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 Laisse entrer la lumière

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Aaron O'Hara

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MessageSujet: Laisse entrer la lumière   Laisse entrer la lumière Icon_minitimeSam 2 Jan - 9:58

Eden – 31 décembre 2020

Finir ma douche à l’eau glacée est tout ce qu’il me faut pour avoir envie de m’enfermer dans ma cabane pour le reste de la soirée. Je suis gelé et le regard renfrogné que me renvoie le miroir de la petite salle de bain n’augure rien de bon. Il faut que je me détende et que je note quelque part de revoir la gestion de la répartition de l’énergie en hiver, surtout pour chauffer l’eau. Les panneaux solaires ne suffisent pas et c’était à prévoir : nous sommes bien trop nombreux ce soir pour que chacun ait une douche chaude.

Habillé, je me poste devant le feu de cheminée pour tenter de me réchauffer avant d’affronter la neige dehors pour rejoindre la plus grande des cabanes, celles qui sert pour les grands repas, les rassemblements, les séances d’entrainement… La zone fourre-tout. Shannon est déjà partie, je serai sûrement le dernier à arriver là-bas. L’appréhension qui m’étreint n’a pas lieu d’être et, pourtant, j’ai l’impression de ne plus savoir comment faire pour simplement profiter de l’instant présent. Depuis que nous sommes ici, c’est la première fois que nous serons aussi nombreux. Beaucoup vivent ici, beaucoup d’autres sont venus pour l’occasion, pour oublier cette année de merde et être avec des personnes face à qui porter un costume n’est pas nécessaire. Nous savoir aussi nombreux m’angoisse, vieux réflexe de la vie d’avant, de cette peur quotidienne d’être retrouvé, traqué, attaqué. Eden est protégé mais pas suffisamment, je le sais, et toutes ces voitures arrivées au cours de la journée peuvent éveiller les soupçons. Mais de qui ? L’ennemi invisible, inconnu, le pire, celui qu’on guette à chaque coin de rue parce qu’on ne connaît pas son visage.
Il faut que je me détende.

J’enfile ma doudoune par-dessus ma chemise en flanelle qui a trop vécu et inspire un grand coup. Shannon et Esteban ont tout organisé, tout ce que j’ai à faire et de m’installer, profiter et m’amuser.

La neige crisse sous mes chaussures et de légers flocons virevoltent autour de moi. Pas de tempête ce soir, juste de quoi se mettre dans l’ambiance sans finir gelé sur place. L’effervescence filtre à travers murs et fenêtres et je m’arrête à quelques mètres du bâtiment.
Nous sommes nombreux ce soir et, si ça m’angoisse, ça a aussi quelque chose de rassurant, au fond. Ceux qui sont ici parce qu’ils n’ont nulle part où aller sont là mais il y a aussi ceux qui sont là par choix, par envie de passer du temps ici, ensemble. Comme avant ou presque. Ceux qui forment aujourd’hui une famille. Nous vivons les mêmes galères, les mêmes peurs nous paralysent mais nous choisissons de les affronter ensemble. Malgré tout, nous sommes liés bien plus que par les drames : nous sommes liés par nos choix. Voir de plus en plus de visages revenir est peut-être annonciateur d’apocalypse mais, ce soir, je n’y penserai pas. Je ferai en sorte de me sortir de la tête les notions biologiques qui poussent les êtres d’une même espace à se retrouver en vue d’une catastrophe, je ferai en sorte de mettre des barrières autour de cette angoisse et de profiter autant que possible.

J’avance et pousse enfin la porte, prenant une vague de chaleur et de lumière en pleine tête. Les gens discutent, rient, boivent, mangent, vivent. Le feu de cheminée brûle et des guirlandes lumineuses envahissent les poutres du plafond. Des branches vertes décorent aussi les lieux, les bouteilles scintillent, la musique emplit les cœurs… Shannon s’est surpassée et la soirée s’annonce magique.
Je prends une bière et cherche ma cousine du regard, pour la féliciter mais surtout lui dire merci.
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Shannon O'Hara

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MessageSujet: Re: Laisse entrer la lumière   Laisse entrer la lumière Icon_minitimeSam 2 Jan - 13:53

Je veux que cette soirée soit réussie. Parce que j'ai envie de m'amuser, parce qu'il y a de nombreux amis qui sont revenus, parce que je veux que cette nouvelle année annonce un renouveau, parce que je veux effacer le pli amer et triste au coin de la bouche de mon cousin.

