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 Quatre boules de cuir ... [Terminé]

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Mathilde
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MessageSujet: Quatre boules de cuir ... [Terminé]   Quatre boules de cuir ... [Terminé] Icon_minitimeJeu 26 Juil - 23:16

Complexe sportif de Los Angeles, Lundi 6 Décembre 2010, 17 heures.



BAM. Mathilde venait de bloquer de justesse l'uppercut qui visait sa tête. Sans s'attarder sur l'impact du coup, elle esquiva le coup de pied bas de son adversaire, en reculant d'un pas. La boxeuse profita alors du déséquilibre engendré chez son partenaire pour lui asséner un revers fouetté avec le tranchant du pied, dans les côtes, puis feinta un direct du droit, avant de conclure son enchaînement par un crochet du gauche. Complètement sonnée, l'autre tomba à genoux sur le ring.

L'arbitre siffla alors la fin du combat, et Mathilde se pencha pour aider l'autre à se relever. Ce n'était pas parce que la pratique de la boxe française l'aidait à se défouler qu'elle devait oublier les règles élémentaires du fairplay. Déjà qu'elle s'asseyait régulièrement sur l'une des plus basiques, à savoir serrer la main de l'adversaire, à cause de cette satanée capacité qui s'était déclenchée il y a maintenant deux ans et demi ... Un don ? Une malédiction, oui !

Les deux combattantes enlevèrent leurs gants et regagnèrent chacun leur côté du ring. Pas de casque, ni de protège-tibia. Cela faisait un an et demi que Mathilde avait atteint le grade du Gant de Bronze, lui ouvrant l'accès aux compétitions interdisant l'utilisation de ces deux accessoires. Ce n'était pas plus mal, d'ailleurs ... s'habituer à recevoir et à donner des coups sans protection, pour une fugitive ...

Coupant court à ses réflexions, elle sortit du ring et s'assit sur une chaise, s'emparant au passage de sa serviette et de sa bouteille d'eau. L'industrialisation avait du bon, tout de même ... au moins, lorsqu'elle achetait un objet neuf, tout droit sortit de l'usine, elle savait que la probabilité que ce soit un "réceptacle", comme elle appelait les objets liés à des évènements forts en émotions, était infinitésimale ! Tout en s'essuyant la figure, elle but un peu d'eau, puis enfila ses gants et attendit alors le verdict des arbitres.


- La gagnante du match est Mathilde Harris !

Plusieurs personnes, visiblement de sa famille, s'avancèrent pour consoler la perdante. Personne n'en fit autant pour Mathilde, et elle en ressentit un pincement au coeur. Elle était seule ... comme d'habitude. Cela faisait à peine un mois qu'elle s'était installée à Los Angeles, elle n'y avait pas beaucoup de connaissances ... et aucune suffisamment proche d'elle pour assister à cette compétition. Sa famille ? Quelle bonne blague !

*Snif-snif ... c'est bon, t'as finit de t'apitoyer sur ton sort, andouille ? Fallait y penser AVANT d'appuyer sur cette gâchette !*

Et voilà. A peine le match finit, elle recommençait à broyer du noir. Vie de merde. Et puis, qu'est-ce qui lui avait pris de participer à cette compétition ? Sans même parler de la remporter ? S'il y avait un meilleur moyen pour se faire remarquer, qu'on le lui dise tout de suite ! Dire qu'elle avait dépensé autant de temps, d'argent et d'efforts à parcourir les Etats-Unis d'Est en Ouest, de New-York à Los Angeles, afin de les semer. Qui ça, ils ? Ceux qui lui couraient après, ceux qui étaient liés à Genetic. Même si elle ignorait complètement ce qui se cachait derrière ce nom, ça ne changeait rien ... ils continueraient à essayer de lui mettre le grappin dessus. Une main se posa sur son épaule, la faisant sursauter. Elle se retourna d'un bond, pour reconnaître l'entraîneur du club local de savate, ou boxe française, où elle s'était inscrite peu après son arrivée.


- Beau match, Mathilde. Très beau match. Même si ça s'est joué à pas grand-chose ! On se retrouve Mercredi, à l'heure habituelle, okay ? Ah ... et pense à t'étirer !

