« Prends quand même une arme, juste au cas où, pour pouvoir fuir. Non létale hein ! »
Foutu Calloway. La seule arme non létale que j’avais sous la main au moment de me préparer était un taser et le regard qu’il m’avait lancé avait suffi à me conforter dans l’idée que ce n’était pas une option : trop violent comme résultat.
La balançoire où mon regard reste fixé grince sous les à-coups de la petite fille qui cherche à s’envoler, le bruit est à peine perceptible tant elle rit et emplit les lieux de ce son si pur et innocent. Un parc d’enfant, voilà où j’ai donné rendez-vous à Reynolds, cette vipère au regard de glace. Un lieu public, choix risqué, certes, mais réfléchi. Un café n’aurait pas arrêté Genetic en cas de piège tendu mais un jardin rempli d’enfants… Je compte sur les faiblesses de l’ennemi pour m’en sortir. Puis la proximité du bac à sable, la terre présente sur toute la zone me donnent l’impression d’avoir de quoi me défendre et fuir en cas de besoin : ma capacité est l’arme que j’ai choisie. Non létale en théorie, j’ose croire que je saurai maîtriser mes émotions en cas de besoin.
Le message de Reynolds m’avait laissé perplexe, figé pendant quelques minutes sans que mes pensées ne puissent trouver un sens à tout ça. Elle disait qu’elle devait me voir, me donner des informations. Des informations sur quoi ? Calloway avait bien insisté sur le fait qu’elle lui avait sauvé la vie et que c’était la sienne qu’elle avait risquée pour ça. Que peut-être ça avait un lien, peut-être qu’elle cherchait à mettre Genetic au pied du mur et blablabla. Foutu Calloway. Foutu idéaliste. Moi, j’étais persuadé que ça ne sentait pas bon. Et l’odeur de rance ne m’avait pas quitté depuis.
Les doigts crispés sur le bord du banc où j’attends Reynolds, je ne détache toujours pas mon regard de la fillette qui fend les airs d’avant en arrière. Son rire est contagieux, je me prends à sourire jusqu’à ce qu’un parent suspicieux croise mon regard. Un type seul qui fixe des gosses, c’est louche. Je sors mon téléphone l’air de rien, les joues rosissant légèrement : il ne manquait plus que ça. Me faire arrêter pour attitude suspecte autour d’enfants. L’enveloppe sur l’écran provoque un froncement de sourcils sur mon visage. J’ouvre le message, il est de Shannon : Il m’a dit que c’était les services du gouvernement pour Times Square, pas la NYPD. C’est chaud. Ils savent. Mes mâchoires se crispent, c’est pile ce qu’on redoute depuis des semaines, depuis les événements de New York. Si le commun des mortels sait, qu’est-ce que ça annonce pour le futur ? Je transmets le message à Esteban, qui attend sagement dans la voiture à deux blocs d’ici. Il a choisi de m’y attendre sagement. Je ne sais pas pourquoi il ne veut pas voir sa grande copine mais ça m’arrange : il ne sera pas un moyen de pression contre moi en cas de retournement de veste.
Une brise légère fait voler les feuilles quand j’entends un bruissement derrière moi. Je me lève. « Reynolds. » Je ne sais pas si c’est le fruit de mon imagination mais j’ai comme l’impression que l’image parfaite de papier glacé qu’elle renvoie d’habitude s’est un peu fissurée. Des cernes, une lueur différente dans le regard… Des… émotions ? Non, la Reine de Glace ne réussira pas à m’attendrir, je ne connais que trop bien les conséquences d’une garde baissée trop vite.
Kate Reynolds
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Sujet: Re: Les adieux de la Reine Jeu 24 Déc - 14:33
Neuf mois... Le temps d'une grossesse finalement... C'est ce dont j'avais eu besoin pour réaliser que ma vie n'était plus celle que je voulais. N'était surtout pas celle qui convenait pour élever ma fille. Je n'avais plus rien à faire avec son père en tout cas je m'en étais convaincue. Je ne pouvais croire ses promesses, je ne le voulais plus. Il m'avait fait souffrir plus que ce que je croyais possible.
Ça avait failli m'anéantir mais je m'étais relevée, d'abord pour sortir Esteban des griffes de l'organisation pour laquelle j'avais vendu mon âme et ensuite pour l'amour de ma petite tête blonde. Jamais je n'avais projeté d'avoir un enfant au contraire ça me semblait d'une incongruité folle quand l'idée me traversait l'esprit. Kate Reynolds ? Mère ? Vraiment ?
Incongru, fou même sans doute mais c'était arrivé. Rien n'avait été prémédité pour une fois et ça m'avait réanimé. Je n'étais plus seule, j'avais un but, une personne à protéger de tout et de tous. Clairement ma position a Genetic pouvait être une menace dans le contexte actuel. Je voulais donc me faire oublier. J'avais tout quitté après l'attaque de Genome mais ce n'était pas suffisant il fallait que je m'éloigne, que je reconstruise un semblant de quotidien. Le choix avait été facile et évident : Londres !
J'y avais déjà fuit par le passé, quand tout avait commencé à merder avec Keat... Penser à lui restait douloureux, mais je m'y faisais, après tout il était le père de la plus belle merveille du monde. Il fallait que j'arrive à communiquer de façon sereine et adulte avec lui... La belle affaire ! Mes bagages étaient bouclés, ma décision prise. Il restait à l'annoncer à Keaton qui n'apprécierait sans doute pas d'être séparé de sa fille au quotidien. Il devrait s'y faire. Il avait suffisamment d'argent pour que lui rendre visite régulièrement ne soit pas un problème. Elle avait 9 mois et il fallait que je l'éloigne de L.A, que je l'éloigne de mon ancien moi ? Je n'avais jamais eu honte de ce que j'étais ou de ce que j'avais fait y trouvant toujours une logique mais devant son regard azur je me prenais à douter. Est ce que j'étais assez bien pour elle ? Est ce qu'elle ne méritait pas une meilleure mère que ça ?
