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 Que la partie commence [Terminé]

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Snow P. Boomer

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MessageSujet: Que la partie commence [Terminé]   Que la partie commence [Terminé] Icon_minitimeMar 29 Oct - 17:19


Rencontre entre un tueur et sa groupie


Voilà plusieurs jours qu'elle avait demandé à suivre un entraînement prodigué par Monsieur Pillsbury, pourquoi celui-ci en particulier ? Tous se le demandèrent, après tout il était réputé pour ne pas être des plus conciliants ni véritablement pédagogue, certains allaient même jusqu'à dire qu'il rejetait sa frustration sur les agents en formation et d'autres, qu'il avait été rétrogradé au rang de dresseur de chien de garde mais tout ceci n'était que des rumeurs infondées. Snow ne s'était pas justifiée quant à son choix, c'était lui et personne d'autre pour trois raison. La première est qu'il la fascinait, ayant observé son parcours plusieurs mois durant en s'approvisionnant de renseignements souvent imprécis, elle avait trouvé que ses exécutions ne manquaient pas de panache et selon elle, cela relevait du grand art. La deuxième est que même si elle ne connaissait pratiquement rien de sa personne, elle le voyait très bien dans sa petite collection humaine personnelle car, avec une réputation comme la sienne, cela s'imposait comme étant un exploit irréalisable et elle avait toujours grandement apprécié les challenges couru d'avance. La troisième et non la moindre, est qu'il décida de restreindre ses activités criminelles retirant tout virtuosité à ses assassinats, ce qui l'interloqua fortement d'abord, l'affligea ensuite et l'agaça pour finir. Pourquoi ? Pourquoi changer après tant d'efforts dépensés dans le but d'une reconnaissance sanguinaire ? Elle interrogea quelques collègues, en menaça d'autres, mais personne ne put donner de réponse cohérente, à croire que le poids des années s'était enfin retourné contre lui et l'avait enfin muni d'une conscience. Cela lui déplaisait, pire, la répugnait. Alors, elle décida d'échafauder un plan sournois visant à le ramener à la raison et il commençait par la rencontre de celui qu'elle avait secrètement admiré afin de constater l'étendue des dégâts. Snow n'avait pas véritablement la nécessité d'un apprentissage, la majeure partie du temps la mort au sein du réseau de prostitution était engendrée par négligence, c'est d'ailleurs pour cela que sa requête en surprit plus d'un, elle leur laissa donc penser qu'elle avait pour projet de se diversifier voire de se reconvertir. Il ne restait plus qu'à évaluer si elle devait jouer la bonne élève, la mauvaise ou le mélange des deux, le but n'était pas d'améliorer ses compétences en matière de monstruosité - sa nature de psychopathe palliait parfaitement à cela - mais bien de pousser Monsieur Pillsbury dans les bras d'une folie meurtrière. Rien que l'idée de pouvoir un jour l'admirer meurtrissant et souillant un corps faisait naître au fin fond de son estomac une sorte d'excitation indescriptible. La violence lui apportait une certaine ivresse et bien qu'elle affectionne la raffinement, le bruit des os brisés et les plaies dégoulinantes de rouge carmin avaient toujours provoqué chez elle un état fiévreux. Cependant, elle se gardait bien de dévoiler cette partie de son tempérament, jugeant qu'il était avantageux pour elle d'en révéler toute l'étendue une fois les personnes visées reposant au creux de sa main. Le sadisme était une chose fascinante qu'elle souhaitait partager avec quelqu'un, et celui qui se distingua du lot fut Monsieur Remington Pillsbury, même après son curieux changement.

C'est donc le cœur battant et l'esprit plein de fantasmes sanglants qu'elle se mit en route pour le domaine de l'Agence dans lequel elle n'avait jusqu'à présent passé que de brefs moments, cette découverte en profondeur était tout à fait émoustillante. Déclinant son identité aux gardes de l'entrée, elle gara sa vieille voiture américaine et en sortit sac sur l'épaule, sans se presser elle s'alluma une cigarette avant de jeter un rapide coup d’œil à l'heure ; elle avait treize minutes de retard, pas assez pour qu'il décide de s'en aller et bien suffisamment pour le mettre en rogne, tout était parfait. Inutile qu'elle se change, cela faisait une bonne heure qu'elle s'était préparée, brassière et pantalon de sport, cheveux attachés, bagues retirées ; oui, elle avait étudié toutes les éventualités. C'est ainsi, clope au bout des doigts, qu'elle gagna la salle d'entraînement où il devait probablement l'attendre et ronger son frein à cause de son manque de ponctualité. Snow poussa la porte et accompagna celle-ci jusqu'à ce qu'elle soit grande ouverte, la maintenant comme ceci une bonne minute. Le visage dépourvu d'expression d'abord, elle fixa la silhouette présente sans dire le moindre mot en l'analysant sous toutes ses coutures, puis, lui offrant un sourire arrogant, elle jeta négligemment son sac sur le côté. Snow se mit à avancer en sa direction en s'évertuant de dégager ce flegme irritant qu'ont les mauvaises graines dont on ne peut rien tirer et une fois stoppée à un mètre de lui, elle pencha la tête vers son épaule tout en lâchant un soupir amusé puis elle prit une dernière bouffée de nicotine avant de la laisser tomber à ses pieds sans même l'écraser. Tout ceci n'était évidemment pas pour lui manquer de respect, cela avait pour but de tester ses réactions et de se rendre un peu plus exaspérante à ses yeux. Son visage se redressa en même temps que son sourire insolent s'effaçait pour reprendre une mine des plus sérieuses. " Monsieur Pillsbury, bonjour. Je me nomme Mademoiselle Boomer. " Inutile de préciser qu'elle était plus que ravie de faire enfin sa connaissance, lui, qu'elle avait ajouté au rang de ses nombreuses cibles, un tel attrait à son égard ne pouvait qu'entacher leur future collaboration. Calmement, elle lui tendit une main afin qu'il la serre, elle suivait les conseils qu'on lui avait donné afin qu'elle se socialise mais en réalité elle souhaitait qu'il ne le fasse pas, cela prouverait au moins que son retard ainsi que son comportement eurent l'effet escompté. Ses yeux se détachèrent de lui pour fureter un peu dans toute la salle et elle reprit la parole comme s'il n'était pas réellement en face d'elle, là encore, elle cherchait à provoquer une réaction quelconque pour l'analyser. " Je ne suis point là pour apprendre à tirer ni pour vous entendre me sermonner au sujet de mon manque d'obéissance, je suis parfaitement consciente que c'est un tort, inutile de revenir là dessus. Si je suis ici c'est pour que vous m'enseigniez l'art de tuer une personne des façons les plus cruelles qu'il puisse exister et accessoirement...que vous m'aidiez à améliorer ma technique de combat au corps à corps, vous savez de nos jours avec tous ces criminels rôdant aux alentours de Los Angeles, plus personne n'est en sécurité." Tiens donc, ne serait-ce pas une pointe d'ironie ? Elle devait être sacrément enchantée de pouvoir lui parler pour en arriver à plaisanter sur le banditisme affolant, à croire qu'elle ne ramenait pas des dizaines de femmes déracinées chaque année dans le but de les prostituer. " Avez-vous des questions ? " Ce n'est qu'après cette interrogation qu'elle reposa ses iris émeraudes sur lui, sans ciller ni bouger d'un millimètre. Snow allait enfin pouvoir décortiquer le moindre de ses mots ou changement d'attitude, rien n'allait être épargné que ce soit la mâchoire qui se crispe ou une veine qui palpite. Avant de pouvoir mettre son projet à exécution, elle devait le connaître, s'immiscer dans sa vie et ce n'est que là et seulement là qu'elle pourra l'apprivoiser. C'était un jeu des plus délectables, surtout quand l'adversaire se rendait enfin compte de l'existence de celui-ci mais généralement il était trop tard et il avait déjà perdu la partie. Il restait désormais à découvrir si ce Pillsbury allait être plus malin que les autres et surtout, plus agressif.


Dernière édition par Snow P. Boomer le Dim 3 Nov - 20:09, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Que la partie commence [Terminé]   Que la partie commence [Terminé] Icon_minitimeSam 2 Nov - 14:30

15 Mars 2011

Je me tenais sur le seuil de la porte depuis quelques minutes, mon regard azur fixé sur les draps blancs qui recouvraient le lit. La chambre était impersonnelle, comme toutes celles de ce bâtiment. Celle-ci avait pourtant été animée durant plusieurs mois. Ses murs avaient été les oreilles indiscrètes de discussions, de confidences. Ils avaient été également le témoin plus discret d'une exécution. Ezekiel Tyler. Voici un mois qu'il était mort par ma main. Il m'avait amusé, il avait réussi à me faire sourire même. Mais quand le contrat était tombé, la réalité avait repris ses droits. Il n'était pas question de s'attacher au niveau de l'Agence. Nous le savions tous. Même lui car il n'avait pas été étonné de ma venue ce jour là. Nous avions même échangé quelques mots avant que je ne me décide. Pourquoi je me tenais sur le seuil de cette chambre ? Elle était déjà le vestige d'un passé, une page que j'avais tourné non définitivement car le lecteur pouvait s'amuser à revenir en arrière. Je pouvais retourner sur le terrain à n'importe quel moment, sur un simple ordre d'un des capo ou d'Anthony lui-même. Ou si j'en faisais ma propre demande. Est-ce que je pouvais me passer de tuer ?

