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 Maintenant, je suis vraiment une mère,...

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Kate Reynolds

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MessageSujet: Maintenant, je suis vraiment une mère,...   Maintenant, je suis vraiment une mère,... Icon_minitimeLun 24 Mar - 9:46

Ma vie était un joyeux capharnaüm, qui l'eut cru. J'utilisais le mot joyeux, moi qui avait vu ma vie partir en fumée. C'était tellement fascinant la résilience humaine. Quelques semaines auparavant je m’apprêtais à sortir Esteban des geôles de Genetic. J'étais dans une rage noire contre Keaton, je voulais lui faire payer sa trahison, je me servais de lui, de son pass...

Et maintenant ? Je vivais chez lui, j'avais mis au monde notre petite fille, je n'avais plus envie de prendre la fuite... Je ne savais plus du tout ou j'en étais ceci dit. Etais je encore amoureuse de lui ? Pouvait on l'être encore après ce qu'il avait fait ? Pouvais je l'aimer alors que je ne lui faisais plus confiance ? C'était compliqué, terriblement compliqué... J'avais confiance, enfin non, enfin si, j'étais sure qu'il me soutiendrait si j'en avais besoin, ça c'était évident, sinon je n'aurais pas conseillé à Jeremy de s'adresser à lui en cas de coup dur... C'était d'un point de vue plus personnel que ça clochait, je n'étais pas certaine qu'il soit en mesure d'être fidèle si je décidais un jour de laisser se rallumer la flamme.

Ce serait facile pourtant, le désir était toujours là, vibrant entre nous, c'était assez fou d'ailleurs. Le fil de mes pensées avait fait jaillir l'image de Jeremy et tout à coup je ressentis très fortement le besoin de le voir. Je n'avais plus remis les pieds à Genetic depuis l'annihilation du QG de Genome, en même temps, j'avais accouché, c'était globalement une bonne excuse... En même temps je connaissais assez cette organisation pour savoir qu'il ne fallait pas que cette absence dure trop longtemps. Il y avait toujours pleins de rapaces, avides de votre place. La mienne  n'était plus vraiment enviable, mais je n'avais pas envie qu'elle empire...

D'un autre coté, je me sentais pour le moment, parfaitement incapable de laisser ma petite princesse. Elle était toute petite, toute fragile, et elle avait besoin de moi, tout comme j'avais besoin d'elle. Plus tard, j'avais le temps de décider si j'avais encore une place dans cette organisation. Ceci étant mon affection pour Jeremy n'était pas liée à ce boulot, elle allait bien au delà. Il était comme un apprenti, un fils spirituel, même plus, un fils tout court. Il était un gamin et un homme tout à la fois, il était fragile et fort et je ressentais au fond de mes entrailles l'envie de le protéger, l'envie de le préserver de plus de souffrance, il en brillait bien assez dans ses prunelles rieuses.

Il y a un proverbe qui dit, « les grands esprits se rencontrent », je crois que ça n'est pas faux. En tout cas ce fut ce que je me dis en voyant le nom de Jer' s'inscrire sur l'écran de mon smartphone.
La conversation fut brève, on ne savait jamais ce qui était écouté de ce qui ne l'était pas. Ça me faisait du bien d'entendre sa voix cependant. Je lui donnais rendez-vous à Central Park, il serait difficile de nous y suivre discrètement à cette heure de la journée. Pus difficile encore de nous y écouter.

Keaton était au boulot, j'aurais pu l'appeler bien sur, lui demander s'il pouvait s'occuper de Lou. Mais je n'en avais pas envie. Il était temps qu'elle rencontre Jeremy. Il faisait partie de sa famille. Celle du cœur, la plus importante. Je la préparais donc, en engouffrant dans un sac tout ce dont je pouvais avoir besoin, tenue de rechange, couches and co.
Pour le repas, j'étais un bib géant c'était assez pratique. Je l'installais dans son siège auto et allait en bas attendre mon taxi. Il mit la poussette adaptable sur le siège dans le coffre et j'installais la miss. Hors de question que quelqu'un d'autre le fasse, je n'avais pas confiance.

