Sujet: I'm a good little soldier. [Terminé] Mer 29 Mai - 22:40
13 février au soir
Je suis luisante de sueur et j’ai horreur de ça. Je viens de courir une heure dans le parc des Cristiani pour me défouler mais la colère ne passe pas. Elle subsiste et me colle à la peau. J’ai envie de hurler à un point que vous ne pouvez pas imaginer. Je glisse les balles dans le barillet sans que ma main ne tremble. Je connais ces gestes, je les ai répétés tant de fois quand j’étais petite. Je recule, me place, et l’arme est lourde dans ma main. Je n’aime pas l’odeur de la poudre, je n’aime pas les armes à feu. La sécurité saute sous un mouvement de mon pouce. Ma prise est assurée.
J’entends encore les mots de Kate Reynolds dans ma tête. Toutes ces confidences sur ma mère. En écho, les remontrances des Cristiani d’Italie me reviennent. « Laisse le passé derrière toi petite. » « Qu’est-ce que tu cherches ? Ton père n’a pas suffisamment souffert du départ de ta mère ? » On me cache des choses sur le départ de ma mère. On me ment et on me manipule, moi à qui, mon père a toujours tout dit. Ce n’est pas par caprice que j’insiste. Mon besoin de savoir, de la connaître et de la retrouver est viscéral. Sans doute représente-t-elle, quelque part une chance de combler le manque qui m’habite, l’espoir d’une vie, si elle ne serait pas meilleure, au moins différente et loin de tous ces complots.
J’ai le visage de Jolene dans la tête, sa peau veinée de noir et sa faiblesse incroyable.
La voix ferme d’Antony qui m’apprend que la mutante que j’ai ramené est trop mal en point. On ne la sauvera pas. On ne pourra pas. Elle est une perte d’argent et de temps. Elle est inutile. Je sens ses yeux noirs qui coulent sur ma peau. C’est une évidence, il me jauge. Mon cher oncle ignore de quelle façon il doit interpréter mon geste. Est-ce une preuve de ma loyauté ? N’ai-je cherché qu’à sauver une amie qui n’aurait jamais été utile à son entreprise ? Quelles sont mes réelles motivations ? Il doute de moi. Il doute sans arrêt et mes yeux se contentent de refléter les siens sans rien lui apprendre de plus. J’aurais voulu lui cracher au visage et l’obliger à parler. À la place, j’ai esquissé un sourire d’excuse, promettant de faire mieux la prochaine fois, de ne pas les décevoir. J’ai joué l’ingénue, la jolie fille un peu idiote mais je ne suis pas sûr qu’il m’ait totalement cru. Ce serpent voit clair en moi. Il m’a terrifiée. Il me terrifie encore. Je suis allée courir pour échapper à son emprise mais je n’ai fait que me débattre dans le parc de la propriété. Ma petite cage dorée. Je leur appartiens comme un trophée sur une étagère et je prends la poussière. Ils se serviront de moi dès qu’ils me jugeront utile.
Je voudrais les mettre à terre. La cible emprunte le visage d’Antony Cristiani dans mon imagination. S’ils savaient ce qui se passe dans ma tête, je me rendrais coupable de haute trahison et rien ne pourrait plus me protéger. Ils m’achèveraient sans l’once d’une hésitation. Peut-être ordonneraient-ils à mon père d’exécuter cette tâche, de mettre fin à la vie de sa seule et unique progéniture… Et peut-être qu’il accepterait. Peut-être qu’il m’étoufferait dans mon sommeil en versant quelques larmes.
L’Agence m’a pris ma vie, ma famille, mon avenir. L’agence m’a volé ma mère. J’en suis persuadée. Ils sont un poison.
Je tire.
Lancer de dé : Attaque précise : La balle se loge dans le cercle le plus proche du centre de la cible. Attaque imprécise : La balle atteint la cible mais demeure loin du centre. Attaque déviée : La balle se loge dans le mur.
Dernière édition par Thalya Ciccelli le Mer 29 Mai - 22:41, édité 1 fois
The judgment
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Sujet: Re: I'm a good little soldier. [Terminé] Mer 29 Mai - 22:40
Le membre 'Thalya Ciccelli' a effectué l'action suivante : Lancer de dés
'Précision attaque' :
Remington Pillsbury
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Sujet: Re: I'm a good little soldier. [Terminé] Lun 3 Juin - 19:22
L'Agence était une fourmilière au sein de laquelle il était difficile de compter ses occupants. Il y avait les meneurs. Les chercheurs. Ceux qui récoltaient des informations. Il y avait également ceux qui mettaient à exécution des informations. Et il y avait ceux qui foiraient. Comme Ezekiel Tyler. L'Agence avait perdu un de ses employés la veille au soir. Descendu en plein vol alors qu'il avait toute la vie devant lui. La fougue de la jeunesse avait été la cause de sa perte. Pourquoi je songeais à cette anecdote qui ne me faisait pas verser une larme ni ne m'attristait? J'avais tué ce gamin. Je l'aimais bien mais il était un contrat. Une mission comme une autre et il m'était impossible de me défiler, pas quand il était question de mon avenir au sein du groupe. Ce fut un mal pour un bien, cela me permit de croiser mon meilleur ami. Trois mois que l'on ne s'était vu avec Brennen. Le temps passait vite et on ne s'en rendait même pas compte jusqu'à ce que l'on remarque tout ce que cette personne a manqué dans votre propre vie. Alors, on avait pris un peu de temps pour discuter lui et moi et je suis rentré comme si de rien n'était.
Mon comportement fut tout ce qu'il y avait de plus normal pour le restant de la soirée. Je ne trahissais aucune émotion, aucune pensée. C'était comme si j'avais lu un fait divers dans le journal. Mes yeux s'étaient tournés vers Sonny, je m'étais approché et je l'avais embrassée. Je lisais dans son regard qu'elle se posait des questions qu'elle ne pouvait prononcer. De crainte de savoir ? Ou de crainte d'aborder le sujet tabou ? C'était assimilé, aucune question n'avait franchi ses lèvres mais tous les deux nous savions ce qui n'était pas exprimé. Un peu plus tard, je l'avais attirée contre moi quand on s'était couché. Mon torse s'était collé contre son dos, ma tête se calant contre son épaule. Durant un moment, nous étions restés silencieux, jusqu'à ce que je finisse par lui dire que Brennen était de retour. Si elle avait des interrogations à son sujet, j'y avais coupé court en l'embrassant, l'empêchant de les poser. La passion avait fini par prendre le dessus et nous avait emporté une partie de la nuit.
Un nouveau jour s'était levé, un dimanche bouclant la semaine. J'étais sorti du lit aux aurores et après avoir fait quelques longueurs dans la piscine, j'avais pris la direction de la chambre en travaux. Pas de verrou cette fois, quand Sonny s'était réveillée, elle avait pu m'y rejoindre alors que je m'affairais pour l'avancer. Elle s'était prise un coup de pinceau au passage suite à une remarque qu'elle avait émise et c'était amplement mérité. La journée s'était écoulée tranquillement jusqu'à ce que venu le soir, je finisse par lui déclarer que je devais m'absenter. Deux fois en deux jours alors que nous avions eu plus d'un mois de tranquillité. Je consentis à lui dire qu'il n'y avait rien d'important. Il fallait juste que je passe dans les locaux de l'Agence comme je pouvais le faire au journal quand je déposais une planche. Je serai rentré pour critiquer le film diffusé à la télévision si elle en trouvait un à peu près potable.
J'étais passé par les bureaux pour signer quelques papiers mais au lieu de rentrer directement ensuite, je fis un détour par un bâtiment qui abritait la salle d'armement. J'avais pour habitude de m'y rendre pour m'informer des dernières nouveautés même si j'avais quelques habitudes en matière d'armes. J'avais tapé le code sur le boitier pour ouvrir la caverne d'ali baba pour tueur à gage. Nombreuses armes étaient enfermées sous clés mais il y avait également une zone dans le bâtiment réservé aux essais. Une sorte de stand de tir même si je préférais celui où j'avais l'habitude de me rendre sur le port. Je sortis un paquet de graines de tournesol de ma poche en parcourant le bâtiment. Je ne sus pas ce qu'il me prit mais je jetais un œil au stand de tir et je la vis. Mademoiselle Thalya Ciccelli en personne, tenant une arme. Je me demandais l'espace d'un instant ce qu'elle foutait là. L'instant d'après, je songeais à récupérer une arme à mon tour pour lui loger une balle dans la tête.
Au lieu de cela, je continuais à grignoter mes graines de tournesol en l'observant. Ses bras se tendirent en direction de la cible. Puis un coup partit. Touché mais loin du centre. Le coup serait déplorable pour un agent entraîné. Sachant que ça venait de Thalya, on pouvait dire que c'était presque passable. Sonny était plus douée qu'elle, et de loin. C'était ce que je pouvais constater vu ce tir. Je ne bougeais pas de ma position, à l'entrée de la pièce et à quelques mètres d'elle, dans son dos. « Si tu espères toucher le centre un jour, il va falloir que tu apprennes à mettre tes émotions de côté. » Une petite démonstration de ma part ? Non, il n'en fut rien. Je préférais manger encore une graine de tournesol comme si de rien n'était. Peut être que miss Ciccelli n'avait pas envie de parler ? Quel dommage pour elle, pour une fois j'étais d'humeur presque joyeuse, ça serait donc moi qui la ferai royalement chier. Comme quoi tout pouvait arriver dans la vie.
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Sujet: Re: I'm a good little soldier. [Terminé] Jeu 20 Juin - 10:51
Cette fichue balle n’atteint pas le centre. C’est agaçant. Je ne suis pas prête de tirer une balle entre les deux yeux noirs d’Antony. De toute façon, je ne suis pas idiote. En agissant de la sorte, je signerais mon arrêt de mort. L’Agence est comme l’hydre de Lerne. Pour chaque tête détruite, d’autres repoussent. C’est ainsi que fonctionne le clan. Une véritable meute et un mécanisme si bien huilé qu’on ne peut pas s’en échapper. Cette constatation attise ma rancœur. Je suis leur propriété, je leur appartiens par le simple de ma naissance. Est-ce ainsi que se sentait la noblesse dans d’autres temps ? Il n’y a rien de noble dans la loyauté forcée.
