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| Good medicine always tastes bad [Terminé] | |
| | Sujet: Good medicine always tastes bad [Terminé] Dim 1 Sep - 12:02 | |
| Lundi, jour de congé. La jeune femme travaille le samedi étant donné qu'elle n'a pas de vie de famille, elle a accepté de bonne grâce cet aménagement. De toute façon elle aime autant ne pas avoir à faire ses courses ce jour-là en croisant des couples avec leurs enfants. En début de semaine quand tout le monde est au bureau ou à l'école, les centres commerciaux sont relativement plus calmes. Réveillée de bon matin comme n'importe quel autre jour, Calista s'est affairée à ses tâches quotidiennes et hebdomadaires. Elle a pris le temps de consulter son agenda (format papier puisqu'elle a toujours du mal à se mettre à l'ère électronique) pour vérifier ses rendez-vous. Elle a forcément oublié qu'elle doit se rendre tout à l'heure chez son nouveau médecin. Ce n'est pas une perspective qui la réjouit beaucoup, l'agenda la rappelle donc à l'ordre. Elle s'active afin de remplir le frigo pour la semaine dans la grande surface où elle a ses habitudes. Vite rentrée, vite rangé. Elle se glisse ensuite sous la douche et enfile des vêtements propres. Elle quitte son appartement après avoir tout bien refermé derrière elle et relu les indications qu'elle a noté sur l'adresse du cabinet.
En pénétrant dans le bâtiment, l'assistante est assez anxieuse. Elle aurait préféré avoir à faire à une doctoresse au lieu d'un homme, ils la mettent toujours mal à l'aise. Qui plus est, elle est assez pudique. Oh bien sûr elle sait très bien que ces gens sont qualifiés et professionnels. C'est simplement dans sa petite tête que les choses vont de travers. Se présentant à l'accueil avec son dossier précieusement serré contre elle, elle s'adresse à la secrétaire médicale en communiquant son nom ainsi que l'heure de son rendez-vous et celui de son médecin. Elle sourit à la dame derrière son bureau avant de prendre place sur un des fauteuils d'une salle d'attente tout à fait standard. Elle salue timidement les autres patients qui passent le temps tout comme elle avant leur consultation.
La jeune femme évite de regarder avec trop d'insistance ou de compassion les enfants des autres mais ne peut s'empêcher d'engager la conversation avec une jeune mère en plein désarroi. Elle lui confie les astuces qu'elle utilisait avec Emy lorsque sa fille était prise de maux de ventre et esquisse un sourire gêné en guise de réponse quand l'inconnue lui demande l'âge de son enfant. Heureusement le bébé que la mère tient dans ses bras se met à hurler, créant une parfaite porte de sortie. Calista se jette sur le premier magazine venu pour avoir l'air occupée. Les gros titres sur les People lui sautent aux yeux. Elle ne lit aucun des articles, se contentant de tourner tristement les pages jusqu'à ce que la femme et son enfant entrent dans un des cabinets. Un coup d’œil sur la pendule lui fait noter que le médecin est légèrement en retard. Elle réajuste le dossier sur ses genoux et quand elle relève le nez, un charmant jeune homme en blouse blanche appelle son nom. Elle se relève et se dirige vers lui, essayant de faire taire la sourde appréhension qui s'accentue en elle.
« Bonjour, je suis Calista Freeman.
Elle le suit jusqu'à la pièce où il reçoit ses consultations et pénètre avant lui à son invitation. Elle se sent très intimidée et essaie de se rappeler ce qui l'amène ici. Est-elle malade ? Non, du moins elle n'en a pas l'impression... Elle revoit alors les notes sur son agenda et s'assoit à la demande du docteur. Lui adressant un sourire, elle répond à sa demande sur la raison de sa visite.
-Je viens de Chicago et je cherche donc un médecin pour reprendre mon dossier ici puisque j'ai emménagé à Los Angeles depuis quelques semaines. Avant de partir, votre confrère me suivait pour des problèmes de migraines et de troubles de la mémoire. Il m'a fait passer quelques examens qui jusqu'ici n'ont rien donné.
Elle lui tend son dossier qui contient dans une pochette soigneusement rangée toutes ses radios, échographies depuis des années. Il y a une note de sa psychiatre au sujet de la dépression dont elle a souffert à la mort d'Emily. Les informations regroupées sont sans doute un peu trop denses pour ce pauvre docteur mais au moins il ne doit rien manquer.
Dernière édition par Calista Freeman le Jeu 13 Fév - 10:17, édité 1 fois |
| | | | Sujet: Re: Good medicine always tastes bad [Terminé] Dim 8 Sep - 15:29 | |
| Depuis que son père était parti de Los Angeles, Milo gérait le cabinet. Mais l'absence de Cristobal se prolongeant, il avait fini par recruter un remplaçant. Le jeune homme n'était pas gynécologue, il ne pouvait ainsi pas vraiment prendre la clientèle de son père, chacun sa spécialité, bien que le colombien n'en ai aucune, préférant toucher à tout en demeurant généraliste. Aucun doute qu'il aurait pu se lancer dans une spécialité s'il l'avait désiré, mais ce n'était pas là son ambition. Et il ne semblait pas avoir déçu son père en arrêtant là son doctorat afin de rejoindre plus rapidement Genetic et s'associer avec son cher paternel. Ce n'était que lundi, mais Milo en avait déjà assez de la semaine. Quand il était à Genetic, il faisait réellement ce qu'il aimait, mais ici, il soignait aussi bien des mutants que des humains. Sauf qu'il ignorait en général à qui il avait à faire, les mutants n'ayant aucun signe distinctif permettant de les distinguer de la masse grouillante et méprisable. Ainsi le jeune Sanchez faisait-il de gros efforts pour se montrer aimable et ouvert avec tout le monde, conscient qu'il était là en repérage, pouvant toucher une partie de la population en devenant leur médecin et en les amenant à lui faire confiance, à lui confier leurs petits tracas de santé qui étaient parfois des manifestations de la mutation. Surtout chez les adolescents. Ils ignoraient ce qui leur arrivait. De jeunes adultes aussi pouvaient ignorer ce qu'ils étaient. C'était intéressant, si on oubliait le fait de devoir également s'occuper des humains inintéressants.