La jeune femme hocha la tête, approuvant les paroles de son entraîneur. Après tout, si elle n'avait pas réussi à parer cet uppercut, elle aurait été mise au tapis. En dépit de ses gants, elle avait ressenti l'impact du coup jusque dans son crâne ... Elle lui serra la main, marmonna un ou deux remerciements, puis il s'éloigna tandis qu'elle entamait ses étirements d'après-match.

S'il y avait bien un aspect de sa personne dont elle prenait soin, c'était ses capacités physiques ! Elle boxait régulièrement, faisait du footing presque tous les jours, mangeait sainement, évitait les drogues et le tabac ... c'était tout juste si elle buvait un peu d'alcool, de temps à autre ... La vie de fugitive, rien de tel pour assurer la forme ! Elle avait formulé cette pensée avec beaucoup d'amertume et son cynisme habituel.

Tout en continuant de s'étirer, elle s'efforça de calmer un peu ses angoisses. Ce n'était qu'une compétition locale, organisée par le seul club de la ville. La boxe française n'étant en plus pas très populaire aux Etats-Unis, face à la boxe anglaise ou américaine, les risques que ses poursuivants ait vent de sa participation étaient extrêmement faibles ! D'ailleurs, constata-t-elle en parcourant les gradins de la salle du regard, il n'y avait que peu de spectateurs ... Surtout les familles et proches des participants, plus quelques curieux.

* C'est le seul petit plaisir qui me reste, en plus ... manquerais plus que j'y renonce !*

Ses étirements finis, elle se releva, fourra en boule sa serviette, ses gants et ses chaussures dans son petit sac à dos, et enfila une paire de chaussures de sport tout en consultant l'heure sur son portable. Un modèle tout simple, tout neuf, acheté lors de son déménagement sur Los Angeles. Chaque fois qu'elle changeait d'adresse, elle changeait aussi d'appareil, ce qui ne posait guère de problème quand on l'achetait avec une carte prépayée ... mis à part la perte de tous ses contacts. Mais elle avait dû s'y faire, au bout de presque deux ans d'existence précaire et de relations fragiles. Ce qui ne l'empêchait pas de ressentir un pincement au coeur en laissant derrière elle chaque endroit où elle s'était momentanément fixée ...

Toujours était-il qu'elle avait encore largement le temps de rentrer à son appartement, de prendre une douche, de se changer et d'être à l'heure au restaurant français où elle bossait comme serveuse ! Elle chargea son sac sur son épaule et se dirigea vers la sortie du complexe. Malheureusement, il y avait trop de monde pour qu'elle puisse passer. D'un air las et un peu agacé, elle s'assit sur les marches de l'escalier, attendant que la foule se disperse un peu.


Dernière édition par Mathilde Harris le Mer 10 Oct - 18:11, édité 1 fois
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Aldo Klov

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MessageSujet: Re: Quatre boules de cuir ... [Terminé]   Quatre boules de cuir ... [Terminé] Icon_minitimeDim 29 Juil - 20:50

C'était un lundi, une fin d'après midi de décembre, sous le soleil rasant de Los Angeles.
Au volant de sa Camaro 67 décapotable, lunettes de soleil, avec cet air de baroudeur qu'ont les types qui ne sont pas rasés de près, Aldo filait tambour battant.
Il remonta successivement le Santa Monica freeway, puis au restaurant l'Almaza, Ellis Avenue avant de s'arrêter au parking du PKG training Center
Un claquement délicat de portière, et le voici qui monte avec son sac de sport, 4 à 4 les escaliers menant à la salle multi-sport. La compétition avait déjà démarrée. L'ambiance y était confidentielle, seuls quelques spectateurs étaient présents, en ce lundi dans les gradins.

BAM, BAM. Ca frappe fort, pour des filles se dit Aldo, en se rappelant un article qu'il avait lu la semaine précédente sur la boxe. A 9 mètres par seconde et une masse moyenne du coup de 2 à 3 kilos, c'est 40 fois la force de gravité qui est encaissé par la tête quand rien ne s'interpose entre elle et le gant. Et là les deux combattantes évoluaient sans casque ni protège tibia;
Y a pas à dire la boxe ça fait mal, pensa Aldo tandis qu'une des combattante tombait à genoux cueillie par un crochet du gauche.