Aaron, plus qu'un cousin désormais, mieux qu'un frère... La famille elle nous tombe dessus à la naissance mais lui c'est autre chose, je l'ai choisi. Je l'aime, vraiment, viscéralement et son bonheur est capital à mes yeux. Tant qu'il ne sera pas pleinement épanoui je ne pourrais pas l'être non plus et putain c'est pas gagné.

Alors je me décarcasse pour que cette cabane mérite son nom. L'Eden, le lieu des délices. Je fouille toute la journée pour décorer au mieux et essayer de faire de cette soirée un grand moment d'amitié. Évidemment dans ces moments là, on ne peut pas éviter de penser aux absents et entre deux guirlandes à accrocher aux poutres je me demande ce que serait ma vie si mes parents étaient toujours en vie, si ce foutu monde avait décidé de nous épargner.

Pensée vite repoussée, chassée de mon esprit par mon envie de vivre, de rire, de profiter. Je ne suis pas longtemps aux prises avec la nostalgie, ce n'est pas mon truc. Je préfère raconter des conneries avec Esteban tout en organisant la fête.
Il y a de quoi manger, même si c'est un simple buffet dînatoire sans prétention et surtout il y a de quoi boire. Des bières bien fraîches, et des alcools forts. Il y en a pour tous les goûts... J'ai même fait le choix de m'habiller... Enfin de faire un effort vestimentaire pour être dans le thème en sortant une petite robe noire dans laquelle je vais me peler le cul si je met un pied dehors.

Je sirote une bière en m'occupant de la playlist tout en guettant la porte. Je surveille les arrivées parce que les gens avec qui j'ai vraiment envie de passer du temps sont rares et que ce trou du cul se fait désirer. J'espère qu'il n'a pas prévu de me faire faux bond parce que dans ce cas foi d'O'Hara ça va chier.

Je trinque avec Esteban avant de lancer un nouveau morceau. Une musique assez posée pour le moment, c'est le début de la soirée, on en est pas encore à se trémousser.
J'adore danser pourtant, tourner, virevolter, ça fait tout oublier.
Ces pensées en tête je me retourne un instant pour vérifier que j'ai bien branché le matériel qui permettra ce soir de faire de cette cabane un véritable son et lumière. Boule à facettes, spots colorés... J'ai trouvé tout ça à louer en ville et j'ai clairement pas lésiné. En même temps une soirée organisée par le duo Calloway- O'hara ? Fallait pas s'attendre à une sobriété à toute épreuve !

En me retournant vers la salle, je le vois là au milieu des autres, une bière à la main les joues rouges de froid qui regarde autour de lui. Je m'approche en mode tornade bousculant une ou deux personne pour lui planter une bise sonore sur la joue avant de faire tinter le goulot de ma bière contre la sienne.

« Tu adores te faire attendre, avoue le ? »

Les ingrédients sont réunis maintenant pour que je passe une bonne soirée. Je cherche du regard l'endroit ou a bien pu se fourrer ce couillon de Calloway, j'ai envie de trinquer.
La cabane est pleine de gens et pour une fois le monde extérieur va rester hors des murs et on va juste profiter de la vie.
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Esteban Calloway

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MessageSujet: Re: Laisse entrer la lumière   Laisse entrer la lumière Icon_minitimeLun 4 Jan - 14:12

Je suis comme un gosse le soir de Noël. Non, rectification. Je suis un gosse à qui on aurait donné trop de liberté pour organiser cette soirée. On ne changera peut-être pas le monde ce soir, certes. Au moins, on aura fêté dignement la fin de cette année beaucoup trop angoissante. Je n'ai aucune idée d'à quelle sauce, on sera mangé demain ni de quoi l'avenir sera fait. À quoi cela servirait-il, de toutes façons, de couper les cheveux en quatre à part se faire des tas de nœuds au cerveau ? Ce réveillon, on l'a mérité. Tout le monde a dramatiquement besoin de se changer les idées. Moi, le premier. J'y compte bien.

