So why do I try, I know I'm gonna fall down [Terminé]
Dakota R. Cooper
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Sujet: So why do I try, I know I'm gonna fall down [Terminé] Lun 20 Jan - 20:16
5 mai
La couleur du mur était la même. Un gris bien moche, qui commençait à s’écailler ici et là. L’espèce de lit sur lequel j’étais assise était le même. Inconfortable. L’agitation à l’extérieure de l’infirmerie était la même.
Cinq jours. Cela faisait cinq jours et absolument rien n’avait changé dans le fond. Ah si, peut-être le fait qu’il y ait un traitre dans nos rangs. Nous avions eu une réunion, et Holster avait révélé cela, il était furax. Mais cela me paraissait à des années lumières. De toute manière, nous ne pouvions faire confiance à personne. Cette leçon était bien ancrée en moi depuis cinq jours, ancrée par deux balles dans le bras. Mon regard vitreux ne quittait pas le mur. Je n’avais parlé à personne depuis mon retour à Genetic et mon rapport sur la mission. Personne. Ma bouche était restée scellée depuis que j’avais compris qu’on ne me laisserait pas rentrer chez moi. Je ne réalisais toujours pas ce qui c’était passé. Brennen. Il m’avait mise en danger et avait essayé de me tuer. Il ne m’avait donc jamais aimée. Ma putain de mère avait raison depuis le début. Personne ne pouvait m’aimer, ce n’était qu’un mensonge. Je n’avais pas compté. Et je lui avais tiré dessus. A chaque fois que je fermais les yeux, je revoyais la scène. La balle entre ses deux yeux, son corps s’écroulant à terre. Alors je gardais les yeux ouverts, le plus possible.
Les jours s’écoulaient à l’identique. J’avais encore mal au bras, mais ce n’était rien par rapport aux premiers jours où j’avais dû rester couchée et assommée par des antidouleurs. J’en prenais encore, aujourd’hui. Quand les images revenaient et se fracassaient contre mon crâne. Là, je restais désespérément assise. Je ne sortais pas de l’infirmerie, je ne bougeais pas. J’y restais cloitrée depuis mon retour, même si cela était en train de me rendre dingue. J’attendais le feu vert pour rentrer chez moi et échapper à ces murs désespérément immuables. Je voulais surtout oublier, en réalité. Mais je ne le pouvais pas. Je n’avais pas encore le droit de reprendre l’entrainement, ni même la rééducation. Et je n’avais plus envie de me battre. Je n’avais même pas ouvert la bouche depuis mon dernier « ok ». Dès que je pourrais, je filerais, je partirais d’ici, je rentrerais chez moi ou irais me mettre minable pour ne plus penser, mais en attendant, je restais comme une statue de pierre. Tous les jours on venait me changer mon pansement. Tous les jours on m’apportait de quoi me nourrir, mais j’y touchais à peine. Comme aujourd’hui. J’avais dû avaler une bouchée sans être capable d’élucider ce qui se trouvait sur ce plateau, et j’avais abandonné. Mon assiette gisait sur l’espèce de chevet à côté de moi. Je ne prêtais même plus attention aux allées et venues des médecins. C’était la même chose. Et si le premier jour j’avais hurlé pour qu’on me laisse rentrer chez moi une fois mon rapport fait, j’avais cessé de me battre. J’avais suffisamment nagé à contrecourant. Et quand j’avais cru que je pourrais évoluer en eaux calmes, quand j’avais cru qu’une pause était possible, qu’on pourrait accepter de m’aider, une tempête m’avait rompue. Il fallait que je redevienne le monstre que j’étais, que j’avais retrouvé au moment de tirer sur Brennen. Il m’avait apaisée, et trahie, réveillant ce cerbère que je savais être. Il fallait qu’il revienne, il fallait que je redresse très vite mes barrières. Plus personne n’entrerait, je le refusais. Je ne devais plus avoir de faille, mais j’avais l’impression que cela me prendrait du temps.
En tout cas, il y avait une chose de bien. Personne ne s’était inquiété de mon état. S’il m’arrivait quelque chose de plus grave que des balles dans le bras, je ne manquerais à personne. Il fallait que je m’accroche à cela. Je n’avais personne à Genetic ni en dehors. Cela m’aiderait. Je n’aurais à souffrir d’aucun regard de pitié.
J’entendis la porte s’ouvrir. Je ne bougeais même pas, juste ma tête, de quelques millimètres et mon bras endolori pour le rendre libre. Je ne parlais pas, je ne prêtais même plus attention à qui venait s’occuper de moi. Comme quand j’avais quinze ans et que j’étais devenue un parfait petit rat de laboratoire. Pourtant, je ne saurais expliquer pourquoi, j’eus comme une impression… mes yeux se levèrent et se posèrent sur la personne qui était entrée. Mon regard croisa le sien. Je ne voulais pas me battre, pas avec lui qui était le seul désormais à pouvoir me faire autant de mal que Brennen. Toujours sans un mot, je détournai le regard et lui tendis mon bras, dans un silence de mort.
Cinq jours. Cinq jours d’absence. Cinq jours pendant lesquels j’avais oublié que je travaillais pour lui malgré tout. Cinq jours qu’il avait oublié, comme tous les autres, que j’existais.
Keaton T. Wetherford
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Sujet: Re: So why do I try, I know I'm gonna fall down [Terminé] Sam 25 Jan - 14:33
Cinq jours loin de Genetic et un monde nouveau, normal, s'ouvre à vous. Il y eut une réunion organisée par Holster. Je n'y assistai pas alors que d'autres membres du conseil furent présents. Hors de question pour moi de remettre les pieds à Genetic dans l'immédiat. Mes priorités se situaient ailleurs, loin de ce groupe. Je téléphonai pour avoir un résumé et j'annonçais mon retour pour le 5 mai. Pourquoi cette date ? Et pourquoi pas après tout. Le jour venu, j'arrivai très tôt le matin. Un détour par une machine à café et je m'enfermai durant quelques heures dans mon bureau. Je rattrapai mon retard, lisant les différents rapports. Certains m'interpellèrent, d'autres non. Puis, au bout d'un moment, je ressentis le besoin de me dégourdir les jambes et je pris l'ascenseur descendant aux sous-sols. Je m'arrêtai à celui de l'infirmerie. Une discussion démarra avec un membre du personnel, et de fil en aiguille, je me retroussai les manches pour aider. On m'indiqua que je n'étais pas obligé de le faire, pourtant cela venait naturellement. Alors on m'indiqua le numéro d'une salle. Un changement de bandage à effectuer suite à une blessure par balle.
J'ouvris la porte, prêt à saluer la personne qui se trouvait à l'intérieur. Je marquai un temps d'arrêt quand je la reconnus. Mes lèvres n'esquissèrent pas un mouvement pour prononcer un mot en guise de salutation. Doucement je refermai la porte puis reportai mon attention sur elle. Sa tête se tourna enfin dans ma direction et nos regards s'accrochèrent. Nous étions doués pour nous étriper verbalement, et pour déraper physiquement. Étrangement le silence était d'or dans cette situation, pour des raisons qui devaient nous être propre à chacun. Elle était vivante, c'était tout ce qui devait m'importer. Alors qu'elle détournait son regard, je m'avançais près d'une table où se trouvait tout un nécessaire médical. Mais je ne pris rien dessus. Finalement, je rapprochai un tabouret sur roulettes. Ma main se posa sur son poignet et je lui fis pivoter en douceur le bras. Mes doigts remontèrent sans frôler sa peau jusqu'au bandage et commencèrent à le défaire.