Pourtant, le jeune médecin devait faire bonne impression, parce que ses clients semblaient ravis de ses services. Oh, sans avoir aucune empathie pour ses patients, il s'en occupait plus que correctement. Il était un très bon médecin, il avait eu son diplôme haut la main. Et il masquait très bien ses sentiments envers les être inférieurs, suffisamment pour être apprécié et s'être formé une très bonne clientèle. Qui ne cessait de gonfler. Le bouche à oreilles fonctionnait bien mais il soupçonnait aussi certaines femmes de parler de lui à leurs amies... Il ne fallait pas le nier, il était bel homme et ce n'était pas souvent qu'on tombait sur un docteur aussi sexy que dans les séries américaines. Sauf que pas de chance pour elles, il ne les trouvait pas attirante et s'il se servait de bien des femmes pour avoir un alibi, il évitait de sortir avec ses patientes. Il ne fallait pas mélanger le travail et la vie privée.
Il termina alors avec l'enfant et sa mère. Une bête angine, rien de bien méchant. Il signa l'ordonnance, la tendant à la mère qui le remercia, avant de se lever pour aller la raccompagner, non sans avoir jeté un coup d’œil à son prochain rendez-vous. Un nom qui lui était inconnu. S'il ne pouvait pas toujours associer un nom à un visage, il savait quand un patient était nouveau ou pas et il semblerait que ce soit le cas de cette Mademoiselle Freeman. Il raccompagna ses patients jusqu'à la salle d'attente, avant de demander :
« Mademoiselle Freeman ? »
Une jeune femme brune se leva alors, le saluant pour se présenter.
« Enchanté. Docteur Sanchez. Suivez-moi. »
Il lui avait lancé un léger sourire, alors que son visage inspirait la confiance. Il y avait une trace d'accent hispanique dans son anglais, qui était parfait hormis ce léger détail. Il l'avait apprit depuis tout petit, mais ses origines colombiennes donnaient à son anglais des accents chantants. Il la fit entrer en première dans le bureau, refermant la porte derrière elle et l'invitant à s'asseoir. Il prit place à son tour derrière son bureau. Au mur était accroché son diplôme, comme chez tous les médecins. La pièce était très claire, le bureau rangé avec ordre. Milo était du genre plutôt maniaque.
« Très bien Mademoiselle Freeman, dites-moi ce qui vous amène. »
Elle lui apprit alors qu'elle venait de Chicago. Elle avait quelque chose de très doux sur son visage. Il n'aurait su dire quoi exactement, mais elle semblait être douce. Ce n'était peut-être qu'une impression trompeuse. Il était toujours méfiant envers les femmes. Quoiqu'il en soit, il apprit qu'elle avait déménagé et avait donc changé de médecin, jetant son dévolu sur lui. Elle parla de migraines et troubles mnésiques persistants et dont l'origine était inconnue. Tiens donc. Une information intéressante que celle-ci. Il prit le dossier qu'elle lui tendit, le feuilletant rapidement. Il allait devoir tout rentrer dans sa base de données. Il était farouchement pour la technologie. Il regarda distraitement radios, échographies et IRM, avant que son regard ne s'attarde sur une note d'un psychiatre. Il lit rapidement le compte rendu, apprenant ainsi le drame dont elle avait été victime. La perte d'un enfant. Y avait-il pire chose au monde ? Il ne dit cependant rien. Si le sujet venait à sortir, il s'y attarderait, mais le cas contraire, il préférait attendre de savoir comment elle avait vécu ce deuil.
« J'éplucherais votre dossier ultérieurement mademoiselle. En attendant, nous allons faire une rapide synthèse. Si vous me parliez de ces migraines et de ces troubles de la mémoire ? Depuis combien de temps en souffrez-vous ? Et ces troubles, de quel ordre sont-ils ? » |
| | | | Sujet: Re: Good medicine always tastes bad [Terminé] Dim 15 Sep - 8:41 | |
| La jeune femme ne se sent vraiment pas dans son élément sous le regard scrutateur du médecin. Elle a beau se répéter qu'elle est face à un professionnel, les hommes la mettent mal à l'aise. Elle profite du fait qu'il parcourt rapidement son dossier pour prendre une grande inspiration. Il a sans doute vu défiler beaucoup d'autres personnes dans son cabinet malgré son jeune âge. Tout cela est de la routine pour lui, pas pour elle malheureusement. Entre sa mémoire défaillante et sa timidité, elle a besoin de routine, d'habitudes pour évoluer. Elle n'est pas du genre à se plaindre souvent ni à changer de docteur tous les quatre matins. Celui-ci risque fort de la suivre durant toute son existence. Puis Calista éprouve également une certaine crainte en évoquant ses soucis, celle que que ses défaillances ne soient liées qu'à l'étourderie comme le lui reprochait sans cesse son ex-mari. Elle passerait définitivement pour une idiote. Enfin, puisqu'elle se trouve déjà face au généraliste, autant aller jusqu'au bout de sa démarche.
- Depuis l'enfance j'ai ces problèmes de mémoire. Cela a d'abord passé pour un trouble de la concentration. Les tests de mon précédent médecin tendent à prouver que le souci ne viendrait pas de là. Il semble que ce soit ma mémoire à court terme surtout qui me fasse défaut.
