Boire. Encore. Boire. Beaucoup. Oublier, s’Effondrer. Et tant pis si c’était déconseillé avec son bras en écharpe. Elle s’en foutait, elle s’en foutait. Maxime voulait s’écrouler, se défoncer, se foutre de tout. Parce que, plus rien n’avait de sens. Tout était vain. Et qu’elle n’en pouvait plus. Ses proches étaient mort brûlé vifs dans un incendie causé par Genetic. Elle avait failli pousser sa tutrice au suicide. Son petit frère était dans le coma. Esteban était dans le coma. Toute personne normalement constituée aurait été pleuré auprès de ses proches. Elle en était incapable. De toute façon, la seule personne qu’elle avait, c’était Jeremy et elle ne se sentait pas prête à l’affronter. Elle avait disjonctée, complètement. Cerveau déconnecté, émotion en pagaille, toutes prêtes à l’engloutir. Elle ne savait plus vraiment depuis combien de temps elle traînait dans la rue. Elle avait perdu toute notion du temps. Quelques heures ou bien quelques jours ? Peu importait. La nuit l’avalerait toute entière, se disait-elle. Ah si seulement… Sa culpabilité et sa douleur la dévoreraient vivante. La seule chose que Maxime avait trouvée à faire pour affronter son univers qui partait en lambeau avait été de boire. Beaucoup. Beaucoup trop. Et avec un peu de chance, peut-être même qu’elle en crèverait. Une bouteille de vodka a demi vide dans la main, la jeune femme titubait sur la place, pieds nus. Elle ne savait plus où étaient ses chaussures. Quelque part dans les environs ? Dans un bar ? Dans la supérette où elle avait été récupéré sa bouteille ? Chez un amant d’une nuit ? Aucune idée. Le sable lui roulait entre les pieds et la faisait rire comme une enfant. Sauf que son rire n’avait rien d’innocent ni de joyeux. Il était brisé, secoué par des sanglots, ternis par la colère, rongé par la détresse. Quel pitoyable tableau ! Elle avança vers l’océan, peinant à s’imprégner de l’odeur d’iode. Le côté glamour quand on passe du rire aux larmes, c’est le nez qui coule. Et oui, respectons les réalités physiologiques.
- Je bois pour vous, murmura-t-elle, en portant la bouteille à ses lèvres.
Elle prit une grosse gorgée pour ses sœurs et ses frères qu’elle ne reverrait jamais et qu’elle avait abandonné. Pour Lina, la toute petite Lina qu’elle avait souvent protégée des plus grands. Pour Alexandre, dont l’infect caractère n’avait d’égal que le sien. Pour les jumeaux, indissociables et malicieux. Pour Liam. Liam le sage qui s’était envolé en fumée. Ils n’étaient plus que des tas de poussière. Ils n’étaient plus et elle, la moins méritante de tous, était toujours ici, debout. Maxime avança encore et les vagues lui léchèrent les pieds. Des grosses larmes roulèrent sur ses joues. Alors ça n’avait servi à rien n’est ce pas ? Elle n’avait pas pu les protéger.
- J’aurais mieux fait de revenir, hurla-t-elle à la lune qui salissait la mer noire de ses reflets argentés. J’aurais du être là, putain !
Si passant il y avait, elle n’en avait cure. Qu’il la prenne pour une timbrée, de toute façon, elle les emmerdait tous. Bien profondément. Elle rendait hommage à sa famille, la seule qu’elle ait jamais eue, la seule qu’elle aurait jamais.
- Bordel de putain d’enfoirés de merde !
Et elle hurla, s’époumonant, cherchant autant d’insultes qu’elle le pouvait. Et quand plus aucune ne lui vint à l’esprit, elle persista par un cri déchirant, enragé. Les yeux brouillés de larmes.
Maxime n’avait rien à voir, à ce moment là, avec la personne qu’elle était tous les jours…
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Sujet: Re: Je coule, je m'enfonce, je m'en fous surtout. [Terminé] Jeu 16 Fév - 15:58
Impossible de trouver le sommeil. Encore une fois. La énième fois. Et sûrement pas la dernière. Fichue chienne de vie, il viendrait bien un jour où elle me lâcherait un peu pour que je puisse me détendre et dormir détendu. Je ne l'espérais plus. J'avais passé depuis bien longtemps le cap des grommellements pour soi-même, du je me tourne et me retourne dans mon lit en espérant que Morphée vienne me cueillir. Je savais ce que je devais faire pour tenter de résoudre mon problème cette nuit là. J'enfilais un jogging, un tee-shirt et des baskets. Je pris une serviette et les clés de la voiture et je partis ne m'inquiétant pas de l'heure tardive.
Une heure plus tard, je longeais la plage en petites foulées. Je restais sur le sol dur qui longeait le sable. Me fatiguer physiquement était peut être la solution. Au loin, j'apercevais la lune qui éclairait le lieu. Cela aurait pu paraître bizarre un joggeur qui courait en pleine nuit. Pourtant c'était l'idéal vu la période. L'air était beaucoup plus respirable qu'en journée. Et puis il n'y avait pas d'heure pour faire de l'exercice, chose que j'avais appris à l'armée. Les instructeurs des forces spéciales avaient une spécialité dans le régiment auquel j'appartenais. Nous en faire baver, peu importait l'heure. On partait en mission d'entraînement quand on s'y attendait le moins, et il en était de même pour les séances de jogging, de musculation, ou un parcours du combattant. J'étais une personne plutôt réglée, qui aimait planifier les choses. Ce rythme de vie ne m'avait pas changé. Il m'avait tout simplement appris à m'adapter.
Quelque chose manqua me faire trébucher. Je perdis l'équilibre mais réussis à me rétablir en lâchant un petit juron. Je me retournais pour voir l'objet du délit et je vis une chaussure. Quelques mètres avant, il y en avait une autre mais je l'avais évitée. Des chaussures de femme. C'était louche. Depuis quand une personne de la gente féminine laissait derrière elle ses précieuses. Oui, car dans une grande majorité des cas, les femmes aimaient collectionner les chaussures. Elles aimaient les collectionner, avoir un placard qui leur était dédiées. Elles aimaient les admirer, montrer leurs nouvelles acquisitions à leurs amies. Si on avait le malheur de faire la remarque que deux paires étaient identiques, c'était comme si on venait de faire un sacrilège. Et on se faisait remettre en place avec des explications qui ne nous intéressaient pas. Oui les femmes et les chaussures, toute une histoire d'amour donc la propriétaire de celles-ci ne devait pas se trouver très loin.
Un hurlement me fit tourner mon regard lagon en direction de l'océan. Celui-ci était féminin donc bingo pour la propriétaire. Je pris la serviette que j'avais passé autour de mon cou et m'essuyais le visage avant de la remettre en place. Je ramassais la première chaussure et je pris la seconde quand un second hurlement retentit. Très poétique vraiment. J'admirais. Je quittais le béton pour fouler la plage, les chaussures à la main, en direction de l'inconnue qui hurlait toujours. Et bien... Les jurons suivants n'étaient pas mal non plus, cela faisait vraiment très féminin. J'aurais mieux fait de tourner les talons et de partir. Je sentais que j'allais avoir à faire à une hystérique de premier ordre. Et quand j'aperçus la bouteille qu'elle tenait à la main, je me dis qu'en plus elle était saoule. Une rencontre fort intéressante en pleine nuit...
Quand elle poussa un cri qui déchira le silence de la nuit, recouvrant le bruit des vagues qui venaient s'échouer sur la plage, je ne pus m'empêcher de plisser légèrement les yeux et de grimacer. Oui, il fallait le reconnaître, ce cri était horrible pour mes oreilles. Je m'arrêtais à quelques mètres d'elle, dans son dos. Dans un mouvement, je balançais les chaussures à ses pieds. Suffisamment fort pour qu'elles atterrissent devant elle.
« J'admire votre poésie. Je ne suis pas certain que la lune et l'océan soient du même avis mais il en faut pour tous les goûts. »
Peut-être aurais-je mieux fait de m'abstenir de me moquer indirectement d'elle. Peut être aussi aurait-elle du éviter de hurler la mort, comme un chien perdu, attirant ainsi mon attention. En plus, j'avais failli tomber à cause de ses chaussures. Donc si quelqu'un était en tort, c'était certainement elle et non moi.
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Sujet: Re: Je coule, je m'enfonce, je m'en fous surtout. [Terminé] Jeu 16 Fév - 18:59
Paf.
