Sujet: Une nouvelle page se tourne Lun 20 Jan - 21:01
Quelle idée de venir ici pour remuer la merde ? Cet endroit n’était pas sûr et il ne faisait aucun doute que des membres de Genetic se trouvaient dans le coin pour observer la foule. Les pertes avaient été nombreuses, mais ces monstres ne lâcheraient rien tant qu’ils n’auront pas détruit l’organisation à la racine. Un contrat devait courir sur la tête d’Aaron ainsi que sur ses bras droits. Je ne connaissais pas réellement leur fonctionnement et n’en avait même pas envie. Cette guerre avait déjà fait trop de morts à mon goût et même si l’art du combat ne m’était pas inconnu, j’avais des personnes à protéger. Je n’étais pas parfaite, ni même indestructible, ce jour cauchemardesque en était bien la preuve. Malgré mes efforts, Adam était mort et il m’était impossible de ne pas me sentir coupable. Si j’avais su quoi faire… Si je n’avais pas tournée le dos à Jeremy… Il ne faisait aucun doute qu’il serait encore vivant. J’avais beau ne pas avoir appuyé sur la détente, je n’arrivais pas à me débarrasser de son sang qui dégoulinait sur mes mains. J’avais beau les nettoyer au savon ou à la javel, rien n’y faisait. C’était dur et l’état d’Elias ne m’aidait en rien. Le simple fait de le regarder me rappeler ce jour et j’en venais à le détester de me faire sentir aussi sale. Il n’y pouvait rien. Il avait perdu Indio. Seulement, j’ignorais combien de temps je pourrais supporter ce silence angoissant et ces crises de colère. Le voir m’était difficile, mais ne pas savoir où il se trouvait n’était pas simple non plus. Alors, je me contentais de vivre le moment présent.
Ne pouvant supporter l’atmosphère étouffante de l’appartement, j’étais sortie et mes pas m’avaient amenés devant les locaux, détruits, de Genome pour la cérémonie. Cette sortie n’était pas amusante. Le visage des gens suffisait à le comprendre. La plupart des visages étaient graves, mais d’autres étaient inondés de larmes. J’avais bien fait de ne pas m’approcher. Il aurait été impossible de ne pas m’effondrer. Je me tenais déjà au mur d’une ruelle à quelques dizaines de mètres du désastre. L’odeur était nauséabonde, mais peu importait. J’avais besoin de venir ici. Par contre, ce qui me dérangeait était les pas qui s’étaient approchés de moi dans mon dos. Amis ? Ennemis ? Ennemis bien évidemment. Je n’avais pas d’amis. Triste constat mais ce n’était pas le moment de disserter sur le sujet. Le visage caché par la capuche de mon sweet noir, j’avais peut être une chance de ne pas me faire gauler si je me mettais à fuir. Mais fuir… Pourquoi ? Je n’avais pas à avoir peur d’eux. Je n’avais pas à les fuir. Ils n’étaient qu’une bande de tueurs, sans pitié. Pourquoi aurais-je du respect pour ces trous du cul ? Ils méritaient au contraire que leur gueule rencontre mon poing.
Les muscles tendus à l’extrême, je me retournais, prête à frapper la vermine généticienne. Je me saisissais de la personne par les épaules pour la coller contre le mur. J’étais furieuse de cette intrusion. Ne pouvait-il pas nous laisser tranquille après avoir causé autant de destruction ? Je les haïssais. Seulement, en examinant d’un peu plus près la personne que je tenais, je me rendis compte de mon erreur. Kensie… Je ne m’y attendais pas, si bien qu’en reculant, je me retrouvais le cul par terre. Bravo la killeuse ! Pour le leçon d’intimidation, tu repasseras !
- « Qu’est ce que tu fous là ? »
Kensie F. Lockwood
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All about you Your secret life: Disponibilité: Réservations ouvertes
Sujet: Re: Une nouvelle page se tourne Mar 4 Mar - 11:20
10 mai 2011
Chaque seconde qui passait était une goutte de sang de plus sur le sol. Mon sang. Le sang de ceux disparus. Le sang d’Emy. Le sang de tous ceux qui ont perdu quelqu’un. Les jours se sont succédé sans que la douleur ne soit apaisée. Chaque nuit, je me réveillais en sursaut, le visage ravagé par les larmes et le cœur battant la chamade sous la terreur. Chaque jour, je sentais la douleur et la culpabilité m’envahir, me noyer. Chaque soir, je me disais que demain était un autre jour et chaque autre jour, je me rendais compte que j’avais tort. J’allais mal, tout le monde allait mal. Mon monde s’était écroulé, de manière littérale et même si Refuge Valley nous avait offert ses portes, ce n’était pas le QG. Ce n’était pas ce lieu rempli de souvenirs aussi douloureux qu’exaltants. C’était un lieu où Adam ne mettrait jamais les pieds. Où Wyatt ne ferait jamais de conneries. Où Soraya ne me botterai jamais les fesses.
