Existe-t-il un endroit plus sordide que la salle d’attente d’un hôpital ? Sonny en doutait plus que jamais. Depuis combien de temps était-elle là, à faire les cents pas, à s’insulter de tous les noms d’oiseaux qu’elle connaissait, en français comme en anglais ? Pas si longtemps que ça, en réalité, mais chaque seconde lui paraissait une éternité, comme la nuit après l’incendie. C’est toujours comme ça, quand la mort est à côté de vous… le temps se dilate, votre cœur se contracte. Ça hurle de toutes parts, mais vous n’entendez plus que les battements de votre propre cœur. Et on regarde chaque médecin ou infirmière qui passe en espérant que l’un d’entre eux va vous renseigner, mais il ne se passe rien.
Sonny se haïssait. Tout ce qu’elle avait voulu, c’était donner une chance à un petit être de vivre. Sauf que ce petit être n’existait pas encore. Et que Anne, elle, existait, et que par sa faute, sa vie était en danger. Que ferait-elle si… non, non, Sonny refusait cette possibilité. Anne survivrait. Elle la détesterait jusqu’à la fin de ses jours mais cela n’avait plus d’importance.
Et qu’allait-elle dire à ce Ross McGregor, qu’elle ne connaissait pas le moins du monde ? « Bonjour, je suis Sonny et c’est parce qu’elle s’engueulait avec moi que Anne a été renversée. »Hum, c’était la vérité, mais pour une première approche, il valait mieux éviter. Bon sang… rarement elle s’était sentie aussi seule. Elle avait besoin de bras pour la consoler, d’une épaule sur laquelle pleurer, d’avoir quelqu’un qui lui dirait que ce n’était pas sa faute. Même si c’était un mensonge.
Une nouvelle fois, elle essaya de mettre la main sur un médecin, mais elle se fit encore rembarrer. Elle avait envie de hurler ! Et entre deux vagues de larmes, elle retourna s’asseoir et se tint la tête entre ses mains. Faites que tout cela cesse bon sang !
Puis elle entendit le nom d’Anne Williams, très clairement, malgré le bruit constant.
C’était un homme qui venait de le prononcer, là, à l’accueil. Et encore, « accueil » était un bien grand mot. C’était lui, Ross. Il était comme dans le rêve d’Anne, grand, châtain, visiblement inquiet. Et qui ne le serait pas après le coup de fil d’une illustre inconnue annonçant un accident très grave d’une femme à laquelle il tenait sans le moindre doute. Qui viendrait en courant à l’hôpital s’il lui arrivait malheur ? Oh, Sonny, ce n’était pas le moment d’être égoïste et de penser à soi. Non, tous deux étaient là pour Anne, alors c’était uniquement à elle qu’il fallait penser…
Sonny se releva, fit quelque pas vers l’homme en qui Anne avait toute confiance. Ne sachant pas comment se tenir et rongée par la honte, le visage en larme, elle se malaxait les doigts sans s’arrêter.
« Ross ? Je suis… Je suis… »
Qui ? Tu es qui Sonny ? Plus la fille d’Anne en tout cas.
« C’est moi qui vous ai appelé. Les médecins, ils ne me disent rien... Je suis désolée, pour Anne. Je suis… une ancienne pensionnaire et… »
Rien du tout. La fin de sa phrase se perdit dans une nouvelle crise de larmes, là, devant tout le monde, devant cet homme à qui elle n’arrivait pas à dire à quel point tout était de sa faute.
Ross F. McGregor
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Sujet: Re: Si le symbole meurt, le sentiment reste [Terminé] Lun 20 Fév - 21:38
Les cours de psychologie à l’université reprenaient aujourd’hui. Ross devait se rendre à l’Ucla pour quatorze heures. Afin de profiter de sa matinée, il s’était levé de bonne heure. L’automne commençait à poser ses marques sur la végétation, mais il faisait encore bon, presque chaud. Après avoir pris un petit déjeuner consistant, il fit quelques longueurs dans la piscine. Nager lui faisait un bien énorme ; cela lui permettait de se dégourdir les muscles et d’entretenir sa forme physique récupérée depuis peu. Il prit ensuite une douche, s’habilla, consulta ses mails et lut les dernières nouvelles du jour. Aucune catastrophe ne faisait la une des journaux ; tant mieux. La journée s’annonçait sous les meilleurs hospices. Le calme régnait en maître dans la maison, c’était trop calme d’ailleurs. Le psychologue en était presque inquiet. Il n’aurait su dire pourquoi il n’avait pas l’esprit tranquille. Tous ceux à qui il tenait étaient désormais hors de danger. C’était rassurant. Certes, il n’en était pas de même pour les traumatismes psychologiques mais il savait parfaitement que la guérison était beaucoup plus longue que pour les blessures physiques. C’était peut-être cela qui l’inquiétait tout de même. N’étant pas le mieux placé pour régler les problèmes de ses proches, il se sentait démuni. A quoi bon s’apitoyer sur son incapacité révélée à aider moralement ceux qu’il aimait ; il n’avait qu’à mettre sa fierté de côté en leur conseillant de consulter ses collègues. Ces derniers n’auraient aucun mal à être plus efficaces que lui. Encore fallait-il que ses proches consentent à suivre les conseils de Ross et que lui accepte de baisser les bras !
Perdu dans ses pensées, la sonnerie de son téléphone portable le fit sursauter. A cette heure encore matinale, c’était inquiétant. Ses correspondants habituels savaient qu’il n’aimait pas être appelé avant dix heures. Cela ne présageait rien de bon. Entre le moment de la sonnerie et celui où il s’empara du téléphone, plusieurs noms traversèrent son esprit : Wyatt, Papa, Maman, Maxime, Aaron, Anne…. C’était Anne qui l’appelait. Pourtant tout allait bien la dernière fois qu’ils s’étaient échangés des sms… Il prit la ligne et entendit la voix suppliante d’une inconnue. Il n’eut pas le temps d’être surpris ni de se poser des questions sur la véracité de cet appel, les dires et les supplications entrecoupées de sanglots en attestaient. Anne… Accident… Hôpital.. En son for intérieur, ces trois mots firent l’effet d’un cocktail molotov. Son sang ne fit qu’un tour. Les battements de son cœur s’accélérèrent. Le temps de réaliser, il n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche, la jeune femme avait raccroché.
- Merde, mais quel hôpital ? Cria-t-il pour lui-même.
Il n’y en avait pas qu’un seul à Los Angeles. Il ne pouvait pas partir sans savoir où aller. Une sensation désagréable de chaud et de froid alternés parcourait tous les pores de sa peau. Il composa le 911 afin de savoir quels étaient les services d’urgence qui assuraient l’accueil des blessés. Il entreprit ensuite de téléphoner aux hôpitaux indiqués afin de savoir s’ils avaient Anne Williams dans leurs fichiers. Le troisième coup de fil fut le bon. Sans perdre une seconde de plus, il prit les clés de sa voiture et quitta sa maison, laissant tout ouvert.
La route était dégagée ce qui lui permit de dépasser les limitations de vitesse sans se mettre en danger. Il se fichait complètement de recevoir une prune. Il était trop pressé de rejoindre son amie. Il se gara à la première place libre et parcourut la distance qui le séparait du service des urgences en courant. Arrivé à l’accueil, il déclina son identité et demanda à voir Anne Williams. Sa voix était légèrement haletante et il était aisé de deviner son impatience. L’hôtesse qui devait en voir des vertes et des pas mures, prit tout son temps pour vérifier les entrées dans le service.
Citation :
-- Effectivement nous avons une Anne Williams qui a été admise aux urgences depuis peu. Personne ne peut la voir pour le moment. Mais vous êtes qui pour elle, Monsieur Mc Gregor ?
Cette question administrative tomba comme un couperet sur le lien qui unissait Anne et Ross. Etre l’ami d’une personne ne permettait pas d’obtenir des informations sur son état de santé et encore moins de lui rendre visite. Seuls les membres de la famille étaient autorisés à se rendre au chevet des malades admis aux urgences, et encore ! Si tous les examens et soins n’étaient pas effectués, ils devaient prendre le mal en patience dans la salle d’attente. Cette ligne de conduite était à respecter afin de ne pas entraver les médecins dans l’exercice de leurs fonctions. Facile à accepter lorsqu’on n’était pas directement concerné. Mais là, Ross n’en avait rien à faire des réglementations. Il voulait voir son amie, savoir comment elle allait. Il n’avait pas l’intention de jouer les figurants pendant des heures. Il allait répondre à l’hôtesse qu’il était son psychologue lorsqu’il entendit son prénom. Il reconnut immédiatement la voix de la jeune femme qui l’avait alerté par téléphone. Elle était complètement bouleversée, à deux doigts de céder à la panique. Son affliction toucha l’écossais qui, machinalement, prit la jeune fille dans ses bras pour tenter de la calmer comme un père le ferait avec son enfant. Il n’en demeurait pas moins que Ross n’en menait pas large. Si cette jeune fille était dans un tel état, c’était que, que…
- C’est grave ! Que s’est-il passé ? Un accident de voiture ? Comment était-elle en venant ici ? Dites-moi !
Ross avait posé ses mains sur les épaules de la jeune fille comme s’il était prêt à la secouer comme un prunier au cas où elle ne répondrait pas. Son regard emplit d'impatience et d'inquiétude était rivé sur le visage de la jeune fille en pleur.
Sonny Malone
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Sujet: Re: Si le symbole meurt, le sentiment reste [Terminé] Mar 21 Fév - 17:56
Sonny se sentit enveloppée dans des bras et comprit, malgré tout le brouillard qui régnait dans son esprit, que Ross venait de l’enlacer pour la calmer. Elle n’en menait vraiment pas large et elle aurait pu pleurer dans les bras paternels de cet inconnu encore longtemps s’il ne l’avait pas secouée, au sens figuré du terme. Parce qu’il posa ses mains sur ses épaules et riva son regard perdu dans le sien. Des réponses, il voulait des réponses après l’abominable coup de fil qu’elle venait de lui passer, quelques minutes plus tôt.
Est-ce que c’était grave ? Elle n’en savait fichtrement rien. Ça courait partout, ça criait partout, mais ça ne répondait nulle part. L’antichambre de la mort, voilà ce qu’étaient les salles d’attente des hôpitaux. Toutefois, le regard fou et clairement terrifié de cet homme lui fit bien comprendre que si elle ne lui donnait pas un minimum de renseignements, il serait prêt à défoncer les portes ou à les lui arracher de force. Alors, elle essaya tant bien que mal de réduire les hoquets dans sa voix et de formuler des phrases un brin cohérentes.
« Elle s’est… fait renverser, dans la rue, pas loin de chez elle. Je la suivais et… on n’a rien vu venir. Ça s’est passé trop vite. Personne n’a rien vu venir… Elle a perdu du sang, mais les secours sont arrivés très vite. Je n’ai aucune nouvelle depuis qu’on est arrivé ici… PARCE QU’ILS N’ONT RIEN VOULU ME DIRE ! »
Oui, hurler dans un hôpital n’était pas recommandé, et oui, elle risquait de se faire jeter dehors par la peau des fesses et non, ça n’allait pas faire avancer leurs affaires, mais ça faisait du bien. Ils devraient créer des gueuloirs dans les hôpitaux, au lieu des chapelles, cela aiderait plus.
Sonny n’arrivait plus à regarder Ross dans les yeux. Parce qu’elle avait honte. Parce que cet homme était peut-être le père du bébé de Anne, si elle se fiait aux visions de tendresse qu’elle en avait eu, lors de ses retrouvailles avec sa tutrice. Si Anne s’en sortait, elle ne serait jamais seule, cela crevait les yeux qu’il serait toujours là pour elle. Mais Anne n’avait-elle pas dit que le bébé n’aurait pas de père ? Pourquoi, si c’était lui, il resterait, ne serait-ce que pour elle, non ? Non, peut-être pas. Et puis, ce n’était peut-être pas lui… Trop de pensées, Sonny. Arrête de penser, ça ne te réussit pas du tout…
« Vous vous occuperez d’elle, hein ? »
Question idiote. Il n’allait pas lui répondre « non, je suis venu juste parce que je suis un sadique qui aime venir dans les hôpitaux voir crever les gens » ou « non, qu’elle se démerde, c’est une grande fille ». Question plus qu’idiote, mais Sonny avait vu dans le regard d’Anne qu’elle ne lui pardonnerait pas facilement ce qui s’était passé. Alors Sonny voulait juste s’assurer qu’elle aurait quelqu’un qui veillerait sur elle, comme elle l’avait fait pour la jeune fille pendant si longtemps…
Puis enfin le miracle tant attendu se produisit enfin. Un médecin vient leur parler. Merci dieu des hôpitaux ! Sonny tremblait encore plus, si tant est que ce soit possible…
« Mlle Williams va bien. Elle est réveillée et consciente. Vous pouvez aller la voir quelques minutes si vous le souhaitez. »
Ça y est, enfin de l’air dans les poumons, enfin le cœur qui reprend un rythme normal. Rire nerveux. Puis Sonny prit Ross dans ses bras, trop soulagée qu’elle était pour s’inquiéter de savoir comment il réagirait. Quand elle décida de le lâcher, elle s’éloigna de quelques pas. Anne n’était qu’à quelques mètres, mais cette distance lui paraissait infranchissable. Non, elle ne pouvait pas rentrer dans la chambre, et elle ne pouvait pas partir. Plus tard, quand elle sera sûre qu’Anne ne courait plus aucun risque…Alors elle regarda Ross et lui lança, d’une voix faible mais décidée :
« Allez-y. Moi je… je reste là. Dites-lui que… Dites-lui juste que vous serez là pour elle. »
Ross F. McGregor
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Sujet: Re: Si le symbole meurt, le sentiment reste [Terminé] Ven 24 Fév - 21:46
Ce que répondit Sonny ne rassura en rien Ross. Au contraire, il était à deux doigts de faire une crise d’apoplexie, comme celle survenue le soir où il avait revu Anne. Après cinq années, les retrouvailles furent chaleureuses mais la discussion terrible : Anne parla de l’anéantissement du domaine et de la perte de son mari et de la plupart de ses pensionnaires ; Ross aborda l’épisode du gymnase et les soucis rencontrés avec Wyatt ainsi que son mariage débile avec l’ancien dirigeant de Genetic ; suite à quoi ils partirent chacun de leur côté. Ross rentra bêtement chez lui pendant qu’Anne testa son taux de tolérance à l’alcool. Appelé par le serveur pour récupérer la belle enivrée, l’écossais ne se fit pas prier, mais en chemin il eut un malaise étrange au point de ne plus être en état de conduire. Une femme médecin lui porta secours et l’aida à rejoindre la taverne où son amie se trouvait. Après avoir été spectatrice des divagations et des attitudes plus où moins absurdes des deux comparses, elle les reconduisit chez Ross. Cette femme médecin devait être un ange en réalité !