Une chaussure. Non, deux chaussures. Maxime fronça les sourcils. Ce qu’elle trouvait étrange était qu’elle avait la même paire. Si, même qu’elle l’avait acheté avec MJ qui ne pouvait plus voir ses vieilles baskets en peintures. Rien d’extravagant cependant. Des chaussures de villes noires, avec deux centimètres et demi de talon. La française émit un son étrange à mi-chemin entre hein « Ben », un « Hum » et un « Quoi ? ». Ses yeux passèrent de ses pieds nus aux chaussures. Ça devait être les siennes, forcément. Elle leva les yeux vers le ciel prête à gueule que c’était pas ses putains de pompes qu’elle voulait ! Ce qu’elle voulait, elle, c’était revenir en arrière et changer les choses, espère d’astre inutile et stupide ! Si la réapparition de ces chaussures était l’œuvre de dieu, et bien dieu était débile et n’avait rien compris. Et puisque c’était comme ça, elle, allait trouver un mutant capable de la renvoyer dans le temps. Ça devait bien exister non ?
Maxime aurait sans doute dit tout ça à haute voix si elle en avait eut le temps et si une voix étrangère ne s’était élevé dans les airs. Elle fit volte-face vers la source des paroles et plissa les yeux pour en distinguer le propriétaire. Homme + Jogging + la trentaine = Type bizarre sans famille qui court pour échapper à ses cauchemars. Ou pas, de toute façon, ce n’était pas le sujet. Comme elle n’était pas totalement dénuée d’un cerveau, elle regarda à gauche, puis à droite avant de se rendre à l’évidence. Ce type s’adressait à elle. Par conséquent, il comparait ses jurons à de la poésie.
- Ouai mec, j’suis le nouveau Rimbaud, fais pas chier.
Sympa comme accueil non ? Pourquoi Rimbaud ? Elle l’ignorait. Peut-être parce qu’il était français. Peut-être parce que la partie inconsciente de son cerveau se rappelait de l’audace de ses poèmes et du langage fleurie qui pouvait se trouver dans certains. Ce type avait un sacré toupet pour l’époque. Et puis, il avait eu une vie de merde, avait fini trafiquant d’arme avec une jambe gangrénée à laquelle il n’avait pas survécu. Et, accessoirement, il avait tiré sur Verlaine. C’est qu’elle s’en rappelait des choses !
- T’as retrouvé mes pompes, c’est cool. Merci. Elles étaient où ?
Elle ne fit pour autant pas un geste pour les mettre. Pour ça, elle aurait dû lâcher sa bouteille de vodka, et celle-ci était devenue récemment sa meilleure amie. On n’abandonne pas sa meilleure amie comme une pauvre merde, la laissa mourir sur le sable, tout ça pour une paire de chaussures. Hors de question ! D’ailleurs en parlant de ça… Maxime s’envoya une nouvelle gorgée d’alcool et eut un hoquet. Si elle continuait à ce rythme, le liquide ingurgité ne tarderait sans doute pas à faire le chemin inverse. Puis, comme, mine de rien, elle était presque polie, elle la tendit à son interlocuteur : - T’en veux ? J’suis généreuse ce soir, j’partage. T’as sûrement un truc pourri qui t’es arrivé pour être debout à c’t’heure là. Puis si c’est pas le cas, j’te propose de trinquer à ma sacré vie de merde. Une belle connerie. On a dû me mettre au monde uniquement pour s’éclater à foutre ma vie en l’air, et accessoire, sûrement, pour que j’fasse chier. T’en penses quoi, toi ?
Maxime + alcool = Maxime bavarde. CQFD
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Sujet: Re: Je coule, je m'enfonce, je m'en fous surtout. [Terminé] Ven 17 Fév - 21:45
Pathétique. Adjectif qui qualifiait si joliment les personnes commençant à boire et ne sachant – ou ne voulant pas – s'arrêter au seuil que pouvait tolérer leur corps. Cette jeune femme en était le parfait exemple à mes yeux. Même si elle me tournait le dos, il suffisait d'imaginer son air hébété qui regardait les chaussures, puis le ciel. Elle ne croyait tout de même pas qu'elles étaient tombées par miracle ? Son cas semblait pire que prévu mais pourquoi pas après tout. Je ne la connaissais pas, elle pouvait être complètement folle que ça ne m'importait pas. De nouveau mes oreilles eurent droit à sa douce poésie quand elle se tourna et me vit. Mélanger du Rimbaud avec son langage. C'était presque un crime. Oui, je connaissais un peu Rimbaud. On ne pouvait pas dire que j'étais calé dessus mais durant ma période de lycée puis l'université, j'avoue beaucoup lu, notamment de la poésie, ou d'autres genres littéraires. Tout ce qui me passait sous la main en fait. Depuis mon retour d'Irak, je lisais beaucoup moins qu'avant. Manque de temps pas vraiment. Plutôt manque de motivation. Je me concentrais davantage sur ma B.D qui n'avançait pourtant pas beaucoup. Elle était au point mort à mes yeux. J'attendais le déclic, ce qui me débloquerait mais je ne le trouvais pas.
« Ailleurs qu'à vos pieds... »
Élémentaire. Si elles n'étaient pas à ses pieds, elles étaient forcément dans un autre endroit. Non mais, si elle attendait une réponse précise de ma part, elle en aurait pour ses frais. Je n'étais pas un bon samaritain et jamais je ne me revendiquerai de l'être. Donc, très peu pour moi de lui expliquer comment j'étais entré en collision avec une de ses chaussures. Elle devait déjà s'estimer heureuse que je les lui ramène même si son cerveau embrumé par l'alcool ne devait pas comprendre grand chose. Et voilà qu'elle portait la bouteille de nouveau à ses lèvres. Tu as raison ma fille, continue à empirer ton état. L'océan n'est pas loin. Avec un peu de chance, elle aurait l'idée d'aller barboter dedans et avec davantage de chance, la Terre compterait bientôt une ivrogne en moins. Déraillement... Elle ne m'avait rien fait, pourquoi je voulais qu'elle se noie. Ah oui, le mot déjà. J'avais failli l'oublier. Pathétique.
Double pathétique à vouloir me demander mon avis. Non, mais qu'est-ce que je m'en fichais de sa vie de merde. Si elle ne lui plaisait pas, soit elle vivait avec, soit elle la rectifiait, soit elle mettait fin à ses jours. Elle voulait entendre ça de ma bouche ? Ben non, certainement pas. Une personne normale et gentille tenterait de la réconforter, de comprendre ce qui la rongeait de l'intérieur. Et peut être même dans un grand élan de générosité l'aiderait. Oui mais je n'étais pas normal. Elle avait d'ailleurs mis le doigt dessus en déclarant qu'il m'était sûrement arrivé un truc pourri qui m'empêchait de dormir. Mais de là à ce que je lui raconte... Je pourrais, elle ne s'en souviendrait plus le lendemain. Mais je n'en ressentais pas l'envie. Je ne parlais jamais de ce qui m'était arrivé. Quand je le faisais, c'était un peu juste pour évacuer. Car la personne à qui je racontais mon histoire subissait quelques tortures. Elle mourrait dans les minutes suivantes et son foie lui était prélevé.
« J'en pense que j'ai plein de défauts mais pas celui d'être un poivrot. En même temps, quand je vois ton état, ça ne donne pas envie de se mettre à la boisson. Cela me chagrinerait presque d'imaginer que je puisse finir dans un état aussi lamentable que le tien. Un déchet sur deux pattes, menaçant de basculer à chaque pas qu'il fait. »
Oui, j'avais énormément de défauts. La guerre m'avait ravagé à l'intérieur. A l'extérieur j'en gardais des cicatrices. J'étais cynique, un peu masochiste. Je torturais, je tuais, j'ôtais des foies. Je fumais également. J'étais accro aux graines de tournesol. Mais la boisson, c'était bien un truc qui ne m'avait jamais atteint. Dans une soirée, quand les convives prenaient un verre de champagne, j'optais pour un jus d'orange. Mon esprit devait rester clair, en éveil et réactif à tout instant. C'était ce qui pouvait sauver ma vie le jour où je frôlerai la mort.
Je pris pourtant la bouteille que la demoiselle me tendait. Et je décidais de faire ce qui pouvait être un sacrilège à ses yeux. Je retournais la bouteille pour en vider son contenu dans le sable. Si elle souhaitait faire partager sa boisson, autant le faire avec les crabes et les coquillages qui gravitaient quelque part sous le sable..