Une voix surgit et je sursaute avant de me tourner vers son propriétaire. Je n’ai pas le temps, ni le courage de me composer le visage radieux et orgueilleux de la fille à papa intouchable. J’ai envie que Remington s’étouffe avec ses graines de tournesol. Qu’il en avale une de travers et que l’air lui fasse lentement défaut, moi, je ne lui viendrais pas en aide. Hors de question. Mes sourcils se froncent. Aucun sourire, cependant, ne cherche à le provoquer. Mes lèvres sont pressées l’une contre l’autre dans une expression probablement contrariée. Je n’ai pas envie de jouer au chat et à la souris, pas ce soir.
«Ou peut-être que je ne suis pas suffisamment motivée. Si tu mettais ta tête à la place de la cible, ça aiderait peut-être. » Avant qu’il n’accède à ma requête pour me prouver mon incompétence, je préfère l’interroger. « Qu’est-ce-que tu fais là, Remington, tu t’ennuyais dans ta parfaite petite vie ? »
L’amertume de mes propres mots me semble factice. Pour une fois, il ne s’est rendu coupable que de m’offrir un conseil. Mais comment l’appliquer ? Je suis bien plus capable de contrôler mes nerfs d’habitude, ou au moins de faire comme si. Le contrôle de ma petite personne est probablement ce qui me sauve la vie. Je me place une nouvelle fois en position de tir. Le regard rivé sur la cible, j’inspire profondément sans parvenir à me défaire de ma colère. Jolene. Ma petite Jolene dans un état si déplorable, cobaye de l’agence. Ma mère… Ils prennent tout ce qui ne leur appartient pas, ils s’en emparent par la force. Leur loi règne, comme elle l’a toujours fait. Antony est le régent obscur de ma vie. Il dicte les règles et nous lui obéissons comme des moutons sans que personne, jamais, ne remette en doute la parole du roi.
« Je ne vois pas comment on peut oublier ses émotions quand espère viser le crâne de quelqu’un. »
C’est vrai. Je ne sais pas. Mon ton est froid mais ma voix ne tremble pas. À croire qu’il me reste un semblant d’élégance. Et, je n’aime pas les armes à feu. Pas plus que je ne suis une adepte de la violence frontale. Je préfère œuvrer dans l’ombre pour détruire quelqu’un à ma manière. Tricher, manipuler, corrompre. Mais me salir les mains de cette façon ? Ça ne me ressemble pas. J’ai troqué depuis longtemps les entraînements de mon père pour un mascara et du gloss. J’ai mes propres armes et mes propres atouts. Je tire. La balle est encore plus éloignée de la cible que tout à l’heure. Machinalement, je réenclenche la sécurité, baisse mon bras et fait volte face vers Remington. Il n’est pas responsable, mais ça ne change rien.
« J’espère que tu profites du spectacle. »
Remington Pillsbury
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Sujet: Re: I'm a good little soldier. [Terminé] Dim 30 Juin - 18:48
Ce n'était qu'une gamine qui me donnait envie de l'étriper à chaque fois que je la croisais avec son petit air hautain, trop sûre d'elle, respirant l'orgueil comme il n'était pas permis de le faire. Elle avait pourtant l'âge de Sonny mais je les voyais toutes les deux différemment. Ma fiancée avait ses moments mais dans l'ensemble, elle grandissait et savait être forte en me tenant tête quand il le fallait. Quant à Thalya ? Je la vis sursauter quand je pris la parole, lui donnant un simple conseil. Elle se tourna vers moi et ce fut la première fois que je croisais ce regard. De la souffrance derrière son petit air de fille à papa ? Voilà une première. Thalya Ciccelli qui baissait sa garde, qui n'adoptait pas de masque pour se montrer face à moi. Malgré tout, elle n'en perdait pas moins son sens de la répartie.
C'était une idée intéressante qu'elle me soumettait. J'étais même prêt à la mettre en application avec une légère déviance. La jeune femme devait commencer à me connaître et devinait que j'allais répliquer dans la foulée car elle me devança, m'interrogeant. « Je bosse pour l'Agence, tu te souviens ? » L'explication était suffisante pour justifier ma présence en ce lieu. Elle n'en avait pas besoin d'autre, de toute manière qui était-elle en dehors de la petite fille à Alejandro Ciccelli, l'un des capo les plus importants du groupe. « Et c'est con, j'aurais su que j'avais une vie parfaite, je l'aurais clamée sur tous les toits. » Et ma vie était toute sauf parfaite et je n'étais pas du genre à m'étendre dessus. Un pouvoir qui surgissait quand je ne m'y attendais pas et prenait le dessus. Un sommeil entrecoupé encore régulièrement par des cauchemars. Des douleurs qui se réveillaient de temps à autre à cause de toutes les blessures que j'avais eu. Une fiancée qui... Bref une fiancée que j'aimais. Enceinte et qui ne s'occupait même pas de changer la cage de son lapin qui finirait un jour où l'autre en terrine quand j'en aurais marre. Ce n'était peut être pas une vie que l'on pouvait définir comme étant parfaite, mais au moins elle me convenait jusque présent.
Je me replongeais dans le silence, observant Thalya qui tendit son bras une nouvelle fois en direction de la cible. Elle allait se planter encore une fois. Son expression corporelle la trahissait même si elle ne s'en rendait pas compte. J'étais toujours occupé avec mes graines de tournesol, patientant jusqu'à ce qu'elle décide à tirer pour confirmer mon jugement. Elle n'appuya pas immédiatement sur la gâchette, s'interrogeant sur le conseil que je lui avais prodigué. « Justement, arrête d'espérer et fais le. » Je ne rentrais pas davantage dans les détails. Je comprenais mon raisonnement même s'il devait être obscur pour elle. Normal en même temps, j'avais des années d'expérience et d'entraînement derrière moi. Le coup partit. Je ne tournais pas mon regard en direction de la cible. À quoi bon, je connaissais le résultat sans même le voir. Ou alors elle avait vraiment eu un coup de chance et avait bien visé, ce dont je doutais fort.
Thalya se tourna vers moi. Eh ! Oh ! Elle foirait son coup pour la seconde fois et c'était moi qui allais prendre car elle ne m'écoutait pas ? Quand je disais qu'elle me donnait envie de l'étriper... Le paquet de graines de tournesol termina dans le fond de ma poche. Je m'avançais vers elle, couvrant la distance qui nous séparait et m'arrêtant à faible distance de sa personne. « Si tu m'écoutais il n'y aurait pas de spectacle dont je pourrais profiter, en tout cas ça ne serait pas celui-ci. » Tête de mule de gamine. Et on pouvait en dire autant à mon sujet. J'aurais du tourner les talons et la laisser continuer à se planter en beauté vu qu'elle n'en faisait qu'à sa tête. Je ne savais même pas pourquoi je restais alors que Sonny m'attendait. Peut être à cause de cette souffrance que j'avais pu apercevoir au fond de ses prunelles et qui m'intriguait.
Mes doigts se posèrent sur son poignet. Ils descendirent et je lui pris l'arme des mains. La sécurité fut ôtée. Je jetais un œil en direction de la cible et dans la foulée, je tirais sans hésitation. Le point d'impact fut proche du centre. Je remis alors la sécurité sur l'arme et la tendis vers la jeune femme pour la lui rendre, reculant d'un pas. « Qu'est-ce qui se passe Thalya, papa t'a refusé ton dernier caprice et tu veux le tuer ? Si c'est sérieux pour une fois, je veux bien faire l'effort d'être une oreille attentive. » Et merde, ferme la Remington. Qu'est-ce qui me prenait de proposer d'écouter les déboires de cette fille ? Nous n'étions pas amis, on rêvait de loger une balle dans la tête de l'autre quand l'occasion se présenterait. Bon en réalité, peut être - et je dis bien peut être - que c'était une petite preuve d'affection car elle ne suscitait pas de l'indifférence chez moi mais plutôt de l'agacement. Même si dans le fond, ça ne changerait rien si un jour un contrat serait mis sur sa tête et qu'on me le refilait. La preuve en était avec Ezekiel, je l'avais bien aimé ce gamin avant de prendre sa vie.
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Sujet: Re: I'm a good little soldier. [Terminé] Mar 16 Juil - 21:13
« Je te le déconseille fortement. » Clamer sa chance est le meilleur moyen d’attirer les envieux et de se faire des ennemis. Mais surtout, ici, on aspire toute joie de ta vie. Seules compte ta réussite et ton obéissance. « Le bonheur attire la jalousie. » C’est un fait établi, pourtant ce que je pense surtout c’est qu’on le lui arracherait si jamais il l’exposait. J’ai beau ne pas spécialement apprécier Remington, je ne lui souhaite pas cela. D’ailleurs, je ne le déteste pas non plus. Il m’indiffère, va-t-on dire. Il n’est qu’un pion sur l’échiquier, et un partenaire de jeu à enquiquiner pour faire passer le vide de ma vie. Pourtant, par sa réponse, il me rappelait qu’il était lui aussi un être humain. Le grand méchant loup avait donc ses propres emmerdes et états d’âme. Remington n’était donc pas si imperméable et inaccessible qu’il le laissait voir. Devrais-je en jouer ? Me moquer de lui pour lui mettre les nerfs à vif ? Je n’en avais pas envie. Ça ne m’apporterait rien. Pas aujourd’hui.
Je préfère encore passer ma colère en tirant une seconde fois. Arrêter d’essayer et le faire, comme c’est facile à dire et si peu à faire. La preuve en est que ma balle se perd encore plus loin de sa cible. Je dois me rendre à l’évidence, je suis mauvaise dans ce domaine. Mon incapacité m’agace. Elle me renvoie à cette image que j’ai de moi : pieds et poings liés, dépendante de bon vouloir de ces hommes qui régissent ma vie. Remington en fait les frais mais ne se laisse pas le moins du monde démonter par mon arrogance.
