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 Can't remember to forget you...

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Drew Chambers

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MessageSujet: Can't remember to forget you...   Can't remember to forget you... Icon_minitimeDim 9 Fév - 6:19

Can't remember to forget you...
Sacha & Drew

Le temps ne semblait jamais propice, l'humeur n'y était pas... Sa mère ne disait rien, mais Drew voyait bien sa désapprobation dans son regard - une lueur qui ne la quittait presque jamais d'ailleurs. Rien de ce qu'il faisait ne semblait lui plaire, mais pire que tout, c'était ce qu'il ne faisait pas qui la blessait. Il n'était pas allé sur la tombe de son père depuis bien trop de temps pour le dire. Il ne se souvenait même plus du décor du cimetière, mais juste du sentiment qu'il avait éprouvé à parcourir ces allées. Un vide énorme - cet endroit était un trou béant.
Il avait peur d'y retomber s'il décidait de rendre visite à son père. Il ne pensait pas être capable de le supporter.
Pourtant, depuis quelques semaines, l'idée tournait et retournait dans son esprit, l'obsédant même dans des moments qui n'avaient rien à voir, en mathématiques, dans les rayons du supermarché. Il devrait bien finir par y céder...

Il ne faisait pas beau non plus, ce jour-là. La pluie menaçait à tout instant, le ciel sombre ne présageait rien de mieux. Malgré cela, les pas de Drew l'avaient conduits jusqu'à l'entrée du cimetière, bien décidé cette fois-ci à y pénétrer.
Pour une énième fugue, il la commencerait bien. Il irait donner ses raisons à celui qui l'avait abandonné, provoquant cette rébellion constante dans son cœur. Il lui en voulait, peut-être, un peu, de l'avoir laissé gérer ça tout seul, de n'avoir personne, par sa faute, à qui se confier, pour lui expliquer les changements qu'il était en train de subir. Son père aurait-il pu lui expliquer cela ?
Dans sa vision idéaliste de son géniteur, Drew était persuadé qu'il aurait tout compris.
Il se dirigea à travers les rangées morbides, les mains dans les poches, déterminé.
Il ne s'arrêta qu'une fois devant le mémorial dressé à l'honneur des Chambers, et reprit sa respiration, réalisant qu'il n'avait pas osé prendre une seule bouffée d'air depuis le portail.

Il dévisagea la pierre avec perplexité, constatant qu'elle n'avait guère changé. Même l'inscription en lettres gravées était intacte. Deux bouquets frais reposait sur le sol devant lui. Quelqu'un venait donc régulièrement changer les vases, quelqu'un s'occupait mieux que lui du souvenir de cet homme aimant.
Il en éprouva une pointe de culpabilité, qu'il ne parvint pas à formuler autrement par un grognement lugubre. Une boule lui obstruait la gorge, et ses yeux le brulaient. Néanmoins, il avait l'impression de ne pas être réellement présent, comme s'il revivait juste un cauchemars, ou se voyait de plus loin.
Un bruit sur sa droite le fit sursauter, et il dirigea son regard avec interrogation et méfiance vers le jeune homme qui venait d'apparaitre derrière lui.

    - B'jour, murmura-t-il, avec un ton rauque, qui ne laissait aucun doute sur son état de faiblesse, bien qu'il se tienne droit, le menton levé. Il fronça les sourcils, en découvrant que le visage du brun lui semblait familier. On... On s'connait non ?


Oui, il l'avait déjà vu, il en était certain. Il fouilla intensément dans ses souvenirs, pour y retrouver celui d'un plus petit garçon, se tenant au même endroit, six années plus tôt. Il lui avait dit son nom, et il l'avait oublié, par désir d'oublier tous le reste aussi.
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Sacha M. Kwon

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MessageSujet: Re: Can't remember to forget you...   Can't remember to forget you... Icon_minitimeDim 9 Fév - 13:01

7 mai 2011

Se rendre au cimetière était toujours un moment délicat. J’évitais autant que possible cet endroit réservé aux disparus. Je ne m’y sentais que rarement à ma place peut-être parce que j’étais vivant ou bien parce que les morts ne m’étaient guère sympathiques car peu loquaces et que je finissais par m’emmerder. Pourtant, il y demeurait une personne qui m’était particulièrement chère. C’est d’ailleurs ce qui rendait ma présence obligatoire – n’allez pas penser que j’y allais par plaisir. Obligatoire n’était sans doute pas le mot adéquat ; légitime serait mieux approprié. Ma mère reposait maintenant depuis six ans sous cette terre qui, je dois dire, était très bien entretenue. Les cimetières n’étaient pas réputés pour être les endroits les plus chaleureux qui soient alors qu’il était tellement plus agréable de se déplacer dans un jardin fleuri conquis par une verdure fraîche et vaillante. Si ce n’est pas joliment dit tout ça.

Comme je le disais, le cimetière ne figurait pas sur ma liste des lieux les plus fréquentés de L.A. Je devais y aller deux, peut-être trois fois par an. La date incontournable était l’anniversaire de sa mort qui, d’ailleurs, n’était pas mon anniversaire préféré. Je ne suis même pas sûr que l’on puisse dire que s’en est un. Un anniversaire doit être un évènement joyeux, festif et amusant et, d’aussi loin que je me souvienne, la mort de ma mère n’avait pas été un moment d’euphorie. En parlant de ça, son anniversaire était la seconde excuse qui me poussait à venir à se rencontre. J’aimais déposer un bouquet de fleurs pour embellir ces quelques mètres qui lui avaient été accordés. Enfin, j’avais à rendre des comptes à grand-mère qui me bottait le cul pour que j’aille m’assurer que sa place soit bien propre. Une chance que nous soyons cinq, ça nous permettait de se relayer.

Ma présence ici n’était due à aucune de ces trois causes. Ma mère est morte en septembre, elle est née en avril et je n’ai pas eu de nouvelles de grand-mère depuis mars, ce qui, je viens d’en prendre conscience, lui offrira un nouveau mobile pour m’enguirlander. En fait, avec les évènements de ces derniers jours, j’avais besoin des conseils de ma génitrice. Oh c’est bête, un prêtre, un curé, un moine ou un rabbin – faudrait vraiment que j’apprenne à les distinguer – me serait plus utile ; sauf que je désirais pénétrer dans une Eglise autant que je désirais pénétrer une femme. Certes, c’est arrivé une fois déjà donc tout est possible. J’étais à un moment de ma vie où je n’avais pas su assimiler toutes mes expériences. Au final, c’était un juste retour. Je prônais depuis des années cette fierté à vivre un maximum de sensations, à profiter de ma jeunesse sans avoir de regrets. C’était un discours de gamin bête. Evidemment que les regrets seraient inévitables. Je le compris que très récemment et trop tard malheureusement. Il faut que je sois clair : je ne regrettais pas d’avoir rejoint Genetic. Cette décision avait été réfléchie et prise à un instant T. J’avais considéré les conséquences et les enjeux. Mon amitié pour Jeremy allait bien au-delà de ces quelques précisions.

Alors, qu’est-ce qui m’avait fait me sentir mal ? C'était la réponse à cette interrogation que j'étais venu chercher. Je m’accroupis face à la pierre tombale. C’était ma dernière chance. Je désirais que cette vulnérabilité cesse. J’étais fatigué d’être en colère et pleurer dans les bras de Milo m’avait fait réaliser que j’étais capable d’extérioriser autre chose que la violence. Il avait fallu qu’il débarque dans ma vie pour que ça arrive. Ross n’avait pas démérité non plus car sans ces six années de soutien psychologique, je ne me serais jamais permis de fondre en larmes. Je ne ressentais plus de haine ni de dégoût comme hier. Milo réussit l’exploit de me tirer de ces états. Je me sentais prêt à être de nouveau moi-même, enfin, avec quelques changements.