La réponse à cette question viendrait plus tard. Je jetais un œil en direction de ma montre. J'étais encore en avance mais si je tardais trop, je serai en retard. Et je ne l'étais jamais quand il s'agissait d'une séance d'entraînement. J'englobais une dernière fois la chambre du regard, puis je tournais les talons, prenant la direction de la salle d'entraînement. Quelques jours auparavant, on m'avait transmis un nouveau dossier. Une femme qui demandait un entraînement avec moi. Une inconsciente, il n'y avait pas vraiment de volontaires pour suivre mes entraînements, on les forçait plutôt à me supporter pour que les endurcisse. J'avais jeté un œil au dossier de la demoiselle. Un rapide coup d’œil qui m'indiqua qu'elle n'était pas nouvelle, ce qui augmenta mes interrogations quant à ses motivations. Elles devaient être bonnes, on ne se jetait pas dans la gueule du loup sans y avoir mûrement réfléchi. Rien n'indiquait qu'elle était folle, schizophrène ou qu'elle souffrait d'une pathologie s'en rapprochant. Je n'avais pas pris son dossier avec moi, ne l'avais pas relu depuis ce jour qu'on me l'avait transmis. Je ne m'intéressais pas à elle. Ni même à personne. J'avais une fonction, je l'exécutais. Aucune limite si ce n'était celle de garder la personne en vie. Cela me convenait, c'était tout ce qui comptait.

Deux minutes d'avance. J'étais à présent dans la salle attendant la demoiselle. Je n'avais pas réfléchi à ce que nous allions faire lors de cette première séance, tir, combat au corps à corps, joutes verbales, rien n'était défini d'avance avec moi, tout se déterminait en fonction de mon humeur et de mon envie du moment. De la personne qui se tenait en face de moi également. Voilà pourquoi, j'avais toujours une tenue non contraignante pour se mouvoir, généralement un treillis de couleur sombre avec un tee-shirt dans le même ton. Il faisait doux, le soleil illuminait le parc de la propriété à l'extérieur. Peut-être que nous irions courir jusqu'à l'épuisement, jusqu'à ce qu'elle demande grâce en vomissant ses tripes. C'était une option envisageable. Deux minutes de retard. La porte restait fermée. Je patientais toujours m'installant sur une caisse en bois située dans un coin de la salle. La dernière fois que je regardais l'heure, elle avait dix minutes de retard.

Enfin la porte  s'ouvrit. Je relevais la tête pour l'observer. Ma première impression fut étrange. Une clope au bec, un sac sur l'épaule. Ce  n'était pas ce qui attirait mon attention. Ce n'était pas non plus son regard. En fait, c'était un tout.  Cette femme était belle mais je ne m'arrêtais pas là.. il se dégageait quelque chose d''elle, une sorte d'assurance horripilante à chaque mouvement qu'elle faisait alors qu'elle s'avançait vers moi. Je ne sourcillais pas, je n'exprimais aucune émotion, me contentant d'observer en tentant de la cerner. Elle ne semblait pas être comme toutes  ces recrues que l''on me confiait. Pourquoi se trouvait-elle ici ? Elle n'avait pas besoin de moi. Cette arrogance, cette manière de toiser l'autre, de le provoquer en lui souriant avant de jeter sa cigarette sans l'éteindre. J'avais l'impression de me voir dans un miroir, d'avoir en face de  moi mon reflet au féminin. C'était inquiétant mais terriblement intéressant et intriguant. Suffisamment pour que je lui accorde de l'attention sans ouvrir la bouche et la laisser rompre la glace en premier.

Les présentations, une des premières marques de politesse que l'on nous inculquait depuis notre enfance mais celle-ci était-elle réellement nécessaire quand nous connaissions le nom de la personne que l'on rencontrait. C'était une perte de temps, tout comme cette coutume de se serrer la main. Je regardais son bras tendu dans ma direction, ses doigts qu'elle me présentait pour que je les sers. Je ne fis aucun geste en retour. Non pour la punir de son retard mais parce que je n'éprouvais pas le besoin de la saluer et d'être poli. Au diable les jolies formules, c'était la suite que j'attendais, la vraie raison de sa présence dans cette salle. Qu'elle entre donc dans le vif du sujet et ce fut ce qu'elle fit. L'art de tuer. Quand je disais que j'avais mon reflet en face de moi, je ne me trompais point. Et puis cette façon de s'exprimer qu'elle avait. Elle était loin d'être bête comme certaines recrues, du genre Mendès pour qui mon premier rapport de mission avait été affligeant. Boomer ne ressemblait pas à Mendès. Elle avait une sorte d'aura captivante. Elle réveillait quelque chose en moi, qui sommeillait depuis quelques temps : le défi sans limites.

L'espace de quelques secondes, j'eus l'impression que les rôles étaient inversés. Qu'elle était l’instructrice et moi l'élève sérieux qui devait poser des questions pour se faire bien voir. Cela eut pour effet de me faire esquisser l'ombre d'un sourire. Elle m'intriguait autant qu'elle m'amusait. « Je ne suis peut être pas celui qu'il vous faut mademoiselle Boomer... L'art que vous voulez que je vous enseigne ne supporte pas le retard. Si vous l'êtes le moment venu, le travail sera bâclé, probablement non terminé. » Si nous parlions bien de la même chose, nous faisions référence à cette cruauté que j'avais auparavant quand j'exécutais un contrat. Je prenais le foie de mes victimes en guise de trophée. Pour faire une telle chose et surtout en avoir le temps, il fallait être méticuleux, faire de longs repérages, planifier son temps à la minute près pour ne pas se faire attraper si les secours étaient prévenus. Je l'avais fait durant plus d'un an, presque deux même. Sans jamais me faire attraper car je n'avais jamais eu de retard sur le créneau que je m'étais fixé. Première leçon qu'elle devait retenir si elle souhaitait mon enseignement : être à l'heure. « Je ne suis pas non plus payé pour dispenser ce genre de choses. » Elles relevaient de ma vie privée et je n'en parlais jamais à l'Agence, sauf avec Ezekiel mais il n'était plus. Et Brennen ne comptait pas étant mon meilleur ami. « Frappez moi. »

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MessageSujet: Re: Que la partie commence [Terminé]   Que la partie commence [Terminé] Icon_minitimeDim 3 Nov - 18:15

Que cherchions nous en fin de compte si ce n'est des personnes capables de nous comprendre et avec qui échanger, chaque homme, chaque femme, aussi infâmes soient-ils avait un semblable quelque part à attendre également que la solitude se brise. Bien que l'isolement ne lui pèse pas, Snow souhaitait également trouver la perle rare, celle qui réussirait à la canaliser, la dompter ou la dominer ; une sorte de boule à neige, sa boule à neige. Peut-être allait-elle la trouver en la personne de Monsieur Pillsbury, peut-être pas, mais une chose était certaine, elle allait employer tous les moyens nécessaires pour le découvrir et s'il ne finissait pas par lui appartenir, elle décimerait tout ce qui lui est de plus cher en cette vie. Pour trouver ses failles, elle avait opté pour une approche en douceur où implicitement elle voulait faire germer l'idée que le monde ne pouvait être beau qu'à feu et à sang. Elle avait réfléchit, longtemps, pour trouver les moyens de réaliser ses rêves sans hâte mais chaque fois la vision de cet homme attaché à une chaise, bâillonné et à sa merci perturbait le courant de ses réflexions. Cela relevait du fantasme, un mélange d'idéal et de réalité altérée, il pouvait tout aussi bien la décevoir mais on ne donnerait pas cher de sa peau si ce devait être le cas. Avant même de l'avoir rencontré il provoquait en elle un trouble inexplicable mais maintenant qu'elle l'observait de près, à seulement un bras d'elle, elle se sentait terriblement agitée, ce qu'elle réussit à cacher comme toute la palette d'émotions qui la transperçaient. Elle devait bien se l'avouer, il était plutôt bel homme, ce qui pour la majorité voulait dire qu'il pouvait être aussi cultivé qu'un manche à balais que l'on voudrait encore de lui. Le physique ne comptait pas beaucoup pour elle mais quand le charisme et la beauté s'alliaient, ils ne la laissaient pas indifférente, ils l'impressionnaient même ; il lui avait d'ailleurs été difficile de ne pas observer chaque parcelle de son anatomie. On pourrait trouver cela choquant mais c'était sa façon de procéder, d'abord l'apparence avant de se plonger en profondeur dans le sujet sans craindre la moindre distraction.

Quel dommage qu'aucune expression n'ait fendu son visage, elle en aurait apprécié chaque plis ou mouvement comme l'on admire l'éclosion d'une fleur destinée à se faner. Il se contenta d'arborer ce masque imperturbable dont étaient pourvues les statues de pierre qu'elle connaissait si bien pour l'utiliser fréquemment. A bien regarder, étaient-ils si différents ? Soit, ils ne devaient certainement pas avoir vécu les mêmes expériences ni subit une éducation semblable mais ne formaient-ils pas un bel ensemble ? Ce qui trancherait leurs différences allait être les prises de parole dans lesquelles ils tenteraient d'exprimer leurs divergences d'opinion - si leur entente s'y prêtait bien évidemment - leurs motivations et leurs actions. Tout ce suspense intenable la faisait tellement bouillir de l'intérieur qu'elle pourrait en trépigner d'impatience.

Quand elle se présenta en lui tendant une main qu'elle ne souhaitait pas qu'il serre, il ne le fit pas, ce qui eut le mérite de la rassurer. Il y avait le choix quant à la raison : la plus simple est qu'elle l'avait agacé, ensuite peut-être n'avait-il pas l'hypocrisie de saluer une personne pour laquelle il n'a aucune considération, enfin, peut-être était-ce simplement un homme bourru. Dans ces trois cas la réponse lui convenait. La main s'était abaissée pour reposer le long de son corps alors qu'elle continuait son entrée en matière, quand elle reposa les yeux sur lui pour lui demander s'il avait des questions, elle se heurta de nouveau à son visage froid à la différence que cette fois un léger sourire étirait la pointe de ses lèvres. Était-ce signe de bonne augure ou tout le contraire ? Sa mine austère ne lui permettait malheureusement pas de le déceler, cela était bon comme mauvais car elle ne parvenait pas à déchiffrer ce qu'il pouvait ressentir et ça la perturbait autant que ça l'intriguait, tout ce mystère partageait son émoi. Enfin il répondit à la raison de sa présence d'une voix calme et grave qui s'avérait telle qu'elle l'avait imaginé, son explication sur sa technique de meurtre ne supportant pas les retardataires l'amusa, surtout parce qu'il retournait son manque de ponctualité contre elle alors qu'elle l'avait engendré volontairement. Soit, le formateur prodiguait sa première leçon bien qu'il n'ait pas encore accepté d'exaucer son souhait et elle fut réjouie de l'entendre dire qu'il n'était pas payé pour un tel enseignement. Pourquoi était-elle heureuse de cette réponse ? Parce qu'il n'avait toujours pas refusé et elle entendait par là qu'il pourrait être susceptible d'accepter si elle lui présentait de bons arguments ou un marché qu'il serait incapable de refuser.

