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 La Chance sourit aux Audacieux [Terminé]

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Devon A
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MessageSujet: La Chance sourit aux Audacieux [Terminé]   La Chance sourit aux Audacieux [Terminé] Icon_minitimeDim 8 Sep - 17:53


    Avril 2011 Assise dans un coin sur ma chaise avec mon verre de sirop de fraise, j'attendais. L'essentiel de mon travail a toujours été la patience, c'est une vertu sur laquelle il faut beaucoup compter pour obtenir des résultats. Les impatients n'ont rien à faire dans la police, ce sont des fouteurs de me*de et ils ratent tout ce qu'ils entreprennent, car si l'on attend suffisamment, généralement, les suspects se dévoilent et les indices apparaissent, le reste relève du métier. Je veux fumer une énième cigarette mais je risque d'attirer l'attention si je me lève, il est dix-neuf heures passées et pas de trace de mon suspect. Je sors mon téléphone et regarde à nouveau sa photo et son nom : Ezekiel Styn. Ezekiel, un nom pour une gueule d'ange pas vrai. Je n'aime pas les photos. Je range aussitôt mon téléphone. Je voulais juste mémoriser son visage correctement mais les photos je n'aime pas ça. C'est bizarre mais j'ai l'impression qu'elles dénaturent les personnes, qu'elles volent leur âme comme disaient les indiens d'Amérique. Pour moi ça va au delà de ça, les photos ne saisissent que la misère physique et non la richesse de l'être, elles nous affaiblissent. Les photos me font pitié, je n'aime pas m'y attarder. Surtout les photos d'identités, les photos officielles, celles où l'on et obligé de singer l'ordre et la discipline en fermant son visage et en restant droit comme un piquet. Bref, les photos quoi. Je me donne cinq minutes pour finalement fumer devant l'établissement. C'est à peine si on me remarque il y a déjà quelques groupes çà et là. Tu parles...on est vendredi, ça devrait être plein mais ça ne fait que débuter. Je regarde encore ma montre et j'ai envie de râler. Il est où encore... ? J'espère que je n'aurais pas à me traîner chez lui, de grâce, Seigneur écoutez-moi. Je repars et reprend ma place à ma table solo tout près du bar au cas où il arriverait. Balayant la salle de gauche à droite, ma seule crainte est d'être abordée : ma couverture serait compromise voire sabotée, j'ai simplement besoin de surprendre et de plaire à ma cible, pas aux autres. Pour cela, c'est très simple, je ne fais pas dans l'excès de féminité : un peu plus de mascara qu'à l'accoutumée et un peu de pourpre sur les lèvres pour les enjoliver.  Les hommes ne me remarquent pas j'ai choisi un coin obscure et discret où je peux observer sans me faire remarquer. Mes vêtements n'excèdent pas dans le style casual et je tâche le moins possible de bouger. L'affaire en question est très, très, très étrange : un corps qui disparaît. Pas une personne mais son cadavre alors que sa mort n'a même pas été résolue. L'enquête était sur le point de débuter d'ailleurs mais la pièce maîtresse a disparu. Le plus étonnant, c'est que la jeune victime n'a présenté aucun signe d'agression extérieure, laissant donc envisager la piste d'une mort naturelle ou peut être par empoisonnement. En fait, on en sait rien. Avec Cook, mon partenaire, on a été mis sur l'affaire et je dois dire que la famille de cette nana est très bizarre, ils sont venus du Nevada et d'après ce que j'ai compris, la fille, Sheryl était actrice. Elle ne leur avait rien dit sur son job de serveuse, ni sur ses conditions de vie assez misérables à LA. Au delà de ça, j'ai trouvé leur réaction assez froide par rapport au sort de leur fille. Nous avons donc dû réunir plus d'éléments sur l'entourage de Sheryl Smith en parlant à son patron. Il a dit qu'elle avait disparu depuis quelques jours mais qu'il disait aux clients qu'elle était en vacances parce que tout le monde aimait Sheryl, surtout les mecs. Tu parles, j'ai vu la jolie gueule de cette fille et je la plains sincèrement si elle doit bosser dans un rade pareil connu pour ses gros dégueulasses. J'exagère, la moitié de la clientèle correcte fous le camp vers minuit et la vermine s'établit dès lors jusqu'à la fermeture. D'après son planning, Sheryl faisait quasiment tous les soirs la fermeture. Le rêve américain quoi... Ce n'est pas tout ce que l'on a appris. Cook a cuisiné...hihihi...- note à moi même, ressortir celle-là Cook a cuisiné...- les habitués, ceux qui faisaient la fermeture et les collègues de Sheryl Smith, il semble qu'elle ait un « petit-ami » depuis peu... je ne sais vraiment pas à vrai dire ce qu'ils entendent par 'petit-ami' parce que les avis sont partagés. Certains disent qu'ils étaient ensembles, d'autres que c'était un flirt et d'autres encore affirment que Sheryl avait le béguin pour lui, et inversement. On m'a donné un nom : Ezekiel Styn donc, que j'attends de pied ferme en ce vendredi. Une heure et deux cigarettes plus tard, je vois un homme familier entrer dans l'établissement. Sa démarche ne ressemble en rien à celle que j'imaginais et sa posture non plus. Il a l'air affable, il veut se faire tout petit, ce n'est pas un mâle alpha, c'est un homme accablé et visiblement préoccupé. Il a l'impression de déranger, il essaye de se faire tout petit en dépit de son regard plein de défis ; son courage semble s'être logé dans ses chaussettes. J'essaye de saisir un peu plus sa personne quand il s'assoit au bar, à la place qui semble être la sienne. Il ne regarde pas autour de lui, il ne cherche personne, il n'apostrophe même pas le barman qui est occupé à dragouiller une petite jeune qui s'enfile son troisième mojito alors qu'elle n'a même pas l'air d'être majeure. Cet esprit et cet attitude négligée et effacée me procure une grande vague de sympathie pour ce mec. Il est ailleurs, il est sur sa planète, complètement oublié et plongé dans la contemplation de ses mains qu'il tient devant lui sur le bar. Je dégaine un très grand sourire, je prend mon verre et viens me poser à côté de lui. « Hey ! » je fis en chuchotant presque. « Quelle semaine ! »  Il faut bien commencer quelque part. « T'as l'air d'être lessivé toi aussi. » Je suis aussi amicale et sympathique que peut l'être une peluche Teletubbies pour un enfant de dix-huit mois. Je hèle l'abruti qui sert de barman et sans attendre la moindre réaction de Styn je demande à ce qu'on lui serve ce qu'il prend d'habitude. « Je pensais être la seule à avoir eu une mauvaise journée et une mauvaise semaine mais t'a l'air d'en avoir eu plus que ton lot l'ami » je continue le soliloque sans attacher la moindre importance à ses réactions, puis à un moment je m'arrête de parler, et je le regarde dans les yeux. Son visage transpire la bonté, ou presque. Il a l'air vraiment triste et désolé. Mal rasé, mal coiffé et pourtant beau, sa tristesse détruit ce charme ou peut être le souligne pour certaine lui donnant l'apparence d'un artiste torturé. Ses grands yeux bleus sont durs mais coulent de chaque côté de ses tempes, comme ceux d'un homme abattu par la misère. Qui est-il ? Attendant une réponse à cette question, je prend la bouteille en verre de soda qu'on m'offre et la lève en lui offrant mon plus beau sourire. « Je suis Dev ' et toi ? »
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Ezekiel Styn