La sérénité du parc eut un effet apaisant sur ma conscience. Voilà, c’était exactement ça dont j’avais besoin. Ce calme exemplaire. J’eus alors ma réponse. Les doutes. J’ai douté à un moment où il ne le fallait pas. La disparition d’Indio m’avait impacté plus que je ne le pensais. C’était plus facile de parler de disparition car il y avait toujours cet infime espoir de le voir apparaître alors que la mort ne laissait aucune chance. C’était si naïf, surtout venant de moi. Ce petit gars va me manquer. Indéniablement. Et même si mes pensées étaient dirigées vers Elias, une part de moi était désabusée. La vie m’avait apporté ce neveu que je chérissais depuis des années auprès de mes frères et deux mois plus tard elle me blâme et le récupère ? C’est comme si elle avait jugé que je n’avais pas mérité cette joie. Je garderai le souvenir d’Indio roulant dans sa super voiture électrique que je lui avais offerte pour son anniversaire. C’était ce qu’il y avait de plus respectueux.

Indio ne fut pas la seule victime de l’effondrement de Genome. Wyatt, ce garçon que j’avais rencontré en France en début d’année puis que j’ai recroisé lors de la fête étudiante en février, avait aussi trouvé la mort. Cette fois, c’était différent car je ne pensais pas à lui mais à Ross, son père. J’avais peur de ne pas savoir comment agir. Je ne me posais plus la question du mensonge, de l’hypocrisie et de la trahison, qui n’était que de l’égocentrisme. Je devais agir avec respect. C’était le minimum que je puisse faire pour lui. Ne pas être là serait un abandon et je ne pouvais pas lui faire ça même si j’appartenais à Genetic et que ce n’était pas mon travail. En six ans, un lien s’était créé. Un lien plus fort que celui de médecin/patient.

Progressivement, j’éliminai chaque doute m’ayant tourmenté. Je me relevai alors et observai les alentours. Tiens, ce mec, depuis quand est-il derrière moi ? Je ne pourrais même pas dire lequel de nous était là le premier. « Salut. » Ma voix fut hésitante dans un premier temps. Je le connaissais ? Ou bien était-ce le cadre qui lui intimait de me saluer par politesse ? Non. Il me posa la question directement mais semblait déjà avoir sa réponse. « Pas que je sache. » Lui répondis-je. Je lui souris délicatement, sans trop en faire. A moins qu’il ait visité les sites pornos gays et qu’il soit tombé sur ma vidéo. Il me paraît trop jeune pour que je puisse avoir tenté de le draguer, bien qu’il soit mignon. Ça fait trois mois que je ne parviens plus à bander en présence d’un autre homme autre que Milo alors je savais que toute tentative me destinerait à l’échec. Je n’essayais même plus de jouer. Il y aurait deux mois, je lui aurais sans doute répondu : « pas encore mon beau » ou « pas assez à mon goût » pour m’amuser mais j’étais définitivement passé à autre chose. Dîtes bonjour à la version Sacha 2.0.
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Drew Chambers

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MessageSujet: Re: Can't remember to forget you...   Can't remember to forget you... Icon_minitimeDim 16 Fév - 12:03


Déjà que Drew n'était pas quelqu'un qui allait naturellement vers les autres, alors quand il se faisait jeter ainsi... Il fronça les sourcils à la réponse de l'inconnu, se renfrognant. S'il était clairement sauvage, il y avait quelque chose que Drew était encore plus : têtu. Et la tête de ce jeune homme lui rappelait vraiment quelqu'un, il en était sûr. Il n'était pas particulièrement physionomiste, mais certains visages, dans son enfance, l'avaient marqués. Celui de son père, lorsqu'il admirait le travail appliqué du garçon qu'il était à l'époque. Celui de son meilleur ami, quand il l'avait insulté, et lui avait interdit de l'approcher de nouveau un jour. Et celui... D'un adolescent, qu'il avait croisé, le jour de l'enterrement, au cimetière de Los Angeles.

    - Sacha... Un nom peu commun, qu'il n'avait pas oublié. Un murmure à peine, souffle de sa mémoire. Il rendit son sourire au brun qui lui faisait face, avec plus de conviction néanmoins. Sacha ! Insista-t-il, comme si entendre son propre prénom allait rappeler au jeune homme qui il était, lui. L'enterrement, le... Nous avions discuté, là, sur le banc.


Il lui montra le fameux banc du doigt, fier de sa découverte. Il avait résolu un mystère, et il en était ravi... Les retrouvailles, cependant, l'effrayait un peu. Sa présence n'évoquait pas des choses très joyeuses, il n'en doutait pas, pas plus que l'inverse. A l'époque, les deux garçons s'étaient soutenus, rapproché par un même malheur inconcevable. Mais maintenant ?
Drew était devenu un paria, qui n'avait jamais réussi à surmonter son deuil, ni sa nature. Il ne savait même plus qui il était vraiment, ou si cela avait une quelconque importance pour quelqu'un. Et Sacha... Avait l'air plutôt taciturne.
Qu'attendre d'une personne qui se rend au cimetière de toute façon ? Surement pas des acclamations de joie. Drew hocha donc la tête avec un respect prudent, incapable pourtant de ne pas dévisager son interlocuteur.

Il n'avait pas tant changé, dans l'ensemble. Il était juste plus grand, plus sombre, mais la même douleur transpirait de son attitude droite. Enfin, il l'avait vu se parer de ce même sourire de circonstances, un peu distant, pas vraiment heureux.

    - Qu'est-ce que... Il allait poser la question la plus idiote possible, quand il se retint. Il était là pour rendre hommage à sa mère décédée, évidemment, pas pour espérer croiser Drew ou une autre fantaisie qu'il faisait bon de raconter pour plaisanter. Tu deviens quoi ? Enfin, je veux dire : qu'est-ce que tu deviens ?


Remettant ses idées dans le bon ordre, constituant une phrase à partir de deux, sans se faire griller pour sa maladresse, Drew était content de la tournure des choses. Déjà, il se sentait un peu moins seul, dans cette immense étendue de tombes glauques. Même le temps ne semblait pas de bonne humeur, couvrant leur bagage d'un ciel menaçant, triste.

    - Drew, précisa-t-il en voyant l'hésitation du Kwon, pensant, à tord ou à raison, que celui-ci ne parvenait plus à lui redonner de nom. Drew Chambers, compléta-t-il même, en lançant un coup d'œil à la pierre funéraire de celui qui lui avait donné ce patronyme.
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Sacha M. Kwon

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MessageSujet: Re: Can't remember to forget you...   Can't remember to forget you... Icon_minitimeDim 16 Fév - 15:47

J'observai le jeune et joli garçon se creuser les méninges pour se rappeler comment il me connaissait. Apparemment, le chemin vers ses souvenirs est court puisqu'il fallut une poignée de secondes avant de chuchoter mon prénom. Si je n'étais pas resté concentré sur lui, je ne l'aurais d'ailleurs pas entendu. J'ai dû simplement lire sur ses lèvres mais il n'y eut, de toutes façons, plus aucun doute lorsqu'il prononça à nouveau mon prénom avec plus de vigueur. Lui se souvenait de moi mais malheureusement ce ne fut pas réciproque. Je conservai un comportement neutre tout en essayant d'être poli. Je fis une mimique, cachant mes lèvres alors qu'il me donna plus de précisions sur notre rencontre.

Je me souvins immédiatement de lui. Sauf de son prénom. Mais en une seconde, il réussit à me faire songer à ce gamin qui avait vu son père être enterré le même jour que ma mère. Et ce banc dont il me révéla l'existence avait vu naître un échange très personnel entre nous. Ce fut étrange de comprendre à quel point se confier à un étranger avait été plus facile que de parler à notre famille ou nos amis.