Depuis les révélations faites à Wyatt, Ross avait l’impression de subir les effets d’un mauvais sort, comme si on voulait lui faire payer ses erreurs. A peine remis du massacre au Blue Lake et de ce qui s’en suivit, le psychologue était de nouveau plongé dans un puits d’angoisse. Le cauchemar recommençait. Anne avait été renversée par une voiture et avait perdu beaucoup de sang. Chaque mot prononcé par Sonny appuyait sur l’accélérateur des pensées négatives traversant l’esprit du psychologue. Quelles étaient les parties de son corps touchées par l’impact ? D’où saignait-elle ? Souffrait-elle beaucoup ? Etait-elle consciente ? Etait-elle tombée dans le coma ? Non, pas le coma, pitié… Il avait eu sa dose avec son fils. Il ne se voyait pas rester des heures, des jours et des nuits à attendre le réveil de son amie ; non pas qu’il ne voulait pas mais parce qu’il avait épuisé toutes ses ressources. Si cela devait se reproduire, il finirait dingue et bon à enfermer.
Sonny finit par hurler. Ross sursauta comme s’il sortait d’un mauvais rêve. Les médecins n’avaient rien voulu lui dire. Pas étonnant, mais il ne se contenterait pas d’attendre sagement qu’un toubib ou une infirmière se décide à les informer de l’état de santé d’Anne. L’écossais prit la main de Sonny et la traîna jusqu’à l’hôtesse. Il se présenta comme étant le psychologue de Miss Williams ; après tout il ne mentait pas, leurs rapports n’étaient pas médicaux, mais il était son ami psychologue. Il était évident qu’il s’occuperait d’elle et donc inutile de répondre à la question de Sonny. Il somma l’hôtesse de faire venir un médecin afin d’obtenir des nouvelles. Bonnes ou mauvaises, il était nécessaire de savoir ; rien n’était pire que de rester dans l’ignorance…
Etait-ce une coïncidence ou l’intervention de Ross qui avait précipité les choses ? Il ne le saurait sans doute jamais et il s’en foutait complètement. Comme la vierge Marie apparut à Bernadette Soubirou à Lourdes, un médecin se manifesta et communiqua avec les proches de l’accidentée. Anne était consciente et ils pouvaient aller la voir ! Ross ressentit toute la pression retombée d’un coup, il eut envie de danser la valse à cette nouvelle. Il aurait pu d’ailleurs ! Heureuse d’apprendre que sa tutrice n’était pas à l’article de la mort, la brunette lui avait sauté au cou. Il l’enlaça amicalement avant qu’elle ne le lâche en l’invitant à rejoindre Anne, seul.
- Mais non enfin ! Vous allez venir avec moi. Objecta-t-il en comprenant que ce n’était pas le souhait de la jeune fille.
Cette réaction inappropriée laissait deviner un malaise entre les deux jeunes femmes ; ou alors, elle était au courant du lien particulier unissant les deux amis, et elle ne voulait pas s’interposer dans un premier temps. Mais l'écossais n’était pas là pour faire une analyse comportementale. Il avait hâte de rejoindre sa meilleures amie et de voir par lui-même comment elle allait.
- Mais bon, si vous préférez attendre un peu, c’est comme vous voulez. A part ce que vous venez de me dire… vous avez un message personnel à lui faire passer ? Vous vous appelez comment au fait ?
Jusqu’à présent, la jeune fille n’avait pas dit son nom. Ross avait trouvé étrange que la jeune fille lui conseille de dire à Anne qu’il serait là pour elle. Son amie le savait parfaitement. Alors pourquoi insister sur un point aussi évident ? Après tout, Sonny ne devait pas connaître la nature de leurs rapports. A partir de ses précédentes suppositions, il en conclut qu’il y avait vraiment un malaise entre les deux jeunes femmes ; donc, pas de message à faire passer pour l’instant. Sans attendre, l'homme se dirigea vers les portes ouvrant sur le service médical alors que la jeune fille déclina son identité tout en restant plantée non loin de l’accueil.
La distance séparant l’entrée du service et l’endroit où se trouvait Anne semblait longue, très longue. Entre les gémissements de douleurs, les pleurs, les plaintes des patients impatients, les discussions très philosophiques des techniciens de surface sur la météo, les chuchotements des médecins, les va-et-vient des infirmières, les boutades des aides soignants, les bruits des appareils médicaux, les sonneries téléphoniques, c’était une véritable cacophonie. Enfin, il arriva à destination. Anne était alitée dans un espace ressemblant plus à un cagibi qu’à une chambre. Ce n’était pas le grand luxe mais au moins, les murs en papier mâché lui conféraient un minimum d’intimité. Ce n’était pas le cas pour tous les patients qui se voyaient alignées en rangs d’oignons en attendant les premiers soins.
Ross s’approcha d’Anne en souriant. Ce n’était pas un sourire radieux mais il était content de la voir en vie. A part un hématome, son visage n’était pas amoché, mais qu’en était-il du reste ? Il déposa un doux baiser sur son front en guise de bonjour.
- Comment te sens-tu, Manouchka, Rien de cassé ? Demanda-t-il d’une voix bienveillante, souhaitant masquer l’inquiétude qui le taraudait.
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Sujet: Re: Si le symbole meurt, le sentiment reste [Terminé] Sam 25 Fév - 13:58
Tout était si embrouillé, si bruyant et douloureux qu'il devenait insupportable de se battre contre l'inconscience. L'agitation autour de moi m'épuisait, les questions/réponses des médecins n'avaient aucun sens et mes yeux... Ils étaient si lourds. Impossible de les ouvrir et de signaler que j'étais réveillée. Que s'était-il passé ? Pourquoi étais-je dans un tel état ? Des flashs me revinrent petit à petit en mémoire mais, je n'arrivais pas à y mettre de l'ordre ou à trouver une suite logique. Prenant mon temps, je me souvins que Sonny était passée à mon appartement pour... une raison que j'avais oublié. Je lui avais dit la vérité sur Genetic et Genome. Crise de larmes et... La dernière image me fit l'effet d'un électrochoc m'obligeant à ouvrir les yeux et à affronter la lumière aveuglante. Je sentis des mains fermes se poser sur mes épaules pour me rallonger sur une sorte de brancard, alors qu'un médecin s'approchait de moi pour me flanquer sa lampe dans les yeux.
- « Calmez-vous ! On s'occupe de vous ! Vous avez eu un accident. Votre fille nous a averti de votre grossesse et nous attendons les résultats. Restez calme et laissez nous faire. »
Ma fille ? Grossesse ? C'était un cauchemar. Comment voulaient-ils que je reste calme avec ces informations alarmantes ? C'est en voulant fuir les accusations de ma « fille » que j'étais dans cet état. Et c'est à cause de ce qui évoluait dans mon ventre que tout avait commencé. Non, je ne voulais pas. Je n'en voulais pas ! Je ne pouvais pas ! J'ignorais si j'avais exprimé mes pensées à voix haute, quoiqu'il en soit, je sentis une aiguille dans mon bras. Ils essayaient de me droguer en plus ? Les … Je ne pu aller plus loin dans mes pensées. Le produit faisait déjà effet. Mes muscles se détendirent et ma tête se reposa doucement sur le brancard. Cette sensation si familière m'était insupportable. J'avais l'impression d'être revenue en France quelques mois plus tôt. Je n'étais pas encore folle, mais sur le point de le devenir si le destin continuait à s'acharner sur moi. Je me sentais seule, démunie face à lui. Ses coups en traître ne faisaient qu'accroître le nombre de cicatrices, déjà trop nombreuses. Y aura -t-il une fin ?
A mon réveil, j'étais dans une petite chambre, au calme. Une infirmière s'approcha de moi pour me demander si j'allais bien. Je pétais le feu ! Je ne pris même pas la peine de lui répondre car toutes mes répliques étaient cinglantes. Elle ne méritait pas que je m'en prenne à elle. Elle ne faisait que son travail. Elle m'apprit toutefois que je n'avais rien de cassé et que je ne m'en tirais qu'avec quelques points de suture derrière la tête et quelques hématomes. Toujours pas de nouvelles pour la chose qui s'était installée à mon insu dans mon ventre. Elle n'insista pas devant mon mutisme même si elle cru bon de rajouter, avant de quitter la pièce, que j'avais eu de la chance... De la chance ? Cet hôpital faisait tout pour me faire perdre ma santé mentale. J'en étais persuadée. Je devais fuir. Comme la France. Mon instinct de survie me hurlait qu'il était temps de partir. D'accord, mais où ? Le fait de ne pas le savoir me terrifiait. Le regard dans le vague, je ne me rendis pas compte tout de suite que je n'étais plus seule.
Ce n'est que lorsque la personne vint vers moi que je reconnus mon visiteur. Ce n'était pas un médecin. J'aurai préféré. Mon cœur s'accéléra. La terreur que je ressentais quelques instants plus tôt se transforma en effroi. Que faisait-il ici ? Comment avait-il pu être au courant ? Que savait-il ? Mes yeux se fermèrent au contact de ses lèvres et au son de sa voix, je me sentis chavirer. J'étais si heureuse de le voir et malgré ça si triste. Ma main se saisit de la sienne, comme pour puiser le courage qu'il me fallait chez Ross. Il avait déjà eu assez d'ennuis, je ne devais pas en rajouter. Je me débrouillerais. Depuis l'incendie, j'avais réussi à m'occuper de moi même. Cette fois-ci, j'y arriverais aussi. Et si, effectivement, je me décidais à quitter Los Angeles, je devrais me détacher de Ross. Pour le moment, le plus important était de quitter cet endroit.
- « Je ne veux pas rester à l'hôpital... Fais moi sortir d'ici, je t'en prie... », le suppliais-je.
Si je n'avais rien de casser, ils n'avaient aucune raison de me garder ici. Je pourrais rentrer chez moi et... Lorsqu'ils auront eu les résultats, ils n'auront pas d'autres choix que de me laisser sortir. Ce foetus, s'il était encore là, ne changerait rien. Il fallait seulement que je tienne éloigner Ross de mes médecins. Chose aisée. Ou pas.
A cet instant, un médecin entra dans la chambre, le nez dans un dossier et déchargea tout ce que je ne voulais pas entendre :
- « Les résultats sont sortis et bonne nouvelle ! Le foetus est toujours accroché. Nous allons vous garder deux ou trois jours en observation pour nous assurer que tout est en ordre. Sur ce, reposez-vous et évitez toute contrariété. »
J'étais terrifiée, angoissée, honteuse et accessoirement, dans la merde...
Ross F. McGregor
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Sujet: Re: Si le symbole meurt, le sentiment reste [Terminé] Dim 26 Fév - 13:55
Arriver avec une gueule d’enterrement auprès d’un malade n’était pas la meilleure attitude à adopter. Pour ne pas laisser paraître son anxiété, Ross s’était forcé à sourire. Sourire qui s’estompa rapidement. Anne n’avait pas l’air ravi de le voir, elle semblait même étonnée. Comment pouvait-elle être surprise de sa venue ? Il était son ami. Il était normal de venir l’épauler dans cette nouvelle épreuve infligée par la vie. L’expression d’effroi traversant le regard d’Anne, aussi furtive fut-elle, n’échappa pas au psychologue. Il mit ces réactions plus ou moins appropriées sur le contre coup consécutif à l’accident. Son inquiétude s’estompa dès que son amie lui saisit la main. C’était fou qu’un contact charnel aussi insignifiant puisse apaiser des tensions. Finalement, elle était contente de le voir même si rien d’autre ne le laissait penser. Elle voulait surtout sortir de l’hôpital au plus vite.