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MessageSujet: Re: La Chance sourit aux Audacieux [Terminé]   La Chance sourit aux Audacieux [Terminé] Icon_minitimeDim 8 Sep - 19:01

Il semblerait qu'au plus la ville est grande, au plus les opportunités pour trouver un travail se font rares.

Enfin, non, rectification pensa-t-il "Au plus la ville est grande, au plus les opportunités pour que JE trouve un travail se font rares".

Il avait trouvé un miteux appartement, loin des quartiers chics de la ville, où le loyer était payé comme on pouvait, de la même manière que l'hygiène des parties communes. Les douches et les WC étaient partagés entre les occupants de l'étage, et bien que n'étant pas un bon chrétien pratiquant, Ezekiel adressait toujours une prière au Seigneur pour trouver les toilettes dans un état "convenable".

Il sortait dès qu'il pouvait de ce taudis, allant à la bibliothèque où il avait enfin reçu sa carte d'abonné (il n'était pas riche, mais il avait quand même ses priorités !), le shopping pour les besoins de première nécessité, et ce café qu'il avait trouvé fort sympathique lors de son premier passage, après qu'il se soit pris le pied sur la bordure du caniveau et se soit lamentablement écrasé juste en face. Il avait bien eu besoin d'un café à ce moment là.

Il jeta un regard derrière lui, avant de pousser la porte qui accompagna son entrée du tintement de la cloche qui butait dessus. Il n'aimait pas cette cloche, car il avait l'impression qu'elle annonçait : "Attention, Ezekiel est là, malheurs en vue !"

Il jeta un faux regard courroucé à cet instrument de malheur avant de balayer discrètement du regard la pièce. Bien qu'il était vendredi, il choisissait toujours une heure où l'affluence était faible, histoire de ne pas se sentir à l'étroit, et démultiplier les occasions pour blesser quelqu'un ou se rendre une fois encore ridicule.

Ouf, pas grand monde, la plupart des têtes connues, et la meilleure nouvelle de la journée : sa place était libre.

Il avait ses habitudes, ses manies de vieux garçon, et il l'admettait bien volontiers, encore que les raisons réelles étaient bien différentes de celles que les autres imaginaient. Ce siège n'était pas trop loin de la sortie, évitait les tables où il y avait des groupes de jeunes, le jukebox était à plus de 10 mètres et il était sur un coin, et de ce fait avec seulement une personne potentielle à côté de lui. Mais personne ne s'asseyait jamais à côté de lui de toute façon ...

Pas de bol - forcément - alors qu'il était en train de prendre son courage à deux mains pour appeler le barman - la serveuse avec qui il s'entendait bien devait être partie en vacances, mais il n'avait pas osé demander au patron de peur de passer pour un pervers - qu'une femme, une inconnue même !! venait justement de s'asseoir sur la place maudite, le tabouret du malheur !...

Ezekiel tourne alors lentement la tête pour aviser celle qui a eu suffisamment de courage, ou d'inconscience pour se trouver aussi près de lui.

Bien que l'odeur de la cigarette venant s'insinuer dans ses narines le dérangea quelque peu, elle souriait et lui sembla sympathique de prime abord. Pas maquillée à l'extrême, juste ce qu'il faut, ce qui sous entend qu'elle s'apprécie assez au naturel pour ne pas recourir aux artifices. Sa tenue laisse à penser que....... Il secoua la tête, chassant ses pensées de psychologie de comptoir, et c'était le moins qu'on puisse dire, pour écouter ce qu'elle pouvait bien avoir à lui dire.

