Aux maux désespérés, il faut des remèdes désespérés, ou il n'en faut pas du tout [TERMINE]
Sonny Malone
La Fille de vos Rêves… ou de vos Cauchemars
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Sujet: Aux maux désespérés, il faut des remèdes désespérés, ou il n'en faut pas du tout [TERMINE] Ven 11 Mai - 16:23
4 novembre 2010 - soirée
« Tu ne te rends pas compte je crois. Ton papa n’est pas quelqu’un de bien. Je le croyais. Je te jure que je le croyais. Sinon je ne t’aurais pas laissé entrer dans sa maison. Pourtant, c’est lui qui a voulu de toi. Si, si, je te jure. Il aurait pu choisir quelque chose de normal et de beau, mais il t’a choisi toi. En plus tu es dans cet état à cause de moi. Il a voulu rattraper mes bêtises. Encore. J’en ai fait des bêtises tu sais. Ta maman non plus n’est pas quelqu’un de bien. Pourtant je ne fais pas ce qu’il fait lui… comment on peut faire ça, hein ? comment on peut avoir soi-disant des sentiments aussi forts et faire ce genre de choses ? Tu trouves pas ça bizarre toi ? Et comment a-t-il pu me dire qu’il m’aimait et me balancer toutes ces horreurs ? ça n’est pas possible. C’est pas humain. Pourquoi il fait ça d’après toi ? Toi aussi tu crois que c’est la faute de son père ? Je suis sûr qu’il a un rôle là-dedans. De près ou de loin, parce que lui et Jay ont les mêmes réactions. Exactement les mêmes, alors qu’on vienne pas me dire que c’est génétique. Je suis sûre que c’est Ben. Il a dû le convaincre qu’il ne pourrait rien faire de bien dans sa vie. Que sa seule manière de laisser une empreinte ce serait cette… abomination.
Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ? Bien sûr que non je ne suis pas psy. Mais je vois bien ce qui est en train de se passer avec Jay. Si seulement il se rendait compte qu’il existe autre chose. Qu’il peut faire autre chose que donner la mort. Parce qu’il en est capable. Il l’a fait. Pendant plus d’un mois et demi. Un mois et demi. C’est con. C’est si peu. Pourquoi ça nous met dans des états pareils ? Un mois et demi. On n’a même pas tenu deux mois alors pourquoi ça fait si mal. Pourquoi j’y ai cru ? Ce n’est pas mon genre de m’emballer si vite. Qu’est-ce que j’espérais ? Qu’on ferait notre vie ensemble ? C’est ridicule. On le savait, depuis le début…
Je suis sûr qu’il peut faire de grandes choses. C’est un artiste, il peut créer tellement de choses au lieu de les détruire. Et pourquoi je lui cherche encore des excuses, hein ? Après tout, c’est monstrueux ce qu’il fait. Pourquoi c’est moi qui ai honte à sa place ? Pourquoi ? Pourquoi ça me fait si mal, pourquoi est-ce qu’il y a cette maudite voix dans ma tête qui me dit qu’il suffirait que je ferme les yeux et que faire comme si de rien n’était nous aiderait tous les deux… mais ça ne marche pas comme ça, hein ? Pourquoi j’ai l’impression que c’est de ma faute ? C’est lui qui fait des trucs dégueulasses et c’est moi qui me reproche de ne pas être assez forte pour faire comme si ce n’était pas grave. Pourquoi est-ce qu’on ne peut pas arrêter d’aimer quelqu’un rien qu’en appuyant sur un bouton ? Pourquoi tu dis rien, Teddy ? »
Sonny avait mal. Elle avait enfin eu le courage de rentrer chez elle, seule. Toute seule. Mais elle avait si mal et les choses allaient de mal en pis. Nausées perpétuelles, dès qu’elle fermaient les yeux et qu’elle revoyait la pièce avec les bocaux contenant des foies. Cela faisait à peine trois jours que ça s’était passé. Et elle n’avait presque pas dormi. Impossible. Dès qu’elle fermait les yeux, ces visions la hantaient. Depuis trois jours, elle passait sa vie couchée sur son lit, serrant Teddy jusqu’à l’étouffer… Enfin, façon de parler. Elle ne mangeait presque plus non plus. Tout son corps la lâchait. Mais au moins, peut-être qu’en souffrant physiquement, elle arrêterait de penser à la douleur mentale, à celle du cœur. Elle n’était pas retournée en cours ni à son boulot depuis. Etait-ce important de toute manière ? Si elle ne pouvais plus payer son loyer, elle serait à la rue, elle mourait plus vite et ce serait fini. Non ? Non… non, depuis le 1er novembre, elle n’avait plus tenté de se donner la mort. Peut-être parce qu’une partie d’elle s’accrochait encore à la vie. Non. C’était faux. Si elle n’avait plus rien tenté, c’était à cause de Remington. Il s’en prendrait à sa famille si elle faisait quoi que ce soit pour se tuer. A sa mère Anne. Et il était hors de question qu’elle et son bébé paient pour ses erreurs. Alors d’accord pour une longue et douloureuse agonie. Et ce jeudi-ci, elle avait eu la force insoupçonnée d’aller en cours, sans y prêter réellement attention et d’enchaîner avec son boulot, avec sa peluche dans son sac. Ridicule, mais c’était la seule chose qui lui permettait de tenir. Mais elle n’était pas rentrée ensuite. Il était 20h et elle n’avait pas envie de penser. Elle s’était jurée qu’on ne l’y reprendrait plus, mais foutue pour foutue, elle était retournée dans un bar en dépit de sa douleur persistante à la cheville, bien protégée par son attelle, et elle sifflait verre sur verre, Teddy posé sur le comptoir, et avait entamé avec lui et sous l’œil amusé et sarcastique des autres clients, une longue discussion philosophique.
« Tu crois que je devrais partir encore ? Je veux dire, je me suis tirée de France, alors pourquoi je ne quitterai pas Los Angeles ? Bon, j’aurai des problèmes pour circuler librement mais après tout, c’est possible non ? Si je passe avec tout un groupe d’émigrés clandestins. Quoique je suppose que ce genre de mouvements ça se fait plus du sud vers le nord que du nord vers le sud… je risque d’être un peu toute seule en fait. Mais bon, ça doit se tenter. Je ne manquerai pas à grand monde et je t’emmènerai avec moi. Tiens, regarde. Il suffirait qu’on parte en Colombie. Ma mère n’a jamais voulu m’y emmener. Elle disait toujours qu’elle n’en gardait pas de bons souvenirs, mais ils peuvent difficilement être pires que ceux que je garde de France ou d’ici. Si ? J’en sais rien. Elle n’a jamais voulu m’en parler. Apparemment, elle ne s’entend pas avec le peu de famille qui lui reste là-bas. Enfin, je m’en fiche. Je cherche pas à retrouver une famille. Je veux un endroit sans personne. Personne pour me rappeler toute cette merde. Ce serait vache d’abandonner Capucine, Jayden et Ingrid, mais qu’est-ce que je peux faire d’autre ? Et je parle espagnol, donc là-bas, je devrais m’en sortir ? Alors, tu crois que c’est un bon plan ?
Tu ne m’aides pas beaucoup tu sais. Et puis, ce n’est pas comme si j’avais le choix dans le fond. J’ai raté trois jours de boulot et là, avec tout ce que je suis en train de dépenser, je vais être dans la dèche. Je n’arriverai pas à payer mon loyer et je ne peux pas demander un crédit ou un truc du genre. Le pire, c’est que je m’en fous. Ce qui m’embête, c’est toi. Tu vas être obligé de dormir dehors avec moi. J’aurais dû te laisser chez lui. Bon, il y a cette pièce, mais au moins, tu aurais été au chaud. Alors, je fais quoi ? Je pars en Colombie ou je reste ici ? Pffffff, je n’en sais rien. Braman… Barnam… barman… Machin ! un autre verre ! j’ai encore un peu d’argent… enfin, je crois… »
Sonny ouvrit son porte-monnaie… ouais, bah en fait, elle n’aurait jamais assez d’argent pour payer ce qu’elle avait déjà consommé. Mais tant pis, le barman n’était pas censé le savoir après tout. Au mieux, elle aurait une ardoise qu’elle n’arriverait pas à honorer. Au pire, les flics viendraient la ramasser. Et ça, c’était juste la pire des solutions envisageables compte-tenu de son histoire. Pas de papiers en règle, une fausse carte d’identité et un gros mensonge. Mais bon, Sonny s’en fichait.
« J’ai envie de chanter une chanson Teddy. Mais je ne sais pas laquelle. Han, si, je sais. Ecoute celle-là. Je ne l’avais jamais vraiment comprise avant…
I close my eyes Only for a moment and the moment's gone All my dreams Pass before my eyes, a curiosity Dust in the wind All they are is dust in the wind
Same old song Just a drop of water in an endless sea All we do Crumbles to the ground though we refuse to see
Dust in the wind All we are is dust in the wind
Don't hang on Nothing lasts forever but the earth and sky It slips away And all your money won't another minute buy
Dust in the wind All we are is dust in the wind »
Un homme venait de s’approcher d’elle alors qu’elle chantait doucement et encore bien malgré son état d’ivresse avancé. A travers le voile de brouillard qui s’était formé devant ses yeux, Sonny put voir qu’il était plutôt grand, châtain clair, tirant sur le blond. Qu’est-ce qu’il lui voulait ? pas moyen de se bourrer tranquillement dans cette ville. Sonny ne s’attarda pas. Il devait la prendre pour une folle dégénérée mais elle se moquait pas mal de ce qu’on pouvait penser d’elle. Alors elle se tourna de nouveau vers son ours en peluche qui ne ressemblait à rien à cause de la balle qui lui avait explosé un œil.