- Ne t’inquiète pas Anne. Si tu n’as rien de cassé, ils ne te garderont pas. Ils ne vont pas mobiliser un lit alors que d’autres sont plus gravement atteints que toi. Affirma-t-il avec conviction en posant son autre main sur celle qui avait saisi la sienne.
Il était de notoriété publique que les hôpitaux manquaient de lits. Ils ne s’amusaient pas à en bloquer pour rien. Mais qu’en savait-il ? Anne avait évincé sa question. Il était près à satisfaire le souhait de son amie mais en toute connaissance de cause. Ceci était valable uniquement si elle n’avait plus besoin de soins. Il était hors de question de la laisser sortir si le corps médical estimait son état de santé préoccupant. Par contre, si ce n’était que quelques hématomes et égratignures à soigner, il assurerait la relève sans problème.
- Au pire, tu peux signer une décharge et je jouerai les infirmiers si nécessaire. Ajouta-t-il en essayant de plaisanter afin de détendre un tant soit peu l’atmosphère.
Anne n’eut pas le temps de reprendre la parole qu’un médecin fit irruption dans la pièce. Le nez dans son dossier, il annonça les résultats tant attendus… ou pas. A la tête d’Anne, il était évident qu’elle aurait préféré être seule pour écouter le compte-rendu de ses examens. Encore un toubib qui avait oublié ce qu’était le secret médical !
La nouvelle et la réaction d’Anne surprirent l’écossais au plus haut point. Aucun signe de joie n’illuminait le visage de son amie. Elle paraissait surtout gênée et angoissée pour ne pas dire terrifiée. Etrange réaction pour une femme ayant toujours souhaité donner un enfant à son mari ! La stérilité n’avait pas entachée leur amour et le couple avait fini par accepter cette erreur de la nature. Mais la nature réservait parfois des surprises. Il n’était pas rare de voir une personne stérile devenir féconde plusieurs années après un diagnostic sans appel. Pour Ross, il apparaissait évident que c’était le cas de Liam et de sa femme. Elle aurait dû sauter de joie en apprenant que l’accident n’avait pas anéanti tous ses espoirs.
Par ailleurs, il aurait aimé être au courant de cet heureux événement avant ce jour. Mais bon, ce n’était ni le lieu, ni le moment de faire des reproches. Ross prit sur lui. Il n’était pas trop idiot parfois ; il pouvait comprendre les raisons ayant poussée son amie à ne rien lui dire. Sans doute avait-elle du mal à y croire elle-même. De plus, porter l’enfant de son mari décédé quelques mois plus tôt était très déstabilisant. Il fit un rapide calcul, Anne était enceinte de quatre mois au moins. Instinctivement, il posa son regard sur le ventre de l’alitée. A ce stade, une grossesse commençait à se voir en général. Rien de probant pourtant. Ou alors, Anne avait fait un déni de grossesse et l’apprenait en même temps que Ross, d’où ses réactions étranges. C’était fort probable après ce qu’elle avait vécu avant de quitter la France. L’écossais s’assit sur le rebord du lit et prit la jeune femme dans ses bras avec délicatesse.
- Anne... Manoucka, arrête de t’angoisser. Tu n’as rien de grave et ton enfant se porte bien. Le médecin l’a affirmé. Tu devrais être soulagée. Si c’est l’avenir qui t’inquiète, n’y pense plus ! Je serai là pour toi…
Il comprenait désormais le petit message auquel Sonny tenait tant à faire passer. En fait, Anne savait qu’elle était enceinte. Peut-être l’avait-elle appris aujourd’hui même ? Dans son désarroi, elle ne savait plus où elle en était. La panique l’avait peut-être poussée à envisagé l’avortement même si le délai légal était dépassé ; ou alors, elle avait voulu se suicider. Mais non pas Anne ! Cela dit, ces suppositions expliqueraient l’accident stupide dont elle avait été victime. Sonny connaissait certainement la bonne version ; elle voulait protéger sa tutrice en l’empêchant de prendre des décisions irréfléchies qu’elle regretterait amèrement toute sa vie. Pour soutenir sa meilleure amie, Ross était prêt à jouer les pères de substitution. Par contre, il ne ferait pas les mêmes erreurs. Il en parlerait au plus tôt à Wyatt et l’enfant à venir saurait tout de ses origines dès le départ.
- …et pour lui si tu veux. Dit-il en effleurant d’une main le ventre de la jeune femme alors que l’autre bras était resté autour de ses épaules. - Liam serait tellement heureux de savoir que tu portes son enfant… Conclut-il amèrement sachant que son amie était loin d’avoir fait le deuil de son adorable mari.
Tout serait tellement plus simple s’il était encore en vie. En même temps, Anne ne serait pas à Los Angeles et tout ce qui se déroulait actuellement n’aurait pas lieu d’être.
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Sujet: Re: Si le symbole meurt, le sentiment reste [Terminé] Dim 26 Fév - 16:07
Sans cet intrus dans mon ventre, il ne faisait aucun doute que mes instants à l'hôpital auraient été comptés. Ainsi, j'aurai pu apprécier la venue de Ross à mon chevet, je ne me serais pas disputée avec Sonny... Tant d'évènements en si peu de temps à cause d'une petite graine insignifiante. Elle brisait un à un tous les liens que j'avais tissé jusque là. A cause d'elle, je ne pourrais plus mener ma vendetta contre Genetic, je resterais une meurtrière aux yeux de la seule enfant qui daignait encore me parler et surtout, je ne pourrais plus plonger mon regard dans les yeux azurs de Ross sans éprouver la culpabilité d'avoir tué son enfant sans rien lui dire. Il était là, auprès de moi. Il me suffisait de tendre la main pour le toucher, mais cela ne changerait rien au fait qu'un fossé nous séparait. La distance me semblait insurmontable, même s'il ne s'agissait que de lui révéler la vérité. Seulement, toute vérité n'était pas bonne à dire...
Lorsque sa deuxième main se posa sur la mienne, je me sentis prisonnière. Prisonnière de son emprise sur moi, prisonnière de sa gentillesse et de sa bienveillance. La douleur physique n'était rien comparée à la douleur psychologique que toute cette histoire engendrait. Il était même prêt à devenir mon infirmier. Je le détestais. L'idée aurait pu être séduisante dans d'autres circonstances, mais, à cet instant, elle fit saigner mon cœur et mon âme. J'aurais aimé lui hurler d'arrêter, de ne pas être aussi gentil avec moi. Que je ne le méritais pas, que je n'étais pas digne de son amitié. Mais les mots ne voulaient pas sortir, comme si une petite partie de moi souhaitait le retenir à mes côtés. Que je le reconnaisse ou non, je ressentais le besoin de garder contact avec lui. Même mariée, je n'avais su mettre fin à notre relation. J'aimais Liam, de tout mon cœur, mais Ross... Tout semblait si simple entre ses bras, si doux et si beau que je ne pu me résoudre à couper les ponts avec ce refuge. Aujourd'hui, ce refuge n'était plus.
J'allais dire à Ross qu'il était inutile de s'occuper de moi, que j'y arriverais seule, mais je fus interrompue par un médecin qui déballa tout ce que je ne voulais pas. Mon cauchemar était toujours là, Ross était au courant et je devrais rester quelques jours de plus à l'hôpital. Il en était hors de question. Le médecin ressortit aussi rapidement qu'il était apparu. Quel con ! Je devais sortir ! Je m'en foutais de ce truc ! Je m'en foutais de ces jours d'observation ! Je voulais rentrer chez moi ! Même délicats, les deux bras de Ross me donnèrent l'impression d'être dans un étau. Ma tête se déposa machinalement sur son épaule et je dû me mordre l'intérieur de la joue pour m'empêcher de pleurer. Si seulement, tout cela n'était pas arrivé. Pourquoi avait-il fallu que le Domaine brûle ? Le monde entier me semblait fautif alors que la seule fautive dans l'histoire n'était personne d'autre que moi. Personne ne m'avait forcé à coucher avec Ross. Personne ne m'avait forcé à tromper mon mari. Toutes ces décisions je les avais prise. Moi et moi seule ! Aujourd'hui, je devais assumer le prix de mes erreurs.
Aux mots du psychologue, je ne pu m'empêcher de me détacher de lui. Je ne comprenais pas sa réaction et surtout ses mots. « Ton enfant », « Je serais là pour toi et pour lui si tu veux... » Je ne pouvais le croire. La fin de ses paroles terminèrent de m'achever. Je sentais sa main sur mon ventre et il était prêt à m'aider pour élever l'enfant de Liam. Mais comment pouvait-il croire que cet enfant était celui de Liam ? 4 mois s'étaient écoulés depuis la mort de Liam ! 4 mois que j'étais seule ! Mais comment lui dire ? Comment lui dire qu'il y avait une possibilité pour qu'il soit le père ? Comment lui avouer que je n'en étais pas certaine et que par la même occasion, il y avait une autre possibilité ? J'étais la pire des femmes sur terre... Je ne pouvais rester ainsi. Je devais sortir. D'un geste vif, je retirais la couverture qui était sur moi et sortis de mon lit du côté où Ross ne se trouvait pas. Le lit était une bien maigre barrière pour me protéger de ce qui allait suivre.
- « Comment peux tu croire que cet enfant est de Liam ? », hurlais-je.
Je me foutais que l'on puisse entendre ce que je disais. Je n'étais plus à ça prêt. Je m'appuyais sur le lit pour ne pas tomber, sentant les vertiges me prendre d'assaut. Question contrariété, je crois bien avoir dépassé la limite, mais peu importe. Si cela pouvait détruire ce mal, j'étais prête à courir le risque de faire un infarctus.
- « Liam est mort depuis 4 mois ! J'ai l'air d'être enceinte de 4 mois ? Et comment pourrait-il être heureux, alors qu'il est mort ? Comment pourrait-il être heureux alors que ce... n'est pas de lui. »
Je me refusais de mettre un mot sur ce qui poussait dans mon ventre. Admettre que c'était un petit être humain me faisait tellement souffrir après tant d'années d'essai et d'espérance. Il avait fallu que mon mari meurt et que je fasse n'importe quoi pour en avoir un. Je ne pouvais considérer ce fœtus que comme un malheur. Je sentis les larmes me monter aux yeux alors que je m'étais promise de ne pas pleurer. Je ne voulais pas qu'on s'apitoie sur mon sort. Je ne le méritais pas. J'avais agis en adulte irresponsable et je devais y faire face. Ne pouvant affronter le regard de Ross, je me détournais et déposais ma tête contre le mur. Sa fraicheur me fit du bien. Je restais ainsi quelques secondes, profitant de mes derniers instants de paix avant de détruire Ross et le lien qui nous unissait. Ce dernier élément allait tout gâcher, mais au point où j'en étais... Et pour lui, mieux valait peut être qu'il me fuit. Je ne pouvais débarquer dans sa vie, coucher avec lui et l'obliger à élever un enfant qui n'était peut être pas le sien. Surtout avec une femme telle que moi.
- « Je ne peux te demander de m'aider. Ce serait une erreur. Surtout que... je ne sais pas qui pourrait être le père. »
Je baissais un peu plus la tête, honteuse, respirant profondément pour qu'aucun sanglot ne paraisse dans ma voix. Il n'avait pas besoin de ça. Ross devait être en colère et il aurait raison. Nous pensions tous les deux que je ne pourrais jamais avoir d'enfant. C'était à cause de moi. Surtout qu'il avait déjà vécu ce cauchemar avec Wyatt et Nicole. La dernière chose que je pouvais faire pour lui était d'avorter.
- « De toute façon, ça n'a guère d'importance... Je ne peux pas le garder... Je n'en aurais pas la force... », dis-je dans un souffle.
J'avouais ma faiblesse. Je détestais ça. Jusqu'ici j'avais tout fait pour ne pas montrer à quel point je pouvais être pathétique et aussi peu sûre de moi. Sans Liam, je n'aurais jamais été la femme que je suis devenue aujourd'hui. Sans lui, je n'aurais jamais su créer un endroit tel que le Domaine. Sans son amour, je n'aurais pu en donner autant à ces enfants. Et l'idée de devoir en élever un sans lui, toute seule, me tuait et me terrifiait. Sans lui, je ne pourrais pas supporter cette grossesse. Oui, j'étais faible. Mais je l'aime... Je l'aimais. Ross pourrait fait un bon père. Il suffisait de voir sa relation avec Wyatt pour en être certaine. Malgré ses erreurs, son amour inconditionnel pour son fils était remarquable. Il était juste dommage que les deux hommes ne s'en rendent pas compte. Car sous les tensions qui existaient entre eux, il y avait ce sentiment fort que l'on appelait « amour ». Ross ferait tout pour protéger son fils et je serais prête à parier que Wyatt en ferait autant. Seulement, un père ne suffisait pas pour élever un enfant. Je ne pouvais condamner un petit être à naître dans de telles conditions. Personne ne méritait ça.