- Euh ... Bonjour à vous .. Je .. oui, en effet, j'aurai préféré gagner à la loterie nationale que vivre cette semaine haha .... Il fit un sourire plus pathétique que comique alors qu'il pestait déjà sur son humour totalement ridicule pour une première approche....

- Un peu fatigué oui, le confort de mon lit laisse à désirer depuis que je suis arrivé ici. De mieux en mieux songea-t-il, dis lui où tu achètes tes caleçons, histoire de lancer un sujet encore plus intime !!

Ezekiel passa sa main dans les cheveux, décoiffant un peu plus ce qui était déjà hirsute. Sa main tombant sur son regard, il tourna de nouveau la tête vers son interlocutrice, assez intimidé malgré la sympathie de la demoiselle.

- Il vous est arrivé quoi, à vous, pour passer une mauvaise journée ? Oh, et merci, je vous rembourserai ... Il montra alors son café, dans la tasse la plus petite que le bar proposait, un sucre posé sur la sous tasse, sans biscuit. Je ne sais pas si on peut trinquer avec une tasse, et un soda ?...

Se grattant la nuque, il regarda ce bout de femme, mais assez costaud pour le mettre à terre sans hésiter, il en était sûr. Mais bon, il n'avait encore rien fait, rien dit qui puisse mettre le boxon à cette discussion. Il jeta un regard rapide tout autour de lui, pas d'objets tranchants, le tabouret où il était était solide pour s'y être assis déjà plusieurs fois, non normalement, ça devrAIT bien se passer ...

- Je m'appelle Ezekiel. Enchanté Mademoiselle Dev'... C'est votre nom complet, ou un diminutif ? Je ne vois pas de quel prénom il pourrait être tiré.


Il but alors une gorgée de sa tasse en affichant un sourire de convenance, l'air un peu songeur, avant de se brûler la langue. Ce crétin de barman l'avait peut-être fait exprès, ou était-ce juste la faute à pas de chance, toujours est-il que la surprise de s'être brûlé lui fit renverser les quelques millilitres du liquide noirâtre contenue dans sa tasse sur le bar.

Pour seule réponse, Ezekiel soupira, avant d'attraper une serviette en papier, et essuyer le tout. Il ne pesta même pas, mais fit ce qu'il avait à faire.
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MessageSujet: Re: La Chance sourit aux Audacieux [Terminé]   La Chance sourit aux Audacieux [Terminé] Icon_minitimeLun 9 Sep - 17:43

    Maladroit, peut être même mal à l'aise, c'est la première impression qu'il donne, je le gêne, mon intervention est inattendue mais sa réponse n'est pas hostile, au contraire, il tente de s'ouvrir et de paraître normal au possible. Normal au possible pour ce genre de mec, c'est essayer le moins possible d'attirer l'attention sur lui. Je nous reconnaît d'ors et déjà un point commun, ce qui n'est pas trop mal pour un début.

    Il soulève son café pour trinquer et je rigole malgré moi. Un homme qui ne boit pas un vendredi soir, c'est cool, autre point commun, peut-être qu'il ne boit pas du tout. Peut être qu'il est chez les A.A., comme la plupart des gens qui ne boivent pas dans mon entourage et comme la plupart sont des flics, la réalité gagne rapidement le cliché. Personnellement, si vous me demandez pourquoi je ne bois pas je vous répondrai que c'est à cause du goût : tous les alcools sont infectes, je ne supporte ni l'odeur, ni le goût avant, pendant et après. Trouver un homme qui ne boit pas après vingt heures un vendredi soir et qui n'a pas son badge aux A.A. N'est pas chose commune à Los Angeles, je lui demande donc :  « tu débarques à LA ? Je ne sais pas d'où tu viens mais je te souhaite bon courage, cette ville est le patelin des rêves brisés..tu viens te heurter au rêve américain toi aussi ? » Je sais bien que la réponse est non. Il ne fait naturellement pas partie des demeurées ou peut être des grands génies qui s'exilent en Californie pour percer à Hollywood mais je suis curieuse de savoir ce qu'il est venu faire ici et quel métier il exerce officiellement. Au bureau nous n'avons pas creusé la question mais il me suffit de retourner à ma voiture pour savoir d'où il vient et quelle fac il a fréquenté ; le soucis c'est que je veux l'entendre de sa bouche. « Ouais bah...c'est Dev' quoi...comme le mec de SLUMDOG MILLIONAIRE, tu sais, le film avec ce gars Dev Patel, un indien...non, non je déconne, je m'appelle Devon ! » je dis surprise à éclater de rire à une blague aussi pourrie. « Ben j'te souhaite bien du plaisir à profiter de la Californie, tu bosses où l'ami ? »

    Là encore, je sais bien qu'il n'a pas d'emploi mais je veux l'entendre de sa bouche, car cet homme un peu gauche et visiblement effacé peut mentir et avoir des secrets, sans nulle doute. Je ne dirais pas qu'il correspond à l'archétype du mec chelou qui irait piquer le cadavre de la nana qu'il vénérait de son vivant pour développer une tendance nécrophile. Mais sait-on jamais ? Les apparences peuvent être trompeuses et j'en ai vu suffisamment sur les tarés.
    Je fais mine de balayer la salle comme si je cherchais quelqu'un. « Hey, Sheryl n'est pas là ?! » Bien sûr qu'elle n'est pas là puisqu'elle est morte et que son cadavre a disparu.
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Ezekiel Styn

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MessageSujet: Re: La Chance sourit aux Audacieux [Terminé]   La Chance sourit aux Audacieux [Terminé] Icon_minitimeLun 9 Sep - 19:44

Alors qu'il essuyait précautionneusement la tache de café sur le bar, sous le sourire discret mais défiant du barman, Ezekiel avait l'air de s'en contrefaire royalement, réparant simplement les dégâts qu'il avait occasionné.