Ce simple acte médical pouvait se faire en silence, chaque seconde défilant le rendant un peu plus pesant. Chaque mot pouvait faire éclater l'ambiance chargée d'électricité de la pièce. Je ne terminai pas de retirer le bandage. Mes mains s'interrompirent. Mes jambes se tendirent et je pris appui sur mes pieds pour reculer un peu le tabouret, le faisant glisser jusqu'à entrer complètement dans son champ de vision. Mon regard chercha le sien, même si elle ne voulait pas croiser mes prunelles, les miennes ne se détourneraient pas. Puis finalement, je me décidai enfin à prendre la parole, rompant ce silence dans lequel je me trouvais depuis mon entrée dans la pièce. « Tu n'as rien à me dire ? »
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Sujet: Re: So why do I try, I know I'm gonna fall down [Terminé] Dim 26 Jan - 16:00
« Reese… »
J’entendais ce nom résonner dans mon crâne à chaque seconde, ainsi que la détonation des armes. Ces bruits se superposaient, ne me laissant aucun instant de répit depuis cinq jours, à part quand je m’abrutissais de médicaments. Dans ces moments-là, ça allait un peu mieux. Juste un peu. Mais là… en le voyant lui… Il incarnait ma deuxième plaie béante. Je m’étais fait avoir une fois et je l’avais laissé me frapper en plein cœur comme Brennen avant lui. Tout cela pour quoi ? Pour une destruction mutuelle ? Brennen m’avait brisée et avait essayé de me tuer. Avec Wetherford… Des mots avaient été prononcés. Des aveux aussi, comme l’impossibilité de nous lâcher. Des actes aussi… Mais il m’avait fait mal. Il m’avait rejetée, et je n’avais pas su fuir quand il l’aurait fallu. Jusqu’où irait-il, lui ? Il tenterait aussi de me tuer ? Je devrais lui foutre une balle entre les deux yeux à lui aussi ? Pourquoi n’avais-je pas demandé ma mutation à Washington ? Pourquoi ne l’avais-je pas tué quand Tussle me l’avait demandé ? Pourquoi lui avais-je laissé voir ce soir-là, sur le ponton…
Je détournai le regard. Nous n’avions pas grand-chose à nous dire. Il était l’un des patrons ici, il savait forcément ce qui s’était passé, ce qui m’était arrivé et ce que j’avais fait. Et je n’avais même pas droit à une médaille pour tout ça ? Je le laissais s’approcher… un changement de pansement ne prenait jamais beaucoup de temps et ce serait bientôt fini. Ce moment de gêne serait vite passé. Ma tête se tourna un peu plus dans la direction opposée quand je sentis ses doigts sur ma peau. Surtout sur le poignet… Une autre image surgit… C’était lui qui était dans un lit d’hôpital et moi qui m’occupais de lui. Et il avait agrippé mon poignet. Peut-être que tout avait vraiment commencé par là. Je n’en savais rien. Une fois n’était pas coutume, je le laissais faire, n’opposant strictement aucune résistance. Qu’il en profite, habituellement, même à ses ordres, je n’étais pas des plus coopératives.
Je n’avais pas mal au bras, mais la lenteur de ses gestes ne faisait qu’éterniser une situation que nous ne désirions pas, ni lui ni moi. Je ne le sentis même pas commencer à retirer mon bandage. Je ne savais pas non plus à quoi ressemblait mon bras. Deux balles, ça devait faire quelques dégâts et laisser des cicatrices. Mais je n’avais jamais regardé. Peut-être que mon bras était violet ou suintant de pus et de sang, je l’ignorais. Parce que je savais que si je posais les yeux dessus, je ne serai jamais capable d’oublier.
Au bout d’un moment, je vis ses jambes bouger, puis son corps entra dans mon champ de vision. Mes yeux se rivèrent au sol, fixement. J’avais la désagréable impression que son regard était bien droit sur moi et je ne voulais pas le croiser. Le dernier regard que j’avais croisé avait été celui de Brennen, avant qu’il ne me tire dessus…
« Reese… »
Mes yeux se fermèrent et j’entendis vaguement sa question, comme si elle me parvenait de très très loin. Est-ce que je n’avais rien à lui dire ? Tout était dans mon rapport, sauf peut-être ma colère, ma rage, le fait qu’un flic connaisse mon nom et me sache coupable du meurtre de Brennen (ce que j’avais pris soin de cacher à Genetic car ils seraient capables d’obliger Keaton à me virer pour se protéger), ce prénom qui cognait dans ma tête à grand coup de batte de baseball, la détonation qui me hantait, le sentiment de trahison le plus absolu qui soit, le dégoût que ma trainée de mère ait eu raison sur moi et sur les hommes depuis le début, la peur qu’il soit comme Brennen, la tristesse qu’il n’en ait rien eu à foutre de savoir comment je m’étais tirée de cette mission… Non, mis à part tout cela, je n’avais rien à lui dire.
« La bouffe est dégueulasse. Mission accomplie, le CA doit être heureux. »
Au prix d’un effort surhumain, j’avais un peu redressé la tête, pour croiser furtivement son regard. Mais l’image de cette nuit, quand il m’avait rattrapée et embrassée avant de me garder près de lui me frappa de plein fouet. Seul Brennen avait fait cela avec moi… et il était mort, je l’avais tué, parce que lui n’avait pas hésité à vouloir m’abattre. Si même lui avait pu à ce point désirer ma mort, je n’avais pas grand-chose à espérer de ceux qui m’entouraient… enfin, vu le nombre de visites que j’avais eues, cela se résumait à un beau néant.
« J’suis pas morte, ça doit en décevoir beaucoup. Quand est-ce que je pourrai rentrer chez m… sortir d’ici ? »
J’avais failli dire « rentrer chez moi »… c’est cela… Pour me faire cueillir par les flics à tous les coups ? La vérité était que je n’avais nulle part où aller mais je voulais juste sortir de ma cage…
Keaton T. Wetherford
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Sujet: Re: So why do I try, I know I'm gonna fall down [Terminé] Dim 2 Fév - 12:14
La politesse aurait du être de mise, notamment après plusieurs jours sans se voir. Tiens bonjour, salut, dis-moi comment tu vas depuis le temps que l'on ne s'est pas vu. Ceci aurait du être le début d'une discussion normale même entre un employeur et son employée. Ce ne fut pas le cas, à aucun moment l'un de nous songea à prononcer de tels mots. Il y eut d'abord un silence, pesant, chargé d'électricité. Puis des gestes neutres, sans aucune signification. Et enfin un tabouret dont les roulettes glissèrent, permettant à un corps d'entrer dans un champ de vision. Le regard de Dakota se fit fuyant, ses paupières se fermèrent tout simplement à l'énoncé de ma question. Je ne bougeai pas. J'attendais et cela prendrait le temps qu'il faudrait jusqu'à ce qu'elle me fournisse une réponse qui me satisfasse. Quelques secondes, plusieurs minutes, voire même des heures. Je patienterai. Si elle envisageait de sortir de cette pièce sans me répondre, je la retiendrai. C'était clair dans ma tête.
Peut-être que la jeune femme le devina. Je ne sus pas. Mais sa tête se redressa et nos regards se croisèrent brièvement alors qu'elle me répondit. Humour noir qui ne m'intéressa pas, contrairement à la suite. Je pris conscience à cet instant qu'elle n'avait rien compris, ou peut-être que je n'avais pas pris le temps de lui expliquer clairement les choses en lui faisant un dessin. J'avais supposé qu'elle serait suffisamment intelligente pour le comprendre. J'avais eu tort. Je la fixai un instant en silence, puis le tabouret glissa une nouvelle fois pour me ramener vers son bras. Effectivement, elle était toujours vivante. Ce n'était pas le cas de personnes innocentes qui avaient perdu la vie ce jour là. Mes mains se posèrent une nouvelle fois sur le bandage pour terminer de le défaire. Elle posa une question alors que je le retirai. Je jetai un œil dans sa direction.
Elle songeait être prisonnière. En aucune façon, elle ne l'était. Ou alors un point m'avait échappé dans la lecture de mes mails un peu plus tôt et j'avais raté cette information. Il était conseillé à chacun de rester sur place pour se soigner. On soupçonnait un traître parmi nos rangs. Il n'était pas question de confiner tout le monde dans les sous sols. Si un traitre était vraiment parmi nous, on le découvrirait rapidement. Fuir pour ne plus revenir dans le contexte actuel ne serait qu'une preuve flagrante de culpabilité. Et de stupidité. Je regardai les deux blessures par balle de son bras. Ma main s'avança et mon doigt effleura le contour de l'une d'elle. Les balles avaient seulement traversé la chaire. Ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'il ne reste plus que des cicatrices. Du temps, de la patience. Tout ce dont cette femme était pourvue. Tout ce dont j'étais également pourvu car je restai plongé dans un silence suite à ma question, bien plus éloquent que des mots, signifiant tellement de choses et rien à la fois. Je ne me défilai pas, je la regardai à mesure que je m'occupai d'elle. Mon attitude était tout ce qu'il y avait de plus neutre. Du moins presque. Une seule chose transparaissait et pouvait laisser percevoir quelque chose qui m'animait de l'intérieur : mes lèvres pincées, gardant ma bouche obstinément fermée pour qu'aucun mot n'en sorte.
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Sujet: Re: So why do I try, I know I'm gonna fall down [Terminé] Lun 3 Fév - 17:17
Qu’y avait-il à dire dans de telles circonstances ? Rien. Rien du tout. J’avais mal à en crever. J’étais à la fois vidée et prête à déborder. C’était inexplicable et j’aurais été bien en peine de mettre des mots sur ce que je ressentais. Qu’attendait-il de moi ? Que je lui parle comme s’il était mon ami ? Alors qu’on savait très bien la souffrance que chacun de nos moments échangés pouvait engendrer ? J’avais mal parce que je m’étais révélée humaine. Et lui, je ne savais pas comment il y parvenait, mais il réussissait toujours à trouver ma part d’humanité, à la traquer pour la mettre à découvert, comme une large plaie béante. Je ne voulais plus être humaine. Je ne voulais plus avoir mal et me rappeler ce qui s’était passé. Je devais rester seule, ce serait le seul moyen de me protéger et de le protéger.