« Qu’est-ce que je te disais déjà ? Ah oui, la chanson. Le groupe c’est The Kansas. Je ne suis jamais allée au Kansas. Je me demande comment c’est. En fait, je ne sais même pas ce qu’il y a là-bas… Je crois même que je suis incapable de te citer un seul nom de ville du Kansas. Mais pourquoi je te parle de ça moi ? La chanson. Oui, « Dust in the wind ». Une belle chanson pour dire en substance que la vie c’est de la merde. Ne pas s’accrocher, rien d’éternel. Si seulement ils savaient à quel point c’est vrai. Ne tombe jamais amoureux Teddy. L’amour ça craint. Tu te mets à rêver, à croire que tu pourras toujours compter sur quelqu’un, que tu vas avoir un avenir et un beau jour BAM tu te réveilles. Et ce réveil-là, il fait très mal tu peux me faire confiance. Tu te casses en mille morceaux et pouf… plus rien. Ils le disent dans la chanson. Ça ne sert à rien de s’accrocher. Je sais même pas pourquoi je me suis levée ce matin en fait. Et vous ? Oui, vous ! »
Sonny venait de tapoter l’épaule du type à côté d’elle, qui la regardait depuis tout à l’heure comme s’il l’avait déjà vue quelque part.
« Vous voulez pas lui faire comprendre que la vie c’est craignos et que de toute façon on finit toujours seul et malheureux à la fin ? Je suis sûre que vous savez ce que ça fait, vous, de voir ses rêves brisés et partir en fumée. Il ne me croit pas. Vous vous m’avez l’air d’un type qui sait ce que c’est pas, vrai ? J’ai l’impression qu’on se connaît en plus, non ? Enfin peut-être pas. Parce qu’au cas où vous le l’auriez pas remarqué, je suis un peu beaucoup bourrée là. Alors je ne sais plus trop. Pourtant, à la base, je n’aime pas l’alcool. Et la dernière fois que j’ai bu, c’est mon meilleur ami qui a dû me ramener. Et je lui avais promis de ne plus toucher à cette merde. Mais là, c’est un cas de force majeure. Je sais pas si je peux devenir alcoolique après ça, mais c’est fou ce que ça fait comme effet. J’avais le choix entre rester couchée comme une larve chez moi toute seule, à verser toutes les larmes de mon corps. Ou venir me taper la honte ici et me ruiner. Et ne le dites pas au gérant, mais j’ai pas assez d’argent pour le payer… Vous croyez que j’arriverai à me sauver en courant ? Hum, je ne crois pas en fait car déjà là, je vous vois en double.
Bon, bref, je ne sais pas qui vous êtes, mais si vous faites partie du club de ceux pour qui la vie, c’est de la merde et en particulier l’amour, prenez un verre avec moi. Vous parlerez peut-être un peu plus que Teddy. Teddy c’est lui, il a eu un petit accident. Je lui ai malencontreusement tiré dessus à un stand de tir à la carabine sur une fête foraine. On l’avait choisi avec mon… mon… bref, avec celui qui m’a permis de comprendre que l’amour ce n’est rien de plus qu’un vaste mensonge et que ça fait mal à en crever parce que ça ne s’arrête jamais vraiment. Bon alors, qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi vous ne parlez pas ? Pourquoi vous me dévisagez comme ça ? Vous n’avez jamais vu une fille ivre parler à un ours en peluche ? Arf, il n’y a que moi pour faire ça…Bon, allez-y, dites-moi ! »
Spoiler:
Voilà, je présente toutes mes excuses à Dean et à ceux qui nous lirons, mais j’ai réussi le défi lancé par Remington, à savoir placer 1600 mots de parole. Il y en a exactement 1608. Les choses peuvent rentrer dans l’ordre.
Dernière édition par Sonny Malone le Dim 27 Mai - 21:26, édité 1 fois
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Sujet: Re: Aux maux désespérés, il faut des remèdes désespérés, ou il n'en faut pas du tout [TERMINE] Mar 15 Mai - 11:08
La vie avait repris son cours, me plongeant dans cette attitude morose que je voulais bannir d'un geste de la main, mais qui restait pourtant collée à chacun de mes membres. Bon sang, que j'avais envie de changer. Il me fallait pas grand chose, j'en étais bien conscient, mais le fait est que je ne voulais pas la trouver. Mon cœur y était encore trop attaché et la délaisser aussi sauvagement n'était pas dans mes cordes. Certains me diront que ça fait maintenant deux ans et qu'il serait temps de penser à autre chose, mais je me résignais à leur balancer des paroles acerbes, rejetant au mieux leurs propos censés. J'étais peut-être trop fou pour m'en passer. Ça devenait malsain et je me noyais alors dans le travail et la solitude. Rentrer chez soi, quand personne ne vous attend, il n'y a rien de plus dépriment. Alors je squattais les bras comme ce bon vieux ivrogne de Gustave McAlister. Un chic type qui avait sombré dans l'alcool après de multiples refus sur un bouquin qu'il avait écrit il y a de ça quelques années. Il me faisait vaguement penser à cette image maternelle qui me rebutait. Les bars empestaient l'alcool, les alcooliques me dégouttaient, mais pourtant c'est dans ce genre d'endroits qu'on fait de drôles de rencontres.
Je devais appeler Clara, lui demander si elle se portait bien. Mais non, je n'avais pas eu le cran. Et Jessie ? N'avait-elle pas été à cette fameuse soirée ? Je n'avais pas prit de nouvelles de ma petite rousse adorée et je me sentais encore plus minable que la veille. Faut savoir se secouer les plumes de temps en temps, les gens ne sont pas toujours là pour vous. Ils ne peuvent pas connaître vos états d'âmes à moins d'être télépathes.
Je pris la direction d'un bar quelconque de la ville. Los Angeles regorge de vie, tant bien la journée que le soir. On peut y croiser toute sorte d'énergumène, mais ce soir … je ne pensais franchement pas tomber sur ce genre de personne. Une jeune femme de type portoricaine, parlant de vive voix à un ourson en peluche, se lamentait sur sa vie et sur ses relations. J'écoutais ses propos d'une oreille seulement. Intervenir n'était pas mon genre. J'étais plutôt spécialiste lorsqu'il s'agissait de se fondre dans la masse. Elle débitait tout un tas de paroles qui me paraissait incompréhensibles. Mais en se penchant un peu plus sur le sujet, on pouvait déceler là un cœur brisé. Je tendis d'avantage l'oreille, poussé par la curiosité. Après tout, j'étais journaliste et mon travail consistait à déceler les informations, dans les endroits insolites. La serveuse me tendit une bière bien fraîche et j'eus ce petit plaisir de tremper mes lèvres dans ce liquide amère, mais pourtant plein de bonnes saveurs.
Mon regard se fit plus attentif envers cette demoiselle. Elle portait une petite robe légère, ses longues boucles noires coulaient le long de sa nuque et ses lèvres bougeaient si vite, que j'avais du mal à pouvoir en faire une description précise. L'idée même de pouvoir déballer sa vie à un ours me faisait sourire. Au moins, elle était sûre de ne rien entendre de péjoratif venant de sa part. Il restait muet comme une tombe, étant constitué de tissu et de mousse, il ne pouvait pleurer sur son épaule ou la réconforter. D'ailleurs, tout le monde se fichait de cette pauvre épave. Seul le barman affichait ce large sourire escobar, lorsqu'elle tendait son bras en l'air, lui demandant un autre verre. Même si l'on approuvait pas les ivrognes, ils étaient, pour les bramans, le plus grand rendement.
Son visage m'était familier. Je ne saurais dire où l'avoir déjà vu, mais mon attention se fit plus grande, lorsque celle-ci pivota sur son tabouret pour me faire face. Ses yeux étaient bouffis par la tristesse et son haleine était ampli d'un mélange d'alcools qui vous soulevait le cœur. Bien, j’espérais simplement qu'elle ne me vomisse pas dessus... Je désapprouvais totalement ce genre de comportement, chose qui m'irritait très facilement. Elle commença à chanter à tu-tête et j'eus l'horrible envie de quitter les lieux instantanément. J'aimais beaucoup la musique, mais je ne supportais pas les gens qui chantaient dans les lieux public, encore plus lorsqu'ils sont bourrés... Puis elle repartit dans un élan de paroles, toujours ces mots qui semblaient s'entrechoquer sans grand intérêt. Comment un être humain pouvait-il balancer autant de mots à lui tout seul ? Je la considérais d'un air dubitatif, quand soudain elle m'adressa la parole, tout en posant une main sur mon épaule. Elle osait me toucher alors qu'on ne se connaissait absolument pas ? Je voulus rétorquer, mais la demoiselle ne me laissa même pas le temps de réagir. Alors, d'un geste las, je lui rendis son membre tout en levant les yeux au ciel, montrant une once d'exaspération. Ce fut reparti pour un long monologue. Devais-je attendre longtemps ainsi ? Je n'avais qu'une question, une pauvre petite question, que j'allais peut-être regretter. J’espérais simplement qu'elle me réponde par une phrase simple et courte. Peut-être qu'elle en serait capable ?