- Oui, je suis à Los Angeles depuis 4-5 jours environ, le temps de trouver où dormir, et ensuite chercher où travailler.

Il plia la serviette souillée de café, et la recouvrit d'une autre propre pour éviter de tacher le bar avec.

-  Le patelin des rêves brisés ? Il sourit, un peu plus amusé qu'auparavant. Je doute que cette ville me brise quoique ce soit. Là où j'habitais, dans le Nevada, je n'aurai pu en vivre aucun, de rêves.

Pourquoi racontait-il tout cela. Elle devait fort logiquement s'en cogner de son passé, et elle voulait juste engager une conversation anodine histoire de passer le temps, et tuer l'ennui. C'est toujours comme ça que ça se passait.

- Vous m'avez l'air d'être de la région vous, je me trompe ? Ou en tout cas depuis bien plus longtemps que moi. Je ne vous avais jamais vu ici, en tout cas aux horaires où je viens. Vous aimez cet endroit ?

Cibler la conversation sur elle, c'était mieux, et il le pensait, sûrement bien plus intéressant ainsi. Elle avait cette assurance, ce détachement qu'il n'avait pas, et surtout, ne semblait pas malheureuse, ou malchanceuse dans sa vie. Cela se voyait dans son regard. Elle n'avait pas la vie rêvée, mais elle la vivait au moins comme elle le voulait. L'espace d'un instant, il l'envia. Mais il savait aussi qu'envier une personne ne servait à rien, n'apportait guère plus que la frustration, et il effaça ces pensées futiles en secouant légèrement la tête.

- Devon, et moi Ezekiel. Votre nom ressemble à Démon, et le mien fait assez biblique. Seriez-vous ma nemesis où nous nous combattrions jusqu'à la fin des temps ?

Il haussa un sourcil, l'air à la fois interrogateur et amusé. Par tous les saints, pourquoi parlait-il de ça ?!.... Une fille venait lui parler, et il commençait à parler d'anges et de démons. Il était irrécupérable, c'était inscrit dans son patrimoine génétique.

- Hmm désolé, je dis n'importe quoi .... Et pour vous répondre, je cherche un emploi pour le moment. Dans un domaine où vous ne me verriez absolument pas je suis prêt à le par.... non je ne vais pas parier, ça vaut mieux ...

Ezekiel changea aussitôt de sujet, pour rebondir sur le prénom de la demoiselle.

- C'est vrai que vous ne faites pas trop indien qui n'avait rien, et qui devint millionnaire. Ou vous ne seriez pas avec moi en ce moment c'est sûr !

Ezekiel alla pour commander un nouveau café, histoire d'accompagner Devon et son soda - tiens, une autre qui ne boit pas d'alcool - quand il eut l'herbe coupée sous le pied alors qu'elle mentionna le nom de la serveuse.

- Sheryl ?... Oh vous la connaissez ? Vraiment gentille cette fille, toujours souriante et aux petits soins. Je pense qu'elle a dû prendre des vacances si vous voulez mon avis. Ça fait déjà quelques jours que je ne l'ai plus vue. Elle aussi elle venait du Nevada. Ptêt pour ça qu'elle venait me parler, une sorte de solidarité ..... étatique ?

Ezekiel haussa les épaules vers Devon, alors qu'il regardait le barman devenir un peu plus livide après la question posée. C'était peut-être sa petite amie, et Devon venait de lui casser son coup avec la jeunette.

Bien fait pour sa gueule tiens...
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MessageSujet: Re: La Chance sourit aux Audacieux [Terminé]   La Chance sourit aux Audacieux [Terminé] Icon_minitimeSam 14 Sep - 17:30


    « Ouais, californienne et fière de l'être ! Je clame.

    Affreux mensonge qu'il est : je ne suis pas californienne d'origine, ni même américaine s'il fallait parler de la stricte vérité, chose sur laquelle nous ne nous attarderons pas bien évidemment. Non, non, j'ai officiellement vu le jour dans le Masachusetts mais j'ai grandi en Virginie. Voilà un peu plus d'un an et demi que je suis en Californie et que j'apprécie la quiétude de la côté ouest étasunienne. Tout ça bien entendu, n'est pas indispensable à la conversation mais un peu de clarté, même pour soit, ne fait jamais de mal.
    Je sens le malaise de Styn s'effacer progressivement et une personnalité un peu plus assurée se dessiner. Il garde cette allure gauche et austère mais se montre un brin plus expressif et nettement plus ouvert à la conversation. Est-ce que je l'intéresse ? Ça par contre, c'est l'une de mes lacunes : j'ai beau être très perspicace pour discerner les comportements et les interpréter, je suis incapable de dire lorsque mes charmes opèrent sur un homme ou même une femme. Donc la question soulevée précédemment est purement rhétorique. Je le vois quand même s'emmêler les pieds dans la conversation et chercher l'indispensable dans l'inutile avec ses commentaires sur l'aspect biblique de son prénom et la connotation démoniaque du mien. Je voudrais bien m'en offusquer mais je rigole à nouveau : « C'était le prénom de mon grand-père, alors oui c'est peu commun et c'est même un peu gênant...je compte sur votre discrétion. » J'essaye de ne pas être trop avenante et de garder un ton très détaché et très simple. Mon attitude doit crier "Hey, je suis juste une nana dans un bar qui cherche quelqu'un pour faire la conversation", je ne dois pas être trop curieuse ni trop prude non plus, c'est un exercice d'équilibriste éphémère qui prendra fin que lorsque je me révélerai.