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Sujet: Re: Je coule, je m'enfonce, je m'en fous surtout. [Terminé] Ven 24 Fév - 22:03
- Amen, fit-elle en levant les yeux au ciel, moqueuse.
Il l’insultait et lui parlait avec moins d’égard qu’on en aurait eut pour un chien. Aucune expression ne passa sur le visage de la française. Ou en tout cas, ni peine, ni offuscation. Cela coulait sur elle comme de l’eau sur un parapluie. Sans vraiment l’atteindre. Tout ce que cet inconnu pouvait dire n’atteindrait jamais le centième de ce qu’elle pensait déjà d’elle-même. Pathétique. Lamentable. Un déchet. C’était vrai. Si elle n’avait pas été aussi ivre, nul doute qu’elle aurait répliqué. Cela n’aurait été que de l’orgueil mal placé, un égo taillé à la mesure de sa volonté de faire ses preuves. En tout cas, elle était comme ça avant. Avant quoi ? Avant tout ça. Tout cet océan de merdes et de conneries qui lui était tombé sur le crâne et dans lequel elle se noyait. Là, son esprit embrumé avait simplement pitié de cet homme qui pour se sentir exister, pour être fort ressentait l’irrésistible besoin de rabaisser autrui. Et pas n’importe quel autrui, une femme déjà à terre. Ce n’avait rien de glorieux, ça ne prouvait pas qu’il était fort. Cela revenait à tirer sur l’ambulance et n’avait donc qu’une utilité toute relative. De toute façon, elle s’en foutait.
Le geste qu’il eut ensuite la laissa par contre interdite. Elle regarda l’alcool se déverser sur le sable sans réagir. Simple spectatrice d’une scène sur laquelle elle n’avait aucune prise. Une fois que son cerveau eut analysé l’information, sa bouche s’arrondit autant que ses yeux et elle avança d’un pas chancelant. Un doigt accusateur pointé sur l’inconnu, elle s’exclama : - Mais t’es vraiment qu’un blaireau, putain ! Tu sais combien je l’avais payé cette bouteille ? Non, elle non plus à vrai dire, elle ne se rappelait pas. Si t’en voulais pas, fallait pas la prendre, c’est rien qu’un putain de gâchis ce que t’as fait ! Abruti de yankee de mes deux. Foutu américain à la con !
Dans son esprit, son propos était agressif et violent. Dans les fait, son ton était terne, lent, monotone et fade. Elle avait déblatéré ses paroles comme en étant distanciée. Et maintenant qu’est ce qu’elle foutait ? - Et là c’est le moment où je dois te mettre mon poing dans la gueule c’est ça ?
Soyons clairs, il n’avait fait ça que pour ça non ? Pour déclencher les hostilités, pour faire chier et la faire sortir de ses gonds. C’était lâche de la part de cet homme car il était sobre et que même si elle l’avait voulu, elle n’aurait pas réussi à lui envoyer une droite. Elle aurait visé à côté et se serait rétamée sur le sol chaud et gorgé d’alcool. De toute manière, le fait était là : elle n’en avait pas envie ni la force. Maxime était vide. Une coquille inerte et sans sensations outre qu’une colère sourde contre le monde entier. Elle le fixa avec ce qui lui restait de dédain.
- Ca te ferait plaisir hein ? Que j’essaye de te foutre une raclée sans réussir ne serait-ce qu’à t’effleurer. Bah j’vais te dire mon bonhomme, t’es pathétique. Si tu veux te battre, va donc dans un bar à blaireaux, j’suis sûre qu’il y a plein d’autres types qu’attendent que ça. Elle fouilla dans ses poches pour en extirper à grand mal un paquet de cigarette duquel elle retira une des pensionnaires. Elle porta le cylindre de tabac à ses lèvres sans pour autant l’allumer. T’es vraiment qu’un connard, tu sais ? Ca te plaît d’être un connard ? Ca t’éclate ?
Remington Pillsbury
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Sujet: Re: Je coule, je m'enfonce, je m'en fous surtout. [Terminé] Lun 27 Fév - 17:37
Je restais fixé sur le liquide qui se déversait dans le sable. La lumière reflétée par la lune permettait de voir les grains qui fonçaient au contact du liquide. Ma main ne bougea pour remettre la bouteille d'aplomb quand il ne resta plus une seule goutte à offrir aux crabes. Il n'y avait pas de raison particulière à mon geste. Je l'avais fait, c'était comme ça et si ça ne lui plaisait pas, j'arriverai à vivre avec ça sur la conscience. L'inconnue s'avança vers moi. Son pas n'était pas assuré, je ne me sentais pas du tout en danger en sa présence. Alors je ne bougeais pas et si elle croyait me faire peur avec le doigt qu'elle pointait dans ma direction, c'était raté. Un poivrot en colère, qui défendait son précieux qui n'existait plus. Autant de chances pour moi d'arriver à me toucher que si je devais me trouver nez à nez avec un troll en me retournant.
Douce poésie qui parvint à mes oreilles. J'avais même temps de l'apprécier tant le débit de paroles était d'une lenteur. J'étais presque à me demander si elle n'allait pas s'interrompre en cours de route pour tomber dans les vapes. Oui, tomber la tête la première, le nez dans le sable aromatisé à la vodka. Je la planterai sur place, peut-être en m'attardant juste pour planter la bouteille dans le sable à proximité de sa tête. En guise de croix pour sa sépulture ou son décuvage. L'un ou l'autre, ça voulait dire à peu près la même chose. Pour le premier, elle serait morte. Pour le second, elle était seulement sur le chemin menant à la mort. Dommage pour elle. Dommage surtout pour son foie.
Pour la provoquer, ou plutôt pour ne pas la contrarier, l'abruti de Yankee que j'étais était prêt à lui tendre ma joue pour qu'elle me foute son poing dessus. Il fallait qu'elle arrive à prendre son élan, à y mettre de la force et à viser. Si elle ratait sa cible, elle ferait une jolie pirouette dans le vide et tomberait sur le sable. Même constat qu'auparavant. Son nez viendrait rencontrer le sable mouillé à l'alcool. On pourrait ainsi dire que c'était son destin, finir dans le sable, même si je n'y croyais pas.
Je pensais qu'elle l'était mais ce fut elle à présent qui me traitait de pathétique. Et bien... Etait-ce pathétique que de lui avoir ramené ses chaussures ? Etait-ce pathétique que de l'avoir empêché de sombrer dans un coma éthylique en vidant le restant de sa bouteille même si je me fichais de ce qui pouvait lui arriver ? De nous deux, il fallait qu'elle décuve un peu et elle se rendrait compte que de nous deux, elle avait plus de raisons de moi d'être pathétique. Surtout que je n'avais aucune raison de me battre contre elle. C'était une femme déjà. Je ne dis pas que je n'ai jamais levé la main sur une femme si les circonstances s'y prêtaient. Et puis, elle était ivre et si je devais en venir aux poings, je préférais que ça soit à arme égale. Non pas que c'était pour me vanter mais j'avais un entraînement militaire derrière moi.
« J'aurais voulu me battre, je ne crois pas que j'aurais attendu que tu démarres les hostilités... Si c'était le cas, j'ai le temps d'aller faire une sieste dans un coin, attendant que l'aube se lève avant que tu n'arrives à coordonner tes mouvements... »
Buvez ! Soyez ravager par l'alcool ! Dans le meilleur des cas, vous parlez encore et encore, déversant un flot de mots ininterrompus, sans queue ni tête. Cela commence ainsi. Puis généralement vient un laps de temps ou l'alcool envahit votre cerveau, empêchant les connexions de se faire. Vous souhaitez parler mais rien ne sort, seulement des mots incompréhensibles. Vous souhaitez vous battre pour un rien, limite car vous avez vu un leprechaun passé sous votre nez et que vous pensez que votre voisin va mettre la main dessus avant vous. Il y a aussi l'étape, je bois un dernier verre et une heure plus tard, vous ne cessez de le répéter, et en êtes au quatrième ou cinquième dernier verre. L'ultime étape de la route menant à la déchéance par l'alcool, c'est de s'endormir sans même s'en rendre compte se mettant ainsi à la merci de chacun. On veut vous dépouiller de votre portefeuille, rien de plus facile. Un gars veut violer une femme, idem. Et c'était moi le bonhomme pathétique... Mais que les buveurs se filment de temps en temps et ils verraient qui était le plus pathétique entre eux et moi.