Je lui répondis sèchement et il eut la réaction que j’escomptais. Il laissait tomber. C’était parfait. Il allait oublier cette part de moi qui le forçait à rester présent à mes côtés. Il allait me concevoir uniquement comme un petit soldat de Genetic persuadée d’avoir accompli sa mission. Il me mépriserait et se tiendrait loin de moi. Avec un peu de chance, il me détesterait également. Je finirais bien par venir à bout de sa patience et de son éternelle foi en l’humanité. Il comprendrait que j’étais une cause perdue et lâcherait l’affaire. Peut-être que c’était cela que Brennen avait vue en moi à l’époque. Peut-être que malgré mes efforts pour être à lui et avec lui, il avait fini par me voir comme tous les autres m’avaient vue.
BANG
Je fermai les yeux de nouveau quand je sentis ses doigts sur ma peau. Il n’avait pas répondu à ma question. J’avais été mise au repos forcé à cause de mon bras, mais ne rien faire m’obligeait à me repasser le film en boucle. Et cela me rendait dingue. Seulement, je n’avais pas la moindre idée de ce qui se passerait une fois dehors. Un flic connaissait mon nom… trouver mon adresse serait facile… C’était même étonnant qu’il ne soit pas remonté jusqu’à Genentech ou ne serait-ce que Tussle… Mais je serai attendue si je rentrais chez moi. Alors partir d’ici pour aller où ? J’avais vraiment l’impression d’être revenue dix ans en arrière.
Ma tête se tourna à mon corps défendant quand il effleura l’une de mes blessures du bout des doigts, ce qui me causa un étrange mélange de caresse et de douleur. Pour la première fois je vis les dégâts. Ce n’était pas beau. Mais surtout ce serait à jamais gravé en moi, ce qu’il avait fait et ce qu’il m’avait obligée à faire. Mon attention se détacha de la blessure pour observer Wetherford et ses gestes. Il semblait enfin faire ce que j’attendais de lui : qu’il m’abandonne.
Un mur s’était installé entre nous. Pourquoi ça me faisait mal alors que c'était exactement ce que je voulais ? Je savais que je devais aller jusqu’au bout. De toute manière, il me haïrait, quand il apprendrait ce que j’avais fait. J’avais osé tuer quelqu’un. Il ne me le pardonnerait jamais cela, n’est-ce pas ? Mes yeux cherchèrent enfin les siens, dans une dernière bravade. Nous étions habitués aux silences, à ces mots retenus entre nous, afin d’éviter que tout explose. Sauf que c’était exactement ce que je voulais aujourd’hui. Que cela explose. Qu’il me rejette, qu’il m’abandonne, qu’il me laisse crever, qu’il m’aide à me séparer de cette saleté d’humanité qui m’avait fait souffrir depuis le début.
« Qu’est-ce que tu veux que je te dise, Keaton ? Je serai peut-être assez gentille pour te dire ce que tu veux entendre. J’ai fait ce que je devais. Je ne regrette rien. »
Ces derniers mots m’avaient arraché la gorge. Jamais un mensonge ne m’avait été aussi pénible et douloureux et je me dégoûtais. J’avais envie de gerber à mes propres pieds. J’avais pourtant tenté de prononcer ces mots sans ciller, bien que je doutais d’y être parvenue. Peut-être y croirait-il. Il le fallait. J’avais une si mauvaise réputation. Je l’avais déçu tellement de fois. J’étais le cerbère de Genetic. La pétasse. Il devait y croire.
Keaton T. Wetherford
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Sujet: Re: So why do I try, I know I'm gonna fall down [Terminé] Mer 5 Fév - 18:06
L'eau. Mon élément. Régulièrement calme, imperturbable, suivant son cours sans jamais s'en détourner jusqu'à ce que des obstacles l'obligent à sortir de son lit. Cette jeune femme représentait en quelque sorte une perturbation à une quiétude appréciée mais surtout très recherchée. Et ce, depuis le premier jour de notre rencontre. Je m'affairai, sans un mot, restant impassiblement dans mon rôle de médecin. J'avais franchi le seuil de cette pièce dans ce rôle. Nous savions tous les deux que je ne portai plus cette casquette à cet instant précis. N'en déplaise et malgré la sécurité que cette position amenait. Je lançai des coups d’œil tout en m'affairant. Pas un mot, ni même un regard qui trahit le fond de mes pensées. Une eau calme, sûre, reposante à un tel point que cela ne pouvait que paraître suspect. Et inquiétant.
Elle tenta de me faire sortir de mon silence. Je relevai la tête pour la fixer. Elle proposa de se montrer docile pour me dire ce que je désirai entendre. Dakota Reese Cooper prête à s'aligner dans les rangs pour ne devenir qu'un docile petit mouton, voilà qui se révéla étonnant. Par contre, sa dernière phrase se révéla un bien piètre mensonge. Sa voix fut moins assurée. Son regard la trahit surtout. Voilà des détails faciles à percevoir quand on avait foulé les planches durant quelques temps, quand on avait appris à observer les gens en restant un mystère pour eux car on refusait d'en révéler trop à son sujet. Je ne répondis rien sur l'instant, me contentant de prendre de quoi désinfecter ses blessures. Mes prunelles quittèrent les siennes sans que je ne répondis à sa question. Trop occupé à remplir mon rôle de médecin ? En apparence, seulement.
« Mission accomplie... » Il y eut une légère inspiration, un coup d’œil lancé en biais. L'eau du lac commença à s'agiter, comme si un vent se levait ou qu'un élément extérieur venait de se laisser glisser dans celle-ci, déplaçant sa masse. « La mission est une réussite pour Genetic en effet, tu peux être fière de toi brave petit soldat. Mais tu as oublié un détail.. » Au dessus du lac, peut être que l'on put entendre un bruit. L'orage grondait non loin, prêt à éclater. « Que tu te foutes de moi, je m'en fiche. Que tu cherches à me défier car je te tape sur le système, je sais faire avec également. Mais là... » Un mot pour qualifier ce à quoi je songeai ? Je n'en trouvai point. « Si tu voulais te faire mousser pour rentrer de nouveau dans les bonnes grâces de Tussle ou d'Holster, je pense que tu as réussi ton coup. Félicitations Cooper. Mais tu es descendue en flèches dans les miennes. » Je m'interrompis brusquement pour lui faire face. Je ne désirai pas qu'elle prononce ce que je voulais entendre. Par contre, elle n'allait avoir pas d'autre choix que d'écouter ce que j'avais à dire. « Tu as oublié que tu bosses pour moi et je représente le Cap. Tu as oublié aussi la politique de ma famille depuis des années, pourtant en bossant auparavant pour Tussle, tu es au courant du pacifisme que prône le Cap. Mais tu es allée sur cette mission, de toi-même. Sans m'en parler. Tu peux te foutre de moi Cooper mais il est hors de question de saper le boulot de ma famille... Ta présence là-bas.. Le Cap qui envoie un petit soldat alors qu'il s'évertue à voter contre la violence à chaque réunion ? Tu as perdu ton cerveau avant de prendre part à cette mission. Et tu as perdu ta conscience là-bas en tuant un homme. Alors, regarde-moi bien en face et redis moi que tu ne regrettes rien, que tu as fait ce que tu devais faire et que cette mission est une réussite. Vas-y, j'attends de les entendre une nouvelle fois pour être certain que c'est bien ce que tu penses et ensuite je pourrai rétorquer que je te vire sans aucun remords. »
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Sujet: Re: So why do I try, I know I'm gonna fall down [Terminé] Mer 5 Fév - 20:47
Tout mon être semblait à vif. J’avais l’impression de brûler de l’intérieur. Je faisais cela depuis longtemps pourtant, me couper des autres et m’écarter. Je savais jouer sur tous les tableaux, mais cette fois, mes mensonges me rattrapaient. Ils m’étaient douloureux. Surtout face à lui. J’aurais cru au contraire que ce serait plus simple mais cela ne l’était pas. J’avais demandé à cet homme de m’empêcher de fuir, et aujourd’hui, j’attendais qu’il fasse l’inverse, qu’il cesse de me retenir et qu’il me laisse sombrer, parce que je n’avais plus du tout envie de me battre. Alors je tentai le tout pour le tout, même si cela devait me faire du mal.