Sa démarche est ferme, il inspire l’assurance. Ses remontrances sont lucides. Je n’ai pas peur de son ton froid, ni de ses doigts sur mon poignet alors qu’il réquisitionne l’arme. Je ne tressaute pas au coup de feu, ce n’est pas moi qui l’ai tiré. Je l’observe, fascinée par son côté prédateur, froid et méticuleux. La force m’a toujours impressionnée. Précis et tranchant. Je respecte cet aspect de sa personnalité bien qu’elle soit éloignée de ce que je suis. Je respecte ça comme je respecte la force brute de mon père, sa façon de s’imposer. Je souhaiterais m’opposer mais m’en abstiens. Parfois, il vaut mieux se taire et accepter.
Il me rend l’arme. Son poids semble encore plus lourd dans ma main, comme si elle avait été lestée de mon insuffisance. Ses propos me surprennent. Remington me proposant d’être une oreille attentive. J’esquisse un sourire ironique. Il a pourtant fait mouche.
« Mon père n’a rien à voir là-dedans !» m’insurgé-je. Ou tout. Ce n’est pas contre lui que ma rancœur se dirige, dans tous les cas. Je lui fais suffisamment payer ses erreurs au quotidien. Pourquoi ai-je crié en l’agressant du regard ? Ça ne me ressemble pas du tout. Remington a remué le couteau dans la plaie sans s’en rendre compte. Il m’a fait mal. J’inspire profondément pour reprendre le dessus. J’y parviens avec assez de facilité même si ma main tremble. La fatigue n’est sans doute pas innocente dans tout ça. J’ai forcé sur mon corps pour évacuer. J’ai conscience d’être une enfant pourrie gâtée qui fait tourner le monde en bourrique. Je n’en éprouve pas le moindre remord.
« Est-ce un caprice que de demander à connaître sa propre mère, Remington ? » J’avais probablement désespérément besoin de le dire pour me confier si facilement. Je ne crois pas pouvoir lui faire confiance. Il me vendrait sans doute s’il pouvait tirer quelque chose de ma carcasse. Je me raisonne, les larmes menacent de submerger mes yeux. Remington ne gagnerait rien à rapporter mes propos. Il se ridiculiserait et risquerait la colère de certains. On tue souvent le messager. Par ailleurs, je sais qu’il va bientôt se marier à une femme qu’il chérit. Je n’ai pas trahi son secret. Ce n’est pas pour autant qu’il ne trahira pas le mien, simplement, je serais alors en mesure de riposter. La manipulation et le chantage, c’est là ma seule échappatoire alors. Il n’y a donc que dans ce cadre que je peux parler et me protéger…
Mon doigt glisse sur la sécurité. « Tu ferais mieux, d’ailleurs, d’éviter de prononcer son nom ou même de l’évoquer. Elle est taboue, par ici. » J’ai craché ses mots avec toute ma rancœur. Je n’en suis pour autant pas débarrassée. Je me place, je tire. La balle est bien trop loin, elle s’est figée dans le mur. De rage, je repose l’arme sur l’un des établis, faisant claquer le métal contre le métal.
« Et tu sais ce qui arrive lorsqu’on leur désobéit, n’est ce pas ? »
Bien sûr qu’il savait… Remington était leur instrument. La tension que je ressentais me faisait me raidir. C’était un suicide. J’étais en train de courir à ma perte, de me jeter dans la gueule du loup, de céder. Je sentais ma révolte se craqueler. Je m’étais battue pour la liberté, j’œuvrais dans l’ombre pour découvrir la vérité mais ça ne suffisait pas !
« Tu devrais fuir avant qu’ils ne te prennent tout. » Mais ça non plus, on ne pouvait pas. Mon conseil était stupide, je le savais en l’assénant. Il était aussi coincé que moi. La différence était qu’il avait choisi cette vie… Si encore, le choix avait porté entre deux options équitables. J’étais rentrée dans la gueule du loup. Allait-il refermer ses dents sur ma chair ? Mes propos n’étaient rien de plus qu’un aveu. C’était stupide, trop risqué, inconscient, immature… Avais-je tellement besoin de rappeler au monde que j’étais une adolescente et pas encore une femme ?
Remington Pillsbury
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Sujet: Re: I'm a good little soldier. [Terminé] Sam 10 Aoû - 16:21
Si le bonheur attirait vraiment la jalousie comme elle semblait me l'affirmer, jusque présent, je ne devais pas attirer beaucoup de jaloux. Avant septembre et ma rencontre avec Sonny, je ne tenais à rien et j'étais prêt à perdre tout ce que je possédais sans le moindre froncement de sourcils. Désormais, j'avais quelqu'un dans ma vie, mais ce n'était pas forcément un cadeau dont on pouvait être envieux. Il fallait la supporter le matin au réveil, la voir devant la télévision, ou en train de danser et chanter en plein milieu du salon pour comprendre parfois ce que j'endurais. Sans compter ses excuses sorties tout droit d'un chapeau de magicien pour ne pas changer la cage du lapin, ou éviter la cuisine ou une partie du ménage. Elle était bourrée de défauts mais je l'aimais.
Je ne relançais pas le sujet pour en dévoiler davantage sur cette partie de ma vie que je gardais secrète. Thalya en savait suffisamment à mon sujet. Déjà que je sois fiancé, c'était une information de trop qui était en sa possession. Je m'approchais d'elle pour lui prendre l'arme des mains et tirer sur la cible que je touchais sans difficultés. Ensuite je lui rendis l'arme et je sortis des propos que je ne pensais pas prononcer un jour. Surtout pour elle. L'écouter ? Vraiment ? Ou du moins faire semblant ! Je regrettais presque mes mots à peine après les avoir dit. J'avais du respect pour son père. Pour elle, c'était un peu plus dur. Elle ne m'avait jusque présent jamais prouver que je pouvais lui en accorder. Et sa réponse un peu trop vive me laissa sceptique. Elle était un peu trop prompt à me répondre rapidement pour me dire que son père n'avait rien à voir avec ses états d'âme. Peut être qu'il n'en était pas entièrement responsable, mais il avait sa part. Face à ce cri sortant du cœur, je ne réagis pas. Si ça pouvait la soulager de me hurler dessus, qu'elle le fasse. Ce n'était pas mon genre de répondre par le même procédé. Elle allait bien prendre conscience du ridicule de son comportement et le rectifier d'elle-même.
Je reculais d'un pas alors qu'elle prenait une grande inspiration. Bah voilà, quand elle voulait, elle réussissait à se calmer. Ce n'était peut être qu'un leurre et elle éclaterait dans les prochaines secondes. Je l'avais invitée à se confier et quand enfin elle se décidait à le faire, je le regrettais presque déjà. Le pire, ce fut la réponse qui sortit aussitôt de ma bouche pour apporter une réponse à sa question. « Je ne pense pas, je ne connais pas mes parents. J'étais trop jeune pour me souvenir d'eux. Mais je me suis rendu sur leur tombe pour savoir d'où je venais. » Que me prenait-il de lui confier cette information ? Rares étaient les personnes qui connaissaient la vérité sur mes origines. Et quand je la disais intentionnellement, je doutais qu'on me croit. Comme cet Aaron O'Hara. En soi, cela ne changeait rien à ce que j'étais désormais. Ils étaient morts, on ne pourrait pas les menacer. Donc non, en fait, cela ne changeait rien du tout.
« Comment s'appelle ta mère ? » Je n'avais que faire des sujets tabous, que ça soit au sein de l'Agence ou en dehors. Je n'étais pas du genre à écouter les bruits de couloirs, sinon je n'aurais probablement pas eu à lui poser cette question. De connaître son nom ne changera pas le cours de ma vie, mais si ça pouvait la soulager que de le prononcer... Peut-être qu'elle tirerait mieux car une nouvelle balle partit et elle vint se loger loin du centre de la cible. Tir lamentable. Copie à revoir. Tout était à faire avec elle. Je ne la quittais pas du regard alors qu'elle posait l'arme. Bien évidemment, je savais ce qui se passait pour ceux qui trahissaient l'Agence. L'exemple le plus récent était Ezekiel. Je récupérais l'arme qu'elle venait de déposer. Je fixais la jeune femme un bref instant. « La mort. » Et sur ces deux mots, je vidais le restant du chargeur sur la cible, l'atteignant à chaque fois. Une fois que ce fut fait, je reposais l'arme. Cela me fit un petit entraînement mais un chargeur vide, c'était également une occasion en moins de lui laisser l'occasion de me loger une balle en pleine tête. Même si elle serait encore capable de me rater...
« C'est trop tard Thalya, ma vie appartient déjà à l'Agence. » Deux ans auparavant, j'avais donné toutes les cartes à Cristiani pour qu'il puisse les utiliser contre moi si un jour j'avais une grosse défaillance. À l'époque, cela se résumait à ma vie. Depuis, tout s'était compliqué. Une femme, un enfant. Deux vies à prendre en plus de la mienne. Ma position était un peu plus délicate. Je jouais avec le feu tous les jours. Je savais que je vivais avec une épée de Damoclès au dessus de ma tête et je faisais en sorte de tenir le plus longtemps possible pour qu'elle ne s'abatte pas sur Sonny puis sur le bébé. Je n'aurais pas du avoir de famille. Ben Blackwell n'avait eu de cesse de me le répéter durant de nombreuses années. Si j'avais continué à l'écouter, je n'en serais sûrement pas là, à risquer la vie de ceux que j'aimais, à me demander si l'Agence tenterait de me les prendre pour exercer une pression sur moi. C'était suffisant pour inquiéter une personne, limite pour la faire paniquer. Je ne pouvais pas me le permettre. La peur était une faiblesse qui nous poussait à commettre des erreurs. Alors je tiendrais, quoiqu'il puisse arriver. Même si cela voulait dire continuer à prendre des vies innocentes pour accomplir des contrats si on me le demandait. Le terrain serait plus rare mais il n'était pas exclu malgré ma nouvelle place dans le groupe.
« Tu comptes faire quoi ? Continuer à te révolter contre cette vie que tu n'as pas choisi ou tenter enfin d'en tirer profit pour te construire la tienne ? Ton père n'est pas éternel, un jour où l'autre, il ne sera plus là pour te garder dans cette cage dorée et protégée qu'il a bâti autour de toi. Perso, ça fera mes affaires quand ce jour viendra, je n'aurais plus à courir après toi quand il me le demandera... » Était-ce un léger sourire amusé que j'esquissais au coin des lèvres ? Peut-être. J'avais toujours en tête le coup qu'elle m'avait fait. Je n'avais pas encore exécuté de vengeance, cela viendrait un jour mais ce n'était pas ce soir.
