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 Prayer of the refugee

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Aaron O'Hara

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MessageSujet: Prayer of the refugee   Prayer of the refugee Icon_minitimeMer 15 Jan - 9:48


4 mars 2011


Nous étions traqués, comme des bêtes. Depuis une semaine, nous étions sur le qui-vive. Plus personne ne pouvait sortir librement de Genome, nous nous entassions les uns sur les autres et tentions de rapatrier les mutants en danger quand nous le pouvions... La place allait finir par manquer et surtout, ce putain de virus nous posait toujours plus de problèmes. Est-ce que j'avais commis des erreurs ? Est-ce que tout cela était de ma faute ? Je n'en savais rien. Je n'avais pas le temps d'y réfléchir, nous avions trop de travail, trop de choses étaient plus urgentes que mes élans de conscience.

Les malades... Ils s'entassaient dans l'infirmerie et... Esteban. Mon poing s'abattit sur mon bureau sans même que je ne m'en rende compte. Ce fut l'onde de choc qui parcourut mon bras et remonta vers ma nuque qui me fit réaliser ce que je venais de faire. Je fermai les yeux. Esteban avait été capturé et tout était de ma faute. Jamais je n'aurais dû les envoyer avec Shannon pour récupérer des affaires. J'aurais dû le faire moi-même. Ou tout abandonner là-bas. Encore une fois, c'était Esteban qui écopait des dommages collatéraux : après son long coma, l'enfermement. Et encore une fois, c'était Shannon qui se laissait bouffer par les remords alors qu'elle n'y était pour rien : après le Blue Lake, ça. Je le retrouverais. Je m'en faisais la promesse. Nous avions réussi à nous échapper de cet enfer avec Aby, Esteban en sortirait aussi. Je ne pouvais pas le laisser moisir là-bas, au milieu de ces tarés, sous la torture, les injections, les tests à tout va... Non. Est-ce que je devais contacter Anya ? Pour la prévenir ? Non, je n'osais pas et puis elle avait sûrement changé de numéro sous les conseils avisés de Calloway. Mieux valait qu'elle ne sache rien, Esteban cherchait toujours à ce qu'elle soit protégée. J'avais dû réprimer mon envie de me rendre fissa à Genetic pour tout exploser et récupérer mon grand copain. Une fois j'avais eu la bonne idée d'aller là-bas pour récupérer Holster et leur refourguer cette garce de Reynolds à la place. Les conséquences avaient été si douloureuses que je me devais de réfléchir avant d'agir.

Je sortis de mon bureau et me dirigeai vers la zone de vie. Plus rien n'allait, tout était parti si vite en vrille... Il fallait que je la voie. Une semaine qu'elle était là et j'avais eu l'occasion de ne pas y penser parce que ça avait été la folie ici. Seulement, ce soir, j'étais censé me reposer et forcément... Je m'étais mis à penser. Je détestais ça, je pensais trop, tout le temps, sans arrêt. Mes actions dictées par mon impulsivité n'avaient jamais été bonnes et je me forçais à trop réfléchir, à tout évaluer, décortiquer, peser, analyser. Il fallait que ça cesse, que je donne du repos à ma cervelle. Et quand je ne pensais plus à Genome pour quelques instants, ou à Shannon, c'était à elle que je pensais. Elle était là, si prêt et si vulnérable tout en étant forte... Depuis son retour ici, elle avait aidé mais je l'avais volontairement évitée. De quoi avais-je peur ? Que pouvait-il arriver de grave ? Le rejet ? Non, parce qu'au fond, une partie de moi voulait toujours qu'elle me rejette, qu'elle m'ôte de sa vie pour préserver la sienne. Et une autre partie de moi craignait ce rejet parce que j'étais seul. J'étais seul et à son contact, je me sentais bien. Genome était devenu ma vie et les responsabilités qui allaient avec me bouffaient littéralement. Avec elle, j'étais à nouveau Aaron O'Hara. Enfin, je l'espérais. J'espérais pouvoir être moi à nouveau avec elle.

Devant la porte, j'hésitai un instant, sans trop savoir pourquoi. Et il ne fallait pas que je cherche à comprendre sinon j'allais tout remettre en question. Je frappai, doucement. Les chambres étaient partagées à plusieurs mais beaucoup étaient dans la salle commune à cet instant, salle où je ne l'avais pas vue. Peut-être serait-elle seule ? Une voix - sa voix - me dit d'entrer. Je m'exécutai.