Il me demanda alors ce que je devenais comme si le contact n'avait jamais été complètement rompu. Ce qui avait pourtant été le cas. Puis, il se présenta. « Drew... » Répétai-je après lui en hochant la tête. Malgré moi, j'eus un demi-sourire s'étirant sur le coin gauche de ma joue. Me rappeler de lui m'était bizarrement agréable. « Woah, t'es devenu si... Plus grand. » Ce qui était un drôle de compliment, peu employé en fait. « Un beau jeune homme. » Le complimentai-je avec un sourire plus élargi. Je n'avais aucune arrière pensée, c'était simplement un constat et peut-être inconsciemment un besoin de me faire pardonner de l'avoir oublié. Je le regardais me faisant la réflexion de toutes ces années passées sans s'être recroisé alors qu'un de nos parents reposait l'un en face de l'autre. « Ça fait presque sept ans ! Comment c'est possible... » Cette époque fut si douloureuse que je n'avais pas pu agir comme il aurait été bon de le faire. J'aurais pu, peut-être, être une personne proche de Drew mais j'eus mes propres démons à battre et égoïstement, je n'ai pas cherché à le recontacter quand bien même nous avions vécu une situation identique. Mais adolescent, j'étais un vrai petit con et après le décès de ma mère, rares furent les moments où j'ai été gentil et compréhensif. En cela, Drew avait eu le droit à un rapport exceptionnel. Malgré cela, nous ne nous étions jamais revus de façon fortuite.

« Comment tu vas ? » M'intéressai-je alors. J'évitai soigneusement de ne pas répondre à sa curiosité. Je m'abstins de reprendre sa question sur ma situation. Je trouvai plus intéressant de savoir ce que lui devenait, comment il avait su se construire en tant qu'homme. J'espérais, très sincèrement, qu'il avait réussi à se sortir mieux que moi de son deuil. « Tu crois que ça serait bizarre si on retourne sur ce banc ? » C'était un banc comme un autre après tout, mais je craignais que lui ne le voit pas ainsi. Chacun d'entre nous avons une façon différente d'appréhender une situation et je ne chercherai nullement à le mettre mal à l'aise.
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MessageSujet: Re: Can't remember to forget you...   Can't remember to forget you... Icon_minitimeLun 17 Fév - 21:06

A vrai dire, Drew n'aurait jamais pensé revoir Sacha un jour. Néanmoins, s'il l'eut fait, il aurait pensé que le jeune homme pourrait dire n'importe quoi, excepté "t'es devenu un beau jeune homme". Le compliment le prit donc totalement de court - d'autant plus qu'on ne lui en avait jamais fait un de la sorte auparavant, au point qu'il se pensait réellement peu agréable à regarder, et qu'il s'en fichait royalement.
D'ailleurs, pour l'occasion, il s'était vêtu des premières fripes qu'il avait trouvé dans son placard. Le hasard voulait que ses vêtements soient néanmoins toujours de marques distinguées, sa mère profitant de la richesse de son nouveau mari pour offrir le meilleur possible à son fils ingrat.

    - Euh... Merci. Il fronça les sourcils, incertain de la réponse à faire à une telle déclaration, et observa à peine plus son interlocuteur qu'il ne l'avait déjà fait, pour ajouter : Toi aussi... Et puis, avec l'air de quelqu'un qui subit un évènement totalement surréaliste, qui risquerait d'envoyer les mauvais signaux, il se reprit : Enfin je crois.


Sympa... Il se serait bien donné quelques gifles mentales, pour être aussi malpoli. Le pire c'était qu'il était vraiment heureux de la coïncidence, de retrouver cet ami éphémère, qui avait pourtant été l'un des meilleurs sur ces sept années... Mais voilà qu'avec sa maladresse habituelle, due à son trop grand manque d'activités sociales, il allait passer pour le dernier des loosers, une personne intolérante, voir un homosexuel refoulé, dans le meilleur des cas.
Ce qu'il n'était pas, sur toute la liste.

    - Comment c'est possible, ah bah ça... Répéta-t-il bêtement, pour ajouter abruti à la longue liste de ses compétences présumées. Puis il haussa les épaules. Vu le temps qu'je passe ici, t'façon y'avait peu d'occasions qu'on se croise avant !


Il sourit, assez content de sa plaisanterie, avant de se rendre que comme il ne s'en agissait pas d'une, elle était beaucoup moins drôle. Quel genre de fils abandonne la tombe de son père, avec autant de légèreté ? Décidément, il cumulait tant les défauts ce jour-là, qu'il était presque persuadé que celle-ci serait bien sa dernière entrevue avec Sacha, avant que celui-ci ne le fuit comme la peste.

    - Bizarre pour bizarre... Drew soupira, montrant clairement que retourner sur ce banc ne le dérangeait pas plus que ça, et ignorant aussi subtilement que son interlocuteur la précédente question. A peine assis, après ces quelques pas en silence, il enchaina néanmoins, sans gêne, sans retenue. Comme sept ans auparavant. A vrai dire, je ne sais plus trop où j'en suis.


Voilà, c'était dit. Y avait-il une sorte de magie, qui entourait cet endroit, pour forcer aux révélations ? En tout cas, la honte que le jeune Chambers avait ressenti s'était évaporée. Sacha était redevenu son confident éphémère, et il emporterait surement ses secrets avec lui, pour disparaitre à nouveau... Ou peut-être pas.
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MessageSujet: Re: Can't remember to forget you...   Can't remember to forget you... Icon_minitimeVen 21 Fév - 14:27

La réaction de Drew me parut légitime. Au vu des circonstances et de notre relation, ma flatterie fut étrange et inappropriée à ses yeux, mais malgré tout, elle demeurait sincère. J'ai beau constaté qu'il est devenu plus adulte, je percevais toujours cet enfant en lui. C'était comme si ces années avaient influencé son corps mais pas son esprit. Sa réaction me fit sourire, tout simplement.

Surpris pas nos retrouvailles, je m'étais laissé aller à une réflexion à laquelle Drew prit soin de répondre. Lui, comme moi, n'avions pas une profonde affection pour le cimetière. Pourtant, il était nécessaire d'avoir une place sur laquelle se recueillir et se souvenir des personnes qui nous étaient chères. « Je ne suis pas très fan de cet endroit non plus. » Lui dis-je d'une voix parfaitement maîtrisée. « Sûrement à cause de la foule. » Précisai-je avec ironie. Ou pas d'ailleurs. Il y avait des corps inanimés mais bien présents. Encore que je ne parierais pas sur l'état. Quoi qu'il en soit, je ne m'y sentais certainement pas opprimé.

Nous nous installâmes sur le banc qui nous évoquait quelques souvenirs et pas des plus chaleureux. Mais peu importe, le temps avait agi sur notre douleur. Avant cela, j'avais demandé à Drew de ses nouvelles, ne lui donnant pas l'occasion de me répondre et l'invitant plutôt à se joindre à moi pour nous poser. Bien que son aveu me surprit par sa franchise, je ne lâchai aucune expression pour me trahir. Je gardais cette attitude neutre et bienveillante. C'est la deuxième fois que je rencontrais Drew et j'avais toujours cet instinct me disant de le protéger. Il était plus jeune, plus fragile... Est-ce qu'il avait eu cette chance d'avoir des gens autour de lui pour l'aider dans ses mauvaises passes ? Il me fit comprendre qu'il était perdu mais il ne développa pas. « Dis-moi. » J'aurai aimé qu'il n'attende pas mon approbation. Cependant, existait-il une limite dans nos confidences et si oui, quelle est-elle ? Est-ce que Drew y verrait une curiosité malsaine ? En tout cas, il ne parût pas embarrasser de se jeter dans ses incertitudes.