Cela faisait maintenant quelques longues minutes qu'elle n'avait pas bougé, ses réponses eurent le don de la réanimer lui faisant baisser les yeux vers un point imprécis alors qu'elle s'autorisait quelques secondes de réflexion et ses lèvres entre-ouvertes laissaient apercevoir la pointe de sa langue glisser entre ses dents. Quand il lui ordonna de le frapper, ses iris se relevèrent vers les siens rapidement sans qu'elle n'esquisse le moindre mouvement d'attaque. Ces deux petits mots occasionnèrent un long frisson qui lui remonta le long de l'échine, à vrai dire, personne n'avait encore exigé un coup de sa part délibérément. Snow aurait pu le frapper mécaniquement à peine la dernière syllabe prononcée mais elle jugea qu'il était préparé à le recevoir et donc, cela changeait complètement la donne en la désavantageant, tout ce qu'une frappe automatique lui aurait apporté aurait été une esquive de sa part ou bien l'humiliation d'une contre attaque. Un nouveau sourire apporta un peu plus de douceur à son minois tandis qu'elle releva les mains de sorte à détacher la montre qui trônait sur son propre poignet, évidemment, elle prit soin de le faire lentement le temps qu'elle puisse s'exprimer. " Sachez Monsieur Pillsbury que vous avez présentement toute ma considération, ne la gâchez pas en diatribes sur les délais non respectés car vous constaterez bien assez vite que mes actes sont consciencieusement prémédités. " Une fois la montre détachée, elle se pencha sereinement vers lui afin de déposer celle-ci au bord de la caisse sur laquelle il était assis puis elle tourna légèrement la tête en sa direction. " Et sachez aussi que je n'affectionne pas particulièrement le refus. " Snow ne comptait pas dévoiler ses intentions et ce n'était certainement pas un moyen détourné pour le menacer, elle trouvait simplement que cela rendrait les choses bien plus intéressantes si elle l'irritait plus que de raison. Elle se redressa tout aussi calmement en ajoutant ces quelques mots. " Si je puis me permettre, je vous demanderais de bien vouloir essayer de ne pas me frapper au visage pour des raisons disons...professionnelles. " Et c'est à peine la phrase terminée qu'elle lui obéit enfin, les jambes stables, le poing fermé, le mouvement partant de l'épaule avec le poids du corps, elle tenta de le frapper à la gorge tout en se protégeant d'une potentielle attaque de son autre bras. Elle n'était pas là pour échanger des coups gentillets avec un collègue mais bien pour apprendre à anéantir un adversaire, autant viser les points vulnérables en premier même si elle était consciente qu'il n'aurait pas de mal à la bloquer. Snow n'était pas une grande combattante mais elle n'avait pas peur de prendre des coups et elle comptait bien se servir de son acharnement pour pallier à son manque d'aptitudes concernant les attaques physiques.
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MessageSujet: Re: Que la partie commence [Terminé]   Que la partie commence [Terminé] Icon_minitimeMer 6 Nov - 20:58

Le moins que l'on pouvait dire, c'était que je n'étais pas raisonnable. J'étais même loin de l'être. Vu sa requête, la réponse la plus saine d'esprit aurait été un non franc et direct. Je ne l'avais pas exprimé, cette négation. Je ne savais pas pourquoi, ou en réalité, je ne comprenais que trop bien. Si je réussissais à avoir une vie normale entre la maison, une femme et un métier de dessinateur, il n'en demeurait pas moins que je ne pouvais cacher éternellement une autre facette de ma personnalité. Celle-ci s'exprimait quand je foulais la propriété des Cristiani. En quelques secondes, cette femme avait réussi à l'amplifier, aiguisant ma curiosité, la poussant même vers un chemin qui n'était pas celui qu'il fallait emprunter. Non, effectivement j'aurais du prononcer ce mot mais il ne franchit pas le seuil de mes lèvres. Je n'acceptais pas mais ne réfutais pas non plus. C'était un statu quoi et il était extrêmement rare que je finisse par accepter la situation. Il fallait qu'à un moment ou un autre, elle se décide à pencher d'un côté sauf que si j'avais de très forts doutes sur l'essence de la personnalité de cette femme, il n'en demeurait pas moins que ce n'était que des doutes et qu'il me fallait quelque chose de concret pour vraiment me faire une idée.

Je la provoquais donc, l'invitant à me frapper comme on pouvait inviter une personne à venir boire un thé, tout en mangeant un carré de chocolat. Je n'aimais pas le thé, je préférais le jus d'orange mais inviter à boire un jus de fruits, c'était une expression moins courante que celle du thé qui était passe partout, même quand une situation devenait embarrassante et qu'on rêvait de se débarrasser de la personne en face de nous. Venez donc boire un thé en ma compagnie, nous discuterons des dernières nouvelles du quartier. Vous savez qu'untel a accouché ? Oh pitié, voilà pourquoi je ne prendrai jamais un thé chez quelqu'un. Je préférais encore que l'on me frappe même si c'était une invitation à me marquer physiquement. Si toutefois, elle était capable de me toucher avant que je ne réagisse. Pour le moment, je ne bougeais toujours pas. Cette caisse était confortable, mes fesses ne souhaitaient pas s'en détacher. Je patientais, attendant que ses doigts viennent caresser ma joue. Elle ne semblait pas être décidée. Peut être aurait-elle préféré une invitation à coucher, c'était une possibilité que je n'écartais pas mais que je ne mettais pas pour autant en œuvre pour qu'elle se produise.

Les secondes s'écoulaient, défilant inlassablement, invitant à considérer ce silence entre nous comme une projection qui n'augurait rien de bon. Puis enfin, il y eut un geste. Un sourire presque comparable au mien tellement il me sembla discret et non exagéré. Ses mains s'élevèrent mais ce ne fut pas pour rencontrer mon corps. Elle détachait sa montre. Un soucis du détail, ou la crainte de perdre en cours de route quelques objets chers à son cœur. Elle seule avait la réponse et la connaître en soi ne m'intéressait guère. Je prenais seulement note, on ne savait jamais. Chaque détail était important et pouvait être utilisé à un moment ou un autre. Chaque mot également semblait être devoir pesé. Une phrase longue pour tenter de me perdre en cours de route, c'était une possibilité. « Sachez alors que je me complais régulièrement à dire non. » Cet échange de propos était vraiment particulier. Sans le savoir, la jeune femme montait d'une marche sur mon échelle de l'estime. Ce fut bref, court mais tellement intense avant qu'elle ne la descende en me faisant des recommandations pour ne pas abîmer son visage. Ça en était presque affligeant.

J'aurais pu soupirer si elle m'en avait laissé le temps. Ce qu'elle ne fit pas, car son corps se mut différemment. Je ne connaissais que trop bien cette façon de bouger, annonçant qu'un coup se préparait et allait se déclencher. Aussitôt la caisse me parut moins confortable alors que je me mettais également en action pour lever le bras et contrer son poing qui tentait de porter préjudice à ma gorge. « Me frapper à la gorge, vraiment ? Seriez-vous si peu endurante que vous désirez en finir au plus vite mademoiselle Boomer ? » C'était l'hypothèse numéro une que j'évoquais. Me faire mal dès le départ pour avoir le loisir de m'achever plus facilement par la suite. Il m’arrivait de pratiquer de la sorte quand je décidais d'exécuter rapidement un contrat. Je préférais jusqu'à récemment une autre approche, celle d'épuiser l'adversaire pour l'avoir à sa merci par la suite. Un combat à l'usure dans lequel seul le plus endurant en ressortirait vainqueur. Mais j'avais également une seconde vision de la motivation du point d'impact, qui pouvait anéantir la raison pour laquelle elle m'avait réclamé en formateur. « Vous voulez que je vous enseigne un art mais vous ne me présentez pour le moment rien qui puisse m'inciter à vous dire oui. J'aime dire non. Continuez ainsi, vous êtes bien partie pour essuyer votre premier refus. Car personne ne vous dit jamais non n'est-ce pas. »

Sûrement qu'à présent était-ce mon tour d'attaquer et de porter un coup. Ça ne serait que la suite logique des choses à tout esprit sain qui raisonnerait. Je vous invite à me taper, vous portez le premier coup, je porte le second car je ne fais que me défendre. C'est une situation de défense pure et dure. À tel point que mes fesses décollèrent enfin de la caisse . Je me levais pour lui faire face, la surplombant des quelques centimètres qui me permettait d'avoir une vue plus haute, mais pas pour autant en couleurs. « Et si nous arrêtions de tourner autour du pot et que vous me disiez pourquoi m'avoir choisi alors que vous semblez savoir ce que vous désirez et surtout ne voulez en faire qu'à votre idée. Je ne crois pas avoir la réputation d'accepter qu'on me tienne tête. » Même si en réalité j'aimais qu'on le fasse. C'était une stimulation du cerveau qui atteignait des sommets que l'on ne pouvait pas imaginer, qui permettait d'ouvrir l'esprit et de l'envoyer explorer des lieux inconnus et qui ne demandaient qu'à nous accueillir pour nous ouvrir à une nouvelle vision qui nous échappait jusqu'à alors. Mademoiselle Boomer serait-elle en mesure de m'entraîner dans de tels lieux sans que je ne décide de rebrousser chemin quand je l'aurais décidé, je demandais à voir. Et surtout à être convaincu.
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MessageSujet: Re: Que la partie commence [Terminé]   Que la partie commence [Terminé] Icon_minitimeMar 12 Nov - 9:45