En tout cas elle aurait une mère louve qui était capable de la protéger du monde. C'était avec cette pensée en tête que j'avais contacté le boy-scout. Il fallait que je sache ou j'en étais avec les cendres de sa pseudo-organisation. Il fallait aussi que je sache comment allait Esteban, avant de partir. Un trait de plus à tirer sur mon passé, un avenir de plus à oublier. Je l'avais contacté et j'avais esquissé un sourire amusé en voyant le lieu qu'il avait déterminé. Un parc pour enfants ! Il apprenait ! Un bon lieu pour éviter une action de Genetic, un bon lieu aussi pour une souricière... Un agent de terrain formé correctement ne mettrait pas les enfants en danger, mais Genetic avait assez de monde à sa disposition pour boucler le quartier autour du jardin d'enfant. Marrant comme mon esprit ne pouvait se détacher de ce genre de détails. Ma nouvelle vie de maman ne m'avait pas fait perdre mes anciens réflexes.
De toute manière il ne risquait rien, je ne lui ferais rien, en tout cas pas tant qu'il n'essayerait pas de m'enlever. Impossible de se défaire de cette inquiétude. D'autant que j'avais une fille à élever et que disparaître pour être séquestrée n'était pas dans mes plans. Ce fut sans doute ce qui me poussa à m'équiper d'un flingue, glissé dans mon pantalon, au creux de mes reins. Tenue discrète et passe-partout mais talons de 15cm, on ne se refait pas.
Arrivée dans le parc je fus saisie d'une étrange émotion en voyant tous ces enfants le sourire aux lèvres. Une petite blondinette surtout sur une balançoire... Si belle... Bientôt je pourrais voir ma fille ainsi. J'avais hâte, et peur... Je découvrais O'Hara et m'approchais dans son dos. Il se leva et me salua.
« Bonjour O'Hara »
Ton neutre, regard franc. Bon je savais suffisamment bien jouer la comédie pour que ce ne soit pas très fiable mais il ne me connaissait pas assez pour le savoir. De toute manière pour lui j'étais un serpent... Il se méfiait de moi c'était logique, me craignait il ? Aucune idée... Je ne savais pas ce qu'Esteban avait pu lui dire. Avait il justifié mon aide auprès de lui ? Avait il parlé de nous? Je tendis la main vers lui en signe de paix ? Oui, et non. Essentiellement parce que je n'avais pas envie d'être toute nue et que copier la capacité d'O'Hara me paraissait une bonne sécurité. Voir s'il allait la serrer ou pas serait aussi un bon indicateur de son état d'esprit.
Aaron O'Hara
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Sujet: Re: Les adieux de la Reine Dim 27 Déc - 14:56
Je regarde la main tendue et serre les dents.
Je sais ce qu’elle fait, je le sais et je n’aime pas ça. Je n’aime pas qu’elle me force la main ainsi, qu’elle trouve encore une fois le moyen de contrôler la situation. Si j’accepte, je me mets en position de faiblesse. Si je refuse, j’ouvre les hostilités. J’aurais dû m’en douter et je me maudis pour ne pas avoir l’habitude de porter des gants. Pas facile d’avoir froid à LA quand on est né dans le grand froid de la ville des vents, à Chicago. Je retiens sans m’en rendre compte ma respiration tandis que je glisse ma main dans la sienne. Je ne sens rien. C’est pire que si j’avais pu sentir ma capacité être aspirée par la sienne. Mais rien, rien de rien. Aucune lumière, aucun son de cloche, pas d’alarme. Sa capacité est aussi discrète que son âme est froide. Esteban me dirait qu’il y a tout de même une source de chaleur sous la glace mais je n’ai jamais senti le feu en elle, juste une sensation de froid intense.
Le banc est toujours entre nous, je m’y rassois en l’invitant du regard à faire de même, essayant de paraître détendu, sûr de moi. Je sais que c’est peine perdu, que je ne fais malheureusement pas le poids face à elle. Je suis une boule d’émotions à vif là où elle est la maîtrise parfaite. Avoir déjà vu l’armure se fissurer ne suffit pas à calmer le stress qui m’envahit : elle est faillible, je l’ai vu de mes propres yeux, mais ça reste dans ma mémoire comme un songe, comme un mirage qu’on ne réussit pas à croire réel.
Avant de trancher dans le vif, je préfère passer par le small talk. « Vous avez eu des échos sur Times Square ? Nos sources ont remonté le fil jusqu’à des forces spéciales du pays. Une riposte planifiée et contrôlée. » Je fais une pause d’une fraction de seconde. Small talk, oui, mais version temps orageux sur les mutants, pour prendre la température même si je la sens glaciale. « Un signe de mauvaise augure pour nous. Sauf si Genetic maîtrise la situation, comme toujours. » Bon, la finesse, ce n’est toujours pas mon fort. Mais au moins, j’ai lancé ma ligne et je verrai quel type de poisson elle va me laisser remonter. Parce qu’au fond, je sais que c’est elle qui va maîtriser le courant et choisir ce que je vais avoir le droit d’attraper.
Je ne la regarde pas. Je laisse juste mon regard se perdre encore sur la douce innocence des enfants qui nous rappellent le but de la vie, de l’amour, du bonheur. Ces mystères de l’univers auxquels ils répondent simplement par leur présence. À quoi bon la regarder et chercher à la sonder ? Je n’en ai pas la capacité, je ne saurai jamais lire dans ses yeux, sur ses traits : elle est reine de la maîtrise et je n’en serai jamais ne serait-ce qu’un soldat.
Kate Reynolds
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Sujet: Re: Les adieux de la Reine Dim 27 Déc - 17:25
Ma main tendue semblait lui évoquer un serpent sur le point de mordre et je le sentis se crisper. Et oui mon lapin il fallait en passer par là ou décider de crisper les échanges dès maintenant. Je n'avais pas de temps à perdre et avoir une idée de son état d'esprit m'était nécessaire pour fourbir mes armes.
Sa main dans la mienne, il ne me fallut qu'un dixième de seconde pour sentir ce picotement électrique sur ma peau. C'était une sensation difficile à décrire et pourtant je savais que je venais de copier sa capacité. Étonnant parce que je ne me sentais pas différente du tout. Je notais son regard sur nos mains liées, j'étais prête à parier qu'il savait. Esteban avait du le lui dire.. Logique en même temps, ils semblaient proches. En même temps mi Tesoro n'avait jamais su s'entourer, j'en étais la preuve vivante. Cette pensée fit naître un petit sourire au coin de mes lèvres tandis qu'il me désignait le banc du regard.
Je m'installais à coté de lui tandis qu'il prenait la parole.
« Vous avez eu des échos sur Times Square ? Nos sources ont remonté le fil jusqu’à des forces spéciales du pays. Une riposte planifiée et contrôlée. »
Banalités, ok, mais version mutant. La pluie et le beau temps, inutile d'en causer quand on connaissait des gens capables d'en décider.