Ce fut avec assurance que je lui ordonnai presque de m'en dire plus. Je ne prétendais pas être de bons conseils ; surtout compte tenu du manque de contrôle de ma propre vie. Néanmoins, certains doutes de Drew pourraient m'être familiers. Le jeune garçon ressentait le besoin d'en parler sinon il aurait pu tout nier. Peut-être que je représentais un espace de liberté pour lui, que de n'être qu'un individu quelconque était un atout car il ne craindrait pas mon regard ni que je trahisse sa fragilité en la rapportant à d'autres. Je n'aurais pas la prétention de dire que mon écoute bouleversera sa vie, qu'en sortant du cimetière il sourira et sera heureux. A vrai dire, je n'avais pas d'autre ambition que de l'écouter espérant qu'il réfléchisse lui-même à une issue.
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MessageSujet: Re: Can't remember to forget you...   Can't remember to forget you... Icon_minitimeSam 22 Fév - 10:49


Rien n'avait été facile pour Drew, depuis le jour de ce décès. C'était un tournant décisif de son histoire, auquel Sacha avait assisté. Et là, de nouveau, comme un repère, ou le panneau qui se trouve à la croisée des chemins, Sacha était encore là, avec son regard bienveillant - néanmoins plus fatigué, cette fois. Était-ce un signe ?
Quoiqu'il en soit, le jeune Chambers le suivit, sans crainte, sans appréhension, comme s'il arrivait au moment du jugement, et n'avoir pas d'autres choix que de libérer sa conscience de toutes les tensions qui l'habitaient. A vrai dire, il avait même du mal à envisager le brun de façon tangible. Il n'était peut-être qu'une représentation de son esprit : après tout, il avait vu pire, maintenant, dans le genre surnaturel.
Il sourit quand il lui avoua partager son déplaisir à se trouver dans ce cimetière, malgré toutes les années qui s'étaient écoulées - le pouvoir d'évocation de cet endroit était bien trop fort pour laisser quiconque y avait subit une perte indifférent. En cela, ils se retrouvaient.

    - Il faut que tu me promettes que ça restera entre nous, répliqua Drew, prudent malgré ses certitudes, en cherchant le regard de son compagnon. Il lui faisait étrangement confiance... Alors qu'il croyait avoir perdu cette capacité depuis longtemps. Il poursuivit donc, avant même que le Kwon ne donne clairement sa réponse, parce qu'il crut la deviner dans ses prunelles. Ma mère s'est remarié. A un connard égocentrique, méprisable... Il a plein de tunes néanmoins, et c'que j'peux pas lui reprocher, c'est qu'il est pas radin.


Drew fut secouer d'un pseudo ricanement, qui n'avait rien de vraiment amusant. Il se moquait de lui-même, de toujours essayé de lui trouver des qualités, de tenter désespérément un moyen de l'apprécier... Ce serait tellement mieux, s'il pouvait l'aimer, juste assez pour le supporter. Mais il avait beau chercher, creuser sous les apparences, il ne voyait pas de quoi s'attacher à ce personnage brusque et malsain.

    - Enfin bref, là tu vois, il a commencé à m'arriver des trucs. J'ai fait... Fait des choses. Genre coller les objets avec mes mains. Il guetta la réaction du brun du coin de l'œil, pour être certain de pouvoir continuer sans provoquer ses moqueries, ou sa fuite. Bruler la peau d'un de mes profs, juste en le touchant. Il soupira. Une fois mes ongles ont même poussés brusquement comme des griffes, alors que j'me baladais tranquille au supermarché.


Constatant très bien par lui-même l'absurdité que pouvaient prendre ses propos devant le commun des mortels, Drew secoua la tête. Il ne savait même pas pourquoi il le disait... Depuis qu'il l'avait avoué à Sonny, les confidences semblaient devenues plus faciles, le chemin ayant été tracé.

    - Je sais que ça parait dingue... Il jaugea un instant ses mains, recouverte de gants de soie, qu'il ne quittait pas. Même pour moi, ça n'a aucun sens. Il haussa les épaules. Oh, et puis, il y a cette fille... Le sujet de sa voisine semblait finalement plus coriace à déballer que le reste, ce qui ne manquait pas d'ironie. Enfin bref... Bon, alors, et toi, j'espère que t'as des trucs plus sympas à m'raconter ?


Il ne parlait que de lui, et réaliser cette évidence lui fit monter le rouge aux joues. Quelle impolitesse ! Il ne s'était même pas inquiété de l'état du jeune homme, qui ne semblait pas au top de sa forme... La situation était tellement cocasse, de lancer comme ça le sujet de son anormalité avant de passer à autre chose comme si de rien était, que Drew dut se retenir pour ne pas ricaner bêtement. Il se sentait hors du temps, hors de l'espace, et cette conversation aurait pu aussi bien avoir lieu dans un de ses rêves... Comment pourrait-elle influencer la réalité ? Mais bon, il ne voulait surtout pas que son interlocuteur pense que sa vie était moins importante : bien au contraire, Drew avait grand besoin de relativiser.
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MessageSujet: Re: Can't remember to forget you...   Can't remember to forget you... Icon_minitimeMer 26 Fév - 21:26

Pour tous, le cimetière est un lieu de recueillement. Il symbolise la fin d'une vie. Il est pourtant possible de s'y ressourcer en adressant quelques mots à un être qui a compté. C'est ce qui m'avait poussé à venir ici, trouver réconfort et sagesse auprès de la femme que j'aime comme jamais je n'en aimerai une autre. Mon destin s'était mêlé à celui de Drew le jour où j'ai vu ma mère pour la dernière fois. Six ans plus tard, nous voici toujours sur le même banc mais nous étions différents. Nous n'étions plus des adolescents mais de jeunes adultes.

Très rapidement, j'eus conscience que mon camarade avait une image de moi que j'estimais comme trop flatteuse. Je ne fis qu'un regard assuré pour lui dire que ses tourments ne seront nullement révélés. Drew se lança alors sans hésiter, ouvert par ce seul regard. Cette confiance qu'il m'accorde... La méritai-je ?

Il commença par me dire combien ses relations avec son beau-père étaient superficielles. Je relativisai rapidement ses propos, pensant qu'il était naturel pour un enfant de ne pas apprécier la personne que son parent a choisie pour continuer sa vie. C'était égoïste mais j'étais heureux de ne pas avoir à subir cette épreuve. Imaginer mon père tenir la main d'une autre femme... Rien qu'en imaginant la scène, ma mâchoire se contracta. Drew avait peut-être plus de recul et peut-être que le bonheur de sa mère avait plus d'importance que le reste... Si vraiment c'était une question de caractère, je ne pouvais que lui dire combien je le respectais. Lui donner des conseils alors que moi-même je serais incapable de garder mon calme... C'était hypocrite. Tout ce que je pouvais lui dire c'était d'abuser du pognon de beau-papa. Autant en profiter non ? « ... » Merde... Trop tard, Drew a déjà embrayé sur un autre sujet...

Et pas des moindres.

Je me suis d'abord posé des questions. Ai-je eu un moment d'absence ? Ai-je été projeté dans un autre espace-temps ? Comment en est-il arrivé à me parler de ça... Je l'écoutais sans vraiment m'attarder sur les particularités. Mon cerveau agissait comme une alerte. Il clignotait, me tapant le crâne en me disant : « mutant », « mutant », « mutant ». C'est tout ce que je retins de ses aveux. Cette fois-ci, je ne dis rien, consciemment. J'étais incapable de prononcer le moindre mot. Je ne savais même pas s'il attendait une réponse de ma part. Et encore une fois il partit dans une toute autre direction, celle des amourettes... Ou de l'amour ?

Je souris. Drew dégageait quelque chose d'attachant. Une sorte d'innocence maladroite très romantique. J'aurais aimé qu'il ne me parle que de cette fille....

Je pris quelque secondes. Il m'avait une nouvelle fois demandé de mes nouvelles. Une nouvelle fois, j'esquivai l'intérêt qu'il me portait. Je pris alors une voix aussi douce que ferme. « Ecoute-moi Drew. Si tu me fais confiance, tu vas faire ce que je te dis. Promets-moi de ne jamais parler de ces phénomènes étranges à qui que ce soit d'autre. Tu n'imagines pas à quel point tu aurais pu te mettre en danger en m'en parlant. Tu n'y peux rien évidemment. Je sais ce que ça fait que de vivre des événements que tu n'expliques pas. Et tu vas te sentir seul, c'est dégueulasse et j'en suis désolé. Mais au moins, tu seras en sécurité. » Je pris conscience que j'étais peut-être dur et je risquais de l'apeurer avec autant de mystère. « Tu es porteur d'un gène qui te procure une capacité hors du commun. Tu verras, des fois tu aimeras te sentir différent et d'autres fois tu ferais tout pour être quelqu'un de normal. » C'était basé sur mon seul ressenti. Peut-être que Drew développera une autre vision de sa mutation.