- Vas-y prends la pose ! lancé-je à la cantonade à l'une des invités. Elle s'exécute de bonne grâce, remet ses cheveux en place, minaude comme seules savent le faire la génération née avec un i-phone dans la main. Je me marre d'avance en la faisant patienter. - Attends.... Attends... Attends... Finalement, la miss s'agace. Son visage se déforme dans un mélange d'agacement alors qu'elle me balance que, si ça se trouve, je sais même pas où il faut appuyer pour prendre une photo. Flash dans sa tronche. Je me marre. Elle s'insurge. - Au moins, ce sera réaliste comme ça ! J'ai toujours préféré les portraits en mouvement. Elle râle. Pour la consoler, je lui ébouriffe les cheveux. Ca l'emmerde. Tant mieux ! Je l'aime bien cette gosse. Elle fait partie de ceux qui viennent parfois trouver du réconfort par ici. Ou des conseils. Elle ne m'en voudra pas bien longtemps, je le sais. Pour faire amende honorable, rien ne vaut une bière fraîchement décapsulée à refiler. Je lui donne la mienne en la gratifiant d'un clin d'œil. - Tu feras un effet terrible sur mon mur des célébrités. Sans demander mon rester, je vais d'ailleurs accrocher le polaroïd sur le dit mur, au fond de la cabane. Heureusement que c'est pas loin du bar, ça me permet de reprendre une bière.

Le goulot à la bouche, j'en profite pour regarder les gens. J'ai toujours aimé ça. Y'a des sourires sur les visages et des rires qui s'explosent contre les murs en bois. Tout ça me réchauffe les os. Je me dis qu'on est quand même bien lotis, ici. Au moins, on est en famille. D'ailleurs, ils sont où les O'Hara ? Bien vite, la silhouette de Shannon se dévoile, non loin d'Aaron. Un grand sourire me fend la tronche quand j'accélère le pas pour les rejoindre.

Il n'y aucune délicatesse dans mon geste quand j'entoure les épaules de la brune. L'idée, c'est de la surprendre. De l'emmerder, un peu aussi. - Bah alors ? Vous faites des petites réunions secrètes ? Sans plus attendre, je fais tinter ma bière contre les leurs. - Santé ! Alors, t'en dis quoi de notre soirée ? Plutôt cool, hein ? J'veux pas me lancer des fleurs, tu me connais. Mais je t'avoue que ça pas été simple, tu sais... Avec... Je chuchoter presque, grimace et agite ma tête en direction de Sha. Absolument fier de ma propre connerie, je me laisse aller à rire avant d'attraper l'appareil qui pend à mon cou et de viser Aaron. - Fais-moi ton plus beau sourire, tombeur ! Avant même qu'il n'ait le temps de saisir la portée de la demande, j'enclenche l'appareil. Le flash me dénonce odieusement. Sentant le vent de protestation venir, je me tourne vers Shannon aussitôt, juste le temps de récupérer entre deux doigts le polaroïd, et je la photographie. Elle, ou une partie de son corps. J'en sais rien et je m'en fous. D'ici cinq ou dix minutes, on devrait le savoir. - J'aurais dû être photographe je crois ! Un talent gâché !

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Addison Atkins

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MessageSujet: Re: Laisse entrer la lumière   Laisse entrer la lumière Icon_minitimeMer 6 Jan - 11:51

