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؏ NOM ؏ Chambers ؏ PRENOMS ؏ Drew ؏ DATE DE NAISSANCE ؏ 15 avril 1993 ؏ EMPLOI/ETUDES ؏ Lycéen : Drew a redoublé une fois, pour son manque d'investissement, c'est à dire ses absences à répétition, son insolence en classe, et son intérêt relatif pour le travail, malgré des capacités tout à fait normales d'apprentissage ؏ GROUPE & RÔLE ؏ I live my life ؏ POURQUOI CE GROUPE ؏ Il est trop jeune pour prendre part à une organisation, il ne gère même pas le fait de posséder un pouvoir ؏ STATUT SOCIAL ؏ Aisé, depuis que sa mère s'est remariée avec un riche industriel

؏ CARACTÈRE & PHYSIQUE ؏

Peut-être que s'il s'en donnait la peine, Drew pourrait s'en sortir à l'école, et même trouver une gentille fille de son âge qui voudrait bien de lui, parce qu'il n'est ni idiot, ni foncièrement laid.
Plutôt grand pour son âge, l'adolescent a un corps fait pour être athlétique, qu'il n'entretient que pour le cacher sous des vêtements amples et confortables, légèrement négligés. Si sa mère ne rechigne jamais à user de la carte de crédit de son mari pour prendre soin de son fils, ce dernier s'y répugne - et il se vêtirait bien toujours du même jean à peine retenu par une chemise à carreaux trop large, histoire de montrer son désaccord. Malheureusement, cet ensemble-là, parfait pour une crise de rébellion, Mme Chambers l'a jeté, essuyant par la même occasion une énorme colère, servie avec son lot d'insultes et de bouderies.
A vrai dire, ce ne sont guère les habits qui posent problème à notre jeune homme de 18 ans. Il se sent mal dans sa peau, et pas seulement à cause des changements hormonaux qu'il subit du fait de sa croissance normale. Il se sent différent, et pas à cause de son beau-père plein aux as, qui n'hésite pas à étaler sa richesse à travers lui. Sa véritable nature implique en réalité des sautes d'humeur qu'il a beaucoup de mal à gérer, et ainsi, en résulte un caractère difficile, pour ses parents comme pour ses rares amis ou connaissances. Il est complètement perdu face à cette révélation, et tente tant bien que mal de retrouver un équilibre, ce qui passe par un comportement dissipé et perturbateur.
Au fond, il aimerait juste comprendre ce qui lui arrive, mais il est trop têtu pour l'avouer, et préfère s'isoler volontairement. Pour le reste, il est parfois plus franc qu'il ne le faudrait pour son propre bien. D'ailleurs, ses yeux ont du mal à mentir : il a un visage très expressif, aux traits presque encore enfantins.

؏ CAPACITÉ ؏

Drew est capable d'assimiler le pouvoir physique d'un mutant qu'il viendrait à toucher. Ce phénomène ne se produit que par contact direct avec la peau, et dure vingt minutes au maximum pour le jeune garçon, qui ne sait pas encore suffisamment bien contrôler ce don pour exploiter tout son potentiel - qui pourrait durer jusqu'à une heure avec beaucoup de maitrise.
Si le Chambers copie un don trop longtemps, volontairement ou non, il subit d'ailleurs de grosses migraines, une perte totale d'équilibre, ou un gain d'appétit énorme. Il se vide totalement de son énergie, proportionnellement avec le temps d'absorption de la capacité de la personne imitée. Les 48h suivants ces efforts, Drew ne peut plus réutiliser son pouvoir, il a besoin de récupérer, et ceci se traduit physiquement par les symptômes d'une fatigue démesurée, accentuée par le manque d'expérience. Avec de l'entrainement, il pourrait surement récupérer plus vite, dans les 24h suivant l'usage de son don au minimum néanmoins.
Pour l'instant, le pouvoir qu'il reçoit lui parait impossible à gérer : il s'exprime de façon totalement aléatoire, dangereuse pour les autres et lui-même, ce qui le terrifie complètement. Avec la pratique, il pourrait néanmoins réussir à choisir ses degrés d'expression, et commander à son corps ses réactions.
Ce pouvoir a aussi pour limite l'assimilation des pouvoirs psychiques : il ne pourra jamais copier ceux-ci, qui lui restent totalement hermétiques. Il ne peut copier qu'un seul pouvoir à la fois, ce qui suffit largement à le paniquer, de toute façon.