Une mutation qu'il ignorait et que je venais tout juste de lui balancer à la figure, comme ça... Je n'étais pas aussi diplomate que Ross. Lui aurait su quoi dire à Drew... « Je ne veux pas qu'il t'arrive du mal. Tout ce que je te dis dois te paraître confus... J'ai été dans le même cas que toi il y a quelques mois et aujourd'hui... Bref. Tu n'es pas comme moi. Je crois que moins tu en sais et plus tu seras protégé et d'un autre côté j'ai le sentiment de manquer à mon devoir en te cachant un aspect du monde. Un aspect qui te sera fatalement révélé un jour ou l'autre et le mieux c'est que tu y sois préparé. » Parler de Genetic ou se taire ? Parler de la mutation ou l'ignorer ? Se cacher des problèmes ou les affronter ? Bien que faisant preuve d'assurance, j'étais aussi perdu que lui. « Accorde-moi un peu de temps. Quelques jours, un mois au plus. Et je répondrai à tes questions sur la mutation. Je te dirai ce que je sais mais pour l'heure... » C'était beaucoup lui demander. Lui avouer qu'il était mutant – encore qu'il ne me semble pas avoir employé ce mot – et de terminer par lui demander de ne pas s'attarder dessus... « Le sujet de cette mystérieuse jeune fille m'intéresse beaucoup plus ! » J'ai totalement improvisé et ce fut ma seule issue de secours. « Alors, tu es amoureux d'elle ? » Dis-je la seconde suivante pour le taquiner. « Elle s'appelle comment ? » Approfondis-je.

Il n'était pas question de le laisser réagir et de revenir sur ce que je lui avais dit. J'étais tout aussi bon que lui pour passer du coq à l'âne. Et je n'ai fait que suivre son cheminement. Tout ce que je voulais entendre c'était sa promesse. C'était succinct et bâclé mais j'ai été pris de court et même si je ne lui en donnais pas l'impression, Drew venait de me placer dans une situation délicate... Je gérais déjà assez mal ma vie dernièrement alors avoir une part de responsabilité dans celle d'un autre...

J'ai fait pas mal de mauvais choix dernièrement et je ne suis pas vraiment fier de moi. Mais la confiance que Drew plaçait en moi me donnait l'espoir de changer la donne. C'est marrant, au final, j'ai le sentiment que de nous-deux, c'est lui qui m'aide...
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MessageSujet: Re: Can't remember to forget you...   Can't remember to forget you... Icon_minitimeJeu 27 Fév - 11:08


Hein, quoi ? Drew eut un mouvement de recul, choqué, lorsque Sacha commença son monologue. Au fut et à mesure qu'il parlait, le jeune homme se détendit, un sourire triste se dessinant sur ses lèvres. Sacha n'avait rien compris, rien du tout. Et il était visiblement très perturbé, ce pauvre jeune homme... Ce qui n'empêchait pas Drew de le trouver sympathique.
Les grandes théories de complots, l'évolution, pourquoi pas l'intervention d'aliens, tant qu'on y était ? Le Chambers se demanda, en observant l'air agité de son compagnon, s'il n'avait pas été retenu dans une maison d'aliénés, pendant tout ce temps.


    - Non, non, rassures-toi, essaya-t-il de nuancer ces alarmes, en prenant un ton vraiment doux, et compréhensif. Je ne suis pas du tout... Un mutant. Finit-il plus bas, puisqu'apparemment, cela faisait peur au brun d'en parler à voix haute.


Il lui sourit gentiment, ne se sentant pas le cœur à lui refuser les explications qu'il prétendait lui donner dans quelques jours. Bien sur, bien sûr. Il n'était pas un mutant, c'était évident, quand même : d'une, parce que cela n'existait que dans les films, ou les jeux vidéos, à la limite ; de deux, parce que ses parents étaient tout à fait normaux, et qu'ils n'avaient aucun problèmes génétiques ; et pour finir, parce qu'il avait toujours habité loin de centrales nucléaires, et que sa mère ne cuisinait quasiment que du bio. Bref, il était impensable que les choses étranges qu'ils produisent fasse de lui un mutant. C'était autre chose... Il ne savait pas quoi, certes, mais le flou lui convenait pour l'instant, il ne voulait pas en savoir plus, et devoir assumer des faits qu'il préférait occulter.

    - Je n'en parlerai plus, ne t'en fais pas, conclut-il avec conviction, dans le but de le rassurer plus que dans celui de se protéger lui-même comme il le lui conseillait.


Après tout, il savait qu'il n'aurait jamais du en parler. Voilà ce qu'il y gagnait, avec Sacha comme avec Sonny : se rendre compte que les gens étaient assez perturbés pour trouver ça normal. Il était clair qu'ils n'avaient jamais eu l'expérience de la chose, pour réagir comme ça, sinon, ils se seraient surement enfuis en courant.
Alors pourquoi leur disait-il, si Drew espérait ce genre de comportement ? Peut-être qu'il aurait trouvé sa vie plus facile, si les gens à qui il commençait à s'attacher partaient d'eux-mêmes, en considérant son état. Ainsi, il se défendait à sa manière, en ne s'autorisant pas à aller plus loin que cette confidence. Et il se conforterait dans sa position de monstre, solitaire.
Mais ça ne marchait pas. Le pire c'était que ses interlocuteurs prétendaient vivre la même chose ! N'importe quoi. Il y avait des limites à ce que Drew était capable d'encaisser, comme information. Il évinçait donc celle-ci.
Sur les deux essais qu'il avait testé inconsciemment, Sonny et Sacha, aucun ne le voyait aussi mauvais qu'il s'imaginait, aucun ne le rejetait, et Drew finissait par se laisser aller à y croire... Au point d'éprouver une certaine curiosité à vérifier leurs dires en les voyant à l'œuvre.

Heureusement, le brun changea vite de sujet, ce qui, au lieu d'apaiser la tension créée par cette révélation, ne faisait que la transposer, sur un autre thème. Parler de Sonny, c'était presque plus difficile encore, d'une façon différente.
Il rougit violemment, se prenant la première question de son confident improvisé comme une claque : c'était plus direct que toutes les réflexions qu'il s'était fait personnellement, en songeant à ses sentiments pour la Malone.

    - Non, non ! S'insurgea-t-il aussitôt, comme si cette idée, comme celle de la mutation, était fortement prohibé, impensable. Là se situait surement le cœur du problème de Drew - il était dans le déni total de tout, de sa nature, de ses envies. Il n'affrontait rien de face, à part ses camarades, dans la cour de récré, quand les poings étaient des arguments faciles. Enfin... Il plissa les paupières, réajustant son assise sur le banc, comme si sa position précédente ne lui était plus confortable. Il avait du mal à tourner son regard vers le Kwon, maintenant, au risque de lire dans ses prunelles une vérité qu'il ne voulait pas voir. Elle s'appelle Jenny, c'est ma voisine.


Oh, c'était tellement moins compliqué, finalement, d'expliquer qu'il brulait des objets avec ses mains, de temps en temps, que d'évoquer Sonny ! Et pourtant, ces derniers temps, elle semblait être au centre de toutes ses préoccupations, rendant dérisoires le reste. La douleur de Sonny rendait la sienne accessoire, elle la suppléait.

    - C'est juste qu'elle a des problèmes avec son fiancé... Tenta-t-il d'expliquer. Et alors, en quoi ça le concernait ? J'sais pas trop comment l'aider. Ses doigts se crispèrent légèrement sur le bois du siège, canalisant la colère qu'il éprouvait face à son impuissance. J'comprends pas comment on peut aimer à c'point quelqu'un qui s'en fout !