Le trajet fut court et je pris la carte du taxi afin de le rappeler plus tard quand je voudrais rentrer. J'avais laissé un mot à Keat, qu'il ne s'inquiète pas s'il repassait à l'appart. Juste quelques lignes « je suis avec un ami, à ce soir. » et un grand K stylisé en signature.
Une fois dans le parc je m'approchais de la zone choisie. Jeremy était sans doute déjà là. Je guettais sa présence tout en parlant doucement à ma petite puce en train de s'endormir, bercée par la poussette.
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Jeremy Stenson

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MessageSujet: Re: Maintenant, je suis vraiment une mère,...   Maintenant, je suis vraiment une mère,... Icon_minitimeLun 24 Mar - 11:53



11 mai 2011


J’étais passé me faire changer mes pansements ce matin, et je ne pouvais m’empêcher de penser à Kate à chaque fois que je passais devant la porte de son cabinet. Cela faisait un moment que je n’avais pas eu de ses nouvelles, et que je ne l’avais pas recroisée. D’ailleurs, j’avais été enfermé à l’infirmerie un certain temps après l'effondrement du QG de Genome, et puis… avec tous ces évènements, j’en avais perdu toute notion du temps.

Une pensée fort désagréable me traversa l’esprit et me retourna l’estomac. Et s’il lui était arrivé quelque chose ? Je décidai qu’il était l’heure de ma pause clope que j’allais fumer sur le parking. J’en profitai pour me fendre d’un appel depuis mon portable perso, à distance raisonnable du bâtiment afin d’éviter d’être entendu par des oreilles indiscrètes. Je fus bref, aussi solennel que s’il s’agissait d’un coup de fil professionnel, prenant garde à ne mentionner aucun nom, ni rien qui ne puisse laisser deviner à quel genre d’interlocuteur je m’adressais. Nous savions tous les deux que prudence était mère de sûreté.

D’autant plus que je prenais toujours garde à ne pas paraître trop proche de Kate à Genetic, à cause des évènements passés, mais pas uniquement. Je n’avais pas apprécié ce que m’avait dit Callie au sujet de ce qu’elle avait perçu de ma relation avec mon mentor. Elle avait touché juste, j’avais démenti, et inconsciemment, je m’étais fixé martel en tête de lui prouver qu’elle avait tort. Fichu esprit de contradiction ! Mais c’était dans notre intérêt de toutes façons. Je ne voulais pas qu’ils puissent se servir de moi pour atteindre Kate, et la réciproque était vraie. J’aurais pu m’en tenir à cette idée, décider de tout arrêter avant que ça ne prenne des proportions qui m’échapperaient totalement, me contenter de notre relation purement « professionnelle ». C’était ce que j’aurais du faire. J’en étais convaincu. Je ne sais pas ce qui me poussait à faire ce que j’étais en train de faire, pourquoi je m’inquiétais autant pour elle, pourquoi j’éprouvais l’envie et le besoin de la voir à un moment pareil ?

C’était le bordel dans ma tête, dans ma vie. Plus rien n’allait, ne tournait rond. Je ne contrôlais plus rien, moi qui avais l’habitude de tout calculer, de tout rationaliser, de tout préméditer. J’avais franchi un point de non retour. Je devais être fort, mais je ne l’étais pas. Je devais me battre, mais j’étais désarmé, brisé, je tentais de sauver quelqu’un de la noyade, mais j’étais trop épuisé pour nager jusqu’à la rive, ni même pour nous tenir tous deux la tête hors de l'eau. Je ne savais plus où j’en étais et je cherchais des repères, inconsciemment, une aide peut être ? Alors que j’avais refusé celle de mon meilleur ami… Non, c’était autre chose. Je ne savais pas, peu importait. Je n’avais pas envie de réfléchir.

Kate me donna rendez-vous à Central Park, je l’y retrouvais à l’heure convenue après m’être assuré de ne pas avoir été suivi. Ça, j’étais encore capable de le faire correctement. L’avantage, c’était qu’il serait plus facile de repérer un pisteur à cette heure de la journée.