؏ HISTOIRE ؏

Ԇ ENFANCE Ԇ (15.04.93 au 23.06.04)

Drew nait de parents aimants, et malgré leurs moyens modestes, il ne manque de rien. Mary et Stuart se rendent bien compte que leur fils est isolé à l'école, et qu'il a peu d'amis, mais il ne s'inquiètent pas de cette différence. C'est un garçon sage, généreux et serviable, qui fait de son mieux pour les satisfaire. Drew grandit en développant une relation très forte avec son père, qui compense largement la solitude du petit garçon en passant son temps libre à jouer avec lui. Il a des valeurs solides, et les inculque à son fils avec une grande patience.

Avec les deux bonnes notes qu'il venait de recevoir, Drew était sûr d'avoir un accueil ravi à la maison... Il adorait particulièrement l'expression de fierté qu'il percevait toujours sur le visage de son père, quand il passait la porte, avec son bulletin brillant, qu'il travaillait dur pour obtenir, juste pour ce plaisir. Il ne comprenait pas grand chose à l'utilité de s'instruire, si ce n'est cela : que son père y accordait de l'importance. Alors, il faisait comme si la géographie et les mathématiques l'intéressaient, et donnait le meilleur de lui-même pour réussir.
Il n'avait pas énormément de mal, d'ailleurs, la nature l'ayant gâté d'un esprit plutôt vif, et bien organisé. L'ordre le rassurait, comprendre avait un effet apaisant sur son quotidien sans obstacles, qu'il contrôlait parfaitement.

- Si deux droites sont perpendiculaires à une troisième alors... Oui, Drew ?
- Elles sont parallèles entre elles, répondit avec un sourire confiant le garçon, à la question de son instituteur.

Deux coups sur la porte de la classe interrompirent le cours brutalement, et l'ensemble de la classe se leva pour faire bonne figure devant le directeur qui s'annonçait dans la pièce. Les yeux de l'homme, graves, se posèrent sur le jeune Chambers, et provoquèrent un frisson désagréable dans sa nuque. Quelque chose n'allait pas, il pouvait le sentir.

- Monsieur Chambers, veuillez ranger vos affaires, et me suivre dans mon bureau, déclara le haut personnage, d'une voix autoritaire comme à son habitude, mais où perçait une pointe de tendresse qui ne s'y était jamais entendu de mémoire d'élève.

Ses camarades se tournèrent vers Drew, qui rougit immédiatement, sous l'effet de cette popularité non désirée, mais aussi d'une autre émotion, incontrôlable, qui lui brulait les yeux. Il ravala néanmoins les larmes qui se présentaient sans raisons valables, pour s'éviter une réputation ridicule. Le temps s'était soudain distendu, comme s'il n'allait jamais finir de faire son sac, les cahiers s'amoncelant dans son esprit d'une façon aléatoire, à laquelle il ne pouvait pas échapper. Le professeur dut venir l'aider, pour ne pas qu'il confonde son livre avec celui de son voisin, et ferme enfin le tout dans un claquement sonore.
Il suivit alors le directeur en silence, dans les longs couloirs, qui paraissaient devenir plus étroits à chaque pas, réduisant sa liberté de respirer, de s'enfuir - et il en avait envie comme jamais. Au fond, dans le bureau, il percevait une ombre horrible, qui allait s'abattre sur lui sans recours.
Plus il s'approchait, plus il les entendait, ses sanglots déchirants, qui provenaient tout autant de son âme que du fauteuil qui l'attendait, dos à la porte.

- Oh Drew, ton père... Mary ne put rien dire de plus, en voyant venir son enfant, portrait si vivant, lui, de l'homme qu'elle venait de perdre.