    Il commence à parler de sa profession avant de se rétracter. J'y vois une porte à enfoncer, et je ris tellement il me rend la tâche facile. Je ne veux rien lâcher du côté de Sheryl mais je pourrais mieux appréhender sa personnalité si je sais à quoi il consacre sa vie. « Non non, dis ! Dis moi tu fais quoi dans la vie ? Moi je fais de la trompette, j'adore le jazz ! »  Je démontre plein d'enthousiasme à l'idée de parler de lui plus longuement en lâchant une petite info personnelle, pas un mensonge mais un fait. Alors oui, non ce n'est pas mon métier, mais personne n'a dit que je n'avais jamais envisager de me reconvertir un jour là-dedans...ça arrivera peut être, si la vie de flic me lasse un jour. « Sheryl me disait toujours de ne jamais abandonner pour passer pro, cette fille était cool, et je crois que ouais...elle m'a parlé d'un mec pour qui elle avait le béguin...mais...mais je crois que c'est toi en fait ! » J'éclate de rire en lâchant cette révélation. Non, je n'ai jamais eu le plaisir de m'entretenir avec Sheryl Smith, je n'ai même pas pu voir le corps de la pauvre malheureuse. « LE MEC DU NEVADA ! Att...attends, attends ! Elle m'a donné le nom de ton patlin mais j'm'en souviens plus...elle, elle était de Reno, non ? C'est...c'est qu'elle m'avait expliqué... »  J'attrape le bras de Styn, hilare. Quelle coïncidence dis-donc... La personnalité colorée de mon personnage apporte du relief et de la gaîté à la conversation, je suis tout d'un coup extravertie, joyeuse et badine.

    Mon pauvre jeu d'actrice fait son effet. Il est peut être temps de tomber les masques, je continue à rire sous le regard amusé du pauvre bougre. Puis, je me reprend, attrape ma bouteille avec un regard plus sérieux, prend un gorgée et repose brutalement la bouteille de verre. « Parlons bien, parlons peu, soyons honnêtes et jouons cartes sur table ». Mon ton est différent. La nana du bar a disparu. Je dégaine mon badge et une personnalité plus teintée et ascétique, rude, sévère. « Detective Allen. Visiblement vous ne savez rien...ou du moins pas grand-chose mais j'ai envie d'en avoir le cœur net M. Styn. » Il ne comprend pas, c'est normal, c'est très surprenant de voir quelqu'un abandonner son personnage en tout points crédible.
    Je m'approche de son oreille et je murmure. « Sheryl Smith est morte. » Je regarde sa réaction. Intéressante. Je lui apprend quelque chose. « Voilà déjà quelque chose pour vous, je poursuis. La bonne nouvelle c'est que l'enquête sur sa mort est bouclée mais voilà, l'autre truc c'est que son corps a disparu alors vous qui la connaissiez relativement bien, est-ce que vous pouvez me dire si vous lui connaissiez des admirateurs ? »

    La question fâche un peu parce qu'en fait Styn ne connaît pas vraiment Smith. Elle est mystérieuse, cette femme, mais lui aussi semble en cacher pas mal. La question ne cherche pas la réponse qu'elle appelle mais veut disculper ce pauvre homme en mal de confiance. Suivant sa réaction, suivant son langage corporel, tout peut changer pour lui.
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Ezekiel Styn

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MessageSujet: Re: La Chance sourit aux Audacieux [Terminé]   La Chance sourit aux Audacieux [Terminé] Icon_minitimeLun 16 Sep - 9:01

Ezekiel continuait à se demander ce qu'il avait bien pu faire - oui faire car il n'avait rien dit depuis qu'il était entré dans le café - pour que cette femme vienne s'intéresser à lui.

Il n'avait aucun signe extérieur de richesse, d'ailleurs, il n'en avait aucun intérieur non plus vu l'état de son compte en banque, il ne payait pas de mine face aux types bien plus avenants, charmants, et surtout chanceux.

Toujours est-il qu'il ne rejeta pas cette "intéraction sociale", en charmante compagnie, où il avait limité la casse avec une langue brûlée, et un café renversé. Il avait déjà fait pire en moins de temps que ça !!

- Oh.. Je ne voulais pas vous mettre mal à l'aise pour votre prénom. Vous savez, Ezekiel, ça n'a rien de commun non plus, et je m'en suis souvent pris plein la tronche avec ce prénom.

De nouveau un sourire un peu géné, alors qu'il hausse les épaules comme pour signifier : "C'est comme ça, on y peut rien".

Il alla pour prendre sa tasse de café quand il se souvînt qu'elle était vide, forcément. La reposant avec toute la dignité qu'il est possible de mettre, il croisa de nouveau le regard de Devon, liant ses mains entre elles, alors qu'il est accoudé au comptoir.

