparut complètement et il ne resta que l’océan. Et puis l’horizon se rétrécit. Un tourbillon apparu, comme si l’eau était attirée par un siphon placé au fond de l’océan. La peur s’empara d’Esteban, il parvint à rattraper Anya et à se glisser sur une place.
Le corps de la jeune femme était froid, bleu. Ses yeux, morts. Il l’avait perdue… Il essaya de frictionner sa peau pour la réchauffer, la rendre à la vie mais elle explosa en un millier de grains de sable et Esteban se retrouva sans rien, à genoux sur la place, à regarder le tourbillon. Ses yeux s’emplirent de larmes et il serra les dents pour ne pas les laisser couler. Il détestait être aussi faible et sensible, ce n’était pas dans sa nature.
Esteban ne fuyait pas le danger, il fonçait. Esteban était d’un naturel jovial et optimiste. Mais aujourd’hui, il avait peur, terriblement peur de se réveiller.
- Et si tout ce que je retrouve en me réveillant c’est des cadavres ? Hein ? Sonny ? S’ils sont tous morts…
Ou pire… Enfermés dans les locaux de Genetic. Et lui, il serait un légume, il n’aurait plus la possibilité de parler, ou de marcher et il ne pourrait pas aller les sauver. Regagner le monde réel le terrifiait car il n’avait aucune idée de ce qui pouvait l’attendre. L’espoir c’était envoler.
L’horizon s’était encore rétrécit, il avait l’impression que seule cette toute petite île déserte, semblable à un dessin d’enfant avec un seul palmier, existait. Une boule avait élu domicile dans sa gorge. Ce qui l’enchaînait à cette toute petite île, c’était la peur.
Sonny Malone
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Sujet: Re: La quête de Mme Tortue [Terminé] Lun 7 Mai - 14:18
Esteban rêvait qu’il prenait Anya dans ses bras sur une plage romantique. Il s’inquiétait pour elle. Il avait reconnu qu’il l’aimait. Mais mis à part ça, il n’était pas son mec… Et la marmotte elle met le chocolat dans le papier d’allu… mais bien sûr ! Ou alors ils n’étaient que deux idiots qui refusaient de s’avouer leurs sentiments respectifs. Si c’était la 2e solution, l’horrible stratagème de Sonny aurait au moins le mérite de lui foutre un coup de pied au cul pour qu’il se bouge. Oui, la manipulation de la française était cruelle. Montrer l’être aimé en danger, il n’y avait rien de pire. Rien de plus douloureux. Elle s’en voulait de lui imposer cette épreuve, mais elle était nécessaire pour le sortir de cette prison. Il fallait un électrochoc, et elle n’avait pas envie de lui tirer dessus de sang-froid comme elle l’avait fait avec Remington. Alors elle le regarda se démener comme un beau diable dans l’eau, surmontant sa peur et sa fatigue pour sauver la jeune femme que son inconscient avait remodelée comme dans ses souvenirs.
Le bruit des appareils devenait de plus en plus assourdissant et les bip bip venus de l’extérieur recouvraient presque le rugissement des vagues. Sonny sentait qu’il était en train de se réveiller, le monde réel s’engouffrait de plus en plus dans celui du rêve. Et Sonny s’entait qu’elle “ flottait ”. Difficile de décrire cette sensation. Elle était encore bien ancrée dans le rêve d’Esteban, mais elle sentait qu’elle pourrait être éjectée d’un instant à l’autre. Il fallait qu’il insiste, qu’il se batte encore. Et c’était ce qu’il faisait. Tout le décor disparut, et ce ne fut même pas sous l’influence de Sonny. Non. C’était Esteban qui faisait tomber les barrières. Le café, piouffff, envolé. Plus qu’un océan et un tourbillon. Voilà, il y était presque, qu’il se laisse engloutir et il se réveillerait…
Sauf qu’il était visiblement têtu. Quelque chose le retenait ici. Mais allez savoir quoi. Un coma, ce n’est pas la même chose qu’un simple rêve, et Sonny n’avait pas mesuré visiblement le chemin qu’il restait à parcourir. L’inconscient d’Esteban reprit le dessus et se créa une petite île où il s’échoua avec le corps mort d’Anya. Dire que même cette vision, même l’explosion du cadavre en grains de sable n’avaient pas suffi à le tirer de sa torpeur. Il était terrifié. C’était donc cela. Ce n’était pas qu’il ne pouvait pas se réveiller. Il ne voulait pas se réveiller, nuance ! Craignant de se réveiller dans un monde en ruine d’où on lui aurait arraché ses amis. Alors Sonny réapparut et s’assit auprès de lui, sur le sable.