Ross F. McGregor
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Sujet: Re: Si le symbole meurt, le sentiment reste [Terminé] Dim 26 Fév - 21:38
*J’ai dit une connerie ?* Pensa-t-il déconcerté par le comportement inattendu de son amie qui se détachait de lui.
Ross resta assis sur le bord du lit d’un air abasourdi. Lorsqu’elle jeta la couverture, il eut un mouvement de recul. Même s’il ne comprenait rien, il se voyait bien prendre une gifle. Anne ne maîtrisait plus ses nerfs. Devant ses réactions inappropriées depuis son arrivée, il s’attendait à tout. Son amie se leva comme une furie et lui hurla dessus. Il l’observa d’un air ahuri partagé entre plusieurs sentiments. Incompréhension, culpabilité et crainte s’entremêlaient. Pourquoi se mettait-elle dans un tel état ? Il ne lui fallait pas de contrariété. Ce n’était pas bon pour elle d’après le médecin. Il aurait mieux fait de ne pas remuer le couteau dans la plaie en évoquant Liam. Il aurait dû savoir que c’était trop douloureux pour elle. Encore une fois, il n’avait pas su gérer une situation délicate avec l’un de ses proches ! Il se sentait honteux de la faire souffrir de la sorte alors qu’il ne voulait que son bien. Il fallait tout de même qu’elle accepte la réalité non ? Celle-ci était dramatique certes, mais il était là pour la soutenir. Voulant la calmer, Ross se leva mais devant le déni de son amie, il ne tenta rien. Elle devait d’abord se calmer et recouvrer ses esprits sinon elle risquait une crise cardiaque à ce rythme là.
D’accord, elle n’avait pas l’air enceinte de quatre mois mais cela ne prouvait rien. D’accord, son mari était mort et il ne pouvait pas être heureux de cette nouvelle, mais s’il existait un au-delà, il devait l’être. Ah non ! Pas si ce n’était pas Liam le père. Alors là, pour un revirement de situation, c’en était un. L’interprétation d’Anne était complètement divergente de celle de Ross. Toutes les déductions plausibles de l’écossais volaient en éclats. Il se rendait à l’évidence, il avait perdu une occasion de se taire. Mais qui était le géniteur alors ?
Et là, son esprit remonta le temps, à vitesse grand V, jusqu’au jour où il s’était retrouvé avec la jeune femme dans les étages en rénovation des locaux de Genome. Ces instants délicieusement magiques leur permirent de tout oublier. Dans les bras l’un de l’autre, l’angoisse, le désespoir, le chagrin et la douleur s’étaient envolés, les bonnes habitudes avec. L’idée de se protéger lui avait peut-être effleuré l’esprit un millième de seconde mais connaissant la stérilité de son amie, il ne s’y était pas attardé. Il était trop avide de se plonger dans une oasis de paix et de sérénité.
*Quel con… mais quel con*
Ross se flagellait mentalement. Il avait reproduit ce qu’il avait vécu avec la mère de Wyatt. Les circonstances étaient toutes autres mais le résultat était le même : un enfant à la clé. Les années avaient passé, l’écossais était plus mature et même si cet enfant n’était pas voulu au départ, il l’acceptait volontiers comme un don du ciel, aussi bien pour lui et que pour Anne. Pour lui car c’était une chance de ne pas refaire les mêmes erreurs qu’avec Wyatt ; pour Anne qui avait trop longtemps espéré avoir un enfant de Liam. Ce devait être déroutant voire traumatisant pour elle. Il était normal de paniquer et de considérer ce don de la nature comme une épreuve insurmontable. Ce n’était pas l’enfant de Liam, c’était l’enfant de… Pardon ! Elle ne savait pas qui était le père. C’était une blague ou quoi ? Non c’était loin d’en être une.
Avec ces successions de rebondissements impressionnants, l’écossais avait du mal à suivre. Pour éviter de perdre pieds, son esprit ingérait une nouvelle à la fois. Il lui était impossible de faire une synthèse de toute l’histoire en si peu de temps. Il se rassit mollement sur le bord du lit. *C’est un peu trop pour moi… On partage ?* aurait-il pensé en d’autres circonstances.
Un autre souvenir revint alors à la mémoire de Ross comme un boomerang. Le lendemain de leur séance « on tombe dans l’oubli» il avait entendu malgré lui une conversation entre Wallas et William. Ce dernier avait succombé aux charmes d’Anne, à moins que ce ne fût l’inverse. Même s’il avait ressenti une pointe de jalousie, il ne s’en était pas offusqué. Anne, tout comme lui, était libre et maîtresse de ses décisions. Bref, ce n’était pas le sujet. Ross avait écouté la conversation et enregistré un détail important : William n’avait pas omis de se protéger. C’était peut-être un drôle de type mais il était moins con que Ross en tout cas. Ce dernier fronça les sourcils et baissa la tête pour tenter de réfléchir au plus vite. William ayant pris ses précautions et Anne doutant de la paternité, il restait Ross et… et qui d’autre alors ? Aie ! Ca faisait mal de raisonner ainsi, très mal.
- Tu ne sais pas qui est le père ! Pour William, je suis au courant, ça ne peut pas être lui. Alors à part moi, quels sont les autres pères potentiels ? Observa-t-il froidement en essayant de contenir la colère qui montait en lui.
Ross regrettait déjà ce qu’il venait de dire. Il ne voulait surtout pas de noms. Son amie ne pouvait pas être aussi volage que la logique le laissait croire. Pourtant, il devait se rendre à l’évidence, Anne avait sans doute perdu la raison et s’était laissée emporter par des instincts purement primaires. Si ce tourbillon de péripéties continuait, Ross allait la suivre de près. Et ça ne s’arrêtait pas *Asile, prépare-toi, on arrive*
- Comment ça tu ne vas pas le garder ! T’es devenue complètement folle ma parole…. T’as toujours voulu avoir un enfant. Maintenant que tu en as un, tu veux avorter. J’y crois pas là… Ragea-t-il sans se soucier de l’endroit où il se trouvait.
Tout le monde pouvait entendre les reproches qu’il faisait à Anne, il s’en fichait. Elle devait l’entendre, l’écouter. Il était persuadé que si elle avortait, elle ne s’en remettrait jamais. Elle avait vécu trop de drames pour en surmonter un comme celui-ci. En prenant une telle décision, elle endossait la responsabilité ; c’était bien différent que de subir les mauvais sorts du destin.
- Si c’est le fait que tu ne saches pas qui est le père qui te fait prendre une décision aussi absurde, tu n’as qu’à faire un prélèvement d’ADN, c’est dans tes cordes en plus… et comme ça tout le monde sera fixé !
Peu importait qui était le père, Anne était apte à élever un enfant seule. Et comme il l’avait dit sincèrement, elle pouvait compter sur Ross et encore plus s’il s’avérait être lui-même le père.
- Je peux comprendre tes inquiétudes, mais faut arrêter les conneries. Tu ne peux pas tuer volontairement ton enfant…
*Et peut-être le nôtre* si la chance avait décidé de tourner en faveur du couple d’amis qui avait de plus en plus de mal à communiquer sans s’engueuler. Il fallait faire retomber la pression, l’atmosphère était invivable. Il ne fallait pas de contrariété pour Anne. C’était raté. Ross avait tout faux encore une fois. Il s’en rendait compte mais il lui était impossible de jouer les modérateurs, il se sentait trop impliqué.
- Et merde… Lança-t-il pour lui-même en sortant de la pièce.
Ross laissait Anne seule face à ses responsabilités du moment. Il ne l’abandonnait pas mais il était préférable qu’il s’éloigne un peu avant de péter un câble à son tour. Il ne voulait pas que ça dégénère au point de rompre leur belle amitié. Il alla se passer le visage sous l’eau froide et revint dans la chambre…
Dernière édition par Ross F. McGregor le Dim 11 Mar - 21:53, édité 1 fois
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Sujet: Re: Si le symbole meurt, le sentiment reste [Terminé] Dim 26 Fév - 23:22
J'avouais toute la vérité à Ross sur cette grossesse involontaire, sur la paternité non identifiée. Il ne me restait plus qu'à lui avouer ma volonté de mettre fin à ce cauchemar. Après cela, je serais certainement morte à ses yeux mais au moins, j'aurais été honnête jusqu'au bout. Soutenue par le mur, j'attendais la réaction de mon partenaire qui semblait en état de choc. Quoi de plus normal ? Ce qui devait n'être qu'une partie de jambes en l'air était devenu une obligation de rester proches pour le bien d'un enfant non désiré. Je ne pouvais lier Ross. Il avait beau me dire qu'il serait là, il ne le ferait que par obligation. Il était marié à Dunney Holster, il avait déjà eu un enfant dans ces circonstances, sa meilleure amie avait été tuée et il n'avait aucun désir de se marier. Non pas que l'idée me séduise, mais ma vision d'une famille unie passait par l'osmose d'un couple. Ce qui n'était pas notre cas.
Ross revint sur le problème de la paternité où il m'avoua qu'il était au courant pour William et que ce dernier ne pouvait être le père. Comme pouvait-il le savoir ? Et pourquoi me regardait-il comme si j'étais une traînée ? Adossée au mur, je le regardais, fatiguée et déçue de devoir me justifier. Depuis quand avions-nous des règles ? Depuis quand devais-je lui rendre des comptes ? Suffisait-il qu'un bébé apparaisse pour qu'il ait un quelconque droit sur moi ? Je me fis aussi distante que lui et dit d'une voix froide :
- « Tu... me surveilles ? Comment peux-tu être au courant pour William ? Et surtout, est ce qu'il suffit que je couche avec un autre homme que toi pour être la pire des garces ? Désolée de te décevoir, mais j'en étais déjà une quand Liam était encore vivant et que tu étais le William de l'époque. Et non ! William est la seule autre possibilité.
Je n'en revenais pas. Le Ross que je connaissais n'aurait jamais fait ça. Quoique... Je ne connaissais pas le véritable Ross McGregor. Nos rapports se limitaient jusque là à des textos, des mails, des coups de téléphone l'année et des visites pendant l'été. Là, j'avais l'occasion de voir qui il était réellement dans la vie de tous les jours. Et ce que je voyais maintenant ne me plaisait pas. Je me sentais déçue. Je ne pouvais plus le regarder dans les yeux, surtout pour lui avouer que je ne comptais pas garder cette erreur. Il ne supporta pas l'idée. Qu'allait-il faire pour m'en empêcher ? Me garder prisonnière jusqu'à terme ? M'attacher ? Me droguer comme les médecins font lorsque les patients ont une autre opinion ?
Je laissais Ross évoquer l'idée d'un possible test de paternité. Comme si cela allait régler notre affaire. Comme si le fait de savoir que cet être était l'œuvre de Ross allait me faire changer d'avis. Il me parla également du fait de tuer un enfant. Cette phrase me fit tellement mal que par réflexe, je mis mes mains sur les oreilles. Assez ! Stop ! Tais toi ! Dégage !
- « Qu'est ce que tu peux savoir ? Peux-tu me garantir qu'il ne manquera jamais d'un père ? D'une famille unie ? D'une mère qui sera là tous les soirs pour le border et qui vive assez longtemps pour le voir grandir ? Peux-tu me garantir que personne ne lui fera du mal ? Qu'il ne sera jamais enlevé pour subir des tests inhumains ? Qu'il ne sera pas traqué comme une bête par les agents de Genetic ? Qu'on ne l'enfermera pas dans une maison pour le brûler vivant ? Tu peux me garantir tout ça ? Sérieux, Ross ! Ouvre les yeux et regarde dans quelle merde, nous sommes ! »
Cette dernière tirade m'avait coûté la quasi totalité de mes forces. Pourquoi ne voulaient-ils pas comprendre que je ne pouvais pas y arriver ? Je n'avais pas su aider mes enfants en France. Comment pourrais-je aider mon propre enfant, seule, alors que l'ennemi se trouvait dans la ville ? Il aurait beau me dire qu'il serait là pour m'aider, je n'arrivais pas à m'en convaincre. J'entendis Ross sortir en disant « merde ». Voilà... C'était fini. J'avais brisé notre amitié...
Cette fois, mes larmes coulèrent le long de mes joues et je me retournais pour inspecter la pièce. Elle me sembla tout à coup minuscule. D'ailleurs, c'était sûrement le fait de mon imagination, mais j'avais l'impression que les murs de rapprochaient. L'air commençait à manquer. Je devais sortir. Plus rien ne me retenez à Los Angeles. Rapidement, j'allais jusqu'à la porte et jetais un coup d’œil dans le couloir. Vide... Tant mieux. Je sortis de la chambre et commençais à me diriger vers la sortie du service. Mais ça ne se passa pas comme je l'imaginais. Une infirmière me héla dans le couloir et voyant que je ne m'arrêtais pas, commença à crier pour que l'on me stoppe. Je me mis à courir pour atteindre les portes, mais tomba sur deux infirmiers. Comprenant rapidement ce qu'il se passait, ils me prirent chacun par un bras pour tenter de m'immobiliser. Comme si j'allais me laisser faire !