Les jours passaient et rien ne changeait. Le temps guérit les blessures paraît-il, mais l’expérience m’avait appris qu’il ne guérissait rien du tout. Il ne faisait que nous habituer à la douleur, au point de nous faire oublier qu’on a mal. Le temps avait passé pour la mort de ma mère et je ne la pleurais plus, parce que j’étais habituée à ne plus la voir, à ne plus lui parler. La mort de mon frère continuait de m’atteindre, parce que je continuais d’espérer. Moins qu’il y a quelques mois peut-être, mais à chaque fois que mon téléphone sonnait, je sentais toujours cette maigre étincelle qui me disait que c’était, peut-être, Bryton. C’était pour ça, que retourner chez mon père continuait d’être douloureux. Parce que la porte d’entrée restait ma pire ennemie. Et sa chambre aussi. Et c’était pour ça que la destruction du QG me touchait autant. J’avais besoin de les maintenir en vie un peu plus longtemps. C’était malsain, mais je n’arrivais toujours pas à croire que je ne les reverrai jamais. C’était stupide. Ce n’était pas comme si j’avais été proche de Wyatt, ou inséparable de Soraya, mais j’avais pris l’habitude de les voir.
Ce qui faisait le plus mal pourtant – la mort d’Adam me hantait jours et nuits – restait de savoir que ce n’était pas l’effondrement qui l’avait tué. C’était de savoir que c’était un homme que je ne pourrai jamais toucher. Tuer Remington pour venger Adam m’avait traversé l’esprit. Sonny m’avait ironiquement donné l’envie de le faire. Mais je ne pouvais pas. Il avait tout de l’homme intouchable : l’âme meurtrière, l’entraînement inégalable et la femme aussi précieuse à ses yeux – du moins je l’espérais – qu’aux miens. Si je pouvais ignorer les deux premiers, je ne pouvais pas oublier Sonny. Je ne pouvais rien faire sinon pleurer un ami précieux et pleurer sans pouvoir dire à ma meilleure amie que c’était son fiancé qui l’avait tué. Pieds et mains liés, bâillonnée, j’étais condamnée à souffrir avec elle à mes côtés et pourtant, sans son soutien, je n’aurai certainement pas été capable de sortir aujourd’hui.
Le mois de mai était arrivé et avec lui, la chaleur. A Los Angeles, c’était une constante, mais elle devenait plus étouffante en se rapprochant de l’été. C’était bien loin d’égaler le désert de l’Arizona que je connaissais si bien, mais c’était suffisamment désagréable pour le noter. Lunettes de soleil sur le nez pour cacher mes yeux secs et rouges d’avoir trop pleurés, débardeur et jeans pour faire semblant d’avoir fait un effort en m’habillant ce matin, je traînais les pieds jusqu’aux ruines du QG. J’aurai dû apporter des fleurs. J’aurai dû m’habiller différemment. J’aurai dû sauver Adam. C’était si facile de toujours y revenir. La case regret ne m’échappait pas. Ou était-ce l’inverse ? Je n’échappais jamais aux regrets. Le complexe du messi.
J’allais faire un pas sur le côté pour dépasser une silhouette immobile, pour me rapprocher du regroupement près des ruines – me rapprocher seulement, parce que quelque chose me disait que Genetic et l’Agence devaient bien avoir posté des agents quelque part – lorsque dite silhouette m’attrapa violemment par les épaules et me cogna contre le mur. La peau de mon coude et ma tête en pâtirent, mais je n’y prêtais pas attention. Je n’avais pas mon briquet à disposition, mais mes poings serrés étaient prêts à repousser l’assaillant. Ou plutôt assaillante, à en croire sa taille et ses seins. Je n’avais pas besoin de faire d’efforts cependant. Elle se ramassa au sol sans avoir besoin de mon aide, comme une grande. Capucine.
J’étais partagée entre deux réactions : l’aider ou la provoquer. Je ne voyais pas très bien le principe de la deuxième option. Elle m’avait certes attaquée, mais il ne fallait pas être Einstein pour comprendre qu’on était là pour les mêmes raisons et qu’on était aussi parano l’une que l’autre. Tendant ma main vers elle, je l’invitais à la prendre pour l’aider à se relever. « Certainement la même chose que toi. » Je désignais le rassemblement de l’autre côté de la ruelle, sans offrir d’autre explication. A elle de faire le calcul. Mon attitude était froide, je le savais, j’avais envie de m’excuser, mais je ne savais pas comment. Dès que je n’étais plus en compagnie d’Emy ou de Sonny, je perdais presque tout intérêt pour le reste. Tout ce qui touchait de près ou de loin à la socialisation me rebutait. Pourtant en la regardant, une question me brûlait les lèvres.