Elle sortit un paquet de cigarettes de sa poche et cela me fit penser que je n'avais pas pris le mien qui était resté dans la voiture. Tant pis, je saurais m'en passer le temps que je resterai encore sur cette plage. Plutôt crever que de lui en demander une. De toute façon, même si je m'abaissais à le faire, elle ne m'en donnerait pas. L'alcool rendait rancunier et j'avais tué son amie du soir. Et voilà que la poésie franchissait de nouveau le seuil de ses lèvres. C'était doux, mélodieux, et j'avais droit à deux fois encore au doux nom de connard.
« Je ne sais pas, c'est naturel chez moi de l'être. »
Ce qui était vrai en soi. Je ne me revendiquais pas être un bon samaritain. Par contre un connard, oui. Plus logique, plus réel et ça collait si bien à ma personnalité. J'avais toujours la bouteille en main. Je fis le choix de la lui rendre, tendant la main pour qu'elle la prenne. On ne sait jamais, si elle souhaitait s'endormir en la serrant dans ses bras et en pleurant la vodka que je l'avais empêché de boire.
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Sujet: Re: Je coule, je m'enfonce, je m'en fous surtout. [Terminé] Mer 29 Fév - 17:16
- C’est pas faux ! Mais bon du coup, j’vais dessoûler plus vite parce que t’as bousillé ma vodka ! Mais quand js’erais sobre, j’te foutrais une raclée !
Oui, mais bien sûr Max, on y croit. En tout cas, elle, elle y croyait. Ou pas, elle ne savait plus et c’était trop pour son compliqué pour son cerveau qui devait baigner dans de l’alcool. Elle imaginait son crâne plein à ras bord de vodka. Est ce qu’elle avait bu autre chose ? Elle ne s’en rappelait pas. Tout était bien flou. Tous ces derniers jours. En tout cas, quand son taux d’alcoolémie aurait redescendue, il était certain qu’elle se sentirait vide et que la douleur lui reviendrait en plein face, probablement décuplée. Que lui resterait-il à faire alors ? Affronter, se battre, ou se mettre une nouvelle murge. Elle déciderait le moment venu. Cela ne l’empêcha pas de continuer à l’insulter tout en multipliant les efforts pour : a) se trouver une cigarette et b) trouver son briquet dans les profondeurs de sa poche. Elle finit par l’allumer et en tira une longue bouffée salvatrice. Ce n’était pas aussi efficace que de l’alcool. Ce dont elle aurait eu besoin de fumer, c’était plutôt un joint. Où diable était Timothy quand on avait besoin de lui ! Elle avait été frapper chez lui deux jours auparavant mais c’était une femme qui lui avait ouvert. Oui, elle se rappelait. Une femme qui n’était pas sa rouquine. Plus de Timothy, plus de drogue. Le monde est injuste. Maxime eut une moue mi dubitative mi dédaigneuse lorsque l’inconnu lui glissa avec grand calme qu’il était naturel chez lui d’être un connard. Au moins, il s’assumait. C’était déjà pas mal. Elle s’abstint de lui faire la moindre remarque et se décida à s’asseoir sur le sable. Elle prit néanmoins soin de tituber jusqu’à se placer à côté de lui. Elle n’était pas assez suicidaire pour lui tourner le dos, et refusait de s’installer à ses pieds. Sans rien dire, sans le regarder, elle lui tendit son paquet de cigarette ouvert pour qu’il pioche dedans s’il le voulait. Qu’il le fasse ou non, elle en avait rien à foutre. Elle aurait sûrement dû lui foutre son poing dans la gueule et continuer de l’insulter mais ce type ne répondait pas à sa violence et elle se sentait extrêmement lasse. Elle ne lui souhaitait même pas de s’étouffer avec la fumée, c’est pour dire !
- Moi aussi j’suis une connasse. Suffit d’apprendre à vivre avec.
Il n’en avait sans doute rien à fiche mais elle se devait de combler le silence au risque que ce dernier ne la conduise à nouveau à la dérive.
- Il y a pas beaucoup de gens qui m’aiment et c’est tant mieux vu ce qui a tendance à leur arriver.Changer de sujet. Vite.- Pourquoi t’as bousillé ma bouteille de vodka, Mr Connard ?Voilà un sujet beaucoup plus intéressant.
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Sujet: Re: Je coule, je m'enfonce, je m'en fous surtout. [Terminé] Dim 4 Mar - 8:40
Mademoiselle poésie voulait me mettre une raclée une fois qu'elle aurait dessaoulé, je disais pourquoi pas. Un peu d'exercice nous ferait du bien à tous les deux. Après tout, j'étais venu dans cette intention puisque j'étais en train de courir avant de manquer tomber à cause de sa chaussure. Et si elle devait prendre le dessus sur moi, je l'accepterai. J'étais tenace et j'avais l'esprit de compétition. Je ne supportais pas beaucoup de perdre et je me battais jusqu'au bout pour continuer à mener la partie. Même si pour cela, je devais baisser un peu mes défenses et laisser mon adversaire gagner du terrain. Cela me laissait le temps d'attaquer sous un autre angle. Et si je n'y arrivais pas, je perdais. J'avais déjà pris quelques raclées dans ma vie. Et si elle devait m'en mettre une, je l'accepterai. Il fallait donc juste attendre qu'elle décuve comme elle le disait. J'étais prêt à attendre si sa motivation ne faiblissait pas en cours de route, en même temps que son taux d'alcool diminuerait et que la raison l'emporterait sur les décisions prises en concertation avec son amie vodka.
Elle me traitait de connard, je confirmais que j'en étais un. Je n'allais pas lui dire qu'elle se plantait et que j'étais le plus gentil des hommes et le plus parfait des gentlemen. Rien que d'imaginer que je pouvais être ceci me dégouter. Et ça me donnait presque l'envie de me mettre une raclée à moi même. L'inconnue s'installa sur le sable à côté de moi. Ivre mais assez consciente pour ne pas me tourner le dos. L'instinct de survie fonctionnait encore chez elle. C'était une qualité. Si elle était aussi paumée qu'elle le laissait percevoir, son cas était intéressant. Pour l'Agence. Elle pouvait être utile. Pour moi, pas du tout, je travaillais seul et je n'avais pas besoin d'un fardeau à traîner durant mes missions. Elle me tendit son paquet de cigarettes et contre toute attente, j'en pris une. Puis je me laissais tomber dans le sable, m'asseyant à mon tour en face d'elle.
De loin, on aurait pu imaginer que nous étions deux shootés assis sur le sable et se grillant un joint. De près, nous étions deux connards qui tenaient une discussion que l'on ne pouvait pas qualifier de philosophique. Je n'étais pas en accord avec la phrase qu'elle venait de prononcer mais je me gardais bien de le lui dire. Elle se reconnaissait connasse et apprenait à vivre avec. Je me reconnaissais connard et je vivais avec. Il n'y avait pas besoin d'apprendre à accepter ce que nous étions si c'était un trait de notre personnalité. C'était aux autres de faire avec. Et si on devait changer pour les autres, c'était renié notre véritable nature. Alors qu'elle apprenne à vivre avec si elle le désirait, moi j'assumais parfaitement ce que j'étais.
Voilà à présent qu'elle me racontait sa vie. Il arrivait quelque chose aux gens qui l'aimaient ? Sa phrase aiguisa ma curiosité. Déjà je développais plusieurs hypothèses dans mon esprit. La première était qu'elle les tuait. Je l'écartais car elle ne semblait pas très douée. La seconde c'était qu'elle portait la poisse à ceux qui l'entouraient. Hypothèse davantage plausible, surtout si elle avait tendance à s'apitoyer sur son triste sort et à penser négativement au lieu de se battre pour s'en sortir. J'allais continuer de formuler mes hypothèses quand elle me posa une question. Même pas je tiltais sur le monsieur connard qu'elle venait de me sortir. C'était peu important, ça ne changeait rien. Donc j'allais lui répondre sans me formaliser du surnom qu'elle venait de me donner.
« Envie soudaine ? »
La réponse n'était pas complètement fausse mais elle n'était pas tout à fait vraie non plus.
« L'alcool détruit l'esprit. Si tu veux mourir, fais le avec plus de panache. Au moins pour avoir le courage de regarder la mort en face plutôt que d'être lâche et d'attendre de te consumer à petit feu. Après si tu veux être lâche et renoncer à te battre pour pleurer sur ton sort, c'est ton choix. »
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Sujet: Re: Je coule, je m'enfonce, je m'en fous surtout. [Terminé] Mer 14 Mar - 18:05
Maxime haussa les épaules avec désinvolture. - Bah t’as des pulsions de merde, décréta-t-elle sans pour autant se montrer agressive. Ce n’était, après tout, qu’un simple constat.