Mathilde Harris venait ainsi de remporter la victoire, pourtant elle ne montrait aucun signe de satisfaction. Les honneurs ne semblait pas l'impressionner. C'était une belle athlète, à la musculature fine, dont les yeux marrons foncé et les cheveux châtain compété par son teint halé, en faisait une beauté simple et agréable à contempler.

Cette fille Aldo en était sur, il l'avait déjà croisée mais où ?

Aldo fréquentait le PKG training center depuis le mois de septembre. Il y venait, deux fois par semaine pour s'entrainer au judo, mais jusque là, il ne s'était pas intéressé à ce qui ce passait dans les autres salles du complexe. Ce qu'il venait de voir le laissait perplexe. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'il assistait à un combat de savate ou boxe française et les qualités à développer n'étaient pas sans lui rappeler celles du judo, vitesse, esquive, feinte.

Il avait repris l'entrainement à presque 30 ans, et après 6 ans d'arrêt, et 15 kg de plus. Même s'il n'avait encore tout à fait retrouvé son poids de forme, il n'en était pas très loin. Absorbé par son métier de laborantin à Genentec, et les sandwichs avalés à la hâte, il s'était laissé déborder.

Alors qu'il descendait les marches pour aller à son entrainement dans le dojo, il aperçu Malthide Harris. La jeune femme était assise sur les marches, absorbée par ses pensées.

"Boxe, Boxe"
se mit à fredonner Aldo, en se remémorrant inconsciemment la chanson de Claude Nougaro, quatre boules de cuir.
" O déesse de pierre, Pour atteindre ton cœur, Il n´est qu´une manière, boxe, boxe, Il faut être vainqueur "

"Beau match, " dit-il, en affichant une moue impressionnée. C'était une entrée en matière sincère.
avant de reprendre : "Je pense vous avoir déjà croisé, mais je suis incapable de me rappeler où ? ", en affichant un large sourire découvrant belles dents blanches.
Tout ceux qui avait cotoyé Aldo Klov de prêt savaient qu'il ne s'agissait pas d'une technique de drague, et que les deux femme qui comptait dans sa vie s'était sa fille Alyson et son ex même s'il était en était séparé depuis plus d'un an.


Dernière édition par Aldo Klov le Dim 5 Aoû - 11:21, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Quatre boules de cuir ... [Terminé]   Quatre boules de cuir ... [Terminé] Icon_minitimeLun 30 Juil - 20:31

*Quatre boules de cuir, sur quatre pieds de guerre ...*

Par réflexe, son cerveau avait aussitôt ressortit la suite de la chanson, alors qu'elle n'avait absolument pas prêté attention à celui qui la fredonnait. Elle ne cessa d'observer la foule que lorsqu'il s'adressa directement à elle. Mathilde se retourna alors, prenant à dessein un air fatigué, puis se releva en soupirant. Elle préférait éviter d'encourager l'autre à discuter avec elle. En même temps, après le match qu'elle venait de disputer, la jeune femme n'avait pas vraiment à se forcer pour paraître épuisée ... Un compliment pour le match ? Il faisait partie des rares spectateurs ?


Heu ... merci.

Tout en l'écoutant, elle détailla son interlocuteur. Pas mal du tout, niveau physique, dépassant le mètre quatre-vingt, avec un corps plutôt bien entretenu, des trais plutôt fins, et un style un peu baroudeur. Bon, d'accord, il devait approcher la trentaine, sûrement casé avec une femme, et pourquoi pas un moutard ... Et puis, de toute façon, ça ne servait à rien de s'intéresser à lui sous cet angle, se rappela la jeune femme avec amertume. Entre les petits soucis liés à son pouvoir (pas facile de nouer une relation en devant toujours porter des gants) et sa vie de fugitive, cela devait bien faire deux ans qu'elle n'avait pas ... comment dire ... bref !