- J'aurai idéalement voulu être psychologue, mais je pense faire meilleur patient que docteur. Le peu que vous avez vu de moi doit finir de vous convaincre.... Je me suis dirigé vers ma passion, l'écriture, même si elle n'est guère rémunératrice. Mais ça me plait, et tant que ce sera le cas, je vivrai au jour le jour en compagnie de mes amis à feuilles.

Il se massa la nuque, un tic parmi tant d'autres quand il parlait de lui. Il n'aimait pas foncièrement cela, car il n'avait pas vécu de grandes aventures, d'exploits au cours de sa vie, rien qui puisse booster son capital confiance et le faire sortir du cercle vicieux du manque d'estime.

- J'aurai adoré savoir jouer d'un instrument ! Il paraît que le piano, ou la guitare plaît aux filles en plus !... Il y a de sacrés morceaux de jazz, même si ce n'est pas le type de musique là que je connais le plus.

Le sourire qu'il voulait de plus en plus naturel se liquéfia alors que Devon lui fit deux révélations : La première était qu'elle connaissait Sheryl. En soi, ça, ça ne le dérangeait pas. La deuxième était que cette même Shéryl avait le béguin pour lui. Il écarquilla les yeux, ne s'attendant pas du tout à cela.

- Que ?... Hein ?!!! Une sorte de cri du coeur tant l'étonnement avait écrasé toute autre émotion sur l'instant. Si c'est une plaisanterie, ce n'est pas drôle Devon sachez-le. Sheryl était gentille avec moi parce que nous étions tous les deux du Nevada, et puis c'était aussi son boulot ici de mettre à l'aise les clients. Et j'avoue que je ne m'en plaignais pas.

Il interpréta mal l'éclat de rire de son interlocutrice, pensant qu'elle se moquait de lui. Il avait subi tellement de choses similaires, qu'il y avait plus de carapace que de choses à protéger en lui. Il serra les poings, tentant de garder contenance. Il n'écoutait déjà plus quand elle parla du Nevada, de as ville natale, il faisait déjà le tri dans son esprit pour ne pas créer des problèmes plus gros que lui, car c'était sa spécialité.
Et l'impression de s'être fait avoir redoubla quand il vit le badge à première vue vrai dans la paume de Devon.

- Je me disais aussi ... Trop beau pour être "honnête" justement.

L'attitude d'Ezekiel changea brusquement. Il se redressa sur son tabouret, marquant une distance avec sa voisine. Son visage s'était fermé, avant même que le badge ne vienne couronner le tout. Il ne put cependant dissimuler surprise, et tristesse, quand elle lui annonça au creux de l'oreille que la serveuse était morte.

- Une ... bonne nouvelle, l'enquête est bouclée ?.. Avec tout le respect que je vous dois, vous vous foutez de moi là ?... Vous m'abordez mine de rien, souriante pour me mettre en confiance, faites semblant de vous intéresser, pour me mentir ensuite et me murmurer qu'une femme est morte, mais que bonne nouvelle, l'enquête est bouclée ?!!

Au fur et à mesure qu'il parlait, il ne pouvait plus cacher le désarroi qui accompagnait sa colère. Et sans s'en rendre compte, il avait progressivement haussé la voix, jusqu'à ce que tout le monde puisse entendre à partir de "qu'une femme est morte..."

Les clients ainsi que le barman tournèrent tous la tête vers eux, et Ezekiel sentit le poids de leurs regards accusateur sur lui. Il leur tourna courageusement le dos, fixant la rangée de verres posées derrière le bar comme nouvelle attraction du coin, le visage rouge de honte.
Merde, elle était morte, une si gentille fille ... Pourquoi ça n'arrivait qu'aux gens bien ....

Il tourna la tête à moitié vers Devon, un maelström d'émotions le submergeant.

- Vous croyez vraiment qu'elle se serait confiée à moi, sur ces ... "admirateurs" si elle avait eu le béguin pour moi ? Soyez logique pour une fois. Non, nous parlions de choses et d'autres, du Nevada et notre enfance, nos rêves. Elle voulait être actrice, mais elle se tuait à la tâche pour joindre les deux bouts. Elle me disait qu'elle faisait bien plus de sacrifices qu'elle ne devrait d'ailleurs.

Ezekiel soupira, en se remémorant les bons moments passés avec elle, son sourire, sa gentillesse, quand il fronça les sourcils.

- Je me rappelle une fois, très tôt le matin... D'habitude je ne venais jamais à cette heure-ci, mais elle m'avait dit qu'elle faisait l'ouverture et j'avais envie de lui dire bonjour avant de me rendre à la bibliothèque. Il y avait un type comme on voit dans les films, lunettes noires, costume sombre, et il tendait une enveloppe large marron, reliée par une petite cordelette. Je me suis assis ici-même, ne souhaitant pas déranger, mais rien que ma présence génait. J'ai juste glissé un regard, car ils murmuraient, et je n'entendais rien. La seule chose qui m'a étonné, c'est ce tatouage que l'homme avait sur sa main.

Il prit alors une serviette, et s'emparant du crayon qu'il avait toujours sur lui, le dessina sur le tissu et le poussa vers Devon. Un "8" horizontal, le symbole de l'infini.

- C'est tout ce que je peux vous dire. Sheryl m'a dit qu'il s'agissait d'un huissier pour ses loyers en retard, mais que tout irait bien une fois qu'elle aurait touché sa paie. Je trouvais ça louche, mais je n'ai pas insisté, ne voulant pas la mettre plus mal à l'aise encore. Je lui aurai bien proposé de l'aider, mais je sais à peine payer le mien de loyer ...