Enfin, elle avouait elle même qu'on se serait déjà croisé, mais où ? C'était la question à dix balles … J'avais beau fouiller dans ma mémoire, je ne trouvais rien, aucun moment où un si beau visage avait pu m’apparaître dans le coin d'une rue. J'avais l'air si dépressif que ça pour qu'elle puisse convaincre son ourson en peluche que je fus un homme dont la vie avait causé des ravages ? Certes j'avais perdu un être cher, mais jamais je ne m'étais laissé abattu par la dépression et la nostalgie d'un passé révolu. Lexi me hantait, je vivais seul, mais je n'étais plus malheureux. Juste aigri. Pas malheureux. Elle parlait de l'alcool, comme s'il s'agissait là d'un ami. L'alcool n'a jamais été bon. On en boit pour oublier, pour se déconnecter du monde réel, pour libérer cet être fou qui est en nous... Mais qui a dit que l'alcool était bon ? Seuls les fous le diront. L'alcool est dévastateur …
Elle était soûle et pas qu'un peu. Arriverais-je a avoir une conversation raisonnable avec elle ? J'en doutais fort. Je pouvais très bien me lever, retourner à ma place et la laisser dans cet état pitoyable et faire abstraction de ses airs de détresse. Mais je n'avais pas un fond assez mauvais pour la délaisser, alors que je venais tout juste de lui montrer un intérêt.
« Ce n'est rien … On passe tous par là. Demain est un autre jour, vous aurez vite oublier. »
C'était faux, totalement faux. On oublie jamais un être que l'on perd. Mais il faut apprendre à faire sans et vivre sa propre vie. Car on a beau dire, on vit seul, on meurt seul. Alors se lamenter ne sert à rien, il faut savoir profiter de chaque instant et apprendre à nourrir sa part d’égoïsme.
« Une question me taraude depuis quelques minutes. Est-ce que nous nous serions déjà croisé auparavant ? Votre visage m'est étrangement familier. »
Je plissais les yeux pour mieux distinguer son visage, comme si cette concentration absurde allait me rappeler le genre de circonstance dans laquelle notre rencontre s'était-elle faite. J'étais certain de l'avoir déjà vu. Et cette rencontre n'était pas sans conséquences. Oui, elle m'était apparue, peut-être même dans un rêve.
« Ou peut-être ai-je simplement rêvé. Mais ça, se serait vraiment un comble ! »
Eclater de rire ou rester aussi neutre qu'une roche statique ? Je ne savais pas vraiment comment agir. Alors je ne lui tendis qu'un faible sourire en coin, espérant qu'elle ne me prenne pas pour un cinglé. Après tout, l'esprit embrumé, je ne savais pas comment elle allait réagir à ces avances plus ou moins étranges.
Sonny Malone
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Sujet: Re: Aux maux désespérés, il faut des remèdes désespérés, ou il n'en faut pas du tout [TERMINE] Mar 15 Mai - 16:42
Pas très loquaces les gens ce soir… Sonny voulait se vider la tête, elle ne voulait plus penser. Elle avait un besoin viscéral de s’abrutir totalement. Que l’alcool noie ses pensées chagrines, que le mal de crâne broie son esprit, que le son de sa voix recouvre les percussions violentes de ses réflexions. Qu’on lui parle, qu’on la distrait de son envie de s’enfuir, de ses souvenirs de Remington. On qu’on l’achève. Au choix. Mais ce type ne semblait pas avoir envie de parler. Il l’avait même repoussée. Si son flot incessant de parole pouvait laisser croire qu’elle ne l’avait pas remarqué, en réalité, elle avait bien noté ce geste de rejet. Voilà, encore un. Encore un qui la renvoyait à ses pénates et qui se fichait de ce qu’elle pouvait bien ressentir. Et alors qu’elle parlait toujours, l’envie de partir de Los Angeles prenait de plus en plus de place dans le peu de cerveau qui lui restait. Cela avait été la pire idée de sa vie, de venir ici. Bon, elle avait eu de jolies surprises, cela était indéniable. Mais pesaient-elle autant dans la balance que le mal qui la rongeait depuis son arrivée ? Rien que ce soir, cette Sonny ivre morte, ce n’était pas elle. Normalement Sonny Malone est une foldingue, toujours à rire, toujours à sauter partout, un peu brisée par le Domaine… là, elle était juste méconnaissable. Alors partir… Loin ou pas. Après tout, si la Colombie ne marchait pas, il restait San Francisco… peut-être que William accepterait de l’embaucher comme serveuse dans son resto…
Mais enfin une autre voix que la sienne se fit entendre. Mais… alors il parle ! Cet homme est doué de parole ! Incroyable… Bon en même temps, pour lui asséner un vieux cliché sur demain est un autre jour, ce n’était peut-être pas nécessaire. Un autre jour ? Sérieux ? Peut-être, mais alors un autre jour de galère, de souffrance, de vomissements tellement elle se rendait malade, de pleurs et de colère. Et oublier… comment oublier que l’homme qu’on aimait plus que tout possédait une pièce secrète dans laquelle il gardait les foies de ses victimes. Même avec tout l’alcool qu’elle avait ingurgité, elle ne pouvait pas oublier. Non, elle n’oublierait jamais. Eveillée, endormie, elle n’oublierait jamais. Et comment vivre avec ça, sinon sous la menace tacite que Rem lui avait adressée ?
« J’ai pas de bouton « effacer » moi monsieur… »
Non, rien pour rembobiner et prendre un autre chemin. Pas d’échappatoire possible. Mais au moins, cet inconnu semblait décidé à rester finalement et à lui parler un peu. Au moins, cela la distrairait quelques minutes de ces visions qui passaient et repassaient devant ses yeux. Elle leva juste un sourcil quand il lui demanda s’ils se connaissaient, car il avait l’impression de l’avoir déjà vu quelque part. Un plan drague à deux balles ? Parce qu’elle avait beau chercher et connecter tant bien que mal ses derniers neurones, elle ne se souvenait pas de lui. Elle n’était à LA que depuis peu… mais ils avaient pu se croiser n’importe où : au bar où elle était serveuse, dans la rue, peut-être même à la soirée d’Halloween… Impossible à dire à l’heure actuelle.
Elle le vit faire une mimique déconcertante pour la dévisager, et instinctivement elle fronça les sourcils et se recula légèrement. Etait-il encore plus fou qu’elle ? Que lui voulait-il ? Etait-il lui aussi un tueur à gage ? Voudrait-il lui prendre un organe en guise de trophée ? Un mec de chez Genetic qui voudrait lui faire croire qu’avoir une capacité faisait d’elle un monstre ? Ce qu’il lui dit alors n’arrangea rien. Ce « peut-être ai-je rêvé » voulait tout dire… Il savait ! Il savait ce qu’elle était et ce qu’elle était capable de faire ! Paranoïaque ? Non, méfiante, après ce qu’elle avait découvert… Ami ou ennemi ? C’était ça la véritable question. Avant le 1er novembre, elle ne se serait pas méfier. Avant le 1er novembre, elle aurait sans doute vendu la mèche sur ce qu’elle savait faire. Avant le 1er novembre, elle lui aurait parlé comme à un ami. Mais si même la personne en qui vous avez le plus confiance vous trahit, comment se fier à un parfait inconnu ? En même temps, elle était totalement saoule et élaborer des stratégies de diversion dans son état, c’était tout bonnement impossible. Tout ce qu’elle trouva à répliquer fut ceci :
« Haaaaaaaaaaaan, j’ai trouvé ! Vous me faites le plan drague du prince charmant dans La Belle au bois dormant. Vous savez, la scène où ils se rencontrent. Elle est en train de chanter et il arrive en sournoise derrière elle et il lui sort THE phrase bidon : « vous oubliez que nous nous sommes vus, vous l’avez dit vous-même : au beau milieu d’un rêve ». Désolée, avec moi ça ne prend pas. »
Elle savait bien que ce n’était pas ça… Que ce n’était pas une vieille ruse moisie de séducteur à deux francs six sous… sinon, il ne l’aurait pas repoussée tout à l’heure. Au contraire, il en aurait profité. Alors Sonny se creusa la tête autant que faire se peut dans son état. Rêve… rêve… Qui savait qu’elle pouvait se balader dans les chimères ? Anne, mais elle ne l’aurait dit à personne. Maxime, mais ce serait bizarre qu’elle la balance, pas du tout son genre (mais bon, elle ne pensait pas non plus que Remington était du genre à tuer et à découper des organes…). En parlant de lui, Rem était au courant. En avait-il parlé à quelqu’un ? Même si elle ne lui faisait plus confiance, elle exclut cette possibilité, car même Brennen n’avait rien su d’elle. Il y avait aussi Jay, Ingrid, Kensie… Beaucoup de monde en fait. Et un traître parmi eux ?