Je n’ai jamais raffolé de cette fête, en même temps je ne suis pas spécialement fête en général. Certains diraient que je ne sais pas m’amuser, je préfère dire que j’ai ma conception toute personnelle de l’amusement. Elle ne se résume pas à un tas de gens enfermés dans une pièce abusant de nourriture, d’alcool et de pas de danse sur de la musique forte. Rabat-joie ? Même pas, je ne vais pas empêcher les autres d’y prendre du plaisir. D’ailleurs c’est souvent pour cette raison que je m’abstiens de venir. On va dire que dans les circonstances actuelles je suis quand même contente qu’on m’ait invité. Cela me donnera l’occasion de revoir des têtes connues et perdues de vue depuis dix ans. Et puis c’est une façon de remettre un pied dans la famille. Le plus dur a été de ne pas amener Amelia. Sa conception à elle de l’amusement en ce moment c’est de manger avec les doigts et d’en mettre le plus possible partout sauf dans sa bouche. Un grand pédiatre prétend que les petits ont besoin d’appréhender la nourriture par le toucher. On voit que ce n’est pas lui qui nettoie le carnage derrière ! Sans compter qu’elle est censée dormir pas tard et que je la connais assez pour savoir que si elle voit du monde, ce ne sera pas le cas. A croire que ma fille est beaucoup plus sociable que moi. Elle fait des grands sourires au premier inconnu qui passe, pas sauvage pour un sou. Après l’avoir nourri, lui avoir fait prendre son bain puis l’avoir couché, je me dépêche de changer de pull. Déjà que je ne fais pas super avenante en général, alors si non rajoute une belle tâche de vomi je pense qu’on risque de m’éviter toute la soirée. Pendant ce laps de temps, le baby-sitter arrive. Comme je ne fais rien comme tout le monde, j’ai choisi un homme d’une trentaine d’années. Au moins je suis sûre qu’il ne va pas organiser une party chez moi pendant que je suis de sortie.

Vous aurez compris qu’avec tout ça plus la route, bah oui O’Hara se planque avec sa meute dans les bois, pas dans mon quartier, je ne suis pas en avance. En plus n’étant jamais venue je galère à me repérer malgré les indications très précises qu’il m’a donné. Enfin je finis par localiser l’endroit et par trouver la plus grande cabane. Pourquoi je me sens nerveuse d’un coup ? Cela ne s’arrange pas quand une fois à l’intérieur je remarque que je suis la seule à ne pas avoir fait d’effort vestimentaire. Bof après tout j’ai l’habitude de nager à contrecourant le plus souvent. Chacun est déjà en grande discussion voir en train de danser ou grignoter. Je me fais discrète (si si ça m’arrive) en me dirigeant vers une des tables pour y déposer la bouteille de vin blanc liquoreux que j’ai apporté. Puis j’essaie de reconnaitre de loin quelques visages. La bonne ambiance qui règne finit par me détendre un peu. Cela ne m’ennuie même pas d’être spectatrice. Je suis ravie d’être là et de voir que contrairement à ce qu’a avancé Aarron ces gens vivent, ils s’amusent même. Ce n’est pas QUE de la survie.
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Emy Rosenbach

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MessageSujet: Re: Laisse entrer la lumière   Laisse entrer la lumière Icon_minitimeDim 10 Jan - 18:12

Quelques heures auparavant, Emy se trouvait à l'hôpital de Los Angeles pour un entretien. Depuis, tout était parti de travers. Elle était tombée sur Reynolds, avait subi les menaces à peine voilées et appris qu'Aaron l'avait aidée à fuir le pays. Depuis, une seule idée fixe tournait en boucle dans sa tête. Il l'avait aidée.

Elle était rentrée de l'hôpital comme en pilotage automatique. Elle avait garé la voiture et tourné le dos à un gosse lorsqu'elle était passée devant lui et qu'il lui avait fait signe. Cela n'avait plus aucun sens. Il l'avait aidée. Pour combattre la colère, elle avait décidé d'aller courir, d'expulser sa frustration en avalant les kilomètres, qu'importe le fait qu'il ait encore neigé, que la route soit verglacée et qu'il fasse nuit. Elle s'était habillée et était partie courir, lampe frontale soigneusement attachée sur ta tête. Il l'avait aidée. D'ailleurs, il fallait que ce mantra change. Ils l'avaient aidée. La colère n'avait pas décru. Cela aurait été trop facile. Elle avait couru près de quatre kilomètres dans les bois uniquement animée par sa colère avant de glisser sur une plaque de verglas  et de s'effondrer lamentablement sur sa hanche. Furieuse, elle s'était relevée tant bien que mal et avait repris sa course dans l'autre sens. Cela n'avait rien calmé. Elle sentait couler en elle une violence qu'elle ne se connaissait pas. Elle les haïssait, l'un comme l'autre.