A entendre sa réponse, j’avais réussi mon coup. Pourtant, je ne m’en sentis pas soulagée. Loin de là. J’avais juste la satisfaction d’avoir réussi mais la douleur de l’entendre employer ce ton. Cette neutralité ne nous était pas commune, loin de là. La colère, les cris, les hurlements, les gestes déplacés, ça, je les gérais. Mais pas les échanges neutres. Ils n’avaient jamais existé entre nous, et ils n’existeraient jamais. Voilà, j’étais un brave petit soldat. J’étais le monstre, le cerbère de Genetic. Qu’il garde en tête cette image, ce serait bientôt fini. Je gardai obstinément les yeux rivés bien profondément dans les siens même si cela me faisait mal à en crever. Qu’il me voit comme un monstre… c’était ce que je voulais, là, maintenant, mais putain ce que ça me faisait mal…
« C'est donc important que je ne sois pas contre toi. »
« Possible »
Cette nuit-là me semblait si loin… j’avais de la peine à savoir si elle avait réellement existé. Nous étions toujours l’un contre l’autre en réalité. C’était notre mode de fonctionnement. Mais jamais au point de rupture. Il y avait toujours l’un de nous pour rattraper l’autre. Mais pas cette fois. Je me pris une grande claque quand il me soupçonna d’avoir fait cela pour plaire à Tussle ou Holster, mais je ne montrais rien. Si j’avais voulu leur plaire, je l’aurais tué lui. Lui et pas Brennen. Quel con. Il ne me connaissait vraiment pas. J’avais été idiote d’imaginer le contraire. J’avais atteint le point faible visiblement, car lui, que je n’avais jamais réellement vu en colère le fut soudain. J’encaissais ses coups… jusqu’à ce qu’ils soient injustes. Mon masque se fendilla, laissant place à l’incompréhension et à la colère.
« Tu l’as engueulée, l’autre ? Il me semble qu’elle aussi elle était sur les lieux ! Pourquoi c’est moi que tu accuses ? Pourquoi moi je n’ai pas le droit à ton pardon ? »
Je criais par-dessus sa voix même s’il ne s’arrêtait pas. Ce n’était pas juste. Oui, j’étais son représentant, mais à ses yeux, c’était plus grave qu’un petit soldat trahisse sa politique mais pas la femme avec qui il allait avoir un môme ? Une nouvelle fois, elle avait le droit de tout commettre, de trahir le Cap, de rendre un gamin orphelin de mère, mais moi, je ne pouvais pas obéir à un ordre direct des têtes de Genetic ? Pourquoi ? De quel droit ? Par contre je fus réduite au silence par la suite…
Et tu as perdu ta conscience là-bas en tuant un homme.
Je n’entendis pas la suite. Il savait. Il savait pertinemment en entrant ici. Il m’aurait arraché le cœur à main nue pour le piétiner ensuite, je n’aurais pas eu plus mal qu’à cet instant. Ma vue, mon cerveau s’embrouillèrent. J’avais tué le premier homme que j’avais aimé, parce qu’il n’avait rien vu à sauver en moi. Avais-je perdu ma conscience ? Si seulement, au moins je n’aurais pas l’impression qu’on m’appliquait avec fureur un tisonnier sur une plaie ouverte.
Mes deux bras se tendirent et le frappèrent de plein fouet sur le torse. La douleur dans mon bras droit fut fulgurante, mais cela ne m’arrêta pas.
« Comment tu oses ? COMMENT TU OSES ? »
Une fois… deux fois mes bras s’abattirent sur lui. Il avait ouvert les vannes, laissant déferler le torrent que je retenais malgré mes faibles barrières. Je me relevai tout à coup et de rage, je renversai l’espèce de chariot à côté de ce lit. Je balançai un verre à travers l’infirmerie également. Qu’est-ce qu’il en savait putain ? Qui était-il pour me juger ? Comment saurait-il ce que je ressentais ?
« C’était pas UN homme putain ! »
Je revins vers lui pour tambouriner sa poitrine en dépit de la douleur qui me faisait grimacer. Je ne voyais plus rien. Le bruit de coups de feu m’assourdissait, je revoyais Brennen tomber. Mais j’avais perdu ma conscience. Non, c’était justement parce que j’avais une putain de conscience que ça me rendait malade. Il était possible que je pleure, je ne savais plus. Je n’avais pas versé une larme, je n’avais pas laissé cette colère sortir depuis si longtemps.
« T’étais pas là ! Tu sais pas ce qui s’est passé ! J’ai tout perdu moi ce jour-là. Tout ! Je peux plus rentrer chez moi ! Je peux pas rester ici ! Et t’es vraiment un putain d’abruti si tu crois que j’ai fait ça pour Tussle ou Holster. »
Je sentais mes forces m’échapper. Je n’avais pas dormi depuis des jours. Je n’avais guère mangé non plus. Mes jambes se dérobèrent, alors que je me raccrochais à lui, avant de le lâcher.
« J’ai aimé deux hommes. J’en ai sauvé un et j’ai tué l’autre il y a cinq jours, après qu’il m’ait tiré dessus à deux reprises… »
Plus rien ne tenait. Ni mes barrières mentales, ni mes barrières physiques. Plus rien. J’avais l’impression d’être nue après une séance de torture. Mes larmes coulèrent sans que je ne les contrôle et j’enfouis ma tête dans mes mains. Je ne voulais plus être humaine... ça faisait trop mal...
Keaton T. Wetherford
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Sujet: Re: So why do I try, I know I'm gonna fall down [Terminé] Dim 9 Fév - 19:06
Il fallut plusieurs minutes avant que je ne me décide à parler pour révéler le fond de mes pensées. Guère étonnant quand on me connaissait un minimum. Je gardais tout pour moi, mais une fois que les vannes étaient ouvertes, il était difficile de m'arrêter. Alors oui, j'en voulais à cette femme pour différentes raisons. Avoir risqué sa vie avec débilité pour une action que je condamnais. Avoir sali le nom des Beckett et la position du Cap en prenant part à toute cette absurdité. D'autres raisons également sur lesquelles je ne m'attardai pas, me concentrant sur cette position du Cap qu'elle avait trahi. J'étais le représentant de ma famille, de ma sœur. Je ne pouvais pas laisser passer une telle chose, surtout quand ça venait d'une personne qui bossait directement pour moi. Je me demandais quelle ligne de défense elle allait adopter. Je l'appris très vite quand sa voix s'éleva au dessus de la mienne.
L'autre... Autrement dit Kate. En guise de défense, elle l'attaquait elle. Une fois de plus, pour ne pas changer. Pourquoi se sentait-elle obligée de la rabaisser pour se relever de son côté. Je ne connaissais pas de psychologue mais avoir l'avis d'un professionnel méritait peut être que je prenne le temps de m'arrêter pour poser la question. Cela ne m'arrêta pas, je poursuivis, laissant de côté pour le moment ses questions, les laissant en suspend et me disant que peut-être, et je dis bien peut-être, j'y apporterai des réponses par la suite. À peine eus-je terminé que la jeune femme fut prise de folie. Ses bras s'abattirent sur ma poitrine. Ce ne fut pas la première fois. Ce ne serait certainement pas la dernière, je n'en avais aucune idée. Comment j'osais quoi ? La confronter au fait qu'elle avait tué un homme ? Je n'avais fait que révéler une vérité que j'avais lu et qu'elle ne sembla pas nier. Cooper si sûre d'elle défaillait, car elle avait tué un homme ? Pourtant... à l'entendre, on la supposait capable de bien pire.
Je ne répondis rien à ses cris, la laissant se défouler sur moi, ne cherchant même pas à l'arrêter. Aucune phrase ne pouvait plus franchir mes lèvres si ce n'était une du genre que je l'obligeais à se confronter à ses actes. Peut-être qu'il y avait davantage derrière tout ceci, quelque chose que je ne soupçonnais pas et dont je n'avais pas la moindre idée. Quelque chose qui expliquait qu'elle renversa le chariot de soin et qu'un verre vola à travers la pièce aller s'écraser un peu plus loin. Ce n'était pas un homme. « Alors c'était qui ? » Je posai ma question d'un ton neutre alors qu'elle repartait pour un tour, me frappant sur le torse. Voilà qui devenait vraiment une habitude... Ridicule. Si elle avait pour intention de vraiment se défouler tout en me faisant mal, elle aurait du viser la tête. Chose qu'elle ne fit pas. Quand elle reprit la parole, je fus presque à me sentir coupable de ne pas comprendre ce qu'elle ressentait, ce qu'elle tentait d'expliquer. Pourtant, je n'y parvenais pas car de mon côté, je me ressassais également que j'avais failli tout perdre ce jour là. En partie à cause d'elle.