Ou alors la fuite venait directement d’elle. Encore. Mais où, quand et comment ? Avant sa rencontre avec Rem ? Hum… non, non, elle s’était toujours contrôlée et avait toujours maintenu sa présence invisible, excepté pour Anne. Bon, après le 13 septembre alors. Elle s’était majoritairement concentrée sur ses rêves à lui, mais il y avait eu des exceptions : Ingrid et Esteban notamment. Mais quand, bon sang ? Quand ? Et là elle sut. C’était vers le milieu du mois. Peu après la grosse dispute. Elle avait eu du mal à dormir car Rem n’était pas auprès d’elle et du coup au détour d’une sieste entre deux cours, elle s’était encore invitée dans un cauchemar. Un cauchemar abominable. Un couple, dont une femme à la magnifique chevelure rousse. Une femme belle mais dont l’image était devenue de plus en plus horrible. Du sang partout, des blessures indescriptibles. Et elle avait crié le nom d’un homme. De ce même homme qui se tenait là, maintenant devant elle. Comment s’appelait-il déjà ? Mince, elle l’avait sur le bout de la langue. Si elle n’avait pas l’esprit aussi embrumé, peut-être l’aurait-elle retrouvé. Bref, fidèle à elle-même, elle s’en était mêlée et elle avait essayé de chasser cette image, de changer le rêve, mais elle avait très vite été éjectée alors qu’il lui opposait une résistance farouche. Elle n’aurait pas pensé qu’il l’aurait vue… Et pourtant, apparemment, c'était bel et bien le cas.
Il lui souriait à présent. Un piège ? Dans le doute, abstiens-toi. Plus personne ne devait savoir ce qu’elle savait faire, surtout avec Genetic dans les parages et leurs sales coups tordus. Plus de confiance aveugle, plus de révélations aussi aisées qu’auparavant. Tant pis pour lui. Elle commença à triturer le pauvre Teddy dans tous les sens avant de lancer à l’inconnu :
« Je suis désolée. Soit vous êtes ivre vous aussi, soit vous êtes complètement dingue. Je ne sais pas ce qui vaut mieux. Mais si ça vous plait de rêver de moi, allez-y, je vous en prie. Au point où j’en suis de toute façon… »
La Sonny d’avant aurait cherché à savoir qui était la femme du rêve, ce qui lui était arrivée. Elle aurait même spontanément offert son aide à cet homme dont elle ne savait rien. Mais les choses avaient changé. Elle avait changé.
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Sujet: Re: Aux maux désespérés, il faut des remèdes désespérés, ou il n'en faut pas du tout [TERMINE] Ven 18 Mai - 7:19
Était-elle folle ? Vraiment ? J'osais alors la regarder de travers, la dévisageant grossièrement. S'il s'agissait d'un plan drague, j'aurai agit d'une toute autre manière. En fait non, je n'aurai sûrement pas agit. La drague et moi ça ne fait pas bon mélange. Je ne crois jamais avoir réussi à draguer une femme, enfin, je n'en avais jamais eu besoin. Au Lycée je n'étais pas franchement attirant et les filles ne semblaient même pas savoir que j'existais. Alors je m'étais efforcé d'exceller dans tous les domaines. Au moins, j'eus mérité tous les regards de mes professeurs. Arrivé à Harvard on m'accorda plus d'importance. Pas par mon physique, mais plus par ma capacité cérébrale. J'étais passionné, j'y allait à fond et m'accordais peu de temps pour les filles. En fait, je n'y prêtais même pas attention. En y repensant, je devais être quelqu'un de vraiment à part. Ainsi, je n'avais pas connu le doux son mélodieux de l'amour. La béatitude, l'émerveillement, le partage de soi … mais aussi la tristesse, la trahison, la colère, la déchirure. Parfois je me disais qu'il aurait mieux fallut n'être jamais tombé amoureux. Le travail, la passion, la curiosité, ces pauvres choses ne m'avaient pas quitté, ne m'avaient pas abandonné. L'amour lui, m'avait anéanti. J'avais connu la guerre, j'avais connu la souffrance, la peur et des moments de stresse intense. Mais jamais cette sensation de déchirure m'avait fait aussi mal. Lexi m'avait quitté sans que je puisse réagir.
Je n'avais pas besoin de fouiller dans mes souvenirs pour me rappeler notre rencontre. C'était au début du printemps, alors qu'il faisait encore assez froid dans les rues de New York, pour sortir son chien en pull et écharpe. Je cherchais avec beaucoup d'intérêt un groupe de mutant, un réseau quelconque pour rencontrer des gens de mon espèce. Il y avait des conférences, des réunions très discrètes qui se formaient quotidiennement dans des coins de la grosse pomme. Les caves, des appartements abandonnés, voire isolés, servaient de refuges pour les plus démunis. Certains avaient quitté leur famille, d'autres avaient détruit toute leur vie, rien qu'en touchant leurs proches. D'autres encore ne ressemblaient plus vraiment à des êtres humains normaux. Je me rappelle encore de cet homme lézard. Sa peau avait mutée en une sorte d'écaille verdâtre, le rendant résistant à tout projectile pesant plus de 100 kg. C'était vers fin Avril que je rencontrais Lexi. Elle avait participé à plusieurs débats, proposant ses services d'infirmière pour aider les plus pauvres, ceux se retrouvant à la rue. C'était sa bonté qui me toucha dans un premier temps. Elle était si généreuse, joviale et entreprenante. Son côté rebelle m'avait littéralement fait fondre. Je venais simplement en tant que visionnaire, accompagné de mon seul et fidèle compagnon, Einstein ce brave labradors. C'est grâce à lui que nos regards se sont croisé. Peut-être que ce canin possédait lui aussi un pouvoir ? Celui de relier les gens entre eux, de connecter les bonnes personnes ? Elle avait des cheveux flamboyants, des prunelles d'un bleu étonnant, beaucoup trop d'eau pour être calme. Sa peau était parsemée de petites touches rousses et son parfum … Ah ce parfum qui m’envoûtait éternellement, me laissant rêver dans un champ de lavandes et de roses rouges. Son sourire me faisait automatique sourire. Son rire, me rendait plus léger qu'une plume, emballant mon cœur à chacune de ses émotions. J'étais éperdument amoureux. Fou amoureux d'elle.
Lexi avait le pouvoir de se rendre invisible. Elle jouait de ce pouvoir malin pour me faire de nombreuses surprises. Cette femme m'avait tant comblé. Et moi en retour, qu'avais-je donné ? Mon amour, ma présence, mon respect. Je la suivais dans tout ce qu'elle entreprenait. Elle fut même à mes côtés à la mort de ce pauvre Einstein. Elle avait réussi à me faire oublier la peine, la souffrance et la douleur. J'étais devenu un petit homme ravissant, rayonnant, marchant aux côtés d'une femme qui m'apportait bonheur et prospérité. Je me fichais des critiques, je me fichais bien des autres et de leurs regards. Il n'y avait qu'elle et moi. Il n'y avait que son visage, son goût, sa joie et son amour.
Pour combler le tout, elle m'annonça cette nouvelle qui aurait pu combler mon bonheur. Un petit bonhomme siégeait sous son nombril, parcourant presque trois mois. Lexi était enceinte et je pus voir plus loin que mes simples recherches, que notre train quotidien. Je me voyais déjà père. Un père mutant certes, mais capable d'élever au mieux ses enfants. Mais cette vie était trop belle pour durer éternellement. Comme dans toute relation et histoire de couple, une dispute explose. Une dispute si violente et brutale, qu'elle aura pour conséquence de me détruire complètement. Des éclats de voix, des objets fracassés et des claques parties dans tous les sens. Lexi s'enfuit sous l'effet de la colère, traverse l'avenue et PAF ! Le drame … Renversé par un chauffard, un maudit chauffard qui avait accéléré pour ne pas arrivé en retard à son travail. Un pauvre gars qui aurait mieux fait de se réveiller à l'heure. Un pauvre type qui n'aurait pas du faire la bringue toute la nuit, la veille d'un examen. Un pauvre gosse qui ne connaissait pas le traumatisme de perdre sa femme et son enfant en un battement de cils. Elle n'était pas morte sur le coup, mais je savais pertinemment que l'enfant n'avait pas survécu au choc.
L'accompagnant dans l'ambulance, je pus contempler une dernière fois son regard. Ce regard pétillant de vie, jusqu'au dernier souffle. Ce regard que je n'ai jamais pu comprendre tant mes émotions étaient fortes. M'avait-elle pardonné ? M'en voulait-elle ? J'aurai dût périr à sa place, je ne méritais pas mal place. Je m'en voulais encore et encore. Chaque matin à mon réveille, je me sens tel un déchet avançant dans la rue. Me donner la mort ? Non, ça n'aurait jamais été le souhait de Lexi. Même si elle m'en voudrait encore, elle n'aurait pas souhaité ma mort. Lexi avait toujours été pour la vie, jusqu'au dernier moment. Elle avait toujours fait passé les autres avant elle.