Ah. Elle espérait vraiment qu'il n'était pas en train de la draguer, là. D'une, parce qu'elle détestait toujours autant flanquer un râteau à quelqu'un. Les gens se souvenaient plus d'elle, ça pouvait toujours dégénérer si l'autre le prenait mal, et ça n'avait rien d'agréable pour elle comme pour l'autre. Et de deux ... le coup du "Tiens, on se serait pas déjà croisé ?" ... franchement pas très original. Mais alors pas du tout. A peine mieux que le "Vous avez de beaux yeux" ! En tout cas, à classer parmi les tentatives de flirt les plus foireuses au monde.

D'un autre côté ... si jamais ils s'étaient vraiment rencontrés auparavant ... cela posait un sérieux problème ! A chaque départ, elle avait bien pris soin de ne laisser aucun indice sur sa destination, de rompre tout contact avec ses connaissances. Pour des raisons évidentes : compliquer sa traque ! Trouver une raison valable pour son comportement un peu étrange, pour le justifier de manière naturelle, ça n'allait pas être de la tarte, comme on le disait chez elle ... Et hors de question de dire la vérité !

"Ouais, si je suis partie de manière aussi brutale, c'est parce que je suis traquée par un groupe, lié à un truc qui s'appelle Genetic, à cause de mes visions et d'une disquette que j'ai chopée ! Accessoirement, j'ai des faux papiers, parce que j'ai fuit la France après avoir descendu mon paternel. Sinon, quoi de neuf ?

*Je crois qu'on va éviter d'être sincère ... parce que là, c'est soit la police, soit l'asile, ma vieille !*

Bon. Eviter de paraître hostile ou dérangée par cette rencontre était recommandé. Mathilde plaqua sur ses traits un sourire fatigué, et adopta un ton cordial.


- C'est possible, j'ai pas mal bougé ces derniers temps. Le besoin de changer d'air, de voir du pays, de repartir sur de bonnes bases ... vous voyez le genre ?

Voilà. Avec un peu de chance, l'autre n'allait pas creuser plus la question. Sinon ... et bien, elle avait avancé une raison valable (et pas vraiment originale, mais ça, elle s'en contrefichait ...) pour expliquer son départ de l'endroit, où que ce soit, où il l'avait vue. Elle avait beau solliciter la moindre parcelle de sa mémoire, pas moyen de se rappeler où, ni quand elle aurait pu croiser ce type. En tout cas, elle n'avait pas eu de vision où il apparaissait, sinon les flashs auraient déjà resurgi. Et maintenant, que faire ? Prétexter d'un truc urgent à faire ? Essayer de dévier la conversation sur autre chose ? Elle jeta un coup d'oeil en direction de l'entrée. Encore trop de monde pour pouvoir se faufiler. Et m... Elle n'avait pas vraiment été discrète ...

- Je suis désolée, mais je dois me rendre à mon travail, et j'ai encore un petit peu de chemin à faire ... Enfin, quand l'entrée sera dégagée !

Voilà, c'est ça, essayer de se justifier, en plus ... Rah ! Pas bon du tout. Il ne manquerait plus qu'il propose de l'accompagner sur une partie du trajet ! Changer de sujet, vite. Elle réfléchit à toute vitesse, pour trouver quelque chose de valable.

- Vous aussi, vous pratiquez la savate ? Ou vous êtes juste venu ici par curiosité ?

D'accord, c'était pas non plus très original. Mais d'un autre côté, ça restait logique comme choix, et ça lui permettrait d'en savoir un peu plus sur son interlocuteur.
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Aldo Klov

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MessageSujet: Re: Quatre boules de cuir ... [Terminé]   Quatre boules de cuir ... [Terminé] Icon_minitimeDim 5 Aoû - 11:20

En entendant Mathilde continuer la chanson 4 gants de cuir, Aldo fut agréablement surpris, qu'elle reprenne précisement à la strophe suivante. Il était prêt à lui dire qu'il adorait cette chanson, mais se ravisa, lorsqu'il perçu que la jeune athlète n'était pas vraiment ravie qu'il lui adresse la parole.