Les murs se mirent à tourner, et le garçon abandonna d'un coup sa résistance, ses ambitions, tout espoir pour son avenir. La disparition de celui qui était son modèle emportait avec lui son enfance, et il ne serait plus jamais le même.
Il se détestait désormais de comprendre. Il regretta d'avoir levé la main pour donner une stupide réponse de géométrie, alors que son père rendait son dernier souffle, hors de sa portée.

Ԇ ADOLESCENCE Ԇ (23.06.04 au 01.01.10)

A partir du jour où son père disparait, Drew se renferme complètement, et laisse sa mère impuissante face à ce chagrin qui ne s'exprime que par le silence et la défiance. Elle essaie néanmoins d'agir au mieux dans son intérêt, et finit après deux ans par lui offrir un nouveau modèle, en épousant en secondes noces un homme qui saura apporter à la petite famille un revenu qui leur fait cruellement défaut. Malheureusement, le courant ne passe pas du tout entre l'adolescent et ce beau-père dont il n'a jamais voulu, et qui ne sait pas comment s'occuper d'un enfant.

N'écoutant pas plus les propos de sa mère que ceux de son nouveau beau-père, Drew soupira au-dessus de son assiette : il fallait manger des tripes, parce que le mari de sa mère aimait les tripes, et qu'il décidait désormais de tout ce qui se passait à la maison. Drew avait horreur de ça, comme il avait horreur de tout ce qui venait de celui qui prétendait remplacer Stuart Chambers. Finalement, dégoûté par l'aspect gélatineux de la viande, il laissa retomber sa fourchette sur la table d'un geste provocateur.

- Drew, mange, c'est un morceau de choix, très cher, recommanda sa mère d'un ton presque suppliant. Le jeune garçon savait bien les efforts qu'elle déployait pour que tout se passe bien, mais il ne trouvait pas la force de l'aider. Tout n'était plus que question d'argent, comme s'il était la clé du pouvoir... Pouvoir qui n'était pas de son côté, en tout cas.
- C'est dégueulasse, constata-t-il, calmement, sachant parfaitement doser le ton de sa voix pour qu'il sonne en défi.
- Tu parles pas comme ça à ta mère ! Gronda instantanément l'imbécile, qui réagissait toujours tel que Drew l'espérait. J'vais t'apprendre à te tenir à table, moi, puisqu'on t'a pas élevé comme il fallait !

Drew fulmina. Les piques qu'il lançait contre l'éducation de son père était plus qu'il n'en pouvait supporter, aggravées par le silence honteux de sa mère qui baissait la tête. Il était hors de question que lui se soumette à ces insultes à la mémoire du seul homme qu'il respectait.
Il se leva d'un bond, furieux, renversant d'un coup le plat sur la table. Sa mère se redressa immédiatement, se servant de ce prétexte pour retrouver une contenance, en murmurant son prénom avec réprobation.

- C'est ça, monte dans ta chambre, et révise un peu tes leçons, histoire que je n'continue pas à payer des cours particuliers pour rien ! Hurla son beau-père derrière lui, tandis qu'il s'élançait dans les escaliers, tremblant de colère retenue.

L'argent, l'argent, toujours l'argent ! Son père, son vrai, lui avait offert des choses bien plus estimables... Comment sa mère pouvait-elle penser qu'un chèque compenserait ce qu'il avait perdu des années auparavant ? Ce vide, énorme, qu'il ressentait, ne semblait jamais pouvoir se combler, et le rongeait de l'intérieur.

Ԇ CHAPITRE 1 Ԇ (du 01.01.10 au 22.05.10)

Alors que le jeune garçon est en pleine crise, sa nature de mutant se révèle, bouleversant encore plus sa quête d'identité. Déjà qu'il ne s'y retrouve pas bien, entre son beau-père, ses études pour lesquelles il ne s'enchante pas, et son corps qui change, voilà qu'il se met à attraper un sale don au contact de son meilleur ami - et dernier ami pendant un long moment. En effet, en touchant le garçon, le Chambers se retrouve soudain transformé en glue humaine, capable de coller tout ce qu'il saisit dans ses mains : c'est l'horreur totale, d'autant plus que ce pouvoir le vide de toute énergie.