Plaçons deux diables dans une même pièce, l’un nourrissant une frénésie pour le second et l’autre pressentant les intentions du premier sans pouvoir mettre le doigt dessus. Que devrait-il se passer alors ? La situation ne pouvait  pas stagner sur une parade entre deux esprits impurs indéfiniment, il faudrait bien que l’un ou l’autre fasse un pas de plus afin de basculer dans un autre rapport, tout aussi malsain mais tellement plus affriolant. Était-elle la seule à se sentir pousser des ailes ? L’impression de se trouver face à un être pouvant devenir son égal se déversait en elle tel un raz de marré destructeur , capable de pulvériser les frontières du raisonnable en laissant par la même occasion le monstre qui sommeillait en elle retrouver sa splendeur d'antan. On pouvait la traiter de toutes les façons, la voir comme une femme corrompue par l’infamie et la violence mais beaucoup se trompaient en pensant qu’elle ne pouvait pas être pire que ce qu’elle était déjà. Autrefois, ses parents lui avaient fait l’affront d’enchaîner les nombreux démons qui torturaient son âme sans parvenir à les éliminer, aujourd'hui, il ne manquait qu’une chose pour définitivement les libérer et elle était là, juste en face, elle le sentait au plus profond de ses tripes, cette excitation vénéneuse prête à lui faire lâcher les chiens. Snow ressentait envers ce tueur de grande envergure une animosité excessive qu’elle ne demandait qu’à répandre avec fureur, il augmentait la cadence des pensées brutales qui martelaient son imagination sans même se rendre compte de l’effet qu’il provoquait en elle. Monsieur Pillsbury n’était pas une proie ni un jouet, il était une bête aussi dangereuse qu’elle pouvait l’être, un appel au sang et aux pulsions empreintes de perversité.

De simples mots avaient été échangés mis en valeur par les longs silences pesants qu’ils s’autorisaient et la tension que ces intervalles avaient créé poussait la bête à grogner, jusque là terrée dans un recoin sombre de son cœur flétri, à rugir même lorsqu’il lui affirma qu’il se complaisait à dire non. Elle ne répondit pas à cela, le moment aurait été gâché si elle l‘avait fait, elle se contenta d’inspirer lentement tout en fermant les paupières, laissant ce nouveau silence lui délivrer toutes les saveurs des mots qui résonnaient encore dans son esprit, moment bref qui ne dura que trop peu de temps avant qu’elle ne l’attaque à la gorge. Elle appréciait cette partie de l‘anatomie, la chair était tendre, douce, si facile à meurtrir ; une simple coupure, un léger coup pouvaient à cet endroit occasionner d’horribles douleurs sans avoir besoin de frapper comme une forcenée. Comme elle l’avait présagé il n’eut aucun mal à parer son offensive sans même avoir à bouger de son assise, elle ne sembla pas impressionnée par cela, comment le pourrait-elle alors qu’elle était préalablement consciente de ses compétences en temps que mercenaire ? La commissure de ses lèvres frémit sans que le sourire discret ne revienne trôner sur son visage, ses paroles l’en empêchèrent déclenchant un nouvelle vague de battements irréguliers au fin fond de sa cage thoracique, cette sensation inattendue l’amena à couper son souffle tout en le fixant. Parmi tous les regards qu’elle avait pu porter sur lui, aucun ne pouvait rivaliser avec celui qu’elle lui lançait présentement, un mélange de scepticisme, de fougue et d’angoisse venait de s’étendre sur son visage  lui donnant pour la première fois quelques reflets d’émotions dont elle se pensait incapable. D’où venait cette étrange sensation, qu’était-il en train de lui arriver, pourquoi ces quelques  termes lui perforaient le crâne ? Elle dû pousser les portes de sa mémoire pour parvenir à justifier sa perte de contrôle, il venait de toucher à un souvenir lointain qu’elle croyait avoir oublié, tout ceci lui semblait tellement irréel, c’était lui elle en était convaincue. Était-ce seulement possible ? Le destin n’était pas une notion qu’elle s’autorisait à assimiler mais cette révélation la poussait à croire que l’attraction de deux êtres pouvait sceller leur avenir, serait-ce leur cas ?  Quand enfin elle expira, l’on aurait pu croire qu’elle venait d’être submergée d’un pic de plaisir comparable à ceux que l’on pouvait retrouver dans des préliminaires. Mais n’en était-ce pas ?
Une fois ses poumons vidés de tout oxygène, sa concentration prit le dessus sur  sa récente découverte ramenant son visage à un cliché lisse de tout émoi, comme si ce qui l’avait submergé ne s’était pas véritablement échappé. Devait-elle piocher à son tour dans ses réminiscences ou profiter de l’avantage qu’elle pouvait en tirer ? Avant de répondre à tout ce qu’il lui avait dit, elle  évalua s‘il était nécessaire de reprendre le dessus en lui communiquant la même surprise dont elle venait d‘être imprégnée, non, ça ne l‘était pas, mais elle accepta volontiers de guetter sa réaction. « Vous concernant cela n’est que le préambule bien que vous en doutiez. Dois-je comprendre que mon engouement vous effraie Monsieur Pillsbury ? » Rien n’avait été laissé au hasard, les mots s’étaient alignés tels qu’ils avaient pu l’être autrefois, même l’interrogation provocante n’avait pas été évincée. Allait-il se souvenir lui aussi maintenant qu’elle venait d’utiliser un fragment du temps passé ? Peut-être que ce rappel allait embrumer la perception qu’il avait quant à sa présence en ce lieu ou peut-être ne l’avait-elle pas marqué autant qu’il l’avait fait, dans ce cas elle se ferait un plaisir de semer d’autres indices.

Qu’avait-il dit ensuite ? Oh, oui, son manque d’arguments convaincants, son amour de la négation et son premier refus à venir. « Vous vous trompez. Nombreux sont ceux à m’avoir répondu non mais rares sont ceux à l’avoir dit une seconde fois, le temps allié à la patience peuvent s’avérer redoutables. » Elle avait affirmé qu’elle n’appréciait pas le refus, non pas qu’elle n’en essuyait aucun et s’il prenait la décision de décliner il prendrait également le risque d’ouvrir certaines portes qu’il ne valait mieux pas entrebâiller, au fond, elle était désireuse qu’il les explose. Quand par la suite il s’était redressé, son visage s’était lentement relevé pour ne pas rater une bribe de ce que son faciès avait à lui offrir. Elle avait été amusée de constater qu’il tenait le rôle qu’on lui avait assigné à la perfection, le grand, l’intouchable Remington Pillsbury drapé dans sa suffisance et sa popularité lui proposant de suspendre le petit jeu qu’elle avait entamé pour aller droit au but.
Elle approcha d’un pas de façon à ce que leurs corps soient séparés d’une unique phalange alors que sa main se levait à nouveau en douceur pour approcher sa joue sans la toucher, du bout des doigts elle effleura le cartilage de son oreille avant qu’elle ne décide de passer ses ongles contre la naissance de sa mâchoire et de les faire glisser le long de son cou en une légère griffure. Snow aussi était habile lorsqu’il s’agissait de maintenir l’image qu’elle s’était fixée, quitte à ce qu’il lui brise la main pour avoir osé un tel contact. « La réputation n’est qu’un bruit de couloir, je ne me rassasie qu’avec des certitudes. » Comme il l’avait affirmé, elle n’en faisait qu’à son idée et celle-ci était de ne pas livrer ses intentions sur un plateau d’argent, la curiosité pouvait bien le ronger, il pouvait parfaitement se détourner de la conversation et la quitter, lui offrir les certitudes qu’elle attendait, il y avait peu de chances qu’il parvienne à échapper au défi qu’elle venait de lui lancer. Les pupilles toujours rivées sur son visage, sa main glissa à nouveau en une caresse appuyée tandis qu’elle l’arrêta sur son torse à l’emplacement de son cœur, puis, esquissant un pas de plus, elle vint détruire l’écart entre eux sans paraître perturbée par la proximité. Il serait facile de penser qu’elle grignotait son espace vital ou espérait un autre rapport que celui qu’elle voulait établir alors qu’en réalité elle poussait le vice en allant à l’encontre de ce qu’il avait exprimé , elle maintenait le cap sans faiblir dans le but de le pousser à fuir ou à entrer dans son jeu. Pour conclure, elle murmura un dernier mot sans se départir de ce ton irritant. « Refusez… »
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MessageSujet: Re: Que la partie commence [Terminé]   Que la partie commence [Terminé] Icon_minitimeSam 16 Nov - 22:10

Belle... C'était un mot qu'on aurait dit inventé pour elle... Belle, telle une poupée de cire dont les traits fins étaient figés, n'exprimant aucune émotion comme si le tout résultait d'un long entraînement, d'interminables heures passées devant un miroir pour ne plus laisser percevoir aucune émotion. Une belle statue de cire, ainsi pouvait-on qualifier mademoiselle Boomer jusqu'à ce qu'une sorte de tressaillement vienne la parcourir, déclenchant comme une sensation en elle. Quelque chose d'inexplicable qui réussit à l'atteindre. Il me sembla que ce fut l'une de mes phrases mais je n'en eus aucune certitude. Ce fut si bref que je me demandais même si mon esprit ne venait pas de me jouer un tour. Ce n'était sûrement qu'une illusion, une déformation de mon imagination pour me laisser croire que je prenais le dessus dans cet entretien. Ce n'était pas un combat, aucun de nous ne devait sortir vainqueur de cet échange, si ce n'était nos égos déjà surdimensionnés en temps habituel. Dans cet espace vital dans lequel nous gravitions, je crus que le mien prit un peu plus d'ampleur, étouffant le sien. Cette croyance fut éphémère et disparut aussi vite qu'elle naquit. Son égo s'imposa à son tour, grappillant un peu de place et me frappant de plein fouet. Une lueur traversa mon regard azur, le faisant vaciller l'espace de quelques secondes. Cette phrase qui venait d'être prononcée. Elle ne m'était pas inconnue. Elle semblait surgir d'un passé lointain, prononcée quasiment mot pour mot, voire quasiment à l'identique. Cette rencontre semblait être unique. Elle ne l'était pas tant que ça. Nous pouvions plutôt employer le terme de retrouvailles, faisant ressortir les bribes d'un passé que je pensais à jamais enfoui.