Après avoir lacher timidement un merci du bout des lèvres, elle adopta un comportement laissant penser à Aldo qu'il avait à faire à une jeune femme capricieuse, et très peu expressive. Un peu comme si elle cherchait à masquer ou contrôler ses émotions, pour paraitre lisse, et chasser ainsi les importuns.
Sans doute avait-elle cru qu'il tentait de la séduire. C'était effectivement le type de beauté qui ne laissait pas Aldo, indifférent, mais ce n'était là le propos. Cette fille il l'avait déjà vu ? mais où. S'il n'en était pas sur. Il aurait déjà tourné les talons, tant sa réaction était peu engageante et n'invitait pas à poursuivre. Bien sur, il aurait du trouver d'autres mots pour ne pas paraitre stupide, mais sa spontaneité l'avait emporté. Et il ainsi fait avait une bien pietre entrée en matière.

"Bon ben qu'espérais-tu ? Qu'elle allait se souvenir de toi, mon pauvre Aldo ? Alors que toi tu en etaits incapable, ah ego quand tu nous tiens", se disait-il interieurement, alors qu'il cherchait despérement dans sa mémoire. L'image de Mathilde y était tour à tour associée à une artiste peintre, une employée de poste, une baby sitter sans qu'aucun déclic ne se produise.

La jeune athlète attendait patiemment que l'entrée se dégage, pour lui fausser compagnie.

"En fait je viens depuis septembre, j'ai repris le judo après 6 ans d'arrêt. Je suis le seul de la famille à en faire. Mes frères font de la savate au Boston Boxing and Fitness, j'en ai fait un peu avec eux. Aussi je n'ai pas résisté, lorsque j'ai entendu qu'une compétition allait avoir lieu, ici au PKG" précisa Aldo aimablement, en se passant la main dans les cheveux, sans s'en rendre compte.
Puis s'apercevant qu'il ne s'était même pas présenté. Il reprit "Je suis Aldo Klov, mais j'imagine que mon nom de vous dit rien non plus, je me suis sans doute trompé", humblement. La mémoire finirait par lui revenir un jour ou l'autre, il n'allait pas insister tant il était persuadé que Mathilde Harris était prête à l'envoyer promener.

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MessageSujet: Re: Quatre boules de cuir ... [Terminé]   Quatre boules de cuir ... [Terminé] Icon_minitimeLun 13 Aoû - 0:09

D'accord. Il venait de Boston, où il avait des frères qui pratiquaient la savate. Ceci expliquait sa présence à la compétition. Mais ... une minute. Des frères Klov ... à Boston ... qui suivaient des cours de savate ... ça lui rappelait très vaguement quelque chose. Mais quoi exactement ? Elle se força à fouiller sa mémoire, cherchant parmi les trop nombreuses relations qu'elle avait dû rompre durant les deux années précédentes. Un exercice qui lui était toujours autant douloureux, mais nécessaire dans ces circonstances. Brusquement, la réponse lui vint. Elle se souvenait à présent !

- Les frères Klov ? Comme les patrons de la pizzeria de Boston ?

Et merd... A cause de la fatigue du combat, elle avait baissé sa garde, et ne s'était pas rendu compte qu'elle pensait à haute voix. Bordel. L'entrée était dégagée, maintenant, mais hors de question de décamper. Elle donnerait vraiment l'impression d'être soit une cinglée, soit une personne louche. Bref, dans tous les cas, quelqu'un qu'on oublie pas, voire sur lequel on essaye de se renseigner ... A éviter absolument ! Mais pourquoi avait-elle commis cette boulette, nom d'un chien ! Alors qu'il n'arrivait visiblement plus à la remettre ! Elle aurait pu se barrer en toute tranquillité ... Enfin. Une fois que le vin était tiré, il fallait le boire, comme le disait ce vieux proverbe français ... Elle se força à sourire, comme si elle était à la fois surprise et ravie de le revoir. Bref, la réaction normale pour toute personne ravie de retrouver quelqu'un perdu de vue depuis près d'un an.

*Sauf que ma vie n'a de normal que la façade ...*


- Oui, j'y ai bossé il y a un petit bout de temps de ça, quand je vivais à Boston. Qu'est-ce qu'ils deviennent ?