Puis vint le moment où elle faiblit enfin, manquant tomber, s'accrochant à moi pour se rattraper. Je la maintins également d'une main pour l'aider à se remettre d'aplomb mais la lâchai aussitôt que ce fut fait. Et enfin j'appris qui était cet homme. Elle l'avait aimé, elle avait du le tuer car sinon elle serait morte de sa main. Pourquoi ? Quelle raison l'avait poussé à lui tirer dessus ? On ne le saurait jamais. Les questions resteraient en suspend. Je compatis cette fois, mais toujours en silence alors que les larmes se déversaient sur ses joues. Quelques pièces du puzzle s'emboitaient, faisant la lumière sur certaines zones d'ombre. Tout n'était pas révélé au grand jour, tout ne le serait pas aujourd'hui, ni même jamais. J'avais conscience que le second homme auquel elle fit allusion, c'était moi. Quelques temps auparavant, j'aurais agi différemment. J'aurais laissé cette force me guider pour la prendre dans mes bras et la consoler. Mais je ne pouvais plus. J'en avais fini de tout ceci, de toutes ces conneries.
« Je suis désolé que tu ais eu à le tuer. » Sincèrement. Je n'avais pas pour habitude de mentir. L'intonation de ma voix contrastait avec la sienne. La colère était retombée, du moins en apparence. J'étais étrangement calme, beaucoup trop, comme si je ruminais quelque chose qui était sur le point de sortir et qui dévasterait tout sur son passage. « Être allée contre la politique du Cap est une erreur. Je t'accorde mon pardon pour celle-ci. J'étais prêt à fermer les yeux, à passer outre, mais pas après ce que tu viens de me révéler. Tu veux savoir pourquoi je t'accuse Dakota ? Tu savais qu'elle était là-bas. Ce jour là, le seul coup de fil que j'ai reçu, c'est le sien. Pas le tien pour me dire qu'elle était sur place, non, le sien. Peut-être que tu ne le savais pas et que tu l'as appris ensuite, mais depuis pas un seul coup de fil de ta part alors que je t'ai embauchée pour protéger mes filles en plus de moi. Désolé de ne pas être davantage compatissant, je ne peux pas me préoccuper de tes larmes, de ta peine alors que Lou aurait pu naitre et mourir au milieu de tout ce merdier sans que je le sache. C'est fini. Tu sais l'importance que j'attache à ma famille. Si Kate a mon pardon, c'est parce que je l'aime. Je veux que ton bureau soit vide pour la fin de la semaine, tu peux rester à Genetic mais je n'ai plus besoin de toi. »
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Sujet: Re: So why do I try, I know I'm gonna fall down [Terminé] Lun 17 Fév - 19:17
J’étais vidée. J’avais explosé, et je n’avais plus rien en moi. La tempête s’était abattue, incontrôlable. Juste quelques mots prononcés. Par lui et cela avait suffi à faire tout exploser. Un mélange de rage, de tristesse, de colère, de dégoût. Et je n’aimais pas cela. Je détestais cette sensation d’être submergée, dépassée par soi-même. Je n’avais rien calculé, rien anticipé. J’aurais voulu tout garder, mais peu importait. Plus rien n’importait. Aujourd’hui il savait une partie de ma vie que je gardais précieusement secrète. Cette petite part d’humanité qui faisait mal. Celle qui m’avait mise KO plusieurs années plus tôt. Celle qui me changeait encore aujourd’hui.
Ses mots, glaciaux, résonnaient comme autant de balles tirées en moi. Le visage de Wetherford se superposa à celui de Brennen dans cette image qui tournait en boucle dans ma tête.
BANG
Le reste de mon âme se brisa. La dernière barrière qui me maintenait venait de céder. Celui qui incarnait le bien, la compassion, l’optimisme, la détermination venait de révéler sa véritable nature. Celui d’un homme égoïste, incapable de comprendre que j’étais dans un état second depuis cinq jours, lâche, et profondément illogique. Etait-ce en lui que j’avais cru ? Un homme prêt à se foutre ses idéaux dans le trou du cul pour une femme ? Un homme qui tolérait la souffrance des autres, mais pas la sienne ? Je tombais de très haut. Et il essayait de se donner bonne conscience en plus ? Alors qu’il savait très bien que seule son autorité me maintenait à Genetic et que les grands pontes ne toléraient ma présence que parce que j’étais son employée ? J’ouvris les yeux pour la première fois de ma vie. C’était donc bien cela, Genetic. J’avais cru en eux, car ils étaient ma famille depuis mes quinze ans. J’avais eu une chance de survivre, de faire des études, grâce à eux, mais voilà qui ils étaient réellement. Des êtres capables de pourrir un homme qui semblait incorruptible. Des êtres qui vous lâchent aussi facilement.
Mes larmes cessèrent immédiatement de couler. Je me relevai et retournai m’assoir sur le lit, passant près de Wetherford sans même le regarder. S’il n’y avait plus rien à sauver en moi, il n’y avait plus rien à sauver en lui, et ce qui nous différenciait réellement à cet instant précis, c’était que moi, je n’avais strictement plus rien à perdre, alors que lui, avait une faille béante dans son armure.
« Félicitations pour Lou. »
Il n’y avait aucune intonation dans ma voix. Ni sarcastique, ni méprisante, ni enjouée. La neutralité absolue, parce que je ne ressentais strictement plus rien. Petite Lou que, contre toute attente, j’aurais réellement protégée, tout comme j’avais protégé Ingrid. Et Adalia. Mais puisqu’il se sentait capable de veiller seul sur elles, alors soit. Je ne protègerais personne. Et si jamais on se mettait en travers de mon chemin, je n’épargnerais personne… Quant à la femme qu’il aimait… Elle avait commis bien des erreurs et elle avait des ennemis… Car il n’y avait pas que moi qui la haïssais… Oh non… Et elle n’avait plus Lou dans le bide pour la protéger.
« Je les protégeais… Bien plus que tu ne le crois. Je suppose que toi qui tiens tellement à tes enfants, tu lui as demandé pourquoi elle avait bafoué les idéaux du Cap et mis ta fille en danger en allant là-bas, alors qu’elle savait pertinemment qu’elle allait accoucher… Mais tu as raison, c’est moi qui ait mis Lou en danger. Il y a tellement de morts autour de vous… »
Plus qu’autour de moi. Je n’étais qu’un pion. Un vulgaire pion. Qui venait d'être condamné et qui en avait bien conscience.
« Merci pour le pansement. Mes affaires auront disparu du bureau dans une semaine comme tu le souhaites. Et rassure-toi, je ne mordrai personne. Je suppose qu’ils ne me laisseront pas partir aussi facilement, n’est-ce pas ? »
Keaton T. Wetherford
Représentant du Cap C.A. de Genetic
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Sujet: Re: So why do I try, I know I'm gonna fall down [Terminé] Sam 22 Fév - 9:28
Mes mots résonnèrent dans la pièce. Je virai Dakota de la place que je lui avais offerte quelques semaines auparavant. Ces quelques mots suffirent pour arrêter bien des choses, à commencer par ses larmes. Je me doutai de l'avoir piqué au vif, d'avoir appuyé pile à l'endroit où cela faisait mal. Je me doutai que ma décision passerait mal, je l'envisageai même. Je l'acceptai car elle était mienne, aucunement dictée par une tierce personne. J'aurais pu appeler Tammy pour lui demander conseil sur quoi faire et quelle décision prendre. Quelle vraie utilité cela aurait eu ? Je connaissais suffisamment ma sœur à présent. Elle ne m'aurait pas apporté de réponse directe, seulement des pistes pour que je réfléchisse et finisse par prendre la meilleure décision, autant pour moi que pour notre famille. Alors pour ce que je venais de dire, je ne me sentais pas coupable, autant pour le Cap et les Beckett que pour ma famille dans sa globalité.
Cooper passa près de moi, sans même me regarder. Mes prunelles la suivirent alors qu'elle retourna s'asseoir sur le lit. Un silence passa avant qu'elle me félicite pour ma fille, ce petit trésor qui faisait ma fierté depuis quelques jours et que je n'avais pas vu naître. « Merci. » L'intonation de ma voix fut tout aussi neutre que la sienne. Quelle autre attitude aurai-je pu adopter de toute manière ? Il n'y en avait aucune d'appropriée. Être glacial aurait été déplacé. Trop enjoué aurait été dérangeant. La neutralité parut donc le comportement le plus sage. Il me permit également de faire retomber un peu la pression et de calmer ce tumulte qui me parcourait. Peut-être qu'à présent qu'une décision avait été prise, la discussion serait beaucoup plus calme. Peut-être seulement car une nouvelle fois, elle mentionna Kate indirectement. Je me détournai pour ramasser quelques objets étalés sur le sol, la table de soin également sur laquelle je posai le tout.