Nous avions vécu la même chose. Les mêmes évènements, en même temps, au même endroit. Le traumatisme n’était pas le même, mais il y avait cette espèce d’inquiétude qui se réveillait. Je ne savais pas d’où elle venait, mais elle était là. Je l’avais laissé seule contre Jeremy, avec Adam et Adam était mort. Je m’en voulais. J’aurai dû laisser Remington tout seul. J’aurai dû … « Comment ça va ? » Ma question suivait directement ma remarque et tombait comme un cheveu sur la soupe. Je ne savais pas si elle comprendrait le sens, l’intention, mais je ne voulais pas expliciter. Qu’elle ne comprenne pas me soulagerait, en un sens. J’étais fatiguée de toujours y penser et mes yeux n’étaient plus en capacité de pleurer. J’étais, comme qui dirait, à sec.
Capucine Rider
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Sujet: Re: Une nouvelle page se tourne Jeu 20 Mar - 13:11
Les évènements récents avaient fait naître un sentiment d’insécurité en moi. Se demander si un agent de Genetic n’allait pas débouler du coin de la rue ou nous attaquer à l’appartement devenait limite une obsession. Elias ne ressentait pas cette peur dans la mesure où il était mort intérieurement. La perte d’Indio était, pour lui, une épreuve terrible et la faculté de connaître, prononcer les bons mots ne m’avait pas été distribuée à la naissance. Bien évidemment, mes propos étaient soigneusement choisis avant même qu’ils ne franchissent mes lèvres, mais il était difficile d’avoir une conversation quand le principal intéressé me fuyait. Devant son attitude, je lui laissais de l’espace sans pour autant être certaine que ce soit la meilleure chose à faire. Alors je restais présente au cas où il aurait envie de partager sa douleur. Quelle merde….
Mon copain me fuyait, mes amis… ne pouvaient pas m’aider dans la mesure où ils avaient leurs propres problèmes. Je me débrouillais. Mal comme d’habitude, mais ce n’était pas une nouvelle. La miss catastrophe et gaffeuse était de retour, même si elle n’était pas la seule en moi : la Capucine impuissante et en rogne s’incrustait. Vive le cocktail Molotov ! Néanmoins, ce ne devait pas être pire qu’une femme enceinte ! J’écartais très rapidement cette idée de ma tête puisqu’elle n’était absolument pas à l’ordre du jour. L’ordre du jour se résumait surtout à mon cul par terre devant une membre de Genome qui devait me détester. D’ailleurs, je ne cherchais même pas à fuir, ni à me protéger. Elle était libre de me frapper autant que cela lui plairait. Je n’avais pas su protéger et sauver Adam alors qu’elle me l’avait demandé… J’étais coupable.
Seulement rien… Au contraire, Kensie me tendait la main pour m’aider à me relever. Je la considérais me demandant s’il s’agissait d’une caméra cachée avant de la prendre, méfiante. Elle aussi était venue pour le rassemblement. J’ignorais l’étendue du désastre qu’avait pu provoquer cette bataille, mais j’étais certaine d’une chose : je ne voulais pas le savoir. Combien de morts ou de blessés ? Peu importait car la mort d’Adam me semblait déjà être un trop lourd tribut à cette guerre.
- « Ouais… Pas faux. »
Ni l’une, ni l’autre n’étions prête à nous rencontrer aujourd’hui pour cette circonstance. Nous n’étions même pas amies, alors pourquoi ferions nous un effort qui de toute évidence nous serait trop demandé ? Tenir une conversation badine, totalement inadéquate aurait été une insulte pour les victimes et comme nous n’avions aucun point commun si ce n’était cette attaque, nos rapports ne pouvaient pas évoluer. Et pourtant, Kensie me demandait comment j’allais.
- « Ça va… Je suis… vivante et toi ?»
Heureusement que je ne voulais pas devenir actrice ! C’était certainement un des pires mensonges, mais Kensie devait se sentir comme moi en cet instant. Nous ne pouvions nous plaindre car nous étions indemnes, vivantes et que notre avenir était encore possible. Mais eux, là bas ! Ils n’avaient rien demandé et aujourd’hui, ils n’avaient plus d’avenir. On le leur avait volé ! On les avait tués alors qu’ils essayaient seulement de sauver leur vie ! Et…. Nous étions vivants… Sans eux.
- « Je suis désolée… J’aurai dû rester sur mes gardes. Je ne pensais pas que… Il est mort… et c’est ma faute. J’aurai dû le sauver. »