Je considérais à nouveau cette jeune femme qui semblait plus me dénigrer qu'autre chose. Oui, elle avait raison. J'avais connu bien pire qu'une douleur sentimentale. L’anéantissement de soi. Je ne le souhaitais franchement à personne, car se sentir mal chaque matin, ne plus pouvoir se voir dans la glace … ça pouvait vite vous donner l'envie de vous tirer une balle dans le fond de la gorge. J'avais fait l'armée et bon sang … je ne regrettais pas ce choix. En quelque sorte, ça m'avait formé, endurcit et je pouvais encaisser. Mais pourquoi s'attacher ? Pourquoi revivre un tel désordre. Je reprenais du sens à ma vie. Tussle m'avait redonné espoir en quelque sorte à m'investir d'avantage au côté de Genome. Partager mes informations, protéger les mutants, réanimer cette flamme éteinte qui siégeait en moi … je pouvais le remercier pour ça, malgré l'homme abominable qu'il était.
J'avais bien rêvé d'elle, je n'étais pas fou. Ce regard, cette manière d'être … Il n'y en avait qu'une et elle se trouvait là, juste en face de moi. Elle pouvait me prendre pour un idiot, un attardé mental, je n'allais pas la lâcher de si tôt. D'ordinaire je l'aurais laisser cuver son alcool, seule et serais retourné à ma table. Mais une question me taraudait l'esprit. Qui était-elle ? Pourquoi son visage m'était apparut dans un rêve. Pourquoi m'avait-il marqué à ce point ?
« Vous n'êtes pas quelqu'un d'ordinaire je me trompe ? Vous êtes bien plus qu'une jeune femme soûle et dépressive qui essaie d'oublier une déchirure sentimentale devant un ourson en peluche. »
Ma voix était profonde et intense. Lui montrer que je n'étais pas un idiot, ni un ivrogne. Contrairement à elle, je n'avais bu qu'une demi peinte et il m'en fallait bien plus pour sortir des calomnies. Je la toisais de bas en haut, tel un scanner, essayant de percer le mystère qui l'entourait. Elle était belle, dommage qu'elle soit ivre. Je détestais les femmes ivres … Revoir ma mère, se morfondre dans l'alcool, elle aussi touchée par un amour déchu. Une blessure dont elle ne s'était jamais remise. Elle qui m'avait abandonnée pour ses fichues bouteilles. Qu'elle pourrisse en enfer.
Bien. Je devais agir. Si elle restait au bar, elle finirait par vomir ses tripes sur le zinc. Alors je sortis un billet de cinquante dollars, le tendit au barman, lui demandant de garder la monnaie. Sans attendre une intervention quelconque de la demoiselle, je lui empoigna le bras, l'obligeant à me suivre vers une table plus éloignée. Elle tenait à peine sur ses pattes et chancela plusieurs fois sur le côté. Les regards se tournèrent plusieurs fois, les murmures se firent plus pressants. Enfin arrivé à destination, je lâcha prise et elle se laissa tomber sans grâce sur la chaise qui me faisait face. Nous étions loin du bar, une table situé à quelques mètres des toilettes et exposée sous une immense baie vitrée, donnant vue sur une plage plongée dans l'obscurité. Le cadre aurait pu être romantique, si nous n'étions pas dans un bar accompagné d'une bière en main, et que ma compagne ne fusse pas le résultat pitoyable de plusieurs alcools forts englouti. Le barman vint me servir un verre d'eau froide, moitié rempli de glaçons.
« Buvez, ça vous fera du bien... »
Je lui tendis le verre, sans la forcer à boire. Elle paraissait mal en point, détruite par cette relation de couple qui avait dût être forte. S'infliger de tels dégâts n'était vraiment pas sain. J'en savais quelque chose. Sur le coup, elle ne pouvait que se sentir bien, planer sur une sorte de petit nuage, tout en restant consciente du monde qui l'entourait. Bientôt, elle retomberait à la dur réalité, mais se focalisant seulement sur le moment présent. Ensuite … ensuite viendrait le lendemain. La fâcheuse gueule de bois épouvantable. Cette gueule de bois qui vous oblige à rester au lit, prenant un nombre incalculable de cachets d'aspirine, priant que ce mal de tête puisse passer. Vous avalez un tas de trucs pour faire passer l'arrière goût amère de l'alcool, vous prenez trois fois votre douche, pensant vous sentir mieux après. Puis vient le moment, ce moment inévitable où vous vous dites : plus jamais une seule goutte d'alcool. Et pourtant le lendemain s'est reparti ! Vous le savez, vous vous maudissez sur le coup, mais pourtant vous continuez comme un cercle vicieux. L'alcool n'est pas bon. Personne n'aime l'alcool. On ne boit pas par plaisir, mais juste pour se libérer, pour évacuer, pour oublier...
Lexi et cette femme étaient apparut en même temps dans mon rêve. Elles semblaient avoir un lien très fort. Alors peut-être qu'elle la connaissait. Voyant que son nom ne lui disait rien, je sortis mon porte feuilles de ma poche et lui tendit la photo de ma défunt épouse. Une femme rousse, aux perles bleues océan, un sourire ravissant figé sur son visage. Cette photo fut prise dans ce parc, situé à trois pas de mon bureau. Nous l'avions prise après avoir mangé une glace. On pouvait voir une tache sur chacun de nos nez, montrant une bataille coquine, mais tendre.
« Alors ? »
Sonny Malone
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Sujet: Re: Aux maux désespérés, il faut des remèdes désespérés, ou il n'en faut pas du tout [TERMINE] Ven 18 Mai - 19:28
Têtu. Borné. Elle était tombée sur un gars déterminé à aller au bout de sa pensée. Et il n’avait pas l’air de vouloir lâcher l’affaire aussi vite. Bon sang, alors il l’avait vraiment vue ? Et si Sonny espérait du fond du cœur que ce ne soit pas le cas, elle avait merdé. Elle n’avait pas contrôlé suffisamment son pouvoir. Et lui avait perdu quelqu’un d’important. Et on ne lâche pas aussi facilement l’affaire, quand il est question d’amour perdu. Cette femme, rousse et belle qu’elle avait vue dans le rêve, avait dû connaître une mort violente. Ce type, devant elle, devait vivre avec ça. Et l’on ne peut s’y résoudre. Sonny le savait bien. Car malgré tout ce qui s’était passé, si Remington venait à mourir, elle ne s’en remettrait pas, et elle se battrait comme une tigresse si quelqu’un pouvait le ramener, ou avoir un quelconque lien avec lui. Alors non, cet inconnu ne la lâcherait pas.
Il l’avait percée à jour, qu’elle l’admette ou pas. Il avait raison, même si elle n’avait pas fière allure, elle n’était pas qu’une folle furieuse parlant ivre morte à un ourson en peluche qu’elle avait adopté avec son ex. Elle était aussi une mutante, une fille qui avait découvert il y a quatre ans de cela qu’elle pouvait entrer dans les rêves des gens et les contrôler. Et elle l’avait découvert suite au viol de son amie Sarah… Cela lui avait valu des coups… Puis elle avait été hantée par ses propres cauchemars. Non, elle n’arrivait plus à laisser les gens souffrir, même en rêve. Alors elle intervenait, de façon presque compulsive… Les sous-entendus de cet homme étaient en train de la dégriser en lui conférant un mal de crâne atroce. Est-ce qu’il savait qu’elle n’était pas la seule ? Etait-ce juste une façon de parler ? Etait-il lui aussi différent ?
Et… pourquoi la regardait-il de la sorte ? Avait-il le pouvoir de repérer la mutation rien qu’avec les yeux ? Comme si son regard était doué d’un scanner surpuissant détecteur de capacité ? Sonny n’aimait pas ça. Elle se sentait presque comme violée, nue sous ce regard inquisiteur… Est-ce qu’on pouvait réellement « sentir » la capacité, comme ça ? Elle voulut partir, quitter ce satané bar et ce fouineur car la situation devenait glissante. Sauf qu’il ne lui laissa pas le choix. Il paya ses consommations – au moins un souci en moins – et l’agrippa par le bras, l’entraînant sans ménagement vers le fonds du bar, la laissant à peine attraper Teddy de sa main libre. Mais entre sa cheville encore fragile et l’alcool qui imbibait son cerveau et ses muscles, elle avait un mal de chien à tenir debout et à suivre le rythme imposé par ce type. Si elle lui vomissait sur les pompes, qu’il ne vienne pas se plaindre ! Elle dut faire un effort surhumain pour se concentrer sur ses pieds alors que la terre tournait bien trop rapidement. Elle ne remarqua même pas les regards et commentaires acerbes des autres clients… qu’importent ce qu’ils pensaient, ils ne la connaissaient pas, ils n’avaient aucun moyen de la juger.
Enfin le saint graal : une chaise ! Alléluia ! Sonny s’y laissa choir avec soulagement. Un support pour ses fesses, c’était vital dans son état ! Sonny regarda alors autour d’elle. Ils étaient au fonds de la salle, près des toilettes… idéal si son ventre faisait des siennes. Et de l’autre côté, une large baie vitrée, la plage, l’obscurité. Il ne manquait plus que les bougies et on aurait pu croire à un diner aux chandelles… sauf qu’elle était bourrée, malheureuse, qu’elle ne connaissait pas cet homme qui voulait visiblement des réponses à ses questions. Soirée pourrie.
Il lui offrit soudain un verre. Le liquide était transparent et il y avait plein de glaçons. Vodka ? Peut-être, alors elle s’empara du verre et l’avala cul sec.
« Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! Mais c’est glacé ! »
De l’eau issue d’un iceberg ! Voilà ce qu’il lui avait donné ! Douleur aux dents, gorge irritée par le froid, et surtout le cerveau qui se mangea un coup violent. Comment dégriser en un quart de seconde… Pourquoi ne la laissait-il pas se détruire comme elle l’entendait ? Hein ? Là, ça faisait mal et elle n’aurait plus d’excuse pour esquiver ses questions. Pitié… faites que Kyle surgisse de nulle part comme la dernière fois où elle s’était retrouvée dans cet état pour venir la tirer de ce pétrin ! Non ? Vraiment ? Pas de miracle aujourd’hui ?
Non, apparemment pas, car l’investigation commença… Sonny pensa aux vieux films policiers dans lesquels les flics braquaient une lampe allumée dans les yeux du type qu’ils interrogeaient… Mais ce nom, Lexi, ne lui disait absolument rien, même si elle n’était pas dupe. C’était forcément la femme du rêve.
« Désolée, connais pas… »
Demi-mensonge seulement. Elle ignorait vraiment qui était Lexi, du moins de nom. Mais elle savait de qui il parlait. Restait à savoir combien de temps ils pourraient jouer au chat et à la souris tous les deux. Mais qu’importe ce qu’il cherchait, Sonny ne ferait pas revenir cette femme. Qu’elle soit morte ou partie, elle n’avait pas ce pouvoir. Elle ne créait que des chimères, des rêves qui glissent et s’échappent. Elle ne pourrait pas l’aider outre mesure, elle ne pourrait pas lui parler de cette femme dont elle ne savait rien de plus que ce qu’elle avait vu dans le cauchemar de cet homme.
Mais comme de juste, sa réponse ne le satisfit pas et il fouilla dans sa poche, ouvrit son porte-feuille et lui tendit une photographie. Sonny l’attrapa du bout des doigts et l’examina. Aucun doute, c’était bien la femme du rêve, celle qui avait fini atrocement mutilée avant qu’elle se décide à intervenir. La française avait envie de lui balancer la photo à la figure, en lui disant que ce n’était pas son problème, que ça lui allait bien de lui dire que demain serait un autre jour alors qu’il n’était visiblement pas capable lui non plus de tourner la page. Mais elle n’y parvint pas. La photo montrait cet homme et cette femme, complices, amoureux. Ils venaient visiblement de manger une glace dans un parc. Et rien que cela l’acheva. Quand elle avait rencontré Remington à Central Park, elle avait pris une glace à la fraise, s’en était barbouillé le cou pour l’inviter à venir y déposer ses lèvres, et ils s’étaient aimés après cela. Alors Sonny et cet homme avaient un point commun. Ils avaient tous les deux aimé passionnément et leur belle histoire avait, d’une façon ou d’une autre, volé en éclats. Empathie ? Sympathie ? Compassion ? Compréhension ? Comment s’appelle ce sentiment, bon sang ? Aucune idée, mais finalement, Sonny ravisa son jugement initial sur cet homme. Peut-être avaient-ils plus de points communs qu’à première vue. Alors elle posa la photographie sur la table et se pencha vers l’inconnu.
« Je ne sais pas ce qui vous avez vu, mais je n’ai pas le pouvoir de vous ramener cette femme. Je ne connais d’elle que ce dont vous avez… rêvé. Je ne sais pas qui vous êtes et ce que vous savez et franchement, cela m’est égal. Ce que j’ai fait cette nuit-là, je ne le fais plus. Et vous m’avez dit vous-même que demain est un autre jour et qu’on oublie… m’auriez-vous menti ? »
S’incruster dans les rêves des gens. Elle le faisait depuis longtemps et elle l’avait fait à plusieurs reprises depuis son arrivée aux Etats-Unis. Puis Anne lui avait demandé d’arrêter, d’être plus prudente. Sonny avait promis. Elle s’était concentrée sur les rêves des gens qu’elle connaissait déjà… et elle le regrettait amèrement maintenant. Si elle avait définitivement arrêté, elle n’aurait rien su pour Remington et ils seraient toujours ensemble et heureux. Un bonheur illusoire et mensonger, certes, mais un bonheur quand même. Bref, elle avait obéi à sa tutrice, sauf pour cet homme-là, devant elle. Il avait été la seule exception… et voilà qu’il se trouvait face à elle, l’obligeant à assumer une fois encore ce qu’elle était. Tout ce qu’elle se demandait, c’était jusqu’où il était au courant de l’existence d’êtres comme elle.
« C’était un rêve. Elle ne sera jamais qu’un rêve, surtout si vous cherchez à la retrouver par mon intermédiaire. J’ignore ce qui lui est arrivé. Avec moi, elle ne sera qu’une chimère, et je ne fais plus ça. Vous devriez trouver quelqu’un d’autre pour vous aider. Mais je compatis. »
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Sujet: Re: Aux maux désespérés, il faut des remèdes désespérés, ou il n'en faut pas du tout [TERMINE] Lun 21 Mai - 21:49
Un groupe de jeunes citadins, sûrement alcoolisés jusqu'à l'os, firent une entrée branlante dans le bar. Quelques regards se tournèrent dans leur direction, tandis que d'autres firent comme si rien ne s'était passé. Le barman lança un coup d'oeil farouche à l'adresse d'un jeune blondinet, qui venait de renverser une bouteille à moitié pleine sur le sol. Nous n'étions pas dans l'un de ces bars miteux de la ville. Certains gens de la haute société se retrouvaient là pour y boire un verre suite à une heureuse nouvelle. Les bars qui se trouvent près de la plage, sont généralement plus élevés que le reste de la ville. Mais qu'importe, lorsqu'on a le nez plongé dans les eaux troubles, difficile de leur donner raison. Les jeunes fanfaronnaient avec toute la stupidité qui leur était due, devant deux jeunes demoiselles, qui discutait jusqu'alors, d'une conversation tout à fait intéressante. Ils rassemblèrent plusieurs tables et commencèrent un vacarme qui déplut à plusieurs clients. Ils pouvaient faire autant de bruit qu'ils le voulaient, après tout nous étions dans un bar. J'espère simplement que l'un de ces inconnus ne vienne pas vers notre tablé, embêter la gracieuse créature qui se trouvait en face de moi. Je dus plisser les yeux pour percevoir au mieux les paroles de la demoiselle. Ce n'était pas évident, vu que le groupe de blanc becs se cantonnaient à de vulgaires chansons dont les paroles semblaient être démunies de sens.
Visiblement, la jeune femme ne comptait pas m'aider. En même temps, comment pouvait-elle vouloir venir en aide à un jeune inconnu ? Je n'avais pas prit la peine de me présenter, alors que je l'avais abordé comme s'il s'agissait là d'une bonne amie. Passant une main furtive dans mes cheveux, je me consentis à faire plus d'effort sur ma présentation. Après tout, si elle en connaissait plus sur mon compte, peut-être viendrait-elle a vouloir m'aider ?
« Je ne cherche pas à être aider. J'ai juste besoin de la voir une dernière fois, même s'il s'agit là d'une simple image. J'ai besoin de pouvoir lui dire les choses en face. Seule vous êtes capable de me donner cette chance. Que je puisse oublier définitivement. »
Il était difficile de demander pardon devant une simple photo en espérant que nos paroles ailles directement vers l'esprit concerné. Je ne garantissais pas que voir Lexi dans un rêve puisse vraiment m'aider, mais au moins, une partie de mon cœur serait soulagé. Car bien qu'elle ne put le dire, les rêves sont parfois proches de la réalité... J'avais besoin d'elle et me refuser cet accès était trop injuste. Certes j'avais dit qu'on oubliait vite, et ce n'était pas faux. J'avais appris à vivre sans Lexi, à me faire à l'idée de ne jamais voir mon enfant grandir, jouer avec moi et découvrir son pouvoir. J'étais passé à autre chose, rapidement, mais il est difficile de tout effacer. La douleur s'en va, mais le remords reste, surtout quand vous êtes fautif. Je ne connaissais pas la raison de sa blessure et ne souhaitais rien savoir. Elle pouvait se confier si ça lui plaisait, si ça lui soutirait un bien quelconque, je resterais tout ouï.
« Au fait, je n'ai pas fait les présentations … Dean Swofford. Je suis journaliste dans le domaine des sciences et généticien à mes heures perdues. Et vous ? »
Je connaissais son visage, je connaissais son parfum, son don, mais pas son nom. Malgré les portions déraisonnable qu'elle avait ingurgité quelques heures auparavant, cette demoiselle semblait peu à peu refaire surface. Je n'autoriserais pas un verre de plus, pour mon bien être et pour sa santé mentale. Elle s'était infligé assez de dégâts comme ça, j'étais passé par cette étape. Ainsi j'étais face à une mutante qui manipulait les rêves. Une chose très intéressante. Ne voulant pas l'affoler, je lui tendis un sourire réconfortant. Ces derniers temps, les mutants n'aimaient guère entendre le mot « généticien », à croire qu'on nous met tous dans le même lot. Alors montrer de la sympathie était plus que nécessaire pour gagner sa confiance. Elle pouvait partir, me laisser là, je n'allais pas la retenir, ou presque. Si elle voulait rejoindre ces gosses hargneux qui beuglaient comme des phoques, qu'elle y aille, je m'en fichais. Mais je n'allais pas la laisser partir avant d'avoir soutirer ce que je désirais : Lexi.