Cette époque me semblait si lointaine. Dix ans, un peu plus ? Je ne saurais le dire exactement. Mais je n'avais guère changé depuis. Si durant cette période, beaucoup d'étudiants se posaient la question de savoir s'il fallait cueillir dès aujourd'hui les roses de la vie, cette interrogation ne me préoccupait guère à l'époque. Je la vivais pleinement cette vie, et je continuais à le faire encore à présent même si je l'abordais différemment. Nous n'étions que des points éphémères sur l'échelle de l'univers que cela paraîtrait égoïste de croire que chaque chose que l'on faisait ou disait, était à jamais marqué, gravé quelque part. Pourtant de simples mots dans cette situation présente suffisaient à redonner naissance à une flamme qui avait été allumée lors d'une précédente rencontre. S'embraserait-elle vraiment cette fois ou serait-elle  une nouvelle fois étouffée par le temps qui reprendrait le dessus, inexorablement pour la réduire à néant. « Effrayer n'est pas exactement le verbe que j'emploierais. » Je ne ressentais aucune peur en présence de cette femme. Ni à l'époque, ni dans le présent. Le temps nous avait marqué, elle avait changé ou plutôt cette aura qu'elle dégageait déjà auparavant avait  pris toute sa pleine mesure au fil des années. J'avais été également marqué depuis, à jamais dans ma chair et dans mon âme. Mon caractère s'était accentué. Ma détermination à refuser les caprices d'autrui également. Je pouvais dire non sans sourciller, ne craignant plus de menaces en retour. J'avais été trop longtemps oppressé par mon père adoptif pour me laisser toucher une nouvelle fois par une presque parfaite inconnue.

Un échiquier se déployait lentement, sur lequel chaque pièce déplacée avait son importance. Il fallait les toucher soigneusement, après y avoir réfléchi mûrement. Chaque coup en retour pouvait causer une perte de terrain d'un côté comme de l'autre. Pourtant, il fallait savoir également prendre des risques et foncer. Mon goût pour le danger prit donc le dessus, coupant court à cette stratégie qui se mettait en place. Je l'invitais à se rendre directement au but, en me révélant la véritable raison qui la poussait à me réclamer. Je cédais du terrain sans que cela m'inquiète pour autant. J'en avais l'habitude, ma vie était ainsi faite. J'attendais des réponses, et je savais que je finirai par les avoir. Si ce n'était pas aujourd'hui, ça serait pour le lendemain, ou un quelconque autre jour. Elles viendraient, en temps et en heures, le tout était de se montrer patient et de pas perdre les pédales. Je ne réagis donc pas quand ses doigts m'effleurèrent et que je sentis son ongle s'enfoncer très légèrement dans ma chair, glissant le long de mon cou et laissant sur son passage la sensation d'une légère brûlure. Nos esprits convergeaient, se rejoignant dans leur manière de raisonner que ça aurait pu paraître inquiétant. J'aurais agi exactement comme elle était en train de le faire, évaluant par moi-même une réputation sans me baser sur les bruits de couloirs. « J'espère que vos certitudes sont à la hauteur de ce que vous attendiez. Mais prenez garde à ne pas risquer l'indigestion. » A trop jouer, on finissait par se brûler. Restait à savoir si nous étions l'un comme l'autre capable de nous arrêter à temps avant de franchir cette limite que l'on qualifiait souvent de point de non retour.

Nous nous en rapprochions dangereusement même si je n'étais pas vraiment en mesure de dire que je l'apercevais. C'était comme une fascination, une obnubilation du moment qui venait de se créer en l'espace de quelques minutes. Et cette situation semblait étrange mais normale, comme chaque  mot prononcé ou chaque geste exécuté. Comme cette main qui se posa à plat sur mon torse et ce corps qui se rapprocha du mien, grappillant mon espace. Un dernier mouvement vers l'avant suffirait pour que nos lèvres viennent à se rencontrer. Un dernier et unique mouvement ou un simple mot qui raisonnait d'une toute autre façon vue cette promiscuité. Une invitation à refuser qui pouvait tout autant être une invitation à l'embrasser, chaque geste et chaque mot comptant et manipulant dans ce sens. C'était peut être ce qu'elle recherchait. C'était peut être ce que j'attendais. Ma main se leva, et avec autant de lenteur qu'elle juste avant, mes doigts se posèrent dans le creux de son cou. « Nous savons tous les deux que je ne vais pas refuser car ma volonté est égale à la votre. Je vais accéder à votre requête... Pour le moment. » Jusqu'à ce qu'elle soit prête pour qu'un face à face final ait lieu. Ce n'était pas raisonnable car je connaissais les deux possibilités qui se présenteraient à nous quand le temps viendrait. Survivre ou s'éteindre, cela ne pouvait être on  ne peut plus clair. « Il est grand temps de dépasser le stade du préambule, qu'en pensez-vous mademoiselle Boomer ? Mais ne vous amusez pas trop à tenter de jouer avec mes nerfs en utilisant la carte du retard, cela m'ennuierait d'avoir à trancher cette gorge.. » Bien avant l'heure prévue et car j'étais intimement persuadé que cette femme avait de grandes capacités pour rivaliser avec moi, et même me surclasser.
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MessageSujet: Re: Que la partie commence [Terminé]   Que la partie commence [Terminé] Icon_minitimeMar 26 Nov - 17:18

Si seulement il lui appartenait, oui, si seulement. Pour cela il faudrait qu'il se laisse étouffer dans une partie de son royaume déchu, dompter jusqu'à ce qu'il ne reste de lui que l'ombre de ce qu'il représentait aux yeux de tous. Ce n'est qu'une fois ce chemin parcouru qu'il pourrait renaître de ses cendres plus puissant qu'il avait pu l'être et plus nocif encore qu'elle pourrait l'espérer. Les seuls obstacles étaient les liens qui pouvaient le rattacher à l'humanité, des amis, des sentiments, une conscience, des choses sans importance en somme mais qui engluaient les faibles comme les forts et elle était intimement persuadée qu'il était embourbé dans ces futilités, elle le sentait. Snow rêvait de briser toutes les entraves qui le retenaient dans cette médiocrité afin de lui permettre de redevenir la personne qu'il était réellement, le seul être capable de réussir là où tous avaient échoué ; la toucher au plus profond de sa chair, de son esprit et de son cœur. Mais il n'y avait pas que lui, elle ou eux, bon nombre de choses et tout un monde allaient l'empêcher d'atteindre son but, lui faisant par la même occasion apercevoir un horizon bien funeste. Leur histoire ne pouvait se terminer que de trois façons : Leurs noms dans l'encadré de la rubrique nécrologique, un seul ou aucun. Il ne valait mieux pas miser sur la dernière, les chances qu'ils déclarent forfait étaient bien maigres et il n'y avait pas beaucoup de solutions aux problèmes de ce genre, restait à savoir lequel allait se lasser en premier. Certainement lui et il la tuerait, lentement, avec toute la fougue des êtres perfides, peut-être était-ce la plus belle fin à envisager. Elle deviendrait alors le déclencheur de sa renaissance sans pouvoir assister à son nouveau règne tyrannique mais hanterait le reste de sa vie à tout jamais. N'était-ce pas une idée grandiose ? Snow en avait constamment, viles, malsaines, barbares, dès lors qu'elle jetait son dévolu sur quelqu'un il fallait qu'elle l'anéantisse et personne n'était parvenu à saisir toute la subtilité de ses mœurs. Alors elle avait vu en Monsieur Pillsbury une passion semblable à la sienne, dévastatrice, impitoyable et cruelle mais tout avait chaviré vers l'inattendu en la replongeant dans le passé sombre qui l'avait modelé.

Cette époque n'avait pas été tendre, et si autrefois elle parvenait à tolérer la présence de ses semblables à ses côtés, elle leur avait toujours voué une haine amère qui s'était étoffée au cours des années. Les enfants font preuve d'une grande cruauté due à l'insouciance et également à l'ignorance, elle non plus n'y avait pas échappé. Quelle ironie de s'appeler Snow dans une ville où il neigeait près de cinq mois par an, elle avait eu droit à de nombreux sobriquets, tous désolants, ils étaient les seules armes de ces gamins frustrés face à son despotisme. D'abord ce fut Snowboard, ils avaient tenté de se servir d'elle comme d'une luge ce qui leur fit perdre une ou deux dents, ensuite il y eut Bigfoot l'homme des neiges, à cause de sa croissance précoce qui lui faisait dépasser sa classe d'une tête, Colgate White Snow aussi, pour du « blanc plus blanc que blanc », d'autres suivirent tous plus lamentables les uns que les autres jusqu'à ce qu'ils aient épuisé le stock d'inventivité. Alors en bons idiots ils s'attaquèrent à son nom de famille, Badaboom, Kaboom, Boomerang, Baby boom, Bloomers, elle les avait laissé faire, patiente, amusée même, par ces vermisseaux mécontents de leur traitement jusqu'à ce qu'elle riposte enfin, les faisant défiler les uns derrières les autres et s'offrant par la même occasion un ticket d'entrée pour l'établissement psychiatrique. Elle n'avait pas trouvé cet endroit effrayant les premiers jours, les résidents non plus, après tout ils devaient bien lui ressembler pour avoir été enfermés en ces murs. Elle se rendit bien vite compte de son erreur de jugement, ils n'étaient pas similaires, leurs vices non plus et elle l'apprit à ses dépends. Ce fut un homme de dix ans son aîné qui l'arracha à sa naïveté, un toxicomane traité pour schizophrénie qui se plaisait à l'appeler Snow white, pour la représentation misogyne qu'il se faisait de la femme et pour la cocaïne qu'il consommait avant de les violenter, elle, elle n'était qu'une enfant, une adolescente immaculée jetée en pâture aux diagnostics. A ce jour, il fut le seul à lui avoir fait goûter à la douleur de l'âme, Pillsbury serait-il le suivant ? Elle était persuadée qu'il pouvait y parvenir, il en avait le cran et les capacités mais il fallait qu'il se déleste de tous les remparts qu'il pouvait avoir construit et accepter d'être blessé pour parvenir à la faire plier.