Il finit par accuser son pote, qui ne peut qu'être responsable de son état, et entre dans une colère noire qui met fin à leur amitié. Peu après il découvre le contrecoup de cette expérience, en restant alité plusieurs jours pour se remettre de ses émotions. Paniqué par cette découverte qu'il ne s'explique pas, Drew refuse à partir de là tout contact physique avec ses pairs : dur quand on atteint l'âge de l'adolescence, et ses variations hormonales.

Allongés sur la pelouse du collège, les deux adolescents profitaient des beaux jours qui venaient d'arriver. Après un cours de philosophie avec Mme Hickman, ils avaient bien besoin de décompresser, et de commenter un peu ses manies de vieille fille. Jordan prenait des poses suggestives, sensées imiter les mimiques de l'enseignante, Drew, bon public, plié de rire à ses côtés. Un groupe de filles passa devant eux, avec l'air hautain qu'avaient toujours ce genre de demoiselles qui commençaient à prendre totalement conscience de leurs charmes grandissants. L'une des blondes, les bras chargés de livres, leur adressa un regard méprisant, se retournant immédiatement vers sa voisine pour lui murmurer quelques moqueries.

- Je crois que tu lui as tapé dans l’œil, s'exclama le roux, en donnant une tape amicale, sûrement voulue encourageante, sur le dos de son compère.

Drew grogna, suivant des yeux la silhouette plutôt agréable de sa détractrice. Elle était plutôt agréable à regarder, et sa mine narquoise n'était pas sans attrait, en réalité. Un sourire un peu bête s'élargit sur la face de l'adolescent, songeant à des possibilités qu'il n'aurait même pas du envisager.

- Bon, faut qu'on s'casse ! L’Arithmétique commence dans cinq minutes... Commença Drew, en soupirant, se levant pour regarder son compère de haut.
- Quoi ? Le coupa Jordan, avec une surprise dure à cacher. Tu comptes y aller ?
- Non, répondit Drew en éclatant de rire, satisfait de sa plaisanterie. Justement, faut qu'on sorte avant que le gardien ne nous choppe, conclut-il en lui tendant la main pour l'aider à se relever. La perspective de sécher, sous le nez de l'autorité, l'excitait déjà.

Son ami s'aida de la poigne forte du Chambers pour se tenir à ses côtés, et réajusta son col, comme pour préparer la fuite avec plus de classe. Drew frotta ses paumes l'une contre l'autre, autant pour symboliser le sale coup qu'il allait commettre que pour soulager sa peau qui le picotait légèrement.
Il se baissa une dernière fois pour attraper son sac, et d'un geste ample, s'apprêta à le jeter sur son épaule... Mais le tissu resta collé dans son élan.

- Que... C'est quoi c'te blague ? Jordan ? Il écarquilla les yeux : la ruse n'était pas mauvaise, mais à quel moment Jordan lui avait mis de la glue sur les doigts ? Et pourquoi faisait-il cette tête livide, de demeuré abasourdi, si cela avait été le cas. Jor' ?

Le Johnson resta interdit, incapable d'avouer quoique ce soit sur le phénomène qui venait de se produire. Pris soudain d'un vertige, Drew s'appuya à un tronc d'arbre proche, sans demander plus d'explications... Il y resta englué, avant de s'en écarter aussi vivement : la tête lui tournait, une migraine carabinée se pointait.

- Jordan b*rdel, tu m'as fait quoi ? Se mit-il à crier, avec une panique grandissante, en constatant la substance pâteuse et ignoble qui recouvrait désormais son épiderme.
- C'est impossible, je... Commença à bafouiller le jeune homme, totalement égaré par la constatation de l'état de son meilleur ami, s'approchant pour lui venir en aide.
- Me touche plus ! Qu'est-ce que c'est que ça ? T'es malade, sale monstre ! M*rde... N'importe quoi qu'il essayait d'aggriper, Drew y restait scotché, comme un rouleau de patafixe manuel.