Cette fois-ci, sa voix avait tremblé un peu, sous l'émotion. Il n'en voulait pas vraiment à Remington, il ne reprochait rien à Sonny... En fait, cette phrase, même s'il ne l'avait pas voulu ainsi, le touchait plus personnellement qu'il ne se l'avouait. C'était peut-être un peu violent, et pas entièrement honnête pour Remington - si cela avait bien été de lui dont il était question - mais l'injustice de ces sentiments le prenait aux tripes : ce n'était pas comme ça que c'était sensé se passer !
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MessageSujet: Re: Can't remember to forget you...   Can't remember to forget you... Icon_minitimeDim 2 Mar - 16:00

« Alors, lequel de nous deux dit des trucs dingues ? » Puisque mon discours n'avait eu aucun impact de prime abord sur Drew autant le prendre à la rigolade. Sa réaction était sensée et saine, je ne m'en inquiétais pas. Il lui fallait du temps pour mûrir son opinion. Et peut-être que pour Drew, le meilleur moyen serait de le confronter directement à l'expression d'un pouvoir. La complexité du mien ne me donnerait pas l'avantage et de toutes façons il n'est pas matériel, il ne se voit pas mais se ressent. Sa réaction m'arrangeait bien. Non seulement car je ne l'impliquerai pas dans un combat qui n'est pas le sien mais aussi car cela lui donnait encore quelques mois d'innocence. A moins que Drew fasse tout l'inverse de moi et qu'il réussisse à vivre sa vie sans jamais entendre parler d'organisation. Faut dire que la plupart de mes contacts étaient mouillés jusqu'au cou... Ma participation devenait inéluctable.

Le jeune garçon me rassura alors en me disant qu'il n'en parlerait plus. « Ok... Drew. » J'acceptais son choix, bien que n'étant pas certain que là était la solution. C'était, en tout cas, ce qu'il y avait de mieux à faire dans un premier temps. Drew saura me retrouver quand il se sentira prêt à passer à un autre niveau. « Réfléchis quand même à ce que je t'ai dit. » Je préférais qu'il le garde en tête. Qu'il fasse attention à chacune de ses nouvelles rencontres à compter d'aujourd'hui. S'il parlait si librement de son don avec les autres, je lui prédisais un bel avenir dans une cellule de Genetic.

Ça en était terminé de ces délires à la X-Men. Drew avait abordé un souci plus... Sentimental. Lorsque je lui avais posé la question d'être amoureux, il réfuta instantanément cette accusation, outré. Puis, il atténua plus son ton, gigotant sur le banc. Il ne semblait visiblement pas à l'aise avec ça mais il eut tout de même le courage d'en discuter. La fille en question s'appelait Jenny et pour corser le tout, Jenny était sa voisine. Ainsi, il peut souffrir tous les jours en la voyant. Je l'imaginais très bien la regarder à travers la fenêtre de sa chambre à l'étage, la contempler chercher son courrier. J'imaginais très bien son pincement au cœur en voyant le sourire de cette jeune fille quand lui fantasmerait une relation qui jamais n'existera.

Il poursuivit, m'apportant plus de détails sur ses doutes. Il mentionna alors le conjoint de Jenny, de quoi apporter plus de piments à cette histoire. Du regard d'Andrew, l'amour entre Jenny et son fiancé n'est pas équitable et tout de suite ses doigts se tordirent légèrement. En développant, Drew prenait le risque de se torturer de plus en plus avec ses sentiments. Il sera alors de plus en plus difficile de cacher ce qu'il ressent comme là avec son agacement... « Comment tu sais qu'il s'en fout ? Peut-être qu'il l'aime mais ne sait pas comment lui montrer ou peut-être qu'elle a commis une erreur et qu'il lui fait payer. Enfin, ce que je veux dire c'est que les apparences peuvent être trompeuses... » Prudence est mère de sûreté. Si j'avais pensé dire ça un jour... Mais qu'est-ce que Drew savait au sujet de ce couple ? Est-ce qu'il connaissait leur passé ? Est-ce qu'il était en position d'avoir un avis aussi critique ? Ou bien était-il aveuglé par l'affection qu'il éprouvait pour Jenny ? « Si d'apparence elle est heureuse et qu'il ne la maltraite pas, le plus sage serait de ne pas intervenir. » Me voici une nouvelle fois à le chaperonner, chose que je n'avais pas l'habitude de faire... En étant le benjamin d'une belle fratrie de cinq garçons, j'avais été destiné à subir les serments et conseils de mes aînés. Pourquoi avais-je le sentiment que mes entretiens avec Ross avaient déteint sur moi ? Le pire, c'est que j'avais fait preuve de subtilité, ne lui conseillant pas ouvertement de ne pas intervenir mais que ce serait le plus sage. Libre charge à Drew de savoir s'il se rangeait dans cette catégorie ou si, comme moi à son âge, il se jettera dans la gueule du loup. Bien qu'à son âge, je n'étais pas encore assez stupide pour tomber amoureux. Encore moins d'une fille en couple... Ra Drew... Pourquoi ne pas t'intéresser à une jolie camarade de classe tout bonnement... « Ne vas pas te mettre dans une situation compliquée si cette fille se fout de toi. Crois-moi, tu auras bien assez de problèmes pour que tu te mêles de ceux de ta voisine. » Woah... Attendez, j'ai quel âge là ? Quatre-vingt dix ans ? Comment je peux lui dire ça du haut de mes vingt ans sérieusement ? Je ris seul alors que le pauvre Drew était en galère. Il ne comprendrait pas, du moins pas tout de suite. « Tu le comprendras peut-être quand toi-même tu tomberas amoureux. » C'était peut-être ce genre de truc qu'il fallait vivre pour l'expliquer ? Ou bien l'amour était une folie suffisamment forte pour ne répondre à aucune logique ?
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MessageSujet: Re: Can't remember to forget you...   Can't remember to forget you... Icon_minitimeDim 2 Mar - 20:42


Finalement, les deux jeunes hommes se détendirent, riant chacun de la plaisanterie de l'autre, sans sachant distinguer vraiment la blague et sa version nuancée... Peu importait, mieux valait zapper cette histoire de fous.
Drew, parfois, doutait de lui-même, et remettait en question ses propres expériences, après plusieurs jours de sommeil intensif... Avait-il rêvé ? Il était probable quand même que ce qu'il croyait être des pouvoirs surnaturels n'étaient qu'une vision de son esprit. Cette hypothèse le terrifiait autant que l'autre : il ne comptait pas accepter son sort, quel qu'il soit.
Il y réfléchirait... Plus tard.
Drew n'était pas adepte de la procrastination, mais pour ça, par contre, il préférait attendre encore. Avec un peu de chances, il arriverait à la fin de sa vie sans jamais avoir eu à affronter la réalité, sans savoir. Et le doute ne paraissait pas si terrible, à côté de tout ce qui pouvait être.
Il hésita à demander à Sacha ce qu'il avait pu vivre de semblable... Mais son esprit obtus le lui interdit également. Peut-être sentait-il qu'il en apprendrait trop en lui posant la question. Il n'était pas certain de vouloir connaitre les détails.

Par contre, Drew n'était pas sûr qu'ils puissent s'entendre au sujet des relations entre humains... Peut-être parce qu'il n'en avait pas beaucoup, le jeune Chambers idéalisait la chose, et il avait des valeurs, qui, impossible à mettre à l'épreuve, lui semblaient impossibles à négliger.
Tout d'abord, il lui semblait fortement improbable que Sonny ait quelque chose à se reprocher, mais même en admettant cette idée, il ne trouvait pas légitime l'idée de la faire payer... Était-ce normal d'aimer voir souffrir quelqu'un, en prétendant l'aimer, juste pour réparer une faute commise ? L'amour n'était-il pas sensé tout pardonner ?
Il soupira.