S'était-il rendu compte que ce n'était pas la première fois qu'ils croisaient le verbe ? La maigre réaction qu'il eut face à sa réponse l'avait laissé perplexe mais en y regardant de plus près, il n'y aurait eu aucun changement sur son visage s'il ne s'était pas rendu compte de celle qui se trouvait face à lui. Quelles belles retrouvailles, il ne manquait plus que les ballons, les cotillons, le champagne et Deandra, pauvre enfant perdue, paix à son âme. D'ailleurs devait-elle lui annoncer ? C'est ce que toute personne normale ferait mais elle préférait encore lui réserver les détails sanglants pour un autre tête à tête, il était inutile de gâcher leur moment avec cette chose sans importance. Snow admirait sa rigueur et le sang froid dont il faisait preuve, d'autres auraient eu si tôt fait de trancher la tête du serpent ou croquer dans la pomme. Il n'était pas effrayé alors qu'il avait parfaitement conscience de ce dont elle était capable, pourquoi ? Il n'y avait qu'une seule réponse à cette question, ils se ressemblaient, trop  peut-être pas encore assez mais ça n'allait pas tarder. Le démon enfermé dans sa boîte lui donnait envie de faire sauter tous les verrous mais il était encore trop tôt pour cela, elle ne souhaitait pas prendre le risque de perdre son partenaire en cours de jeu. Il la laissait même faire ses petits tours, l'instant ne pouvait pas être plus savoureux, il lui faisait découvrir un tout autre aspect des relations car lui comme elle n'étaient pas loin d'être sur un même pied d'égalité. Tout ceci mènerait soit au partage, soit à l'affrontement, peut-être même les deux combinés.

La réflexion qu'il lui fit l'amusa, ce n'est pas l'indigestion qu'elle risquait mais bien de le dévorer sans réussir à calmer son appétit, Snow avait faim de lui, de ce qu'il restait à découvrir et de tous les petits secrets qu'il pouvait lui cacher. « Il est encore trop tôt pour répondre à vos espérances et je vous remercie pour cette mise en garde originale je tâcherai de m'en souvenir, bien que mon goût prononcé pour le risque ne m'empêche de la prendre en compte. » Les limites étaient inexistantes dans sa vision du monde, elle n'aimait pas s'arrêter et préférait abuser des bonnes choses quitte à ce qu'elle mise sa vie, car l'existence n'était rien face à la jubilation. Il valait mieux une vie courte et bien remplie qu'une lente agonie dans la banalité. Elle s'était collée à lui sans vergogne en mesurant les risques que cela impliquait mais elle n'avait pas peur des sacrifices, bien des fois ils pouvaient s'avérer payants. La preuve en est puisqu'il ne reculait pas face à cette familiarité inappropriée sans se départir de son beau visage de statue grecque, elle par contre recommença à sourire quand il glissa ses doigts contre la naissance de son cou. Pourquoi ce sourire ? Parce qu'elle s'imaginait qu'il était aussi tordu et méticuleux qu'elle car la main qu'elle avait déposé contre son torse n'était pas pour le simple plaisir d'évaluer l'étendue de son muscle pectoral mais uniquement pour mesurer son rythme cardiaque. En faisait-il de même ? Si c'était le cas il n'aurait pas de mal à sentir le sang irriguer sa carotide par battements rapprochés, elle ne stressait pas, n'était pas angoissée par la proximité mais toutes les intrigues planant autour de Pillsbury ne la laissaient pas indifférente. Surtout maintenant qu'il venait d'accepter temporairement sa demande, ce simple accord signifiait bien plus que ce qui allait suivre et d'ailleurs elle ne cacha pas la satisfaction qu'elle venait d'éprouver à sa réponse mais elle n'en dit mot. « Hm. »

Son sérieux revint relativement vite quand il lui demanda ce qu'elle pensait quant au fait de sauter l'introduction pour passer au développement, elle était d'accord mais préféra ne pas répondre considérant cette interrogation comme une invitation et non le besoin de son avis sur la question. Par contre, ce qui la fit réagir fut sa deuxième mise en garde, elle crut même que son cœur s'était arrêté l'espace de quelques secondes, sensation provoquée par un nouveau frisson qui s'imprima sur sa peau dénudée. Les mots, à son sens, avaient bien plus d'impact que les actes et ceux qu'il venait de prononcer alliés au regard qu'il lui lançait affolèrent les battements qui animaient ses veines. « Et cela m'exciterait de vous voir essayer de la trancher. D'ailleurs...vous m'excitez. » Snow se fichait bien qu'il le prenne au sens sexuel du terme car même si cela pouvait être le cas, l'origine de son excitation était bien plus qu'une simple attraction physique. Après avoir prononcé ces mots, son visage grignota le peu d'espace qui demeurait entre eux pour effleurer ses lèvres des siennes, tout portait à croire qu'elle tentait de l'embrasser mais ce ne fut pas exactement ce qu'elle tentait de faire ou du moins, elle l’accommoda à sa façon. Ce n'est pas comme si elle lui donnait le temps de réagir ou de refuser, elle attrapa sa lèvre inférieure entre ses dents tout en enroulant sa jambe à l'une des siennes et plutôt que de transformer cela en quelque chose d'agréable, elle préféra le pousser à l'aide de la main qui était restée contre son buste. Elle comptait lui faire perdre l'équilibre, du moins elle l'espérait et si elle y parvenait cela risquait d'être assez douloureux pour lui car la lèvre piégée entre ses dents s'échapperait de façon déplaisante. Et si encore ce n'était que ça, s'il retombait sur la caisse, elle ne tarderait sans doute pas à essayer de lui asséner un coup de pied en pleine poitrine. Les soldats se battaient de front et les femmes de sa trempe avec tout ce qui pouvait pallier au manque de force. Et puis, n'était-ce pas lui qui avait demandé à passer aux choses sérieuses ? Voilà sa réponse. Avant d'apprendre il fallait essayer et échouer pour ne pas reproduire les mêmes erreurs, c'est ce qu'elle avait fait toute sa vie durant, essuyer les échecs, survivre, s'améliorer, recommencer.
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MessageSujet: Re: Que la partie commence [Terminé]   Que la partie commence [Terminé] Icon_minitimeVen 6 Déc - 20:52

Le destin existait-il ? Plus important encore comme question, est-ce que j'y croyais et étais-je capable de me laisser influencer par celui-ci ? Nul ne pouvait dire ce que la vie lui réservait excepté une personne pourvue d'un don de voyance. Et même si on possédait cette capacité, pouvait-on réellement prévoir que des chemins se croiseraient une nouvelle fois, des années plus tard alors que tout les séparait à l'époque ? Il y avait une chance sur plusieurs millions pour que ceci se produise. Entre la taille de la cité des anges et le nombre d'habitants qu'elle abritait, cette chance était considérablement réduite. Les années défilant l'amenuisaient chaque jour un peu plus. Et pourtant... Nous étions l'un en face de l'autre, à nous guetter et à nous frôler à tel point que nos souffles se prêtaient au jeu risqué et défendu de ne faire plus qu'un. Ce destin, s'il existait vraiment et même s'il détenait  la clé de la fin de notre parcours, il ne pouvait pas complètement nous contrôler. Nous restions libres de nos actes, de nos mots, aussi bien dans le passé que dans le présent et dans les années à venir. Ce n'était peut être qu'un aparté dans nos vies, deux routes qui se croisaient aujourd'hui, la création d'un souvenir que l'on oublierait aussi rapidement que le premier, qui n'aurait aucune incidence sur nous pour les années à venir. Et on pouvait en plaisanter en se donnant rendez-vous dans dix ans pour un nouveau tête à tête qui ressemblerait à une rencontre entre deux parfaits inconnus jusqu'à ce qu'une phrase sonnant comme une clé ouvre la porte pour libérer ces souvenirs jusqu'alors enfouis au plus profond de notre être.

Une telle suite aurait pu être envisageable, voire même très probable, sauf que cette fois un nouvel être, différent du premier, prenant l'apparence d'un ange ou d'un démon, s'était invité dans la danse. Il portait le nom d'Agence et peu importait sa réelle nature, sa simple existence venait de lier à jamais nos chemins. Et pour concrétiser cette union, une main s'était posée sur un torse, se l'appropriant sans imposer sa présence. Pour répondre à celle-ci, des doigts effleuraient un cou, décrivant une courbe lente, jusqu'à s'arrêter sans pour autant s'en détacher. Nous pouvions sembler sortir du même moule à l'extérieur, dans notre manière d'être et de parler. Pourtant le contraste était saisissant au cœur de celui-ci. L'un  battait plus rapidement que l'autre. La fréquence du sien pouvait laisser percevoir une inquiétude, une peur ou une quelconque autre émotion qui me mettrait en position de force par rapport à elle. Je savais qu'il n'en était rien. Je ne l'intimidais pas. Nous étions semblables, c'était seulement notre base qui était différente. Nous voulions la même chose, nous le savions même si on ne pouvait freiner cette envie si irrésistible de jouer sur les mots.