Il aurait sans doute pu essayer de relativiser, et d'expliquer logiquement la chose, s'il n'avait pas connu aussi bien son acolyte, pour deviner à son visage que la situation était réellement grave. De quelle genre de maladie l'avait-il contaminé ? Il lui lança un regard méprisant, dégoûté, sans retour en arrière. Puis il partit en courant.
Rentrant chez lui, il dut mettre quelques dizaines de minutes à décrocher ses clés de ses paumes baveuses, et plus encore pour chaque objet qu'il touchait, jusqu'à ce qu'il s'écroule de fatigue dans le canapé, tombant dans un sommeil de plomb, réparateur certes, mais seulement pour le corps. L'esprit de Drew était alors devenu au-delà de toute aide immédiate, et il n'accepta la présence de personne à son chevet, durant les cinq jours suivants où il fut se tenir alité.

Le quotidien du jeune homme est épouvantable - relativement parlant, par rapport à ses camarades, et non aux autres mutants déclarés qui entrent dans une période plus que difficile. Drew devient le rebelle par excellence, reniant toute forme d'autorité, et cherchant dans chacun de ses écarts un échappatoire, pour fuir la vérité. Il ne veut surtout pas comprendre, et il le désire ardemment. Cette contradiction qui se livre une lutte constante en lui le déstabilise totalement.

La porte claqua, et Drew tourna un regard vide vers sa mère qui venait d'entrer dans sa chambre, une expression inquiète sur le visage. Cela faisait des jours qu'il était enfermé là, vêtu de gants en plein été, les volets fermés, hors du temps. Mary commençait à paniquer, et ce n'était que les insultes intolérantes de son époux qui l'avaient convaincues de ne pas l'emmener voir un psychologue de force.

- Tu ne veux pas sortir, mon poussin ? Demanda-t-elle, en essayant de prendre une voix douce, où tremblait toute son hésitation de mère. Je ne comprends pas pourquoi tu ne veux plus voir Jordan, il est passé plusieurs fois, il a appelé... Tu devrais lui parler, quoi qu'il se soit passé entre vous...
- J'te demanderai tes conseils en matière de relation quand tu divorceras, répliqua Drew, en s'enfonçant plus encore sous ses draps, comme s'il voulait se faire disparaître. Fous-moi la paix !
- Enlève au moins ces gants ! Insista-t-elle, pour son bien. Et Drew ne s'y trompait pas, il voyait qu'elle faisait des efforts, mais il n'arrivait toujours pas à lui pardonner. De quoi tu aurais l'air si quelqu'un te voyait avec ces vieilles guenilles !
- De quoi tu crois que tu as l'air avec ton vieux con, toi ? DEGAGE JE T'AI DIT ! Hurla-t-il en jetant un coussin contre le battant de la porte, qu'elle referma aussitôt.

De l'autre côté, il l'entendit se cogner contre le mur, et se mettre à sangloter doucement. Une boule se forme au creux de son estomac... Lui faire du mal en la rejetant ne l'amusait pas, mais ne lui en aurait-il pas fait encore plus s'il l'autorisait à le toucher ?

Expulsé de plusieurs écoles, pour divers motifs peu louables, Drew ne doit d'être encore en cours que grâce au porte-monnaie chargé de son beau-père, qui ne tolère pas l'échec. Pour le forcer à acquérir une éducation, et à ce qu'il voit comme une façon de se débarrasser de lui, Drew ne déteste qu'encore plus le mari de sa mère, et fugue à trois reprises, vite rattrapé. Il aime se battre, autant pour donner des coups que pour en recevoir, car il pense les mériter. Le reste de son temps s'écoule dans sa chambre, à jouer à des jeux vidéos, toujours pour s'imaginer hors de son sort.