- « Lâchez moi ! Vous n'avez pas le droit de me garder ici contre ma volonté ! Lâ... Aïe ! »
Une seringue venait de se planter dans mon épaule, coupant court à notre charmante discussion. D'un geste brusque, j'en cassais l'aiguille. Les chiens ! Je détestais vraiment les hôpitaux ! La prochaine fois, pour mon bien, laissez moi crever !
J'ignorais si je m'étais habituée au produit ou s'il s'agissait d'un autre, quoiqu'il en soit, les effets me semblaient différents. Tout était clair dans ma tête. Par contre, mon corps ne répondait plus à l'appel. Les deux gorilles me ramenèrent dans ma prison et crurent bon de m'attacher au lit. J'en avais marre. Je voulais me réveiller de ce cauchemar.
- « Pas comme en France. Pas comme en France. Je ne veux pas..."
Fermant les yeux, je continuais ma prière mentalement alors que mes larmes continuaient de couler silencieusement le long de mes joues.
Ross F. McGregor
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Sujet: Re: Si le symbole meurt, le sentiment reste [Terminé] Lun 27 Fév - 22:05
Ross écouta le flot de paroles déversé par Anne. Déboussolé par toutes les informations reçues qui partaient dans tous les sens, il eut tout de même la présence d’esprit de ne rien dire. C’était mieux que de dire des conneries ! Débattre d’un sujet aussi important avec une paranoïaque hystérique n’aurait servi à rien, sauf à empirer la situation. Anne était trop affolée pour être capable de comprendre quoi que ce soit. Elle déplaçait les valeurs du réel en les dramatisant et en omettant les siennes. Elle n’était absolument plus réceptive. De tout ce qu’aurait pu dire Ross, elle n’aurait rien entendu. Au rythme où allaient les choses, si elle ne le calmait pas, elle allait faire une syncope. L’écossais aurait aimé prendre Anne dans ses bras, lui dire que tout allait s’arranger, que ça prendrait du temps mais qu’elle verrait le bout du tunnel. Il aurait tellement aimé lui apporter un peu de réconfort ; mais il savait que c’était la dernière chose à faire. La conduite à tenir dans un cas comme celui-ci était d’éloigner les gens, donc lui-même. Ce qu’il fit en quittant la pièce.
S’ils n’avaient pas été dans un hôpital, même s’il n’était pas le mieux placé, l’écossais n’aurait jamais laissé la jeune femme seule. Le retour à la conscience étant souvent difficile après une telle crise de nerfs, il était recommandé d’être accompagné pour ne pas tomber en dépression. Anne était une femme intelligente et combative, elle n’allait pas se laisser anéantir si rapidement. En la laissant seule avec elle-même, c’était la meilleure façon d’arrêter son délire. Elle finirait par recouvrer ses esprits. Il l’espérait de tout cœur.
Après s’être rafraîchi le visage, avant de revenir dans la chambre, Ross s’était assis dans un coin. Lui aussi avait besoin de se calmer, de réfléchir à tout ce qui venait d’être dit. Il avait du mal à faire le tri. Cependant, il avait retenu deux choses: celle où elle pensait qu’il la prenait pour une garce et l’affirmation comme quoi William était le seul autre père potentiel. Jamais il n’avait considéré Anne comme une garce. Ayant été son amant alors qu’elle était mariée, il aurait été incongru de le dire et même de le penser. Comment pouvait-elle imaginer une telle réflexion de sa part ? Et non il ne la surveillait pas, pourquoi le ferait-il ? Elle était libre de faire ce que bon lui semblait tout comme lui. Aucun des deux n’avait de reproche à faire à l’autre ; ils ne s’en étaient jamais fait d’ailleurs. Et si vraiment, il l’avait surveillée, il n’aurait pas demandé quels pouvaient être les autres pères potentiels, il l’aurait su. Il avait parlé de William uniquement parce qu’il savait qu’il ne pouvait pas être le père. En cela, il voulait simplement aider son amie à faire le tri. Quand Anne affirma que William était le seul autre père potentiel, Ross ne saisit pas. Il avait beau revenir sur les dires de son amie, il ne comprenait toujours pas. Elle devait savoir qu’il avait pris ses précautions. Aurait-elle perdu la raison au point de ne plus faire attention à ce genre de détails ? Possible après tout, c’était bien ce qui s’était produit entre eux la veille. Tout devenait confus, illogique, Ross ne savait plus quoi penser.
Quant à toutes les interrogations existentielles lancées par Anne, il préférait les laisser de côté. Entre reproches, incertitudes sur l’avenir, remises en question, il y avait de quoi se noyer et il ne voulait pas perdre pieds. Ce n’était pas le moment. Ross se rendait à l’évidence, leur belle amitié partait en vrille. Il ne le souhaitait pas. Il fallait éclaircir les zones d’ombres pour avancer et espérer une réconciliation. Pour cela, il devait retourner voir Anne.
Il se leva alors et s’approcha doucement de la chambre, il n’entendit rien. Un frisson de frayeur s’empara de lui en pensant au pire. Cette émotion se transforma en rage en voyant Anne attachée. Son sang ne fit qu’un tour, il était à deux doigts d’hurler sa colère contre les méthodes archaïques employées par les agents hospitaliers. Voyant son amie complètement abattue, il n’en fit rien. Il serra les poings pour contenir sa rage et se précipita pour la libérer. Elle avait les yeux fermés et pleurait silencieusement. Cette image lui transperça le cœur. Il ne résista pas à l’envie de la prendre dans ses bras. Il fallait qu’elle sache qu’il était là pour elle, quoi qu’il arrive. D’un revers de main, il essuya ses larmes et la serra contre lui. Elle avait l’air d’une poupée de chiffon.
- Mais qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? Anne je t’en prie, parle-moi. Dit-il en collant sa joue contre la sienne tout en caressant doucement sa tête. - Il n’y a pas une minute à perdre, faut qu’on sorte de là. Anne, s’il te plait, bouge ! Ajouta-t-il en la secouant gentiment sans la lâcher.
Ross n’avait plus qu’une idée en tête : écarter Anne de ce monde de brutes. Ils pourraient toujours reprendre leur charmante discussion plus tard. Il semblait cependant difficile pour Anne de se lever. Si elle ne pouvait pas marcher, son idée allait tomber à l’eau. Peut-être serait-il préférable d’attendre un peu avant de sortir ? En tout cas, il était hors de question qu’il l’abandonne encore une seule seconde.
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Sujet: Re: Si le symbole meurt, le sentiment reste [Terminé] Mar 28 Fév - 19:12
L'impuissance est peut être la plus douloureuse abdication en ce monde. Après cette première tentative, parce qu'il y en aurait forcément d'autres, je la sentais me ronger de l'intérieur. Elle m'encourageait à ne pas perdre pied. Elle attisait ma haine de cette société. Des plans se succédaient dans ma tête et ils ne consistaient pas en ma simple évasion, mais impliquait également la fin de Genetic. Pourquoi aurais-je du respect pour la vie de mes ennemies, pour la vie de ceux qui n'avaient pas hésité à exécuter les miens ? Je n'attendais plus rien. Je venais de rompre le contact avec Sonny. Mon amitié avec Ross avait fini par se consumer. Les deux seules personnes qui auraient pu m'aider et je venais de les remercier comme des moins que rien. Je ne pouvais m'en prendre qu'à moi même. J'étais la seule fautive... Ce constat désastreux de ma vie ne m'aidait pas à concevoir un avenir radieux. Pour l'instant, celui-ci se résumait à un voile noir zébré de désespoir.
Je sentais poindre un mal de crâne aussi pris-je le temps de faire une pause dans mes réflexions. Les effets du calmant ne s'étant pas estompés, j'avais encore le temps de préméditer ma fuite. Tout ce que je pouvais faire pour le moment c'était de reprendre des forces ou tout simplement de dormir en priant pour que je ne me réveille pas. Était-ce le produit ou cette dispute avec Ross qui m'avait exténué ? Aucune idée et en fin de compte, ça m'était égal. Je préférais m'enfoncer, me laisser balloter par le destin sans combattre. C'était plus facile. L'humidité sur mes joues ne me gênait plus. Je laissais s'échapper mes douleurs passées, présentes et à venir dans le but d'accepter cette cruelle vérité : Tout a un début, une existence et une fin.
Des bruits de pas se firent entendre dans le couloir. Sans vraiment en comprendre la raison, je retins ma respiration. Peut être espérais-je au fond de moi que la personne passe devant la chambre sans s'arrêter, qu'elle ne voit pas la chose que j'étais devenue. Une chose ne bouge pas. Une chose ne parle pas. Une chose ne pense pas. Je cru que mon procédé avait fonctionné, mais force est de constater qu'il avait, au contraire, favorisé tout ce bruit et cet effort. Une personne s'était approchée de moi pour me saisir et m'obliger à revenir à la surface. Qui m'en voulait autant ? Qui avait embrassé le désir de me torturer de la sorte ? Qui osait m'appeler par mon prénom alors que je venais à peine de renier mon existence ?
Cette voix... Cette étreinte... Tout me semblait si familier et pourtant si éloigné de ce que j'étais. Mon passé n'était plus, il s'était écoulé lentement mais sûrement. Je l'avais définitivement abandonné au bord de la route pour monter dans un train à destination inconnue. Et même si mes mains étaient à nouveau libres de leur mouvement, mon esprit ne pouvait l'admettre. Ce n'était qu'un supplice supplémentaire que j'allais devoir endurer. Comme si Ross pouvait revenir... Comme s'il pouvait me serrer dans ses bras d'une façon aussi aimante... Je devais arrêter. Briser mes espoirs pour ne plus avoir à supporter tout ça. J'avais mal à en crever. Il fallait en finir avec ces conneries. Pourtant, cette douce voix m'encourageait à bouger pour sortir de cet enfer. Etait-il si difficile de concevoir que je puisse accepter mon sort ? Il fallait que je balaye cette illusion.
Par un effort surhumain, je pu lever ma main pour tenter de faire fuir l'être diabolique. Celle-ci s'accrocha à une entité matérielle. Ce qui ne devait être qu'un mirage se révéla être le véritable Ross. Déconcertée, j'ouvris les yeux pour m'assurer qu'il ne s'agissait pas d'une simple hallucination. Ce n'en était pas une. Ma main essaya de serrer un peu plus sa chemise pour le convaincre de rester à mes côtés. Je ne voulais plus qu'il s'en aille. Je ne pourrais pas supporter un nouvel abandon.
- « Ne me laisse plus toute seule... Ne m'abandonne plus... Je ferais tout ce que tu voudras. Tout ! ... Mais ne me laisse plus... »
Aucun reproche dans mes supplications. Juste la promesse que je ne ferais plus rien de mal. Que j'étais prête à tout abandonner pour le peu qu'il me promette de ne plus s'en aller. Je n'en avais que faire de paraître faible, minable et pathétique puisque c'était ce que j'étais réellement. Il fallait se rendre à l'évidence ! Au début, on peut se débattre, combattre pour se convaincre du contraire, mais au final, nous avons tous besoin d'une personne. Une personne qui sait nous garder sur le droit chemin, qui nous aime sans condition. Une personne envers qui l'on devient dépendante. Certains auraient honte de ce comportement. Moi, j'étais trop heureuse pour songer à le cacher.
Je resserrais autant que je le pu mon emprise sur lui, mais il semblait évident qu'un haussement d'épaule de sa part lui suffirait à se dégager. Ces gestes me fatiguaient, mais ils étaient nécessaires. Je devais lui montrer que j'étais désolée de m'être emportée. Il méritait au moins ça !
- « Ils m'ont drogué. Je ne peux pas bouger, mon corps ne veut plus répondre. »
Je le regardais droit dans les yeux, prête à faire mon mea culpa.
- « Je suis désolée. Est ce qu'il est trop tard pour réparer ? »
Ross F. McGregor
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Sujet: Re: Si le symbole meurt, le sentiment reste [Terminé] Jeu 1 Mar - 21:42
Le mur d’amitié façonné par Anne et Ross était détruit, laissant le vide apparaître. Dans ce néant, la relation que l’écossais entretenait avec la française défila à toute allure. Les deux amants avaient de la personnalité, ils vivaient les choses pleinement même si c’était de manière différente. C’était parfois déroutant mais toujours enrichissant. L’intelligence et la simplicité de leurs rapports faisaient leur force. Ensemble, ils n’avaient vécu que des bons moments. Se voyant peu, ils mettaient à profit le temps qui leur était imparti. Ils se chamaillaient de temps à autres mais rien de bien méchant. Comment en étaient-ils arrivés là ? C’était tellement rapide et tellement violent ! Cela n’avait duré qu’un instant mais il s’en souviendrait longtemps. Leur complicité faisait-elle déjà partie du passé ? Ross le redoutait. Il n’acceptait cependant pas cette fatalité.
Un silence assommant envahissait la pièce. C’était insoutenable mais l’écossais l’endurait. Une seconde, une minute, une heure… une éternité : le temps s’écoula, laissant Ross sur la touche. Il essayait de se mettre à la place d’Anne. Il comprenait son mal-être et devinait les sentiments douloureux qui la submergeaient, mais dans ce dédale, il s’y perdait. Comment réussir à apporter ce dont elle avait besoin ? Comment savoir ce qu’elle attendait ? Il n’en savait rien. Il était désolé, accablé, consterné par le corps inanimé qu’il tenait dans ses bras. Joue contre joue, le souffle chaud d’Anne se perdait dans son cou. Effrayé à l’idée perdre ce lien si faible, il ne bougeait plus. Au fond de sa poitrine, les battements de son coeur s’étaient mis en sourdine. La respiration retenue et la chair livide, Ross n’en menait pas large. Que faire ? Que dire ? Comment la faire réagir ?