Notre première rencontre avait été un préambule. Il fallait désormais passer à la suite, même si le mot danger transparaissait à la fin de chaque nouvelle ligne écrite et pour chaque paragraphe qui serait créé désormais. Il était inutile de chercher le mot que l'on placerait à la toute fin, nous le connaissions déjà sans avoir à le prononcer. Il ne restait plus qu'à déterminer la manière avec laquelle il serait amené et j'en offrais un vague aperçu à la jeune femme si elle s'amusait à jouer de trop avec la carte du retard. Sous mes doigts, je perçus comme une réaction, une modification infime de son rythme cardiaque. Je venais de réussir à l'atteindre, encore une fois mais sans aucune conséquences. Il faudrait de nombreuses réactions comme celle-ci pour que j'envisage enfin la possibilité d'une victoire pour moi. Elle était comme l'eau dans une casserole. Calme dans un premier temps. Chaque réaction qui était provoquée pouvait représenter une bulle qui éclatait car l'eau était portée à ébullition. Et une fois qu'elle aurait un rythme régulier, elle prendrait de l'ampleur et déborderait sauf si on ôtait le couvercle. Serait-elle capable à ce moment là d'écarter ce que je représentais, je n'en avais aucune idée. Je n'étais même pas certain de vouloir le savoir à l'heure actuelle, il était beaucoup trop tôt et nous commencions seulement à nous amuser.

Tout ceci n'était qu'un vaste jeu pour ma part même si les conséquences pouvaient être désastreuses. J'excitais Boomer. Elle m'excitait. La suite logique était de coucher ensemble. Mais l'excitation avait différentes natures, elle n'était pas forcément sexuelle même s'il y avait forcément des réactions physiques selon les mots ou les gestes que l'on choisissait de dire ou de faire. Elle prit l'option sur un, réduisant ce qui restait de liberté à mon espace vital pour complètement l'envahir. Ses lèvres effleurèrent les miennes. Mon instinct me dicta de m'écarter aussitôt, percevant un danger. Pourtant, je ne l'écoutais pas. Ou peut être que je n'eus pas le temps de l''écouter tout simplement.  Le geste était  le prémice d'un baiser, en vrai, ça n'en était pas un. Tout se déroula très rapidement même si j'eus une impression de ralenti. Des dents qui se refermèrent sur ma lèvre, une jambe qui s'enroula autour de la mienne, et une main qui tenta de me pousser vers l'arrière. Je n'avais pas écouté mon instinct qui m'avait dicté de m'écarter avant que cela se produise. Elle avait pris l'ascendant sur moi, durant le peu de secondes qui venaient de s'écouler. Il ne me restait plus grand chose à faire. Si j'avais refusé d'écouter mon instinct, il ne restait plus qu'à faire confiance à mes réflexes.

Je réagis. Rapidement et sans réfléchir, optant pour la première chose qui me vint à l'esprit, que ça soit la bonne ou la mauvaise solution. Mes lèvres se refermèrent, ne souhaitant pas se dérober à ce baiser forcé et si particulier. Mes doigts se resserrèrent sur son cou. Il n'était plus question de percevoir les battements de son cœur, seulement de l'entraîner avec moi. Si je tombais, elle chuterait également et sa douleur serait à la hauteur de la mienne, voire même pire car je ne relâcherai pas ma prise. Une blessure à la lèvre n'avait pas de réelles conséquences, par contre des lésions à la carotide, c'était une toute autre histoire. Désirait-elle vraiment que l'on aille jusque là alors que l'on se retrouvait à peine ? Je lui laissais le choix, alors qu'elle ne me l'avait pas laissé juste auparavant. En réalité, je ne lui laissais guère de possibilités car la pression de mes doigts se fit très vite plus forte. La caisse n'était pas loin derrière moi. Ma main libre se posa dessus, m'empêchant de reculer davantage. Je n'avais plus de mains libres, ce qui était tout le contraire pour elle. Plusieurs options se présentaient. Laquelle allait-elle choisir ? Dans tous les cas, quel que soit la suite, je me parais déjà à toute éventualité. Elle venait de libérer quelque chose en moi, je ne savais pas ce que c'était mais ça m'excitait autant que ça me mettait en rogne. Boomer venait de m'atteindre profondément, me marquant, chose qu'aucun membre de l'Agence n'avait réussi jusque présent.

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MessageSujet: Re: Que la partie commence [Terminé]   Que la partie commence [Terminé] Icon_minitimeMar 17 Déc - 20:57

Ils ne se connaissaient pas, ils n'avaient rien partagé, ni les joies ni les peines, deux sombres inconnus, voilà ce qu'ils étaient. Pourtant, elle lui avait réservé une place de choix depuis longtemps, non pas parce qu'elle l'avait choisi mais parce qu'il s'était imposé en la réclamant. Lui-même ne pouvait pas en être conscient, ses actes et ses réponses avaient décidé à sa place. Elle avait attendu de nombreuses années pour qu'une confrontation comme celle-ci ait lieu, elle s'était attachée à certains critères qu'aucun n'était parvenu à remplir et aujourd'hui, il y avait enfin l'obscur espoir de trouver un égal capable d'autant d'horreurs qu'elle si ce n'est plus. L'exacerbation de ses folles envies à son égard ne pouvait qu'appuyer le fait qu'il était une sélection de choix. Snow l'avait imaginé pieds et poings liés, docile, résigné, à présent elle fantasmait sur des actes barbares le réduisant à l'état d'esclave. Les pulsions ne se savouraient pas à moitié, la demi-mesure n'avait pas sa place dans les déviances. Tout cela alors qu'elle ne savait rien de lui, il était facile d'imaginer ce qu'il pourrait se passer avec plus d'éléments entre ses doigts. Elle le traînerait dans la boue, son nom, son honneur, sa fierté, souillés, envolés, écrasés, parce qu'elle y prendrait du plaisir et ferait en sorte qu'il en redemande. Peu importe ce qu'elle risquait de perdre, les sacrifices pouvaient parfois s'avérer bien plus doucereux quand le résultat valait son pesant d'or. La normalité n'était rien qu'un terme exprimé par de faux savants, ses rêves, ses goûts étaient hors-normes. Ce n'était pas l'envie de d'accéder à la banalité qui lui réchauffait le cœur ou lui permettait de prendre son pied, c'était le mal que l'on ne pouvait exprimer qu'avec de simples mots. Les pulsions l'animaient, dévorantes, acides et malsaines, elles étaient les fragments du passé et les immondices du futur. La présence de Monsieur Pillsbury avait suffit à la faire chavirer et maintenant qu'elle le frôlait, qu'elle le touchait enfin de près, il la faisait couler dans la noirceur de son âme. Elle comptait bien l'agripper pour qu'il puisse y goûter car il n'y avait rien de plus délicieux que de perdre la tête grâce aux folies que l'on ne s'était pas pleinement accordées.

Elle ne s'était pas préparée pour cela, son jugement avait été uniquement basé sur les suppositions qu'elle avait pu faire à son sujet et une potentielle ligne de conduite qu'elle lui avait imaginé. Maintenant qu'elle pouvait évaluer l'ampleur de sa personnalité et les freins évidents qui enchevêtraient son entité, elle ne demandait qu'une chose : déloger le monstre qu'il abritait. Car il était certain qu'il devait cacher bien des secrets et un amas de squelettes dans ses placards, tout ce qu'il lui restait à faire était de déverrouiller la porte pour les libérer. Finalement, les rumeurs n'étaient peut-être pas infondées et si l'on prenait le temps de réunir toutes les informations, il ne restait plus qu'à fuir loin de lui pour ne pas se frotter au diable pointant le bout de son nez. Malencontreusement, ses gênes n'étaient pas marqués par la fuite, le masochisme par contre allait de paire avec ses humeurs tyranniques. Alors elle avait osé, osé l'approcher, osé le toucher tout en cédant à ses propres caprices d'enfant gâtée et de ce fait elle avait ouvert une brèche lui permettant de l'atteindre. Voilà ce qu'impliquait le manque de peur ; baisser sa garde pour se concentrer uniquement sur les objectifs. Elle n'avait aucune idée de ce qu'allait être sa ou ses réactions, ni même le résultat d'un tel acte mais ce qu'elle ressentait par contre méritait qu'elle fonce tête baissée sans se préoccuper de la bienséance ou des délimitations de son espace vital.

Snow avait été à deux de doigts de réussir sa petite tentative, il était d'ailleurs étrange qu'elle ait pu l'entamer mais elle ne fut pas surprise d'échouer quand il resserra l'emprise de ses doigts contre son cou. Le contact de ses lèvres par contre, déclencha une autre sensation, déformant considérablement les intentions qu'elle avait eu envers lui. Le contact physique n'était pas une chose qu'elle envisageait comme étant une source de bien-être mais elle devait bien se l'avouer leur situation rapprochée et électrique venait de lui faire entre-voir la possibilité que ce soit possible. Elle ne souhaitait pas engendrer de quiproquos ou déraper vers un tout autre échange, cependant, la volonté se détachait régulièrement de ce qu'il pouvait réellement se passer. Peut-être était-ce à cause de son corps contre le sien, peut-être de la morsure altérée en un baiser insolite mais il se passait quelque chose qu'elle ne pouvait contrôler. Ce n'était pas le moment de perdre les pédales et pourtant, c'est ce qu'elle fit. Trouvant l'appui nécessaire grâce à son pied toujours au sol, la jambe qu'elle avait enroulé autour de la sienne garda la même position à la différence qu'elle la fit remonter au dessus de sa hanche, exerçant une pression visant à raffermir leur étreinte déplacée. Rares étaient les pulsions de ce type mais leur séance de tango endiablé lui avait donné l'ivresse suffisante pour la pousser à agir ainsi. Et, alors qu'elle commençait tout juste à donner du répit à sa lèvre en desserrant quelques peu les dents, ses bras vinrent s'enrouler autour de sa nuque tandis que son autre jambe vint rejoindre sa jumelle en lui permettant de ceinturer son bassin de celles-ci. Fermement accrochée, elle faisait supporter un poids supplémentaire au bras qui l'empêchait de partir à la renverse. Il lui faisait mal, elle aimait ça, comment aurait-il pu le deviner ? Il allait pouvoir le faire puisqu'elle graciait enfin sa lèvre de la morsure pour l'embrasser sans lui demander son avis, appuyant même sa gorge contre l'étau que formait sa main. Un baiser volé sans honte et sans retenue où elle exprimait les réflexions partagées qui la chahutaient, un baiser violent et méprisant, insouciant des barrières dépassées.