Un jobs parmi tant d'autres. De mai à août 2009, quand elle habitait dans cette ville, elle s'était faite embauchée par un établissement de pizzeria dirigé par deux frères, immigrés turcs. Ils s'étaient montrés plutôt sympathiques, d'ailleurs : un salaire correct, des conditions de travail plutôt agréables, et un comportement respectueux de leurs employés. Si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, ce type-là devait être leur frère cadet. Elle avait bien apprécié ce groupe de frangins, mais ça ne rentrait pas en ligne de compte. Si elle avait coupé tout lien avec eux à son départ de Boston, ainsi qu'avec leurs employés, ce n'était pas pour rien ! Et voilà qu'elle retombait sur l'un d'eux ... La poisse !

Elle savait que ce n'était pas la réaction qu'elle aurait dû avoir. Normalement, quand on rencontrait quelqu'un avec qui vous aviez été lié, dont vous aviez apprécier la famille, on était censé se réjouir. En profiter pour prendre des nouvelles, pour bavarder un peu en évoquant le passé, voire pour renouer un contact. Mais elle n'en était plus capable. A force de se couper des autres, d'abandonner tous ceux qu'elle connaissait tous les deux ou trois mois, elle n'en voyait plus l'utilité. C'était largement moins douloureux d'accepter la précarité de sa vie, de ne pas essayer de faire ami-ami avec ceux qu'elle quitterait sous peu. Plus facile, aussi. Et plus prudent. Bref, c'était la seule chose à faire. Si elle oubliait ses dépressions et crises de solitude, ses nuits passées à pleurer toute seule dans sa chambre, cette sensation permanente de vide qui ne la quittait pas ...
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Aldo Klov

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MessageSujet: Re: Quatre boules de cuir ... [Terminé]   Quatre boules de cuir ... [Terminé] Icon_minitimeSam 8 Sep - 22:40

"C'est cela! La pizzeria Santarpio's", répondit-il.

Ses deux frères ainés avaient abondonné l'idée de l'appeler de leur nom, et avait trouvé que Santarpio' Pizza sonnait bien plus italien, que Klov's Pizza, et serait surement plus vendeur.
Mathilde l'avait remis, ou plutôt ses frères. Elle ne semblait pas trop se souvenir de lui. Dès qu'il l'avait entendue chuchoter "patron de la pizzeria", tout lui était revenu d'un seul coup. Il était passé à la pizzeria, le soir du match des red socks contre les los Angeles Angel, et elle était là ! Elle avait du changer quelque chose dans ses cheveux, la couleur ou sans doute la longueur, mais il se rappelait bien d'elle maintenant, aucun doute. Elle avait marqué son esprit.

Mathilde devait débuter son service et alors qu'elle dressait les tables, elle avait fait tomber une fourchette et plutot que de la ramasser avec la main, elle avait préféré la renvoyer direct en cuisine d'un coup de pied. Aldo était resté scotché, mais son attitude n'avait pas eu l'air de déranger son frère, qui pourtant était présent.
Il se rappelait même maintenant ce qu'il lui avait dit "Et bien à défaut d'un bon coup de fourchette, vous avez-un sacré coup de pied " en éclatant d'un rire tonitruant. Elle avait tout juste esquissé un léger sourire sans plus.

Oui, c'était bien le jour du dernier match des red socks. Il avait pris les billets à peine deux heures avant le match à la billetterie à l’angle de Brookline et Yawkey Way. Et ils avaient ce jour là, perdu toute chance de remporter le titre. Comment ne pas s'en rappeler!

"C'est là que je vous ai vue, et j'avais déjà remarqué à l'époque que vous aviez un bon coup de pied" reprit-il, bien décidé à lui rafraichir la mémoire.
Il avait toujours trouvé sexy ce petit jeu du vouvoiement avec les femmes. Elle avait repris un sourire agréable, et lui apparaissait ainsi encore plus belle que dans son souvenir.