L’inconnu reprit la parole et elle eut l’horrible impression de se faire sermonnée. On aurait dit son père, si tant est qu’elle en ait, un jour, eût un. Il la traita de lâche et elle releva vivement les yeux pour le fusiller du regard.
- J’suis pas lâche, va te faire foutre !
Encore de jolis mots. Regard mauvais, lèvres pincées, elle aurait voulu l’étrangler si elle en avait vu la force. Et surtout s’il n’avait pas eu raison. Bien sûr que si elle était lâche, elle l’avait toujours été. Avant de penser à sauver le cul des autres, elle tenait à mettre sa propre carcasse en sécurité. Elle ne prenait jamais de risque inconsidéré sauf lorsqu’il s’agissait de quelqu’un qu’elle appréciait. Et encore même là… Même là, elle passait son temps à se trouver des excuses et des justifications. Lâche, elle l’était sans le moindre doute. Suicidaire, malheureusement pas. Est-ce que les deux adjectifs employés établissaient entre eux un lien de cause à effet ? Est-ce qu’elle restait en vie uniquement parce qu’elle n’avait pas le cran de se tirer une balle dans la tête ? Cela restait à voir…
- J’bois pas parce que j’veux crever. Ca, il en est hors de question. J’bois parce que j’suis en deuil et que… j’suis lâche. J’ai pas envie d’affronter la situation tout de suite alors ouai, j’me bourre la gueule mais j’pense que j’ai bien le droit de m’accorder quelques jours pour être une épave.
C’était ça le plan originel. Noyer sa tristesse et après affronter les choses. Dire la vérité à Jeremy. Faire son adieu à ses proches. Et se relever. Elle ne pouvait rien faire d’autre que de continuer à avancer. Mais ce cheminement ne serait pas en vain cette fois, elle aurait un but : la vengeance. Faire payer son crime à celui qui avait fait craquer l’allumette. Au centuple. Maxime glissa sa cigarette entre ses lèvres et la laissa plantée là. Ses doigts tremblaient de toute façon beaucoup trop. L’alcool la rendait pathétique, misérable et bavarde. C’était sans doute pour cette raison qu’elle préférait boire seule. Son regard se fit lointain. Son cerveau alcoolisé recréa le rire de Lina, les moqueries des jumeaux, le sourire d’Anne, l’odeur familière qu’avait le domaine. Le seul endroit où elle avait eu sa place.
- Après, j’irai annoncer à quelqu’un que toute notre « famille », si on peut dire, est morte. Qu’on les a brûlés vifs. Elle imaginait leurs cris. Leur terreur. Leur lente agonie. Elle pouvait presque sentir la chaleur des flammes lécher sa propre peau. Des larmes lui montèrent aux yeux mais elle refusa de les laisser couler. À la place comme toujours, son visage se déforma sous l’effet d’une haine viscérale. Ils leur avaient rien fait ! C’était des gamins pour la plupart, des gosses !
La colère éclatait dans ses yeux clairs. Un orage violent, une tempête qui menaçait de s'abattre à tout moment si elle n'était pas canalisée.
- De toute façon ce monde est pourri! On ferait mieux de lâcher toute nos petites bombes nucléaires, ça règlerait la situation!
Remington Pillsbury
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Sujet: Re: Je coule, je m'enfonce, je m'en fous surtout. [Terminé] Dim 18 Mar - 17:20
Elle pensait que j'avais des pulsions de merde. Ce n'était pas tout à fait faux, c'était même vrai. Et nous n'étions que début septembre. Nous aurions été en novembre ou décembre, mes pulsions auraient été encore pires. Moins prévisibles, plus violentes, sans aucune logique les guidant. Des décisions prises sur des coups de tête, pour le meilleur et surtout pour le pire. Et cela se répétait chaque année, depuis extrêmement longtemps. J'avais bien tenté de me contrôler mais ça se vouait toujours à l'échec. Durant deux mois dans l'année j'étais une vraie bombe à retardement et on pouvait s'attendre au pire en ce qui me concernait. Alors mes pulsions n'étaient plus merdiques mais tueuses et dingues. En attendant, mon état d'esprit et mes propos faisaient que j'incitais mon interlocutrice à employer encore un langage très soutenu. La poésie était vouée à être bafouée cette nuit, il ne pouvait en être autrement !
Pas lâche ? Mais bien sûr, pourquoi me disait-elle d'aller me faire voir dans ce cas. Et ce n'était pas une tare d'être lâche. Ce n'était qu'un simple mot après tout. Ses lèvres pincées et prêtes à me bouffer contrastaient avec mon petit sourire en coin. Cette jeune femme m'amusait. Je sentais bien qu'elle énonçait un fait mais pensait le contraire. Si elle n'était pas lâche comme elle le disait, pourquoi buvait-elle ? Se noyer dans l'alcool, oublier. Alors qu'elle pouvait affronter ses peurs, ce qui la bouffait littéralement de l'intérieur et le battre. Bon la théorie était facile, je le sais. J'avais moi-même mes propres démons que je n'arrivais pas à extérioriser pour certains et donc que je n'arrivais pas à vaincre. Comme cette fichue période de noël qui me répugnait au plus haut point. Mais je ne m'arrêtais pas d'avancer en m'apitoyant sur moi pour autant.
Je lui piquais son briquet sans lui demander son avis pour allumer la cigarette qu'elle m'avait généreusement offert. Pochtronne mais généreuse ! Je tirais une bouffée alors qu'elle reprenait la parole. Enfin, elle reconnaissait qu'elle était lâche. C'était un bon point. Et elle était en deuil. Sa famille ? Des amis ? J'avais déjà perdu des proches autour de moi ces dernières années mais je ne savais pas ce que en deuil voulait dire. Je ne ressentais aucune émotion, aucune tristesse face à la mort. La dernière fois que j'avais pleuré car quelqu'un nous avait quitté, c'était à la mort de mes vrais parents. Depuis, et bien je n'avais pas de souvenir d'avoir versé une larme. Même petit pour la mort d'un animal domestique auquel j'aurais pu m'attacher. Mon coeur s'était fermé à cet état d'esprit, un verrou était mis et le code m'était inconnu.
Tout comme celui de la compassion pour une inconnue qui avait perdu sa famille dans un incendie. C'était triste pour elle mais courant. Les incendies domestiques étaient choses courantes. Une fuite de gaz... Un feu mal éteint... Un bougie qui tombait... Un gamin qui jouait avec une allumette... Petit arrêt dans ce qu'elle disait. Ils ne leur avaient rien fait ? Donc ce n'était pas un accident mais un homicide. Ce qui expliquait la rage et la peine qui l'animait. Quelqu'un lui avait pris ses proches. J'imaginais être à la place de cette personne. La pyromanie n'était pas mon truc mais l'état d'esprit devait être à peu près le même. L'incendiaire devait aimer entendre hurler ses victimes, les entendre agoniser. Sentir l'odeur de leur peau qui brûlait. Les voir se consumer sous ses yeux. Une lueur avait du éclairer son regard quand il avait du s'arrêter devant un cadavre à moitié réduit en cendres, celle de la mission accomplie. Je comprenais tout à fait cet état d'esprit même si j'étais adepte des morts plus violentes et rapides.
« ça ne va pas être très approprié ce que je vais dire. Mais au moins ils sont partis de l'autre côté en cendres. C'est toujours mieux que de se faire bouffer par des vers. »
Non, ce n'était même pas du tout approprié. Surtout s'il s'agissait réellement de gosses dont elle parlait. S'ils étaient morts durant leur sommeil, tant mieux au moins ils n'auront rien vu venir. S'ils ont vu la mort arriver, et bien dommage. Si leurs corps étaient introuvables, et bien ça avait fait des économies d'enterrement. Mon esprit était vraiment macabre mais en même temps, la mort n'était que ce qui nous attendait tous. Il ne tenait qu'à nous de réussir à y échapper le plus longtemps que l'on pourrait. Et une fois mort, qu'est-ce qu'on s'en fichait de ce que devenait notre corps vu que notre esprit n'était plus ? Je sentais qu'elle était en colère contre la terre entière, que ça risquait de se déverser sur moi à tout moment surtout que je n'étais pas du genre à arrondir les angles. Donc au lieu de calmer cette tempête qui menaçait d'éclater et de me tomber sur la tête, il fallut que j'ouvre une nouvelle fois ma grande gueule, pour en rajouter une couche, enfin façon de parler.