« Un signe de mauvaise augure pour nous. Sauf si Genetic maîtrise la situation, comme toujours. »
Agressif le boy-scout ou bien tendu ? Stressé ? C'était le signe qu'il n'était pas aussi con qu'il en avait l'air dans ce cas.
« « Je ne sais pas ce que Genetic maîtrise ou non. En tout cas je ne le sais plus. »
On ne pouvait plus clair. C'était peut être risqué de lui annoncer ça comme ça ? Il pouvait considérer que je n'étais du coup plus protégée... C'était vrai et faux. J'étais la mère de l'enfant du représentant du Cap et même si nous n'étions pas un couple j'étais sur que Keaton et sa sœur feraient le nécessaire pour me retrouver si je disparaissais. Il pouvait aussi me trouver moins d'intérêt. Je voulais faire passer mon message, je ne représentais plus une menace. J'essayais de capter son regard mais il était fixé au loin. Il aurait pu y lire ma sincérité, non feinte pour une fois.
« « Ce que j'ai appris, c'est que plus ça remonte haut dans la chaîne de commandement et plus ça craint.»
Totalement vrai. Quand les grands pontes pointaient leurs nez ça craignait. Il suffisait de voir ce qui était advenu de mon petit pouvoir quand le cercle avait resserré la vis.
« « Le temps de la confidentialité de l'existence des mutants semble derrière nous et je doute que ce soit bon pour l'espérance de vie. » »
Clairement c'était aussi ce qui me poussait à partir. Un peu idiot parce que ce ne serait pas les kilomètres qui les arrêteraient. Mais un faux sentiment de sécurité valait sans doute mieux que rien du tout. Et puis je n'avais plus rien qui me retenait ici. Mes souvenirs ? Ils étaient pour la plupart très douloureux et amers... Je voulais renaître dans un lieu qui me permettrait de ne pas regarder en permanence au dessus de mon épaule et ce jeune homme en face de moi pouvait m'y aider. Restait encore à faire en sorte qu'il le souhaite... et ça n'était pas vraiment gagné d'avance, d'autant que je n'aimais pas du tout me retrouver dans une position redevable... Il fallait que ce soit du donnant-donnant. A voir ce que je pouvais avoir d'intéressant à lui donner. Je n'avais pas envie qu'on en reste sur le terrain des banalités mais il fallait la jouer fine, alors j'attendais, les sens aux aguets et l'esprit en ébullition.
Aaron O'Hara
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Sujet: Re: Les adieux de la Reine Sam 2 Jan - 8:22
Elle ne le sait plus ?
Je tique sur cette phrase, sur ce qui ressemble à un aveu mais qui pourrait tout aussi bien être le début du tricotage des mailles d’un filet se refermant bientôt sur moi. Reynolds a-t-elle quitté Genetic ? Non, on ne quitte pas Genetic, les quelques rescapés de ce système qui ont choisi de se défaire de l’organisation n’ont pas pu le faire dans la douceur, jamais. Peut-être a-t-elle seulement descendu un peu trop vite les barreaux de l’échelle suite à ses erreurs, tout simplement. Simplement : encore un mot qui ne colle pas avec Genetic.
Si elle est là, si elle se balade librement, c’est qu’il y a une raison autre, une explication qui m’échappe. Mais une explication à quoi ? Est-ce que mon esprit ne s’emballe pas un peu trop vite face à cette petite poignée de mots ? J’extrapole, je vais trop vite en besogne, comme toujours, et c’est ainsi que naissent les quiproquos les plus absurdes et dangereux. Ces dernières années, les choses sont allées si vite que Reynolds a très bien pu passer du sommet de la structure à la cave en un claquement de doigts. Et Genome a quelque peu été responsable de certains de ses bonds. Genome, ce moustique agaçant pour Genetic, nous qui n’avons pas été pris au sérieux tout de suite jusqu’à ce que nous allions trop loin. À nos débuts, j’étais persuadé que nous étions le buisson de ronces capable de d’écorcher les genoux de l’organisation à chaque mouvement alors que nous n’étions que le moustique qui agace trente secondes avant de finir écrasé avant même d’avoir eu le temps de piquer. Leur erreur a été de nous laisser papillonner trop longtemps. La nôtre de croire que ce que nous faisions était utile et nécessaire, grand et important. Mais quand la main rugueuse s’est abattue sur nous, les dégâts ont été monstrueux parce que les rapports de force n’étaient pas équilibrés. Alors pourquoi Reynolds vient-elle me dire ça ? Qu’est-ce que cela signifie ? Pourquoi s’adresser au moustique quand le mastodonte…. Le mastodonte quoi d’ailleurs ?
La fin du secret de la mutation ? Sérieusement ? Après des décennies de couverture, de reliure et de fioriture, les mutants vont-ils réellement être sortis de leur cachette douillette pour être mis sur l’échafaud ? Parce que c’est ce qui nous attend, c’est comme ça que nous serons traités si… Y penser me fait mal. Times Square est l’illustration de ce qui nous attend : une mise à mort rapide avant même d’avoir pu prouver quoi que ce soit.
« Nous ne sommes pas prêts, pas plus que le monde extérieur. » Je n’ai même pas réfléchi avant d’ouvrir la bouche. C’est instinctif, c’est ce que je ressens au fond de moi. Les gens aiment les histoires de super-héros, de sorcières, d’aliens, de personnes dites monstrueuses mais qui sauvent la planète. Ils aiment ces histoires dans la fiction, pas dans la réalité. Lorsque le voisin est différent, lorsque son attitude ne colle pas au tableau de la normalité, les choses dérapent. Le monde n’est pas prêt pour nous tout comme nous ne sommes pas prêts à assumer les réactions en chaîne qui découleraient d’une levée du secret. « Et si le monde n’est pas prêt, cela signifie que… » L’heure de la mise à mort dans le pire des cas, de l’enferment dans le presque pire.
« Quelles sont nos options ? » Je tourne enfin mon regard vers elle. J’en oublie qu’elle est là pour des renseignements à donner, ou quelque chose à me demander. Elle a dit à voix haute ce que je crains depuis quelques temps et j’en oublie qui elle est, pourquoi elle est là, qui je suis. Tout ce que je vois, c’est les fêlures de notre monde prêtes à céder complètement pour exploser.