Tout était de sa faute, il l'avait provoqué il y a dix ans, aujourd'hui encore et la forçait en titillant ce qu'elle avait de plus mauvais. Ça lui plaisait de ressentir une telle chose, ça la transperçait de part en part sans possibilité de contrôle et c'était bien la première fois qu'elle l'acceptait à bras ouverts. Snow griffa donc la chair à portée de doigts tout en se soustrayant au baiser indécent auquel elle l'avait obligé tout en lâchant un faible gémissement empreint de satisfaction. Les limites avaient été dépassées certes, mais il n'était pas impossible de rebrousser chemin, ce qu'elle fit les joues rouges et la respiration désordonnée. Oh il ne fallait pas croire qu'elle était bouleversée, non, l'excitation était montée d'un cran pour s'éteindre aussi vite qu'elle s'était enflammée, car elle n'eut aucun mal à revenir à cet état glacial et aux traits figés réduisant son souffle à une simple brise calme contre ses lèvres. « Vous avez bon goût...Monsieur Pillsbury » Elle prononça ces quelques mots en un murmure entravé par les doigts appuyés contre sa trachée mais elle prit tout de même la peine de bien articuler son nom de sorte que son arrogance soit amplifiée. Et comme si rien de tout cela ne s'était passé, elle délogea ses ongles de sa peau tout en laissant glisser l'une de ses jambes pour retrouver le soutien du sol. Il n'était pas utile qu'elle l'attaque  une nouvelle fois en traître, pas tout de suite, elle préférait encore qu'il le fasse lui-même pendant sa fausse résignation. Et maintenant que Snow venait de franchir le respectable sans se soucier de son opinion ? Allait-il se laisser aller ? Elle l'espérait.
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MessageSujet: Re: Que la partie commence [Terminé]   Que la partie commence [Terminé] Icon_minitimeSam 1 Fév - 21:58

Nous avons tous quelque chose que l'on enfouit au plus profond de notre être. Un souvenir, une peur, un désir. Cette chose est appelée différemment pour chaque être humain. Nous savons qu'elle est là, bien ancrée en nous, qu'elle ne demande qu'à sortir. Nous sommes bien incapables de lui donner un nom précis car on ne souhaite tout simplement pas être confrontée à celle-ci. On ne contrôle rien. On sait juste qu'il faut que cette chose reste dans l'obscurité car si un jour elle venait à sortir et se révéler à la lumière, rien ne présage qu'on puisse la surmonter ou tout simplement aller au delà de toutes les marques qu'elle laissera sur son passage. Je la sentais au plus profond de mon être, elle se réveillait, commençait à cogner, jugeant qu'elle ne devait pas avoir assez de place dans ce lieu où je la confinais. Elle brouillait mes instincts, provoquait des dysfonctionnements dans mon cerveau. Je constatais déjà que j'allais à l'inverse de ce que j'aurais fait en temps normal, quand tout était sous contrôle. Mon instinct m'avait dit de m'écarter, je m'étais rapproché. J'ignorai la raison. Je ne réussissais pas à mettre un nom sur ce qui était en train de se passer. Peur, désir, lutte, préservation, tous les mots étaient inutiles, n'avaient aucune signification. Rien ne comptait, pas même ces promiscuités entre deux corps. Pas même ces douleurs inutiles qui pouvaient être infligées et qui étaient déjà envisagées. Quel choix existait-il réellement au milieu de tout ceci quand on vivait la situation de l'intérieur ?

Aucune décision dictée par la raison n'existait. Ce n'était que des coups de folie. Comme ma main sur cette gorge. Comme ces dents sur ma lèvre. Comme mes lèvres qui se refermèrent pour tenter de limiter les dégâts. Cette folie qui animait nos deux êtres décida de passer au stade supérieur, échappant à nos contrôles à tous les deux. Je me l'expliquais ainsi. Si je n'avais aucun contrôle, Boomer n'était pas mieux, voire même pire. Ce n'était peut-être qu'une volonté mal placée de se rassurer, de me rassurer en prévision de ce qui allait suivre. Une pression qui se fit plus légère. Des lèvres qui se refermèrent différemment sur les miennes. Il ne fut plus question de morsure, ni de douleur physique. Une ouverture était offerte. C'était le moment ou jamais de s'engouffrer à l'intérieur de celle-ci. Encore aurait-il fallu que je récupère le contrôle mais cette chose continuait à tambouriner en moi. Un peu plus violemment, un peu plus douloureusement mentalement. Et l'étreinte d'un serpent qui se resserra un peu plus autour de sa proie, l'étouffant en l'enroulant de ses jambes et de ses mains, n'hésitant pas à se faire mal au passage en faisant pression sur une main qui s'égara, oubliant de rajouter un peu plus de pression pour délivrer tout l'être dont elle n'était qu'une extrémité.

Ma tête ne voulut pas. Elle reçut un coup, plus violent que les précédents, et surtout beaucoup plus marquants. Ce fut un coup de traître, celui de mon propre corps. Il décida qu'il pouvait se dispenser des conseils de mon cerveau. Il décréta que c'était lui le dominant à cet instant précis. Il me fit comprendre que pour une fois s'il le décidait, je n'aurai pas le dernier mot. Plusieurs mois que je n'avais pas vécu une telle contradiction. Plusieurs mois et la seule que j'avais cru connaître un soir, je me rendis compte que ce n'était qu'une poussière à côté de celle-ci. Mes lèvres ne s’entrouvrirent pas pour se dérober à ce baiser forcé. Pouvait-on encore parler de forçage quand il y avait du répondant de l'autre côté ? Ce n'était pas ce que l'on pouvait qualifier de viol de lèvres, ni d'atteinte à un espace vital. La brèche était créée, l'autorisation n'avait pas été prononcée mais le geste sonnait clairement comme tel. En répondant à ce baiser, Boomer ne forçait pas mon intimité, je l'y invitais, de ma propre volonté, desserrant à peine l'étau sur sa gorge pour lui faire comprendre que le combat n'était pas terminé. Il ne faisait que commencer, malgré ce geste, ses conséquences sur ma personne et tout ce qu'il amènerait par la suite.

Tout était de sa faute à elle. Si elle ne m'avait pas autant horripilé à l'époque. Si elle n'était pas entrée de nouveau dans ma vie. Si elle ne m'avait pas provoqué avec autant de nonchalance. Tellement de si pour rejeter une culpabilité que je savais partagé. Tout cette situation était bien réelle et non imaginée, la chaleur qui parcourut ma peau en témoignait après le passage de ses doigts. Il n'y avait plus de frontières, elle venait de voler en mille morceaux, sans espoir de les recoller même quand il y eut une fin à ce geste sans qu'elle ne laisse la possibilité au flottement de s'installer. Peut être que ce n'était qu'une question de goût. Peut être que tout ceci allait au delà. Peut-être que je sentis un besoin urgent, vital mais trop tard de me protéger quand ma main quitta la caisse contre laquelle je m'appuyais pour venir s'abattre d'un geste ferme, sec et non hésitant contre les côtes de la jeune femme. Elle ne l'avait pas volé celle-ci même si nous savions tous les deux que ce n'était pas une histoire de punition pour un baiser qui n'aurait pas du exister. Tout allait au delà, personne ne pouvait comprendre ce qui était en train de se dérouler dans cette pièce. Pas même nous dans le fond en y réfléchissant bien.

« Rendez-vous dans deux jours.. à 7h mademoiselle Boomer. » Ce fut ma seule réaction en paroles. Mes doigts se relâchèrent enfin de sur sa trachée. Mes prunelles fixèrent les siennes encore quelques secondes. Puis ma main se posa sur sa jambe pour la forcer à s'écarter. Le coup porté auparavant était un signal d'alarme. Il lui fallait en tenir compte mais nul doute qu'elle devait être satisfaite du résultat. La bête était réveillée sans avoir eu besoin de se transformer. Encore combien de temps avant qu'elle ne prenne le dessus ? Car il n'était plus question de l'enfouir, je me connaissais suffisamment. Je ne pourrai pas l'arrêter, pas tant qu'elle n'aurait laissé libre cours à tout ce qu'elle désirait. Ma seule préoccupation, c'était de savoir encore combien de temps j'allais pouvoir la freiner et le temps jouait désormais contre ma personne, contre mon entourage. Et plutôt que de lire la satisfaction sur ses traits à cause de cette vérité qui venait d'être révélée, ma main la lâcha. Je tournai les talons, refusant de lui laisser une nouvelle possibilité d'ouvrir un peu plus la brèche, d'étendre cette fissure qui déchirait mon être. J'avais cédé du terrain, ce n'était qu'une manche mais cela avait un goût de défaite, du moins pour cette journée et cela ne devait en aucun cas se reproduire. Jamais.

FIN
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