Il est difficile pour elle de parler ouvertement de cette souffrance. Elle se focalise donc sur la manifestation de ce « symptôme » plus que sur ses conséquences dans sa vie de tous les jours. D'autant que le professionnel n'est pas là pour écouter ses états d'âme, seulement pour apporter une réponse médicale à un mal physique. Qui plus est, avec ses troubles il lui est délicat de pointer du doigt avec certitude une chose qui lui échappe jour après jour. Ce n'est que par la récurrence du phénomène et les difficultés causées dans ses relations aux autres qu'elle a pu mettre le doigt sur le fond du problème.
- Il semble que j'ai une très mauvaise mémoire auditive, j'oublie facilement les choses que l'on me dit ou me demande. J'oublie tout autant ce que j'ai fait la veille ou pris au petit déjeuner ce matin. Cela est assez handicapant quand il s'agit de rendez-vous ou de tâches importantes à accomplir. Je suis obligée de tout noter pour ne rien laisser passer.
L’assistante remue un peu sur son siège. Elle essaie de se tenir bien droite. Son regard est fixé sur ses propres mains croisées sur ses cuisses. Parfois elle relève les yeux vers le docteur afin de ne pas paraître impolie. Il l'intimide.
- Je crois que les migraines sont venues plus tard. Elles ont dû commencer lorsque j'étais étudiante et surviennent surtout quand je travaille beaucoup. Elles sont plus ou moins violentes, parfois c'est une douleur légère et d'autres beaucoup plus diffuse au point que je ne peux que me réfugier dans la pénombre pour attendre qu'elle disparaisse.
Cette fois elle croise le regard du jeune homme, lui souriant d'un air un peu désolée comme si elle avait l'impression de se plaindre à tort même si elle n'invente rien de tout ce qu'elle décrit.
- Même si cela fait partie de votre métier, une profession très honorable d'ailleurs que celle de vouloir apaiser les souffrances des autres, je suppose que parfois il doit être difficile de voir à longueur de temps des êtres qui vont mal. |
| | | | Sujet: Re: Good medicine always tastes bad [Terminé] Ven 27 Sep - 14:49 | |
| Attentif, Milo écouta la jeune femme lui raconter l'origine et l'histoire de ses troubles. Apparemment, cela était profondément ancré dans son passé, ayant commencé dés l'enfance. Étrange que rien n'ai encore été trouvé pour expliquer ces troubles qui n'étaient pas vraiment mineurs puisque potentiellement handicapants. Ne pas se souvenir de ce qu'on venait de faire était dérangeant, surtout chez une femme encore jeune. Le stylo du médecin s'agitait entre ses doigts, alors qu'il écrivait ce que lui disait la jeune femme, prenant quelques notes et laissant des annotations qui n'avaient pas de sens pour quelqu'un d'autre que lui. Problème de mémoire à court terme donc. Elle marqua une légère pause et il releva les yeux de sa feuille pour l'observer un instant. Elle avait connu un drame. Était-elle encore fragile psychologiquement ? Bien équilibrée ? Ses troubles s'étaient-ils aggravés suite à ce deuil ?
Elle ajouta qu'elle avait une très mauvaise mémoire auditive. Intéressant. Et plutôt atypique. Il y avait des scanners qui avaient été réalisés, de son cerveau, mais rien ne montrait un problème quelconque. Pas de tumeur. Peut-être serait-il judicieux de lui prescrire une IRM et de stimuler certaines zones du cerveau pour voir comment il fonctionnait.
« Cela est récurrent, ou bien y 'a-t-il parfois des améliorations ou au contraire des périodes où c'est pire ? »
Les troubles se manifestaient-ils à chaque fois de la même manière, pour tout, ou bien pouvait-elle retenir quelques informations quand elle était reposée et pas stressée ? Et au contraire, était-ce pire quand elle était soumise à une situation stressante ou angoissante ? C'était également des constantes à prendre en compte. Elle n'était pas à l'aise, alors qu'elle se dandinait sur son siège, ce qui n'échappa pas au jeune homme qui ne fit aucune remarque et cessa de la regarder, alors qu'il continuait de noter ce qu'elle lui apprenait.
Après les problèmes de mémoire récente et auditive, il y avait les migraines. Sans doute liées au fait que certaines zones du cerveau ne fonctionnaient pas correctement. Ou que d'autres, au contraire, étaient davantage sollicitées. Il croisa son regard alors qu'elle souriait comme pour s'excuser. Un peu surpris, il l'entendit louer son métier de médecin, mais également déplorer qu'il passe ses journées à écouter les gens se plaindre.
« Ça l'est, mais il faut savoir faire la part des choses entre le travail et la vie privée. Le plus difficile est sans doute d'être impuissant. »
Il marqua une légère pause, avant de sourire, encourageant.
« Mais il n'est pas question de moi ici, mais de vous. Même si votre sollicitude me touche. Votre médecin a exploré plusieurs pistes, mais il n'a pas entièrement fait le tour. Nous pouvons encore trouver d'où vient votre problème et comment alléger vos maux. »
Il ne fallait surtout pas penser que l'autre médecin avait tout fait et qu'à 30 ans, la jeune femme devait se résoudre à continuer de souffre de ses migraines et de ses troubles de la mémoire sans que rien ne puisse la soulager. Ils pouvaient encore chercher, comprendre.