J’arrivai le premier sur les lieux, j’en profitais pour me griller une clope en vitesse avant qu’elle n’arrive car je ne pourrais plus le faire en sa présence. Toute personne bien éduquée savait qu’il était fortement déconseillé de fumer à côté d’une femme enceinte. Et puis, ça ne me ferait pas de mal de m’abstenir un petit moment, je fumais beaucoup trop en ce moment. J’étais trop à cran.

Je tirais une dernière taffe avant d’écraser mon mégot par terre lorsque je la vis arriver. Timing parfait. ! Il fallu un petit moment à mon cerveau pour analyser l’engin qui la précédait. Une… poussette ?! Elle s’arrêta pour se pencher dessus. D’où j’étais, je ne voyais pas l’enfant, mais je devinais à la silhouette affinée et radieuse de Kate, qu’il s’agissait de son bébé. Je restai planté là, interdit, à la contempler en silence. Je ne comprenais pas ce qu’il me prenait, ni pourquoi ma gorge s’était soudain nouée. J’étais partagé entre l’envie de l’approcher et celle de m’enfuir à toutes jambes. Pourquoi ? Ca ne tourne vraiment pas rond chez moi ! Reprend-toi Jeremy ! Mais c’était plus fort que moi.

Je ne sais pas si j’aurais effectivement mis les voiles si elle n’avait pas croisé mon regard à cet instant. Un frisson indescriptible me parcouru l’échine. Elle m’avait vu, je ne pouvais plus m’enfuir. Je du me faire violence pour avancer dans sa direction. J’étais embarrassé, comme tétanisé. Je ne m’attendais pas à la voir déjà avec un bébé. Je n’y étais pas préparé. C’était très étrange et très perturbant comme situation. J’avais encore du mal à voir Kate comme autre chose que mon mentor. Le fait de la voir en tant que mère me troublait, beaucoup plus que je n’aurais pu l’imaginer.

« Salut ! » bredouillai-je avec un sourire timide en m’approchant, faisant tout mon possible pour paraître le plus normal possible, malgré la tête de déterré que je me traînais toujours. Elle m’avait connu meilleure mine. Mais les récents évènements m’avaient marqué bien plus encore, me détruisant un peu plus, physiquement, et mentalement.

Je me sentais super con, je ne savais pas quoi lui dire en pareille circonstance. J’étais juste content de voir qu’elle allait bien… de la voir… tout court. C'était aussi simple que ça. Il y en avait au moins une pour qui la chance avait tourné. Du moins, j’osais l’espérer. « Tu as subi un régime drastique à ce que je vois ! » balançai-je en guise de boutade, avec un sourire, comme j’avais l’habitude de le faire afin de dédramatiser ce genre de situation. C’était gonflé ! Je m’étais rarement permis ce genre de familiarités avec elle, Kate n’était pas ma « pote », mais je ne savais pas comment faire autrement pour dissimuler mon trouble.
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MessageSujet: Re: Maintenant, je suis vraiment une mère,...   Maintenant, je suis vraiment une mère,... Icon_minitimeMer 26 Mar - 13:25

C'était bon de me retrouver dehors comme ça. J'avais la sensation d'être libre, pleine de vie. J'avais passé le cap du baby blues et c'était agréable de voir de nouveau la vie du bon coté. C'était surprenant sans doute quand on connaissait mon parcours et pourtant j'étais bel et bien quelqu'un de globalement optimiste. Pas un optimisme chevronné de pauvre fille accro aux licornes et aux contes de fées, non quelque chose de plus mesuré, de plus adulte.

J'étais persuadée au fond de moi que la vie avait de belles choses à offrir et que la roue tournait toujours. Il suffisait d'ailleurs que je regarde ma petite fille pour m'en convaincre un peu plus à chaque seconde. Elle était tellement belle, en train de s'endormir comme un ange. Je levais les yeux et croisait le regard de Jeremy. Il était là, à l'heure, comme à son habitude.

Un grand sourire apparut immédiatement sur mes traits qui s'estompa pourtant quelque peu quand il s'approcha. Il avait encore une sale gueule, même sans doute pire que la dernière fois.
Il avait l'air faible et perdu et je résistais difficilement à l'envie de le prendre dans mes bras pour l'embrasser. Il m'accueillit par une blague et je lâchais un petit rire avant de répondre sur le même ton.