Sonny Malone
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Sujet: Re: Aux maux désespérés, il faut des remèdes désespérés, ou il n'en faut pas du tout [TERMINE] Mar 22 Mai - 8:06
Le bruit ne l’aidait pas. C’était comme si elle avait un marteau-piqueur dans la tête. Et ces chansons paillardes, franchement… Mais Sonny essaya du mieux qu’elle pouvait de maintenir un semblant de discussion avec l’inconnu qui semblait en savoir bien plus sur la mutation qu’il n’y paraissait. En tout cas, une chose était sûre : il n’en démordrait pas. Il semblait vouloir utiliser la française pour atteindre cette Lexi. Mais elle ne serait qu’une chimère. Quel homme amoureux pourrait se contenter d’une illusion ? Réponse : un homme amoureux et brisé. Un homme dont l’histoire avait été fauchée en plein vol. Qui était-elle pour le juger de se raccrocher ainsi à un souvenir ? N’était-ce pas ce qu’elle faisait avec Teddy. Cette peluche n’était qu’une illusion, un lambeau de leur passé commun, de leur histoire d’amour.
Une fois. Il lui demandait une seule et unique fois. Mais cela lui coûterait tellement… il faudrait qu’elle arrive à s’endormir, qu’elle trouve son rêve, qu’elle y entre et qu’elle le modèle en y incluant l’image de cette Lexie. Et elle était très faible. Elle n’avait déjà pas assez de forces de se battre pour elle, alors faire des efforts pour un parfait inconnu, ce n’était pas vraiment dans son programme. Néanmoins, cet homme avait de la suite dans les idées et il se présenta enfin. Dean. Oui, c’était bien le nom que Lexie avait hurlé dans le cauchemar. Quant au reste, sa curiosité maladive, son stoïcisme face à une fille qui se balade à sa guise dans les rêves, tout s’expliqua naturellement : un journaliste doublé d’un scientifique. Rien que cela ! Ce qui la gêna, ce fut le « généticien » qui suivit. S’il faisait partie de la clique de Tussle qu’il aille brûler en enfer ! Jamais elle ne l’aiderait ! D’un autre côté, tous n’étaient pas des laborantins sans scrupules et sans âme, prêts à faire des tests grandeur nature contre la volonté de leurs cobayes humains. Et au vu de la requête de Dean, il y avait peu de chance pour qu’il soit un pro-antidote.
Alors au point où elle en était, elle lui tendit la main pour faire les présentations en bonne et due forme.
« Sonny Malone. Je vous passe mon CV, il n’est pas vraiment glorieux. Si vous me jurez que vous ne me demandez pas ce service dans le but de faire je ne sais quel test sur moi, il est possible que j’y réfléchisse. Mais cela ne doit pas s’ébruiter. Et si je le fais, il faut bien que vous compreniez que Lexi ne sera rien de plus qu’une projection et qu’une image. »
Ce serait elle qui la contrôlerait, elle qui lui ferait prononcer des mots et qui entendrait les mots d’amour ou autres de Dean, il fallait qu’il ait conscience qu’une étrangère s’immiscerait dans leur couple, qu’ils ne seraient pas seuls au monde et que cela ne serait pas vrai. Mais parfois, se bercer d’illusions vaut mieux que d’affronter la dure réalité. Quoique, ce n’était pas exactement ce qu’il voulait faire. Il ne demandait que l’opportunité de solder les comptes. De dire les choses pour tourner la page. Comme elle aurait aimé dire tant de choses à Remington avant qu’ils ne se séparent. Elle aurait aimé lui dire qu’il y aurait toujours quelque chose de bien en lui et qu’elle finirait par en trouver la preuve. Elle aurait voulu lui dire que quand elle sera plus forte, elle l’obligera réellement à arrêter son truc des foies. Rien que cela… Elle aurait pu le faire, en allant dans un de ses rêves. Mais elle savait qu’elle ne serait pas en état de contrôler cette zone tout en lui disant ce qu’elle voulait. Aujourd’hui, elle pouvait faire ça pour Dean. Mais en avait-elle envie ? En avait-elle la force ?
Son corps et son esprit étaient extrêmement faibles. La manipulation d’un rêve allait lui demander un effort considérable, surtout si Dean avait des desiderata bien précis.
« Qu’attendez-vous précisément du rêve ? Parce que je contrôlerai Lexi. Vous voulez un… scénario précis ? Je veux dire… vous voulez que je lui fasse dire quelque chose ? Prononcer des mots spécifiques ? Que je la fasse bouger d’une façon particulière ? Et vous voulez un endroit particulier ? Ce sont des détails mais il faut que cela fasse vrai, si vous désirez vraiment passer à autre chose. Il faudrait que vous ne dormiez pas trop loin de moi quand nous créerons le rêve. D’habitude je peux les contrôler d’assez loin mais je suis plutôt patraque en ce moment, cela va user mes forces et surtout je ne vous connais pas suffisamment pour reconnaître à coup sûr votre rêve parmi les milliers que compte LA… »
Ce fut à ce moment qu’une idée plutôt immorale lui traversa l’esprit. Elle n’avait pas spécialement envie de s’épuiser pour quelqu’un d’autre plus qu’elle ne l’était déjà. Elle avait son propre lot de misères à gérer et elle en avait assez d’être la bonne poire de service. Alors elle voulait voir jusqu’où ce Dean était prêt à aller pour aller de l’avant. Wyatt l’avait traitée de prostituée ? Très bien, elle allait se comporter comme tel.
« Deux mille dollars. Dans ce pays, tout se vend et tout s’achète non ? Pour deux mille dollars je vous ramène Lexi et j’appliquerai à la lettre les consignes que vous me donnerez. Mais attention, je ne contrôle pas la durée du rêve. Si vous vous réveillez, je ne pourrai rien faire. Marché conclu ? »
Oui, c’était dégueulasse. Et la vraie Sonny Malone n’aurait jamais fait ça. En bonne mère Thérésa, elle aurait tendu la main à son prochain. Fini tout ça. Elle était brisée, épuisée et ivre. Mais si Remington pouvait tuer pour de l’argent, pourquoi ne pourrait-elle pas offrir du rêve au gens en échange de quelques dollars ? Toute peine mérite salaire, autant tenter le coup…
Invité
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Sujet: Re: Aux maux désespérés, il faut des remèdes désespérés, ou il n'en faut pas du tout [TERMINE] Jeu 24 Mai - 12:05
Bien elle se présenta d'une façon tout à fait singulière et je ne pu qu'esquisser un sourire satisfait. Ainsi donc, son nom était Sonny. Mélodieux et charmant, voilà une marque qui lui allait comme un gant. Elle me dévoila sans grande difficulté sa particularité de voyager dans les rêves, de les diriger à bon attente. Un pouvoir qui pouvait faire des ravages, comme réparer les blessures les plus profondes. Je savais bien qu'il s'agirait plus d'une image quelconque qu'autre chose, mais j'avais juste l'intention de déballer ce que j'avais sur le cœur, de pouvoir la voir en « chair et en os », admirer son sourire, son regard pétillant et caresser sa peau plus douce que du velours. Je savais bien que tout ceci ne serait que mirage, fictif, mais j'en avais besoin. Un moment comme celui-ci, j'en aurai peut-être jamais plus l'occasion, alors autant la saisir sans réfléchir.
Je comprenais sa réticence à vouloir aider un généticien, surtout lorsqu'on savait ce qu'ils faisaient pour la bonne grâce de Tussle. Je me doutais en quelque sorte, qu'elle fusse partie de ces convives, invités à la soit disant soirée dansante d'Halloween. Je n'avais pas approuvé les propos du Maire, je n'avais pas aimé être son cobaye contre ma volonté, bref je n'adhérais pas son fonctionnement. Bien sûr, trouver des cobayes est toujours une mince affaire. Combien de fois m'a t-on jeté hors champ, me traitant de savant fou ? Mais pour qu'un produit fonctionne, pour comprendre comment pourrait réagir un antidote, il faut bien le tester sur l'humain ! Je préférais être plus courtois, demander et essayer de trouver la bonne personne. Ça mettait du temps et l'avancement des recherches en était plus que ralenti. Je voulu lui dire que j'étais tout aussi mutant qu'elle, que mon pouvoir ne pouvait pas aider autant qu'elle le pouvait, mais que j'avais aussi ma particularité. Mais bon, s'abstenir était peut-être la meilleure des choses à faire. Sans que je ne puisse interagir à sa petite menace, elle me posa tout un tas de questions. L'effet de l'alcool était encore bien présent, car je n'avais jamais connut une femme aussi loquace jusqu'à ce jour...
Je comprenais parfaitement le fait qu'elle ne puisse pas agir à longue distance. Enfin, je ne connaissais pas son pouvoir et ne savait pas vraiment comment il fonctionnait. Mais ses propos me paraissaient tout à fait logiques. Il y avait peut-être un scénario que j'aurai voulu envisager. Je n'avais pas envie qu'elle manipule Lexi, car au fond je trouvais ça trop bizarre de savoir qu'il y avait quelqu'un derrière ce corps. Mais que ce rêve puisse se passer dans un endroit précis ne m'aurait pas déplu. Allait-elle pouvoir le reconstituer sans jamais l'avoir vu ? J'en doutais fort. Alors peut-être qu'en nous servant de l'environnement présent et en le modifiant un peu avec un brin d'imagination, l'objectif deviendrait possible.