« Est-ce que pour contrebalancer ces problèmes de mémoire récente et auditive, vous avez, au contraire, développé une capacité pour autre chose ? Réfléchissez bien. Êtes-vous douée pour quelque chose en particulier ? Je ne sais pas... Le calcul mental, la mémoire des visages ou des lieux... » |
| | | | Sujet: Re: Good medicine always tastes bad [Terminé] Ven 4 Oct - 10:29 | |
| L'épreuve n'est finalement pas aussi terrible qu'il n'y paraît. Elle est bien évidemment mal à l'aise mais commence légèrement à se détendre au fil de la conversation. S'étaler sur ses petits soucis devant un parfait inconnu ne lui ressemble pas. L'assistante ne s'y prête que parce qu'il est un professionnel de santé susceptible de l'aider. A vrai dire elle n'y croit pas beaucoup. Elle aimerait bien sûr pouvoir se dire que ses troubles de la mémoire sont dus à un réel dysfonctionnement physique et non de son fait. Ce serait une maigre consolation bien sûr, cela la ferait peut-être juste se sentir un peu moins coupable lorsqu'elle commet une nouvelle bévue, qu'elle oublie le nom du collègue qui la salue à la machine à café ou qu'elle rappelle deux fois le coiffeur pour avoir un rendez-vous. La brune réfléchit rapidement à la question que le médecin vient de lui poser. Son regard balaie les objets hétéroclites posés sur son bureau avant de revenir vers le sien.
- Il me semble que c'est assez stable côté mémoire. Ou alors je ne vois pas la différence... J'ai pris l'habitude de tout noter désormais. Votre prédécesseur m'avait conseillé des exercices pour faire travailler ma mémoire. Malheureusement ils ne se sont avérés d'aucune utilité sur moi. Pour les migraines par contre, elles fluctuent. J'ai l'impression que c'est d'avantage lié à la fatigue ou le surmenage, quand j'ai beaucoup de choses à intégrer dans mon travail par exemple.
Elle se retient de dire qu'elle est visiblement un cas désespéré en ce qui concerne ses oublis. Cali ne veut pas donner l'impression qu'elle s’apitoie sur son sort, cela serait faux. Elle manque juste cruellement de confiance en elle-même et a longtemps été convaincue par la faute des autres qu'elle était juste stupide. Il lui arrive encore aujourd'hui de le penser ou de ne pas se sentir à la hauteur de ce que l'on attend d'elle. Alors la voix de tante Grace vient la houspiller dans sa petite tête et lui répéter qu'elle doit croire d'avantage en elle-même. La jeune femme sourit en retour au docteur. Au moins il n'a pas l'air de penser qu'elle le dérange pour rien. Il semble même vouloir réellement trouver ce qui cloche et comment l'estomper. Cela calme un peu plus l'anxiété de sa patiente. Elle se contente de hocher la tête à ses propos, souriant toujours avec douceur. Viennent alors de nouvelles questions qui la poussent à l'introspection. Une capacité, un don ? Calista s'est toujours sentie plutôt quelconque. La seule chose qui la caractérise un peu c'est simplement le temps qu'elle passe le nez dans les bouquins. Curieusement d'ailleurs les histoires, les romans, les poèmes elle les retient toujours très bien. Est-ce que cela est digne d'intérêt pour son interlocuteur ? Elle se dit que non, pourtant mieux vaut ne rien laisser au hasard.
- Je ne crois pas... Ou alors je l'ignore moi-même. Par contre, en y réfléchissant il s'avère que j'ai une bonne mémoire de tout ce qui est écrit contrairement au reste. Je retiens assez bien les textes, je n'ai jamais eu de problèmes pour apprendre une leçon enfant par exemple, ou un poème. C'est encore le cas aujourd'hui. D'ailleurs il est possible que cela explique mon besoin de tout noter. Je ne suis pas certaine que ce soit une capacité...
A dire vrai cela lui semble naturel, lire et retenir cela fait partie d'elle-même. L'assistante ne s'est jamais imaginé cela comme une faculté hors norme ou une chance. Il est peu probable que le docteur Sanchez voit cela comme un don.
- Je ne suis pas très physionomiste non, et j'ai tout autant de mal à me remémorer un lieu. J'ai mis du temps à réussir à me repérer à L.A. Heureusement mon sens de l'orientation n'est pas trop mauvais... Dites-moi docteur, avez-vous déjà traité ou entendu parler de patients souffrants de troubles similaires ? Je crois savoir que certaines lésions cérébrales peuvent causer des problèmes de mémoires. Pourtant à ma connaissance, je n'ai pas eu d'accidents durant mon enfance qui pourrait l'expliquer. Est-ce qu'on en verrait des séquelles en utilisant vos systèmes d'imagerie ?
La brune repense aux violences de son père. Peut-être qu'elles ont pu causer ses problèmes. Elle préfère vite se sortir ses souvenirs de la tête. Si seulement elle pouvait décider de ce qu'elle oublie ou retient...
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| | | | Sujet: Re: Good medicine always tastes bad [Terminé] Mar 29 Oct - 10:48 | |
| Le cas de Melle Freeman était vraiment intéressant. Cela le changeait des banales maladies que l'on voyait souvent, stimulant ses neurones et sa curiosité. Milo avait besoin de ce genre de stimulation, d'excitation pour sortir d'un quotidien un peu trop morne qui l'étouffait. Il avait l'impression de se retrouver face à une énigme et même s'il ne trouvait jamais la solution, ce qui était naturellement frustrant, au moins mettrait-il tout en œuvre pour s'en rapprocher. Melle Freeman passait du statut de patiente à celui de sujet de recherche. Elle n'en serait pas forcément flattée si elle l'apprenait, mais c'était pourtant autrement plus valorisant. Milo pouvait en arriver à oublier son mépris pour les humains, si inférieurs, pour se perdre dans l'énigme de ces pertes de mémoire, qu'un scanner n'expliquait toujours pas.
Le jeune médecin l'interrogea pour en apprendre davantage, la forçant à fouiller dans cette mémoire défaillante afin de lui répondre. Elle devait tout noter et les exercices de mémoire ne fonctionnaient pas sur elle. Elle ne pouvait pas être atteinte d'une démence précoce quand même ? Cela arrivait, mais c'était extrêmement rare. Elle n'avait qu'une trentaine d'années. Elle serait un cas exceptionnel. Mais cela ne provoquait pas de migraines, le problème devait donc être ailleurs. Il ne doutait pas que les migraines et la mémoire étaient liés, mais de quelle façon exactement, là demeurait le mystère. La fatigue les majorait, ce qui était naturel.