« Pourquoi est-ce que tu fais ça ? Toujours à te sentir obligée de mêler Kate à nos discussions, à tenter de la rabaisser devant moi. Cette discussion sur les raisons de sa présence là-bas ne regarde qu'elle et moi. Elle ne te concerne pas et de toute manière il est hors de question que je vous offre des cartes pour vous tirer dans les pattes. Vous êtes assez douées pour le faire toutes seules. » De toute manière, j'étais las de ce genre de comportement. Je ne souhaitai plus justifier le comportement de l'une face à l'autre. M'élever entre les deux n'était que source d'ennuis. Je ne souhaitais plus intervenir, seulement si ça concernait le Cap, Tammy, mes filles ou moi-même. Leur petite guerre n'était pas pour moi, j'empêcherai seulement qu'elle dérape trop loin. En dehors, qu'elles se crêpent le chignon. Je n'étais plus l'arbitre d'un match qui me dépassait et dont j'avais déjà choisi ma position. J'aimais une seule femme, j'avais failli déconner avec une autre, cela s'arrêtait là. Qu'on me foute la paix et qu'on me laisse libre de mes sentiments.
Je rejoignis le lit pour m'asseoir à côté de Cooper. Elle sembla se faire une raison, m'affirmant qu'elle débarrasserait son bureau comme je l'avais demandé. Je compris sa question. Genetic, ce vaste engrenage dans lequel nous étions et dont il n'était pas si aisé d'en sortir une fois à l'intérieur. « Tu peux rester et repartir du bas en regagnant tes galons. Ou partir du groupe mais tu sais ce que cela implique. Tu as le choix, mais il n'y a que toi qui puisse le faire. J'ai pris la décision qui me semblait la plus juste pour ma famille et pour moi. À toi de prendre la tienne, je ne peux pas t'aider sur le sujet, seulement te dire que si tu choisis de partir, je serai obligé de te mettre sur le listing des mutants recherchés. Et ça, tu le sais. »
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Sujet: Re: So why do I try, I know I'm gonna fall down [Terminé] Lun 24 Fév - 14:42
Genetic était une machine bien cruelle. Je le savais depuis un bout de temps, mais j’en avais rarement fait les frais. J’avais tout donné à ce groupe. J’étais devenue la protectrice de l’un des membres du CA. J’avais souffert. Tout cela pour quoi aujourd’hui ? Pour être virée comme une malpropre après que tout se soit effondré. Je voyais clair autant que j’étais paumée. Genetic détruisait tout, y compris l’humanité chez la personne qui devait l’incarner. Il y avait toujours eu quelque chose chez lui qui m’avait fasciné. Aujourd’hui, je savais. C’était cette humanité, cette bonté. Le fait qu’il ne soit pas corrompu comme tous les autres. Mais cela n’avait été qu’une illusion. Il agissait dans son intérêt, comme nous tous. Il se fichait que des vies soient détruites. Comme moi. Finalement, nous nous ressemblions. Et ça, c’était plutôt moche.
Il y avait un vide profond en moi. Plus de colère, plus de force, plus de haine. Une froide indifférence peut-être. Et encore, je ne savais pas si c’était le terme exact. Je ne le regardais plus. En réalité, je ne voyais même plus rien. J’avais le choix. Tu parles. Pour la première fois de ma vie, j’envisageais de m’enfuir. Cela ne m’avait jamais traversé l’esprit. Même quand j’étais ado et qu’on passait des heures à me piquer, à provoquer mon poison, à me faire passer des dizaines de tests. Jamais. Parce que rien ne me paraissait pire que le monde extérieur. Cette fois, c’était l’inverse. J’étais au cœur du nid de serpents… De ces enfoirés qui se délecteraient de ma situation. De cet homme que je serai bien obligée de croiser. De cette femme. De ces gens qui vous détruisent de l’intérieur. Oui, pour la première fois, j’avais envie de partir, parce que je voyais l’horreur de ce groupe et que j’étais épuisée. Ses paroles me ramenèrent momentanément dans la pièce… Reynolds. Pourquoi la mêler ? Peut-être parce qu’elle était présente depuis le début. Dans chacune de nos discussions, dans chacune de nos décisions. Son ombre ne nous avait jamais permis d’être honnêtes l’un envers l’autre. Nous avons failli l’être, cette fameuse nuit. Failli seulement. Je relevai ma tête vers lui.
« Peut-être que j’aurais aimé que tu puisses me regarder comme tu la regardes… »
Aveugle. Tolérant. Amoureux ? J’étais lasse qu’on me traite de monstre égoïste quand on n’était pas capable de balayer devant sa propre porte. Reynolds et moi, c’était une très longue histoire. Et peut-être qu’elle s’écrirait encore longtemps si j’étais contrainte de rester. Mais je savais très bien que si je la recroisais maintenant que je n’avais strictement plus rien, plus aucune barrière ne me retiendrait. Même plus Wetherford vu qu’il avait détruit mon dernier rempart d’humanité. De toute manière la question ne se posait peut-être même plus. Mais est-ce que partir serait possible ? Est-ce qu’il m’offrirait au moins cela, ma liberté ? Est-ce qu’il m’aiderait à partir de Genetic ? Quand il prit place à côté de moi, j’aurais pu espérer. Mais c’était fini. Il n’était plus Keaton Wetherford. Juste un membre de Genetic, et il répondit en tant que tel. Mes yeux fixèrent alors un point invisible sur le sol. Repartir de rien, comme dix ans en arrière ou fuir pour être traquée. Belle ironie du sort. Et le choix me revenait. Quelle générosité !
« Quand je t’ai demandé de m’empêcher de fuir, ce n’était pas exactement dans ce sens que je l’entendais… »
Mes yeux se posèrent ensuite sur le bandage. C’est fou comme tout peut partir en vrille en l’espace de quelques secondes. Une semaine pour décider du reste de ma vie. J’étais donc un danger… alors que je m’étais occupée d’Ingrid quand elle était malade et que j’avais empêché Reynolds d’entrer dans la chambre de Wetherford alors qu’il était contagieux et que cela aurait pu atteindre Lou… Mais j’étais un danger qui méritait d’être traqué. J’eus un petit rire nerveux.
« Je ne peux plus rentrer chez moi car j’ai tué un flic. Le seul homme pour qui j’avais changé a essayé de me tuer et je n’aurais jamais de réponse. Dix ans de ma vie sont partis en fumée aujourd’hui. Alors être recherchée et emprisonnée ici… est-ce que je suis encore à ça prêt ? Je ne peux pas redevenir un cobaye et trois des plus hauts responsables attendent la moindre erreur de ma part. Tu sais très bien qu’aucun de vous ne me « rendra mes galons ». Et je sais comment fonctionne Genetic. Je sais très bien que vous me retrouverez, où que j’aille… et je ne suis pas vraiment faite pour vivre entre quatre murs. Cobaye ou prisonnière, je préfère encore mourir. Quand bien même tu as pris la meilleure décision à tes yeux, arriveras-tu à te regarder dans le miroir le jour où tu auras un rapport qui dira qu’on m’a tuée, ou qu’on m’a enfermée à vie dans les sous-sols ? »
Il n’y avait aucune accusation dans mon ton, aucun désire de le culpabiliser, et j’osais espérer qu’il me connaissait assez pour le comprendre. Je ne pouvais pas rester, n’est-ce pas ? Et fuir ne mettrait en danger que ma vie, c’était l’avantage quand on n’avait personne. Heureusement qu’Adalia…. Adalia…
Ma main s’empara de celle de Wetherford et je la serrai de façon éphémère. Je n’avais pris aucune décision. Je ne pouvais pas le faire aujourd’hui.
« Quoique je décide, rends-moi juste un dernier service. Adalia Noémie Landson. Je faisais les démarches pour l’adopter. Enfin, du moins être sa tutrice légale. C’était elle qui m’avait écrit la lettre… J’aimerais la voir, lui parler une dernière fois. Je me doute que ce ne sera pas possible de l’avoir auprès de moi en chair et en os, mais je voudrais au moins lui écrire. Je ne veux pas la mettre en danger, alors… est-ce que tu pourras lui transmettre ma lettre et t'assurer qu'elle est vraiment avec de bons parents, pas du genre à la laisser seule ou à la foutre dehors pour avoir la paix ? »
Que ce serait-il passé si j’avais obtenu sa garde ? Serait-elle tout de même orpheline car j’aurais merdé quoiqu’il arrive ? C’était étrange comme là, à cet instant précis, j’avais besoin de voir cette enfant. Alors que je détestais toujours autant les gosses. J’aurais tout donné pour la revoir, elle, la seule gamine que j’avais jamais prise dans mes bras. Peut-être parce que tous ceux que j’avais aimés disparaissaient, et que j’avais besoin de lui dire au revoir.