Elle était là. Elle ne souriait pas, avait mauvaise mine et pourtant, cet air grave la dotait d'une beauté tragique sans limite. A croire que l'horreur la sublimait. Ou peut-être que je divaguais. Je fermai la porte mais n'osai pas m'approcher plus, laissant mes mains accrochées à la poignée derrière mon dos. « Je suis venu voir comment tu vas. » dis-je simplement, incapable d'exprimer plus. Incapable de prendre plus de risques : être là, devant elle, était déjà un pas de géant pour moi.
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Holly Donovan

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MessageSujet: Re: Prayer of the refugee   Prayer of the refugee Icon_minitimeVen 17 Jan - 2:23

Je n'avais plus le temps de réfléchir. Penser était un luxe que je ne m'offrais que rarement. J'étais branchée sur le poste "survie" et pour tout dire; cela me convenait. Je n'avais pas le temps de m'apitoyer sur ma situation. Tout en vivant dans le même immeuble, je ne le croisais pas. Je passais mes journées à l'infirmerie, à la salle commune, à remonter des morals, à aider qui en avait besoin - et les besoins étaient grands- ... et je ne voyais pas l'ombre de celui qui m'avait sauvée.

Cette agitation ne m'empêchait pas de mourir de peur intérieurement, mais maintenant j'avais compris. Avec les derniers événements, j'avais enfin ouvert les yeux.
Peut-importe ou je me cacherais, ils me retrouveraient. Peut-être mettrais-je même ma propre famille en danger en allant m'y réfugier.
Genome était l'endroit où je devais me trouver. Autant pour ma propre protection que pour cette lutte; Nous devions mettre un terme à ces atrocités. Les mutants ne devaient plus vivre dans la peur, dans l'ombre, ils devaient avoir le droit de circuler librement, sans avoir peur de se faire capturer, séquestrer, torturer.

C'est en entrant finalement dans ma chambre que je pris conscience que j'avais serré les poings et fait vaciller quelque ampoules. J'étais stressée. À cran. J'avais envie de fondre en larme en pensant à toutes ces morts, à ces disparus. J'en rêvais. Toutes les nuits. Et je me doutais... qu'Aaron devait souffrir au moins mille fois cette douleur.

Expirant doucement dans une tentative de me calmer, je troquai mes vêtements pour des survêtements plus confortables.
C'était exactement pour éviter de telles remontées de sentiments contradictoires que je m'étourdissais au travail. Je ne pouvais pas lui faire face. Il me rejetterai, c'était certain. Et je ne pourrais absolument pas le lui reprocher; je l'avais moi même repoussé. Peut-être n'étais-je pas à la hauteur au fond, que c'était mieux ainsi. J'avais eu peur, c'était ce pourquoi j'étais partie, je l'avais abandonné. ...  Il devait m'éviter, et personne ne pouvait lui en vouloir. Je n'avais pas non plus chercher à le croiser. Peut-être était-il mieux sans moi et mes faiblesses.

Ces derniers jours avaient été de la pure folie. Une folie engourdissante, analgésique.
Une des infirmières m'avait ordonné d'aller dormir, de me reposer. Peut-être aurais-je du aller dans la salle commune, essayer de rire un peu, de me changer les idées mais.... il hantait maintenant mes pensées. Je n'avais pas spécialement envie de me forcer à sourire.

Tout cela n'était partit que d'un stupide jeu et maintenant... maintenant, après tout... le joueur avait atteint mon coeur visiblement. J'éprouvais quelque chose pour cet idiot d'O'Haara. Et ce quelque chose me rongeait maintenant que je repensais à cette première nuit passée à ses cotés... puis à cette terrifiante sensation d'avoir oublier mon coeur quelque étages plus bas quand quelqu'un ne faisait que mentionner son nom.

En entendant les coups à ma porte, je m'éclaircis brièvement la voix avant de lancer d'un ton neutre, priant pour que la nouvelle ne soit pas mauvaise:

- Entrez.

Je me retournai pour faire face au visiteur quand je le vit. Peut-être étais-je en train d'halluciner.
Puis son odeur me parvint dans un léger courant d'air, me faisant douter de pouvoir halluciner autant de détails. Il était toujours aussi... lui. J'avais envie de fondre en larmes et de me cacher dans ses bras, l'embrasser. Et j'avais envie de disparaître dans le plancher, liquifiée, honteuse.

C'était LUI qui venait me voir...