“ T’es pas un cas facile tu sais. Le dernier que j’ai dû réveiller, je lui ai tiré une balle entre les deux yeux et ça a suffi. ”
Elle se pencha vers lui et son épaule frappa la sienne, avant que sa main se pose sur son avant-bras. Tant pour le rassurer que pour éviter une éventuelle gifle à peine méritée.
“ J’ai perdu des proches. Je sais ce que cela fait que de dormir et de se réveiller en priant pour que ce ne soit qu’un rêve, pour que rien ne soit réel. Je sais aussi ce que cela fait que de refuser de se réveiller, vouloir rester dans ce monde chimérique où tout peut exister. Mais ici Esteban, tu n’auras jamais Anya et tes amis. Tu n’auras que des ombres. Peu à peu, tu vas oublier l’éclat de leurs yeux, leurs parfums, le son de leur voix. Et qu’est-ce que tu vas faire ? Errer seul, pour l’éternité, à courir après tes souvenirs. ”
Sonny ne mentait pas, elle savait. Les nuits, après l’incendie, avaient été horribles. Elles les revoyait tous, elle savourait les bons moments qu’ils avaient passé ensemble, puis le disque s’était peu à peu rayé et des notes avaient été perdues. Oh oui, elle comprenait qu’il veuille se cacher, échapper au monde et à sa cruauté. Il fuyait, comme elle avait fui. Mais finalement, était-ce réellement la solution ? A le voir là, comme ça, terrifié et refusant d’ouvrir les yeux sur la vérité, elle ne pouvait que s’interroger sur sa propre fuite. Elle avait quitté son pays pour s’aveugler. Elle aussi, elle vivait dans une chimère.
“ Il faut que tu en aies le cœur net. Il faut que tu le saches, Esteban. Tu imagines le pire, mais pense un instant…. Et s’ils allaient bien. S’ils t’attendaient ? Si Anya était en train de pleurer à ton chevet ? Si Aaron t’attendait pour aller boire un coup. Combien de temps tu vas les faire patienter ? ”
Oui, combien de temps ? On finit toujours par être rattrapé par son passé. Toujours. Mais s’il n’était pas décidé, elle ne pourrait rien faire pour lui, pas cette fois. Alors elle resta assise, les genoux ramenés contre sa poitrine. Elle n’avait plus beaucoup de force. La manipulation du rêve d’Ingrid la nuit dernière, puis le déchaînement ici… c’était épuisant, et son corps risquait de lâcher avant qu’elle puisse le sauver, si tant est qu’il voulait l’être. Alors elle fit juste apparaître une tortue, customisée avec des flammes, qui s’approcha d’Esteban et lui donna un petit coup de tête, réclamant une caresse. Comment ça, on n’a jamais vu une tortue réclamant des caresses ? Parce qu’une tortue avec des flammes qui surgit de nulle part ça vous choque moins peut-être ?