Premier jour, nouvelle école. La troisième depuis septembre ? Peu lui importait. Drew était bien décidé à ne pas rester dans celle-là non plus. Il haïssait les autres élèves, qui menaient leurs vies insouciantes, comme si cela avait été aisé. Le jeune Chambers les enviait en réalité, même s'il ne se l'avouait pas. D'extérieur, on eut dit qu'il avait tout ce qu'un adolescent puisse désirer : une maison, une mère aimante, le porte-monnaie bien chargé de son beau-père... De l'intérieur, il lui manquait une chose essentielle, indispensable pour s'épanouir : il ne savait pas qui il était, ce qu'il était. Car il avait beau avoir accusé son meilleur ami de tous ses maux, il ne croyait pas vraiment à sa culpabilité. C'était en lui que résidait le problème, une énigme insolvable, qu'il préférait mépriser que chercher à comprendre.
D'un pas assuré dans le réfectoire, Drew se servit une bonne assiette de nouilles, de frites, de burgers, de tout ce qu'il fallait à un adolescent pour nourrir sa croissance. Il porta son plateau, ne quittant jamais ses mitaines, jusqu'à une table libre, et s'y laissa tomber lourdement. Inutile de tenter de parler à quiconque : il n'allait pas rester de toute façon. Alors qu'il entamait son dessert, une troupe de jeunes rebelles, du type populaires, qui veulent se donner un genre, s'approchèrent de lui.

- Alors, le caïd, il paraît que tu t'es déjà fait virer de St Patrick ? Demanda celui qui devait être le leader, avec une mèche en travers du visage, et un sourire colgate.
- Cooooool, commenta un autre.

Drew leva à peine les yeux vers eux, les ignorant superbement. S'ils cherchaient à le recruter pour avoir l'air encore plus tendance, ils se mettaient le doigt dans l'oeil. L'objectif de Drew n'était pas de se faire une réputation, mais bien d'avoir la paix... Même si cela devait passer par des moyens violents.

- Yo, tu m'écoutes ? Commença à s'énerver le troisième année, en tapant du poing sur la table, provoquant juste un rictus moqueur de la part du Chambers. Ah ouais, j'comprends, en fait, on t'a jeté parce que t'es un attardé... C'est ça ? Insinua-t-il sans plus de réponse que celle de ses acolytes, ricanant comme des hyènes à chacune de ses piques. Espèce de dégénéré...

Il ne vit pas le coup venir : le plateau lui vola à la tête, étalant sur sa chevelure les restes de nourriture et de sauce que Drew avait laissé, avant de se prendre la table dans les genoux, balancé en avant par le Chambers, qui ne trouva pas d'autres façons plus discrètes de se lever de sa chaise. Tous les élèves s'étaient tourné vers eux, la fourchette en l'air, suspendant leur conversation, pour profiter de la bagarre qui s'annonçait.
A 6 contre 1, Drew n'avait aucune chance de s'en tirer la tête haute, mais ce n'était en aucun cas son but. Lui, il voulait juste produire l'animation nécessaire pour l'envoyer directement dans le bureau du proviseur. Il aimait cette douleur, celle de se remémorer la première fois où il s'était fait convoquer, pour une toute autre raison. Il appréciait les coups qu'il recevait, et ceux qu'il donnait, aussi, avec l'impression d'en mériter chacun, et de punir l'injustice dont il était victime au quotidien.

C'est ainsi qu'un jour, par sa fenêtre, il aperçoit sa nouvelle voisine, et cette vision changera totalement ses objectifs... Malheureusement, il ne tarde pas à constater qu'elle ne déménage pas seule. Qu'il en soit ainsi ! Il veut se faire bien voir, et elle devient le centre de son attention et de ses occupations, pas d'une façon perverse et obsédée, mais de la manière innocente que peut être le premier coup de cœur d'un jeune homme mis de côté par le monde.