Et ce soir, ils fêtaient la nouvelle année. Sous la douche, Emy avait tenté d'échafauder mille plans qui lui permettraient d'échapper à cette soirée mais rien à y faire, elle était coincée à Eden. Ce putain d'Eden de merde, géré par deux traitres. Dont un qui l'avait fait sortir de sa tanière alors qu'il fricotait allégrement avec la femme qui hantait ses cauchemars. Elle avait un peu pleuré sous la douche, de frustration, de colère et aussi parce que sa hanche lui faisait un mal de chien et qu'elle avait tourné au bleu indigo. Elle avait mis sa robe-pull, ses bottes et avait rejoint la cabane pour les célébrations. Ce n'était pas le moment de gâcher la fête de ces gosses et elle n'aurait qu'à les éviter l'un comme l'autre jusqu'à ce que minuit sonne, qu'elle puisse aller se coucher et foutre le camp dès le lendemain. Ils l'avaient aidée.

Shannon a admirablement décoré la pièce et la fête semble battre son plein lorsqu'Emy pénètre dans la cabane. Esteban photographiait des adolescents et Shannon passait de membre en membre avec un large sourire.

Elle aurait adoré se débarrasser de la colère, la rendre toute petite, innocente, mais elle en était incapable. Ce n'était pas une émotion à laquelle elle avait souvent été confrontée et là, elle se sentait dépassée, submergée, sans moyen de parvenir à l'affronter. Elle n'avait envie que de violence et de sang. Qu'ils payent. Pour effacer cette pensée, elle traversa la pièce et alla se servir un double-whisky bien tassé qu'elle avala d'une traite. Plus que quelques heures avant minuit. Elle pouvait tenir.
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Aaron O'Hara

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MessageSujet: Re: Laisse entrer la lumière   Laisse entrer la lumière Icon_minitimeMar 12 Jan - 18:35

Il reste une légère trace humide sur ma joue après le salut affectueux de Shannon. Je lui souris avant de boire une gorgée. « J’ai eu besoin de passer du temps au coin du feu pour me réchauffer après ma douche. Glacée. » Je coule vers elle un regard qui signifie que c’est un peu de sa faute si les gens prennent leurs aises et en oublient d’être un peu économes avec les ressources. Je chercherai sûrement un moyen d’augmenter notre capacité d’eau chaude demain, ou dans deux jours si j’en crois la quantité astronomique d’alcool que Sha a prévu de nous faire ingurgiter : les tables débordent de bouteilles, bien plus que de nourriture.

Esteban débarque avant même que je puisse faire une remarque sur les bouteilles. Et alors qu’il attaque gentiment Sha d’une pique bien sentie, il braque son appareil sur moi et le flash agresse mes rétines. Putain de Calloway. Mes yeux clignotent plus que les guirlandes lumineuses enroulées autour des poutres et il me faut quelques secondes pour retrouver plus que les contours de mes acolytes. « Talent gâché, je ne sais pas, mais, clairement, tu viens brouiller ma vue pour la soirée… Au moins je vais enfin pouvoir te trouver presque agréable à regarder, avec tes contours tout flous. » Une nouvelle gorgée cache mon gloussement. Putain de Calloway. Depuis quand est-ce que je me mets à glousser lorsque je fais des blagues aussi pourries ?

« N’empêche que vous avez fait un sacré travail ici. » Je balaie le plafond du regard et tend ma bière vers les murs. « C’est juste… » J’avais plein de belles paroles, un sourire assuré, un superbe merci prêt à glisser tout enrobé entre mes lèvres et, sans prévenir, l’émotion prend le dessus. Une petite boule se forme instantanément dans ma gorge et les belles phrases toutes faites s’envolent bien loin d’ici. « Merci. Merci d’avoir fait de ces morceaux de bois une maison. » Et j’avale une plus grosse gorgée pour reprendre contenance. Fait chier.