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Sujet: Re: I'm a good little soldier. [Terminé] Mar 13 Aoû - 22:57
Des confidences… Remington et moi parlant de nos parents autour d’une arme à feu, comme d’autres discuteraient autour d’un verre. C’est un peu surnaturel comme scène. Je n’aurai jamais parié que ce serait lui qui me proposerait une oreille attentive. Ni qu’il me parlerait de ses origines. Lui aussi, alors, avait ressenti le besoin de se lier à quelque chose. De connaître ses racines, de savoir d’où il pouvait bien venir. Il y a donc un être humain derrière l’homme froid et méticuleux. On porte tous nos masques. Sa question me surprend. Je ne devrais sans doute pas y répondre mais, après tout ce que j’ai déjà dit, je ne crois pas qu’un prénom puisse changer grand chose.
« Livia. Elle s’appelle Livia. Elle est partie quand j’étais petite. »
Je tire. Je rate. Je m’agace. J’ai l’impression de répéter en boucle ces trois actions. Finalement, c’est un peu comme ma vie. J’essaie de me libérer de leurs griffes. J’échoue. L’étau se resserre d’autant plus. L’amertume me prend à la gorge. Un rictus déforme ma bouche. Je leur en veux terriblement. Je suis en colère mais, je n’ai pas le droit, n’est pas ? Même ça, je n’en ai pas l’autorisation. Aucun droit à la rébellion parce que sinon… La mort. Il a prononcé comme une conséquence logique. Remington vide le chargeur sur la cible. Il ne manque pas une seule fois son tir.
Je ne tressaille pas. Je n’ai pas peur. Je l’observe. Cette assurance qu’il dégage, je l’envie. Il respire la force, il s’impose sans même avoir à élever la voix. J’aimerais en être capable. Si un jour, ma tête est mise à prix, est-ce que ce sera de sa main que je mourrais ? Ou bien de celle de mon propre père, lui qui est censé m’aimer et me protéger ? Dans ma crise pathétique, je lui lance un conseil idiot. Je sais qu’il ne peut pas. Pas plus que moi. Mais, c’est tellement injuste !
Mes sourcils se froncent, je baisse les yeux et croise les bras contre ma poitrine comme si ça pouvait me protéger de cette vérité. Moi aussi, je leur appartiens. Pas besoin de lui dire, il le sait très bien. Par mon sang, je suis désignée pour être le futur chien de garde du clan. Étonnant, d’ailleurs, qu’Anthony n’ait pas encore forcé mon entraînement. Il attend sans doute la certitude de ma mutation. Mes lèvres tremblent de rage même si je parviens à me contrôler en murmurant « Et, il n’y a rien qu’on puisse faire contre ça. »
Remington a sa façon bien à lui de présenter les choses. Malheureusement, il n’a pas tort. Même si toutes les fibres de mon corps se révoltent, même si mes yeux brillent d’insurrection quand je le regarde, je sais qu’il dit vrai. Je suis factice et mes efforts ne mènent à rien puisque rien ne saurait faire changer les choses. « Peut-être que tu seras obligé de me courir après pour me mettre une balle dans la tête. » répliqué-je, un sourire ironique sur les lèvres. Je ne l’ai pas dit avec hargne. « Ils me prennent tout, Remington. » Pas de surnom moqueur, pas de tricherie. Juste la sincérité de l’enfant que je suis encore. « Je ne serai jamais mannequin. Je ne pourrai peut-être même pas être styliste. Je ne serais jamais compétente sur le terrain. Je ne suis pas faite pour cette vie là. » Je réfléchis. « Je ne serai jamais libre. »conclue-je. Cette évidence me fait trembler. Il a raison sur toute la ligne, mais je ne suis pas prête. J’ai besoin de croire que je pourrai me tirer de là. Ma gorge se serre. Je baisse les yeux.
« Je ne sais même plus à quoi elle ressemble. Je ne me rappelle pas de son visage. » Pourquoi je lui dis ça ? Pourquoi à lui ? « J’aurais juste aimé la rencontrer pour savoir qui elle est. » D’où je viens. Si je lui ressemble. S’il y a un moyen de sortir de cette vie. Après tout, si elle, elle a réussi à se sortir de leurs griffes, peut-être que je pourrais aussi. « Même ça, ils me le prennent. »
Je relâche mes bras et inspire profondément. D’un geste déterminé, j’essuie le bord de mes yeux. J’insère de nouvelles balles, bloque le chargeur, défait la sécurité, et me place en position de tire. Sans détourner mon regard de la cible, je l’interroge.
« Alors… Je fais comment pour atteindre la cible ? »
Je ne suis pas prête à abandonne mes rêves, mon envie éperdue de liberté. Par contre, je suis prête à apprendre à me battre. J'utiliserais ce qu'ils ont à m'apprendre et m'en servirait contre eux.
Remington Pillsbury
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Sujet: Re: I'm a good little soldier. [Terminé] Lun 19 Aoû - 17:28
Lauren Pillsbury... Livia Ciccelli... ? Thalya et moi avions un point commun. Une mère non présente dans nos vies, partie quand nous étions enfants. Le nom de sa génitrice ne me disait rien du tout, je ne savais pas grand chose non plus de la mienne après tout. Elle dessinait pour le journal de Great Falls comme je pouvais le faire pour le L.A. Times ou d'autres journaux. Et ensuite ? Je n'avais pas d'autres informations. Je ne savais pas si je tenais davantage de ma mère ou de mon père, et comme Sonny me l'avait dit, cela ne changeait à celui que j'étais devenu. Connaître mes origines m'aiderait peut être sur le plan mental mais il était trop tard pour une prise de conscience et me changer car comme venait de le dire Thalya, il n'y avait rien que l'on puisse faire. Nos vies appartenaient à l'Agence, on ne pouvait que survivre et tenter de tirer profit pour tenir le plus longtemps possible. « Peut-être et je le ferai car je n'aurais pas d'autre choix. » Nous discutions de la possibilité de sa mort, comme si c'était une discussion banale comme on pouvait parler de la pluie et du beau temps. Si ce jour arrivait prochainement, peut être que je serais la main de la grande faucheuse. Peut être qu'Alejandro me chargerait de son côté de protéger sa fille. Peut être que je ne serais au courant de rien et ne l'apprendrais que quelques temps plus tard. Il était impossible de savoir d'avance.
La jeune femme se confia, m'en disant davantage sur ce qu'elle ressentait, sur ses peurs. Elle capitulait, raccrochant ses rêves et ses espoirs pour tout abandonner car le milieu dans lequel elle avait vu le jour n'était qu'une grosse machine détruisant tout sur son passage et sans frein. J'étais d'accord avec elle sur l'absence de liberté. Elle ne le serait jamais, tout comme moi, mais pas sur le reste. « Tu te plantes. Appartenir à l'Agence ne veut pas dire que tu ne peux pas avoir de jardin secret, ni contrôler une partie de ta vie. J'ai bien un métier à côté, alors pourquoi tu ne serais pas styliste. Renonce juste au rêve de gloire car tu ne pourras pas être reconnue. » C'était un des principes de l'Agence. Chacun pouvait exercer le métier qu'il désirait en parallèle sous condition qu'il ne soit pas très exposé. Si on était un artiste, il fallait juste être discret, ne rien espérer comme reconnaissance. C'était pour cette raison que je ne m'inquiétais pas pour la bande dessinée sur laquelle je travaillais. Il n'y avait aucune chance qu'elle soit connue internationalement. Si déjà elle était publiée à l'échelle locale, ça serait une bonne chose. Alors je prenais mon temps pour la terminer, comme si je redoutais d'y inscrire le mot fin pour ne pas qu'elle termine dans un carton, tombant aux oubliettes.
De nouveau, elle revenait sur sa mère, exprimant de l'amertume. Voilà qu'elle commençait à vraiment s’apitoyer sur son sort. Je ne me rappelais pas non plus du visage de mes parents. Je ne savais pas de qui je tenais mes prunelles bleues, ni mon fichu caractère et encore moins auquel des deux appartenait cet entêtement qui me caractérisait. « Tu n'as pas l'air bourru d'Alejandro alors tu dois bien tenir de quelqu'un d'autre. » C'était une manière détournée de lui faire comprendre que peut être elle ressemblait à sa mère davantage qu'elle ne le pensait. Elle cherchait trop loin alors que peut être tout était devant ses yeux, quand elle regardait son reflet dans son miroir. Elle avait la chance de connaître son père et pouvait comparer, ce qui n'était pas mon cas. Pourquoi je l'aidais ? Pourquoi autant de gentillesse de ma part ? Pourtant, je ne fis aucun geste pour la consoler. Les larmes pouvaient couler le long de ses joues ou juste perler à ses paupières. Ce n'était pas mon affaire. Je devrais plutôt songer à tourner les talons, rentrer chez moi et rejoindre ma fiancée qui devait m'attendre, mourant d'angoisse en se demandant si je n'étais pas en mission, si je n'étais pas en train de prendre la vie à une personne innocente.