Il explora alors une autre piste. Parfois, quand une capacité du cerveau clochait, l'être humain développait une autre partie, pour compenser, quelque part. Si elle avait des soucis de mémoire, peut-être était-elle au contraire douée pour quelque chose d'autre... Le calcul mental, les formules très compliquées, la déduction... N'importe quoi. Il lui posa naturellement la question, attendant beaucoup de sa réponse. Il était un brin excité par ce cas, même si rien dans son attitude ne permettait de le deviner. Il demeurait poli, ouvert, avec sa belle voix ensoleillée. Il sentait sa patiente se détendre doucement. Ce n'était pas aisé de confier ses problèmes à un inconnu, même si c'était l'essence de son métier. Il fallait tisser un lien de confiance, ce ne se faisait pas automatiquement juste parce qu'il avait l'étiquette « Médecin ».
Elle lui répondit alors qu'elle avait une bonne mémoire quand elle lisait. Intéressant. Poésies, livres, elle retenait. Mais elle doutait que cela soit une capacité.
« Cela dépend à quel point il vous ai aisé de retenir ce que vous lisez... Ces poésies apprises enfant, seriez-vous capable de me les réciter aujourd'hui ? Pourriez-vous citer des passages entiers de livres ? »
Le cerveau était une base de données, plus ou moins fiable en fonction des personnes. Milo retenait lui aussi assez bien ce qu'il apprenait, mais il lui fallait un peu de travail pour faire fonctionner sa mémoire. Il retenait les choses importantes, oubliait celles qui ne l'étaient pas. Il pouvait se souvenir de deux ou trois poésies qui l'avaient marqué, mais pas ressortit mot pour mot une leçon. Pas après des années sans la lire. Et pourtant, il était surdoué.
« Le cerveau retient généralement ce qui est important. Une leçon apprise par cœur demeurera en mémoire un moment, mais pas 10 ans. Pas noyée dans une masse d'autres informations et leçons. »
Il fallait développer davantage cette piste, même si elle ne menait à rien. C'était mieux que rien. Elle ajouta ne pas être physionomiste et ne pas avoir davantage de mémoire pour les lieux. Elle était inquiète et il devait la rassurer, tout en se montrant sincère.
« Oui, mais pas dans les conditions qui sont les vôtres. Il y a des problèmes de mémoire à court terme. Soit suite à un choc, un traumatisme émotionnel ou bien à cause d'une dégénérescence d'une partie du cerveau. Mais nous sommes loin de tout savoir le concernant. Beaucoup de choses inexpliquables il y a 50 ans le sont aujourd'hui, et celles qui le sont aujourd'hui, trouveront sans doute réponse dans l'avenir. La médecine est en progrès constant... et il demeure beaucoup de zones d'ombres. Pourquoi le cerveau choisit-il d'effacer certaines données, sans raison apparente ? Comment des jumeaux, séparés par des centaines de kilomètres peuvent-ils sentir quand l'autre ne va pas bien ? Pourquoi des personnes que l'on pense condamnées guérissent ? Le corps humain est fascinant et ne cesse d'évoluer, de s'adapter. »
Il marqua une légère pause, se demandant si elle était réceptive à ses paroles, avant de répondre à sa question :
« Il est possible de voire des lésions, des séquelles... mais aussi de voir l'activité du cerveau en réponse à certains stimulis. Nous pourrions comprendre comment fonctionne votre cerveau. Mais tout cela a un coût Melle Freeman, je ne peux vous mentir à ce sujet. »
Était-elle prête à se lancer dans cette voie ?
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| | | | Sujet: Re: Good medicine always tastes bad [Terminé] Sam 2 Nov - 13:02 | |
| La patiente fait de son mieux pour renseigner le professionnel de santé sur son cas. Etant donné que la mémoire n'est pas son fort, elle éprouve certaines difficultés à ce sujet. Il s'avère que certaines questions du médecin semblent pertinentes, elle ne croit pas que son prédécesseur les ait posé. D'un autre côté, elle pourrait très bien l'avoir oublié… Calista fouille ses souvenirs essayant de se remémorer une comptine ou un poème appris enfant. La seule chose qui lui revient c'est un texte assimilé à l'adolescence, If de Rudyard Kipling. Il ne lui revient pas du tout en entier, juste quelques strophes et au prix de quelques efforts. Si tu peux supporter d’entendre tes paroles Travesties par des gueux pour exciter des sots, Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles Sans mentir toi-même d’un mot. Citer des passages entiers de livres lui parait limite surnaturel, elle ne s'en croit pas capable. La jeune femme remue un peu sur sa chaise. Evaluer seule ses propres limites n'a rien d'aisé pour elle. Elle ferme une seconde les paupières, essayant de se remémorer ses dernières lectures. Elle finit par les rouvrir en soupirant.- Je pourrais probablement faire ressurgir des bribes de choses apprises dans mon enfance, rien de plus. Comme tout le monde, je suppose. Pour ce qui est de passages déjà lus, il faudrait que j'essaie. Là c'est assez flou pour tout vous avouer. Je lis tellement il faut dire, un livre par semaine environ.La jeune femme a un sourire triste en entendant le Dr Sanchez énoncer que le cerveau retenait les choses importantes. Vraisemblablement le sien fait exception à la règle, ou alors il n'a pas la même notion de ce qui est d'importance que sa propriétaire. Bien qu'elle adore lire, elle se passerait bien de se souvenir de toute la filiation des dieux grecs ou romains, des investissements des grandes sociétés parus dans le Times, ou du contenu d'un menu de restaurant. Surtout lorsqu'à côté de cela elle est incapable de se remémorer une date d'anniversaire d'un proche, le nom de son patron, les rendez-vous importants et si elle a fermé ce maudit portail censé empêcher sa propre fille de se noyer !