Tout en la maintenant, il ne trouva pas mieux que de la secouer gentiment. Une main bougea alors et s’agrippa à la chemise du psychologue. Enfin un signe de vie ! L’ombre d’un sourire se dessina sur les lèvres de Ross lorsque la jeune femme ouvrit les yeux. Il ne voulait pas qu’elle ait l’image d’un homme complètement paumé. Elle semblait si triste, si désespérée, tellement perdue, tellement fragile qu’il ne broncha pas de peur de la casser ou de la perdre (dans tous les sens du terme).
- Je ne te lâche plus une seule seconde tant que tu ne seras pas sorti d’ici ! Dit-il à mi-voix en enlaçant la jeune femme avec précaution.
Le réconfort physique était souvent plus efficace que des mots dont la justesse n’était pas facile à trouver. Il ferma les yeux un court instant, inspira et expira longuement, remerciant le ciel d’avoir rendu la raison à son amie. Elle était consciente mais complètement démunie. Elle était désolée, il l’était tout autant sinon plus. L’empathie de Ross lui jouait des tours. Ce n’était pas le moment de montrer ses faiblesses. Anne avait besoin d’une personne sur qui compter. Il était là, il l’avait dit avant ; c’était encore valable.
- Il n’est jamais trop tard, Anne, jamais. Affirma-t-il doucement.
Il s’écarta légèrement de la jeune femme afin de la regarder dans les yeux. Elle devait le croire, il y croyait.
Maintenant, il fallait trouver un moyen de sortir de ce service. Ross n’avait pas envie de se battre contre l’administration de l’hôpital. Il préférait garder ses forces pour son amie. Il prit son téléphone et appela l’hôtesse en se faisant passer pour le Docteur Taylor, celui-là même qui signait les autorisations de sorties. En quittant la chambre pour aller se rafraîchir les idées, il avait vu ce nom sur le tableau de service.
- Mademoiselle s’il vous plait. Appelez une ambulance pour Miss Williams. Elle est sortante. Et dites à la personne qui l’attend de venir avec un fauteuil roulant qu’elle trouvera à l’entrée du service…On manque de personnel. Comme d’habitude quoi. Ah oui, aussi, récupérez son dossier médical pour le lui remettre. Merci. A tout à l’heure sans doute.
Il raccrocha en espérant que son petit stratagème fonctionnerait. Il avait demandé le dossier d’Anne afin de savoir tous les examens qu’elle avait subis et les traitements qui lui avaient été administrés. De plus, il fallait éviter de laisser des traces de son passage, pour la protéger de Genetic. Il n’y avait plus qu’à attendre que Sonny fasse son apparition. Il se concentra de nouveau sur Anne.
- Dans une heure tu seras chez toi. Mais tu ne resteras pas seule. D’accord ?
Ross n’était du genre à s’imposer. Si son amie le souhaitait, il resterait avec elle sauf si elle préférait la compagnie de Sonny.
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Sujet: Re: Si le symbole meurt, le sentiment reste [Terminé] Ven 2 Mar - 1:05
La seule présence de Ross m'aidait à ne pas me laisser aller. Cette main, qui tenait sa chemise aussi fermement que possible, me servait de point d'ancrage à la réalité. Les calmants ne semblaient avoir aucun effet sur ma réflexion. Je ne pouvais pas en dire autant pour les gestes qui me demandaient des efforts incommensurables. Seulement, je préférais mettre mes dernières forces dans ce signe de vie pour le retenir que d'abandonner et de laisser au monde la jouissance de m'avoir vaincu. Pour bien faire, je devrais renouer avec cette colère qui m'habitait autrefois, qui m'avait aidé dans les moments les plus sombres de ma vie à ne pas renoncer. Où était-elle ? Où l'avais-je égaré ? Elle était encore là hier et ce matin... Il y a quelques minutes encore. Mais, à cet instant, entre les bras de Ross, elle était inexistante. Je ne pouvais concevoir la suite sans elle. Qui m'obligerait à me lever le matin ? Qui me forcerait à sortir de ma prison si elle ne remplissait pas son rôle ? Je me sentais perdue.
Les mots du psychologue me firent fermer les yeux quelques secondes tellement je lui en étais reconnaissante de ne pas m'abandonner. N'importe qui d'autre aurait tourné les talons, sans aucune hésitation, après une telle crise de nerfs, mais pas lui. D'ailleurs, j'étais prête à tout pour le remercier et la promesse que je venais de faire n'était pas de simples paroles en l'air. Je pourrais même accepter de garder ce truc... ce fœtus... si tel était son désir. Bien sûr, je n'arrivais toujours pas à concevoir l'idée de devenir mère et peut être n'aurais-je jamais le déclic avec cet enfant, mais j'essayerai... Le tout était de savoir si mes essais seraient suffisants face à l'ampleur de la tâche. Je n'arrivais pas à m'occuper de jeunes adultes, capables de faire la différence entre le bien et le mal, alors un bébé... Et comment lui expliquer que ses parents ne vivent pas ensemble ? Qu'ils ne se voient que quelques jours par semaine ? Nous serions bien loin de l'archétype de la famille modèle. Surtout si nous devions constamment regarder par dessus notre épaule afin de nous assurer que Genetic ne nous pourchasse pas. Trop d'inconnues dans cette équation... Étais-je la seule à les percevoir ? Ou était-ce un moyen de me dérober ? Tout était si confus que je ne savais plus où j'en étais. Bien... Mal... Telle était la question.
Combien de temps encore les calmants feront-ils effet ? Si Ross restait à mes côtés jusqu'à ce que nous quittions l'hôpital, il aurait forcément des ennuis. Même si je n'étais plus dangereuse pour les autres ou pour moi même, il n'en restait pas moins qu'il n'avait aucun droit de me détacher. Le connaissant, il aurait certainement une parade, allant même jusqu'à prétendre être mon psychologue si cela devait arranger nos affaires. Je le mettais dans une situation délicate. J'en étais parfaitement consciente, mais je ne pouvais supporter l'idée qu'il me laisse à nouveau seule. Cependant... Il le faudrait bien un jour. Je ne pouvais l'obliger à rester 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 à mes côtés. Nous finirions par nous rendre fou l'un l'autre... Même si l'un de nous avait pris de l'avance sur ce point.
M'accrochant un peu plus à lui, je m'excusais de mon comportement allant même jusqu'à lui demander s'il n'était pas trop tard pour tenter de réparer notre amitié. Il m'affirma qu'il n'était jamais trop tard. J'en fus soulagée. Me laissant fondre dans les bras de Ross, je tournais légèrement la tête pour la blottir contre son torse. Je pouvais sentir son parfum et la chaleur de son corps. Autant de détails qui me réconfortaient plus qu'on ne pourrait le penser. Je ne savais pas de quoi serait fait l'avenir, le présent se complexifiait à chaque seconde et le passé... demeurait le passé. Je ne pouvais dire ce dont j'avais besoin si ce n'est la présence de Ross. Je ne connaissais pas ces mots miraculeux qui suffiraient à me convaincre que tout se passerait bien. Tout se mélangeait. La raison, mes désirs et mon cœur se livraient une lutte sans merci. Qui en sortirait vainqueur ? Ou plutôt était-il possible qu'il y ait un vainqueur ?
- « Merci... Si tu n'étais pas revenu... Je... Je ne sais pas ce que j'aurai fait. »
Terrain miné. Il était préférable de rester évasive sur la question de ce dont j'étais capable dans ce genre de situation. Ross n'avait pas besoin de savoir ce qui s'était passé dans la chambre de Maxime. S'il le savait, il prendrait lui même l'initiative de me remettre ces jolis bracelets ou de m'offrir une camisole accompagnée d'une chaleureuse lettre de recommandation pour un asile psychiatrique. J'en fus persuadée lorsqu'il fit en sorte que nos regards se croisent. Il semblait si confiant, si sûr que cet enfant était une bonne chose pour nous deux, que tout se passerait bien. Comment pouvait-il en être aussi certain ? Comment pouvait-il afficher cet air rassurant alors que j'étais paniquée sur tout ce qui allait se produire ? Avait-il seulement conscience qu'une fois la machine en route, nous ne pourrions plus faire marche arrière ? Apparemment, oui. Je n'étais peut être pas la plus folle...
Tout à coup, Ross se mit à s'agiter. Il prit son téléphone portable et appela quelqu'un. A l'écoute de son discours, je compris qu'il mettait en place mon évasion. Encore un hôpital à éviter à l'avenir ! Mais je ne compris pas la référence à cette mystérieuse personne qui m'attendait dans la salle d'attente. Ross était-il venu avec Wyatt ? Non, il n'aurait pas obligé son fils à l'accompagner dans son état. Mais alors qui était cette personne ? A moins que... Je ne pu suivre le fil de ma pensée jusqu'au bout puisque le psychologue m'annonça que dans une heure, je serais de retour chez moi. Un frisson me parcouru l'échine. Des flashs de ma dispute avec Sonny s'imposaient à mon esprit. Toute cette violence... Tous ces mots... J'avais honte d'avoir dû élever le ton pour faire comprendre à Sonny mon point de vue sur toute cette affaire, mais le fait est qu'à ce moment là, c'était ma décision. Ma vision des choses n'avait guère changée. Cependant, mon sort était entre les mains de Ross. Ma main se détacha de son dos pour glisser lentement vers sa main.
- « Tu as sûrement d'autres choses à faire que de t'occuper d'une... de moi. Tu as des cours peut être, n'est ce pas ? »
Cruelle vérité. Je ne pouvais empêcher Ross de se rendre à la faculté pour dispenser ses cours. Je ne pouvais être un poids même si mon seul désir était de passer le reste de la journée à l'abri, entre ses bras. Je ne devais pas être égoïste. Surtout que j'étais une adulte. Un jour ou l'autre, je devrais forcément reprendre « ma vie ». Comment ? Je n'en avais aucune idée. La seule chose dont j'étais certaine c'était que Ross en était la clé. Je ne pouvais expliquer cette impression, ce sentiment, mais cette conviction était ancrée en moi depuis qu'il m'avait assuré qu'il ne m'abandonnerait plus. J'espérais qu'il avait mesuré le poids de ses paroles avant de les prononcer car vu l'épave que j'étais, il allait avoir du boulot pour me reconstruire. Mon cerveau fit un saut et revint sur un point que j'avais zappé.
- « Tu es venu avec qui ? Qui attends dans la salle d'attente ? »
Quelque chose cogna contre l'encadrement de la porte, ce qui me fit sursauter. S'il n'y avait pas eu les calmants, j'aurais certainement pu atteindre le plafond. Ce n'est qu'en rouvrant les yeux que je m'aperçus que je les avais fermé. J'aurai mieux fait de m'épargner cette vision car la personne qui venait d'entrer était rattachée à cet accident, à cet nouvelle. Elle était le point commun de tous les évènements qui m'avaient conduit dans cette chambre. Qu'allait-il se passer cette fois-ci ?
Sonny Malone
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Sujet: Re: Si le symbole meurt, le sentiment reste [Terminé] Ven 2 Mar - 16:56
Depuis combien de temps attendait-elle, seule et désemparée dans cette salle d’attente ? et pourquoi restait-elle là ? qu’attendait-elle réellement ? car elle n’était pas idiote, elle savait pertinemment que Anne refuserait de la voir et de lui parler. Elles étaient toutes deux de forts caractères, qui avaient toujours fonctionné ensemble contre le reste du monde. Mais tournés l’un contre l’autre, c’était le chaos absolu. Elle attendait Ross. Elle attendait que cet homme revienne, et lui dise que sa tutrice n’avait rien de grave et que le bébé allait bien. Quoique pour être parfaitement honnête, c’était la vie de Anne, plus que celle de ce petit fœtus qui comptait.
Mais les choses n’allaient pas bien. Elle était là, alors qu’elle aurait dû être auprès de sa deuxième mère. Elle aurait dû l’épauler et respecter son choix, aussi difficile fût-il, mais elle l’avait conduite ici, à l’hôpital. Rien ne pouvait suivre un ordre normal pour une fois ? Non ? C’était trop demander ?
Des cris, des hurlements résonnèrent dans les couloirs. Sonny se leva brusquement et se colla à l’une des portes battantes qui donnait sur les chambres. Elle ne vit rien mais entendit clairement sa tutrice. C’était elle ! alors pourquoi Sonny ne trouvait-elle pas la force de courir l’aider ? pourquoi s’écroula-t-elle, glissant le long de la porte jusqu’au sol. Personne ne la voyait. Ou plutôt, tous faisaient semblant de ne pas la voir. Les autres personnes qui patientaient, les médecins, tous passaient devant elle sans lui prêter la moindre attention ou évitaient soigneusement de croiser son regard. Qu’ils aillent tous au diable !