« Tu peux lâcher tes propres petites bombes et accomplir ta vengeance. Je peux t'aider et une fois que ça serait fait, j'ai du boulot pour toi si tu veux. La question est juste de savoir jusqu'où tu es prête à aller par vengeance. »
Et voilà, il avait fallu que je le sorte. Je m'étais pourtant dit de ne pas me mêler de ceci même si elle avait le profil type de la paumée qui pourrait rejoindre l'agence. J'étais à claquer parfois. Voir même souvent. Mais bon, avec un peu de chance, quand elle aurait décuvé, elle ne se souviendrait plus de cette discussion.
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Sujet: Re: Je coule, je m'enfonce, je m'en fous surtout. [Terminé] Dim 25 Mar - 15:01
C’est toujours mieux que de se faire bouffer par des vers ? Maxime releva les yeux vers lui et resta immobile. Son cœur venait d’exploser et à la place il ne restait qu’une cavité béante, dégueulant son sang et sa vie, la laissant sa force. Elle savait déjà que les êtres humains étaient d’une cruauté impitoyable. Elle l’avait constaté, subie et accepté. Elle avait toléré ce fait en leur trouvant quelques petites qualités par ci par là qui compensaient leur manque d’humanité. Il n’y avait rien de cela chez ce type. S’il l’avait frappé au visage, la douleur aurait été plus supportable, moins sourde, moins envahissante. Non, là, il avait fait pire. Il avait presque donné raison à ceux qui avaient pris la vie de ses frères et sœurs. Il avait osé dire que c’était mieux comme ça ? Mieux que de se faire bouffer par les vers ? Sa cigarette se consuma à ses lèvres sans qu’elle ne tire une nouvelle fois dessus. Elle finit par la saisir et par l’éteindre dans le sable, en en attrapant distraitement des poignée. L’inconnu reprit la parole, l’autorisant à détruire le monde par simple vengeance puis à bosser avec ou pour lui. Une partie de son cerveau capta vaguement le message mais il demeurait minoritaire. Maxime ne pensait qu’à une chose, à la façon dont il avait insulté le siens. La tempête rugissait au fond d’elle et menaçait d’exploser. - Idée parfaite, sauf que j’ai pas de bombes nucléaires et que j’ai pas le nom de l’enfoiré en question. Quant à savoir jusqu’où j’suis prête à aller… J’peux te montrer si tu veux…
Elle le défia un instant de regard, le voyant double par ses yeux embué d’alcool. Ou bien était-ce des larmes ? oui c’était ça. Les perles salés avaient tracés un sillon le long de ses joues tandis qu’elle s’était égosillé et qu’il avait gardé un calme stoïque avant de lancer sa petite bombe. Maxime avait conscience qu’elle n’aurait aucune chance de lui faire ravaler ses mots par la force. Elle ne pourrait pas non plus le vaincre dans un combat de mots et de méchancetés, son sang était trop plein de vodka. Mais elle avait appris une chose de sa vie mouvementée. Plutôt que de se jeter à corps perdu dans un combat à la loyal et perdu d’avance, mieux valait tricher. D’un geste un peu trop vif pour elle, elle lui balança une poignée de sable en plein dans le visage. Son mouvement la déséquilibra et elle se retrouva à quatre pattes sur le sol. La haine et la rage seules lui permettaient de s’en tenir à son plan initial. Elle se traîna vers l’homme et le saisi à la gorge, cherchant à serrer le plus possible. Son bras droit en écharpe ne lui permettait pas d’user de ses deux mains. Elle manquait de force, elle n’arriverait pas à le vaincre comme ça. Il lui faudrait être encore plus lâche et encore plus déloyale. Tant pis. De toute manière, elle avait peu d’estime pour sa propre personne et n’avait jamais prétendue être une héroïne. Elle était plutôt l’inverse.
- Mieux que bouffer par les vers hein ? C’était des gosses ! Ils auraient du aller à l’université, avoir une vie, ne pas finir comme ça !
Sa peau frémit sous l’effet de la colère et il lui sembla qu’elle parvint enfin à activer son pouvoir. Brièvement. Très brièvement. Suffisamment peut-être pour qu’il le remarque. Sa haine était trop grande, son tôt d’alcoolémie trop important et sa maîtrise de son don trop imparfaite. Elle l’ouvrit d’un coup avec force et il s’éteignit la seconde suivante. Comme une décharge d’électricité trop puissante qui ferait sauter les plombs. Et qui la laissait épuisée, presque incapable de serrer la gorge de son ennemi bien qu’elle s’y évertuait.
Elle voulait lui faire bouffer ses mots.
Remington Pillsbury
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Sujet: Re: Je coule, je m'enfonce, je m'en fous surtout. [Terminé] Sam 31 Mar - 15:20
Pourquoi ce cerveau embrumé par l'alcool ne comprenait pas ce que je venais de lui dire. Je tirais une nouvelle fois sur la cigarette glissée entre mes lèvres. J'avais parlé de ses propres petites bombes pas de bombes nucléaires. C'était ainsi qu'elle voulait se venger, en utilisant une arme impersonnelle qui faisait énormément à la ronde certes, mais dont il fallait s'éloigner pour ne pas succomber à notre tour. Si elle retrouvait le nom du coupable, elle n'aurait même pas le plaisir de le voir mourir sous ses yeux, elle laisserait le soin à une bombe de le faire à sa place. Et elle n'arriverait sur les lieux que pour constater que le travail était terminé. Drôle d'idéologie de la vie, ce n'était pas la mienne et ça ne le serait jamais. J'exécutais le travail moi-même, froidement et à une distance qui faisait que je pouvais voir cette lueur qui passait dans les prunelles de mes victimes quand je faisais mouche.
Je préférais de loin la seconde partie de ses propos. Elle voulait me montrer jusqu'où elle était prête à aller par pure vengeance. Je ne lui avais rien fait, j'étais seulement dur dans mes paroles. Cela suffisait à faire mouche. Quelque part, cela m'apportait une petite satisfaction personnelle à l'intérieur. Je n'aimais pas les grands discours mais par quelques mots bien placés, j'étais capable d'atteindre la cible. Je jetais ma cigarette à quelques mètres de là, dans le sable. Mon regard bleu croisa le sien. Elle me défiait mais si elle comptait sur moi pour baisser les yeux en premier, on n'avait pas fini. Je n'avais aucune raison de détourner le regard. Je ne me sentais pas en position de faiblesse, bien au contraire. Je n'aurais pas du rester fixé sur ses prunelles. Cela m'empêchait d'être attentif à tout et sur tout. Je vis trop tard le geste qu'elle fit. Je fermais les yeux mais du sable m'avait déjà atteint. Je lâchais un juron, n'y voyant plus grand chose. Cela faisait mal. Je détestais m'être fait avoir, elle allait le payer. J'essuyais rapidement mes yeux pour tenter de revoir clair mais il n'y avait pas de résultat. Quand je pus enfin distinguer quelque chose, c'était trop tard, je sentis une pression sur ma gorge qui me coupa le souffle. Décidément, deux fois de suite. Ma garde baissait et devenait pitoyable.
Je mis mon bras en barrage pour tenter de l'éloigner. Je choisis son mauvais côté. Ce n'était pas celui de son bras blessé mais l'autre. A présent, même mes décisions et mon intuition me faisaient défaut. Je me comportais en vrai bleu cette nuit là. De l'inattention ou peut être parce que je savais qu'elle ne me tuerait pas malgré qu'elle tentait de le faire. Je bougeais pour tenter de respirer, reprendre mon souffle. Et là je sentis brusquement quelque chose qui me traversa le corps. Une sensation indéfinissable mais douloureuse. Comme si ça venait d'elle, et que c'était passé par moi. Sauf que ça ne s'était pas attardé. Je ne savais pas ce que c'était mais ça faisait mal. Mon corps me jouait des tours ou bien... Un pouvoir ? Je ressentis presque aussitôt la pression de ses doigts sur ma gorge se relâcher.