- Si seulement le mien pouvait fonctionner comme tous les autres… Je ne demande pas mieux croyez moi.Calista l'écoute avec attention parler de la complexité du cerveau et du corps humain en général, des avancées scientifiques puis des frais que des recherches plus poussées pourraient engendrer. Elle se demande soudain si ce qu'elle a pourrait s'apparenter à une de ses maladies orphelines dont on entend parfois parler à la télévision, ou d'une malformation congénitale. Elle n'y connait pas grands choses forcément dans le domaine médical.- Je ne suis pas une riche héritière ou milliardaire mais je vis assez bien. Il faudrait savoir à combien vos recherches pourraient chiffrer, néanmoins il est important pour moi d'avoir des réponses à mes questions. Je voudrais savoir et comprendre pourquoi ma mémoire me fait autant défaut. Elle hésite une seconde puis soupire. Vous pensez que cela pourrait être dû à de mauvais traitements subis dans mon enfance ? Mon père pouvait parfois se montrer… colérique.C'est un euphémisme. Elle a horreur de parler de cela. La jeune femme estime tout de même nécessaire d'évoquer toutes les possibilités devant son médecin. La mauvaise nouvelle est que la migraine a décidé de se réveiller, légère heureusement. |
| | | | Sujet: Re: Good medicine always tastes bad [Terminé] Dim 1 Déc - 16:24 | |
| Milo n'avait aucune idée de quel mal frappait la jeune femme, mais il allait bien trouver. Le cas échéant, en tous les cas, il ferait son possible pour l'aider. Même s'il serait énormément frustré de laisser passer cette énigme. Il tâtonnait. Calista s'en rendait-elle compte ? Que le médecin ne savait pas davantage qu'elle ce qui la frappait ? Mais son médecin d'avant n'avait pas trouvé davantage. Milo ne commettrait pas l'erreur de classer ces troubles dans une case : pathologie mentale. Beaucoup de médecins, lorsqu'ils ne trouvaient pas de cause établie et quantifiable, quand ils arrivaient au bout des examens médicaux, mettaient cela sur le dos du patient. Hystérie par exemple. Après, on aurait pu penser que ces troubles pouvaient corréler avec la perte de son enfant, mais d'après l'interrogatoire, cela avait toujours existé. Cependant, il gardait bien à l'esprit ce deuil, qui pouvait avoir son impact.
Donc, Calista ne retenait pas ce qu'on lui disait, il fallait qu'elle écrive tout. Les mémo et les post-it étaient devenus son quotidien afin de ne rien louper. En cherchant un peu, Calista avoua se souvenir mieux de ce qu'elle lisait. Cela interpella Milo qui demanda si elle pouvait se souvenir de passages de livres qu'elle aurait lu. De vieux poèmes appris par cœur étant enfant. Il laissa à la patiente le temps de réfléchir à cela, de farfouiller dans ses vieux souvenirs et après un petit moment de silence, elle le rompit en annonçant ne pas être capable de clamer des phrases entières. Juste quelques bribes. Elle lui apprit également lire énormément. Un livre par semaine, c'était une très bonne moyenne, bien davantage que ce que lisaient la plupart des gens, Milo compris. Manque de temps malheureusement.
« Et bien, il est agréable de constater que les livres ont encore de beaux jours devant eux grâce à des gens comme vous. »
Il continua d'expliquer les mystères du cerveau humain. Cela la rassurerait peut-être. Cependant, il faisait cas de généralités, elle était peut-être l'exception qui confirmerait la règle ? Qui sait ? En analysant son cerveau, il se pourrait que les médecins découvrent de nouvelles choses. C'était ainsi que la médecin avançait. Mais pour cela, il fallait qu'elle accepte de se prêter à toute une batterie de tests, de passer entre les mains de spécialistes. Des efforts coûteux et pas forcément à la portée de tous les protes-monnaies. Pourtant, il voulait gagner la confiance de cette jeune femme douce et visiblement en détresse.
Et puis, avouons-le, Milo pensait également à une capacité mutante, qui n'aurait pas été décelée par des médecins qui ne savaient même pas qu'ils existaient. Il allait passer par la médecine, mais si rien ne permettait d'expliquer ces problèmes... il explorerait la piste de la mutation. C'était aussi cela l'avantage de son métier. C'était plus aisé de repérer les anomalies dues aux gènes mutants. Souvent, les gens ne savaient pas ce qui leur arrivait et parlaient de leurs petits soucis aux médecins, avant que cela ne se déclenche et qu'ils n'en parlent plus, par leur. A Milo d'être attentif.
« Je sais. Mais ce qui peut sembler un handicap aujourd'hui, car vous le subissez et ne comprenez pas comment cela fonctionne, pourrait être un atout plus tard. »
Une façon de lui dire de ne pas baisser les bras, d'être optimiste, malgré les difficultés. Il était rassurant et chaleureux, a priori, pensant ce qu'il disait. Il communiquait à Calista ses projets la concernant, qui ne pouvaient se faire qu'avec son concours. Et non sans mettre la main au portefeuille. Il préférait être clair là dessus. La réponse de Calista l'encouragea cependant. Elle n'avait pas de problèmes d'argent pour le moment. Il allait répondre concernant l'argent, quand elle lui demanda si cela pouvait être du à des sévices de son enfance. Il marqua un temps d'arrêt, surpris par cette nouvelle donnée.
« C'est un paramètre à ne pas écarter effectivement. »
C'était sans doute quelque chose de délicat. Et sûrement pas une information qu'elle lâchait facilement. On aimait rarement parler des cicatrices de notre enfance.