Je ne bougeais pourtant pas, restant avec cette gamine alors qu'elle récupérait l'arme pour la charger. Voilà qu'elle se reprenait, qu'elle souhaitait parvenir à toucher la cible, et qu'elle me demandait mon aide. Thalya demandant de l'aide à Remington. Cette scène devait être surréaliste quand on connaissait notre passif commun. Ma réaction le serait sûrement davantage. « Tu oublies ton but ravageur, tu fais le vide et tu te concentres. » Plus facile à dire qu'à faire, je le savais, surtout quand tout une foule d'informations s'entrechoquaient dans un cerveau. Ma concentration, je l'avais acquise à l'armée. Ma formation avait été rapide, brutale. Je n'avais pas eu d'autres choix que de me ranger parfois à ce que mes instructeurs me disaient. C'était le prix à payer pour être dans les forces spéciales. J'aurais du m'approcher de Thalya, la guider dans ses mouvements en la touchant. Je ne le fis pas. Au contraire, ma réaction fut la moins prudente pour moi. Plutôt que de me diriger vers elle, je pris la direction de la cible et je me positionnais à côté. Comme je l'avais fait pour Sonny ce qui m'avait valu une claque. Je ne sourcillais pas, faisant face à la jeune femme. Je patientais, remettant ma vie entre ses mains comme si c'était normal. Je jouais avec le feu, j'avais l'habitude. Un jour je finirais bien par m'y brûler, mais pas ce soir. Du moins je l'espérais. Cette fois, je ne me fondais quasiment pas avec la cible, je me tenais juste à côté. « Vise bien. Sinon tu devras expliquer à Anthony et Alejandro pourquoi ils ont perdu leur nouveau formateur. Et leur réaction ne sera rien quand il faudra annoncer à ma future femme qu'elle ne se mariera jamais. Elle te tuera en cinq secondes. » Accessoirement, j'aurais pu rajouter qu'un bébé ne verrait jamais son père mais je ne le fis pas.
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Sujet: Re: I'm a good little soldier. [Terminé] Jeu 22 Aoû - 20:49
Lancer de dé, intégré au post:
Oui : Son pouvoir s'active Non : Pas de pouvoir, tant pis pour Rem, il ne saura pas son secret (qui commence à ne plus en être un)
Précise : Centre de la cible. Imprécise : Bord de la cible, du côté de Rem. Déviée : Thalya est incapable de tirer.
Qu’il me tue ou pas, cela ne changera rien puisque je serais morte. Peut-être même préfèrerais-je mourir de sa main.
Je secoue la tête en signe de refus. Remington se trompe. « Non, je ne pourrais pas. » Les mots m’ont échappés et les larmes sont venues chatouiller mes yeux. Je ne pourrais jamais parce que d’ici là, j’aurai certainement perdu entièrement l’usage de ma vue. Tout ça me serre le cœur et me donne la nausée. Je reste convaincue, petite fille butée, que j’aurais dû avoir une autre vie. J’aurais dû naître dans un foyer aimant. J’aurais dû avoir une mère pour m’apprendre à me maquiller, à m’habiller avec goût, et à séduire innocemment les hommes. J’aurais dû me rebeller contre mes parents, non pas parce que je ne peux pas leur faire confiance à cause de l’Agence, mais juste parce que c’est ce que font les adolescentes. Je n’aurais pas dû être mutante. Dans cette vie imaginaire, je serais parfaitement heureuse. Je ne serais pas un mensonge. J’aurais dû être une autre… Remington ne doit pas savoir tout cela. C’est trop intime, trop personnel. Trop dangereux qu’il sache pour mon pouvoir. « À quoi tout ça servirait-il si je ne peux pas être connu ? Pourquoi passer des heures à coudre, à faire du sport, à me priver si personne n’est là pour admirer le résultat. » Autant passer pour la fille superficielle, je suis si douée pour cela. « Demande à un sportif de haut niveau de cesser de faire de la compétition et tu verras ce qu’il te répondra. Là, tu comprendras peut-être pourquoi sans célébrité, je refuse. Je ne veux pas être la tenancière d’une petite friperie minable dans la banlieue éloignée de Los Angeles, plus occupée à repriser les vêtements usés qu’à créer quelque chose de beau. » Non, je veux briller. Je ne veux pas non plus reprendre le bar de mon père, ni être la maquerelle de ses filles. J’en suis venue à ne plus supporter cet endroit et ces personnes. Il y a pourtant une époque où papa m’asseyait sur les immenses tabourets qui longent le comptoir et, où, pendant qu’il servait ses clients, certaines prostituées m’aidait à faire mes devoirs et me félicitaient d’être si jolie. Il y a longtemps, cet endroit a été mon foyer et j’y étais en sécurité.
À quoi ça ressemble, la sécurité ? J’ai l’impression d’avoir oublié au milieu de tous mes mensonges et de toutes mes tromperies.
Mon seul espoir reste ma mère. Mais même ça, ils me le prennent. J’aurais voulu la rencontrer, la voir, savoir comment elle a fait pour s’en tirer et les fuir ! J’exprime péniblement ce que je ressens. Cependant, je le fais avec une sincérité que je ne me connais pas. Remington me précise que je ne ressemble pas tant à mon père. Un sourire tordu écrase mes lèvres. C’est une façon de clore le sujet, je suppose. Ou d’essayer de me faire comprendre que je suis capable de faire le tri. Ce qui ne me vient pas de mon père me viendrait forcément de ma mère ? C’est un peu facile. Ça ne vaut pas une rencontre concrète. Remington est suffisamment intelligent pour le comprendre. Je sèche mes larmes. « Heureusement que je suis bien plus jolie que lui. » Ça me sauve parfois littéralement la vie, d’être le parfait mythe de la femme superficielle et détachée.
On se ressaisit, ma fille. Arme au poing, je lui demande conseil. Je suis prête à essayer d’apprendre, sans y mettre de la mauvaise volonté. À son conseil, j’hoche la tête avec ce que détermination. Je sens l’humidité de mes yeux et je m’applique à inspirer consciencieusement, fixant la cible. Me vider la tête. Je sais le faire. Comme avant de défiler, comme avant un shooting. Il suffit de cesser d’être soi-même et de se détacher de ses perceptions. Remington subitement dans mon champ de vision. Je ne baisse pas mon arme.
« Qu’est-ce que tu fais ? » Il est suicidaire. Il est là, juste à côté de la cible. Là où plusieurs de mes balles se sont déjà perdues. Je comprends qu’il n’a pas l’intention de bouger d’un centimètre quand il me lance une succession de menaces. Anthony… Papa… Sa future femme… M’angoisser n’est pas la meilleure méthode pour me vider la tête. « C’est censé m’aider, ça ? En quoi ?» Comment peut-il être formateur en employant de tels procédés ? « Remington, je n’ai pas tenu une arme à feu depuis l’âge de treize ans ! » C’est presque vrai. Je me suis organisée une séance de tir après avoir découvert que mon petit-ami me trompait. Le jour où ma mutation s’est déclenchée. Ceci dit, ce n’est pas un gros mensonge. Je sais armer un flingue parce que mon corps se rappelle des gestes à effectuer. Tirer, c’est totalement différent. Je refuse d’admettre à voix haute que je ne peux pas tirer sur lui. Si je le blessais ? Bon dieu ! Dans l’absolu, je me moque que Remington meure. J’en serais attristée, mais, des gens meurent tous les jours. La mort ne m’atteint plus. Elle rôde, familière, autour de moi depuis très longtemps. J’ai nettoyé les chemises de mon père, tâché de sang humain. Il en faut un peu plus pour me déstabiliser. Où est la différence, alors ? L’arme est dans ma main, à moi. Je ne veux pas être cette personne. Je ne peux pas.
Si je tire, c’est Anthony qui gagne. Si j’abaisse mon bras, c’est aussi Anthony qui gagne. Cerise sur le gâteau, je me serai ridiculisé face à Remington.
Je suppose que je suis dans une impasse. Un beau sourire, des yeux mouillés, ou l’air apeuré d’une femme-enfant n’émouvront pas Remington. Aucun de mes artifices habituels ne me tirera de cette situation. Situation dans laquelle je me suis moi-même fichue par orgueil. Je fais craquer mon cou pour me concentrer. Me vider la tête. C’est ce qu’il dit… Je dois faire le vide. J’inspire profondément et tente d’oublier le visage d’Anthony. Son sourire sardonique. J’efface peu à peu son visage de son esprit. J’efface tout. Les armes alignées avec précision disparaissent. Remington n’est plus là. La cible non plus. Je baisse les yeux. Mes mains s’agitent sur le papier. Le téléphone a dû sonner parce que je m’en empare. Non… Ce n’est pas ma main. C’est celle d’Anthony. Mon cœur s’emballe. Il cogne férocement dans ma poitrine. L’image disparaît et pendant quelque seconde, il n’y a plus que le noir absolu. Je chancèle. Mes jambes sont du coton mais non, je reste debout. Je me tiens bien droite. Aveugle, toujours, je lance « Ne bouge pas ! »
Le sang file à toute allure dans mes veines. Je cligne des yeux pour que la réalité reprenne sa place. C’est le sang des Ciccelli qui coule dans mes veines. Mon visage se ferme, je l’imagine devenir aussi dur que de la pierre. Implacable comme celui de mon père. Concentré à l’image de Remington. Je suis une Ciccelli. Je ne suis pas juste une jolie poupée. Je raffermis ma prise sur l’arme. Elle n’est qu’une extension de mon bras. La matérialisation de ma vengeance. Je serais la balle. Je les mettrais tous à genoux. Ma colère s’est muée en certitude. Je les mettrais tous à genoux.
Je tire.
La balle a presque atteint le centre. Il me faut quelques seconde pour le comprendre. Je soupire de soulagement. Ma certitude n’a été que de courte durée. La tête me tourne. Par instinct, je réenclenche la sécurité et baisse mon bras. Ils ont gagné. Je ne serai jamais celle que j’aurai dû devenir. Je suis leur instrument. Un instrument peut-il trancher la gorge de celui qui l’utilise ? Je ne sais plus. Je suis fatiguée. Je baisse les yeux, attend le verdict de Remington. Comme s’il allait pouvoir me dire ce que je dois penser. Ce que je dois être. Je prie, également, pour qu’il prenne mon instant d’hésitation pour de la faiblesse, qu’il ne se doute pas de ce que je cache.