    - Oui, c'est sûr... Concéda-t-il, avec une petite grimace d'hésitation. Mais... Bah oui, il y avait un mais. Un mais qui ne pouvait pas s'exprimer. J'en sais rien.


Non, ça, pour sûr, il ne savait rien. Il aurait pu s'appeler Jon Snow, dans ses premières heures de gloire. Ses mains retombèrent sur le banc, pesantes. Devait-il vraiment se résigner ?
Bien sur, il n'avait jamais compté, rien qu'une seconde, interférer dans le couple de ses voisins : non, il s'était toujours tenu à une distance respectueuse du cœur du problème... Par contre, il était incapable de se tenir éloigné de Sonny. C'était au-dessus de ses forces, et ce n'était pas faute d'avoir essayé.
Imaginer que la demoiselle se foutait de lui rendait la chose plus douloureuse encore, mais peut-être aurait-il du s'y faire, comme le lui conseillait Sacha. Après tout, c'était sans doute vrai. Il était celui qui recherchait toujours sa compagnie, celui qui lui proposait ses services, celui qui était au petit soin pendant qu'elle désespérait et soupirait devant Remington... Combien de temps cela allait-il durer ?
Bizarrement, Drew avait le sentiment de pouvoir tenir toute sa vie, sans rien désirer d'autre, que d'être cette infime part de son existence... Jusqu'à ce qu'un jour, elle déménage, probablement, et l'oublie, comme un vieil ustensile dont elle n'aurait plus besoin. Quelle assurance avait-il qu'elle ne se lasserait pas de lui, un jour ? Comme l'avenir était pathétique, vu de cette façon... Drew secoua la tête. Ce n'était pas dans son caractère d'être si fataliste. Il aimait être seul, certes, mais ce n'était pas pour broyer du noir, ou s'apitoyer sur son sort. Il s'isolait du monde parce qu'il pensait juste que c'était la meilleure façon de ne pas le faire, justement - et cette récente expérience lui prouvait presque qu'il avait raison.

    - Non merci, je préfère ne pas comprendre si c'est comme ça qu'ça s'passe ! S'exclama-t-il en retrouvant un semblant de bonne humeur. Dois-je en déduire que tu sais de quoi tu parles ? Ajouta-t-il, plus malicieux.


Bon, ce n'était pas le genre de discussion qu'il avait eu souvent, et il n'était même pas sûr d'apprécier vraiment, tant en parler soulevait les problèmes... Mais il était temps quand même qu'il s'intéresse à cet ami nouvellement retrouvé.

    - Et puis tu n'm'as pas dit... Tu fais quoi d'ta vie maintenant ? T'as un job ? Si c'était comme ça, il voulait tout savoir... Après tout, lui même s'était livré plus qu'il n'aurait du sans doute. Enfin, Sacha n'avait pas deviné ce qui se tramait vraiment derrière son attention à la dénommée Jenny, et c'était le plus important, avec le fait qu'il ne l'insultait pas pour avoir osé parler de choses étranges se produisant autour de lui. Tu vis toujours à Los Angeles ?
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MessageSujet: Re: Can't remember to forget you...   Can't remember to forget you... Icon_minitimeLun 3 Mar - 21:23

J'étais désolé de ne pas l'aider comme il l'espérait. Je voyais bien que mon retour le dérangeait comme un parent interprétant mal les propos d'un enfant qui essaye de se justifier. La situation était différente, je ne réprimandais pas Drew et j'étais ouvert à l'échange. J'étais tout aussi capable de changer mon avis mais pour cela, il aurait fallu que Drew soit enclin à discuter et progressivement, il semblait de plus en plus perdu. Peut-être avais-je manqué d'empathie...

Drew était venu me demander conseil... A moi... Et, j'étais partagé entre l'envie de lui dire de profiter, de ne pas se prendre la tête et d'être un confident qui lui prodiguerait les bons conseils. Je ne voulais néanmoins pas rester sur cette note. « Si tu passes de bons moments avec cette fille, pourquoi s'en priver ? Vous ne faîtes rien de mal et peut-être qu'elle prendra conscience elle-même de sa situation. » J'apportai alors un discours plus optimiste qui, je l'espérais le ravirait. Ça ne m'empêchait pas de me méfier de l'attitude de cette pétasse.

J'avais émis l'hypothèse que le seul moyen pour Drew de comprendre comment réfléchissait cette fille était que lui-même tombe amoureux – si ce n'était pas déjà le cas avec elle. Il le prit avec beaucoup d'humour me répondant que compte tenu des conséquences il s'en abstiendrait avec plaisir. Je ris à sa réflexion. Il n'avait pas tout à fait tord et en même temps voir les gens s'épanouir d'être en couple quand on est soi-même célibataire c'est... Frustrant. On aspire tous à l'amour, seulement certains n'en ont pas conscience ou dise le contraire pour X raison comme dans mon cas avec la peur de s'engager. Une peur qui, bien que toujours présente, s'atténuait avec Milo. Et justement Drew se risqua à aller sur ce terrain... « Ah... » Dis-je dans un soupir expressément amusé. Je ne voulais pas qu'il sente de malaise, d'ailleurs, il n'en y avait aucune dans mon attitude mais bordel ce que j'aurais aimé qu'une météorite s'écrase près de Los Angeles tout d'un coup... « Euh... » Dis-je en prenant le temps de la réflexion. Comment me sortir de ce merdier sans mentir ou soulever d'autres questions... «  Ok, je ne l'ai pas vu venir celle-là... » Abdiquai-je en rigolant. Salle gosse ! Petit con d'emmerdeur ! Ma réaction laissait supposer toute la complexité d'une certaine relation sur laquelle il était trop difficile de se positionner. Être amoureux ou non ? Lorsque je le saurai ou bien que je me l'avouerai, la personne concernée sera la première informée et pas une autre. Pour le moment, je me limitais à dire que Milo me rendait heureux comme jamais personne n'avait su le faire avant lui.

Une chance que Drew avait le don pour ne pas s'attarder sur un sujet de conversation. On aurait dit une hermine qui changeait de trou selon ses caprices. Un caprice qui me sauvait la mise pour le coup. Il me demanda alors des nouvelles, notamment sur le plan professionnel. C'était une question précise qui me permettait de cibler ma réponse et de ne pas m'engager dans l'inconnu. Pour une fois que je pouvais dire la vérité. Je pris alors une voix calme et assurée. « Non, je n'ai plus de travail. J'ai commencé à tourner dans une série pour devenir acteur mais j'ai pris conscience que ce n'était pas vraiment ce que je voulais faire de ma vie. Je dois me réorienter, je n'ai que vingt ans alors... Peut-être dans le sport. C'est le seul domaine dans lequel je suis doué. » Bon d'accord, j'ai arrêté car Genetic me l'a demandé donc c'est à moitié vrai. Mais le résultat étant le même, ça n'avait aucune espèce d'importance. Surtout pour Drew. Il me fallait rapidement une couverture pour justifier auprès de mon entourage mes revenus. Mais je voulais quelque chose qui me plaise réellement et qui soit en cohérence avec mon personnage. Alors pourquoi pas jouer à un plus haut niveau de volley-ball ? Ou bien... Je pourrais moi-même... Je ne sais pas... Devenir coach. Je pourrais enseigner à des enfants ou des adolescents et leur transmettre ma passion du volley. Cette seconde option m'emballait vraiment. Y penser me fit décrocher un franc sourire. Je me voyais déjà entouré de gamins et jouer avec eux... Je ne fis qu'acquiescer lorsqu'il me demanda si je vivais toujours à L.A. « Et toi, quels sont tes projets ? » Lui demandai-je en me retournant vers lui.
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MessageSujet: Re: Can't remember to forget you...   Can't remember to forget you... Icon_minitimeDim 9 Mar - 19:04


Drew avait trop longtemps pensé qu'il ne méritait pas mieux que sa condition, pas mieux que de vivre sans père, avec des capacités monstrueuses qui l'empêchaient de lier de véritables amitiés. Et pourtant, ce qu'il éprouvait pour Sonny lui avait fait prendre conscience qu'il valait plus, qu'il voulait plus, et qu'il pouvait y prétendre, et se battre pour ça... Peut-être le destin avait-il mis la Malone sur sa route juste pour ça, pour lui montrer à la fois ce qu'il désirait et à quoi il avait le droit d'espérer, et ce qu'il s'interdisait. Il désirait des sentiments simples et puissants comme ceux qu'elle lui faisait ressentir, mais il fuirait à jamais les clichés d'amour incohérent comme les vantaient les séries américaines pour adolescents, et qui s'éloignent autant de la vraie passion qu'elle y ressemble en apparence. Il grandissait, sans doute, en quelque sorte.