Alors qu’elle était assise par terre, l’esprit ailleurs, l’une des femmes de l’accueil vint la voir. Elle ne s’agenouilla pas, se contentant de la regarder de haut.
« Vous êtes bien là pour Mme Williams ? »
Sonny hocha la tête et n’osa pas se relever. Si c’était une mauvaise nouvelle qu’elle était venue lui annoncer, autant qu’elle reste par terre, parce qu’elle savait qu’elle s’écroulerait à nouveau.
« Elle va pouvoir sortir. Elle a juste besoin de repos. Prenez son dossier et un de ces fauteuils là-bas et ramenez-la chez elle. »
Quoi ? C’était tout ? elle venait d’être percutée par une voiture, elle était – peut-être encore – enceinte, elle avait hurlé à la mort, et on la laissait partir comme ça ? Mais ils étaient dingues ? Fous ? Ou de faux médecins… oui, peut-être que tout cet hôpital était un faux, une illusion, un cauchemar dont elle allait bien finir par sortir… Et puis, pourquoi elle ? Ross ne pouvait-il pas s’occuper d’Anne ?
Il fallait qu’elle le fasse, qu’elle rende un dernier service à sa tutrice. Anne lui avait confié qu’après l’incendie du Domaine, on l’avait interné de force. Jamais elle ne supporterait de revivre ça. Elle devait vivre un enfer dans cet endroit. Si Sonny pouvait faire quelque chose, c’était bien de l’aider à sortir. Alors elle se releva, alla chercher un fauteuil roulant et traversa le couloir qui lui faisait tant peur. Et ce qu’elle entendit ne la rassura pas du tout. Anne l’avait oubliée ? Elle demandait à Ross avec qui il était venu, n’imaginant pas une seconde que Sonny avait pu rester dans la salle d’attente pour voir comment elle allait. La croyait-elle si mauvaise au point de lui faire avoir un accident et de la laisser sans secours ? Que ce soit à cause de son émotion ou de sa maladresse naturelle – et certainement de la combinaison des deux – Sonny percuta le chambranle de la porte, attirant le regard vide de sa tutrice sur elle.
Ce n’était pas de la colère, c’est différent. Pas indifférent non plus. C’était… indéfinissable. Perturbant. Violent. Angoissant. Terrifiant.
Elle était faible, cela se voyait. Epuisée et perdue aussi et cela fit un choc à Sonny que de la voir dans cet état. Ross était toujours là, silencieux. Il était auprès d’elle et la tenait dans ses bras, tout contre lui. Il y avait beaucoup de sentiments entre eux. Qu’il soit ou non le père du bébé, Sonny en avait la certitude, il ne laisserait pas tomber Anne. Mais pourquoi ne parlait-il pas ? Attendait-il qu’elle dise quelque chose ? Que Anne dise quelque chose ? Aucune d’entre elles n’oserait parler à l’autre et elles le savaient toutes les deux. Alors Sonny regarda Ross et lui lança :
« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Où est le médecin ? »
Bah oui, il fallait un médecin pour signer l’autorisation de sortie. Et là il n’y avait personne. Et là, ça fit tilt dans son cerveau. Bon sang, Ross n’oserait pas… il n’oserait pas la faire sortir en douce comme une voleuse. Anne était si faible, ça n’était peut-être pas une bonne idée.
« Vous êtes tombés sur la tête ? Vous comptez vraiment sortir d’ici sans que personne ne remarque votre manège ? »
Mais ses gestes n’étaient pas du tout en accord avec ses paroles, car déjà elle avait approché le fauteuil au plus près du lit et se tenait prête à servir d’appui pour Anne, si tant est qu’elle accepte encore son aide...
Ross F. McGregor
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Sujet: Re: Si le symbole meurt, le sentiment reste [Terminé] Ven 2 Mar - 21:48
- Pas grand-chose... Constata-t-il navré de voir son amie dans l’état lamentable où elle se trouvait.
Qu’aurait-elle fait s’il n’était pas revenu ? Rien puisque, au sens propre du terme, elle avait été pieds et poings liés. Suite à l’intervention du psychologue, Anne était désormais libre de ses mouvements. Elle avait toute sa tête mais son corps ne répondait pas vraiment. Mettant cette réflexion sous le coup du retour à la conscience et de l’émotivité, l’écossais ne s’y attarda pas plus que ça. Par contre, il ne comprit pas comment elle put imaginer une seconde qu’il l’ait abandonnée à son triste sort. Certes, Ross était sorti de la chambre très énervé ; lui-même avait pensé que leur relation amicale était arrivée à son terme. Mais, ne lui avait-il pas dit qu’il était et serait là pour elle ? Elle aurait du le croire ! Le psychologue était un homme de parole, il mettait un point d’honneur à respecter ses promesses, surtout celles faites à ses proches, même si ce n’était pas toujours une sinécure. Dans l’état d’angoisse et de stress où Anne avait été plongée, il était fort possible qu’elle n’ait pas entendu.
- Même si tu n’avais pas voulu, je serais revenu. Dit-il avec détermination.
Il n’était pas dans son tempérament de baisser les bras facilement. Même en outsider, il aurait tenté de recoller les morceaux de leur amitié volée en éclats quelques instants plus tôt. Pour elle, pour lui, en souvenir de leur belle histoire, il n’aurait pas accepté une séparation irréfléchie. Si la rupture s’averrait inéluctable, ils en parleraient ensemble, à tête reposée, afin de ne pas finir sur une note complètement négative voire destructrice.
En attendant, heureusement qu’il n’était parti ! Restée seule, l’effet du calmant dissipé, Anne aurait piqué une crise ; et dès qu’elle aurait été libérée, elle aurait sans doute sauté au cou du médecin pour le lui tordre. Et là, elle aurait dit adieu à sa liberté. Ross ne supporterait pas d’apprendre que son amie était enfermée pour paranoïa délirante et folie dangereuse, alors qu’il était en partie coupable de cet état. Quand bien même il n’était en rien responsable, il ne le tolèrerait pas. Il ne s’accommodait pas non plus de voir son amie aussi diminuée. Elle semblait si faible, c’était affligeant. Cela ne lui ressemblait guère, contrairement à sa générosité qui faisait d’elle une femme adorable. Elle ne voulait pas désorganiser le planning de son amant. Au diable l’université ! S’il était nécessaire de rester à ses côtés afin qu’elle se sente un peu moins mal, il n’hésiterait pas un quart de seconde. Les étudiants étaient en bonne santé, ils pouvaient attendre ; de plus, ils seraient ravis de voir leurs cours reportés ; ils y gagneraient en vacances supplémentaires.
- Effectivement, j’ai des choses à faire. Mais il y a des priorités dans la vie. Et, aujourd’hui, c’est toi ma priorité. Assura-t-il dans un léger sourire réconfortant.
L’écossais allait répondre à son amie lorsqu’un choc se fit entendre. Tenant toujours Anne dans ses bras, Ross frémit à son sursaut. Il détourna le regard de son amie pour le poser sur la maladroite Sonny. Ce n’était pas ainsi qu’ils passeraient inaperçu !
- T’occupes pas du médecin. Je m’en charge ! Déclara-t-il un tantinet agacé par l’attitude de la jeune fille.
Ce n’était pas le moment de faire des reproches. Il fallait faire sortir Anne de cet hôpital au plus vite. Pressé de mettre son amie en sécurité, il avait tutoyé Sonny qu’il connaissait à peine. Ce n’était pas dans ses habitudes, mais les convenances étaient le moindre de ses soucis actuels. D’ailleurs, le monde anglophone ne s’encombrait pas de ce détail. Le principal étant que Sonny ne coordonnait pas ses dires à ses gestes. Elle avait approché le fauteuil roulant près du lit, laissant ainsi croire qu’elle n’était pas entièrement contre les décisions de Ross. De toutes les façons, même si elle n’était pas d’accord, il s’en fichait royalement.
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Sujet: Re: Si le symbole meurt, le sentiment reste [Terminé] Ven 2 Mar - 23:05
- « Pas grand chose »
Ross n'avait pas tort. Sur le coup, je n'aurais rien pu faire si ce n'est pleurer toutes les larmes de mon corps. Mais qu'en aurait-il été après ? Aurais-je eu l'autorisation de quitter l'hôpital et rentrer chez moi dans un tel état d'esprit ? J'en doutais fortement. Ils m'auraient certainement transféré dans le service de psychiatrie pour constater l'état déplorable dans lequel je m'étais enlisée. S'il m'avait ensuite fallu révéler mon histoire, cela ne faisait aucun doute que ce serait la dernière fois où je verrais la lumière du jour en tant que femme libre. L'image d'une femme enfermée dans une petite chambre capitonnée me vint à l'esprit. Je pouvais très bien l'imaginer. J'étais même capable de ressentir ce qu'elle ressentait. La solitude. L'incompréhension. Le replis sur soi même. Mais surtout, ce sentiment que tout était fini, que l'espoir était parti en fumée.
Dans d'autres circonstances, j'aurais très certainement souri aux mots du psychologue. Savoir qu'il serait revenu même si je ne le désirais pas m'aidait. Je ne saurais dire comment, mais je me sentais en sécurité. Il ne me laisserait pas tomber. Il se battrait pour moi, pour me faire sortir de là. Les écossais étaient têtus.... J'aurais dû m'en souvenir.
- « Je ne le mérite pas. Je t'ai dis des choses... Jamais, je n'aurais dû. »
Je sentais les larmes me monter aux yeux et fis tout pour ne pas me laisser aller. Ross était là. Je n'avais aucune raison de pleurer. Ah oui ? Tu en es sûre ? Pourquoi te sens-tu si triste ? Pourquoi es-tu constamment en colère ? Tous ces signes ne sont-ils pas l'expression d'un mal être ? Je devais me l'avouer. Tout n'allait pas bien. Je n'allais pas bien.
- « Je crois que j'ai besoin d'aide. J'étais bien trop entêtée et trop obnubilée par ma vengeance contre Genetic pour me l'avouer, mais maintenant... Je me sens acculée. Je ne maîtrise plus rien. Je me sens démunie et impuissante. Je ne sais pas comment m'en sortir et ça me terrifie. »
Comment pourrais-je sérieusement songer à élever un enfant dans de telles conditions ? Je n'étais pas certaine de pouvoir m'occuper de moi même. Alors m'occuper d'un petit être sans défense ? Cela me semblait au dessus de mes forces. En quoi un bébé m'aiderait à aller mieux ? Pour ne pas repartir dans de sombres pensées, je me blottis davantage contre Ross. J'avais froid et sa chaleur me réconfortait. Les battements de son cœur m'aidaient à garder le mien dans un état proche du calme. Qu'arrivera -t-il lorsqu'il devra se rendre à la faculté ? Les cours avaient repris et il devait certainement travailler cet après midi. Je devais essayer de prendre sur moi. Si je l'empêchais d'aller et venir où bon lui semblait, là c'est sûr, il s'en irait. Ross était le type d'homme qui ne souhaitait pas s'engager. Je devais me protéger pour le protéger à son tour de mon affection grandissante afin de protéger notre amitié. Ça faisait beaucoup de protection, non ? Surtout quand on voyait que dans les moments clés, on n'hésitait pas à l'oublier... Le retour de bâton était plutôt sévère !
Seulement, j'étais sa priorité ! J'écartais volontairement le « aujourd'hui » pour ne pas entacher ce moment de tendresse et ne pas me questionner sur l'avenir. Cet avenir que je redoutais tant. Cet avenir qui semblait si incertain. N'existait-il pas chez Genome quelqu'un capable de prévoir un minimum ce qui allait se passer ? Je doutais qu'une telle personne puisse exister. Auquel cas, elle n'aurait plus un instant de tranquillité. J'allais devoir avancer en aveugle, en priant pour que tout se passe bien. Pour le moment, je m'interrogeais sur la personne mystérieuse... Qui était-elle ? J'eus ma réponse avec l'apparition fracassante de Sonny.
Que dire ? Que faire ? Rien... Je ne pouvais rien faire si ce n'est demeurer silencieuse. Les souvenirs tournaient dans ma tête sans que je puisse les stopper. J'entendis à nouveau le klaxon... Puis je vis la voiture arriver sur moi, suivis de cette douleur intense avant de tomber dans un trou noir. Le bruit du fauteuil avait réveillé ces mauvais souvenirs. Je me mis à inspirer profondément pour ne pas paniquer sachant pertinemment que ça ne nous aiderait pas à quitter cet endroit. Du moins, si on arrivait à sortir avant que Sonny ne rameute tout les infirmiers ici... Je les laissais converser tous les deux, me sentant trop loin de ce qui se passait dans cette chambre. Drôle de sensation. Mon corps se trouvait bien dans la pièce, mais mon esprit, non. Il ne voulait plus réfléchir. Il se contentait d'assister à la scène en simple spectateur.