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Sujet: Re: La quête de Mme Tortue [Terminé] Sam 12 Mai - 20:37
Sonny réapparut mais la fraîcheur du début de leur rêve partagé avait disparu. Esteban était épuisé. Ses traits étaient tirés, comme émaciés. Etait-ce la façon dont il avait décidé de se représenter ou bien était-ce la réalité de son corps qui reprenait le dessus ? Il eut un pâle sourire quand elle posa sa main sur son bras. Cette fille était vraiment une extra-terrestre et il ne mettait pas en doute une seule seconde qu’elle ait eut le cran de tirer une balle dans la tête à quelqu’un. Enfin, dans un de ses rêves, évidemment. Et puis, elle avait raison. Terriblement raison. Qu’aurait-il s’il restait ici ? Rien : le néant. Un tas de souvenirs avec lesquels jouer mais ça n’aurait le goût de rien. D’ailleurs, avant que Sonny ne débarque en marraine la bonne fée, il n’avait conscience de rien. Valait-il mieux l’inconscience ? Non. Pour autant, il ne se sentait pas vraiment les épaules d’affronter son réveil. S’il avait perdu Anya et Aaron… Serait-il capable de s’en remettre ?
- Hey… Petite Morla… fit-il en caressant affectueusement la tête de la tortue. J’savais que les flammes ça avait trop la classe. Dis… Sonny ? J’pourrais avoir la même à mon réveil ?
Dans l’horizon réduit, un soleil carton pâte se couchait en accéléré. Bientôt, ce fut la nuit et les étoiles. Pourtant, ils y voyaient comme en plein jour. On ne pouvait plus voir le palmier. L’île, elle même disparut. Les voilà au milieu de l’immensité du rien. Esteban inspira à plein poumon. C’était joli ici, rassurant.
- Tu sais, dans la vrai vie, j’suis un battant. Un crétin d’optimiste aussi. Anya me râle toujours dessus parce que j’vois le verre à moitié plein. J’crois bien que t’es la seule à… Tu vois quoi ? À avoir eut affaire à un Esteban paumé et lâche. J’en suis pas très fier. Et puis pourquoi je te raconte tout ça, t’façon ? Ce coup sur le crâne doit vraiment m’avoir remué les méninges.
Ca lui faisait penser au petit prince ce décor d’infini de rien. Il ne voulait pas posséder les étoiles, mais voyager de planète en planète, ça lui aurait quand même bien plus. Surtout en si bonne compagnie. Il se sentait fatigué. Lui-même commençait à devenir intangible. Ses pensées ressemblaient à des brouillons qui s’emmêlaient les un avec les autres. Des écritures griffonnées d’une main mal assurée. Des griffonnages sur aucun papier, qui flottaient dans sa tête.
- Hey Sonny ? Si je me réveille… J’viendrais te voir pour manger une pizza, et t’as intérêt à ce que ma tortue soit là, prête à être adoptée. Une femelle hein ? je l’appellerais Morla-Sonny. Et si t’en avais une, on ferait des courses, comme les gosses ! Bien sûr, je gagnerais !
Esteban ferma les yeux. Son rêve lui échappait. Encore une fois.
- Merci.
Il serait bien resté plus longtemps mais cette histoire lui filait entre les doigts. Esteban disparu complètement. Sa tête était prête à se réveiller. Mais son corps, lui, ne l’était pas.
Sonny Malone
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Sujet: Re: La quête de Mme Tortue [Terminé] Lun 14 Mai - 22:25
Ils devaient être beaux à voir tous les deux. Complètement épuisés, complètement abattus, avec pour seul compagnon une tortue couverte de peinture. Sonny savait qu’elle avait mis les nerfs d’Esteban à très rude épreuve et qu’il devait être à bout. Elle-même sentait qu’elle tirait sur la corde. Bientôt son image s’évanouirait et le pauvre se retrouverait là, tout seul. Peut-être que son inconscient serait assez fort pour maintenir la vision de la tortue et faire en sorte qu’il ne soit pas complètement seul. Et elle, que ferait-elle ? Et bien pour commencer elle dormirait. Elle avait utilisé son pouvoir la nuit précédente, entamant bien ses réserves d’énergie, puis elle avait bossé au bar toute la soirée avant de se coucher. Et impossible de dormir correctement. Et une insertion dans un rêve qui lui grillait ses batteries. Dès qu’elle serait éjectée, elle dormirait à poings fermés, le temps que son corps s’en remette. Mais après ? Que se passerait-il ?