Dernière édition par Thalya Ciccelli le Jeu 22 Aoû - 21:10, édité 2 fois
The judgment
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Sujet: Re: I'm a good little soldier. [Terminé] Jeu 22 Aoû - 20:49
Le membre 'Thalya Ciccelli' a effectué l'action suivante : Lancer de dés
#1 'Oui/Non' :
--------------------------------
#2 'Précision attaque' :
Remington Pillsbury
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Sujet: Re: I'm a good little soldier. [Terminé] Sam 24 Aoû - 21:54
Je n'avais pas toutes les cartes en mains pour comprendre ce que ressentait Thalya. Même si je les avais eues, je n'étais pas certain que je veuille tenter de tout comprendre d'elle. Ceci voudrait dire que je m'implique dans sa vie, que je m'intéresse à elle. C'était impossible que j'agisse de la sorte, sauf si je pouvais avancer mes pions avec pour but de l'abattre. Ce qui n'était pas le cas ce soir. Il valait peut être mieux que je mette les larmes qu'il me semblait apercevoir sur le compte de son côté de petite fille à papa qui faisait un caprice quand elle n'obtenait pas tout ce qu'elle désirait. Ma conscience ne s'en portait que mieux en gardant l'indifférence quoiqu'il puisse se produire. Pourtant, je n'avais pas pu m'empêcher de lui dire qu'elle pouvait avoir la vie qu'elle voulait si elle était capable de tirer un trait sur ses rêves de gloire et de reconnaissance.
Je ne savais pas si elle attendait une réponse de ma part à ses différentes interrogations. Il y en avait une pourtant toute simple à sa première. La satisfaction personnelle de faire quelque chose que l'on aimait pour sa propre gloire et non pour celle des autres. Je ne comprenais pas ses rêves, ni même ses aspirations. J'entendais bien son exemple sur le sportif de haut niveau mais n'y adhérais pas. Il fallait donc que tout soit dicté par un esprit de compétition et une soif de reconnaissance dans son monde ? Un sportif amateur ne pouvait-il donc pas ressentir les mêmes choses qu'un sportif de haut niveau car il ne concourait pas sur la même échelle ? « Penses donc ce que tu veux. » Je n'insistais pas davantage. Si elle ne percevait pas ma vision des choses, je ne souhaitais pas rentrer dans un débat pour qu'elle l’intègre. Tout était blanc ou noir dans son monde, elle oubliait que le mélange de ces deux couleurs donnait du gris. C'était un peu la couleur qui composait mon monde, la confrontation de tellement de choses qui formaient un tout et qui faisait ce que j'étais ou que j'agissais d'une manière plutôt qu'une autre.
Dans mon monde, la vie ne tenait qu'à un fil. Il fallait savoir l'apprécier tout en ne perdant pas de vue qu'on pouvait la perdre à tout monde. C'était ce qui poussait bon nombre de personnes à la risquer pour un rien. C'était ce que j'étais en train de faire en me positionnant juste à côté de cette cible. Ce que je faisais ? « Je remets ma vie entre tes mains. » On pouvait appeler cela un suicide selon la personne qui se trouvait en face de nous. On pouvait également appeler ceci comme un abandon total provoqué par une confiance aveugle. Peut être que je mourrais d'ici quelques minutes. Peut être que je survivrais. Tout reposait désormais entre les mains de Thalya à qui je mettais une petite pression supplémentaire. Elle s'interrogeait sur la manière dont c'était censé l'aider. « Est-ce que tu as déjà eu une telle responsabilité sur les épaules ? Droit de vie ou de mort sur une personne. Tu réussis, je vis. Tu échoues, je meurs. J'ai deux chances sur trois de vivre. » Je haussais légèrement les épaules.
Quand on ne laissait plus le choix à une personne, selon moi elle avait deux chance sur trois de se surpasser pour réussir quelque chose. La dernière chance, celle de l'échec n'était pas provoquée par un loupé mais par une volonté inconsciente d'échouer. Mon raisonnement était tordu, si Thalya tirait sans m'atteindre, elle se surpasserait. Si elle tirait en m'atteignant, c'était qu'au fond elle le désirait même si elle ne se l'avouait pas. Et qu'est-ce que j'en avais à faire qu'elle n'avait pas tenu d'arme depuis longtemps. Sonny ne m'avait pas touché et elle n'était pas une pro du tir jusqu'à ce que je la pousse dans ses retranchements. La formation Pillsbury était spéciale, mais redoutablement efficace... enfin tant qu'elle échouait pas. Je ne quittais pas Thalya du regard, patientant qu'elle se décide enfin ou se dégonfle et tourne les talons. Allait-elle baisser son bras et renoncer ?
Je perçus soudain un changement dans son comportement. Une hésitation. Un léger tremblement. Comme le vide dans son regard. Elle m'ordonna de ne pas bouger mais je ne comptais pas le faire. Ce n'était pourtant pas l'envie qui me manquait car je sentais que quelque chose n'allait pas. Mon instinct me le hurlait intérieurement. Trop tard, ma vie était entre ses mains. Si je bougeais, je risquais de me prendre la balle. Elle pressa enfin la détente. Mes paupières clignèrent. J'étais toujours en vie et ne ressentais aucune douleur. Ma tête se tourna sur la cible, un nouvel impact était apparu en plein centre. Le test était satisfaisant, pourtant quelque chose me contrariait. Je quittais ma position pour me rapprocher de Thalya. « Qu'est-ce que tu caches Thalya ? Ne me dis pas rien car je n'hésiterai pas à te mettre une claque jusqu'à ce que tu déballes tout. » Et ce, même si elle était la fille d'Alejandro. Mon instinct soupçonnait quelque chose, quoi je ne savais pas mais il se trompait rarement. La faute au prédateur qui sommeillait en moi. Ou à mes années d'armée. Ou tout simplement à ce que j'avais vécu chez les Blackwell.
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Sujet: Re: I'm a good little soldier. [Terminé] Lun 26 Aoû - 21:21
Mettre sa vie entre mes mains ? C’est une très mauvaise idée. N’a-t-il pas constaté à quel point je ne suis pas un soldat ? À quel point je suis incapable de viser correctement et d ‘atteindre le centre de la cible ? Pourquoi vouloir mourir à son âge ? Il n’est plus très jeune, certes, mais il a sûrement encore de belles années devant lui. Je serre les dents. Je ne désire pas paraître faible mais, je n’ai pas besoin de m’exprimer davantage. Mon apparence parle pour moi. Je ne suis pas une meurtrière, je suis une jolie femme. Remington enchaîne. Il n’y a dans sa voix aucune trace de peur, juste cette résolution calme, cette force tranquille. D’une manière incroyablement incompréhensible, cela me rassure. Je ne vais pas lui faire le plaisir de lui répondre. De toute façon, ce n’est pas ce qu’il attend de moi. Non, je n’ai jamais eu un tel pouvoir sur quelqu’un, détruire socialement une personne me suffit amplement. Pouvoir prendre la vie… La tête m’en tourne par avance. Je ne m’en sens pas apte. Ce n’est pas moi. Ce n’est pas ce que je suis.
J’ai beau me répéter en boucle cette phrase dans ma tête, une autre sensation s’infiltre sous mes doigts. Elle naît du contact avec l’arme, glisse sous ma peau, serpente dans mes veines jusqu’à m’atteindre en plein cœur. Une impression grisante de puissance et de pouvoir. Comme si, parce que je tiens sa vie entre mes mains, rien ne pouvait plus m’atteindre. Comme si j’étais invincible. Suffisamment forte pour détruire Anthony. Penser à Anthony est une idée idiote qui réveille mon pouvoir. Trop d’émotion sans doute. Je vois ses mains s’agiter, j’intime à Remington l’ordre de ne pas bouger. Tout se combine. Je me réveille de cette sorte de transe insupportable. Je reprends contenance. Je suis forte. J’ai le pouvoir de vie ou de mort. J’en suis capable.
La balle atteint le centre.
L’impression que j’ai eue s’est dissolue en même temps que mes illusions. Je baisse les yeux alors que Remington décide de m’interroger. Baby-sitter, conseiller, formateur et maintenant quoi ? Ce n’est pas par inquiétude qu’il me pose ses questions. Ce n’est pas pour mon bien. Je ne peux réprimer le frisson de terreur qui me traverse le dos, me coupe la respiration et s’éteint dans mes yeux. Je suis terrifiée parce qu’il sait que je cache quelque chose. Il m’est impossible de lui dire quoi que ce soit. Je suis désolée Remington, mais je ne peux rien te dire… Est-ce que j’aimerais pouvoir le faire ? Définitivement, oui. Mais, je ne peux faire confiance à personne. Le fait que Kate le sache est déjà, en soi, une abominable erreur qui risque de me coûter cher. Quelles armes puis-je utiliser contre un tueur entraîné ? Les seules dont je dispose : mes mensonges.
« J’espérais viser ta tête, je suis déçue. » réponds-je d’un air moqueur. Ma petite moue suffisante n’est pas aussi convaincante que je l’aurais voulu. Après tout, c’est normal, je n’y crois pas moi-même. Inutile de dire que je ne cache rien, n’est-ce pas ? D’un geste sûr, je fais descendre le chargeur et le pose, ainsi que l’arme, sur la table adjacente. Mes lèvres se serrent. Je ne compte plus sourire. Puisque je ne peux pas mentir, il ne faut pas compter sur moi pour dire la vérité. J’inspire profondément et me retourne vers Remington. Vivement. Trop vivement. Ma vision se trouble. Je chancèle mais parviens à rester sur mes pieds et à me tenir bien droite. Encore une fois, je cligne des yeux pour que chaque chose retrouve sa véritable place. Sans aucune distance, je le regarde droit dans les yeux. Je frémis. J’ai l’impression d’être vulnérable, d’être une enfant. Ma tête cogne douloureusement au rythme des battements de mon cœur. La sensation est déstabilisante, c’est vrai, mais, elle ne l’est pas autant que le regard de Remington. J’ai l’impression que son regard me traverse et qu’il voit clair. Allons, il faut que je me raisonne. Ce n’est qu’un homme. Un homme avec ses faiblesses et son orgueil. Un homme, c’est aisément manipulable.
« Je t’en prie, gifle-moi, Remington. » lui murmuré-je. Ce n’est pas un défi car je ne cherche pas à prouver que je suis la plus forte des deux. Il est évident que non. « Je n’irai pas pleurer auprès de mon père pour qu’il te tranche la main si tu la poses sur moi. De toute façon, ta main est trop précieuse pour eux. » Mes yeux ne le défient pas, ils hurlent une simple vérité. Il peut me frapper autant qu’il veut, je ne dirais rien. C’est ma vie que je joue. Qu’il me brise le poignet, je m’en remettrais. Par contre, si jamais il venait aux oreilles d’Anthony que je suis capable de voir à travers d’autres yeux que les miens… Là, ma formation commencerait. Adieu le mannequinat. Adieu mes rêves de liberté. Adieu ma moindre chance d’avoir une vie à moi. Je ne le permettrai pas.