" Je suis venu voir comment tu vas "

Comment allais-je ? Sous toutes réserves, j'étais encore en vie, donc bien. Mais ces cauchemars, ces peurs, cette fatigue, allais-je réellement bien?

- Ça va... et toi, tu tiens le coup ?

Je sentis moi même l'inquiétude dans ma voix. C'était horriblement moche comme réponse, mais je ne savais que dire. Je me contentais de le regarder, avec cette horrible impression qu'un ravin séparait nos deux corps. Puis cette constatation m'assaillit cruellement:  Il m'avait manqué.
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MessageSujet: Re: Prayer of the refugee   Prayer of the refugee Icon_minitimeJeu 13 Fév - 11:46

Le lourd silence entre nos phrases pesaient sur l'ensemble de la pièce. Et pourtant, il n'était que bref. Il me donnait l'impression de durer une éternité, éternité durant laquelle je pouvais sentir chacun des battements de mon coeur. J'étais figé, toujours accroché à cette foutue porte que j'avais refermée. La laisser ouverte m'aurait permis de m'échapper en un éclair, de fuir ce problème-là comme je l'avais fait si souvent auparavant. C'était à cela que se résumait notre relation : de fuite en fuite, nous n'avions pas avancé. Et j'étais incapable d'avancer seul de mon côté. Oh ce n'était pas tant le problème de trouver une fille, de la séduire, de la prendre et de repartir. Non, le réel soucis était que je n'arrivais même pas à voir les autres filles. Je ne voyais qu'elle. Et pourtant, je me refusais à l'accepter pleinement dans ma vie. Parce que c'était compliqué, parce que j'avais peur et surtout, parce que je ne m'estimais pas être en droit de l'inclure dans tous mes problèmes en lui faisant une place à mes côtés. Et puis, de toute manière, n'avait-elle pas cherché à partir loin de moi elle aussi ? Elle n'avait sûrement pas envie d'intégrer ma vie, le chaos qui régissait mon existence.

Et nous étions là, toujours au point mort, toujours sur nos gardes. Incapables de nous dire autre chose que des banalités. Mais que faire ? Je ne pouvais pas organiser mes pensées pour lui dire ce qu'il fallait. Et qu'est-ce qu'il aurait fallu que je lui dise d'ailleurs ? Je n'en avais aucune idée. Raaaah que ma tête arrête de m'embrouiller ! Et que mon coeur cesse de venir y mettre son grain de sel bordel !

« Je... oui. J'ai pas le choix de toute manière. » Si j'avais pu m'effondrer, je l'aurais fait depuis longtemps. Sûrement à la mort d'Aby. Mais je ne le pouvais pas, des gens comptaient sur moi. Et aujourd'hui, Genome étant au plus bas, je ne pouvais pas laisser les autres voir à quel point j'étais lessivé. Je me devais de continuer, de ne jamais arrêter tant qu'il y aurait des gens qui auraient besoin de Genome. C'était le meilleur moyen de finir par me foutre en l'air mais après tout, que me restait-il ? Shannon, qui était en danger comme les autres, mes amis, qui étaient là... Ma propre vie n'avait de sens qu'à travers mes proches. Mon avenir se résumait uniquement à Genome. Je savais qu'obtenir mon PhD ne rimerait plus à rien, que chercher à avoir une vie normale serait au-dessus de mes forces. Alors je continuais à me battre du côté des mutants, parce que c'était tout ce qu'il me restait. J'aurais aussi pu ajouter que c'était tout ce que je savais faire mais, en étant honnête, je savais pertinemment que je m'y prenais comme un pied. Plus nous avancions, plus les cadavres s'empilaient autour de nous. C'était sans fin, une chute éternelle vers le bas, violente, douloureuse, sans espoir.