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Sujet: Re: Les adieux de la Reine Sam 2 Jan - 13:26
O'hara comme bouée de secours... Si on m'avait dit une chose pareille quelques mois auparavant j'aurais sûrement éclaté de rire. C'était même probablement le dernier nom qui me serait venu. Comme quoi les temps changent, les gens aussi... Est-ce-que moi aussi j'avais changé ? Étais je seulement capable de changer ? Je l'ignorais, l'avenir me le dirait. J'en avais envie, pour assurer le bonheur de ma fille mais je savais d'expérience que le souhaiter très fort n'était jamais suffisant.
« Nous ne sommes pas prêts, pas plus que le monde extérieur. »
Il avait totalement raison. Encore que, sa réflexion semblait induire que le monde serait prêt un jour et ça j'en doutais Nous serions toujours perçus comme des monstres, des être anormaux, dangereux... Nous serions enviés ou détestés mais jamais simplement acceptés comme tout le monde. Nous étions destinés à être des parias. Cette idée ne m'enchantait pas le moins du monde, le fait de devoir me cacher encore moins mais je n'avais pas de doute sur le fait d'avoir raison.
« Et si le monde n’est pas prêt, cela signifie que… »
« Que nous allons devoir redoubler de prudence. »
J'avais machinalement terminé sa phrase. Clairement il allait falloir se fondre dans la masse et ça allait être difficile. Peut être encore plus pour moi, entre mes goûts de luxe et ma fille... Encore que, j'avais au moins l'avantage d'avoir de l'argent, beaucoup d'argent et ça avait toujours permis d'ouvrir de nombreuses portes. Je savais pour les mutants depuis des années, depuis mon adolescence, mais je n'acceptais ma condition que depuis peu... alors quelqu'un qui n'était pas concerné ?
Ces capacités je les avais haïs de toutes mes forces... Après la mort de ma sœur je m'étais juré d'éradiquer ces pouvoirs... Je voulais redevenir « normale », je ne voulais pas être un monstre de foire.. J'avais fait tellement de choses au nom de cette envie de lui rendre la vie... C'était tellement idiot quand j'y repensais... Mon incapacité à faire mon deuil m'avait entraîné si loin ! J'avais détruit des vies, peut être parce que la mienne était un champ de ruines ? C'était trop facile. Je ne pouvais pas me cacher derrière ça. J'avais fait des choix, pas toujours les bons, mais j'avais toujours assumé et ça ne devait pas changer. La tête haute !
« Quelles sont nos options ? »
Une putain de bonne question O'Hara. Je n'avais pas la réponse, en tout cas pas une réponse universelle. Il se décida enfin à me regarder et je me surpris à lui sourire. Un petit sourire à la fois navré et sincère. Je me passais la main dans les cheveux et soupirais avant de lui répondre.
« Nous sommes dans une putain d'impasse. La pire des configurations parce que l'ennemi est invisible mais il est partout.»
Je me surprenais à être sincère. Peut être parce que ça ne portait pas à conséquences ? Ou parce que je n'avais plus tellement d'autre choix.
« Il va falloir disparaître des radars. »
Pas seulement se faire discrets... Ça ne suffirait pas ! Il fallait devenir invisibles. Je haussais les épaules avant de me décider à aborder l'un des sujets de l'entrevue que j'avais sollicité.
« Je voudrais savoir comment va Esteban ? Est ce qu'il est totalement rétablit ?»
Impossible pour moi de tourner la page L.A sans savoir ce qu'il advenait de lui. Était-il en sécurité ? En bonne santé ? Je n'avais aucun moyen de pression pour exiger qu'il me dise ce que je voulais savoir, c'était nouveau et foutrement déstabilisant.
Aaron O'Hara
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Sujet: Re: Les adieux de la Reine Dim 3 Jan - 17:13
Disparaître des radars… Mais quels radars ? Des faits divers remodelés dans les journaux ? Des hôpitaux en cas de blessures plus ou moins fortuites ? Des lieux publics parce que nous pouvons être sur des listes de recherche avec des affiches type far west avec prime à la clé ? Ou, pire, du paysage visible parce que partout, à chaque instant, n’importe qui peut identifier notre nature réelle à la moindre inspiration et nous dénoncer ? Mais nous dénoncer à qui ?
Un tout nouveau schéma semble se dessiner depuis quelque mois mais je n’ai pas la nomenclature, pas même la moindre idée du sens dans lequel tourner le plan. Les symboles sont indéchiffrables, les lignes bougent, se croisent, se décroisent… Rien de compréhensible, de palpable. Le monde mutant frémit, on le sent jusqu’au refuge, mais personne n’est capable de réellement identifier la source de cet état, de cette mise en apnée pour écouter le moindre bruissement annonciateur. Est-ce notre instinct de survie qui nous pousse à retenir notre respiration, persuadés que nous sommes d’attendre actuellement le pire de nos vies ? Genetic nous a déjà mis à terre, a creusé notre tombe et n’attend plus que le dernier râle pour jeter le monticule de terre qui attend bien sagement à côté. Qui peut bien nous effrayer plus que ça ? Qui est capable de faire battre en retraite les plus grandes têtes de l’organisation ?
Esteban. J’inspire, cherchant à rassembler les fragments de la vie de mon ami ces derniers mois pour donner un résumé concis mais clair à Reynolds. Ne se doute-elle vraiment pas qu’il est dans le coin, qu’il ne m’aurait jamais laissé venir la voir sans être là, tout près, juste au cas où ? J’ai saisi les grandes lignes de leur relation mais je ne réussis toujours pas à voir ce que Calloway voit chez elle. Belle femme, dans le genre beauté froide et tranchante, mais pas un brin de chaleur dans le regard, pas une once de reflet de son âme, à supposer qu’elle en ait une. J’ai vu passer bien plus de femmes brûlantes dans les bras de Calloway que de manipulatrices. Quoi que, la petite Anya n’était pas un modèle de flamboyance en contraste avec son âge. Sûrement une maturité acquise bien trop vite, à cause d’un gène un peu trop encombrant dans son ADN. Peut-être que c’est cette gravité qui lui plait maintenant, cette gravité qui peut se confondre avec la glace générée par Reynolds… Mais bon, qu’est-ce que j’en sais ?