Je fais alors la seule chose qui me sauvera potentiellement de cette situation. Remington est un homme. Comment trouble-t-on un homme ? Comment le fait-on fuir quand on sait qu’il en aime une autre ? Comment lui donne-t-on envie de vous fuir dès qu’il vous croisera dans les couloirs ? Je le sais. Je m’approche et tente de l’embrasser.
Remington Pillsbury
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Sujet: Re: I'm a good little soldier. [Terminé] Sam 14 Sep - 9:40
Une balle dans le centre de la cible. J'aurais du exprimer des félicitations pour cette réussite ou au moins des encouragements. Je ne le fis pas. Peut être que j'en ferai quand je travaillerai en tant que formateur. Probablement que non en réalité, les compliments sortaient difficilement de ma bouche, ce qui n'était pas le cas de mes interrogations. J'avais remarqué que quelque chose n'allait pas dans le comportement de Thalya juste avant qu'elle ne tire. Cette chose aurait pu me coûter la vie. Il aurait suffit que je bouge de quelques centimètres ou qu'elle soit prise de panique. Je désirais donc la connaître et je m'étais rapproché pour l'interroger, attendant une réponse de sa part qui me satisferait. « Je t'ai connue plus douée en mensonges. » La réponse apportée n'était que du vent à mes yeux. Peut être qu'effectivement elle visait ma tête mais je n'y croyais pas et sa moue ne m'incitait pas à y croire.
Je l'observais alors qu'elle ôtait le chargeur de l'arme avant de poser le tout sur la table. Séparer pour mieux se sauver si l'envie me prenait de lui loger une balle dans la tête ? Il ne me faudrait guère que quelques secondes pour remettre le chargeur en place et tirer. La jeune femme tentait de gagner du temps, espérant que je me contenterais de son explication foireuse. Ou alors elle ne se sentait pas bien, de nouveau il me sembla qu'elle perdait l'équilibre. Des problèmes de ce côté là ? Ou la perte de l'un de ses sens qui la désorientait complètement ? Je n'avais que des suppositions, j'attendais des réponses qui ne viendraient pas forcément. Je tentais de voir clair en elle et le fait qu'elle m'encourage à la gifler ne faisait que doubler ma suspicion. Thalya était mannequin, son petit visage devait rester parfait pour les défilés qu'elle faisait. Et elle m'invitait à la gifler. Vraiment, elle me prenait pour un idiot fini si elle songeait que j'allais tomber dans le panneau.
« Plus tu me cacheras la vérité, et plus cela m'incitera à vouloir la connaître. » Je ne bougeais toujours pas. Il n'était pas question de son père. Encore moins d'Anthony Cristiani mais seulement d'elle et de ma propre sécurité. J'avais joué avec le feu en remettant ma vie entre ses mains. J'avais perçu une hésitation. Si on devait renouveler l'expérience un jour, je voulais avoir connaissance de ce que je risquais. Elle ne semblait pas percevoir ma vision des choses, comme si elle craignait que j'aille tout répéter à son père ou à n'importe qui. Thalya était à côté de la plaque, comme souvent quand cela me concernait. Ce qui suivit ne fit que confirmer mes pensées. La jeune femme combla la distance entre nous, sa tête se rapprocha de la mienne. Ses lèvres cherchèrent les miennes, elles les effleurèrent à peine. Je fis un pas en arrière et le mouvement de mon bras suivit dans la foulée. Je la giflais, après tout elle m'avait donné la permission de le faire. Elle n'était qu'une gamine et à présent, elle tentait de jouer à l'allumeuse avec moi.
Je reculais d'un second pas mais pas davantage. Je ne savais pas à quel jeu elle jouait. Moi non plus, une réaction normale aurait sûrement de tourner les talons pour la laisser dans cette salle. M'éloigner pour ne pas être tenté de jouer avec le feu. Sauf que j'avais un esprit très joueur, même si c'était sur des sentiers où l'on ne s'attendait pas à voir une personne normale... Je ne m'énervais pas, j'étais à peine agacé. Par contre, je ne pus m'empêcher de soupirer. « Tu ne comprends décidément rien Thalya. Depuis que tu me croises ici, tu devrais savoir que j'en ai rien à faire des bruits de couloir, d'avoir des informations pour écraser les autres et monter en grade. Je me fous de tout sauf de ma sécurité et ton hésitation aurait pu me coûter la vie. Alors, tu vas me dire ce que tu caches pour que je sache à quoi m'attendre à l'avenir. Et ne tente plus de m'embrasser pour me faire fuir car cette fois, ça sera mon poing que tu prendras et qui déformera ton joli minois. »
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Sujet: Re: I'm a good little soldier. [Terminé] Dim 29 Sep - 23:01
C’est bien cela qui m’effraie. L’insistance dont il saura faire preuve si je ne cède pas. Mon seul espoir reste encore de lui faire emprunter un autre chemin : celui de la colère et de l’agacement. Je n’hésite pas une seule seconde quand l’idée me vient à l’esprit. Je comble la distance qui nous sépare. Je tends mes lèvres vers lui, m’attendant à ce qu’il recule, à ce qu’il réagisse. Remington ne bouge pas. C’est comme s’il me défiait silencieusement d’aller au bout de ma pensée. Me prend-il pour quelqu’un de faible ? Me croit-il incapable d’aller au bout des choses pour protéger ma liberté ? Quelle erreur. Lui aussi me sous-estime finalement. Ils le font tous. C’est finalement lui qui cède. J’en éprouve une certaine fierté à le voir reculer alors que je me suis contentée de l’effleurer. C’est trop facile.
La victoire m’est volée. Elle éclate en une fraction de seconde. Remington me gifle comme on giflerait une enfant pour lui apprendre la vie. Personne ne lève jamais la main sur moi. Pas même mon père. Surtout pas mon père. Je brise toutes les limites du respect mais jamais, ô grand jamais, il ne s’autorise à user de violence. Je suis choquée, abasourdie, surprise. Je lui adresse, en premier lieu, un regard meurtrier. De quel droit a-t-il osé ? Malgré moi, je savoure également la brûlure de sa main sur ma joue. Je ne saurai expliquer pourquoi je ressens cette certaine satisfaction, cette curieuse fierté qui me prend aux tripes. J’ai fait voler son masque. Quelques secondes. Je l’ai battu, il a été forcé de me céder du terrain. Je porte ma main à ma joue et grimace un rictus. Mon visage. Mon si joli visage. Aurais-je un bleu demain matin ? Si oui, que dirais-je à mon père ?
Le combat n’est ,pour autant, pas terminé. Remington ne recule que d’un pas supplémentaire avant de feindre les grands seigneurs. Il pousse un soupire, à peine plus perturbé que cela. Il est persuadé de m’avoir percée à jour. Comme c’est amusant. Il ignore donc de quoi je suis capable pour me préserver. Si c’est un jeu, je vais gagner.
« Mais tu es en vie, non ? » lui demandé-je en levant les yeux vers lui. « Tu es en vie. Je ne te demande pas de mettre ta tête à côté de la cible et il y a peu de chance pour qu’on m’envoie sur le terrain. » Ni maintenant, ni jamais. Je me le promets. Avec insolence, je risque un sourire. J’évite de lui donner le fond de ma pensée. Il ne pense qu’à sa propre survie. Il me vendra sans hésitation si cela lui est nécessaire. Je refuse de courir ce risque. Le feu de la rébellion ne s’est pas éteint en moi. Il n’a pas été étouffé. Il brûle toujours au fond de mes yeux. Malgré la fatigue, l’épuisement, et la migraine qui gagne en force à chaque seconde. Dans quelques minutes, ce sera elle qui me mettra KO.
J’avance d’un pas, glisse mes doigts sur ma joue, là où c’est douloureux.
« Dis-moi, comment vais-je expliquer cela ? » A-t-il la prétention de croire que je mentirai pour ces beaux yeux ? Le ferai-je ? « Alors tu aimes dominer ? » répliqué-je à sa menace. Mon sourire est faible. Il me faut plisser les yeux pour supporter la migraine naissante. Je tiendrais bon. Je relève le menton avec fierté. « Lève encore une fois la main sur moi et tu es un homme mort. » Ce ne sont pas des paroles en l’air. J’ai appris, fureté, noué certains contacts. Tous ne sont pas comme lui. Certains n’ont pas besoin que les ordres viennent d’en haut pour prendre la vie d’un homme. Une sombre partie de moi désire le provoquer par un autre baiser. Osera-t-il seulement ? Sachant que je connais son secret… Osera-t-il mettre ses menaces à exécution par simple orgueil ou se pliera-t-il à mes ordres comme un gentil chien bien dressé qu’il est censé être ? J’avance d’un autre pas, le défiant. Le temps s’étire un peu avant que j’esquisse une moue de dédain. « Je souffre de migraine chronique qui entraîne des troubles de la vue. » Ce n’est pas un mensonge. Je brode simplement autour d’une vérité que je ne prononcerais jamais à voix haute. « Tu cherches des secrets. Moi je n’y ai vu que l’occasion de te faire tourner en bourrique. » Qu’il n’oublie pas que je ne suis qu’une petite fille capricieuse qui ment pour tromper son ennui. Qu’il n’oublie surtout pas quel type de personne je suis. « Dommage que tu sois si vieux. Tu manques de fougue. » rajouté-je en haussa les épaules.
À mon tour je recule de deux pas, prétentieuse, joueuse, taquine. Combattant toujours la douleur qui prend de plus en plus de place sous mon crâne. Deux pas en arrière, un regard appuyé, un sourire charmeur et je tournerai les talons. Ne me restera qu’à courir, m’enfermer à double tour et pleurer jusqu’à ce que la fatigue m’emporte. Rien ne va plus dans ma vie. Rien.