C'était le moment où jamais. Cette fois, je tapais sur le bras en écharpe, à hauteur de l'épaule. Je n'y allais pas de main morte, c'était fini de me trouver en position de faiblesse. J'attrapais son autre bras et je la fis rouler pour la plaquer en dessous de moi. Mon visage se trouvait à quelques centimètres du sien. Je pouvais sentir l'alcool qu'elle dégageait ce qui me répugnait. Je sentais encore la chaleur sur mon cou de la pression de ses doigts. Je ressentais encore cette sensation à travers mon corps, cette sorte de décharge qui m'avait parcouru. Je ne sais pas ce qu'elle avait tenté de me faire mais heureusement qu'elle n'y était pas parvenue. Ma main droite se leva. Et sans explication, je la giflais. Elle ne l'avait pas volé celle là. Tout comme je n'avais pas démérité mon étranglement. Voilà que nous étions à égalité. Et tant pis si elle était vexée. Je la relâchais pour m'éloigner d'un mètre et m'asseoir à côté d'elle. Ma vue redevenait normal même si ce n'était pas encore tout à fait ça.
« Tente encore quelque chose contre moi et je te le ferai vraiment payer. »
Et je n'emploierai pas de petites bombes nucléaires pour mettre ma menace à exécution. Mes simples mains me suffiraient. Malgré sa folie, son ivresse et son sale caractère – qui se rapprochait du mien- je devais bien reconnaître une chose. Elle ne manquait pas de cran pour s'en prendre à quelqu'un avec un bras dans une écharpe.
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Sujet: Re: Je coule, je m'enfonce, je m'en fous surtout. [Terminé] Mar 1 Mai - 21:22
Il paraît que la gifle est une humiliation. Une frustration. Celle que Remington lui asséna la ramena à la réalité autant qu’elle la fit enrager. Les yeux de Maxime jetaient des éclairs mais elle n’avait pas la force de le combattre. Il était plus fort qu’elle. Plus rapide. La douleur de son épaule lui vrillait la tête et l’utilisation abusive de son pouvoir l’avait littéralement vidée. Le visage de l’homme dansait devant ses yeux, se dédoublaient puis se rassemblait.
Il la lâcha. Elle ne répondit rien à sa menace, trop surprise qu’il la laisse partir si facilement. Il aurait pu la tuer, il l’avait à sa merci, faible, pitoyable et il n’en avait rien fait. Elle détestait ça. Elle détestait le flou de ce qu’elle ressentait. Elle détestait tout. Maxime se ramassa sur elle même et tenta de s’agenouiller. Des larmes de rage avait mouillé ses joues. Elle ne dut pas s’y prendre correctement pour se relever, elle aurait dû rester au sol. Les coups, son pouvoir, les émotions, tout ressortit par son estomac. Elle vomit l’alcool ingurgité. Elle vomit le monde. Elle vomit sa vie d’avant. Son estomac vide. La française se redressa, s’essuya gauchement la bouche et clama.
- T’aurais mieux fait de me buter…
Etait-elle suicidaire ? Avait-elle vraiment envie de crever ? Non, bien sûr que non. Ce n’était même pas une menace voilée. Ce n’était rien que des paroles en l’air et il devait pertinemment le savoir. Le silence reprit ses droits au milieu de la nuit. Assise sur le sable, elle fixait l’océan. Maxime avait envie de rire. Ses côtes tressaillirent, des secousses agitèrent ses épaules et son ricanement se changea en rire franc. Un rire désespéré et fou. Absurde. Sans aucun sens. Elle riait à en avoir mal au ventre. Elle riait et elle pleurait en même temps, se moquant bien de l’allure qu’elle pouvait bien avoir. Cela dura quelques minutes. Minutes durant lesquelles elle se repassa toute la soirée en avance rapide. Rien n’avait de sens. Rien n’avait plus de sens. Ce type avait un grain, elle aussi. Mais surtout… Quand elle se fut assez calmée pour reprendre la parole.
- Je m’appelle Maxime. C’est mon vrai prénom. Je sais pas pourquoi t’as proposé de m’aider, mais je voudrais que tu m’expliques ton marché. Elle se tourna vers lui et reprit d’un ton parfaitement calme. Au cas où t’ai pas remarqué, j’ai plus grand chose à perdre. J’veux juste tirer une balle dans le crâne du sale fils de pute qui a brûlé vif mes proches. Où lui faire subir le même sort. Lentement
Elle se voyait déjà observer la silhouette meurtrière prisonnière des flammes. Elle le regarderait hurler, elle le regarderait souffrir. Et elle en serait l’instigatrice. Cette personne, ou ces personnes, paierait. C’était sa promesse, son ultime façon de rendre hommage à ses proches, le sens qu’elle souhaitait donné à sa misérable existence
- Tu crois que tu peux m’aider ?
Remington Pillsbury
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Sujet: Re: Je coule, je m'enfonce, je m'en fous surtout. [Terminé] Ven 4 Mai - 18:58
Nous nous étions à moitié défoulés l'un sur l'autre. Du sable dans les yeux. Une tentative d'étranglement. Un coup sur une épaule blessée. Une gifle. Voilà en résumé ce qui nous avait permis de calmer nos esprits, du moins surtout le sien car je n'avais pas beaucoup mon sang froid. Et je m'étais contrôlé pour me défendre car j'aurais pu la tuer facilement. Je ne savais pas si elle avait conscience qu'elle aurait pu vivre sa dernière nuit, les dernières minutes de sa vie. Est-ce qu'elle savait qu'elle se trouvait face à un prédateur entraîné pour tuer ? Sûrement pas, son cerveau n'était pas en état de fonctionner rapidement, et même s'il l'avait été, je doutais qu'elle puisse imaginer une telle chose.
Je la laissais se calmer dans son coin. De mon côté, je m'époussetais les mains pour y enlever le sable qui y était collé. Je le faisais consciencieusement. Ma vue n'était pas complètement rétablie et il fallait que je me repasse un coup sur le visage pour tenter d'y enlever les grains de sable. Mes prunelles me picotaient, je me forçais pourtant à les maintenir ouvertes. Pour une simple raison, je n'avais pas confiance en elle. Et si je détournais mon attention une nouvelle fois, elle était bien capable de tenter d'en profiter. Une baisse d'inattention m'avait suffit. Je ne me ferais donc pas avoir une seconde fois. De toute façon, elle n'était pas en état. Je finissais de nettoyer mes mains, les claquant l'une contre l'autre, quand je l'entendis. Elle vomissait. Très glorieux et très poétique. Vive les effets de l'alcool. C'était pitoyable comme état. Pourtant c'était son choix, celui qu'elle avait fait en se saoulant.
« J'aurais pu te tuer... Mais tu ne m'aurais rien rapporté.. »
Ce qui était vrai. Financièrement parlant, sa mort ne m'aurait pas rapporté un centime. Elle n'était pas un contrat qu'on m'avait donné. Je n'avais aucune raison de risquer de renoncer à ma liberté en l'éliminant si ce n'était un foie supplémentaire. Certes mais pour le moment le sien était ravagé par l'alcool. Donc il ne m'intéressait pas, et encore moins hors contrat. Moralement parlant, la tuer m'aurait simplement défoulé un peu. Mais c'était trop dangereux encore une fois. J'étais venu à la base pour faire un jogging, je n'avais aucun équipement pour faire disparaître mes traces en laissant son corps sur place. Alors oui j'aurais pu la tuer mais non, elle n'aurait pas fait un très beau cadavre. Tant pis, passons à autre chose.
Comme à son irrésistible envie de rire qui venait de la prendre et qui secouait son corps. Cette femme était folle, il lui manquait vraiment un grain. Ou alors ses nerfs lâchaient complètement. Je relevais la tête vers elle pour constater qu'elle pleurait en même temps qu'elle riait. Était-ce possible ces deux sensations ? Je n'étais pas coutumier du rire, et des pleurs, n'en parlons même pas. Elle me semblait telle une extraterrestre ayant débarqué de nul part. Je l'observais, tentant de comprendre ce qui provoquait cet état mais j'étais incapable de trouver. Les sentiments me dépassaient. Cette femme également. Alors j'attendis que sa folie passe. J'aurais pu décider de partir mais quelque chose me retenait. Je ne savais pas ce que c'était, tout ce que je pouvais dire, c'est que ce n'était pas physique.
Et le silence fut rompu. Par elle, car moi il ne me dérangeait pas. Maxime, étrange prénom. Bref. Elle souhaitait que je lui explique mon marché. Ainsi elle n'était pas aussi bourré que je l'avais supposé. Elle avait enregistré quelques informations à l'intérieur de son petit cerveau. Soit. Je n'étais pas un recruteur, loin de là, mais c'était une brebis égarée qui avait de la force en elle, et surtout une rage qui ferait le bonheur de l'agence. Pas le mien, je me fichais un peu d'elle. Lui proposer ce que j'avais en tête, c'était une fleur que je lui faisais. Car si elle réussissait et devenait redoutable, j'aurais de la concurrence sur le marché. Et un jour ou l'autre, je devrais l'éliminer, discrètement.