Mon regard se posa sur la jeune fille. Elle semblait chercher quelques chose dans mon attitude... Une approbation peut être ? Un geste ? Le fauteuil était entre nous et elle s'était penchée vers moi. Avec difficulté, ma main se dirigea vers son visage et mon geste se termina par une légère caresse sur sa joue avant de retomber mollement. Mes yeux avaient suivi cet effort sans montrer la moindre émotion particulière. Pourtant, je voulais la remercier de m'aider, même si intérieurement, je n'arrivais pas à la détacher de ces souvenirs cauchemardesques. Trop de contradictions. Trop d'incertitudes. Je préférais me taire. Une seule parole de travers et tout serait fini, brisé entre nous. Le silence était la meilleure chose à faire. Pour le moment...
Ross F. McGregor
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Sujet: Re: Si le symbole meurt, le sentiment reste [Terminé] Dim 4 Mar - 16:08
- Mais si, bien sûr que tu le mérites ! Objecta-t-il gentiment en déposant un doux baiser sur son front.
Elle était son amie, sa meilleure amie. Leur amitié était choisie et réciproque. Pourquoi en doutait-elle ? A cause d’une engueulade et d’un parfait désaccord ? Certainement, car le sujet était loin d’être anodin. De plus, c’était la première fois qu’ils se prenaient autant la tête, laissant leur colère l’emporter sur la raison. Mais comment pouvait-elle se sous-estimer de la sorte ? Cette réaction était inhabituelle chez la jeune femme. Cela dit, depuis son arrivée à l’hôpital, rien ne se déroulerait normalement. Dans une situation d’urgence, il était courant de voir la véritable personnalité d’un individu ressortir. Ce dernier s’étonnait souvent de découvrir des réactions insoupçonnées, bonnes ou mauvaises. Peut-être que c’était le cas d’Anne ? Ross penchait pour cette hypothèse. Il ne pouvait pas croire qu’elle ait dissimulé cette faiblesse de caractère pendant autant d’années.
Trop de peur, de stress, d’angoisse, de douleur, trop de choses à gérer ; il y avait de quoi perdre la tête. La femme combative se laissait abattre sans réagir. Elle ressemblait à un pauvre animal égaré après avoir été abandonné par ses maîtres. Complètement perdue, elle semblait vouloir se laisser mourir. C’était étrangement déconcertant, déchirant. L’écossais souffrait de la voir ainsi mais contrairement à la française, ça le motivait. Il avait envie de se battre pour deux. Il ne la laisserait pas faire, il ne l’abandonnerait pas. Il l’aiderait à se retrouver, à se reconstruire. Cela risquait d’être long et difficile, mais il s’y appliquerait. S’il le fallait, il prendrait de la cocaïne pour tenir la distance. Non, peut-être pas ; ce ne serait pas un bon exemple pour son fils. Non mais n’importe quoi ! Toute cette histoire retournait le cerveau de Ross. La drogue n’était pas un remède miracle, au contraire. Il fallait réfléchir sainement en évitant de se laisser guider par ses sentiments.
C’était pour cela qu’il était déconseillé d’aider des proches lorsqu’il des problèmes de ce genre survenaient. Mais qui mieux que Ross pourrait soutenir Anne ? Un autre psy, sans doute, mais encore fallait-il qu’il soit brillant ! Dans l’état où était Anne, l’écossais ne la laisserait pas aux mains d’un inconnu. Ce dernier risquerait de faire plus de dégâts qu’il n’y en avait déjà. Pire, s’il allait dans son sens, l’enfant à venir ne verrait jamais le jour. Qu’il soit ou non le père, Ross ne laisserait pas Anne avorter sans s’y opposer. Connaissant la fibre maternelle de son amie, il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour la convaincre du contraire. Et plus encore maintenant qu’il en avait déduit qu’il était le géniteur. Ils n’étaient pas mariés, ils ne vivaient pas ensemble, mais ces piètres raisons matérielles étaient irrecevables. Un enfant à seulement besoin d’amour, et de l’amour, Anne et Ross en avaient à revendre. Pour un meilleur équilibre, il avait également besoin d’avoir des parents qui s’aimaient. Anne et Ross ne s’aimaient-ils pas ? Si, alors que ce soit d’amitié ou d’amour, ce n’était pas le plus important.
- Je crois aussi…
Anne n’allait pas bien, c’était une évidence. Ross était là, il l’aiderait à y voir plus clair, à retrouver son équilibre. Il s’avançait sans doute un peu trop, mais il était persuadé qu’il y arriverait. Quoi qu’il soit, il ne lâcherait pas facilement. En verbalisant son mal-être, Anne avait déjà fait un pas vers l’apaisement de ses souffrances. C’était un pas de fourmi mais il n’était pas négligeable. En faisant front à ses problèmes, c’était le meilleur moyen d’y remédier sinon de trouver une échappatoire.
-… et j’aimerais bien être ton assistant, si tu es d’accord.
Ross avait pesé ses mots. Il était persuadé qu’Anne avait assez de ressources pour se relever, il voulait l’en persuader. L’écossais la pousserait simplement à remonter la pente.
- Et tu sais Sonny, Emmanuel Pierre, un illustrateur français a dit : « L’ami véritable reste à tes côtés, se mettant en péril pour mieux te servir. Et si le temps et les vicissitudes t’accablent, il se partage en quatre pour te garder entier. » Je pense être cet ami. Ajouta-t-il à l’intention de la jeune fille afin qu’elle comprenne qu’il était déterminé à faire sortir Anne de ce service, même s’il ne respectait pas la procédure habituelle.
Sonny Malone
La Fille de vos Rêves… ou de vos Cauchemars
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Sujet: Re: Si le symbole meurt, le sentiment reste [Terminé] Dim 4 Mar - 23:16
Ross semblait déterminé à aider Anne, coûte que coûte, y compris en ne suivant pas la procédure et l’hésitation de Sonny l’avait visiblement énervé. Il lui répondit un peu sèchement, disant qu’il s’occupait du médecin. Sous-entendu, « mêle toi de tes affaires, donne un coup de main et tais toi ». Ou pas. Elle ne connaissait pas cet homme et était à fleur de peau. Peut-être n’avait-il rien contre elle. Ou peut-être que si, peut-être que Anne lui avait dit qu’elle était la cause de son accident. Peut-être qu’il la détestait lui-aussi. Ou peut-être qu’il était juste plus préoccupé par l’état d’Anne que par celui de Sonny. Oui, cette solution était la plus probable.
L’heure n’était plus aux questions. Il fallait qu’elle agisse, il fallait qu’elle répare ses erreurs monstrueuses, il fallait qu’elle prouve à Anne qu’elle avait été sincère, quand elle lui avait dit qu’elle l’aimait et la considérait comme sa mère. Et pour cela, il fallait l’aider à sortir d’ici parce que c’était ce qu’elle voulait. Il fallait aussi qu’elle respecte son silence. Qu’elle se taise, pour une fois dans sa vie. Il fallait qu’elle respecte ses choix et qu’elle se mette en retrait. Alors elle proposa une aide silencieuse à sa tutrice, se penchant assez pour la laisser libre d’accepter son aide ou de la repousser.
Elle ne s’attendait pas à la réaction d’Anne. N’osant pas la regarder dans les yeux, Sonny ne la vit pas tendre la main vers son visage, mais elle sentit ses doigts caresser sa joue. Juste un effleurement. Mais c’était tellement… tellement… loin de ce qu’elles avaient vécu. Mais le contact fut vite rompu. Elle laissa retomber sa main au moment où leurs regards se croisèrent. C’était trop tôt. Trop tôt pour réparer ce qui avait été brisé entre elles… ce n’était ni le lieu, ni l’endroit. Et elles avaient des choses à régler qui ne pouvaient l’être avec Ross de l’autre côté du lit.
Ce dernier semblait avoir pris les choses en main. Il parla tendrement à Anne, comme si Sonny n’était pas là. Il lui affirmait qu’elle était sa priorité, qu’il veillerait sur elle… Au moins elle ne serait pas seule. Elle avait un homme prêt à beaucoup de choses plus ou moins raisonnables pour elle. Puis il s’adressa de nouveau à Sonny, en lui citant un illustrateur français. Eut-il la moindre idée de la claque qu’il venait de lui mettre. Sa petite phrase parlait d’amitié, des dangers qu’on était prêt à affronter pour aider l’autre… il se décrivait ainsi, mais elle… elle n’avait rien appliqué de ce précepte et elle se sentait de moins en moins à sa place dans ce couple qui se formait sous ses yeux.
Il était temps d’agir maintenant. D’un regard, Ross lui donna le feu vert. Il faut sauver Anne Williams, le film commençait dés à présent. Guettant tout signe de rejet de la part de sa tutrice, Sonny passa un bras autour de sa taille, sans rien dire, l’invitant juste d’un regard à acquiescer ou à refuser. Puis tout doucement, comme si elle était une poupée de porcelaine, elle l’aida à se redresser. Elle était faible, il fallait qu’elle la soutienne. Alors Sonny ne la lâcha pas et joua son rôle de soutien du mieux qu’elle put et lui permit de prendre place dans le fauteuil. Cela ne réglait pas leurs affaires, mais qu’importe.
Elle interrogea alors Ross du regard. Ils ne pourraient pas emprunter le même chemin qu’à l’aller, les infirmières ne seraient pas dupes. Ils devraient passer ailleurs. Mais les hôpitaux étaient un véritable labyrinthe, alors sur ce coup-là, elle devait s’en remettre entièrement à Ross. Dès l’instant où le couloir serait « sécurisé », sans un médecin zélé, ils pourraient quitter la chambre et commencer un jeu de cache-cache dans le bâtiment.
Sonny se plaça derrière le fauteuil et se tint prête à le pousser, à courir aussi vite qu’il le faudrait. Sans vraiment s’en rendre compte, elle posa sa main sur l’épaule de sa tutrice et la serra quelque peu. Elle était là, au moins pour cette fois. Elle voulait le lui faire comprendre. Elle regarda Ross. Désormais, elle s'en remettait à lui. Elle n'improviserait plus, elle se contenterait d'obéir et de l'aider, car lui-seul semblait réellement en mesure de protéger Anne, du monde et d'elle-même.
« Ross, je vous suis. J'ai confiance en vous et je sais que vous ne mentez pas. Je crois que c’est maintenant ou jamais. »
Ross F. McGregor
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Sujet: Re: Si le symbole meurt, le sentiment reste [Terminé] Mar 6 Mar - 22:44
Les deux jeunes femmes n’échangèrent aucune parole. Ce que l’écossais avait soupçonné, alors qu’il était avec Sonny dans la salle d’attente, semblait se confirmer ; il y avait un malaise entre les deux jeunes femmes. Ne connaissant pas les raisons du différent qui les opposait, il ne tenta rien pour briser la glace. De toutes les façons, ce n’était ni le lieu, ni l’heure. Ross avait une idée principale en tête : sortir Anne de ce service d’urgence qui l’avait maltraitée. Dans une telle situation, il n’était bon de le contrarier. Si Sonny avait quelque peu agacé le psychologue par sa maladresse et ses reproches, elle s’était bien rattrapée en se remettant à ses décisions. Il approuva ce qu’elle dit d’un signe de tête.
Sonny avait mis sa rancœur de côté afin d’aider sa tutrice à rejoindre le fauteuil roulant. Avec le soutien de l’écossais, le transfert se fit sans encombre. Avant de prendre la poudre d’escampette, Ross s’assura que la jeune fille avait le dossier médical d’Anne. Il le prit et sortit sur le pas de la porte. Il observa quelques secondes les allées et venues du personnel médical qui était sur le pied de guerre. Il n’avait pas fait attention, mais le service était en alerte. D’après ce qu’il comprit, un grave accident avait eu lieu et il fallait faire de la place. Ca tombait très bien !
- C’est bon, allons-y ! Dit-il en indiquant de la main de le suivre.
Les trois comparses n’empruntèrent pas la sortie des urgences, c’était trop risqué. Ils arpentèrent plusieurs couloirs et prirent l’ascenseur jusqu’au sous-sol, là où la voiture de l’écossais était garée. Sonny et Ross aidèrent Anne à s’asseoir sur le siège passager.
- Dans peu de temps tu seras chez toi Manouchka. Assura-t-il à la jeune femme en esquissant un sourire et en déposant un baiser furtif sur ses lèvres.
Anne semblait tellement faible ! A travers ce baiser, il avait envie de lui transmettre un peu de son énergie. Une fois les trois comparses installés, ils quittèrent l’hôpital sans encombre. Entre temps, Sony avait demandé à Ross de la déposer en ville, prétextant un rendez-vous. Il n’y croyait pas mais Anne n’ayant émis aucune objection, l’écossais s’exécuta sans rien dire. Il n’omit pas de la remercier de son aide et surtout de l’avoir prévenu. Quant à son amie, elle souhaitait rentrer chez elle. Ce n’était pas ce que Ross avait envisagé mais il ne la contraria pas. Elle avait eu sa dose aujourd’hui ! Il aurait été inconvenant d’en rajouter. Par contre, comme il lui avait déjà signalé, il n’était pas question qu’elle reste seule. Aussi décida-t-il d’annuler ses cours de l’après-midi à l’université. Le secrétariat de l’Ucla ne fut pas ravi d’apprendre le report des cours mais Ross s’en fichait éperdument. Son amie avait besoin de lui, c’était tout ce qui importait pour le moment. Comme il lui avait dit : aujourd'hui Anne était sa priorité.