« Je me doute que cela est difficile, mais votre père était violent jusqu'à quel point ? Avez-vous déjà été frappée à la tête ? Avez-vous déjà été hospitalisée pour cela ? »
Un coup, entraînant un traumatisme, mal soigné, pouvait-il déclencher cela ? Peut-être. Mais les lésions auraient été aperçues au scanner cérébral. A moins que ces coups, au delà de l'impact physique avaient eu une impact psychologique. |
| | | | Sujet: Re: Good medicine always tastes bad [Terminé] Ven 6 Déc - 9:00 | |
| La patiente sourit lorsque celui qu'elle vient consulter souligne qu'avec des gens comme elle les livres ont encore de beaux jours devant eux. Il est vrai qu'à l'ère de la technologie la lecture régresse au profit d'autres loisirs. Parfois les lecteurs qui sont de moins en moins nombreux se tournent vers les supports numériques. Calista ne pourra jamais préférer un ordinateur à la sensation des pages que l'on tourne entre ses doigts, à l'odeur même d'un ouvrage qui parfois a traversé des décennies, a réjoui des êtres différents avant d'atterrir entre vos mains. Et puis quelle tristesse de lancer un programme, d'acheter un titre en ligne et de le compulser sur un écran quand on peut sortir de chez soi, croiser des gens, échanger que ce soit à la bibliothèque ou dans une librairie. En tous cas pour en revenir au sujet d'origine, elle a bien du mal à voir en quoi ses problèmes de mémoire pourraient être un atout. A moins de décider d'elle-même ce qu'elle peut oublier ou non... Et même là encore, les choses les plus douloureuses comme les erreurs font partie de nous, elles construisent ce que nous sommes, ce que nous deviendrons autant qu'elles sont le vestige de ce que nous avons été... Enfin, la brune suppose que le médecin veut simplement l'amener à être positive. Elle ne se lamente pas sur sa pathologie de toute façon. Elle a appris à vivre avec, par contre elle aimerait comprendre de quoi cela vient et qui sait, peut-être que cela peut se soigner ou s'arranger un peu.
A peine le docteur Sanchez a-t-il formulé sa question que la jeune femme sent sa gorge s'obstruer d'une sorte de boule d'angoisse. Elle n'aime pas ressasser ces événements, évoquer son enfance. Cela a été une des périodes les plus difficiles de son existence. Elle prend une profonde inspiration, fouillant dans sa mémoire défaillante les images qu'elle a gardé de cette période, des fureurs de son père, de la peur qui hantait chaque jour l'enfant qu'elle était. Ses yeux noisettes se baissent d'instinct, elle se recroqueville un peu sur son fauteuil comme si elle redevenait la petite Cali de l'époque terrifiée à l'idée de faire quelque chose qui attiserait la méchanceté de celui qui pourtant était censé veiller sur elle.
- Je me souviens qu'il me secouait souvent, parfois les coups tombaient des gifles et plus tard... les poings. Je me rappelle avoir été une fois à l’hôpital pour une fracture au bras, une autre pour deux côtes fêlées. Elle secoue la tête de gauche à droite, tâchant de faire ressortir le plus d'éléments possibles mais avec ces parties brumeuses de sa mémoire ce n'est pas si facile. Je ne me souviens pas d'autres moments où ses colères l'aient obligé à me conduire aux urgences mais peut-être en ai-je oublié.
Cali inspire de nouveau profondément, tentant de se ressaisir. Elle n'est plus une enfant après tout et son père est trop loin, trop vieux pour pouvoir encore lui faire du mal. Elle ravale difficilement la boule qui lui noue la gorge et souhaite rentrer chez elle au plus vite pour ne pas avoir à se montrer aussi vulnérable devant un parfait inconnu. S'il est en droit de poser ces questions, sa patiente n'aime pas beaucoup exprimer ainsi ses blessures du passé. Même à sa psy elle a eu beaucoup de mal à en parler. Et pour laisser ce sujet loin derrière eux, elle revient sur les examens dont a parlé le médecin.
- Alors que me proposez-vous Docteur Sanchez ? Vous pensez que nous devons faire des tests plus approfondis ? Vous parliez de voir l'activité de mon cerveau, ses séquelles, par quel biais ?
Ses mains se reposent à plat sur ses cuisses, elle recouvre un peu de sa sérénité après avoir enchaîné ses vieux démons à leur place. La brune se sent malgré tout encore fragile ou émotive, elle n'aimerait pas montrer de nouveau ce visage là à son interlocuteur.
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| | | | Sujet: Re: Good medicine always tastes bad [Terminé] Ven 17 Jan - 14:19 | |
| Écouter quelqu'un parler de ses sévices d'enfance n'était jamais agréable, même pour quelqu'un habitué à dissimuler ses émotions comme Milo. En général, il feignait la compassion, mais là, il n'en avait nul besoin. Une étincelle de compréhensions s'éclaira fugitivement dans son regard bleu. Il ne dit rien, la laissant parler de son calvaire en quelques mots. Un livre entier ne suffirait sans doute pas à retranscrire la terreur d'un enfant. Non franchement, Milo avait beaucoup de défauts, il avait été élevé en se fichant comme d'une guigne des misères des êtres inférieurs, mais les sévices sur un enfant ne pouvaient pas le laisser complètement indifférent. Les services sociaux n'avaient pas été alertés ? Enfin, si le père était assez intelligent pour ne pas taper trop fort et ne pas emmener la petite trop souvent aux urgences... Difficile pour des médecins de discerner de la maltraitance dans des côtes fêlées et un bras cassé. Les enfants étaient si casse cou... Ils se faisaient souvent mal en tentant n'importe quoi.Il était tenté de demander ce que faisait sa mère pendant ce temps là, pourquoi elle ne l'avait pas protégé, ne l'avait pas arrachée à ce calvaire, mais ce n'était pas là le sujet de la discussion. Et sans doute que Calista n'avait pas envie de discuter de cela avec son médecin tout juste rencontré. Et de toutes façons, qu'est-ce que cela pouvait bien lui faire ? Il devait se reprendre, il n'avait pas à se faire empathique avec une inconnue, une nouvelle patiente. Il savait ce que c'était qu'avoir un père autoritaire, mais jamais il n'avait été battu. Quant à sa mère... étant donné qu'il ne l'avait jamais connu, il ne pouvait pas vraiment en juger.