Remington Pillsbury
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Sujet: Re: I'm a good little soldier. [Terminé] Mar 8 Oct - 16:59
Je ne savais pas pourquoi j'étais encore dans cette pièce tenant tête à cette gamine immature. Je n'avais aucune explication à fournir. Ou au contraire, il était possible que j'en ai une. J'avais été jeune et con, tout comme elle se comportait. Je ne disais pas que j'étais vieux et sage, loin de moi cette idée. Quelque part, je pouvais peut être comprendre une partie de ce qu'elle ressentait, ayant moi-même eu un père adoptif aussi pesant et oppressant que pouvait l'être Alejandro. Thalya avait choisi de repousser les limites, encore et encore jusqu'à ce que je finisse par céder. La claque était partie, sans remord, sans aucune crainte de ce que je risquais en représailles si son père venait à l'apprendre. J'avais agi par impulsion, je l'assumais complètement. Je ne devais pas être une personne assez masochiste, car je rajoutais une couche, tentant de percer ce qu'elle cachait.
La jeune femme avait raison, j'étais en vie. Et puis ? Pourquoi je décelais derrière ses propos comme une réelle crainte d'être envoyée sur le terrain. C'était peut être ça le fond du problème, plus important que ce qu'elle cachait. Cette vie qu'on lui volait à cause de sa naissance. Je tentais de comprendre, de regrouper chaque élément du puzzle pour le reconstituer. C'était difficile, je n'y arriverais certainement pas ce soir, je n'avais pas assez de prise de recul. Je réfléchis pourtant et le temps que cette réflexion dura, elle se rapprocha de moi. « Dis juste que le grand méchant Rem t'a baffée, ça sera suffisant comme explication. » Beaucoup au sein de l'Agence prétendraient que c'était mérité. Au mieux, Alejandro me convoquerait en présence d'Anthony. Au pire, ils décideraient de mon sort. On verrait si j'étais un élément important de l'Agence, au point qu'on épargne ma vie pour avoir porté la main sur la descendante d'un capo.
« Tu n'as pas idée à quel point j'aime dominer. » Tout comme elle n'avait pas idée à quel point elle se trompait. J'avais de l'assurance. Cela ne voulait pas dire que je prenais mon pied en dominant. Elle était trop jeune pour comprendre, peut être que d'ici quelques années, elle comprendrait et certains points lui apparaitront comme moins obscurs. Enfin, d'ici quelques années... Car pour le moment, j'avais droit à une menace prononcée sur un ton tout ce qu'il y avait de plus sérieux. Je ne baissais pas le regard. Je ne cillais même pas. Toujours cette assurance et non cette domination. Un jour elle aura ma perte, mais pas ce soir. « Je ne lèverai la main sur toi qu'à ta prochaine invitation de te donner une claque. » Si elle ne m'avait pas invité à le faire, aurais-je tout de même commis ce geste ? Très certainement vu sa tentative pour m'embrasser. « Tu crois me faire peur en me menaçant ? Je suis un homme mort depuis plus longtemps que tu ne le crois. » Une partie de moi était morte avec mes parents. Une autre quand Ben Blackwell était devenu mon père adoptif. La partie la plus importante, je l'avais perdue en Irak, durant ma captivité, durant toutes ces séances de torture que j'avais du endurer, suppliant parfois en silence qu'on mette fin à ma vie tellement c'était horrible. Et j'avais encore perdu une partie de moi quand j'avais signé pour l'Agence. Je savais comment je finirai, tout ce que je faisais jusque présent, c'était repousser l'échéance car une petite partie de moi avait des raisons de vivre et de continuer à aller vers l'avant.
Je fixais Thalya, tentant de la percer à jour. Je me demandais si je devais accorder foi à son explication sur les migraines chroniques. J'avais le sentiment qu'elle cachait quelque chose de plus profond mais peut être qu'elle n'avait pas tort et que j'étais à la recherche d'une vérité qui n'existait pas. Mon instinct était en général fiable, mais pas ce soir ? Tomber dans le panneau... Me laisser mener par le bout du nez par une gamine capricieuse... Et incroyablement irrespectueuse de ses aînés. Vieux à moins de trente ans... « Que veux-tu, bientôt je porterai des lunettes et je me déplacerai avec un déambulateur... » C'était ça après tout, je m'approchais de cet âge là à ses yeux. Je m'avançais pour récupérer l'arme, remettant le chargeur en place. « Merde, faut que je fasse gaffe, je ne vais pas tarder à trembler au moment de tirer. » Et si je tremblais en pointant l'arme dans sa direction ? Mon bras se leva vers elle. Mais il dévia lentement pour se tourner vers la cible. Migraine chronique ? Un premier coup partit. Le bruit pouvait-il augmenter sa migraine ? Un second coup partit. Qu'est-ce que j'en avais à faire après tout ? Cette fois je vidais le chargeur sur la cible, l'atteignant à différents endroits jusqu'à ce qu'on n'entende plus que le clic si caractéristique qui annonçait qu'il n'y avait plus de balles et que je tirais à vide. Je reposais ensuite l'arme. « Désolé pour ta migraine. »
Thalya C
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Sujet: Re: I'm a good little soldier. [Terminé] Lun 25 Nov - 22:22
« Tu n’as pas idée à quel point j’aimerai le découvrir. » réponds-je, affichant un sourire suave bien que faible.
Pousser les limites d’une séduction feinte pour en voir les conséquences est un jeu dans lequel j’excelle. Provoquer le malaise, le doute, l’envie parfois. Ce n’est qu’un moyen pour découvrir le cœur des hommes, si aisément manipulables. Un artifice de plus pour me dissimuler et ne jamais leur permettre de me cerner. J’ai encore à apprendre mais, je suis une élève modèle. Autodidacte. Studieuse. Souffler le chaud puis menacer froidement. Remington a blessé mon orgueil, et, bien que cela ait été sur mon autorisation, le coup n’en est pas moins brutal. Je savoure la brûlure tout en la haïssant. Le mélange de ces émotions me laisse perplexe.
Il est déjà mort, n’est ce pas ? J’affiche une mine faussement désolée, parfaite dans mon rôle d’enfant bien trop gâtée. S’il savait seulement à quel point je le comprends. J’ai envie de lui crier que c’est ce qu’ils font. Ils sont en train de me tuer, de me prendre ma vie pour faire de moi un de leur petit soldat de plomb. Ils sont en train de m’assujettir comme ils l’ont fait pour lui. Et, Remington ne fait que m’assurer que je ne leur échapperais pas. Il est l’un des instruments de ma prison.
Je voudrais le haïr, mais, ce n’est pas le cas. Nous, ne sommes finalement pas si différents. Et, si je lui crache dessus, c’est pour tenter d’échapper à cet avenir qui me colle à la peau et que l’on m’impose. J’aurais beau me battre, ce sera vain. Je ne peux pourtant pas abandonner si facilement. Je joue la carte du caprice jusqu’au bout, poussant le vice de la superficialité jusqu’à remettre son âge sur le tapis. Me croit-il ? J’étouffe l’avidité de savoir si mon tour a fonctionné en souriant, mimant l’innocence. Curieuse, je suis ses mouvements lorsqu’il recharge l’arme. Remington entre dans une démonstration de force que je ne parviens pas à analyser convenablement. Je dois admettre qu’il est assez frustrant de ne pas parvenir à le cerner totalement. J’ai beau l’observer, il ne me dévoile pas les indices nécessaires. C’est un jeu de dupe auquel nous jouons. Vain. Inutile. Tout autant que l’est ma volonté de ne pas plier sous son regard. Celle de ne pas reculer lorsque l’écho des coups de feu me percute les tympans. Je suis forcée de cligner des yeux à chaque coup qui retentit, résonnant à outrance dans mon crâne. La douleur est sourde, venimeuse. Elle prend toute la place. La nausée me vient, comme toujours.
Je serre les dents pour résister jusqu’au bout. Je refuse de vaciller quand les coups s’accélèrent jusqu’à ce qu’il ne reste plus une seule balle dans le chargeur. Je ne prends conscience de l’état de tension qu’il vient de m’infliger qu’au moment où le silence regagne ses droits, comme après un champ de bataille. Comme après ce fameux jour à Central Park. J’ai serré les poings sans m’en rendre compte.
« Menteur. » soufflé-je d’une voix faible. Ce mot ne sonne pourtant pas comme un reproche. Ce n’est qu’un état des lieux, un constat sans arrière-pensée. « C’est gentil d’avoir essayé mais je préfère quand tu me dis la vérité. » ajouté-je, toujours tendue, sincère. Derrière ces mots, se cachent bien plus qu’il ne pourrait le comprendre. Je jure qu’un jour je serais suffisamment froide et méthodique pour les vaincre à leur propre jeu. L’idée stupide de pouvoir alors lui rendre la liberté me traverse l’esprit. Une seconde. Avant que je me rappelle ce qu’il m’a laissé entrevoir. Les barreaux qui le retiennent ici sont plus nombreux et plus complexes. Il ne suffirait pas d’abattre Anthony pour que Remington coule des jours tranquilles avec sa femme. Il est mort à l’intérieur. Sa blessure est plus profonde que cela. Je ne les laisserais pas me faire ça…
La lumière me blesse les yeux. Je dois les plisser pour faire face à l’homme qui se tient devant moi, qui en sait beaucoup plus long sur tout ça.
« Je vais rentrer maintenant. » Il n’y a rien d’autre à faire de toute façon. Le temps n’est pas encore venu pour moi de les trahir et de résister. Il faut encore jouer les naïves petites poupées. C’est pour l’instant, encore, ma seule chance de salut. « Tu devrais faire de même. »
Plus de moquerie, plus de taquinerie. La douleur, la fatigue nerveuse et physique de la journée, commencent à avoir raison de moi et de mon rôle. Je ne prends pas la peine d’esquisser un sourire factice, lui laissant le soin de s’amuser ou non à décortiquer mes actions. Chercher à distinguer le faux du vrai serait sans fin. Moi-même, j’ignore quels sont les moments où je mens, et ceux où je dis la vérité. Sans la moindre crainte, je lui tourne le dos et m’éloigne vers la porte. Ce n’est qu’en touchant la poignée que je me décide à abattre la carte de la sincérité.
« Merci. »
Qu’il y comprenne ce qu’il veut. Sans autre forme de procès, je quitte les lieux et m’engage sur le chemin qui me conduira chez-moi.