Il va donc tout faire pour se rapprocher de ce couple étrange, et y trouver finalement plus qu'il ne l'espérait. Le voisin, qu'il jalousait, devient une sorte de mentor, l'un des seuls adultes à pouvoir maitriser ses accès de colère, et à les canalyser. Petit à petit, fort de cette découverte, et de cette pseudo-socialisation, Drew rencontre d'autres personnes de son âge, avec qui il possède plus de points communs qu'il ne le croit au premier abord. Il commence à s'ouvrir à eux, tout en gardant une réserve prudente, au cas où un incident fâcheux se produirait encore.

Le bruit bien connu de la voiture se fit entendre, et Drew se précipita à la fenêtre, pour regarder sa jeune voisine descendre du véhicule, suivi par son compagnon. Certes, cela faisait légèrement pervers, ou harceleur, mais Drew n'avait que de rares occupations, et celle-ci était celle qu'il préférait : voir la belle brune évoluer avec toute la grâce qui la caractérisait. Il ne nourrissait pour elle aucunes pensées particulièrement malsaine : il éprouvait juste des sentiments qu'il n'avait jamais connu auparavant, purs, presque innocents, et auxquels il s'accrochait comme une bouée de sauvetage. Son cœur lui soufflait qu'elle le comprenait, même s'il ne saisissait pas vraiment en quoi cela pourrait être possible, car elle n'avait jamais du souffrir d'un isolement quelconque... Qui voudrait la fuir, la craindre ?

Il attendit quelques instants, puis, n'y tenant plus, il dévala les escaliers, adressant juste un bonjour rapide à sa mère, qui restait toujours perplexe devant le changement évident de comportement de son fils depuis plusieurs mois. Elle ne pouvait que voir d'un bon œil cette relation étrange qu'il avait développé avec le couple d'à côté, bien que d'une nature singulière... Elle avait même vu l'ombre d'un sourire sur le visage de Drew, une fois qu'il rentrait de l'une de ses fréquentes visites.

Le jeune homme rajusta légèrement sa veste avant de frapper à la porte de la jolie bâtisse blanche, priant pour que ce soit Sonny qui lui ouvre en premier. Il avait beau apprécier de plus en plus la compagnie de Remington, il avait encore du mal à ravaler suffisamment son orgueil pour le montrer. Ainsi, leurs disputes, incessantes, avaient pris une tournure d'habitude, un goût de complicité... Mais leurs discours n'étaient pas moins constitués de piques, et de grognements. Néanmoins, Drew sentait que quelque chose en lui se serait brisé, si l'homme lui avait un jour fermé la porte au nez : ce qui n'arriva jamais jusqu'à présent.
Mine de rien, dans leurs altercations, Remington lui apportait quelque chose, qui ressemblait fortement à de l'éducation, mesurée d'un respect implicite. Quand à Sonny, elle lui procurait un espoir, un objectif, qu'il ne définissait pas concrètement : après tout, il savait qu'elle n'était pas pour lui... Mais l'avoir quand même proche lui donnait le plaisir de défier cette fatalité, et de prendre confiance dans ce domaine, en écartant toutes autres opportunités trop dangereuses.

- Salut ! Dit-il avec une nonchalance toute étudiée, lorsque cette dernière apparue sur le seuil. Son sourire lui faisait toujours le même effet, et il sentit les papillons s'agiter dans son ventre, retenant tout juste l'expression béate qui menaçait de trahir ses émotions. J'ai oublié mon écharpe, la dernière fois... Bon, à force, il devenait peu original dans ses excuses pour s'incruster, semant régulièrement ses affaires dans leur salon, prétextant l'emprunt d'un outils, ou la panne de sa télévision.

Personne n'était dupe, sûrement. Mais c'était mieux que de dire qu'il se sentait bien avec eux, et que son instinct le poussait vers ce qu'il pensait être sa place - parce qu'ils étaient les seuls à savoir, et à accepter, et à l'aider même à le faire. Cela avait été un combat difficile, de lui faire prendre conscience que sa différence n'était pas une tare, et encore plus de le pousser à l'utiliser pour apprendre à la contrôler. Autant dire qu'un tel rapprochement les avaient rendus plutôt intimes. Ils étaient presque sa nouvelle famille, celle que sa nature lui conseillait.