« Désolé de faire resurgir des souvenirs pénibles. »
Et il était sincère. A priori, il n'y avait pas eu de lésions cérébrales. Mais si elle avait été secouée étant plus jeune, il y avait pu avoir un petit problème de ce côté là. Il ne pouvait négliger aucune piste. Il devina cependant qu'elle ne voulait pas s’appesantir sur ce sujet et respecta totalement son choix. A sa place, il aurait fait la même chose. Il ne se serait même pas confié à ce sujet, se montrant juste vague. Ou il aurait menti.
Calista revint aux examens, lui demandant la marche à suivre. Elle préférait se concentrer sur des aspects totalement techniques. Il sourit légèrement, conscient du stratagème, mais son sourire était bienveillant.
« Je pense en effet qu'il est intéressant d'explorer certaines pistes laissées de côté. L'imagerie médical fait des progrès stupéfiants et rapidement. Il serait souhaitable, de prendre contact avec d'éminents professeurs en neurologie. Grâce à des électrodes et une irm, il serait possible de comprendre comment fonctionne votre cerveau. Et si on ne trouve rien... »
Il marqua une pause, choisissant soigneusement ses paroles. Il y avait plusieurs éventualités : soit cela n'était pas un problème physiologique, mais psychologique. Soit... Il y avait une mutation cachée derrière tout cela. Milo préférait ne rien exclure. Même s'il ne savait pas encore de quelle mutation il pouvait s'agir, il allait s'intéresser de près au Dossier Freeman.
« Et bien, cela pourrait être un trouble d'ordre psychologie. Votre psyché qui vous joue des tours. On a tendance à sous estimer la force de l'inconscient. »
Quand on voyait tout ce que la conscience pouvait faire... Empêcher ne femme enceinte de prendre du poids parce qu'elle ignore sa grossesse par exemple. Guérir suite à une prétendue intervention divine. Se mettre dans des états de catatonie impossibles... Fascinant. Et complexe.
« Mais avant cela, nous allons commencer par un aspect purement physiologique. Cela risque d'être long et fastidieux, je ne vous le cache pas mademoiselle Freeman. Je prendrais rendez-vous auprès d'éminents collègues et vous le communiquerais. Nous sommes d'accord ? »
De nouveau ce sourire chaleureux, alors qu'il tendait la main vers elle, comme pour sceller un pacte, un marché. Il l'aiderait comme il pourrait. Par intérêt, naturellement, pas pour elle, mais ça, elle ne pouvait pas le savoir.
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| | | | Sujet: Re: Good medicine always tastes bad [Terminé] Sam 25 Jan - 10:29 | |
| La jeune femme est un peu impressionnée par la volonté de percer les mystères de son problème dont fait preuve le médecin. Elle n'a pas croisé beaucoup de praticiens faisant preuve d'autant de professionnalisme. Il semble qu'il prenne vraiment son cas au sérieux. Un léger malaise l'envahit pourtant à l'idée de remettre son dossier entre les mains d'éminents spécialistes comme il le suggère. Elle remue un peu sur son fauteuil en le regardant. Elle se sent si commune qu'elle a peur de leur faire perdre leur temps. D'un autre côté, Calista tient beaucoup à avoir des réponses à ses questions sur ce handicap qui lui mène la vie dure depuis petite. La fin de la phrase que le docteur laisse planer dans l'air lui arrache un frisson de doute. Oui si on ne trouvait rien ? Et si comme le pense son ex-mari elle était juste stupide ou inattentive ? Si la mort d'Emy était vraiment sa faute ? Comment le vivrait-elle alors ? La brune n'est pas certaine de vouloir le savoir. Elle sait les efforts mis en œuvre pour s'appliquer au quotidien à ne pas oublier ce qui est important... L'inconscient ? Curieusement, l'idée que son trouble soit psychologique ne la console pas d'avantage.
- Psychologique ? Vous voulez dire que cela viendrait vraiment de moi ? De mon attitude, de ma façon de penser ?
Cette idée accentue ses peurs et son malaise. Peut-être qu'avec l'aide d'un autre psy elle pourrait en venir à bout ? Ce serait toujours ça et Cali serait enfin capable d'avancer, d'être comme tout le monde. Le docteur Sanchez lui demande son accord pour contacter ses collègues réputés pour leurs connaissances dans les domaines qui la concernent.
- Bien évidemment, je ferai ce qu'il faut pour savoir ce que j'ai et comment y remédier. En espérant qu'il existe bien quelque chose capable de m'aider. Je vous suis infiniment reconnaissante Docteur pour le temps que vous m'accordez.
La visite touche à sa fin. La brune règle la consultation et reprend ses affaires en se relevant. L'homme la raccompagne jusqu'à la porte de son cabinet avant de la confier aux bons soins de sa secrétaire après qu'ils se soient salués. Avec l'employée, il lui faut vérifier qu'elle a bien donné toutes ses coordonnées. Calista communique aussi le nom de son ancien médecin traitant afin que la dame se procure le double de son dossier médical. Une fois dehors, la jeune femme pousse un long soupir. Elle a finalement plus de questions que de réponses pour le moment. Au moins vient-elle de franchir le premier pas sur le chemin qui devrait la mener aux explications qu'elle recherche tant. Pour se changer les idées et échapper à tous ces soucis, la lectrice va trouver refuge comme toujours à la bibliothèque. Elle se noie dans les livres sans savoir qu'ils sont en quelque sorte une part de ses problèmes. |
| | | | Sujet: Re: Good medicine always tastes bad [Terminé] | |
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| | | | Good medicine always tastes bad [Terminé] | |
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