« Mon régime est assez réussi mais, on ne peut pas en dire autant de ton lifting. »

Ceci dit avant de lâcher la poussette pour l'attirer dans mes bras et lui poser deux bises sonores sur les joues. Il était pour moi comme un fils et je n'allais pas le traiter en étranger. Pas alors que j'étais si heureuse de le voir en vie.

« Elle s'appelle Lou. »

Je venais de désigner la poussette d'un petit geste de la main. Façon de faire les présentations, même si ma puce dormait à poing fermés.
C'était assez bizarre d'être la avec ma fille. Comme si sa présence était déplacée, comme si mes deux vies distinctes se croisaient tout à coup. C'était nouveau, et je ne savais pas tellement comment réagir. Jeremy n'était plus mon apprenti à Genetic, il n'était pas mon ami, c'était autre chose, un lien plus viscéral.

« Comment vas tu ? Plaisanterie mise à part, tu as mauvaise mine. »

J'espérais que l'antidote avait été efficace, qu'il allait bien, j'avais peur pour lui quand je voyais cette lueur sombre dans ses prunelles.
Je glissais mon bras dans le sien et guidait la poussette de l'autre pour l'entraîner jusqu'au banc tout proche. Nous avions tout notre temps pour discuter, nous étions en sécurité dans ce lieu public. L'avantage c'était son coté désert qui nous permettrait de repérer tout indésirable rapidement.
Je souris en secouant la tête à cette pensée. Je présentais ma fille à celui qui dans mon cœur était son frère, et je ne pouvais m’empêcher de me méfier de tout et tous... Triste constat, j'étais bien formatée. En même temps c'étaient ces réflexes qui me gardaient en vie depuis des années. Maintenant je devais protéger une autre vie, plus fragile et surtout plus précieuse. S'il fallait que je sois un robot ou une autre version de cette reine des glaces dont on parlait dans mon dos je le serais. Je ferais même bien pire pour les rares personnes qui faisaient ma famille.
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Jeremy Stenson

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MessageSujet: Re: Maintenant, je suis vraiment une mère,...   Maintenant, je suis vraiment une mère,... Icon_minitimeJeu 27 Mar - 0:04

Le trac s’était emparé de moi comme d’un comédien avant de monter sur scène, sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. Il y avait quelque chose de différent dans ma relation avec Kate qui me perturbait, qui me rendait soudain moins sûr de moi. Ou alors, c’était du à mon état de vulnérabilité et de susceptibilité que je me traînais tel un boulet. C’était comme si, j’avais peur qu’elle lise en moi, qu’elle devine mes faiblesses alors que je savais pertinemment que ça ne tenait qu’à moi de les lui dévoiler ou pas.
Je disposais d’un grand self contrôle et j’étais expert à ce jeu d’habitude. Alors pourquoi était-ce aussi difficile aujourd’hui ? J’étais à cran, écorché vif, et j’avais l’impression que le moindre détail, la moindre incartade était susceptible de mettre le feu aux poudres, de me faire vriller, de me mettre dans une rage folle, ou au contraire, dans un état de profonde dépression. C’était vraiment très déstabilisant pour quelqu’un comme moi qui était plutôt inexpressif d’ordinaire, et j’avais beaucoup de mal à contenir toutes ces émotions violentes et contradictoires qui m’habitaient.
Je luttais en permanence contre moi-même, retardant l'échéance où la cocotte minute sous pression exploserait. Du coup, j’évitais autant que faire se peut, toutes les situations que je ne sentais pas, ou celles susceptibles de me faire disjoncter. La fuite dans ces cas là, était la meilleure défense, en attendant de trouver mieux.

Mes rapports avec Kate avaient donc changé. Du moins, la perception que j’avais d’elle, si bien que je ne savais plus comment me comporter en sa présence. J’avais opté pour l’attitude faussement détendue et une blague… pas forcément de très bon goût d’ailleurs… J’appréhendais sa réaction. Ce n’était pas le genre de choses que je me serais permise un an auparavant.