Esteban lui donna une semi-réponse : il voulait une tortue. Une tortue ? Oui après tout, ce serait logique. Peut-être qu’effectivement elle irait dans une animalerie pour lui en prendre une et la lui offrir quand il referait surface. D’ailleurs, il fallait qu’elle lui pose une question importante… sauf que cette question ne fut jamais posée car l’attention de Sonny se focalisa sur le décor. Le soleil se coucha avec une grande célérité, laissant place à la nuit puis le néant. Plus d’île. plus d’espace. Plus de temps. Etait-ce Esteban qui s’apprêter à s’éveiller ou elle qui était sur le point de s’effondrer ? Difficile à dire.
« T’es pas un lâche. Je pourrai jamais dire de quelqu’un qu’il est lâche parce qu’il préfère « fuir » ou du moins se cacher parce qu’il a peur de perdre les gens qu’il aime. Bon dis comme ça, ce n’est pas très flatteur. Et peut-être que tu as raison et que j’ai tort. En tout cas, ce que tu as fait pour Anya tout à l'heure, ça n'était pas lâche. »
Esteban lui promit de lui offrir une pizza, en échange de sa tortue. Que de symbole. Une rencontre entre une Sonny-tortue et un doux-dingue qui avait fini autour d’une pizza. Au moins, dans la vie réelle, il n’y aurait pas d’inondation, pas de souffrance, pas de corps flottant. Sonny se mit à rire des visions presque enfantines d’Esteban. Des courses de tortues ? Ma foi, elle en aurait bien été capable !
« J’ai pas vraiment la place d’avoir un animal là où je vis et une tortue, ce n’est pas assez remuant pour moi. Bref, elle serait malheureuse avec moi et elle se perdrait sous tout mon bordel. Et je te propose qu’on aille la choisir ensemble quand tu seras réveillé, ce sera plus simple. Pauvre tortue sinon. Et oui ! une femelle, pas un mâle que tu appellerais Tortue Géniale. Là, je mettrai mon veto direct ! »
Cela pouvait paraître ridicule, mais Sonny avait vraiment envie qu’il se réveille et que tous deux fassent des choses aussi insignifiantes qu’acheter une tortue (bon, il serait difficile d’en trouver une ainsi décorée…), manger une pizza ou se comporter comme des gamins. Parce que cela voudrait dire qu’Esteban vivait. Et ça, c’était quelque chose. Elle entendit vaguement un « merci » et puis soudain, le vide absolu. Esteban avait disparu et elle se réveilla dans son lit, exténuée comme jamais et les paupières d’une lourdeur insupportable. Un mal de crâne absolument abominable en prime. Elle se passa une main sur le front et fit la grimace.
« Esteban… je ne sais pas comment tu t’appelles… »
Voilà, la question qu’elle aurait dû poser et qui était passée à la trappe, c’était celle-là. Son nom. Elle aurait bien voulu le connaître pour pouvoir trouver dans quel hôpital ou dans quelle clinique il était. Tous les jours, elle aurait pris de ses nouvelles, attendant fébrilement le jour où on lui dirait qu’il était enfin revenu parmi eux. Dès qu’elle l’aurait su, elle aurait acheté une tortue et l’aurait apportée avec un joli ruban. Il aurait au moins eu de la compagnie à son réveil. C’était comme pour Anya et Aaron. Elle aurait dû lui demander des précisions pour faire des recherches sur eux, histoire de savoir s’ils étaient encore en vie et s’ils seraient là pour lui. Mais elle ne l’avait pas fait. Une nouvelle fois, elle avait merdé. Et il ignorait tout d’elle également… Dès lors, la perspective de le retrouver dans le monde réel lui sembla terriblement lointaine et ardue. Peut-être qu’elle retrouverait son rêve, s’il ne se maintenait pas éternellement en phase de réveil… peut-être, ou pas.
Désormais il était seul. Lui et sa volonté de se battre. Sonny ne pouvait plus rien pour lui… Couchée dans son lit, elle se sentit terriblement coupable de n’avoir pas pu l’aider, mais ses forces la laissèrent tomber et elle perdit connaissance en lâchant dans un murmure :