    - T'as raison... Grogna-t-il, admettant que l'idée lui paraissait sensée. Y'a des erreurs qu'il faut constater soi-même, pour comprendre qu'il est toujours temps de s'en sortir, j'imagine. Enfin, si c'est l'cas... Bref, je m'en fous... Enfin, vaut mieux que j'laisse faire, c'est clair.


Et bien... La conversation devenait un peu trop philosophique, et Drew pensait avoir fait le tour de la question, avant de devoir se retourner le cerveau. Pour une fille... Qu'est-ce qu'il ne fallait pas aller chercher ! Il ne s'en foutait pas, non, là était tous le problème. Mais il avait juste la nette sensation d'être le Quasimodo de l'histoire, qui soupirerait jusqu'à sa mort après d'une Esmeralda qui n'aurait d'yeux que pour le beau guerrier qui l'abandonnerait tôt ou tard pour une raison quelconque. Peut-être se trompait-il, et il l'espérait sincèrement, mais il se sentait voûté et bossu quand il était avec elle, à présent, moqué par le couple dans ses prétentions. Et ce n'était pas un rôle qu'il affectionnait de jouer.

Finalement, Sacha ne répondit pas à sa remarque, ou pas complètement, et Drew fronça juste les sourcils d'un air suspect, pour montrer qu'il n'était pas dupe... Mais il n'était pas là pour forcer le brun à parler de ses sentiments s'il ne le voulait pas. Après tout, ce n'était pas forcément donnant-donnant, d'autant plus que Drew n'avait pas été totalement honnête à propos de cette Jenny.
Le sujet du travail était plus léger, à sa manière, et les deux hommes s'y retrouvèrent.
Drew fit une grimace discrète en réalisant qu'il n'avait jamais vu la série qu'évoquait son compagnon... Il n'osait pas lui avouer de peur de le vexer, et hocha donc juste de la tête, pour montrer une certaine approbation qui n'avait pas vraiment lieu d'être.


    - Un sport en particulier ? Demanda-t-il, curieux. Lui aussi appréciait de lancer quelques balles de temps en temps, ou de faire un jogging... Il n'avait pas spécialement de sport de prédilection, bien qu'il aille régulièrement aux entrainements de football du lycée. J'ai zéro projets, que dalle. J'en sais rien du tout... J'ferais c'qu'on me donne comme boulot, sans diplôme, et voilà.


A vrai dire, la perspective d'aller d'un job à un autre toute sa vie, sans objectifs précis, le terrorisait, mais il n'en montrait rien. Il ne voulait surtout pas que sa mère découvre cette faiblesse, et l'exploite pour lui donner envie d'avoir de meilleurs résultats. Il préférait faire l'autruche, et sortir la tête de son trou quand il saurait que le choix ne se posait plus.


    - Et donc... T'habites dans le coin ? Poursuivit-il son interrogatoire, désireux cette fois de savoir s'il risquait de le croiser, comme tout un chacun, dans la rue. Ce serait surement... bizarre. Pour lui, le jeune homme était intimement lié au cimetière.

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MessageSujet: Re: Can't remember to forget you...   Can't remember to forget you... Icon_minitimeSam 22 Mar - 23:11

La conversation sur Jenny avait touché à sa fin. Nous tombions d’accord pour dire qu’il ne valait mieux pas se mêler d’une histoire qui ne le concernait pas. A moins que Jenny soit dans une situation de danger ou bien qu’elle ne soit pas en capacité de comprendre sa situation – entendez par là qu’elle souffre d’un handicap l’empêchant d’avoir la possession complète de ses facultés intellectuelles –, Drew n’avait pas sa place. Ou bien il était amoureux d’elle et sa folie le pousserait à agir de façon déraisonnable. Mais il m’avait assuré que ce n’était pas le cas.

Alors ce fut mon tour de passer à l’interrogatoire. Ce que j’aurais aimé éviter. Drew ne me laissait pas s’intéresser à lui sans un minimum de réciprocité. C’était du donnant-donnant. Seulement voilà, plus les jours passaient et plus ma situation devenait compliquée. Et aujourd’hui, je cachais une partie de ma vie aux gens que j’aimais, j’étais probablement épris d’un homme qui se refusait d’aimer d’autres hommes, j’étais disputé avec mon meilleur ami, j’ai failli l’être avec Riley… Bref, c’était un énorme chantier dont la rénovation me demandera un investissement surhumain. Par conséquent, décrire le tableau dans lequel je figurais s’avérait un défi complexe. Je ne pouvais donner que des brides, ici et là, des passages superflus d’histoires qui partent dans tous les sens.

Mais parmi toutes ces zones d’ombres, il existait une base sur laquelle me soutenir. « Le volley-ball. » Répondis-je au tac-au-tac. J’allais d’un extrême à un autre, hésitant sur certaines questions, sûr de moi sur d’autres. Comme un test. Drew déduira facilement que je n’étais pas prêt à me livrer soit parce que j’avais des secrets – comme n’importe quoi – ou bien parce que je ne me sentais pas encore assez en confiance. Dans mon cas, c’était les deux. Ces derniers mois m’ont appris à me méfier de l’humain. Personne ne m’a déçu mais comme une grenouille sautant de nénuphar en nénuphar, je suis allé de surprise en surprise.

La question s’adressa à Drew. Cette fois-ci, ne n’était guère pour m’en dépêtrer mais par réel intérêt. La plupart des jeunes de son âge se posent des tas de questions sur l’avenir. Qu’est-ce que je vais faire ? Comment y arriver ? Quel est le plan B ? Drew préférait prendre le futur tel quel. Son manque d’estime, son pessimisme et son fatalisme m’interpellèrent. Pourquoi être si dur avec lui ? Nous avions tous les deux une approche très différente, peut-être parce que je voulais croire en lui alors qu’il ne se voyait que comme un bon à rien, peut-être aussi parce que j’ignorais ses vraies capacités. En même temps qui pourrait dire qu’il est lucide ? Ou bien il était seulement réaliste quand moi je faisais preuve de naïveté. « Je te trouve dur. Je crois que tu as seulement besoin d’une motivation, de quelque chose qui t’aide à te sortir du lit le matin, qui attise ta curiosité. » Je n’en dis pas plus. C’était à Drew d’y réfléchir. Informatique, économie, commerce, droit, social, sport, culture, art, médecine, géographie, histoire, langues, sciences, sécurité, mécanique, littérature, jeux vidéo… Il y avait un grand nombre de domaines dans lequel Drew pouvait s’intégrer. Mais celui lui demandera de faire un bilan avec un conseiller d’orientation, un tuteur qui saurait lui prouver qu’il peut faire quelque chose de sa tête et de ses doigts.

La conversation poursuivit et Drew vint à me demander si je vivais toujours dans la cité des Anges. Drôle de surnom pour une ville comme L.A qui abritait certainement plus de mutants que d’anges. « Oui, je vis dans le coin. » Répondis-je en reprenant ses propres termes. Là encore, je n’en révélai pas plus. Je n’avais dit à personne où je vivais. Seul mon père était au courant. Je souhaitais préserver mon intimité et tant que je n’aurai pas repris le dessus sur les évènements, je garderai secret l’endroit qui me logeait.
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