Je fus rassuré de l’entendre rire mais je ne me détendis pas pour autant. Je pris pour moi la vanne qu’elle me balança. L’allusion était trop juste pour n’être que simple réplique de rhétorique. C’était de bonne guerre, je l’avais bien mérité.

J’esquissai un petit sourire avant qu’elle ne me prenne dans ses bras pour m’embrasser. Je me raidis malgré moi. Ce n’était pas la première fois, mais j’avais encore du mal. Je l’étreignis maladroitement, puis elle s’écarta pour me présenter la petite. J’étais soulagé de devoir concentrer mon attention sur autre chose que sur Kate, quelques instants, afin de laisser redescendre un peu la pression que je m'étais mise. La petite dormait à poings fermés, paisiblement. Je la contemplais un instant. Elle était la réplique parfaite d’un humain miniature, une mini Kate en somme. C’était à la fois amusant et fascinant. Puis Kate m’arracha à ma contemplation avant que mon esprit ne se perdre dans des considérations sans fin.

Je reportai mon attention sur elle, croisant son regard une fraction de seconde avant de le fuir de nouveau, de peur qu’elle n’arrive à déceler dans mes yeux cette noirceur qui gagnait chaque jour un peu plus de terrain, comme si j’étais incapable de le lui cacher…

« Je vais bien. » menti-je sur un ton que je voulais rassurant sachant pertinemment que je n’avais aucune crédibilité. Cela faisait deux fois qu’elle m’attaquait sur ma mine épouvantable, j’allais devoir trouver mieux comme excuse. « Ah bon ? tu te fais des idées ! »  ajoutai-je avec un grand sourire… Je m’enfonçais...

Elle m’attrapa le bras et m’entraîna jusqu’au banc le plus proche, je ne me fis pas prier, mais il fallait que je trouve quelque chose. « J’ai été promu officiellement agent de terrain. » balançai-je sur le ton de la conversation, d’un air faussement désinvolte, comme si cette information était d’une banalité sans précédente. C’était ce pour quoi je m’étais battu depuis mon arrivée à Genetic. Maintenant que j’avais été titularisé, je me rendais compte du lourd poids de la culpabilité dont j’avais écopé avec, en bonus, qui s’ajoutait au lourd fardeau que je portais déjà.

« Toi en tout cas, t’as l’air en forme ! »dis-je afin de changer de sujet. Je me demandais quel lien pouvait unir un parent à son enfant. Ce devait être quelque chose de vachement puissant … Le simple fait d’essayer de me souvenir du lien qui m’unissait à ma propre mère m’était douloureux. J’espérais que Lou n’aurait pas à subir ça. Jamais ! « Je suis content de voir que Lou et toi…alliez bien… » Je ne savais pas trop où elle en était avec le père de l’enfant. Ni même de qui il s’agissait, Calloway ou Wetherford ? Peu importe. Ce n’était pas mes oignons.


Dernière édition par Jeremy Stenson le Lun 31 Mar - 18:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Maintenant, je suis vraiment une mère,...   Maintenant, je suis vraiment une mère,... Icon_minitimeLun 31 Mar - 12:12

Je le sentis se raidir alors que je le prenais dans mes bras mais, je ne m'en souciais pas plus que ça. Il ne me repoussait pas, il était juste mal à l'aise, sans doute peu habitué aux démonstrations d'affection maternelle. Je pouvais comprendre ça, je l'avais vécu. J'étais devenue la reine des glaces parce que j'étais douée pour feindre les émotions, par contre gérer de vrais sentiments c'était une toute autre paire de manche.

Pourtant avec ce gosse c'était facile. Je lui faisais totalement confiance et quand on me connaissait un peu c'était assez remarquable. Il ne m'avait jamais trahie, jamais déçue. Même quand le sort c'était acharné contre moi, même quand je n'étais plus qu'un pion sur l'échiquier il continuait à me traiter en reine. C'était bien plus qu'un apprenti à mes yeux et il était temps qu'il le comprenne.