Le groupe de jeunes hommes complètement ivres, brayaient de plus belle, renversant verres et bouteilles sur les tables. L'un deux commença à se prendre pour un gorille, frappant son torse d'une manière particulièrement viril, mais stupide, hurlant un fond rauque et brisé par les litres d'alcool. Le barman beugla, demandant le silence, mais les jeunes n'en firent que plus de dégâts. Un jeune couple s'en alla, fuyant la scène avec soulagement. Désespéré, le barman s'excusa auprès de sa clientèle, pourtant fidèle, mais qui ne pouvait plus supporter tout ce tapage. L'un des garçons du groupe, qui ne devait pas avoir plus de vingt ans, s'approcha de notre table, versant son haleine fétide sur la figure gracieuse de Sonny.
« Hé ma belle, tu nous fais une petit démonstration de Lap Dance ? » dit-il d'une voix rauque tout en titubant dangereusement vers la gauche.
Ennuyé par tout ce vacarme et cette interruption en pleine conversation, je ne pu rester plus calme une minute de plus. Me levant brusquement, je pris le garçon par le col et le regarda droit dans les yeux. Un couteau se trouvait juste en dessous de son menton, assez enfoncé pour lui faire peur.
« Ecoute moi bien petit crétin. Tu fais chier la plupart des gens qui se trouvent dans ce bar et tu oses venir couper notre discussion ? Va faire ton homme dehors, à moins que tu veuilles te retrouver avec une patate à la place du nez, avant la fin de ta soirée. »
Etais-je assez menaçant ? Je relâcha le gêneur tout en gardant mon couteau dans le creux de ma main. Tremblant comme une feuille, le jeune homme parti en direction de sa bande de copains et dans un râle incompréhensible, il invita ses amis à quitter le bar. Soulagé, je repris place comme si de rien n'était, en face de ma compagne de soirée.
« Bien, que disais-tu déjà ? Payer pour un rêve ? Mais tu as quel âge ? 18 ou 19 ans à tout casser ? 2000 dollars pour un rêve … tu me prends pour crésus ou quoi ? Je ne suis généticien à temps partiel en tant que bénévole pour association. Je suis journaliste dans une boite minable qui semble ne jamais vouloir me payer à temps pour les articles que je lui envoie. Alors 2000 dollars c'est au dessus de mes moyens. Depuis quand les mutants font payer leurs facultés ? Je veux bien te rendre un service en échange, car je ne te demande pas la lune non plus. »
Je pouvais être sympa, mais si elle voulait rentrer dans ce jeu absurde, ça n'irait pas plus loin. Faire payer sa faculté de manipuler un rêve … non mais j'hallucine ! J'acceptais déjà le fait qu'elle puisse toucher à une partie de mon intimité, même si c'était pour mon bien, mais je savais à présent qu'elle était déjà intervenue quelques jours plus tôt. Bon sang, si elle partait je me retrouverai encore coincé dans cette vie morose et triste. Alors que si elle acceptait tout simplement un échange d'entraide, alors je pourrais enfin avancer, oublier et passer à autre chose.
Sonny Malone
La Fille de vos Rêves… ou de vos Cauchemars
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Sujet: Re: Aux maux désespérés, il faut des remèdes désespérés, ou il n'en faut pas du tout [TERMINE] Jeu 24 Mai - 18:59
Alors qu’elle venait de poser les conditions de leur transaction, Sonny sentit comme une haleine fétide tout près d’elle… et de délicieux propos… Encore un gros naze qui venait la draguer. Enfin draguer… lui réclamer un lap dance ? Rien que ça ? Mais il rêvait ou quoi ce pauvre type ? ok, elle était ivre elle aussi et ne savait pas très bien ce qu’elle faisait, mais elle ne ferait certainement jamais cela. La seule et unique personne qui aurait pu la voir faire ce genre de chose, c’était Rem et c’était fini. Ah non, elle aurait été capable d’en faire une avec Capucine. Mais enfin, cette remarque formulée à voix haute allait alimenter les fantasmes pervers de ce pauvre abruti. Pas besoin de rajouter de l’eau à son moulin.
Elle n’avait pas prévu de répondre. Les gros lourds comme ça, elle en côtoyait tous les week end. L’autre soir, Will avait dû intervenir alors qu’un type essayait de la peloter, et pas plus tard qu’au bal d’Halloween, le pompier lui avait sorti un plan drague foireux. Alors Sonny n’était plus à un commentaire dégueulasse près. Mais apparemment Dean avait prévu de jouer les preux chevaliers ce soir. Elle le vit se lever et attraper le mec par le col en le menaçant d’une arme. Un journaliste hein… mon œil !
« Laissez tomber, il n'en vaut pas la peine… »
Superbe, elle n’avait pas son mot à dire apparemment… merci bien. Bon d’accord, c’était plutôt sympa de la part de Dean d’intervenir pour elle. Mais des types bourrés comme lui, une grande gueule et rien dans le pantalon. Toujours est-il que Sonny comprit qu’il ne valait mieux pas chercher des noises à ce « généticien », qui reprit place face à elle comme si rien ne s’était passé. Et il n’avait pas l’air d’avoir envie de négocier avec elle. Et vas-y que je te parle comme à une gamine qui ne comprend rien à la vie. Qu’est-ce qu’il voulait ? Qu’elle fasse ça gratuitement ? Que sa petite intervention contre le type ivre allait le rendre subitement irrésistible ? Qu’elle lui serait redevable ?
« Ecoutez-moi bien. C’est à cause d’un rêve que je suis dans cet état aujourd’hui. Alors si je peux éviter, j’évite. Ensuite, faire ce genre de chose, ça m’épuise. J’ai l’air de dormir, mais ça use mes forces à un point que vous n’imaginez pas. Alors je n’interviendrai pas par bonté d’âme. »
Voilà, c’était dit. Il prétendait être fauché lui aussi. Soit, après tout, l’argent ça va, ça vient, surtout dans ce monde. Mais il semblait à l’aise avec les couteaux, il n’avait qu’à se reconvertir en assassin, apparemment ça payait bien. Oh, voilà qu’elle avait de nouveau envie de boire pour chasser ces images. Mais elle n’avait qu’un verre d’eau devant elle et elle doutait sérieusement que Dean la laisse ingurgiter un autre alcool. Surtout qu’apparemment, il n’allait pas en démordre, de son désir de revoir Lexi, donc il n’allait pas la laisser se bousiller le peu de neurones qui lui rester et gâcher leur chance.
En revanche, il lui offrit un troc : un service contre un service. Cela pouvait être intéressant. Elle avait surtout besoin d’argent, mais il y avait une chose qui surpassait tout cela. Une chose qu’elle n’aurait jamais osé faire avant. Une chose qu’elle s’était refusé de faire par amour. Il lui en voudrait. Il la tuerait. Mais c’était sa seule chance d’en apprendre plus sur lui, de le comprendre. Peut-être même qu’elle comprendrait d’où sa macabre manie lui venait. Peut-être pourrait-elle l’aider. C’était risqué. Pour elle, pour lui et pour Dean aussi, s’il fouillait trop. Mais elle devait prendre ce risque. Alors elle se pencha, respira un grand coup et le regarda droit dans les yeux. Elle voulait qu’il mesure à quel point elle était sérieuse.
« Va pour un service. Vous êtes journaliste si j’ai bien compris. Donc vous devez aimer fourrer votre nez partout et notamment là où n’a rien à y faire. Alors je vous aide, dans les moindre détails, si vous faites quelques recherches pour moi. Vous pourriez faire ça ? »
Elle guetta sa réaction. Journaliste scientifique mais journaliste quand même, si sa curiosité était titillée, Sonny aurait sûrement des réponses à ses questions. Aller, Dean venait de lui faire signe que oui. Maintenant, ça passe ou ça casse.
« Je veux que vous fassiez des recherches sur un dénommé Remington Pillsbury. Ne me demandez pas pourquoi, cela ne vous regarde pas. Je sais pas mal de choses à son sujet donc je ne veux pas que vous cherchiez tout et n’importe quoi sur lui. Ce que je veux savoir, c’est son passé lointain. Son enfance surtout. Il a été adopté, je doute que vous trouviez des choses intéressantes sur cette période mais vous en trouverez peut-être sur ce qui s’est passé avant. Où il est né, qui étaient ses parents. Ce genre de choses. C’est ça ou rien. »
Pour bien lui signifier que la discussion était close et qu’il n’était plus question de marchander, Sonny se leva. Difficilement, mais elle se leva. Elle aurait bien aimé lui parler également de Ben Blackwell, le père adoptif de Remington. Mais cet homme était trop malin. Il gérait son image d’homme modèle à la perfection, alors Dean aurait beau gratter, il ne risquait pas de trouver grand chose. Mais qui sait, il aurait peut-être plus de chance avec sa plus tendre enfance.
« Vous avez un canapé ? Je dormirai dessus et vous dans votre chambre. Là-bas, vous me direz ce que vous voulez précisément. Et au fait... J'ai 20 ans. Pas 18 ou 19. »
Et elle entreprit de quitter le bar. Une bien étrange soirée que celle-ci…