Lachant la serviette et rangeant son stylo dans la poche, il s'adressa à Devon sans même la regarder.

- Je suppose que vous avez eu ce que vous attendiez de moi, Detective Allen. Je ne pense plus représenter un quelconque intérêt dans votre enquête. Bonne chance pour retrouver qui a fait cela à Sheryl.

Il secoua un peu la tête, dépité. Ici ou au Nevada, rien ne changerait jamais....
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MessageSujet: Re: La Chance sourit aux Audacieux [Terminé]   La Chance sourit aux Audacieux [Terminé] Icon_minitimeJeu 19 Sep - 18:55

    Stoïque, je regarde le visage de Ezekiel Styn se décomposer pour laisser place à la déception. Expression intéressante qui semblait correspondre en tout points à ses traits, comme si son visage était naturellement orienté de cette façon. Triste et déçu : les visages ne mentent jamais. Si nos traits ne nous trahissent, nos expressions le font. Je ne peux pas m'empêcher d'être un peu désolée parce que c'est l'archétype du mec bien mais à qui il n'arrive que des crasses. Cet aspect gauche, maladroit, mal à l'aise, un peu poissard à la façon dont il avait renversé son café sur sa manche et qu'il essuyait, un peu incommode et embarrassé. C'est le genre de mec qui ne veut pas déranger. Il est là et pourtant il aimerait être absent, que personne ne le voit, ni le remarque.

    Je n'ai pas fait de psychologie, pas comme lui. Et je ne suis pas une poétesse. Mais rarement il m'a été permis de croiser quelqu'un d'aussi désolé parce qu'il n'avait rien fait, comme s'il regrettait d'être celui qu'il est. Son regard en dit long. Une de plus sans doute...
    Je ne suis pourtant pas une co###se. Bon d'accord, ça m'arrive...mais pas avec lui. Je ne le fais que lorsque j'en ressens la nécessité parce que la plupart des suspects que je dois interroger sont des pourritures, surtout en garde à vue. En tant que femme, je dois compenser cette faiblesse en étant une vraie pouffiasse. Je n'en ai pas ressenti le besoin avec Ezekiel Styn.

    Néanmoins, il continue à se sentir trahi ou presque... il crie parce qu'il désespère ; je le vois bien à sa panique : il ne sait rien, ou du moins s'il sait quelque chose il se tait. Mais j'ai confiance en mes tripes et cet homme ne ment pas. La mort relève du quotidien pour les gens comme moi, les flics, les médecins, les pompiers, mais pour les gens ordinaires, on oublie que c'est une petite révolution. Quelque chose qui les affecte et qui les rapporte à leur propre condition humaine, à leur péremption, à leur existence, à ce danger qui jamais ne les quitte, parce qu'ils sont vulnérables à tout jamais...que dire des gens comme moi, qui ne connaissent pas tellement cette peur-là et qui au contraire craignent plus de savoir ce qu'ils sont vraiment, plutôt que de comprendre qu'ils mourront tôt ou tard. L'avantage quand on est flic, c'est que moins on pense à la mort, plus on est un bon flic. La mort n'est qu'une éventualité et pour moi surtout, elle ne marque pas la fin, mais le début de ma monstruosité. Je ne crains pas la mort, je la hais, et ce n'est pas elle qui m'effraie. « Monsieur Styn, je m'excuse mais nous ne nous connaissons depuis moins d'un quart d'heure et j'ai eu besoin de vous mettre confiance pour mieux vous épargner de la liste des suspects. Je suis navrée de vous apprendre la mort de Sheryl Smith, sincèrement mais je suis encore plus désolée d'apprendre que même sa famille ne pourront trouver la paix en l'enterrant décemment puisque son corps a disparu comme je viens de vous le dire. Ma démarche est brutale, j'en conviens mais je suis ici pour faire mon métier et si vous teniez à Mademoiselle Smith, vous pouvez m'aider à rétablir sa mémoire. »

    Mon ton est plus régulier, moins agressif. Moins brutal aussi. Le choc de la révélation annihile ses pensées, son cerveau bouillonne, cet homme n'a jamais tué : il est tout ce qu'il a de plus normal. Alors je poursuis, toujours juste assez fort pour que lui seul puisse m'entendre : « Sheryl...est vraisemblablement morte de manière naturelle... » ; je ne vais pas lui en dire plus, je crois que ça ne le concerne plus désormais de connaître mes états d'âmes à ce sujet. Il est pensif, mais il se reprend vite et continue sur la défensive. Je ne bronche pas mais j’acquiesce en signe de compréhension.