Je lui demandais de ses nouvelles mais il éluda. Il me jouait non pas la comédie du bonheur mais une espèce de show de la super forme. J'avais envie de soupirer ou de lui tirer les oreilles ou encore de me mettre à l'engueuler, ou même tout ça en même temps. Je n'en eu pas le temps cependant, il changea de sujet en m'apprenant sa nomination en tant qu'agent de terrain. J'étais fière de lui, contente qu'il ai atteint son objectif et en même temps quelque chose se serra en moi. Il n'avait plus besoin de moi, et pire même, je ne lui étais plus de la moindre utilité.

Il allait devoir vivre avec le danger qu'impliquait ce nouveau statut sans que je n'y puisse grand chose... Je lui fis un sourire avant de passer ma main dans ses cheveux comme pour replacer l'une de ses mèches rebelles.

« Tu as du être content en apprenant la nouvelle. C'était ton objectif, il est rempli. J'espère que ce nouveau job ne te seras pas trop amer. »

Ce n'était ni joyeux, ni très positif, mais en même temps... N'importe qu'elle mère apprenant que son fils devient soldat est à la fois fière de son courage et tétanisée par l'angoisse. C'était ce que je vivais en cet instant.
J'allais lui dire que c'était une bonne raison pour prendre soin de sa santé afin de l'obliger à se confier mais il changea une nouvelle fois adroitement de sujet. Il me parla de ma fille et de son plaisir à nous voir en forme. Il eut droit à un sourire radieux tandis que je laissais une main délicate courir sur le front de la petite endormie.

« C'est merveilleux en effet. Je suis très contente. »

Je me perdis quelques secondes dans la contemplation de ma princesse avant de tourner un regard déterminé sur Jeremy.

« Tu as épuisé les différentes diversions possibles. Ma fille, ta promotion, c'est fait. Alors maintenant tu vas pouvoir me parler de ce qui te vaut cette tronche de déterré. Je ne peux pas te soutenir ou t'aider si tu ne me dis rien. Je sais que tu aimerais gérer tout seul, mais avec moi tu peux poser les armes. Je serais là pour toi, quoi qu'il puisse advenir. Pas seulement parce que tu étais mon apprenti, juste parce que tu es toi, parce que je t'aime beaucoup Jeremy. »

J'avais rajouté le beaucoup pour que ce soit moins solennel mais l'esprit y était. Amusant de voir avec quelle aisance je pouvais maintenant exprimer mes ressentis.
Restait à espérer qu'il ne prenne pas peur. Le but n'était pas qu'il prenne la fuite.
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MessageSujet: Re: Maintenant, je suis vraiment une mère,...   Maintenant, je suis vraiment une mère,... Icon_minitimeLun 31 Mar - 21:26


Ses démonstrations affectives me troublaient et réveillaient l’ambiguïté de mes sentiments à son égard. Pourtant, inconsciemment, c’était sans doute ce que j’étais venu chercher. Tout foutait le camp dans ma vie, tout se mélangeait, le privé avec le professionnel. Je ne savais plus où j’en étais. Je n’avais plus aucun point de repère et pour moi, elle restait mon mentor, mon maître à penser. Comme si le simple fait de la voir allait résoudre certains de mes problèmes ! C’était naïf de ma part de croire une chose pareille. J'en étais conscient. Mais ce besoin que j’avais, était réel.

J’avais tenté de réduire mon malaise en l’attirant sur un autre terrain moins glissant, quoi que… J’avais évoqué ma promotion sur un ton complètement détaché, en apparence seulement. Mais cet aveu n’était pas complètement anodin. Le fait que j’eusse atteint mon objectif, contrairement à ce que j’avais toujours pensé, n’avait rien changé, rien arrangé. Bien au contraire ! C’était pire maintenant !

Kate se comportait comme une mère avec moi. Son sourire m’apporta un peu de chaleur dans mon monde de noirceur et cela résonna étrangement en mon fort intérieur. Je le perçu comme une sorte de reconnaissance. Mon cœur s’emballa lorsqu’elle passa une main dans mes cheveux, émoustillant le gamin qui sommeillait en moi et qui avait un manque cruel d’affection maternelle, tandis que l’adulte s’évertuait à réfuter tout ça. J’étais déchiré, encore une fois, par mes sentiments contradictoires. J’esquissai une ébauche de sourire dépité lorsqu’elle aborda l’amertume de ce nouveau job. Je ne te le fais dire !