« Je... » Je quoi ? Qu'est-ce que je pouvais bien lui dire ? Qu'elle m'avait manqué ? Que j'étais heureux de la voir ici, ce qui incluait donc de la voir mêlée à toutes ces merdes qui nous bouffaient la vie ? Non, c'était ridicule. Je ne savais pas quoi lui dire. Je n'osais pas. C'était insupportable. Si seulement nous avions pu nous rencontrer dans une vie normale, dans un monde sans ce putain de gène mutant ! J'avais cette certitude, j'étais sûr que nous aurions pu vivre quelque chose de beau à deux. Peut-être pas éternellement, mais une histoire qui aurait valu la peine que je me batte un peu et que j'arrête de jouer au gland. Sauf que le monde dans lequel nous vivions n'était pas beau et notre histoire était vouée à une fin horrible. Pas une fin de couple normal, non, une fin sanglante, quelque chose en rapport avec la mort. Parce que la mort, cette garce aux griffes acérées, aimaient à jouer autour de moi, à arracher un à un les piliers de ma vie. Et si je laissais Holly entrer à nouveau dans ma vie, cette connasse de faucheuse s'en donnerait forcément à coeur joie. « Je suis content de voir que ça va. Enfin... physiquement. » Parce que personne n'allait bien dans sa tête à Genome. « Tu... comptes retourner chez tes parents ? » Après tout, peut-être qu'elle y serait en sécurité. Ses parents n'avaient jamais été inquiétés d'après les informations régulières que nous avions volées à Genetic par le passé. C'était toujours un refuge qu'elle pouvait regagner. « C'est toujours sécurisé là-bas. Mais il ne faudrait pas tirer sur la corde et les faire déménager serait une bonne idée... »

Ce que je pouvais être minable. Encore une fois, je lui parlais d'ailleurs, de partir alors que je n'avais pas envie qu'elle parte.
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MessageSujet: Re: Prayer of the refugee   Prayer of the refugee Icon_minitimeDim 9 Mar - 5:33

Après la honte, la peur.
J'avais peur, sincèrement peur de le voir là, d'être devant lui. Son odeur me parvenait aux narines avec délice, sa vue me faisait frissonner... Il était venu me voir... Il était terriblement beau, terriblement plus mature que moi... moi qui l'avais éviter. Je ne méritait pas autant d'attention...

Malgré tout, malgré ces constatations, mon être entier me poussait a aller me réfugier dans ses bras, à l'abris de la tempête qui régnait autour de moi. J'avais envie de me faire dire que le cauchemar se terminerait un jour, et j'avais envie de quiétude. Il m'avait ouvert les yeux, il m'avait protégée...

"Je... oui. J'ai pas le choix de toute manière."

Oui, pas avoir le choix, je connaissais cette réalité. J'avais désespérément tenté de l'avoir en fuyant, fuyant sans cesse, sans relâche, mais je n'y étais pas parvenue.
Et j'avais maintenant la preuve devant moi que même les plus forts n'y arrivaient pas. Aaron devant moi, épuisé, me regardait, et j'avais malgré tout l'impression de ne plus exister. Mon être semblait s'être étioler en million de fils qui tendaient désespérément vers lui... et qu'il ne voyait pas.

En l'entendant entamer un début de phrase, je releva les yeux, en quête des siens.
Je suis content de voir que ça va. Enfin... physiquement.

J'allais bien... oui, seulement physiquement. Car en l'entendant, les larmes me montèrent aux yeux. Je le revit, si fier, assit à cette table du centre de recherche de l'université, je le revit me fixer de son air furieux, terriblement supérieur; Je revis son sourire sarcastiques, ses réponses vives, je revis nos débuts.

Physiquement.

- En effet... ne pas être morte ce doit être un excellent signe de bonne santé physique de nos jours...

"Tu... comptes retourner chez tes parents ?"

Si je comptais remettre la vie de mes parents en danger, si je comptais fuir à nouveau?
C'est toujours sécurisé là-bas. Mais il ne faudrait pas tirer sur la corde et les faire déménager serait une bonne idée...

- Non, je... je vais rester Ici. J'ai... j'ai... j'aurai... envie que... j'aurai envie de rester ici. Avec toi.

Oh. Mon dieu. Je l'avais dit. J'avais exprimer ce que je ressentais. Au travers de cet immense et béant gouffre de distance qu'était cette chambre entre nous....
À travers cet atroce vide qui nous séparait, j'avais pu exprimer une parcelle de ce qui fond de mon coeur blessé battait.
Je ne voulais plus fuir, je ne voulait plus essayer de lui échapper, à lui et à cette situation. Je ne pouvais pas, je ne pourrais pas, et maintenant, je devais me battre. Au travers de la fatigue, au travers de l'épuisement, je me devais de garder la tête et d'éviter de pleurer, exactement comme je le faisais a l'instant.
Il me croirait probablement faible, il me repousserait probablement, et je n'en méritait pas moins. Seulement, j'avais exprimer mon point de vue. Avec deux mots à la suite d'une longue phrase de bégaiement et d'hésitation, j'avais enfin pu m'exprimer un tant soit peu sur ce qui subsistait en moi d'émotion. J'aimais encore Aaron... et de tout mon coeur, j'espérais que lui aussi.
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Aaron O'Hara

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MessageSujet: Re: Prayer of the refugee   Prayer of the refugee Icon_minitimeVen 21 Mar - 10:59

J’avais baissé les yeux en parlant de ses parents. Pour ne pas avoir à affronter son regard alors que je lui disais presque de partir. Ce n’était pas ce que je voulais mais c’était tout simplement ce qu’il y avait de mieux pour elle et comme j’étais trop con pour lui dire de rester… Voilà.