« Il va bien, compte tenu de tout ce qu’il a vécu. » Je me retiens de rappeler que c’est Genetic qui est principalement responsable des trois quarts de ses malheurs au moins, uniquement par égard pour Esteban qui m’a rappelé de bien trop nombreuses fois que c’est Reynolds qui l’a sorti de l’enfer. On ne me sortira pas de la tête qu’elle a bien œuvré à la création de l’enfer tout de même. « Physiquement, il est remis. Pour le reste… Il fait comme nous tous. Il vit avec. » Je veux noircir le tableau avec mon regard mais comment noircir ce qui est déjà la plus sombre des versions de nos vies ?
« C’est lui qui m’a convaincu d’accepter cette entrevue, si ça peut vous aider à en tirer des conclusions sur son état actuel. » Je n’aurais sûrement pas dû lui dire ça, parce que ça signifie qu’Esteban m’a demandé de faire confiance à Reynolds mais peu importe, jouer cartes sur table est ce que j’ai toujours préféré. J’suis bien trop nul au poker de toute façon. « Lui non plus, d’ailleurs, n’a aucune idée de pourquoi nous sommes là, aujourd’hui. » Et aborder plus de banalités encore, c’est au-dessus de mes forces.
Kate Reynolds
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Sujet: Re: Les adieux de la Reine Dim 3 Jan - 19:43
Évoquer ce monde qui partait en couilles n'était peut être pas la meilleure option pour détendre l'atmosphère mais c'était un terrain neutre... Enfin plutôt les ruines d'un champ de bataille dans notre cas. Nous étions opposés depuis tellement longtemps maintenant que c'était devenu la norme et la norme c'est bien plus rassurant que le maelstrom qui se préparait à nous tomber sur la gueule.
Je frissonnais à cette pensée tout en resserrant les pans de ma veste d'un geste las. J'en avais marre de tout ça. Marre de la peur, marre de calculer de réfléchir... Alors je décidais d'aborder plus franchement les raisons de ma venue en commençant par Esteban. Je n'étais pas sure qu'il me réponde et je poussais un soupir de soulagement en entendant qu'il allait bien.
« Physiquement, il est remis. Pour le reste… Il fait comme nous tous. Il vit avec. »
Mon regard se perdit au loin en entendant la suite. Remis et pourtant il n'était pas là... Ceci dit ce n'était pas lui que j'avais contacté. Je ne cherchais pas de raison de rester, je devais rester concentrée sur mon objectif Londonnien. D'autant que tout était mort entre nous, comme entre moi et Keat finalement... J'étais d'ailleurs le dénominateur commun dans ces deux fiasco... Même si je n'avais pas les mêmes torts. J'avais fuit devant mes sentiments pour Esteban et essayé d'assumer avec Keaton... Pour en arriver dans les deux cas meurtrie et seule. Pas le moment pour les atermoiements et les chouineuseries de gamine, j'allais avoir 40 ans et j'étais mère de famille. Ça faisait quand même deux bonnes raisons de grandir et d'arrêter de me comporter comme une idiote impulsive.
« C’est lui qui m’a convaincu d’accepter cette entrevue, si ça peut vous aider à en tirer des conclusions sur son état actuel. »
Comment une simple petite phrase pouvait provoquer un tel ascenseur émotionnel ? C'était fou quand même... J'avais par moment et depuis quelques temps l'impression que mon nerf auditif était connecté directement sur mon estomac et mon cœur. Le premier semblait monter et descendre d'un coup tandis que le second loupait un ou deux battements... Un comble pour une chirurgienne cardiaque... Quel est le comble pour une chirurgienne cardio-thoracique ? Un putain de cœur brisé... Ainsi il avait fait le choix de ne pas être là, alors qu'il savait ? Mais il me faisait de nouveau suffisamment confiance pour conseiller à son pote de venir. Allez savoir, nous finirions peut être bons potes. Je souris à cette pensée tout en secouant la tête avant de me tourner de nouveau vers O'Hara plantant mes yeux dans les siens un fantôme de sourire encore accroché à mes lèvres.
« Lui non plus, d’ailleurs, n’a aucune idée de pourquoi nous sommes là, aujourd’hui. »
Voilà on y venait. J'appréhendais ce moment et j'étais soulagée qu'il arrive, l'ambivalence, toujours. C'était sans doute le mot qui me définissais le mieux depuis ces derniers mois. J'inspirais à fond et fermais les yeux quelques secondes pour rassembler mes pensées. Il fallait être persuasive, efficace et pour une fois l'enjeu dépassait ma petite personne alors je chassais de mon esprit Esteban et les réminiscences de notre passé commun. Le temps n'était pas aux regrets ou aux remords mais à un avenir que j'espérais clément.
«Je vous propose de jouer cartes sur table pour changer. »
Étonnant mais c'était pour moi bien plus stressant que de mentir. D'habitude tout ce que je disais était préparé, millimétré là je devais improviser et être sincère tout le contraire de ce que me dictais ma nature paranoïaque.
«Je vous épargnerais les raisons qui ont fait qu'un jour j'ai rejoint Genetic comme je vous épargnerais des regrets que vous ne pourriez pas comprendre. Ma vie a pris un tournant décisif et j'ai décidé de quitter l'organisation. »
Bon début Reynolds, allez ma belle, continue.
«Vous devez vous demander pourquoi je pourrais partir sans coup férir quand tant d'autres ont perdu la vie en essayant ? »
Un soupir, une inspiration, des visages qui me revenaient... La culpabilité...
«J'ai découvert que les ramifications de l'organisation allaient bien plus loin que le PDG et enfin bref, j'ai la chance **l'amère chance** de bénéficier de la protection de quelqu'un... »
Une protection qui restait relative, j'étais convaincue que je gardais pas mal d'ennemis même au sein de ma propre organisation.
«Je veux partir, quitter le pays et je veux savoir contre quoi vous accepteriez de monnayer votre aide. »
Kate Reynolds demandant de l'aide c'était rare mais alors je n'aurais jamais cru le quidam me racontant cette scène. J'étais presque, … Fragile... Mais oui, c'était le putain de bon mot...
Aaron O'Hara
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Sujet: Re: Les adieux de la Reine Jeu 7 Jan - 17:44
Je crois que je n’ai pas cillé une seule fois à partir du moment où Reynolds a parlé d’avoir quitté Genetic. Mes circuits ont peut-être grillé sous le choc, je n’en sais rien, mais j’ai écouté la suite de sa tirade brève mais intense sans ciller. Pas une seule fois, j’en suis certain. Je le sais parce que même si je l’ai écoutée attentivement, j’ai senti immédiatement battre mon cœur dans ma paupière droite, j’ai senti ma pression sanguine s’emballer et je me suis concentré dessus comme pour garder un lien avec la réalité, comme me rappeler de l’existence de mon propre corps face à ces révélations surréalistes.