Incapable de fixer mon regard sur eux plus longtemps, je détourne les yeux et tombe sur Addison. Je lui fais un signe discret en souriant. « J’espère qu’Atkins a pensé à nous ramener un stock de paracétamol parce que vue la réserve alcoolisée que vous avez faite, on va en avoir besoin demain matin. » Un coup d’œil vers ma bière déjà à moitié vide signifie surtout que le « on » veut dire « moi ». Depuis combien de temps ne me suis-je pas vraiment vidé la tête ? J’ai passé quelques soirées au bar où bosse Sha, on ne se laisse pas aller à une vie monastique ici non plus mais, genre, vraiment, quand me suis-je vraiment décidé à me vider l’esprit et apprécier l’instant ?

Aucune idée. Bien trop longtemps.
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Shannon O'Hara

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MessageSujet: Re: Laisse entrer la lumière   Laisse entrer la lumière Icon_minitimeLun 18 Jan - 8:35

« C'est pas de ma faute, c'est mes cheveux. »

Bah oui logique, mes cheveux sont une entité à part, non ? En tout cas clairement il ne se rend pas compte de ce que sait que de laver des cheveux pareils quand on a passé la journée à nettoyer et décorer une foutue cabane. Et puis j'aime l'eau très chaude alors bah c'est comme ça. L'altruisme, le partage, le fait de penser aux autres avant soi-même c'est son credo, pas le mien. Sans être autocentrée en permanence je n'ai pas un sens très aigu du sacrifice, il le sait. J'efface de toute façon toute culpabilité avec la plus grande mauvaise foi donc ça ne vaut pas le coût d'essayer.

Je sais que pour la plupart des gens, vivre ici c'est une fatalité, un truc qu'ils n'auraient pas voulu voir arriver. Ce mode de vie est considéré comme de la survie par l'immense majorité des gens présents. Moi je suis pas d'accord, bon comme souvent finalement. Ici je suis chez moi, avec ma famille et voir Esteban faire l'imbécile et m'emmerder alors qu'il vient à peine de nous rejoindre me le confirme. Je lui tire la langue et cale tranquillement mon coude dans ses côtes tout en me disant que je vais passer une chouette soirée.

« Fais pas semblant, t'es perdu sans moi. » Je le dis en rigolant mais finalement il y a un fond de vérité. Ici depuis des années on est les piliers. C'est arrivé sans vraiment le vouloir au départ mais on forme un trio indéfectible même si quand on s'engueule ça envoie du rêve. Esteban a été le premier avec qui j'ai créé un lien quand j'ai débarqué ici sans rien comprendre à ce monde mutant. Il m'a pas traitée comme un paquet et puis il me surprotégeait pas. Faut avouer qu'à l'époque il y avait assez d'Aaron dans le rôle du papa poule.

Esteban est lancé avec son appareil photo et on va avoir un bon paquet de dossiers compromettants sur chacun d'ici la fin de soirée vu les tronches qu'il cherche à obtenir. J'éclate carrément de rire en l'entendant vanter ses talents. La réponse que lui fait mon cousin me fait de nouveau pouffer et puis il reprend la parole pour dire que les lieux sont jolis et ça me fait plaisir et puis je sens poindre l'émotion. La voix qui se serre et qui tremblote les yeux pas encore embués mais ça pourrait venir.

Je ne suis pas vraiment du style à m'épancher, les sentiments c'est encombrant mais lui je l'aime vraiment alors c'est différent. Tandis qu'il regarde autour de lui comme pour trouver quelqu'un à qui refiler ses larmes je me lève sur la pointe des pieds et plante une bise sonore sur sa joue.

« Foutu Irlandais, tu vas nous faire pleurer. »

Je me marre en le disant et puis je fais un clin d’œil à Esteban. **C'est vous ma maison.**
Quand il parle d'Atkins je suis son regard avant de reprendre la parole amusée.

« Décidément tu fais une fixette sur les blondes c'est un festival. »

Ma propre connerie m'amuse et ça se voit à la moue qui me barre le visage tandis que je suis la mesure de la musique avec mon pied.
Je fais un rapide tour de la salle du regard et je remarque Emy qui s'enfile un verre cul sec. Inhabituel et plutôt marrant en tout cas je suis assez open pour des shooters entre filles alors je plante les garçons sur place et je la rejoins.
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