Avec toi.

Avec moi. Est-ce que… ? J’osai relever la tête pour la regarder tandis que mon cœur manquait un battement. Puis deux. Puis trois. Je ne savais plus quoi dire. Au fond, j’avais espéré qu’elle me dise ça, qu’elle reste là, à mes côtés, qu’on traverse ça ensemble. Et en même temps, je ne le voulais pas. Allais-je sérieusement reproduire la même erreur ? La repousser encore et encore en espérant qu’elle finisse par me détester pour ne pas me sentir coupable de la retenir auprès de moi ? Mais putain, est-ce que j’allais finir par savoir ce que je voulais ? Est-ce que j’allais enfin prendre ma décision seul comme un grand ? Il fallait que je le fasse, il fallait que je fasse mon choix. Mais c’était tellement dur. D’un côté, je la voulais, pour moi, pour moi tout seul. Et d’un autre, je voulais qu’elle ait un jour droit au bonheur et ça, ça n’était pas possible à mes côtés. Quelle que soit ma décision, Holly en pâtirait. Peser le pour et le contre.

Pour.
Passer du temps à ses côtés. M’enivrer d’elle, pouvoir avoir toujours un œil sur elle. Savoir qu’elle était mienne. Savoir que nous étions ensemble, traverser les épreuves. Nous épauler. Nous aimer. Souffrir ensemble et surtout crever ensemble.


Contre.
La voir partir. La voir souffrir autant que moi mais me dire qu’elle pourrait peut-être espérer un jour une vie meilleure. Savoir qu’elle survivrait et vivrait. Crever seul. Me laisser bouffer de l’intérieur à cause de son absence et passer à autre chose si je ne crevais pas avant.


« Je… » Rien. Je ne savais toujours pas quoi dire, quoi faire. Bordel pourquoi fallait-il que les choses paraissent aussi compliquées ? Bon sang c’était moi qui étais venu la voir ! C’était bien parce que j’en avais envie, non ? Je pensais trop, je voyais trop loin. Il fallait que je me pose les bonnes questions mais… J’en étais incapable. Tout s’embrouillait dans ma tête : ce que je voulais faire contre ce que je devais faire. J’enviais les gens normaux, toutes ces personnes qui n’avaient pas à brider leurs envies par peur d’entrainer leurs proches dans les abysses.

Incapable de soutenir son regard, je regardais ailleurs. Comme quelqu’un prêt à abandonner. Peut-être que c’était ce que j’allais faire. La laisser partir pour son bien. Parce que jamais je ne pourrais arrêter mon combat. Jamais je ne pourrais abandonner toutes ces personnes qui croyaient en Genome. Et je ne voulais pas qu’Holly se perde dans cette cause qui nous menait tous à notre perte. Je finis par relever la tête et réduire la distance qui nous séparait pour attraper sa main, sûrement aussi tremblante que la mienne. « Je suis désolée Donovan. Je ne veux pas que tu risques ta vie pour… » Et puis merde. Je renforçai ma prise sur elle et l’attirai à moi, l’enrobant de mes bras. Je posai mon menton sur sa tête, les yeux fermés, la serrant de toutes mes forces. Mon cœur entamait une course folle tandis que ma respiration décidait de s’adapter à un rythme tout sauf régulier. « J’ai envie que tu restes mais je ne veux pas que tu… Pas pour moi Holly. Cette cause m’a déjà anéanti. Je ne suis qu’une épave et je n’ai rien à t’offrir. » C’était ça, au fond, ma plus grande crainte. Je n’étais qu’une coquille vide. J’avais tant perdu que je me demandais ce qu’il restait du type que j’avais été. L’adolescent était mort avec mes parents. L’homme avec ma sœur. Aujourd’hui, je n’étais qu’une âme meurtrie cherchant à continuer sans autre but que d’aider les autres. Parce que je ne pouvais plus m’aider moi-même.
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