Mathilde qui était restée sur les marches de l'escalier, et ne semblait finalement pas décidée à lui fausser compagnie à la première occasion, sans doute s'était-il trompé. Elle lui demandait maintenant des nouvelles de ses frères.

"Oh, ben . Ca marche plutôt bien, ils viennent d'en ouvrir une deuxième à deux pas d'ici. Vous ... tu dois la connaitre si tu t'entraines ici" poursuivit-il, laissant échapper un tutoiement.

"Mais tu es vraiment pressée, pour aller à ton travail on en discutera une autre fois maintenant que je sais où je peux te trouver", ponctua t'il ne voulant pas imposer sa présence à la jeune femme.
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Mathilde
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MessageSujet: Re: Quatre boules de cuir ... [Terminé]   Quatre boules de cuir ... [Terminé] Icon_minitimeDim 30 Sep - 15:51

La pizzeria Santarpio's ... oui, maintenant, elle s'en rappelait parfaitement. De ça, et l'épisode auquel Aldo venait de faire allusion. Ce malencontreux coup de pied décoché dans une pauvre fourchette qui avait commis pour seule erreur de tomber d'une table ... Et en plus, il avait de l'humour ! Mais qu'est-ce qu'elle n'aura pas donné pour pouvoir engager une discussion plus sereine avec lui, pourquoi pas l'inviter à boire un verre ... et pourquoi pas flirter un peu. Il était plutôt son genre, et lui-même semblait aussi ... Non, elle ne pouvait pas ! Mathilde s'efforça de repousser la tentation. Toute relation, même amicale, était vouée à l'échec. Pour lui et pour elle, il valait mieux s'arrêter là.

Ah, parce qu'en plus, ses frères venaient d'ouvrir un deuxième établissement dans le coin ? D'un côté, elle se réjouissait pour eux, car c'était le signe que leurs affaires marchaient bien. Et ils étaient plutôt réglos pour leurs employés, comme patrons. De l'autre, ça voulait dire qu'elle devrait faire gaffe à ne pas tomber sur eux ! Ou, si jamais elle le faisait, qu'elle devrait encore mentir, esquiver les questions gênantes : bref, un cauchemar pour quelqu'un d'aussi directe qu'elle !

Elle hasarda un nouveau coup d'oeil en direction de la sortie. Voilà, elle était à peu près dégagée. Il était possible de s'esquiver, et le plus tôt serait le mieux ! Ouf. En plus, il venait de lui fournir une porte de sortie par ses dernières paroles, lui permettant de partir sans non plus passer pour une rustre de première. La jeune femme lui adressa donc un petit sourire d'excuse, sincère celui-ci, et lui tendit sa main gantée dans un geste amical tout en répondant d'une voix contrite :


- Oui, je suis désolée, mais mon job n'est pas à côté, il faut vraiment que j'y aille ! En tout cas, ça m'a fait plaisir d'avoir de vos nouvelles, à toi et à tes frères ! Peut-être à une prochaine fois ?

Sur ces mots, et après un dernier salut de la tête, elle se retourna et partit à toute vitesse vers la sortie, à une allure plus proche du trot que de la marche, pour donner le change. Une fois dehors, elle prit sans plus attendre le chemin qui la ramènerait chez elle, chopant in extremis le bus qui la déposerait à proximité. Une fois dedans, elle commença à se détendre, et, inévitablement, ses remords resurgirent.

Bien sûr, elle avait mentit. Enfin, pas sur tout. Le restaurant n'était effectivement pas à la porte à côté, mais elle avait suffisamment de temps pour faire un crochet par le taudis qui lui servait de logement pour se changer et prendre une douche ... Et puis merde. Elle refoula ses émotions, sa honte, sa rancoeur contre elle-même, et parvint tant bien que mal à calmer son coeur qui battait encore à toute vitesse. Le stress diminuait désormais, la laissant avec les mains tremblantes et une amertume dans la bouche.

*Je n'ai pas le choix. C'est mieux pour lui et moi ...*

Elle se répéta ses mots, encore et encore, tout le long du trajet. Comme pour se les graver dans la tête ... et surtout pour s'en convaincre, une bonne fois pour toute. En vain. Comme d'habitude ...
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