Si même Kate Reynolds, un temps à la tête de Genetic, part et vient me dire qu’elle ne sait plus rien de ce qu’il s’y passe, c’est que les choses sont encore plus graves que ce que j’ai cru. Plus graves, comme si le pire pouvait être surpassé par du encore pire chaque jour. Des ramifications, des gens encore plus haut placés et plus dangereux, je suppose… Reynolds rajoute sans le savoir des briques dans le sac de mes problèmes, de mes angoisses et de ma culpabilité.
« Je veux partir, quitter le pays et je veux savoir contre quoi vous accepteriez de monnayer votre aide. » Puis je cille enfin. Plusieurs fois, pour reprendre pied et m’assurer que je ne rêve pas. La Reine de Glace vient de confesser le pourquoi du comment et je comprends encore moins ce qu’il se passe vraiment. Mon aide ? Notre aide ? Le monde est-il passé en mode négatif, sans dessus-dessous, sans qu’on ne me l’ait dit ? La protection du « quelqu’un » n’est-elle pas plus fiable pour ça si elle lui permet de se barrer de Genetic ?
Je n’ai rien vu venir et je parie que Calloway non plus. Je n’ose même pas imaginer sa réaction quand il saura pourquoi Reynolds a voulu me voir. Ou peut-être est-ce un piège ? Un moyen de savoir si nous avons suffisamment de ressources pour disparaître ? Parce que la réponse est non. Enfin, un peu mais pas jusqu’à un certain niveau. Si nous avons pu passer sous les radars de Genetic pendant des années c’est uniquement parce que Holster a laissé faire. Je peux essayer de me mentir mais la réalité est là : Holster ne s’est que très peu intéressé à Genome, c’est Tussle qui a lancé les premiers dés du début de la fin, je le sais, je le crois maintenant. Et il n’a pas fallu bien longtemps pour que la dégringolade mène à la destruction du QG. Alors faire disparaître quelqu’un de Genetic, quelqu’un comme elle… Je n’ose pas lui demander si elle croit au Père Noël mais ça résume plutôt bien ce que j’en pense…
« Je vous avoue que je m’attendais à tout sauf à ça. » Je balaie le parc du regard avant de reporter mes yeux sur elle, pour qu’elle puisse peut-être voir que je pense ce que je dis. « Je saisis mal comment nous pourrions vous aider si vos contacts, vos ressources et votre connaissance sans faille de Genetic ne vous permettent pas d’avoir déjà la solution en main. » A-t-elle oublié que nous n’avons jamais fait le poids ? L’admettre me fait mal mais c’est la triste réalité. « Qu’est-ce qui vous fait croire que nous avons les moyens de faire ce que vous-même ne pouvez faire ? Et ne vous trompez pas Reynolds, c’est une vraie question. Cartes sur table. » Si elle a la solution, on pourrait considérer la demande, trouver un terrain d’entente, un prix de négoce à hauteur de certaines informations…
En réalité, je suis beaucoup trop conscient de ma connerie et je sais que je suis capable de l’aider pour rien juste parce qu’elle a l’air sincèrement aux abois.
Je suis pitoyablement faible.
Kate Reynolds
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Sujet: Re: Les adieux de la Reine Lun 11 Jan - 17:43
C'est difficile, tellement difficile... Reconnaître que je ne suis pas auto-suffisante, que je peux avoir besoin d'aide. Je déteste ça, je hais les émotions que je ressens depuis des semaines. La peur, depuis que ce petit être dépend de moi mais surtout depuis que je pressens la merde dans laquelle les mutants seront bientôt. J'ai beau avoir passé l'immense majorité de ma vie à exécrer cette mutation et surtout ses implications je suis obligée de le reconnaître et ça me terrifie littéralement.
Je me suis retrouvée régulièrement face à des armes pointées sur moi, la plupart du temps sans ciller mais c'est autre chose maintenant. Je ne suis plus seule mais ce n'est pas que ça. Ce qui me fait peur c'est l'inconnu, c'est de ne plus rien maîtriser alors que j'ai l'habitude de tout contrôler. Le lâcher-prise ce n'est pas mon truc, ça ne l'a jamais été et je n'apprendrais sans doute jamais mais je me surprend depuis peu à essayer.
Essayer de faire autrement, sans manipulation, sans arrière pensée... J'essaye de faire différemment parce que je le dois à ma fille mais je n'aime pas cette fragilité qu'elle a fait poindre en moi. Mon assurance s'effrite. Sans doute parce qu'elle masque beaucoup de fissures et de traumatismes. Je ne sais pas, je n'ai pas l'habitude de regarder en arrière, ni même de me regarder, moi tout simplement. Analyser les autres, leurs émotions, leurs réactions, prévoir, avoir toujours un coup d'avance ça c'est ma vie... Depuis des années, depuis que je m'en souviens en fait... Les gens avec qui je me suis laissée aller à être moi même, les gens pour qui je ne suis pas qu'une reine de glace sont si rares et surtout, ils ne sont plus à mes côtés. Je suis seule avec un bébé et ça, je ne maîtrise pas. Je n'ai plus de coup d'avance, au contraire j'ai le putain de sentiment d'avoir deux trains de retard alors je livre les choses simplement, sans ambages, sans fioritures et j'espère qu'il en sortira quelque chose.
Je le vois cligner des yeux comme si sa vie en dépendait, je le vois clairement halluciner. Il ouvre de grands yeux et son front se plisse. Forcément il ne peut pas juste me croire sur parole, il sait que j'en ai rarement une enfin plus précisément, je la donne rarement.
« Je vous avoue que je m’attendais à tout sauf à ça. » Putain mec, si tu savais comme moi aussi. Je n'ai rien prévu de ce bordel.
« Je saisis mal comment nous pourrions vous aider si vos contacts, vos ressources et votre connaissance sans faille de Genetic ne vous permettent pas d’avoir déjà la solution en main. »
Pas faux O'Hara. Je devrais pouvoir utiliser le bel outil que représente Genetic, mais ce n'est pas aussi simple. Pourquoi est ce qu'il y a toujours un mais ? Un putain de mais qui vient te gâcher la vie et qui empêche que les choses soient simples. « Qu’est-ce qui vous fait croire que nous avons les moyens de faire ce que vous-même ne pouvez faire ? Et ne vous trompez pas Reynolds, c’est une vraie question. Cartes sur table. »
« Vous n'êtes décidément pas doué en négociation. » Il a dit carte sur table.. Bon il a pas dit vas y lâche toi et soit désagréable mais bref. Je souris tout en me passant la main dans les cheveux.