    Je prend la serviette qu'il me tend et j'ai l'impression de me retrouver dans un très mauvais polar allemand. L'infini ? Les mathématiques, ça ne me parle pas beaucoup et les tatouages non plus mais ça peut être un bon début.
    Styn a l'air un peu...dégoûté et résigner à la fois. Il veut partir, mais je l'arrête d'un geste de la main et m'approche : « Monsieur Styn, acceptez mes excuses. J'essaye de mener mon enquête à bien. Le fait est...j'hésite. Le fait est que j'ai de très gros doutes quant à la mort de Mademoiselle Smith. Sa famille n'est pas des plus coopératives et elle était très jeune pour mourir aussi simplement. Je veux tirer les choses au clair pour elle. Ce que vous venez de me dire est très important, je pense comme vous que cet homme n'est pas un huissier et je crois que Sheryl avait des secrets si vous voulez tout savoir. J'ai impérativement besoin de tout savoir de la vie de cette jeune femme et à l'heure actuelle vous êtes un témoin essentiel. Si vous vous souvenez d'un détail, n'importe quoi au sujet de Sheryl, s'il vous plaît, appelez-moi. »

    Je prend sa main et lui glisse ma carte subtilement. Puis je pose un billet sur la table et conclu : « Laissez, prenez vous un café ou quelque chose de plus fort pour digérer, je ne vais pas vous déloger alors que c'est moi qui vous ai dérangé ».
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MessageSujet: Re: La Chance sourit aux Audacieux [Terminé]   La Chance sourit aux Audacieux [Terminé] Icon_minitimeSam 21 Sep - 18:04

Ezekiel voguait entre deux mondes. L'amère réalité où tout était brut, froid, amer, et celui où il aimait se réfugier dans pareille circonstance. Ce n'était pas un monde idyllique peuplé de poneys arc-en-ciel où tout le monde était heureux, mais une contrée un peu optimiste, où il n'avait pas à chaque pas qu'il faisait, se demander ce qui allait lui tomber dessus.

En regardant la détective Allen, il ne sut comment la juger. Elle l'avait trompée, jouant de ses atouts féminins, son naturel, pour qu'il se confie, se livre, avant de lui asséner la glaciale vérité. Il n'avait été rien de plus qu'un jouet, qu'un pion sacrifiable sur cet échiquier où il finissait toujours en sacrifice raisonnable. Son mensonge était assumée, et double. L'avouer ensuite ne le rendait pas à demi pardonné comme l'adage le prétendait. Sans cette mort, jamais elle n'aurait pris la peine de venir lui parler, et elle aurait fait comme toutes les autres. Bien des fois, il ne demandait pas mieux. Etre invisible limitait les problèmes, et il n'en avait pas besoin maintenant qu'il avait pris son indépendance et vivait dans cette mégalopole. Mais l'Homme ne peut vivre seul, il est fait pour intéragir avec son prochain.

La seule circonstance atténuante était qu'elle avait fait cela pour le bien de son enquête, et la recherche de la vérité. Mais trouver la vérité par le mensonge lui semblait illogique.

- Je suppose, Detective Allen, que vous avez dû en voir des témoins, des suspects, des faux gentils et des vrais méchants. N'auriez-vous pas obtenu le même résultat de moi en me disant simplement la vérité ? Si j'avais été suspect, croiriez-vous que je ne vous en aurai parlé, vous l'inconnue du bar trop gentille pour être honnête ?

Ezekiel soupira, son visage trahissant une lassitude certaine.

- Voilà pourquoi toutes ces choses arrivent. A trop chercher dans le compliqué, on en oublie que la meilleure solution est souvent la plus simple.

Alors que la main de la femme vient se poser sur la sienne, il l'écouta en silence, préférant ne pas croiser son regard.

- Si je devais écrire un livre sur votre cas, j'aurai plusieurs pistes pour tromper mon lecteur. Si elle avait des problèmes, il penserait à ce faux huissier, le méchant officiel. Ce serait le plus réaliste. Reste plusieurs coupables plus pernicieux : Celui qui devait mettre en terre. La famille faisant partie d'une secte, ou ayant des idéologies religieuses. Des voleurs de cadavres, pour des expérimentations. Une fraude à l'assurance, pour toucher le pactole, peut-être avait-elle souscrit une assurance vie quelque part. Toute personne qui avait intérêt à obtenir ce que Sheryl pouvait avoir "en" elle.
De toute façon, on ne vole pas un cadavre sans une bonne raison. Sauf à être un parfait détraqué, mais c'est une autre histoire.


Il haussa les épaules, avant de regarder enfin la représentante de la loi.

- De toute façon, je m'égare, ça fait trop scénario hollywoodien pour que ce soit crédible. Mais ce n'est pas mon métier après tout, et actuellement, rien d'autre ne me vient en tête qui puisse justifier un vol de cadavre. Sheryl voulait percer dans le cinéma mais elle avait des difficultés. Je l'avais même dissu......

Il stoppa net sa phrase, soudain frappé par quelque chose. Il fronça les sourcils, se pouvait-il que ...

- Je .... c'est délicat de parler de cela .... Mais Sheryl était tentée par l'appât du gain pour .... *il rougit alors* les films pornographiques. Je l'ai dissuadée de faire cela, car ça la poursuivrait toute sa carrière, toute sa vie, et même sur ses enfants si un jour elle en aurait. Je ne sais pas si elle a suivi mon conseil, mais je lui ai donné matière à réfléchir en tout cas...

Quand il vit le billet payant la consommation posé sur le bar, Ezekiel secoua la tête.

- Non, je ne demande ni aumône ni compassion. Reprenez votre billet, ou je me sentirai débiteur à votre égard. Et je n'y tiens pas spécialement. De toute façon, je comptais y aller. Je crois bien que je ne reviendrai plus jamais ici...

Il fouilla dans la poche droite de son pantalon, et sortit de quoi payer son café. Saluant d'un signe de tête poli Devon, il sortit tête baissée, l'allure effacée et discrète, malgré le tintement de cette foutue cloche qui brisa son aura de silence alors qu'il franchissait le seuil de la porte.
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