Keaton T. Wetherford
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Sujet: Re: So why do I try, I know I'm gonna fall down [Terminé] Mar 4 Mar - 19:00
Nul ne peut affirmer que prendre une décision est une chose aisée, surtout pas moi. Une fois qu’elle est prise, il faut apprendre à vivre avec. Peut-on se rétracter, revenir en arrière en espérant que tout aille pour le mieux ou que du moins les conséquences soient moins pires que celles envisagées ? On a pour coutume de dire qu’il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis. Et moi, dans quelle catégorie je me situais ce jour-là ? Celle des cons, ou non ? Je fus incapable de répondre à cette question, ne trouvant pas d’explication logique, non dérangeante et qui me satisferait. La seule explication à mes yeux fut que je ne pouvais pas garder Cooper à mon service. Même s’il avait failli y avoir quelque chose entre nous, même si je ne la détestais pas et que je l’appréciais dans le fond, même si elle devait en douter à cet instant. Le problème était peut-être tout simplement là. Je ne la regardais comme je pouvais regarder Kate. Je ne la retenais pas comme elle espérait que je la retienne. « Je suis désolé Dakota. » De ne pas être en mesure de combler ses attentes, ses espérances. Désolé également de ne pas vraiment lui laisser le choix. Entre la fosse aux lions et celle aux serpents, peut-être que le résultat serait le même, ce qui changerait, ça serait la manière de l’atteindre. Ou peut-être pas si d’autres facteurs entraient en jeu…
J’en avais conscience mais non elle. Je le compris quand elle reprit la parole. Elle préférait mourir qu’être prisonnière de Genetic, ou même un cobaye. Trois mois s’étaient écoulés depuis notre première rencontre et nous en étions toujours au même point. Elle ne comprenait pas mon mode de fonctionnement, mes agissements, mes pensées. Je ne pouvais la blâmer, c’était peu pour apprendre à connaître quelqu’un. Mais elle était intelligente, perspicace, un agent doué de Genetic, alors sans doute que je plaçai trop d’attentes pour qu’elle me comprenne sans jamais vraiment me dévoiler complètement. Je lui aurais permis de rentrer dans mon monde, elle aurait deviné la réponse à sa question. Peut-être même qu’elle ne l’aurait même pas posée en fait. « En quelque sorte, depuis le premier jour tu m’as mis dans le même sac que Tussle et Holster. C’est compréhensible, j’aurais peut-être fait la même chose, je ne sais pas. Tu as dépassé ce stade de cobaye, tu es un agent. Je déteste ce mot cobaye et tu le sais que je lutte contre.. Tout comme je n’attendrai pas la moindre erreur de ta part pour te descendre. Dès le premier jour, je t’ai donné la vision de Genetic que je poursuis, tu sais celle du bisounours idéaliste et utopiste qui croit que les choses peuvent changer avec la douceur. »
Cette rencontre dans la salle d’entraînement de Genetic avait été notre premier bras de fer. Ce jour-là, j’avais mentionné le fait que nous étions tous des pions sur un échiquier. J’avais parlé de gambit. Mais au-delà de tout ceci, je désapprouvais déjà les cobayes, les méthodes forcées et cette ligne, de conduite, je la poursuivrai toujours. C’était la mienne et celle du Cap, elle ne changerait pas. « Alors est-ce que je pourrai me regarder dans un miroir ? Si tu venais à mourir, sûrement que non, je me dirai que si j’avais procédé différemment, ça ne serait pas arrivé. Mais si un rapport me parvient pour me dire que tu es enfermée dans les sous-sols, attends-toi à me voir débarquer. Je ne t’y laisserai pas croupir même si c’est ce que tu penses. » Je lui avais dit une fois quand elle m’avait demandé pourquoi j’avais sauvé la vie d’agents de Genetic si je n’aimais pas ce groupe. Ce n’était pas Genetic que je cherchais à sauver, seulement la vie d’hommes. Ce groupe aurait peut-être ma peau, mais non ma liberté de pensée, mes idéaux. Il ne me transformerait jamais en monstre capable de donner l’ordre de torturer un mutant, ou même de le tuer. Non, jamais.
La main de la jeune femme s’empara de la mienne. Mon regard clair se posa un instant sur nos mains. C’était étrange comme geste, vu les circonstances. Vu qu’elle me croyait capable d’ordonner sa mort, ou de la torturer. Je cherchai juste à la sauver, au-delà du choix que je lui proposai, j’espérais qu’elle reste un agent de Genetic. Je n’avais pas eu le choix pour Dylan. Je ne l’aurai pas non plus pour elle. Si elle décidait de partir, il valait mieux pour elle que ça soit moi qui rajoute son nom sur les listes. Elle ne serait ainsi pas classée parmi les mutants dangereux, à ramener en quelque sorte mort ou vif. Alors que si c’était Tussle qui la fichait…. Je ne préférai même pas imaginer ce qu’il noterait. Peut-être qu’elle le verrait en prenant du recul, je ne savais pas. Je ne pouvais juste tout simplement pas influencer sa décision qui ne serait pas prise aujourd’hui. Je ne lui demandais pas de le faire de toute façon. Par contre, au-delà de son propre sort, elle s’inquiéta pour une autre personne. Cette enfant qui lui avait écrit une lettre, pour qui elle avait tenté d’obtenir la garde. Dakota Cooper le cerbère sans cœur de Genetic ? Non, pas quand on savait pour cette petite fille. « Ok. Je trouverai un moyen de lui transmettre ta lettre et de m’assurer que tout va bien pour elle. S’il le faut, je ferai jouer mon statut de médecin. C’est promis. » Et comme pour sceller cette promesse, je pressai brièvement sa main. Puis je la lâchai, me levant. C’était sûrement la fin de notre entrevue, il était sans doute temps pour moi de partir. Je fis d’ailleurs un pas en direction de la sortie mais je m’arrêtai. Je me retournai pour la fixer. « Fais ce qui est le mieux pour toi. Rester ou partir… » Quelle importance si elle prenait la décision en son âme et conscience. « Quoique tu décides, je ne suis pas ton ennemi et je ne le serai jamais. J’interviendrai à ma manière pour qu’il ne t’arrive rien… Parce que je suis un putain d’idéaliste qui jure de temps en temps. »
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Sujet: Re: So why do I try, I know I'm gonna fall down [Terminé] Mar 4 Mar - 22:36
Je ne savais pas. Je ne savais plus. J’étais là, dans un endroit que j’avais toujours trouvé sécurisant et qui aujourd’hui ne me rassurait plus. C’était comme si les murs se rapprochaient pour mieux me compresser et me tuer. Je perdais tous mes repères, un à un. Et il était désolé. Qu’est-ce que ça changeait pour moi ? C’était lui qui avait décidé ça, non ? Lui qui avait choisi sa vie, et de la mienne, même s’il ne voulait pas en assumer la responsabilité. Il tenta de m’expliquer son point de vue. Je ne serais pas un cobaye, c’était pas bien, il fallait bien traiter les agents. Etait-ce bien me traiter ainsi, de me faire du mal ? De me rabaisser là où tout le monde voulait que je sois ? Parce que j’allais morfler à partir de maintenant, je le savais, et il devait s’en douter. La vérité, c’était qu’il s’en foutait ; Je ne serai pas cobaye, mais je serai la risée de tous, leur jouet, leur proie. Et si je devais encaisser les moqueries de ces abrutis, je finirai par mordre. Et là, il ne faudra pas venir se plaindre.
« Toi peut-être pas. Mais c’est ce que tous attendent. Tu as ta vision bisounours. Ce n’est pas la réalité. La réalité, ce sont des agents prêts à tous pour se bouffer, me bouffer au passage, mais je pense que c’est de bonne guerre. Je suis sûre que 90% des agents seraient prêts à trahir des soi-disant amis pour gagner du galon. Si tu dois jouer un rôle ici, n’oublie pas cette donnée. Tu es peut-être bisounours, mais la base, elle, ne l’est pas. »
Voilà que je lui donnais des leçons de politique maintenant ! Quatre ans de fac pour finir cerbère sans boulot. Whoua, ça avait vraiment valu le coup de bosser comme une tarée pour obtenir ce putain de diplôme qui ne me servait à rien. Une partie de moi espérait qu’il s’en sortirait dans ce nid de vipères. J’étais la pire d’entre elles, mais je connaissais absolument toutes les ficelles. J’aurais pu le guider, lui dire où mettre les pieds, quelles morsures éviter, mais c’était trop tard. Son choix me condamnait, c’était réellement ainsi que je le ressentais. Cela me fit bizarre… Me rassura un peu, peut-être. Il n’était peut-être pas encore ce monstre froid et insensible qu’il finirait par devenir en restant à Genetic. Il me ferait sortir ? Il serait le seul à me… regretter ? Allons, c’était idiot ; Personne ne me regretterai. Sa conscience le travaillerait, mais ça n’irait pas plus loin.
« Merci… »
J’avais murmuré ce mot, les yeux baissés. Je n’étais pas habituée à ça… encore moins à dire merci à quelqu’un qui venait de me virer. La suite serait encore plus contraire à ma ligne de conduite habituelle. Je lui demandais de l’aide, ce que je ne faisais jamais. Et en plus pour une môme… j’étais tombée vraiment bien bas… mais j’avais besoin de savoir qu’elle allait bien, sans la mettre en danger. J’avais l’impression, plus que jamais, que mes jours étaient comptés… que chaque minute que je vivrais à présent pouvait être la dernière… Et je n’avais pas répondu à la lettre d’Adalia. Il fallait que je le fasse. Mais l’approcher serait la mettre en danger, alors je ne voyais que lui pour faire cela pour moi. Enfin pas pour moi, mais pour Adalia. Il aimait les gosses, lui, alors il accepterait, pour elle… Je la regardai, d’un air là.