Ne me sentant pas prêt à m’étendre tout de suite sur le sujet, j’avais subtilement détourné la conversation, encore une fois. J’étais sincère lorsque je disais que j’étais content de les voir toutes les deux. L’observer prendre soin de la petite Lou m’émouvait, me tirant un léger sourire. Je ne pouvais m’empêcher d’avoir une pensée égoïste à cet instant, et d’envier cet amour maternel dont j’avais été privé. Ma gorge se noua encore une fois. J'avais honte.

Le visage de Kate se tourna vers moi, je détournais aussitôt les yeux afin de ne pas être pris en flagrant délit de… de quoi au juste ? Je n’en savais rien. Mais mon malaise était persistant.
Et puis d’un coup, j’eus le sentiment d’en prendre plein la tronche. Les mots qu’elle prononça, me secouèrent avec violence, je ne m’attendais pas à entendre tout ça de manière aussi directe. Je me figeai sur place, fixant un point sur le sol, que je ne voyais même pas, le regard vague. J’avais cessé de respirer, le temps de tout encaisser, le temps que tout ce qu’elle venait de dire fasse sens dans mon esprit dérangé.

Je me sentais mal, nerveux, je ne savais pas comment réagir à ça. La dernière fois qu’on m’avait dit quelque chose comme ça, j’avais tout envoyé bouler, étant dans l’incapacité d'assumer ce genre de déclaration et encore moins mes sentiments, j’avais volontairement tout foutu en l’air, préférant la fuite à la main qui m’avait été tendue.
J’appuyais mes coudes sur mes genoux, mes mains s’étaient mises à trembler. Je pris mon visage dans mes mains. J'étais tenté de réitérer ma connerie encore une fois. La fuite s'imposait à moi telle une évidence. J'étais toujours aussi incapable de gérer ce genre d'émotions. J'avais fini par écouter Sacha, j'avais vraiment essayé, mais encore une fois, ma malédiction m'avait rattrapé.
Tout finissait toujours de la même façon ! Sans exception ! Alors à quoi bon ?

Je savais que Kate avait raison, et j’avais envie de la croire. J’en avais besoin. J’étais foutu de toutes façons. Je n’y arriverais pas tout seul. Max avait besoin de moi. Il fallait que je sois plus fort pour la sortir de là !
Les larmes me montèrent aux yeux, j’avais du mal à respirer. Non ! je ne dois pas me laisser aller ! Je n’ai pas le droit. Je dois être plus fort que ça, ne pas laisser s’exprimer le gamin pleurnicheur qui n’attend qu’une seule chose ! C’est vraiment lamentable ! je vaux mieux que ça ! Merde !

« J’y étais…le 30 avril... » rompis-je finalement le silence d’une voix d’outre-tombe, au bout d'un moment qui me sembla durer une éternité durant laquelle, j'avais mené une lutte acharnée avec moi-même. Je ne savais pas vraiment par quoi commencer. La destruction de Genome, la mort d’Adam, de Wyatt, la descente aux enfers de Maxime… ? De toutes façons, tout était lié.

Je reposai mon front contre mes doigts croisés, les coudes toujours appuyés sur mes genoux. Ainsi, elle ne pouvait voir mon visage.
« Ma mission était du même genre que pour Calloway… sauf qu’ils ont tout fait exploser ! … Des innocents sont morts là bas ! Par notre faute ! Par MA faute ! »

Ma voix chevrotait. Une larme ruissela sur ma joue. J’étais responsable de la mort d’Adam, je n’avais rien fait pour lui venir en aide, et je culpabilisais d’autant plus pour Wyatt, à cause de Maxime. Non ! je ne devais pas penser à Max dans un moment pareil ! J’inspirai profondément afin de chasser le trop plein d'émotion qui me submergeait. Du moins j’essayais. Mais c’était trop douloureux. Je n'en pouvais plus.

Quel con je fais ! Je suis pitoyable !
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