« Je bosse pour une agence qui vend du rêve à ses clients. Du moins, façon de parler. Ça peut te rapporter gros et te préparer à accomplir ta vengeance. L'agence pourra même peut être t'aider à mettre plus facilement la main sur celui que tu cherches. On te donne du boulot, tu l'exécutes, et tu gagnes gros, c'est très simple. Il faut juste ne pas avoir de conscience et rien à perdre, ce qui semble être un peu ton cas. »
Du moins en ce qui concernait le fait qu'elle n'ait rien à perdre. Car pour la conscience, elle était encore aux prises avec différentes émotions.
« Je peux t'aider à y entrer si t'es prête à mourir sans raison. Tu peux réfléchir, je te donne mon adresse mail, tu n'auras qu'à me contacter ou à ne jamais le faire et cette discussion s'arrêtera là. Ah, au fait, moi c'est Remington. »
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Sujet: Re: Je coule, je m'enfonce, je m'en fous surtout. [Terminé] Dim 6 Mai - 20:17
Les émotions, toutes plus violentes les unes que les autres, s’étaient succédées en elle. Le désespoir vibrant. La colère. La rage. La frustration. Le rire. Les larmes. Elle avait tout mélangé à un peu d’alcool pour faire exploser sa soupape de sécurité. Elle avait eu besoin de s’enfoncer, de s’effondrer, de jouer à des jeux stupides… De toucher le fond. Est-ce qu’elle allait mieux pour autant après cette crise de folie ? Oui, et non à la fois. Elle était brisée. Jamais plus elle ne pourrait regagner ce et ceux qu’elle avait perdus. Jamais plus elle ne pourrait être la même. Et l’alcool qui avait embrumé son cerveau.
Remington… Le cynisme tordit ses lèvres en un rictus. Elle avait déjà entendu ce genre de propositions avant et elle avait suivi William, désespérée qu’elle était. Cette agence ne semblait pas jouer dans la même cours. Ferait-elle le même choix ? Sérieusement, allait-elle oser s’enfoncer encore plus sur un chemin qui ne la mènerait qu’à la mort.
- C’est quoi ton adresse mail ?
Stupide. C’était de la folie mais c’était sa solution. La seule qui lui semblait envisageable. Maxime se releva, le sable lui collait à la peau, tout comme l’odeur nauséabonde. Elle avait envie de courir dans l’eau. De laisser les vagues fouetter ses jambes. De rire. De hurler. De pleurer. En même temps. Et la seule chose, la seule raison qui l’empêchait de totalement perdre la raison tenait en un mot : vengeance. Le sang pour le sang. Elle ignorait qui avait bien pu mettre Remington sur son chemin mais une chose était sûre, c’était la plus grosse erreur de tous les temps. Elle s’en foutait.
Elle ne l’appréciait pas. Il ne l’appréciait pas. Mais quelque part, il lui ouvrait la voie pour qu’elle suive le même chemin que lui. Pourquoi ?
- Et toi qu’est ce que tu y gagnes ? Elle ne voulait même pas vraiment savoir, juste lui signifier qu’elle savait pertinemment qu’elle ne serait qu’un pion sur l’échiquier. Elle voulait bien. Elle accepterait cette obligation sans rechigner, mais ça, à une seule condition. J’veux pas crever avant d’avoir retrouvé ces gens. J’suppose que tu peux rien me promettre.
Non, évidemment… Maxime se fichait de l’argent. Quant à la conscience, oui, il lui semblait qu’elle en avait encore une. Vacillante, chancelante, mais encore là. La fin justifie-t-elle toujours les moyens ? Elle haussa les épaules et s’avança vers les vagues pour qu’elles se heurtent à ses jambes.
Murmures.
- Aux agneaux égorgés au loin au chant du coq dans le lointain à l'orée des grands champs de blé humanités les poings liés scotché à la lisière du bois petit poucet cherche pourquoi ses parents ont capitulés aux grands vents des communicants de tous nos temples les églises n'ont plus le grand des cathédrales au temps des anarchitectures et des lances pierres contre les murs les sacs de billes ont pris le large et les amours au coin des grives toutes ces choses d'autrefois putain je ne vois plus la rive.
Puisqu'il faut accepter du temps l'évolution toujours plus bas….
Remington Pillsbury
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Sujet: Re: Je coule, je m'enfonce, je m'en fous surtout. [Terminé] Mer 9 Mai - 15:19
La proposition de le faire entrer à l'Agence avait été lancée. C'était la première fois que je faisais une telle chose. Normalement, je laissais les gens dans l'ignorance. J'évitais de venir me rajouter de la concurrence qui risquerait de faire diminuer le nombre de contrats qu'on me donnait. Mais quelque chose en elle me perturbait. C'était une double sensation et elles étaient étranges. Maxime dégageait une forte douleur intérieure, mais elle avait également une grande force. Une rage que peu de monde avait. Ce qui pourrait faire d'elle une tueuse redoutable.
« Pills.vendetta@smile.com, retiens-la. Et si tu l'oublies volontairement ou non, tant pis. »
A mon tour, je me redressais pour me remettre sur mes jambes. Un instant je regardais la mer qui se trouvait à proximité, et le mouvement plus ou moins régulier des vagues qui venaient s'échouer sur la plage. Toujours dans le même roulement, dans le même bruit. Il n'y avait que la fréquence qui variait un peu. Elle me demanda ce que j'avais à gagner à la faire entrer dans l'Agence. Rien du tout. Est-ce qu'il lui fallait réellement une réponse ou voulait-elle avoir simplement la confirmation de ce qu'elle pensait au fond d'elle. Mes prunelles quittèrent le rivage pour se reporter vers elle. Je la dévisageais un bref instant, de la tête aux pieds. Peut être que j'aurais du m'abstenir de cette proposition. Tant pis, c'était fait. Et ce n'était pas ça qui allait m'empêcher de dormir. Sûrement pas.
« La gloire, la fortune, la satisfaction, voilà ce que j'y gagne. En fait, rien de tout ça. Tu ne m'apporteras rien. Et si tu foires, je m'en fiche complètement en réalité, ce ne sera pas mon problème. Je peux te faire entrer mais je ne serai en rien responsable de toi. »
Si l'Agence était un jeu d'échecs, elle ne serait qu'un pion qu'on pourrait faire sortir du jeu à tout moment. Tout comme moi, et tout comme beaucoup d'autres. C'était une réalité dont il fallait bien avoir conscience. On bossait, on réalisait nos contrats mais à tout moment tout pouvait s'arrêtait. Du moins en ce qui concernait l'Agence. Car si un de ses membres voulait la quitter, c'était beaucoup plus complexe que cela. Je ne savais pas ce qu'il fallait faire exactement, je n'avais jamais rien demandé. Je me doutais fortement qu'il fallait avoir de quoi miser. Comme une carte majeure qui permettrait de faire plier Anthony pour nous rendre notre liberté. Je n'avais pas cette carte, et je ne cherchais pas non plus à l'avoir. Ma vie actuelle me convenait. J'avais touché dernièrement une forte rémunération d'un contrat que je venais d'exécuter. Et sans une égratignure pour une fois, ce qui relevait du miracle pour le casse cou que j'étais.
« Je ne promets rien effectivement. Si tu veux rester en vie et les retrouver, à toi de faire en sorte de ne pas mourir. Et à ne pas laisser des barrières entraver ton but. Je te laisse réfléchir à tout ça et finir de décuver. Peut-être à un de ces jours, ou pas du tout. »
Et sur ces quelques mots, je la laissais. Je la regardais alors qu'elle haussait les épaules avant d'avancer vers les vagues. Recrue potentielle ou pas ? L'avenir le dirait, c'était à elle de choisir ce qu'elle voulait faire. Et moi, il était temps de reprendre ma route et mon jogging que j'avais abandonné temporairement. Alors je lui tournais le dos, et je repartis en courant le long de la plage, la laissant seule face avec sa conscience.
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Sujet: Re: Je coule, je m'enfonce, je m'en fous surtout. [Terminé]
Je coule, je m'enfonce, je m'en fous surtout. [Terminé]