« Je déposerai la lettre sur ton bureau quand j’aurais vidé le mien. Contente que tu… veilles sur elle… en quelque sorte. J’veux qu’elle soit loin de Genetic et de tout ce bordel. Et surtout qu’elle ait de bons parents. Pas comme ma mère ou mon père qui s’est barré… »
Qu’importait aujourd’hui qu’il sache pour ma vie merdique ? On s’en foutait. Il savait presque tout maintenant…
« Mon père s’est barré peu après la naissance de ma sœur. Il aimait pas sa vie, et franchement, c’est quasi sur que ma sœur soit pas de lui vu son teint. Après ça, j’ai eu une myriade de beaux-pères de passage… Des cons alcooliques comme ma mère qui nous foutait dehors alors qu’on n’avait même pas huit ans pour profiter de ses mecs. Ah et un de ses mecs a essayé de me violer, c’est comme ça qu’on a su, pour… moi. Bref, ma mère m’a vendue et tu connais la suite… J’sais pas si Adalia est mutante, mais quand bien même, j’veux qu’elle évite ça, qu’elle ait une vie meilleure que celle-là. »
C’était la première fois que j’en parlais ouvertement. En fait, non, pas la première… mais je ne m’attendais pas à ce que je le laisse lui entrer dans cette part-là de ma vie avec autant de facilités. Peut-être parce qu’il avait réussi à me faire plus de mal que n’importe qui, qu’il était déjà entré… De toute façon, ce n’était pas comme si nous allions nous revoir. C’était fini. Donc il n’y avait plus de conséquences.
Sa main pressa la mienne en guise de pacte, puis il se leva. Bien, j’allais de nouveau être seule, comme je l’avais toujours été et comme je le serai toujours. Comme ça devait être. Mes démons allaient revenir et… Il était encore là ? Faire ce qui était le mieux pour moi ?
« Seulement j’en ai pas la moindre idée… »
Pas même une putain de minuscule idée. Et pourquoi me protéger, alors qu’il ‘avait pas confiance en moi. C’était tellement stupide. Mais c’était ce qu’il était… un surfeur putain d’idéaliste qui jure de… Quoi ? J’eux un sourire faible en levant les yeux vers lui. Même un petit rire.
« J’vous aurais appris à jurer, comme un homme, Wetherford. Bien mieux que ça ! Pour l’instant, ce qui pourrait m’aider, ce serait de me filer des cachets. J’ai mal au bras, mal au crâne, et je veux plus voir ces images. Tu peux me prescrire des trucs… de la morphine ou je sais pas quoi, j’suis pas médecin, mais qui me fasse tout oublier. C’est à peine plus puissant qu’un Efferalgan ce qu’ils me donnent ici et j’ai déjà tout avalé. Et des clopes aussi, si tu pouvais m’en trouver. Une sorte de… prime de licenciement. »
Et après je dormirai, abrutie avec tous les médocs… peut-être qu’après je chercherai un hôtel, je n’allais pas rester dans cette infirmerie… Mes yeux s’assombrirent, mon esprit aussi, et je relevais un visage très sérieux vers lui.
« N’emmène jamais Lou ici, ok ? Idem pour Ingrid. Si je suis pas là pour les protéger, ne les amène jamais ici… »
Même si elles étaient malades. Je ne voulais pas qu’elles deviennent comme moi…
Keaton T. Wetherford
Représentant du Cap C.A. de Genetic
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Sujet: Re: So why do I try, I know I'm gonna fall down [Terminé] Sam 29 Mar - 19:58
Au-delà de cette rencontre, il y eut une ouverture. Une entrée par la grande porte dans une sphère très privée. Celle-ci m’offrit une occasion en or, celle de rendre la monnaie de sa pièce à une personne qui ne m’avait pas très bien traité quand je lui avais parlé brièvement de mon enfance, de mes parents. Juste une interception, un tir et la jeune femme serait projetée dans ses buts. Mais je n’en fis rien. Aucune remarque sarcastique. Aucun mot de compassion qui l’aurait mise mal à l’aise. A présent je savais son histoire, sans zone obscure. Je comprenais un peu mieux pourquoi elle était devenue celle qu’elle était à présent. Sauf que je n’étais pas elle, alors même si je compatis intérieurement à ce que la vie lui avait réservé dans le passé, je n’eus aucune réaction extérieure. Je ne profitai pas de l’occasion. Ce n’était pas dans ma nature et si elle craignait que je le fasse, elle en était pour ses frais. Ou peut-être était-ce car au fond elle savait que je ne porterai pas de jugement qu’elle avait décidé de m’ouvrir ce pan de sa vie.
Une fois une promesse faite, je compris qu’il était grand temps de partir pour que ce moment ne se transforme pas en gêne qui deviendrait chaque seconde un peu plus dérangeante. Je me levai même dans cette intention, celle de sortir, refermant la porte derrière moi. Pourtant, je ne pus m’empêcher de me retourner pour prononcer quelques mots. Davantage qu’une trêve, c’était une paix. Je ne souhaitai pas la guerre entre nous, je ne l’avais jamais voulu. Tout ce que j’avais fait jusque présent, c’était répondre à une lutte qu’elle avait déclenché et dans laquelle elle m’avait entraîné. Peut-être devais-je admettre que je m’étais laissé entraîner malgré moi, emporté par de quelconques raisons obscures. Je terminai sur une pointe d’humour qui la fit sourire, même rire. Le drapeau blanc s’élevait au-dessus de nos têtes. Il n’y avait plus qu’à creuser pour enterrer la hache de guerre.
« Tu crois vraiment que j’ai attendu trente-trois ans pour apprendre à jurer, tu es naïve si c’est le cas. » Ceci dit dans un mince sourire. Je n’aimais pas jurer, cela ne voulait pas pour autant dire que je ne le faisais pas de temps en temps. Je hochai la tête pour les cachets qu’elle me réclamait dans le but de soulager ses douleurs, autant physiques que mentales. « Je vais voir pour qu’on t’amène tout ceci. » Des antidouleurs et un très léger somnifère pour qu’elle puisse se reposer. Pour qu’à son réveil, elle ne ressemble plus à un zombie sur pattes, ayant cette mine renfrognée qu’elle avait quand elle était de mauvaise humeur, prête à manger la terre entière sans une justification valable. Seulement pour se protéger car elle avait appris que le meilleur moyen de le faire, c’était de bouffer tout ce qui l’entourait, refusant parfois de voir qu’on se contentait de simplement de tendre une main pour lui venir en aide, sans arrière-pensée.
Ma main se plongea dans ma poche. Je sortis mon paquet de cigarettes et lui lançai dans sa direction. « Le briquet est à l’intérieur. Évite de fumer trop près des détecteurs, si l’alarme se déclenche, je nierai toute responsabilité dans ta volonté de brûler Genetic. » De l’humour, encore et toujours. Pourtant je repris un air sérieux quand je vis que son visage changea. De nouveau, et déjà il n’était plus temps de plaisanter. Encore une révélation en perspective ? Un besoin ? Non, un conseil de protection au sujet de mes filles. Je baissai la tête quelques secondes avant de me décider à la relever pour la fixer du regard. « J’ai beaucoup de défauts… Mais je ne suis pas eux. » Sous-entendus, ses parents, sa mère qui l’avait vendue, son père qui l’avait abandonnée, ses beaux pères violents, tous ceux qui l’avaient trahie et l’avaient empêchée de se construire, ayant l’enfance normale et que l’on souhaitait à une petite fille. « Mon rôle de père aura toujours la priorité. » Je refusai que Lou mette les pieds à Genetic. En ce qui concernait Ingrid, elle était déjà venue mais à présent je souhaitai également qu’elle reste loin. Il n’y avait aucun souci à se faire sur le sujet. Je savais ce que j’avais à faire, ce que je devrais faire pour protéger mes filles et je n’aurai aucune hésitation si le moment se présentait. Sur ces quelques mots, je me détournai enfin pour prendre congé, ouvrant la porte et la refermant doucement derrière moi. Aussitôt, j’allais trouver un membre du personnel médical, ordonnant la prescription de quelques médicaments pour Cooper. Puis, je repartis à mes occupations, d’autres convalescents attendaient la visite d’un médecin pour faire le point sur leur santé, ou tout simplement pour discuter un peu de ce qui s’était passé à Genome, dans le but d’apaiser les esprits de chacun même si beaucoup de personnes à Genetic ne s’en préoccupaient pas.