« En principe avant de dire à l'autre partie qu'on a rien à lui offrir on essaye de savoir ce qu'elle offre. »
Le ton de ma voix est malgré tout amusé presque malgré moi. Je me moque de ma situation et de la galère dans laquelle je me trouve.
« Je pourrais sans doute bénéficier encore de quelques appuis.» c'est totalement vrai. J'ai toujours des alliés dans l'organisation, à défaut d'amis. « Mais, je ne veux pas rajouter de dettes à mon ardoise. Rien n'est offert par Genetic, tout se paie et je suis convaincue que le prix à payer n'est plus dans mes moyens. »
Des phrases sans doutes sibyllines et qui pourtant résument vraiment le fond de ma pensée. Je ne veux plus rien leur devoir parce que je ne veux plus rien avoir à faire avec ce monde. Je veux disparaître et élever ma petite fille comme si nous étions seules au monde. Le prix à payer m'a déjà trop coûté, il faut que ça s'arrête même si je ne suis pas sure d'y arriver, je veux récupérer le contrôle de ma vie.
« Je sais que vous n'avez pas les moyens financiers ou techniques mais je suis sure que vous avez des idées et des moyens malgré tout, des choses auxquelles je n'aurais justement pas pensé. »
Aaron O'Hara
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Sujet: Re: Les adieux de la Reine Mer 20 Jan - 18:24
Dire que je ne suis pas doué en négociation est un euphémisme. Si en plus on fait sonner la petite clochette sur laquelle il est écrit en gras SOS alors la notion même de contrepartie me devient inconnue. C’est foutrement con mais je n’y peux rien, comme dirait Matthews, ça colle à mon syndrome de Superman foireux. Et puis, avec les événements de l’année dernière, je ne sais même plus quoi prendre pour Genome, pour les copains. Nous sommes démunis depuis la destruction de notre QG. Nous avons de quoi rebondir, un refuge, encore quelques cartes dans notre jeu mais ce n’est plus pareil, chacun sent le vent tourner, je sens ce foutu vent prendre une direction qui va changer toute la donne.
Des dettes… C’est comme ça que Genetic réussit à garder ses sbires ? Non, ce sera trop simple, trop manichéen. S’il y a une chose que cette année écoulée m’a appris, c’est bien que Genetic n’est pas ce qu’il existe de pire dans notre monde. Mais si même Reynolds préfère venir s’adresser à moi plutôt qu’à ses chefs ou d’autres de ses contacts cela signifie que je ne sais, encore une fois, rien de la réalité de notre monde.
« C’est vrai que la fuite et la discrétion sont une partie de nos spécialités. » Se camoufler, survivre dans ce monde de brute, filouter et grappiller des informations à chaque coin de rue… Enfin, essayer. Parce que, clairement, la destruction de Genome a bien prouvé que nous n’étions pas si discrets. « Seulement, Reynolds, notre fonctionnement principal passe par un système de toile. Et cette toile ne se monnaie pas, elle se mérite. » Et si elle croit que c’est là que j’entame les négociations, elle se plante royalement. « Certaines des personnes que nous avons un jour aidé sont toujours prêtes à nous filer un coup de main, pour une cause qu’elles considèrent comme juste. » Et c’est là que le bât blesse. Sent-elle où est le principal problème de cette équation ? A-t-elle conscience que la variable instable pour obtenir le résultat voulu, c’est elle ?
« Votre petite célébrité dans les rangs de Genetic ne jouera pas en votre faveur. Et je ne suis pas prêt à cacher cette information pour vous. » L’aider, oui. Parce que je sais que c’est ce que veut Esteban et que je lui fais confiance. Mais il est hors de question que je force les autres à tendre la main à cette femme ou, pire, que je cache aux volontaires qui elle est. Ce n’est pas impossible, il suffira de trouver les bonnes personnes, celles prêtes à se mouiller pour des gens qui ont dérapé, et il y en a. Tout le monde a fait des erreurs, envers les autres ou envers soi-même. Certains sont plus prompts à croire en la rédemption que d’autres. « Je ne peux rien vous promettre. Je peux essayer de faire jouer les ficelles de notre réseaux mais je n’ai ni le pouvoir ni l’envie de forcer qui que ce soit à accepter de vous aider. »
Kate Reynolds
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Sujet: Re: Les adieux de la Reine Jeu 28 Jan - 17:02
« C’est vrai que la fuite et la discrétion sont une partie de nos spécialités. " ça c'est certain et je suis bien placée pour le savoir puisque j'ai été un temps responsable de leur traque. Bon d'un autre côté ça n'a duré qu'un temps et ils ont fini par payer le prix fort... Est ce qu'il sait que j'y étais ce jour là ? Est ce qu'il sait pourquoi je me suis rendue là-bas alors que j'étais sur le point d'accoucher ? Pas le temps d'y repenser parce qu'il enchaîne. « Seulement, Reynolds, notre fonctionnement principal passe par un système de toile. Et cette toile ne se monnaie pas, elle se mérite. » Mouais, franchement subjectif comme concept ça. Qui mérite quoi ? Et surtout qui décide du mérite de quelqu'un ? C'est personne dépendant et je n'aime pas ce genre de systèmes, je préfère les règles, les protocoles . Comme au bloc et comme au sein de genetic. Mais, c'est bien parce que je ne peux plus compter sur cette rigueur que je l'ai contacté donc il va falloir que j'apprenne à mettre de l'eau dans mon vin. « Certaines des personnes que nous avons un jour aidé sont toujours prêtes à nous filer un coup de main, pour une cause qu’elles considèrent comme juste. » ok boomer l'idée c'est d'être un angelot de porcelaine pris en charge par des boyscouts.... Je suis pas dans la merde! Au cas où je n'aurais pas saisi du premier coup, la suite me le confirme. « Votre petite célébrité dans les rangs de Genetic ne jouera pas en votre faveur. Et je ne suis pas prêt à cacher cette information pour vous. » Je ne crois pas l'avoir demandé ? Je commence à m'agacer mais je prends sur moi et j'inspire à fond avant d'expirer lentement par la bouche. C'est la sage femme qui m'a appris ça pendant l'accouchement pour encaisser la douleur et en fait j'ai découvert que je pouvais me contrôler un minimum et ne plus sauter à la gorge des gens qui m'agacent. Gros progrès ! Félicitations du jury pour miss Reynolds. « Je ne peux rien vous promettre. Je peux essayer de faire jouer les ficelles de notre réseaux mais je n’ai ni le pouvoir ni l’envie de forcer qui que ce soit à accepter de vous aider. » et voilà encore une couche. Ok mec j'ai compris tu vas m'aider même si tu doutes franchement que je le mérite. Marrant comme tout le monde semble penser que je ne mérite pas grand chose... Super bon pour l'ego. Je ne suis plus rien pour personne... Cette pensée me déchire le coeur mais me met aussi en colère. Mécanisme de défense qui m'empêche de sombrer depuis que ma soeur est morte.... " Je ne vous demande pas de cacher qui que je suis à vos activistes même si au fond ni vous ni eux n'en savent rien." J'ai envie de lui dire que je ne suis pas la seule à avoir des cadavres dans les tiroirs et des détenus dans la cave. J'ai un souvenir assez précis de ma détention qui ne me donne pas envie de profiter de nouveau de son hospitalité. Je ne sais pas si je peux lui faire confiance, je ne sais même plus trop ce que je fais ici avec lui. Tout le monde me renvoie à genetic et à ce qui s'y est passé de pire comme si je n'étais que ca ! C'est totalement con de résumer quelqu'un à quelques années de sa vie et même à genetic on a fait de belles choses... Pas que... Mais quand même. Je veux bien être le grand méchant loup mais c'est un peu facile de croire que le monde est en noir et blanc, personnellement je sais depuis des années que le monde avance en nuances de gris. J'ai envie de crier tout ça, de dire que je ne suis pas le putain de monstre glacial qu'ils ont déterminé que je suis aussi celle qui leur a amené ce putain d'antidote, même si c'était surtout pour sauver Esteban... Je suis quelqu'un... Une personne, avec ses failles, ses réussites, son histoire de vie, avec son passé hideux et son avenir surtout. Je ne suis pas capable d'envisager le monde comme eux, ma morale est à géométrie variable c'est vrai mais je ne suis pas pour autant une ordure. Je suis une mère et je vais essayer d'en être une bonne... J'ai envie de lui hurler tout ça mais je me tais parce que son avis est fait et que je sais aussi que je mérite une grande part de cette défiance parce qu'il ne comprendrait pas, parce que ce n'est pas à lui que j'ai envie de dire tout ça. Je suis du côté obscur depuis tant d'années, je suis fatiguée, abîmée... Est ce que je regrette ? Oui. Non. Peut être. Pas en des termes aussi clairs et simples en tout cas parce que je sais aussi que genetic m'a sauvé la vie... Ils sont arrivés dans ma vie à un moment où je n'avais plus rien que de la peur et de la haine... Je chasse ces pensées pour me décider à reprendre le fil de cette conversation.
" Je veux partir vivre en Europe et je sais comment faire en sorte de brouiller les pistes et ne pas être trop visible mais j'aimerais surtout pouvoir être informée si les recherches sur moi s'activaient."
Je pense qu'ils savent faire des choses au niveau informatique et je ne peux le demander à personne à genetic parce que je ne veux pas que Lou puisse être un enjeu contre Keaton ou pour m'atteindre. Elle ne doit pas souffrir d'être ma fille.
"Je sais que vous ne m'aimez pas et ce n'est pas la question. J'ai eu un bébé et je pense que vous êtes en capacité de comprendre que je souhaite que cet enfant grandisse loin d'ici. " loin de tout ça...
Aaron O'Hara
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Sujet: Re: Les adieux de la Reine Dim 24 Avr - 6:44
Un silence s’installe. Étrangement ce n’est pas un silence gênant, c’est un silence de circonstance, qui colle à l’instant suspendu. C’est un arrêt sur image qui permet de faire le point, de rassembler les informations et de les traiter, de les classer. Kate Reynolds, Reine de Glace de Genetic me demandant un coup de main pour surveiller ses arrières dans sa fuite. C’est de l’ordre de la science-fiction en apparence mais, finalement, c’est très parlant sur la situation, presque cohérent. Et c’en est glaçant.
Nous voir tous les deux, ici, dans ce parc, à envisager cette option, c’est accepter d’un seul coup que le monde que nous avons connu jusqu’à présent s’effondre bel et bien, c’est aussi prendre conscience que nous avons accepté cette chute avant qu’elle ne se produise. Les bases ont été renversées telles des quilles et les remettre dans leur position initiale est impossible. Aujourd’hui nous entrons dans un monde où des ennemis mortels savent qu’ils sont réduits à coopérer pour survivre. Les frontières bougent bien trop vite.
Tout ce que nous avons vécu nous a amenés ici : savoir nous adapter est finalement la définition même de notre essence, nous, mutants. Tout s’écroule et nous arrivons à un carrefour : passer outre les griefs du passé pour avancer, sans rien n’oublier, ou rester figés dans une incapacité à évoluer au risque de nous entre-dévorer. Six mois en arrière, je n’aurais pas pu envisager de l’aider, pas après la mort d’un si grand nombre de mes amis. Depuis, nous avons tous senti le vent tourner et changé d’angle. Aujourd’hui, je sais que ce n’est pas elle mon problème majeur. Je sais aussi que je suis presque prêt à accepter qu’elle est elle aussi une victime de cette histoire. Presque, parce que comprendre et pardonner ne sont pas toujours compatibles.
« Nous vous préviendrons. » Je peux utiliser le nous, parce qu’Esteban sera partant, et il saura convaincre Anna à sa manière, avec ses mots. Genome, c’est aussi ça : protéger à notre échelle les gens traqués par Genetic, quels qu’ils soient. « Il faudra juste… » Je m’arrête un instant, pour réfléchir, non pas à une contre-partie mais à un contact. Si Esteban ne veut pas être le contact direct, il faudra que ce soit moi. Est-ce que je suis à ça près ? Pas vraiment. « … définir un moyen suffisamment sûr pour pouvoir vous contacter rapidement. Pas forcément une adresse fixe, c’est même mieux que nous ne sachions pas où vous êtes exactement. Un compte mail partagé, dans lequel on laisse simplement des brouillons dans la boîte d’envoi, ça laisse une trace, certes, mais pas une trace évidente au premier abord. » Une méthode que nous avons déjà employée sans risque ou presque.